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  • Rencontre avec Jean-Luc Istin, créateur de légendes et directeur de Soleil Celtic

    Jean-Luc Istin vient de fêter dix années extraordinaires. Extraordinaires au vu de son parcours, multipliant les casquettes de dessinateur, scénariste, directeur de collection. Extraordinaires par les rencontres, les auteurs qu’il a lancés, qui l’ont marqué, qui l’ont inspiré. Extraordinaires par les actes accomplis, les albums réussis, le nombre d’univers dans lesquels il nous a invité à plonger avec émerveillement. Tout cela valait bien une interview spéciale 10 ans !


    Il y a un peu plus de 10 ans… et avec le recul…

    Te souviens-tu de la critique de Jean-Claude Servais ? Que te reprochait-il alors ? C’est quelque chose qui t’a marqué ? As-tu eu l’occasion d’en reparler avec lui depuis ?
    Absolument. C’était dans la médiathèque François Mitterrand aux Ulis où j’habitais. Il était passé pour répondre à des questions. A la fin de la séance, je suis allé le voir avec mes pages, très (trop !) sur de moi. J’ai pris une belle douche froide. En deux coups de cuillère à pot, il m’a montré toutes mes erreurs mais plus encore a démontré que j’ignorais ce qu’était le dessin. Je n’étais pas si jeune que ça, environ 23, 24 ans. J’essayais de dessiner de mémoire alors que je ne pouvais pas. Il m’a donc conseillé de me documenter. Il est vrai que pour dessiner une chaise, le mimimum c’est d’en avoir une devant soi ou dans un catalogue. Bref, j’ai du me remettre en question et commencer à réellement travailler.
    C’est une expérience qui m’a marqué notamment par le fait que ce fut ma première rencontre avec un pro. Et qui plus est, un pro qui ne mâche pas ses mots et n’enrobe pas ses dires dans du miel. Du coup, j’ai pris les remarques comme un coup de poing mais j’en avais besoin et ça m’a stimulé par la suite.
    Je n’ai jamais eu l’occasion d’en discuter avec lui car on ne s’est plus jamais croisé. Mais une chose est certaine, il ne doit plus se souvenir de moi à l’heure qu’il est.

    L’expérience Nucléa, toujours avec le recul, ce fut un bon laboratoire ou un difficile faux-départ à surmonter ?
    Je dirais, le moyen de m’armer pour un avenir plutôt difficile. Une sorte de contrat d’apprentissage où j’y ai appris tout ce que je fais maintenant, du scénario au dessin en passant par mon rôle éditorial.

    Tu as eu une petite expérience en tant qu’éducateur avec des jeunes en difficulté lors de ton service militaire. Encore quelque chose qui a pu te servir pour instaurer un bon dialogue et gérer l’aspect humain de tes nombreuses relations de travail ?
    Pas vraiment. Les dessinateurs sont plus difficiles à gérer que les jeunes en difficulté Hé ! Hé ! Hé ! Par ailleurs, je me le reproche souvent, je ne suis pas vraiment efficace pour instaurer un bon dialogue. Je suis souvent contraint à rattraper mes erreurs plus tard. Fort de ce constat, j’essaie de progresser. Après tout, c’est ça la vie. Vous apprenez en faisant des erreurs et vous vous améliorez. Se remettre en question, c’est une loi importante dans un monde en perpétuel mouvement.

    Il y a 10 ans, pensais-tu à quelque-chose qui ressemble à aujourd’hui, quel était ton objectif d’alors ?
    A peu près. Je me voyais éditeur et je suis devenu directeur de collection. En tant qu’auteur, j’aurais souhaité être le nouveau Jodo. J’ai un peu bifurqué, je n’ai finalement quasiment pas fait de S.F., et contrairement à Jodo qui dispense son savoir, ses sagesses, au travers de mes scénarios, je pose des questions et tente de trouver des réponses.

    Pendant 10 ans…

    De Merlin, Arthur Pendragon aux nombreuses séries Soleil Celtic, on peut dire que l’imaginaire celte t’as toujours suivi. C’est véritablement ton univers, ta culture ? Tu la vis également au quotidien à travers tes autres loisirs ?
    L’imaginaire celte dans ma vie joue au yoyo, il part, il revient. Je vis en Bretagne, alors on peut dire que je baigne dedans. Mais je reste un amateur au regard des compagnons tels que Thierry Jigourel et Laurent Miny. Ces personnalités me fascinent par leur promiscuité avec les légendes. Quelque part, ils en sont le prolongement.

    Ce fut dix années de travail acharné ou de coups de chance? Les deux ? Quelle est la formule Istin pour expliquer cette réussite ?
    Donner ma recette ? Est-ce qu’un bon chef donne sa recette ? Est-ce qu’un magicien dévoile ses tours ?
    Bon, en 10 ans, on ne peut pas dire que j’ai chômé. Pour ne parler que de Soleil celtic, c’est déjà une trentaine de titres. Mais il faut y ajouter les autres collections donc Secrets du Vatican et Serial Killer.
    Pour 2010, je lance d’autres collections, des nouveaux titres.
    Non, je n’ai pas chômé.
    J’aime la b.d., c’est un fait. J’en lis depuis tout gamin et je continue à en acheter. Je ne sais plus où les ranger.
    Les coups de chance, véritablement, j’en ai eu un : MERLIN. Lorsque je l’ai écrit, j’étais naïf au point d’ignorer l’impact que ce titre aurait sur les lecteurs.

    Tu sembles être plus attiré par l’écriture que par le dessin? La raison serait-elle que le scénario te permet d’évacuer toutes tes envies d’histoires plus rapidement ?
    Quand tu dis évacuer, ça me fait peur. HA ! HA ! HA !HA !. Des images de tuyauteries organiques me viennent à l’esprit.
    Mais dans le fond, c’est sans doute vrai. Dessiner est plus long. Néanmoins, j’adore dessiner. Et j’ai d’autres projets dans ce sens.
    Dessiner, écrire, ce n’est pas le même travail.

    Soleil Celtic, c’est aussi une belle aventure d’amitiés, de copains de toujours, de rencontres… C’est comme ça que tu aimes fonctionner. En « famille » ?
    Fonctionner en famille ? Oui et non. Plus je vieillis et moins j’aime l’idée de famille dans le travail. D’abord parce que la b.d. est avant tout un travail. Un travail de passion oui, mais un travail tout de même. Ensuite, parce que j’aime aussi l’idée d’avoir une vie en dehors de la bd. Et si tous mes amis sont de la profession, lors d’une journée barbecue, on ne parle que de bd. Bref, on n’en sort plus.
    Ceci étant, c’est un fait, soleil celtic se conçoit comme ça. Et lorsque j’échange avec un autre scénariste, je ne peux m’empêcher d’avoir de la sympathie pour lui ce qui finit par faire naître des amitiés. Ce qui fait que 80 % des scénaristes avec qui je bosse sont effectivement des copains et des amis. Tans pis pour les barbecues sans bd.
    Par ailleurs, il y a 2 générations soleil celtic. Mais je vois aussi un aspect générationnel. Il y a eu les auteurs fondateurs, ceux là continuent mais font de la bd en dehors du celtic aussi, et les nouveaux qui viennent s’ajouter dernièrement. Ces deux générations ne se connaissent pas forcément.

    Quel a été le plus beau succès commercial de Soleil celtic? Et le plus beau succès à tes yeux ?
    Merlin. Encore Merlin. Parce que cette série réunie aujourd’hui 10 tomes pour le cycle initiation dessiné par Lambert et 3 tomes pour Merlin la quête de l’épée, dessinée par Demare. 13 tomes en tout, du coup, les ventes sont assez costauds. Rien que le tome 1 fait 70 000 albums vendus en juillet dernier (nuclea+soleil) et le tome 2 n’est qu’à 4000 exemplaires en dessous. Ceci étant les succès commerciaux du Sang du dragon et de Lancelot sont similaires à raison du nombre de tomes terminés. Les druides en revanche ont démarré plus vite que Merlin à l’époque et en comparant avec Merlin au même niveau de tome, les druides sont plus hauts.
    A mes yeux, le plus beau succès ? Je ne vais pas le dire… je ne veux blesser personne.
    Mais par contre, j’ai envie d’ajouter qu’il y a eu succès dans ma caboche le jour où je me suis dit : « Tiens celui là, j’en ai pas honte, si j’étais lecteur, je l’aurais acheter »

    Lis-tu beaucoup les grands folkloristes bretons ? Quelles sont les sources que tu recommandes ?
    Anatole Le Braz, forcément. Ensuite, je recommande tout simplement aux lecteurs de se jeter sur les éditions « terres des brumes », c’est génial ! Tout y est.

    Dix ans plus tard…

    Aujourd’hui, Soleil Celtic est une collection phare des éditions Soleil. Elle affiche de beaux succès. Elle a signé un sacré coup de maître avec les Contes du Korrigan en réussissant là où beaucoup se sont plantés (un collectif d’histoires aux dessins multiples). Penses-tu que la thématique est un peu essouflée maintenant, qu’il faudra l’élargir ou qu’il reste encore de nombreux territoires celtiques à parcourir ?
    Au contraire, il reste tout à faire. Les contes du korrigan dans le domaine du petit peuple, c’est un démarrage, une esquisse, n’oublions pas que nous étions tous débutant. Maintenant, il faut peaufiner, maîtriser et tenter de nouvelles expériences dans le genre. Ça va venir…
    Quant aux territoires celtiques, oui, il en reste. Considérez que finalement nous n’avons même pas un CUCHULAINN dans cette collection. C’est presque un comble. Bien sûr, il y a eu des tentatives mais aucune pour le moment ne m’a séduite.

    Soleil celtic a en son catalogue des séries moins celtiques… Je pense au Crépuscule des dieux par exemple ou La Rose et la Croix… Comment expliques-tu cette présence a priori hors thème?
    Pour la rose et la croix, il est effectivement passé dans « Secrets du vatican ». Il n’était pas à sa place mais comme je voulais m’occuper de cet album, à l’époque, c’était plus pratique.
    Le crépuscule des dieux et bientôt Odin en revanche, c’est de l’extension aux légendes nordiques. J’aurais pu créer une nouvelle collection mais bon… Soleil Nordic ? Pas classe, hein ?
    Finalement ces légendes sont proches de leurs parents celtiques, du coup, je les ai casées dans soleil celtic.

    Tu as été au four et au moulin sur quasiment tous les albums. Tu as la réputation d’être quelqu’un de très présent, très impliqué. Maintenant que la collection est bien en place, vas-tu plus déléguer les choses ?
    Sans soucis. Avec la nouvelle génération de scénaristes, je suis en confiance. Nous discutons beaucoup et même si je regarde l’ensemble, je les vois aussi corriger en direct et ils ne se plantent pas. L’avenir est donc bien plus détendu de ce côté.

    Parlons également des deux autres collections que tu as lancées, Secrets du Vatican et Serial Killer. Des thèmes très en vogue… Elles se portent bien ? Qu’est-ce qui t’attire personnellement dans ces deux thématiques, assez éloignées du monde celtique… ?
    Serial Killer, c’est tout simplement une fascination morbide de l’ado que je fus pour ce genre.
    Cette collection a beaucoup de difficultés. Les titres ont du mal à percer et pourtant tout le monde y met de l’énergie et les lecteurs sont très très positifs. Prenez le Ed gein, c’est un petit bijoux et pour une fois qu’on est pas obligé d’attendre X tomes pour avoir la fin, vu que ce sont des one-shot, eh bien, je m’attendais à plus d’enthousiasme. Mais non. Pourtant les serial killer sur le format ciné font un gros succès. En roman également. Mais en bd, nous n’avons pas encore fait de best seller.
    Nous venons de sortir une intégrale moyen format avec des commentaires d’une criminologue sur chacun des 4 tueurs mis en bd. C’est un très très bel objet et qui plus est peu coûteux puisqu’il réunit 4 titres. J’espère que cette formule fonctionnera.

    Secrets du vatican c’est tout l’inverse. Ça décolle. Le cinquième évangile, succubes et l’ordre des dragons sont des titres qui ont marqué. Le cinquième évangile t1 est entré dans les meilleures ventes en France dès sa sortie. Cette collection possède qui une maquette attirante élaboré par Laurent Arnaud, le directeur artistique de Soleil. Je dis souvent que Laurent est l’un des meilleurs. Une efficacité et une créativité qui fait la différence avec les autres éditeurs. D’ailleurs, il est de plus en plus copié ce qui prouve qu’il marque son temps.

    La BD grand spectacle, grand public, c’est quelque chose que tu assumes pleinement et revendiques ? Un genre qui te plaît au cinéma par exemple ? On peut dire que si sur grand écran les français ne sont pas les maîtres du genre, côté BD, ça assure plutôt pas mal…
    Oui en bd, nous n’avons pas de souci de budget. Nous pouvons tout nous permettre, de vastes épopées etc… Et, je n’ai pas peur de le dire, nos scénaristes sont bien souvent meilleurs que la plupart de ceux du cinéma français.
    Le cinéma français ; même si il évolue dans le bon sens (une nouvelle génération est en train d’apparaître), manque tout de même de « couilles ». N’ayons pas peur des mots. Nous avons un passé épique mais personne ne l’exploite. Qu’est ce que fichent les producteurs ? Il n’y a guère que Jeanne d’arc de Luc Besson qui va dans le sens du mélange genre et historique, alors que les pays de l’est sortent Nomad et Mongol, alors que les chinois mettent leur histoire sur grand écran de façon épique, nous, on n’est pas foutu de faire la même chose. Kingdom of heaven, c’est nous qui aurions du le faire, pas Ridley scott. C’est le monde à l’envers.
    Mais qu’on arrête d’engager des rigolos pour faire les scénario de films, qu’on s’adresse à des gars qui ont le sens du rythme, de la narration, ça facilitera le travail des comédiens qui n’en peuvent plus (les pauvres !) de devoir déballer des niaiseries à tour de bras.
    Et commençons déjà par les séries T.V.
    A quand un PSYCHOVILLE français ???

    La féerie a évidemment une place de choix dans ta vie et ton oeuvre. Quelle est d’ailleurs ta créature féerique préférée et pourquoi ?
    Mes enfants ! Quand ils sont nés, ils ressemblaient tous à des korrigans. C’est chou, un korrigan, c’est poilu !
    Plus sérieusement, je ne suis pas spécialement accroc à un personnage en particulier. J’aime les fées, les poulpiquets, les anglais, les bretons, les petits, les gros, les pas-beaux, les mignons… Ils ont tous leur raison d’être, je les aime tous.

    On imagine aussi qu’en dix années, il y a eu des rendez-vous manqués… Quel est ton plus grand regret ?
    Ne pas avoir fait ne serait-ce qu’un album avec Didier Convart. C’est la seule chose… Pour le reste, l’avenir me permettra sans doute de réaliser mes autres rêves.

    Dans 10 ans…

    Des envies en-dehors des collections suivies ?
    En tant que dessinateur, oui. Mais c’est trop tôt. Je ne peux en dire plus, j’hésite actuellement entre trois possibilités dont un space-opéra, un celtic et une fantasy en rapport avec un film bien connu.
    L’année prochaine, je sors de nouvelles collections.
    1800 – des récits basés sur des personnages et des romans du 19ème siècle tels que Sherlock Holmes, docteur Hide, Nemo , le tout mâtiné d’un zest de fantastique.
    Space-Opera – Tout est dans l’intitulé. Cette collection présentera ce qui s’approche le plus de Dune, Hypérion ou les chroniques de Riddick.
    Anticipation – une collection qui se situe dans notre futur proche. Soit après une catastrophe sans nom, soit après une performance technologique qui parque notre univers.

    Où sera Jean-Luc Istin et qu’aura-t-il accompli de plus ?
    Dans 10 ans,Oulaaaaa. Un film ? Une comédie bien niaise ? Un drame social avec une héroïne qui meurt avant la fin… ?
    60 séries soleil celtic ? 30 série secrets du vatican ? Nous verrons bien…

    Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009

  • Fae: rencontre avec une créatrice de vêtements féeriques

    L’imaginaire féerique se decline et se vit d’une multitude de façons. Cette fois, notre regard s’est porté sur une jeune styliste aux creations médiévales-fantastiques de toute beauté. Et puisque son enterprise naissante porte le doux nom de Fae, il nous a paru important de lui poser quelques questions et, ainsi, de vous la presenter… 

     
    D’où t’es venue cette passion alliant un univers médiéval-fantastique, féerique et la création de vêtements ?
    J’ai toujours été attirée par l’univers médiéval- fantastique. Petite je lisais déjà beaucoup de contes et de mythologies, j’ai découvert le Seigneur des Anneaux très tôt et l’oeuvre de Tolkien a été une vraie révélation. Les jeux de rôle m’ont aussi attirée très tôt : mon grand frère en faisait à l’époque, ainsi que des Grandeur Nature (ou « GN »), et je trouvais ça fascinant. J’en ai fait dès que j’ai pu et c’est grâce aux GN que j’ai fait mes premiers costumes, voilà ce qui m’en a donné le goût, même si au départ ça ne ressemblait pas à grand-chose !

     Quel genre de vêtements aimes-tu le plus créer ?
    Aaah, les robes médiévales ! Enfin, elles ne sont pas véritablement médiévales, historiquement parlant c’est plus un mélange, mais je parle du genre de robes que l’on peut voir par exemple dans le Seigneur des Anneaux, le film. Ce sont des merveilles ! Avec une foule de détails, de finitions, que l’on ne soupçonne même pas à l’écran ! Je suis loin d’avoir le niveau mais je m’y emploie, et même si cela demande beaucoup de travail j’adore ça ! Mon seul regret est qu’il n’y ait pas assez de circonstances pour les porter.

    T’inspires-tu de légendes particulières ? Ou de musique ?
    J’aime particulièrement les mythes et légendes celtes et scandinaves, mais ils constituent une toile de fond, un contexte, sans m’inspirer de façon directe
    bien que leur influence soit indéniable. Je suis plus marquée par la littérature fantastique avec des auteurs comme Michael Moorcock (Le cycle
    d’Elric), George R .R. Martin (Le cycle du Trône de Fer), ou bien sûr et principalement, Tolkien. Son oeuvre est pour moi une source inépuisable d’inspiration.
    Pour ce qui est de la musique, bien sûr ! Je ne peux coudre sans musique et elle stimule l’imagination. Pour citer quelques artistes, j’aime particulièrement Omnia, Narsilion, Summoning et les pyrénéens de Stille Volk, et on retrouve d’ailleurs leur musique dans mes défilés, normal !
    Sinon je puise aussi beaucoup dans les oeuvres d’illustrateurs tels qu’Alan Lee, John Howe, Brian Froud, ou Brom.

    Tu fais beaucoup de défilés? Quelles sont les principales reactions des gens?
    Pour le moment je n’ai que deux défilés à mon actif vu que Faë n’est lancée que depuis mars 2009, mais j’aimerais en faire environ deux par an. J’ai été très agréablement surprise des réactions des gens venus au défilé de mai, duquel j’attendais beaucoup. Je l’avais organisé pour lancer Faë et essayer de
    présenter un éventail diversifié et représentatif de mes différentes créations, donc je me demandais quel allait être le retour. Et bien c’était très positif !
    J’ai été très félicitée, les gens semblaient emballés et contents, quell soulagement ! Bon après je ne me fais pas d’illusions, on ne peut pas non plus
    plaire à tout le monde et de toute façon je n’y compte pas, mais ça reste très encourageant. Et sinon j’ai pu remarquer que les robes médiévales font toujours leur petit effet sur la gent féminine, ce doit être le syndrome princesse, on a beau grandir il faut croire qu’on n’y échappe pas toujours complètement. Héhé !

     


    As-tu l’impression qu’il y a un mouvement qui s’est créé autour de l’imaginaire féerique ? Avec ses artisans, ses musiciens, ses conteurs, etc.
    Comment l’expliques-tu ?

    Oui, il y a un réel mouvement avec de nombreuses ramifications, certaines tendent plus vers le médiéval par exemple et d’autres vers le féérique en effet, mais tout est souvent lié. Je dois toutefois avouer que la mièvrerie autour des fees a tendance à m’agacer, enfin cela dépend des approches bien sûr.
    Comment l’expliquer ? Nous avons tous besoin de rêves, après nous l’assumons plus ou moins. Mais dans ce monde, comment ne pas avoir besoin d’évasion ?
    L’air de nos villes sent mauvais, nous marchons sur du béton et le ciel est caché par de grands bâtiments qui se ressemblent tous. Ce regain d’intérêt pour l’imaginaire féerique est comme un retour aux sources, c’est une bouffée d’air pur ici bas pour les déracinés que nous sommes. Enfin, c’est un point de vue personnel.

    Quelle est ta créature féerique préférée et pourquoi ?
    Le dragon ! Parce qu’il est emblématique de l’imaginaire fantastique et a une symbolique très forte. Créature féroce et destructrice,  liée à la terre et au feu, gardien primitif et ancien, c’est un symbole de puissance, notamment dans les mythes scandinaves. Cette puissance a d’ailleurs beaucoup été sous-estimée comme dans l’univers de Donjons&Dragons où les héros tuent des dragons à tout va, mais enfin, un dragon, ce n’est pas rien ! Moi je parle de Fafnir, d’Ancalagon le Noir, de Glaurung, et Smaug le Doré ! Le dragon, c’est le gardien de notre univers merveilleux.

     

     Ton actualité, tes projets?
    Et bien tout d’abord l’ouverture prochaine du site internet, pour le mois de novembre j’espère ! Il fera vente en ligne vu que je ne souhaite pas ouvrir de
    boutique (du moins pour le moment) et je pourrai aussi prendre des commandes. J’aimerais refaire un défilé bientôt, mais ce ne sera pas avant le début du printemps, je pense. Et sinon il est prévu que je fasse des salons de créateurs et surtout des fêtes médiévales, mais je dois d’abord passer mon permis (et oui…)! En attendant le site web (www.fae-creations.fr) vous pouvez toujours visiter ma page myspace :  www.myspace.com/fae_creations. Pour me contacter :
    juliane@fae-creations.fr. Au plaisir de croiser votre route!

    Propos recueillis par le Peuple féerique en octobre 2009.

  • Fairy World 5 – Une compilation signée Prikosnovénie

    FAIRY WORLD 5
    Compilation 14 titres.
    Sortie : Mai 2009 – 14 Titres – 69’00
    Packaging luxe : digipack grand format 20cm X 14cm (limité à 1000 ex.)+livret
    Design : Sabine Adélaïde
    Prix: 9,90€
    Avec le DVD: 19,90 €

    Présentation label:

    Plongez dans notre univers musical et visuel si particulier ! Au coeur de nos collections Mandalia (musiques apaisantes) et Solaris (nos plus belles voix féminines), suivez le fil du mystère. Des contrées méditatives et dépaysantes s’offriront à vous, entre ambiances celtes, orientales et apaisantes. Au fil des cultures, des émotions sensibles et des personnages oniriques, immergez-vous dans une bulle musicale régénérante. C’est aussi un voyage au pays de la Féerie et de la Nature auquel vous êtes conviés. Les illustrations relient les quatre éléments (terre, air, eau, feu) aux personnages féeriques de Sabine Adélaïde. En plus des 3 volets du superbe emballage, Sabine a illustré un livret 8 pages.
    Nous avons déniché aux quatre coins du monde des artistes exceptionnels comme Stellamara ou les Danois de ‘Valravn’ (entre Björk et Faun). Retrouvez des inédits, des signatures à venir et les dernières sorties des étoiles du label.

    14 Tracks
    1 CAPRICE Sage
    2 MAPLE BEE Me and Rose
    3 VALRAVN Droemte mig en droem
    4 CORDE OBLIQUE Nostalgica Avanguardia
    5 LYS Le pardon
    6 IRFAN Star of the winds
    7 OMASPHERE Platoun
    8 POUSSIERES D’ETOILE See the sea
    9 STELLAMARA Aman Doktor
    10 ALIZBAR Clo’s dreams
    11 IVO SEDLACEK Sun
    12 CRISTA GALLI Yama-Ho
    13 SAVA Tros y Garreg
    14 LUIGI RUBINO Last Dance

    Notre avis:

    Cela est devenu une tradition pour les amoureux des fées et de la douce musique de Prikosnovénie que la sortie des Fairy World. Voici donc le cinquième, toujours concocté avec un design et packaging merveilleux qui épousent parfaitement l’univers musical proposé. Les titres choisis s’enchaînent avec délice et vous procureront plus d’une heure de plaisir musical ininterrompu. On a beaucoup aimé le titre « Me and Rose » de Maple Bee, le très étonnant « Droemte mig en droem » de Valvran (qui posède effectivement un petit côté Björk!) ainsi que les titres de Corde Oblique et de Sava. Le tout baigne dans une atmosphère éthérée et majoritairement orientale. De quoi vous ouvrir une porte vers le rêve et l’évasion…

    Nouveauté, on peut accompagner la petite boîte magique qui renferme ce précieux CD, d’un DVD. Un DVD qui rappellera de bons souvenirs au public de Clisson en 2008 ou permettra aux fans de découvrir leurs artistes préférés sur scène sur leur écran s’ils n’ont pas eu la chance de les voir en live. Mais pour être honnête, si vous ne faites pas partie de l’une de ces deux catégories, préférez le gâteau à la cerise. En effet, le DVD est moins réussi que le CD. Ce DVD est composé de trois parties. Pour la première vous assisterez aux concerts d’Antrabata, Ashram et Crista Galli mais nous avons eu du mal à maintenir notre attention une fois Antrabata passé. Sans l’ambiance de la salle, le jeu scénique limité des groupes n’aide pas à la concentration. La deuxième partie, ce sont les clips de PinknRuby, Moon Far Away, de la Love session 2, de la collection d’Arnell Andrea, Mediavolo, Caprice, Misstrip, Antrabata et Maple Bee. De jolis moments, surtout pour mettre des visages sur des musiques! Enfin, la troisième partie est musicalement la plus intéressante avec Maple Bee, Misstrip et Collection d’Arnell Andrea. Plus agréable à visionner même si le moment d’Arnell Andrea souffre d’un manque de qualité technique lors de l’enregistrement.

    Bref, le CD est un joli moment musical, le DVD moins indispensable…

  • Rencontre avec Albert Moxhet, spécialiste du légendaire wallon et ardennais

    Albert Moxhet est un nom qui ne vous dira peut-être pas grand-chose si vous n’êtes pas wallon. La Wallonie étant la partie francophone et germanophone de la Belgique. Albert Moxhet y est connu pour ses études sur la sorcellerie et le légendaire. Un légendaire riche de sorcières mais aussi de lutins ou gnomes qu’on appelle les Nutons. Patrimoine partagé en grande partie avec l’Ardenne française. Alors que plusieurs ouvrages sont en voie d’édition ou de réédition (il était temps !), d’autres, comme l’excellent Ardenne et Bretagne, deux soeurs lointaines vient tout juste d’être épuisé. Nous avons posé quelques questions à cette incontournable figure de la féerie ardennaise.


    Dans Ardenne et Bretagne, les sœurs lointaines, vous comparez, voire rapprochez les deux légendaires propres à ces régions. Comment vous est venue l’idée de cette étude ?
    Ardennais baigné dès l’enfance dans les légendes de ma région, j’ai toujours été intéressé par le monde celtique (Irlande, Écosse, Bretagne,…). La connaissance de celui-ci s’est structurée en particulier par l’étude de la Matière de Bretagne à l’Université de Liège (Philologie romane). Dans les années 1970, j’étais le « gardien des légendes » d’émissions radio de Philippe Longtain à la RTB (pas encore F), émissions portant notamment sur le fantastique. Cela m’avait amené à réunir quelque 300 légendes fantastiques d’Ardenne, qui donnèrent naissance à mon Dictionnaire des Légendes de l’Ardenne fantastique. Quelque temps plus tard, lors d’une exposition à Spa, je rencontrai une ancienne élève, Nathalie Chaballe, qui achevait des études d’illustration. Comme travail de fin d’études, elle devait présenter la maquette d’un ouvrage traitant des légendes bretonnes. Elle manquait de textes ; moi, au cours de mes recherches pour le Dictionnaire, j’avais trouvé que des rapprochements étaient à faire entre les deux domaines. J’écrivis donc quelques chapitres pour que Nathalie ait une matière suffisante pour son projet. Peu après, un ami commun, Camille Bellaire, me mit en rapport avec Jean-Pierre Lambot, à qui l’éditeur Pierre Mardaga venait de demander de lancer la collection « Mythes, Légendes et Traditions ». Jean-Pierre souhaita que je termine le manuscrit et je demandai à Nathalie d’en compléter l’illustration. L’ouvrage parut en 1989. Les tout derniers exemplaires dont je disposais ont été vendus lors du Printemps des Légendes. La collection et son éditeur n’existant plus, je souhaite évidemment qu’une nouvelle édition soit réalisée, d’autant plus qu’Hervé Gourdet et Olivier Rime m’ont fait le plaisir de me dire que c’est cet ouvrage qui, pour eux, avait déclenché le mouvement dont le Printemps des Légendes est un des fleurons.

    L’Ardenne (surtout belge) semble plus axée sur la sorcellerie. D’où vient cet attachement, ce goût prononcé pour les sorcières en Wallonie ?
    L’Histoire veut que de très nombreux procès de sorcellerie aient eu la Wallonie et particulièrement l’Ardenne pour cadre, principalement durant la seconde moitié du XVIe et au XVIIe siècle. Les pouvoirs spirituel autant que temporel étaient concernés, surtout qu’une bonne (et parfois lointaine) partie du territoire dépendait de la Principauté épiscopale de Liège ou de la Principauté abbatiale de Stavelot. Le contexte de la Contre-Réforme (Concile de Trente, 1545-1563), mais aussi une économie essentiellement agricole, dans uns société fondée sur un modèle masculin hérité du droit romain relayé par le droit canon, sont des éléments importants pour comprendre combien, alors que la peur du diable était constante, on cherchait des responsables à tout événement négatif. Les femmes, surtout si elles étaient seules ou un peu marginales, étaient des proies faciles dans une procédure aussi cruelle que sommaire. C’est pourquoi je crois que nous avons un devoir de justice et de mémoire vis-à-vis de tant de victimes innocentes et que je m’insurge contre le rôle horrifique, caricatural ou comique que l’on fait jouer aujourd’hui aux sorcières à travers les médias. Je trouve tout aussi inadmissibles les « fêtes » qui consistent à traquer les sorcières et à les brûler sur un bûcher autour duquel on danse.

    Vous qui aimez les comparaisons, que pensez-vous de celle de la sorcière et de la fée ? Ont-elles des points communs, la sorcière serait-elle une « mauvaise fée » ?
    Il y a des endroits où l’on ne sait pas distinguer vraiment la fée de la sorcière. C’est le cas, par exemple, de Namousette du côté de Dohan, mais aussi d’une manière plus large en Picardie. Il faut cependant savoir que, en Ardenne particulièrement, les aires peuplées de fées et celles des nûtons, sotês et autres massotês s’excluent généralement, sauf sur leurs frontières. Ces êtres légendaires ont d’ailleurs des rôles et des tailles assez semblables. Mais les sorcières, elles, on les trouve indistinctement dans les deux aires. Les connaissances empiriques que sorciers et sorcières pouvaient avoir des plantes, par exemple, dépassant souvent le savoir des médecins reconnus, les rendaient suspects, même si ces connaissances avaient rendu des services à la communauté. Nains et fées ont souvent été diabolisés dans les mêmes circonstances, parce que différents, eux aussi. En ce qui concerne les sorciers, il n’est pas inutile de constater que, dans l’Ardenne septentrionale et le Condroz, le berger-sorcier, tel que Bellem, sait rendre de précieux services, alors qu’en Ardenne méridionale, c’est plutôt le type du sorcier méchant qui prédomine, à l’image de Cape (ou Kaap) d’Herbeumont, précurseur peut-être du Gargamel des Schtroumpfs.

    Vous avez participé au festival Printemps des Légendes, à Monthermé. Y a-t-il selon vous un regain d’intérêt pour la féerie, vu le succès de ce festival ? Comment l’expliquer ?
    Il est sûr que la féerie se porte bien à l’époque actuelle, notamment parce que, sans que le public en soit toujours conscient, elle a aujourd’hui le soutien d’une technologie des effets spéciaux extrêmement sophistiquée qui a relancé l’intérêt pour des œuvres littéraires faisant appel à l’imaginaire et au fantastique. Pour moi, il y a cependant un danger dans cette vogue, c’est qu’on y mélange tout et n’importe quoi et qu’on risque ainsi de perdre ce que le quotidien peut nous offrir de merveilleux quand on veut bien y porter un regard attentif et nullement blasé. Je crois qu’il faut tirer la leçon de ce qu’on a fait d’Halloween en le réimportant des Etats-Unis : une manœuvre commerciale mêlant dans une célébration de l’horreur et de la laideur une série d’éléments – revenants, vampires, sorcières, araignées, etc. – qui n’ont au départ rien en commun, sinon de vider complètement de son sens profond la très intéressante fête de Samain, moment capital dans l’année des Celtes.

    Lors du débat-conférence qui s’y est tenu, vous avez fait part de vos rencontres avec Indiens et chamanes. Peut-on parler d’une universalité des mythes, légendes ?
    Il y a, me semble-t-il, au-delà de thèmes propres à telle ou telle région, une réelle convergence de mythes qui s’expriment par des légendes à travers de l’humanité.
    Pourquoi ? Eh bien, parce que l’être humain, où qu’il se trouve, a rencontré des situations semblables, que ce soit pour sa survie physique ou mentale. Les réactions sont fondamentalement identiques, parce que forcément humaines, les différences s’inscrivent alors dans la forme, en fonction de la culture – climat, géographie, ressources, mode de vie, etc. – de chaque société. On touche donc là ce qui est le fond commun de l’Humanité. Cela peut aller loin, sinon comment expliquer que l’on retrouve, par exemple, dans les légendes d’origine des Indiens Hopis, l’équivalent du déluge ou de Babel ?

    Pour notre propos qui est le Petit Peuple, la féerie, avez-vous rencontré lors de vos voyages des êtres proches du peuple féerique celte que l’on connaît mieux ici que tout autre ?
    Il faut bien se rendre compte que, dans notre Europe occidentale, il n’y a plus guère de lieux qui n’aient été exploités par l’homme. Nos forêts sont des jardins en comparaison de ce qu’était la forêt primaire, qu’on peut sans doute encore retrouver partiellement en République tchèque. Mais il reste des lieux « chargés ». J’ai éprouvé la même vibration au centre du labyrinthe de la cathédrale de Chartres et dans le village indien de Betatakin, abandonné depuis 1300 dans une arche de falaise en Arizona. Dans la forêt de Brocéliande et en d’autres lieux de Bretagne, de telles « présences » sont sensibles également. Et j’apprécie beaucoup le témoignage de José Gualinga, Indien kichwa d’Amazonie équatorienne, fils d’un très grand chamane de Sarayaku, qui, dans la forêt d’Ardenne, a encore ressenti de lointaines présences, même si cette forêt a été largement travaillée par l’homme. Y a-t-il là un héritage des Celtes ? On peut l’espérer. Un élément légendaire d’origine celtique resté vivace est assurément la Bête de Staneux. Je crois aussi que le caractère ardennais et wallon, volontiers rebelle et fier de sa « tribu », relève aussi de ce héritage.

    Vous êtes également l’auteur d’un Dictionnaire des légendes de l’Ardenne fantastique aujourd’hui épuisé. Cet ouvrage sera-t-il bientôt réédité ?
    Il est paru en 1984, avec des rééditions et 1985 et 1986 et est donc épuisé depuis longtemps. Un éditeur est prêt à le publier à nouveau, mais j’estime que je dois le refondre et le compléter largement, car, bien évidemment, beaucoup de choses sont venues à ma connaissance depuis lors et méritent d’être diffusées. Il faut que je trouve le temps de mettre tout cela au point.

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Les êtres légendaires ne manquent pas dans la région de Theux, où j’habite : les Sotês, le Verbouc du château de Franchimont, la Chèvre rouge, …, mais ce qui l’emporte, pour moi, j’y reviens, c’est le Bête de Staneux, un centaure femelle, qui pourrait être Arduina, romanisée en Diane chasseresse (elle porte un arc et des flèches). Elle vivait dans le Bois de Staneux, entre Theux, Polleur et Spa, derrière chez moi, et diabolisée, elle fut rendue responsable de tous les événements malheureux qui se produisaient dans les environs, à part peut-être les incendies, provoqués, eux, par la Chèvre rouge. Un jugement de 1476 fait encore allusion à la Bête et sa légende est toujours extrêmement vivante dans les pratiques folkloriques locales.

    D’autres projets, actualités à signaler à nos lecteurs ?
    J’ai deux bouquins qui vont bientôt sortir. Le premier, prévu en mai à L’Enseigne du Chat Volant (Verviers), s’intitule Traditions légendaires et croyances populaires en Haute Ardenne. C’est l’adaptation française d’une thèse présentée en 1938 à l’Université de Bonn par Willy Marichal sur base d’un impressionnant collectage que, en 1936-1937, il avait réalisé en wallon dans les villages situés de Sourbrodt à Vielsalm. On est là devant un travail remarquable autant par la matière du collectage restée dans son aspect spontané que par la thèse proprement dite qui établit des comparaisons non seulement avec les travaux de Sébillot, par exemple, mais aussi avec les traditions de nombreux terroirs allemands qu’en général les francophones ignorent. L’autre livre doit sortir un peu plus tard chez Noir Dessin Production ; il s’agit de Nûtons, Sotês et autres Sarrasins de Wallonie et d’Ardenne, une étude que j’ai pris grand plaisir à réaliser en m’attachant au rôle social et historique de ces petits personnages. J’ai essayé d’en faire un ouvrage original et truffé d’anecdotes dans la mesure où, sans entrer dans la fantaisie et en restant très accessible, j’y fais le portrait de notre Petit Peuple sur la base des collectages et recherches effectués depuis le XIXe siècle, mais aussi en étudiant les origines mythologiques et historiques des nains de nos légendes en qui se combinent des influences antiques, celtiques, romanes, germaniques et nordiques.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en avril 2009.

  • Ardenne et Bretagne: Les soeurs lointaines – Albert Moxhet (Mardaga)

    Ardenne et Bretagne: Les soeurs lointaines
    Albert Moxhet
    130 pages
    Editeur : Mardaga, 1995
    Prix : 7 €

    Présentation éditeur:

    La recherche de ses racines est souvent pour l’homme un voyage dans la mythologie. A côté des dieux et des héros de l’Antiquité classique, universalisés par le long triomphe de la culture gréco-romaine, il est des univers non moins riches et intéressants, parfois beaucoup plus anciens, qui ont été mis en veilleuse par la force militaire, politique et économique de l’Empire romain et comme effacés ensuite du paysage culturel par une conception assez étroite de ce qui pouvait être considéré comme beau, intelligent, convenable, en un mot :  » civilisé « . Cette situation de monopole se reproduira d’ailleurs de façon fort semblable lorsque l’Europe colonisera les autres continents. Cependant, même laminée par la domination romaine, la culture celtique a survécu avec plus ou moins de vitalité en divers endroits de son ancienne zone d’expansion. Mais, marginalisée et souvent additionnée d’apports ultérieurs, elle n’a plus été vécue que par les couches populaires – essentiellement paysannes – qui n’entraient pas en compte dans la culture officielle. Seuls quelques esprits ouverts et clairvoyants ont pu, au travers de la littérature, comprendre la valeur profonde, réelle, de ces traditions populaires qui évolueront elles-mêmes de façon non concertée. Ardenne et Bretagne, les soeurs lointaines entreprend de montrer combien, au-delà de formes parfois très diversifiées, un certain nombre d’éléments traditionnels populaires sont restés communs à ces régions éloignées par l’histoire et un millier de kilomètres, mais appartenant toutes deux au domaine celtique originel. Conservés essentiellement par la tradition orale et souvent utilisés par la suite cerne des  » histoires pour enfants « , ces éléments font ici l’objet d’une répartition en quatorze chapitres présentant successivement, la grande famille des lutins, les fées, les revenants, la famille des garous, le diable, les sorcières, les animaux fantastiques, les êtres de la nuit, les chevauchées célestes, les créatures des eaux, les fontaines, les bornes et pierres, les trésors et enfin les saints populaires protecteurs et guérisseurs.

    Notre avis:

    Albert Moxhet est un spécialiste de la sorcellerie. Très attaché à son ardenne belge et son folklore, il nous livre ici un ouvrage des plus précieux. En effet, son livre permet non seulement d’exprimer toute la richesse du légendaire ardennais mais en mettant en avant autant d’éléments comparés avec la Bretagne, il tisse de véritables liens, sur fond d’un passé celte commun, entre ces deux régions éloignées. En nous expliquant les ressemblances et les différences, l’auteur nous offre un ouvrage à posséder absolument pour qui s’intéresse de près ou de loin à la féerie. Et pour le tout petit prix, ce serait vraiment dommage de passer à côté.

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