Étiquette : folklore

  • Contes et Légendes de Bretagne – Les puissances inférieures • Les revenants • Les puissances supérieures

    CONTES ET LÉGENDES DE BRETAGNE

    TOME Ier : Les puissances inférieures • Les revenants • Les puissances supérieures

    De François Cadic

    Editions des Régionalismes

    Présentation de l’éditeur:

    « Ce qui surprend chez ces hommes du peuple dénués de culture, c’est la richesse de leur imagination et l’incroyable sûreté de leur mémoire. Le vieux Barac’h vous récitait sans hésitation une poésie composée de plus de mille vers, et Bourlot, le mendiant aveugle de Bieuzy, après vous avoir conté cinquante légendes et chanté vingt chansons, vous déclarait qu’il était encore à votre disposition pour huit jours pleins. […] Le champ que parcourt la légende est sans limite. Il comprend le ciel, la terre et les enfers. Dieu, les saints, le diable, les hommes, les bêtes et jusqu’à la nature inanimée y jouent leur rôle. Tout y prend figure humaine, les personnages surnaturels, comme les êtres les plus infé­ rieurs. Au milieu d’eux l’homme se débat, et pas toujours à son avantage. […] En livrant au public ce premier recueil, je me suis préoccupé de combler une lacune laissée par les collectionneurs qui m’ont précédé. Le légendaire morbihannais avait été méconnu ou négligé par eux. C’est surtout là que j’ai puisé. J’ai glané en maint endroit, dans le pays gallo et le pays breton, à Guer et à Elven, à Pleugriffet et à Grand-Champ, au Gorvello et à Plœren, à Kervignac et à Guémené, en particulier le long de cette belle vallée du Blavet demeurée si bretonne, à Melrand et à Bieuzy, à Pluméliau et à NoyalPontivy, sans négliger d’ailleurs pour cela certains coins très riches de la Cornouailles… (extrait de la Préface, édition originale de 1914). Les Contes & légendes de Bretagne (1914, 1919, 1922) et les Nouveaux Contes & légendes de Bretagne (1922, 1925), sans compter les onze fascicules CONTES ET LÉGENDES DE BRETAGNE TOME Ier : Les puissances inférieures • Les revenants • Les puissances supérieures qui les précèdent, publiés entre 1903 et 1914 (et partiellement repris dans les Contes et Nouveaux Contes), font l’objet de cette nouvelle édition, entièrement recomposée qui comprendra 6 tomes. François Cadic, (1864-1929), né à Noyal-Pontivy (Morbihan), prêtre, professeur d’histoire, écrivain et folkloriste qui a consacré toute sa vie à recueillir contes, légendes et chansons de Bretagne. Il crée, en 1897, l’association la Paroisse bretonne de Paris et rapidement le journal du même nom où seront publiés, initialement, la plupart des contes et légendes de Bretagne. Avec François-Marie Luzel, il est aujourd’hui considéré comme un des collecteurs majeurs de la littérature orale de la Basse-Bretagne.

     

    Notre avis

    François Cadic est l’un de ces passionnés qui a récolter la matière légendaire et folklorique de Bretagne et a ainsi contribué à ne pas perdre toute cette culture vivante. Grâce à ces hommes, la Bretagne est toujours aujourd’hui une terre de folklore vivant, emplie de mystères et de korrigans ! Ce premier tome ne s’attarde pas vraiment aux sujets qui nous intéressent ici, mais il vaut la peine d’être signalé car la réédition continue de ces ouvrages aide à ne pas oublier. Un recueil qui intéressera donc davantage les passionnés de saints et de fantômes, car il en faut pour tous les goûts.

  • La Petite Bibliothèque du merveilleux – Edouard Brasey, Sandrine Gestin, Editions Le Pré aux clercs

    La Petite Bibliothèque du merveilleux
    Edouard Brasey, Sandrine Gestin
    Octobre 2009
    Prix: 19,90 €

    Présentation de l’éditeur:
    Un superbe coffret à compartiment secret, décoré par Sandrine Gestin avec 4 mini encyclopédies du merveilleux (fées, elfes, sorcières, lutins) d’Edouard Brasey et un répertoire magique.

    Présentation du livre: A travers l’Histoire, les légendes, les mythologies : celtique, gréco-romaine, germanique ou nordique, à travers les créations littéraires ou cinématographiques, Edouard Brasey a collecté tout le savoir des Hommes sur les peuplades féeriques, elfes, lutins, sirènes ou nains, les bêtes terrifiantes comme les dragons, les licornes, les griffons, les gargouilles, mais aussi les créatures de la nuit, les loups-garous, les vampires, les trolls, les cyclopes, les géants, les orques, les titans…
    Illustré de gravures anciennes, de tableaux de maîtres et des oeuvres originales de Sandrine Gestin et Alain-Marc Friez, cette Petite Bibliothèque du merveilleux rassemble en quatre petits livres précieux toutes les sources de la mythologie, du folklore et de l’Histoire pour évoquer les créatures les plus fascinantes de notre imaginaire.

    Notre avis:
    Le premier avantage de cette petite bibliothèque du merveilleux est sa taille. Depuis que je l’ai reçue, ma fille se l’est accaparée et se promène partout dans la maison en tenant entre ses petites mains son précieux trésor. Certes, elle est encore trop petite que pour apprécier les propos érudits d’Edouard Brasey qui nous reparle ici, dans une déclinaison de ces encyclopédies du merveilleux, des lutins, fées, sorcières et elfes, mais elle savoure les images et illustrations, joli mélange de gravures et d’oeuvres de Sandrine Gestin. Vous l’aurez compris, c’est surtout le format original qui reste l’atout majeur de cette bibiothèque: un petit coffret qui renferme quatre livrets cartonnés et un carnet d’adresses caché derrière un compartiment secret auquel vous aurez tôt fait de trouver utilité. Ma fille, elle, y cache des bonbons. Pourquoi pas ! Le format pratique des livres vous permettra de les emporter partout et de profiter de vos promenades en forêt pour vous asseoir un moment, vous reposer en lisant et relisant ce petit savoir sur les lutins et les elfes…

    Et n’oubliez pas que cette bibliothèque est à remporter dans notre concours féerique jusqu’au 15 novembre !

  • Créatures fantastiques du Québec de Bryan Perro et Alexandre Girard (Les Intouchables)

    Créatures fantastiques du Québec
    T1 & T2
    Textes: Bryan Perro
    Illustrations: Alexandre Girard
    Editions: Les Intouchables
    160 pages – 140 pages
    Prix: 24,95 $

    Présentation éditeur:
    Peu de gens s’en aperçoivent mais le Québec est, depuis des temps immémoriaux, le théâtre d’étranges phénomènes. Aux tréfonds des lacs, sur les cimes des montagnes, le long des berges du fleuve et au creux des forêts rôdent des créatures fantastiques qu’il vaut mieux éviter de croiser. Les portraits rassemblés dans ce livre, accumulés par les auteurs de ce répertoire au cours de leurs minutieuses investigations, vous permettront de découvrir un autre Québec. Pas celui du folklore, celui d’une terre barrée d’ombre et aux parfums de mystère…

    Notre avis:
    Voici deux ouvrages qui intéresseront énormément et aussi bien les amateurs de cryptozoologie que de bestiaire fantastique. L’auteur jeunesse bien connu de l’autre côté de l’Atlantique rassemble ici de nombreuses créatures légendaires issues des forêts aux couleurs changeantes, des lacs froids et profonds, des îles bordant la côte. Dans ce beau pays à l’histoire baignée de cultures différentes, on ne s’étonne pas de trouver tant de créatures qui se font l’écho de celles observées de notre côté. On remarque aussi de jolies différences. Les lutins n’ont ici qu’un oeil, les nains sont jaunes, les monstres aquatiques sont soupçonnés d’être des esturgeons géants, les Dames Blanches se font translucides et apparaissent dans les chutes d’eau… Et puis, il y a tout ce légendaire indien, passionnant.
    Les illustrations d’Alexandre Girard, majoritairement des crayonnés, illustrent de belle façon les propos, les anecdotes, les descriptions de ces diverses créatures. Les amateurs de féerie dénicheront ci et là quelques spécimens dont les auteurs eux-mêmes font le rapprochement avec les korrigans et brownies de notre continent.
    Enfin, le tout se glisse dans une mise en page particulièrement bien travaillée où l’on joue autant avec les images que le texte. Etonnant au départ, le lecteur s’habituera bien vite et retrouvera ses marques pour une lecture fluide bénéficiant de ce joli décor.
    Le deuxième tome se fait plus fantastique encore avec un dossier spécial fantômes. Notons également un dossier spécial Québec et sa galerie de personnages étranges.
    Petite cerise sur le gâteau, le papier utilisé est un papier écologique. Les forêts vous remercie !
    Deux ouvrages qui s’adressent aux québécois et à tous les amoureux de cette magnifique contrée.

  • Ardenne et Bretagne: Les soeurs lointaines – Albert Moxhet (Mardaga)

    Ardenne et Bretagne: Les soeurs lointaines
    Albert Moxhet
    130 pages
    Editeur : Mardaga, 1995
    Prix : 7 €

    Présentation éditeur:

    La recherche de ses racines est souvent pour l’homme un voyage dans la mythologie. A côté des dieux et des héros de l’Antiquité classique, universalisés par le long triomphe de la culture gréco-romaine, il est des univers non moins riches et intéressants, parfois beaucoup plus anciens, qui ont été mis en veilleuse par la force militaire, politique et économique de l’Empire romain et comme effacés ensuite du paysage culturel par une conception assez étroite de ce qui pouvait être considéré comme beau, intelligent, convenable, en un mot :  » civilisé « . Cette situation de monopole se reproduira d’ailleurs de façon fort semblable lorsque l’Europe colonisera les autres continents. Cependant, même laminée par la domination romaine, la culture celtique a survécu avec plus ou moins de vitalité en divers endroits de son ancienne zone d’expansion. Mais, marginalisée et souvent additionnée d’apports ultérieurs, elle n’a plus été vécue que par les couches populaires – essentiellement paysannes – qui n’entraient pas en compte dans la culture officielle. Seuls quelques esprits ouverts et clairvoyants ont pu, au travers de la littérature, comprendre la valeur profonde, réelle, de ces traditions populaires qui évolueront elles-mêmes de façon non concertée. Ardenne et Bretagne, les soeurs lointaines entreprend de montrer combien, au-delà de formes parfois très diversifiées, un certain nombre d’éléments traditionnels populaires sont restés communs à ces régions éloignées par l’histoire et un millier de kilomètres, mais appartenant toutes deux au domaine celtique originel. Conservés essentiellement par la tradition orale et souvent utilisés par la suite cerne des  » histoires pour enfants « , ces éléments font ici l’objet d’une répartition en quatorze chapitres présentant successivement, la grande famille des lutins, les fées, les revenants, la famille des garous, le diable, les sorcières, les animaux fantastiques, les êtres de la nuit, les chevauchées célestes, les créatures des eaux, les fontaines, les bornes et pierres, les trésors et enfin les saints populaires protecteurs et guérisseurs.

    Notre avis:

    Albert Moxhet est un spécialiste de la sorcellerie. Très attaché à son ardenne belge et son folklore, il nous livre ici un ouvrage des plus précieux. En effet, son livre permet non seulement d’exprimer toute la richesse du légendaire ardennais mais en mettant en avant autant d’éléments comparés avec la Bretagne, il tisse de véritables liens, sur fond d’un passé celte commun, entre ces deux régions éloignées. En nous expliquant les ressemblances et les différences, l’auteur nous offre un ouvrage à posséder absolument pour qui s’intéresse de près ou de loin à la féerie. Et pour le tout petit prix, ce serait vraiment dommage de passer à côté.

  • Sur la trace des fées avec Marie-Charlotte Delmas – Interview

    On se demande souvent où Marie-Charlotte Delmas puise autant d’énergie. Auteure, scénariste de bande dessinée, encyclopédiste, folkloriste, organisatrice d’un salon de l’Imaginaire, conférencière… Autant de casquettes qu’elle réussit à porter avec la même impression de facilité tout en fournissant un travail de qualité qu’on devine énorme. Si ses travaux sur Claude Seignolle nous l’avait fait remarquer, c’est avec Sur la trace des fées paru aux éditions Glénat qu’elle nous a totalement impressionné. Alors que la mode est aux encyclopédies illustrées reprenant trop souvent les mêmes créatures, se basant sur Les fées de Brian Froud et Alan Lee ou les Encyclopédies de Pierre Dubois, deux oeuvres fondarices du genre pour le public français, Marie-Charlotte Delmas propose une approche originale autant par le texte que par l’iconographie. Elle retourne à la source des fées pour nous offrir ce dont tout amoureux français rêvait: un aperçu des fées de France, région par région. Un travail colossal et fondamental qui méritait bien de revenir dessus quelques années après la parution du livre.



    En lisant votre livre, on se rend compte que les fées sont présentes partout en France. Nulle région ne leur échappe même si la Bretagne semble être largement en tête. Comment expliquez-vous cette prédominance bretonne (que cette région compte autant de fées mais aussi que les français connaissent plus celles-là que les autres?)?
    Je ne suis pas certaine que les fées soient plus nombreuses en Bretagne. En revanche, il se trouve que la Bretagne a bénéficié de nombreux collecteurs au XIXe siècle, et pas des moindres (Sébillot, Luzel, Orain…).

    Vous vous êtes occupée de la recherche iconographique du livre. Expliquez-nous cette démarche et ce désir particulier?
    J’ai effectivement souhaité réaliser l’iconographie de ce livre à partir de mes propres collections d’images. Tous les récits et les anecdotes qui servent de base à mon travail et à ce livre ont été collectés au XIXe siècle. Il me semblait important que l’iconographie appartienne à la même époque qui regorge de dessinateurs de talent, une époque où la photographie n’existait pas encore et où on illustrait les articles de presse avec des dessins. Ainsi, il y a une homogénéité entre les textes et les images. Au moment où les collecteurs parcouraient les campagnes pour relever les traditions bientôt en voie d’extinction, des artistes dessinaient les mêmes paysages

    Si on imagine bien que les Fileuses, Filandières et autres Tisseuses sont attachées à la figure des Parques antiques, d’où proviennent ces fées bâtisseuses ou boulangères qui parsèment la France ?
    L’origine des fées est très compliquée. Je travaille actuellement sur cette question, et plus j’avance, plus je trouve que le sujet est complexe. Les collectages sont tardifs, donc pollués par les contes de fées littéraires, les récits des almanachs et autres publications populaires. Chaque fée ou tribu de fées semble être un mélange de plusieurs êtres surnaturels. Beaucoup sont liées aux grands cultes naturalistes – pierres, eaux, arbres dont elles sont souvent la manifestation physique. La plupart des fées sauvages se rattachent à ces cultes et sont les héritières des nymphes de l’antiquité. Pour d’autres, l’influence des Parques est certaine. C’est évident pour certaines triades de fileuses, mais aussi pour les « fées marraines » qui président au destin d’une personne et pour lesquelles on prépare des mets à la naissance de l’enfant, tradition déjà relevée au moyen âge. N’oublions pas que l’étymologie du mot fée, qui vient du latin fatum, renvoie à la destinée.

    On s’étonne de voir que certaines fées ont bâti des églises. Religion chrétienne et féerie faisaient-elles bon ménage dans l’imaginaire populaire ?
    Non, évidemment, les fées n’ont jamais fait bon ménage avec l’église. La christianisation du terroir a tenté de balayer les divinités liées à la nature. Les fontaines, les mégalithes, les arbres où l’on venait porter des offrandes et dont le nom ancien était lié aux fées furent placées sous le patronat de saints et de saintes. Les fées, comme tous les êtres surnaturels dans lesquels croyaient les paysans (les païens, au sens propre du terme) furent placés sous la tutelle de Satan et devinrent autant de démons. A la Renaissance, l’image de la sorcière, qui s’est également trouvée rattachée au diable, est venue s’associer à celle de la fée, de la femme en général. Il est étrange que les fées construisent des églises. Elles partagent cette « occupation » avec le diable qui est aussi un grand bâtisseur. On leur attribue également la construction des mégalithes où des entassements de rochers, ce qui pourrait être le signe d’une croyance très ancienne. Mon hypothèse actuelle est que ce sont certainement les pierres et leur culte qui sont en jeu. Elles passent du paganisme au service de dieu. Mais, mes recherches sur cette question sont loin d’être achevées.

    L’eau est également un thème très lié aux fées. Quelle en est la raison ?
    Là encore, je pense que c’est vers les cultes naturalistes qu’il faut se diriger. Le culte des sources et des fontaines, à laquelle s’attaquera l’église pendant plusieurs siècles, était particulièrement populaire. En apportant leurs offrandes aux fontaines, c’est aux divinités qui sont censées les habiter que s’adressent les paysans. Avec le temps, ces divinités gauloises, puis romaines seront remplacées par les fées.

    Certaines fées, dont celle du Trou-aux-Fades dans le Berry, enlèvent nos enfants pour les remplacer par des changelins. Quelle est l’origine de cette drôle de coutume ?
    Les histoires de « changelin » concernent aussi bien les fées que les lutins et on en retrouve dans plusieurs pays d’Europe. Quant à savoir l’origine de cette croyance, franchement, je n’en sais rien… pour le moment.

    Les fées pratiquent également partout des danses où elles entraînent souvent les hommes. Cette tradition remonte-t-elles aux bacchanales ? Quel est le lien avec les sabbats des sorcières ?
    La ronde des fées peut effectivement renvoyer aux nymphes-bacchantes. D’ailleurs, en Picardie certaines fées, dites Soeurettes, dansaient au bois de « Bacchan Soeurettes ». Néanmoins, la ronde (autour d’un arbre ou d’une pierre) est un acte magique très ancien, ce qui explique peut-être qu’il soit aussi associé aux sorcières car le sabbat est une invention des démonologues.

    On découvre aussi dans votre livre un nouvel animal lié aux fées, du moins dans les Vosges et le Lyonnais : la taupe. On connaissait les chèvres, les chevaux ou les serpents, mais les taupes?
    La transformation des Fades en taupes est une punition divine. Il s’agit là d’un récit christianisé qui n’a pas valeur d’exemple.

    Dames Blanches, Dames Vertes, deux couleurs à la symbolique particulière ?
    Les Dames Vertes sont évidemment liées aux divinités de la nature. Pour les Blanches, il peut y avoir plusieurs explications. Tout d’abord, on ne faisait souvent qu’apercevoir leur silhouette vaporeuse et brumeuse, donc blanches. Ensuite, nous savons que le blanc était la couleur réservée aux Druides de la religion des Celtes ou aux Vestales de celle des Romains, donc une couleur sacrée pour le peuple.

    Exception faite des Laminak du pays basque, les fées mâles ont un rôle très réduit voir inexistant. Comment l’expliquez-vous ?

    Plus mon travail et mes recherches avancent, plus je suis persuadé qu’on a mis dans le même sac des êtres surnaturels qui n’appartiennent pas à la même famille. On parle aujourd’hui du « Petit peuple » dans lequel on associe fées et lutins comme s’il y avait une sorte de royaume de féerie. En fait, il n’y a quasiment aucun récit qui lie ces deux types d’êtres surnaturels. Ils ont très peu de points communs et leurs actions, leurs fonctions, sont différentes. Pour les fées, en dehors des Laminak du Pays Basque et de quelques familles de fées des Côtes-d’Armor, il est rare de trouver des tribus de fées avec mâles et enfants. Jean-François Cerquand qui a collecté les histoires de Laminak au XIXe siècle s’interrogeait d’ailleurs sur leur parenté avec les fées. Ce nom semble recouvrir un ensemble d’êtres surnaturels, plus qu’une catégorie déterminée. Quant aux mâles, il se pourrait bien qu’ils soient une invention récente des paysans, liée à la représentation qu’ils se faisaient d’une vie communautaire.

    Il semblerait finalement que les fées étaient plus craintes qu’admirées comme aujourd’hui ?
    Elles succédaient à des divinités païennes et je pense qu’elles étaient surtout respectées. En fait, tout ce que nous savons des rapports entre le peuple et les fées provient du XIXe siècle. A cette époque, on ne croyait plus aux fées et beaucoup de récits ont probablement été déformés avec le temps.

    Dans votre livre, on y lit encore que les fées ont déserté nos contrées mais qu’elles reviendront lors d’un siècle impair. Nous sommes au XXIe siècle, un bel espoir de les voir revenir alors ?
    Qui sait ! Peut-être ne nous ont-elles jamais quittés !

    Depuis cette incursion dans le féerique, vous semblez vous attacher plus au fantastique, notamment dans votre carrière de scénariste de bande dessinée parsemée de fantômes ?
    Mon étude du folklore, de la magie aux êtres surnaturels n’a jamais cessé, même si de temps en temps je me détends un peu en écrivant des récits de fiction. Je continue mes recherches, mais c’est un travail très long qui ne peut donner lieu à une publication que lorsqu’il est abouti. Sur la trace des fées a demandé de nombreuses années de travail.

    Quels sont vos projets en cours ou à venir ?
    A venir, un livre sur l’histoire et les procédés liés à la magie amoureuse que je viens de terminer et qui sortira en octobre aux éditions Fetjaine. Il sera abondamment illustré. Comme pour les fées, j’ai puisé dans mes collections et demandé à Laurie de peindre les lieux ou les objets que l’on peut encore voir de nos jours. A venir encore, une édition annotée du Dictionnaire infernal de Collin de Plancy avec une biographie et une bibliographie de l’auteur. Je prépare également un dictionnaire des êtres surnaturels de tous les temps et de tous les pays qui va encore m’occuper quelques temps et j’ai en réserve des projets pour plusieurs vies.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en février 2009

    Découvrez les autres publications de Marie-Charlotte Delmas sur son site web.

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