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  • La Grande Interview de l’Elficologue Pierre Dubois – extrait n°6

    La Grande Interview de l’Elficologue, la suite (6)

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    Dans cette nouvelle partie de la Grande Interview de l’Elficologue, nous retrouvons Pierre Dubois sur les bancs de son école d’Art non dénué de coquineries…
    Richard Ely : Tu as fait de la gravure ?
    Pierre Dubois : J’ai commencé en déco, plâtre puis en gravure. Parce que la gravure me permettait de raconter des histoires. Je dessinais à la plume, à l’encre. C’est pour ça que j’écris toujours à la main, je ne tape pas, moi j’écris à la main. J’écris presque comme je dessine et je dessine presque comme j’écris. Je me raconte des histoires en dessinant… J’étais pas un bon élève mais j’ai continué d’avancer dans ce que je voulais faire. Et ce Barriau l’avait bien compris. Un jour, il m’a demandé ce que je voulais qu’il m’apprenne. Je lui ai dit que je voulais apprendre à boire, parce qu’il buvait toujours du vin, et à « trouver le trou ». J’avais une petite amie plus âgée et j’étais empêtré… Je me débrouillais mal. Du coup, il m’enfermait avec cette jeune personne dans la réserve à plâtre pendant que les autres dessinaient. Pendant que les autres travaillaient, moi je m’escrimais à faire l’amour. C’est assez marrant qu’un prof te couvrait comme ça.
    Un jour, il m’a fait un tour. Disant qu’il n’avait pas la clé de la réserve à plâtre, il m’a proposé d’aller dans le bureau du directeur soi-disant absent. C’était Jules France. On a donc utilisé le bureau, la demoiselle avait ses pieds sur mes épaules et le directeur est arrivé. Et il a crié « Dubois, qu’est-ce tu fais là ? » Et comme j’avais un soulier tout près de moi je lui ai répondu : « Je lui remets son soulier ». Et il m’a dit de lui remettre son soulier huit jours dehors. J’ai donc été viré huit jours alors que finalement il aurait pu me virer. C’étaient les Beaux-Arts d’autrefois, y avait un esprit d’atelier. Ils m’avaient pris à la bonne finalement.
    Après les Beaux-Arts, j’ai donc fait ce service militaire puis rencontré Seignolle. Il ne m’a pas pris sous son aile. Je cherchais pas quelqu’un qui m’aide à trouver un éditeur mais il m’a écouté, a lu mes histoires, m’a présenté deux, trois gars, notamment la revue Vampirella, puis Eerie dans lesquelles il faisait des nouvelles que j’ai illustrées… Il faut reconnaître qu’il s’est toujours passé des trucs bizarres, c’est pour ça que je crois aux récits initiatiques des contes de fées car si tu suis ton chemin… Dans le Changeling par exemple, on dit toujours va où te conduisent tes pas. C’est un peu ça. Je vais pas te raconter toute ma vie, pas très drôle. Mais j’ai, à cause d’un tas de péripéties, de malheurs, de deuils, j’ai quitté Valenciennes, je suis parti. J’ai fait un tour de France, j’ai fais du collectage. Seignolle m’avait dit comment il avait fait du collectage chez les vieux, etc.
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    Richard Ely : C’est l’exemple de Seignolle qui t’a donné l’envie de faire pareil ? Mais au départ, c’était donc assez large, tu n’étais pas encore dans les fées et lutins…
    Pierre Dubois : Non, c’était le fantastique au sens large. Y avait des histoires de sorciers, meneurs de loups, fantômes, loups-garous mais bien entendu aussi de fées… J’étais très attiré par les histoires de fantômes d’autant que j’avais perdu quelqu’un de cher. La femme que je devais épouser a été tuée le jour de mon mariage dans un accident de voiture. Le jour du mariage en allant chercher sa robe de mariée, ça, ça te marque. J’avais besoin d’histoires, de savoir que la mort, la vie ne finissait pas. J’avais aussi fait un peu de protection de rapaces, j’habitais dans un petit village avec des oiseaux, des faucons et j’avais rencontré une jeune fille qui jouait joliment de la flûte, qui avait un côté fée sauvage, qui parlait aux oiseaux… J’ai commencé à faire du collectage et à écrire des histoires sur papier parchemin, illustré, tout à la plume d’oie.
    J’ai commencé à faire du collectage, à récupérer des histoires et à écrire des histoires. J’ai écris sur du papier parchemin illustré, écrit à la plume d’oie et j’ai essayé de trouver un éditeur et c’était Pauvert. J’ai décidé d’aller voir Pauvert. J’ai écris une histoire.. « Monsieur Pauvert, j’aimerais vous rencontrer pour écrire, vous lire une histoire »…
    Richard Ely : Et pourquoi Pauvert ?
    Pierre Dubois : Parce qu’à l’époque, y avait que lui et Losfeld pour éditer du fantastique, Sade, des bouquins bizarres, étranges. Losfeld faisait Midi Minuit fantastique. Pauvert avait sorti Alice au pays des merveilles avec des dessins de Tenniel, donc je me reconnaissais là-dedans. Evidemment il a du se dire : « qui est ce petit branleur qui veut me lire son histoire sur des dimensions de papier et deo gratias ». J’avais deux histoires. Et des nouvelles fantastiques. Comme il m’a répondu que « non, on ne donne pas de rendez-vous comme ça, envoyez nous votre manuscrit ». J’ai pris un carton à dessin, j’ai rassemblé du papier et j’ai dessiné un faux de son catalogue. Il avait un catalogue bien particulier en hauteur comme ça avec marqué Jean-Jacques Pauvert. Moi j’ai marqué Pierre Dubois et j’ai fait une espèce de fac-similé, une copie de son truc avec des gravures où je citais mon bouquin de 325 pages un truc comme ça. Autre ouvrage probable, beau carton toilé avec trois ficelles une au-dessus, une au milieu. Tu vois, je me fichais de sa gueule en même temps et finalement ça l’a amusé et il m’a donné rendez-vous. Et je lui ai amené mon bouquin qui était un grimoire en parchemin, avec des signets, des feuilles d’arbre dedans, des bouts de racine, de la mousse, des plumes. Il m’a demandé ce que c’était, s’il pouvait le garder. Moi j’ai refusé, mais je lui ai lu. Il m’a dit que c’était un jardin, avec de belles choses, de belles pousses mais aussi des orties, des broussailles, qu’on s’y perdait un peu. « Faudrait faire des sentiers, élaguer, tracer des sentiers sinon vos belles fleurs on risque pas de les voir. Revenez me voir plus tard ». Voilà ma première rencontre avec un éditeur. Après il y eut le service militaire, la rencontre avec Seignolle, puis le collectage des légendes…
    Entre-temps, j’étais retourné voir cette amie, j’avais un corbeau à l’époque sur l’épaule, qui s’appelait Nao. Et j’avais un copain, libraire sur Lille, Favreau, bouquiniste, qui m’aimait bien. Ses parents m’avaient acheté des dessins. Il m’a présenté un gars qui s’appelait Pierre Dupriez, il était auteur, producteur, il a écrit des choses. C’était un enthousiaste, un gars adorable, charmant, qui avait un beau poste aux PTT mais qui était passionné par le fantastique. Il avait un ton de voix formidable. Il adorait aussi la littérature populaire… Il venait sans arrêt chez ce bouquiniste où on trouvait encore des Harry Dickson en fascicules. Et je l’ai amusé avec ma cape noire, mon corbeau et tout ça. Et il a vu mes dessins qu’il a bien aimés. Et comme il connaissait Eerie, Creepy, Vampirella, Seignolle, qu’il avait vu mes dessins… il a fait une émission sur moi en radio. Et lors de cette émission, il y avait Catherine Clesse, réalisatrice de l’émission, elle avait mis en ondes cette émission. Et elle m’a demandé si dans le Nord il y avait suffisamment d’histoires pour faire une série d’émissions sur la sorcellerie, la magie, le folklore. Oui, j’ai dit qu’on pouvait même faire un an, et puis y avait la Belgique à côté avec ses géants, y a Mons et le dragon, le bouzouc à Berlaimont. Et je suis rentré à l’ORTF à l’époque et au lieu de faire un an, j’y suis resté trente ans.
    pierredubois0602La maison de Pierre, ferme labyrinthique où en chaque pièce des dizaines de lutins se jouent des milliers d’objets entassés…
    Richard Ely : Tu as donc vécu d’émissions radio et TV sur le légendaire ?
    Pierre Dubois : Sur le légendaire pendant trente ans, oui. C’est pour ça que quand on me demande si les fées existent, je dis oui, c’est clair !
    Si tu veux, j’ai fais des émissions de radio, de toutes les sortes mais pratiquement toujours sur le fantastique. J’ai eu une émission qui s’appelait Histoires pour les veillées où j’allais faire du collectage avec un magnétophone et un technicien. On allait dans les campagnes et comme j’étais d’une nature à accrocher facilement avec les gens je leur racontais quelques histoires et ils m’en racontaient d’autres. J’ai fait des tonnes d’émissions dans le genre avec Jeanne Devos par exemple, maintenant il y a un musée Jeanne Devos près de Bergue, à Wormhout ça a été une amie, elle habitait un vieux presbytère. C’est devenu un musée chez elle et quand j’y vais, ça me fait drôle parce que j’ai dormi là, j’ai mangé là, là où on vient voir cette cuisine à la flamande. J’ai fait des émissions là-dessus, elle m’avait emmené voir un château hanté, hanté par le Zylof de Steenbourg. J’ai rencontré des personnages étonnants, des auteurs bien sûr… Alors j’avais cette émission, je faisais les interviews mais les textes également. Après, j’ai fait des pièces radiophoniques, et après des émissions plus longues le soir dont une émission sur Jean Ray. C’est-à-dire que tous mes goûts littéraires, tous les gens que j’admirais, j’ai pu les rencontrer à partir de là, j’ai pu faire des émissions sur Paul Delvaux, André Delvaux, Félix Labissse, Vandewattyne, tout m’était ouvert. J’ai commencé à écrire de plus en plus et Catherine Clesse… En fait, j’avais une forme de complexe n’ayant pas été longtemps à l’école, j’avais du mal à me plier à certaines exigences et puis, surtout, je profitais de l’antenne pour balancer ce que j’avais envie de balancer sur les tyrans, les injustices. Catherine essayait de ménager tout ça, elle a été absolument adorable et elle m’a aidé aussi dans la mesure où elle m’a fait lire des bouquins, m’a fait écouter des choses, des musiciens, Stravinsky, Debussy, Ravel que j’aimais sans connaître. Et aussi, je faisais énormément de fautes d’orthographe et en radio ça ne se voyait pas. J’avais le vocabulaire, la musique mais je faisais des fautes d’orthographe et j’ai appris à écrire, j’ai fait des pièces radiophoniques, j’ai eu des prix. La maison que tu vois a été achetée grâce à mes pièces.
    pierredubois0603Le bureau: la pièce où les histoires naissent…
    Richard Ely: Ça veut dire quoi, elle corrigeait tes textes, te forçait à revoir la syntaxe, etc ?
    Pierre Dubois : Oui, elle me corrigeait et puis à force d’écrire, de lire, j’ai commencé à comprendre certaines manières décrire. Un peu comme Jean Ray aussi, certains tiquent sur quelque unes de ses phrases qui ne sont en bon français. Après tout, il était flamand ! Mais il avait sa manière d’écrire comme moi, j’ai forgé la mienne. Le mot autodidacte, moi je l’aime bien. Très souvent, tu as des profs de littérature qui ne savent pas écrire parce qu’ils voient partout des références, ils sont bétonnés, ils sont cloisonnés, c’est devenu un travail plus un plaisir. J’ai eu une amie comme ça, son père était mon prof d’anglais et il ne voyait pas d’un très bon œil que je sorte avec sa fille. Pour lui, j’étais un mauvais élève… Sa fille, c’était une universitaire… Encore aujourd’hui, je l’ai revue des années après, elle m’a dit « tiens il paraît que c’est bien ce que tu écris, j’ai une amie universitaire qui m’a dit que ton point de vue sur les fées était très correct, bien mieux que ce que d’autres peuvent écrire sur le sujet ». Merci ! Elle avait le droit du haut de sa chaire de me dire que c’était bien.
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    Richard Ely : On peut dire aussi que c’est en radio que tu as développé cette musicalité et cette richesse de vieux mots ?
    Pierre Dubois : Oui, tout a fait, et j’écris tout haut. Je peux parfois passer une heure sur une phrase… J’ai emmagasiné une nombre infini de vieux mots, il y a en moi comme un humus dans lequel je vais puiser. Tu m’avais demandé d’amener trois objets, un des objets est ma maison. Parce qu’il y a plein d’objets dedans justement. J’ai besoin d’énormément d’objets autour de moi, des objets, des images. Si je me mets à écrire le changeling, ou les comptines assassines, si je prends Jack l’éventreur, je mets une musique adéquate, Gavin Bryars, que j’écoute en boucle jusque quand la magie commence et je mets tout autour des objets qui me rappellent Whitechapel, des photos du London Hospital, un sifflet de flic de l’époque victorienne. Je vais fumer du tabac… Si je reviens au Moyen-Âge, je vais regarder des films de Robin de bois, du seul film, La rose et la flèche de Lester avec Sean Connery et Hepburn, ou encore les Eroll Flynn, écouter de la musique moyenâgeuse, je vais me mettre une flèche devant les yeux, une corne, un olifant, je vais me mettre de la mousse, du feuillage, des choses comme ça… Tu as vu où j’écris, c’est vraiment un capharnaüm en plus je ne touche pas à la poussière, aux toiles d’araignée, c’est vraiment mon antre, là où j’alchimise. Et quand j’écris, j’ai justement l’impression que ce sont des formules magiques qui traduisent mon état d’esprit ou pour capter l’histoire. C’est pour ça que je n’envoie pas les écrits à mes éditeurs, ils n’auront jamais un texte tapé, ils auront un texte écrit à la main sur papier quadrillé. J’essaye d’écrire au mieux, il y a vraiment une magie à atteindre. Donc si tu veux, j’ai appris à écrire, je n’ai été influencé que par mes lectures et les auteurs que j’ai choisis. Un bouquin bien écrit est un livre qui me donne une belle musique. Comme les héros de mon enfance, les auteurs m’ont influencé. Comme dans un beau paysage, ton âme va s’élever… Alors évidemment un mec qui écrit de l’écriture blanche, ça le dérange pas de taper sur l’ordinateur, il est dans un bureau qui ressemble à un ordinateur, il vit dans une ville qui ressemble à un ordinateur. C’est vraiment pas mon truc.
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  • La Grande Interview de l’Elficologue Pierre Dubois – extrait n°2

    La Grande Interview de l’Elficologue, la suite (2)

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    Richard Ely : Tu avais du fantastique chez toi ?
    Pierre Dubois : Quand j’étais petit, non. Mes premiers livres c’était la Bibliothèque verte, rouge et or. Là où j’ai commencé à mendier, à essayer d’avoir de bonnes notes à l’école pour être récompensé et avoir des livres. Je me souviens de mes premiers livres que je rangeais soigneusement en rêvant de la bibliothèque que je pourrais avoir plus tard, je rêvais de beaucoup de livres. Je mettais les rouge et or les uns à côté des autres et c’est vrai que les rouge et or avaient une belle tenue, de belles illustrations, de beaux papiers. Le dos avait une apparence de vieux cuir et j’en étais très fier. Alors c’était d’abord des Fenimore Cooper, Gustave Aimard, les trappeurs de l’Arkansas… Et puis, il y a eu la Bibliothèque verte avec la découverte de l’île au trésor de Stevenson. Non seulement il y avait une histoire de pirates, de l’aventure, des galions, etc. mais il y avait aussi un côté fantastique, y avait Pew l’aveugle, les chiens noirs qui venaient rôder autour de la taverne qui allait m’amener plus tard à l’auberge de la Jamaïque, au décor d’auberges bizarres, à Mac Orlan. J’allais découvrir Mac Orlan. C’est là que j’ai découvert pour la première fois cette lande déserte avec la menace d’une taverne environnée par des ombres, des bandits qui avaient donné la marque noire au capitaine qui rôdait avec un aveugle… Et puis, on parlait d’un pirate avec une jambe unique, on ne savait pas encore que ça allait être Long John Silver. « Si tu vois un pirate à la jambe unique tu m’avertis mon gars » disait le capitaine à Jim Hawkins. ça a été mes premiers frissons, pas seulement du roman d’aventures mais aussi du fantastique. J’aimais les histoires fantastiques, j’avais lu Arthur Gordon Pym. Ce bouquin ne finissait pas. On me reproche parfois de faire des fins un peu bizarres, c’est peut-être à cause de mes premières lectures. Même dans l’île au trésor, il n’y a pas vraiment de fin. Le pirate s’en va, il n’est pas puni. Il se sauve, Jim Hawkins le laisse partir sur le canot. J’aimais bien ces fins qui n’en étaient pas. Ces fins qui disparaissaient, j’avais lu L’Homme des vallées perdues. Pareil, Shane, le héros s’en va. On ne sait pas s’il est mortellement blessé ou pas. J’aimais bien ces fins en suspens. Au bord d’une frontière… Et j’ai lu Bob Morane. Là aussi ce que j’aimais dans Bob Morane c’est qu’il y avait toujours une petite intrusion. C’était de la pure aventure , l’époque bénie des couvertures de Joubert, bibliothèque Marabout Junior, Bibliothèque verte, rouge et or, Idéal bibliothèque, le monde perdu de Conan Doyle, La guerre du feu, Capitaine Corcoran. Par contre je n’aimais pas Jules Verne, c’était trop scientifique, trop scientiste. Ça m’enquiquinait ces héros terre à terre.
    bobmorane
    stevenson
    trappeurs
    Richard Ely : Et tu y avais accès facilement ?
    Pierre Dubois : Par le biais des bibliothèques, j’étais inscrit dans les bibliothèques.
    Richard Ely : Tu avais quel âge à cette époque ?
    Pierre Dubois : De 7 ans à 14, 15 ans… J’ai toujours été un lecteur. Evidemment c’était presque de la lecture de contrebande. Mes parents, Mon père quand il me voyait avec un livre entre les mains, déjà dans ma petite enfance, c’était : « Qu’est-ce que tu fais encore avec un livre ? Toujours la tête dans les livres, tu vas t’abîmer les yeux ! C’est du bourrage de crâne, je vais te donner du vrai travail, ! Est-ce que tu as fini tes devoirs ? ». La lecture, c’était vraiment de la contrebande. Et même pour avoir de nouveaux livres, j’en échangeais en classe avec des copains. Mes parents n’aimaient pas ça non plus. Le livre à une certaine époque, surtout chez des gens simples, ce n’était pas pour eux. Quand tu t’intéresses à ce que j’ai fait, à faire du collectage, des histoires de sorcellerie, des choses comme ça, dans les campagnes, quelqu’un qui avait des livres chez lui, était vu de manière un peu bizarre. Il avait des mauvais livres. C’était des livres, il devait y avoir des choses pas très nettes dedans. On en était encore au 19e où l’Eglise et l’Etat ne voulaient pas que les gens pensent. L’éducation, ce n’était pas pour les pauvres. Mes parents avaient certainement encore ça en tête. Y avait certainement une réminiscence, une mémoire où le livre n’était pas normal, où on avait pas accès aux livres. Chez moi, il y a eu ce besoin et au travers des livres, il y avait ces personnages flamboyants qui se révoltaient. Robin des bois… Pour moi, c’était mes héros, mes exemples… Des exemples à suivre, je me suis fait une culture parallèle avec mes lectures. L’école m’ennuyait vraiment.
    J’avais aussi les livres de ma sœur, de ma grande sœur, qui allait à l’école et donc qui avait des livres d’Histoire, des livres de Français, et je les lisais, les relisais. Lorsque j’étais malade par exemple, j’adorais être malade quelque part parce que quand j’étais malade ma mère m’installait dans la buanderie, elle faisait la cuisine, et moi j’étais dans le coin près du poêle, et je lisais et je rêvassais, c’est un truc que je raconte souvent mais qui a été quand-même déterminant C’est cette buanderie qui ressemblait à une cabane, à une grotte, à la cabane que tu te fais quand tu es enfant avec ce feu qui ronflait, qui parlait avec la bouilloire, qui chantonnait, sur le feu et puis la lumière, on n’allumait pas l’électricité tout de suite, donc c’était la lueur du poêle, on soulevait le couvercle du poêle et le poêle lançait au plafond une lumière rougeâtre et selon que respirait le feu, il lançait des images différents, t’avais des jeux d’ombres et je m’imaginais en voyant ces ombres au plafond, les tas d’histoires que je venais de lire et que je prolongeais. Ce que j’aimais aussi à cette époque-là, c’est que tu avais des illustrés, ma mère m’en ramenait en cachette et là, tu n’avais donc pas le début de l’histoire et tu n’avais pas la fin. T’avais deux planches, donc t’étais obligé d’imaginer le début, tu n’avais qu’une bride, un fragment et j’ai toujours aimé les fragments… C’était des dessins pas toujours très bien faits. Si, tu avais des grands, Giffey par exemple qui dessinait Buffalo Bill et c’était marrant parce que ma sœur avait des livres d’Histoire illustrés aussi par Giffey et je reconnaissais le style, le trait de Buffalo Bill dans la tête de Colbert ou de Louis XIV. Et Calamity Jane dans la tête de la Marquise de Montespan ou je ne sais pas quoi… Et donc je pouvais me faire toute une mythologie, j’étais à côté de la fenêtre et à côté de ça, il y avait le jardin, et la pluie qui tombait sur les vitres, tout ça me chantait des histoires, je sentais des présences, je sentais qu’il y avait quelque chose.
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    J’étais en plus un enfant solitaire. Ma mère partait faire des courses et je restais tout seul. Et tout ça vivait et ma mère me ramenait quelquefois un livre et je puisais dedans et ça a été vraiment fondateur. Tous mes héros et ceux à qui j’ai voulu ressembler, à Long John Silver, Robin des Bois, tous ces personnages frondeurs qui se battaient contre les injustices, contre le pouvoir, c’était des pirates, ils étaient libres. Ils recherchaient toujours quelque chose, comme les héros des contes… J’aimais bien aussi les contes. Les contes de Grimm. Par contre, je n’aimais pas trop Perrault, je trouvais ça un peu trop pommadé, et puis alors cette morale toujours à la fin, que je retrouvais dans Lafontaine, ça me dérangeait, ça me rappelait trop la classe. Faites ceci, pas cela. Il y avait un côté moralisateur. J’aimais les fées sauvages pas les fées de Perrault. Les vraies fées de la Nature.
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    Il en rêvait petit, voici un coin infime de la gigantesque maison-bibliothèque de Pierre Dubois…
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    On n’y trouve pas que des fées… voici une collection autour de Jack l’éventreur !
  • Comment vivre avec une licorne ? – Jane Moseley, éditions Plume de Carotte

    COMMENT VIVRE AVEC UNE LICORNE
    Le guide indispensable pour élever un animal de compagnie fantastique.
    Par Jane Moseley
    Editions Plume de Carotte
    Format : 14,5×19,5 cm
    132 pages couleur
    couverture souple avec rabats
    Prix: 14€

    Présentation de l’éditeur:
    Vous avez envie d’avoir un animal de compagnie, mais surtout pas un chien ou un chat ? Ce livre est fait pour vous !
    Comment vivre avec une Licorne va vous aider à choisir un compagnon original et vous saurez tout sur son comportement et ses habitudes alimentaires. Vous apprendrez à nourrir votre Phénix, à partager les ébats aquatiques de votre Sirène, à supporter l’haleine fétide de votre Hydre à neuf têtes et bien d’autres choses encore.

    Ce répertoire des animaux mythologiques est indispensable à tous ceux qui ont décidé, non sans une certaine appréhension, d’accueillir un animal fantastique chez eux.
    – Choisir le bon animal de compagnie
    – Découvrir son histoire mystérieuse
    – Le nourrir et le soigner
    – Les plaisirs à partager avec votre nouveau compagnon
    – Les animaux fantastiques en bref (si vous manquez de temps)

    Notre avis:
    Voilà un petit livre qui donnera le sourire aux passionnés de créatures de légendes ! L’idée de présenter licornes, satyres, fées, selkies, kraken, orgres, etc. sous la forme d’animaux de compagnie pourrait choquer si cela n’était fait avec un humour fin et beaucoup de délicatesse. Pour chaque créature, l’auteure vous indique les soins à lui apporter, comment la nourrir et quel compagnie lui sera des plus agréables. Des conseils précieux pour éviter toute erreur comme d’adopter une selkie si vous habitez le désert ou un Yéti si vous habitez en studio. Si vous optez pour Lamia, vous vous empresserez de proposez le scénario du nouveau Hannibal Lecter: Quand Hanny rencontre Lamie… Vous partagerez avec votre fée ou votre sphinx de grands moments culturels alors qu’un ogre vous procurera des plaisirs plus terre-à-terre… Un petit livre original que l’on feuillettera avec beaucoup de plaisir!

  • Fae: rencontre avec une créatrice de vêtements féeriques

    L’imaginaire féerique se decline et se vit d’une multitude de façons. Cette fois, notre regard s’est porté sur une jeune styliste aux creations médiévales-fantastiques de toute beauté. Et puisque son enterprise naissante porte le doux nom de Fae, il nous a paru important de lui poser quelques questions et, ainsi, de vous la presenter… 

     
    D’où t’es venue cette passion alliant un univers médiéval-fantastique, féerique et la création de vêtements ?
    J’ai toujours été attirée par l’univers médiéval- fantastique. Petite je lisais déjà beaucoup de contes et de mythologies, j’ai découvert le Seigneur des Anneaux très tôt et l’oeuvre de Tolkien a été une vraie révélation. Les jeux de rôle m’ont aussi attirée très tôt : mon grand frère en faisait à l’époque, ainsi que des Grandeur Nature (ou « GN »), et je trouvais ça fascinant. J’en ai fait dès que j’ai pu et c’est grâce aux GN que j’ai fait mes premiers costumes, voilà ce qui m’en a donné le goût, même si au départ ça ne ressemblait pas à grand-chose !

     Quel genre de vêtements aimes-tu le plus créer ?
    Aaah, les robes médiévales ! Enfin, elles ne sont pas véritablement médiévales, historiquement parlant c’est plus un mélange, mais je parle du genre de robes que l’on peut voir par exemple dans le Seigneur des Anneaux, le film. Ce sont des merveilles ! Avec une foule de détails, de finitions, que l’on ne soupçonne même pas à l’écran ! Je suis loin d’avoir le niveau mais je m’y emploie, et même si cela demande beaucoup de travail j’adore ça ! Mon seul regret est qu’il n’y ait pas assez de circonstances pour les porter.

    T’inspires-tu de légendes particulières ? Ou de musique ?
    J’aime particulièrement les mythes et légendes celtes et scandinaves, mais ils constituent une toile de fond, un contexte, sans m’inspirer de façon directe
    bien que leur influence soit indéniable. Je suis plus marquée par la littérature fantastique avec des auteurs comme Michael Moorcock (Le cycle
    d’Elric), George R .R. Martin (Le cycle du Trône de Fer), ou bien sûr et principalement, Tolkien. Son oeuvre est pour moi une source inépuisable d’inspiration.
    Pour ce qui est de la musique, bien sûr ! Je ne peux coudre sans musique et elle stimule l’imagination. Pour citer quelques artistes, j’aime particulièrement Omnia, Narsilion, Summoning et les pyrénéens de Stille Volk, et on retrouve d’ailleurs leur musique dans mes défilés, normal !
    Sinon je puise aussi beaucoup dans les oeuvres d’illustrateurs tels qu’Alan Lee, John Howe, Brian Froud, ou Brom.

    Tu fais beaucoup de défilés? Quelles sont les principales reactions des gens?
    Pour le moment je n’ai que deux défilés à mon actif vu que Faë n’est lancée que depuis mars 2009, mais j’aimerais en faire environ deux par an. J’ai été très agréablement surprise des réactions des gens venus au défilé de mai, duquel j’attendais beaucoup. Je l’avais organisé pour lancer Faë et essayer de
    présenter un éventail diversifié et représentatif de mes différentes créations, donc je me demandais quel allait être le retour. Et bien c’était très positif !
    J’ai été très félicitée, les gens semblaient emballés et contents, quell soulagement ! Bon après je ne me fais pas d’illusions, on ne peut pas non plus
    plaire à tout le monde et de toute façon je n’y compte pas, mais ça reste très encourageant. Et sinon j’ai pu remarquer que les robes médiévales font toujours leur petit effet sur la gent féminine, ce doit être le syndrome princesse, on a beau grandir il faut croire qu’on n’y échappe pas toujours complètement. Héhé !

     


    As-tu l’impression qu’il y a un mouvement qui s’est créé autour de l’imaginaire féerique ? Avec ses artisans, ses musiciens, ses conteurs, etc.
    Comment l’expliques-tu ?

    Oui, il y a un réel mouvement avec de nombreuses ramifications, certaines tendent plus vers le médiéval par exemple et d’autres vers le féérique en effet, mais tout est souvent lié. Je dois toutefois avouer que la mièvrerie autour des fees a tendance à m’agacer, enfin cela dépend des approches bien sûr.
    Comment l’expliquer ? Nous avons tous besoin de rêves, après nous l’assumons plus ou moins. Mais dans ce monde, comment ne pas avoir besoin d’évasion ?
    L’air de nos villes sent mauvais, nous marchons sur du béton et le ciel est caché par de grands bâtiments qui se ressemblent tous. Ce regain d’intérêt pour l’imaginaire féerique est comme un retour aux sources, c’est une bouffée d’air pur ici bas pour les déracinés que nous sommes. Enfin, c’est un point de vue personnel.

    Quelle est ta créature féerique préférée et pourquoi ?
    Le dragon ! Parce qu’il est emblématique de l’imaginaire fantastique et a une symbolique très forte. Créature féroce et destructrice,  liée à la terre et au feu, gardien primitif et ancien, c’est un symbole de puissance, notamment dans les mythes scandinaves. Cette puissance a d’ailleurs beaucoup été sous-estimée comme dans l’univers de Donjons&Dragons où les héros tuent des dragons à tout va, mais enfin, un dragon, ce n’est pas rien ! Moi je parle de Fafnir, d’Ancalagon le Noir, de Glaurung, et Smaug le Doré ! Le dragon, c’est le gardien de notre univers merveilleux.

     

     Ton actualité, tes projets?
    Et bien tout d’abord l’ouverture prochaine du site internet, pour le mois de novembre j’espère ! Il fera vente en ligne vu que je ne souhaite pas ouvrir de
    boutique (du moins pour le moment) et je pourrai aussi prendre des commandes. J’aimerais refaire un défilé bientôt, mais ce ne sera pas avant le début du printemps, je pense. Et sinon il est prévu que je fasse des salons de créateurs et surtout des fêtes médiévales, mais je dois d’abord passer mon permis (et oui…)! En attendant le site web (www.fae-creations.fr) vous pouvez toujours visiter ma page myspace :  www.myspace.com/fae_creations. Pour me contacter :
    juliane@fae-creations.fr. Au plaisir de croiser votre route!

    Propos recueillis par le Peuple féerique en octobre 2009.

  • Un fabuleux festival en Isère: le Fantastique & Légendes à Fontanil-Cornillon

    Ces 26 et 27 septembre 2009, les dragons se poseront en Isère ! Un très beau festival se prépare pour tous les amoureux de fantastique, fantasy et légendes.

     

    Au programme de ce festival Fantastique & Légendes : des contes, des tables-rondes, des conférences sur les dragons bien sûr mais aussi un salon des jeux, des auteurs en dédicace, une garderie pour les petits, etc.

    Il y aura aussi des expositions dont le cabinet de curiosités Dragons et Chimères de Piere Dubois et Camille Renversade. 

    Côté invités, signalons encore, Sylvie Chausse, Nathalie Dau,  Godo, Hervé Gourdet, Li-Cam, André-François Ruaud, etc.

     

    Toutes les infos sur le site www.fantastique-et-legendes.fr


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