Étiquette : Jacques Lamontagne

  • Bruno Falba et Mike Ratera font chanter les elfes !

    Le Chant des Elfes revisite l’affrontement entre Rome et Attila. L’histoire se colore de fantastique avec des dragons, des ogres, des nains, des elfes… Un souffle tolkienien semble avoir inspiré Bruno Falba (scénario) et Mike Ratera (dessin) qui déferlent à leur tour sur un empire romain en pleine décadence…

    Et quand une série traite de dragons et d’elfes, le Peuple féerique ne peut s’empêcher d’aller embêter ses auteurs… Petites questions à Bruno Falba.

    Les créatures féeriques sont, dans l’imaginaire des gens, plutôt ancrées dans le Moyen Age. Vous les placez dans un contexte proche de la fin de l’Empire romain…

    Effectivement, nos contemporains associent les êtres féeriques à l’époque Médiévale. Et pourtant, une majeure partie de ces créatures appartiennent aux mythologies. Dans l’Antiquité, nymphes, naïades et harpies partageaient physiquement le quotidien des humains.

    Au Vème siècle, nous glissons doucement dans le Moyen-Âge. Les croyances païennes et les sacrifices de toutes sortes disparaissent. La Chrétienté est en plein essor. L’Empire Romain d’Occident est sur son déclin. Les différentes créatures se mêlent. Certaines s’unissent pour ne former qu’un petit peuple. D’autres meurent seules, ou rejoignent les légendes.

    C’est cette fin d’une aire et ces profonds bouleversements que j’ai souhaité traiter avec « Le chant des elfes ». L’invasion d’Attila s’est imposée d’elle-même. C’est l’une des dernières grandes batailles de notre histoire où s’affrontent humains et créatures, civilisation et barbarie, foi et magie.

    Quelles étaient vos appréhensions vis-à-vis de cette série, ce que vous craigniez ? Tant il est vrai que mélanger Histoire et Fiction est fragile…

    Le challenge était de jouer avec ces deux genres, sans m’emprisonner dans un seul. Pour ce faire, j’ai veillé à créer un monde crédible. Les chroniques de Jordanes m’ont servies de bases historiques. J’ai ensuite abattu les frontières qui séparent histoire et légendes. Êtres humains et fantastiques, costumes et décors, tous ont été traités avec autant d’attention. Il fallait coller à la réalité de l’époque. Et nous avons veillé à donner une identité propre à chaque peuple pour les reconnaître au premier coup d’œil.

    Sur le plan de la psychologie, les protagonistes féeriques sont confrontés à des obstacles internes de nature humaine. Ce qui permet au lecteur de s’identifier plus facilement à eux.

    Afin de plonger les personnages dans un récit épique, je me suis appuyé sur une narration interne, complétée par de petites scènes du quotidien. Le conteur, témoin des événements, nous livre ses impressions, ses sentiments et ses doutes.

    J’espère avoir atteint cet objectif.

     

    Quel a été le point de départ de cette idée du Chant des Elfes ? Dans ce deuxième album on voit les Ogres d’Attila, sa force d’élite… Certains rapprochent en effet « Ogre » de « Hongrois » et le lien historique apparaît…

    Outre la rencontre déterminante avec Mike Maximus Ratera, lors de laquelle nous avons associé nos idées et nos envies, le point de départ de cette série provient de mes origines Provençales. Je suis né à Draguignan, en Dracénie, cité où le Dragon a été terrassé par Saint Hermentaire. On y trouve aussi une « Pierre de la Fée » et un elfe qui a pour nom Helclayen. La première Province de l’Empire Romain, le pays de Marius, de César et des cigales, fourmille de légendes. Les Celto-ligures ont laissé leur empreinte. Dolmens et créatures du petit peuple n’ont rien à envier au folklore de notre merveilleuse Bretagne. C’est ici, au cœur de mes racines, que je puise mes inspirations. Malheureusement, les promoteurs immobiliers (et leurs co-légionnaires pyromanes) ont justes gommé certains aspects de notre culture. J’espère que ce patrimoine rejaillira du passé pour le plus grand plaisir de tous.

    L’apparition des Ogres m’a été soufflée par feu ma tante Athena, il y a bien longtemps. Enfant, elle me racontait bon nombre d’histoires et de contes, auxquels je pris goût très vite. Ces histoires étaient tirées de sa Toscane natale. Certaines d’entres elles parlaient de créatures avides de chairs fraîches, le visage couvert de cicatrices, les dents acérées…

    J’ai appris bien plus tard, qu’elle faisait allusion aux Huns. Leur présence a tellement marqué les esprits, qu’ils ont traversé les âges en se transformant en monstres terrifiants. Il faut dire qu’aux premiers abords, ils ne prêtaient pas au dialogue. Les membres de la tribu ouigour, partis de l’actuelle Chine, avaient d’étranges coutumes pour nos ancêtres occidentaux. Ils se taillaient le cou, le menton et les joues pour que le bulbe de leurs poils ne repousse pas. Leurs dents étaient aiguisées. Comme leurs campagnes militaires couvraient des milliers de kilomètres sur des mois, ils passaient le plus clair de leur temps sur leur monture. Ce qui les obligeait à dormir et manger dessus. Leur alimentation était principalement composée de viande et de tubercules glissées sous leur selle. Et lorsque ils n’avaient rien à se mettre sous la dent, ils suçaient le sang de leur poney. Imaginez la vision que ces tribus barbares laissaient dans l’esprit des peuples dits civilisés.

    Il devenait indispensable de replacer ces créatures dans une trilogie épique comme l’est « Le chant des elfes ».

     

    Comment se fait-il que les personnages féminins prennent le dessus sur les personnages masculins ?

    Je reconnais avoir un faible pour la gent féminine et leur silhouette élégante et gracile. Je les préfère incontestablement aux lourds gladiateurs chargés de testostérone et couverts d’huile ! C’est une question de goût. Vous noterez que cela ne nous a pas empêché d’opter pour un fier Romain sur la couverture du tome 2.

    De tout temps les jupes des filles ont fait tourner la tête des hommes. Et quand Ratera m’a présenté ses superbes recherches de personnages, ma tête a tourné de plus belle. Attardez-vous un instant sur ces créatures et vous comprendrez pourquoi elles tiennent le haut du Dolmen !

    Le Chant des Elfes est très guerrier. Un rythme qui ne laisse guère d’espace pour se reposer, des batailles, des machines de guerre, des montres… Beaucoup d’action et de spectacle. C’est une série d’action avant tout ?

    Réponse : D’un autre côté, Attila, n’était pas fleuriste… hein ! :O)

    Plus sérieusement, lorsque j’ai débuté la rédaction du « Chant des elfes », je souhaitais créer une intensité dramatique croissante à chaque tome, digne du « Seigneur des anneaux ». A ce propos, le grand J.J.R Tolkien Force s’est en partie inspiré de cette page de l’histoire de l’Europe pour écrire son chef d’œuvre.

    Mike et moi étions d’accord pour offrir aux lecteurs un spectacle semblable aux plus grandes productions du grand écran.

    Ainsi le premier opus met en place le récit, avec une action calme et posée et une structure proche du thriller.

    La tension monte d’un cran dans le second tome qui est, dirons-nous, plus musclé. Certes, le siège d’Orléans ne laisse pas aux personnages beaucoup de sérénité, mais vous noterez que l’un d’eux trouve malgré tout le temps d’aller à la pêche. (Rire)

    Quoiqu’il en soit, le troisième tome nous conduira sur les Champs Catalauniques et devrait être encore plus spectaculaire que l’album précédent.

     

    Comment se passe la collaboration avec Mike Ratera ?

    Trop bien !… une autre question ? (Rire)

    L’Espagne est un pays où les lecteurs sont plus orientés vers les comics US que la BD franco-belge… Qu’est-ce qui ressort de cette confrontation de cultures ?

    Une excellente collaboration ! Et c’est sans compter le professionnalisme de Mike. Son talent est à chaque fois au rendez-vous. Son sens de la mise en scène et son découpage dynamise la narration. Il la sublime même. De ses expériences chez Marvel, il en tire toute la substantifique moelle pour la mettre au service de notre trilogie. Ce qui contribue au succès de la série. Il est à rappeler que notre Québécois préféré, Jacques Lamontagne, nous accompagne dans l’aventure. Sa vaste culture Comics et son œil critique ne manque pas pour nous guider tout au long de chaque album.

    En combien d’albums cette série est-elle prévue ?

    « Le chant des elfes » se compose de trois tomes. La fin de la trilogie paraîtra durant le second semestre 2010. Bien entendu, si notre éditeur nous demande de poursuivre la série, un second cycle aussi riche que le premier suivra. J’ai d’ores et déjà rédigé la trame.

     

    Pour le moment, nous n’avons pas beaucoup entendu les elfes chanter…

    Patience ! Ils ne vont pas tarder. Mais avant de les apercevoir, ce sont leurs flèches que vous entendrez siffler.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en janvier 2010

    Et de gauche à droite: Mike Ratera, Jacques Lamontagne et Bruno Falba…


  • Rencontre avec Jacques Lamontagne pour le premier tome de Yuna – Soleil Celtic

    YUNA est une série dont le premier tome qui vient de sortir promet une des merveilles: un dessin magique et pluriel, une histoire accrochante et habilement écrite. On y suit la destinée d’une jeune fille, seul rempart contre les forces du mal qui menace les Trois Royaumes. Et quand on découvre que l’un des trois royaumes est celui du Petit peuple, nos lutins ne pouvaient que se lancer sur la piste des auteurs pour en savoir un peu plus. Résultat: un joli échange avec Jacques Lamontagne, le scénariste québécois et une très belle dédicace de Ma Yi, le dessinateur chinois.

    Après le dessin, vous vous attaquez au scénario. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous essayer à cette autre facette de la bande dessinée ?
    En fait, j’avais déjà scénarisé pas mal de courts récits pour des magazines québécois. L’envie était là depuis un bon moment. Il y a environ trois ans, Jean-Luc Istin et moi discutions de l’éventualité d’une autre collaboration scénariste/dessinateur, et je lui avais envoyé un synopsis afin de lui montrer quel type d’univers me plaisait. Du coup, il avait beaucoup aimé mon écriture et m’avait encouragé à pousser le truc. Au final, ce projet n’a jamais vu le jour, mais Jean-Luc est revenu à la charge afin que j’écrive un projet d’Heroic Fantasy pour sa collection Celtic. Yuna était née.

    La première chose qui étonne pour Yuna est le fait d’avoir un scénariste québécois et un dessinateur chinois pour une histoire plutôt européenne et celtique. D’où vous vient cet intérêt pour le Petit Peuple et ses légendes ?
    Par la force des choses, à travers ma collaboration à la série Les Druides, j’ai dû me familiariser avec cet environnement, cet univers. Donc, lorsque Jean-Luc m’est arrivé avec cette idée, j’étais d’avantage à l’aise avec l’esprit “Celtique”. Mais il est vrai que ça fait un peu étrange de voir un chinois et un Québécois “s’approprier” cette culture celtique.

    Cela a-t-il été facile de transmettre cette culture féerique à un dessinateur chinois ? Le résultat pourrait très bien être l’oeuvre d’un dessinateur breton? Quel est l’apport chinois dans cette série ?
    En fait, le plus difficile dans ma collaboration avec Ma Yi a été de bien l’informer sur les spécificités techniques (formats, profil Photoshop, type de fichier). Pour le reste, Ma Yi a eu le don de nous surprendre par la richesse de son imaginaire. Tout en étant très franco-belge dans son dessin, il a su nourrir visuellement la série avec son bagage culturel. Ce qui nous donne un résultat fort intéressant et un Petit Peuple entièrement revisité.

    Yuna met en avant le destin d’une jeune fille. Ces dernières années, on voit surgir de plus en plus d’héroïnes alors qu’auparavant l’emploi d’un héros était quasi automatique. Cela est-il lié à la présence de plus en plus significative d’un lectorat féminin ?
    Le fait que notre série mette en vedette une héroïne vient d’une demande de Jean-Luc en ce sens. Savoir ce qui l’a motivé à demander un personnage féminin, Je n’en ai aucune idée. En fait, je ne me suis jamais questionné là-dessus. Peut-être effectivement est-ce pour conquérir une part du lectorat féminin… Mais il était déjà clair dans ma tête que je ne voulais pas d’une héroïne pulpeuse avec des habilités incroyables. J’aime bien les personnages ordinaires, que rien ne prédestine à être des héros. J’aime l’idée d’assister à leur transformation graduelle, à les voir se construire tout en préservant l’imperfection qui fait d’eux des êtres humains et ce que cela implique.

    L’un des Trois Royaumes est celui du Petit Peuple. Dans le premier tome, on le découvre comme une race unique de petits guerriers. Votre représentation du Petit Peuple se limitera-t-elle à cette image ou peut-on s’attendre à d’autres races féeriques ?

    Quelques autres créatures, issues de l’imaginaire celte, feront leur apparition dans le tome deux… Je n’en dis pas plus pour l’instant. :0)

    Dans votre série, les méchants sont fort marqués graphiquement. On décèle une volonté de bien distinguer les personnages en deux camps, un voué au Mal, l’autre au Bien?

    La série Yuna n’a pas la prétention de vouloir réinventer le genre. Yuna, c’est un peu un conte de fée, où les méchants sont très méchants et leur méchanceté si développée, si énorme qu’elle les rend presque bêtes. Les “bons” quant à eux, ont d’avantage de nuances, certaines failles dans leur bonté qui les rend “humains”. Cette facette de leur personnalité sera beaucoup plus développée dans les deux prochains tomes.


    On remarque également plusieurs niveaux de représentations. Les créatures comme les dragons, chimères, tarasques semblent plus «réalistes», les paysages plus évaporés et les personnages ont également leur style propre. On a comme un mélange de styles au sein d’un seul et même univers?

    Ma Yi est le maître d’oeuvre de cette approche artistique. Lorsque je reçois les planches, je ressens dans celles-ci tout le plaisir que Ma Yi a à dessiner des créatures fabuleuses. Lorsque l’on regarde ses dragons, ses chimères, ce sont véritablement des bêtes effrayantes. Ça renforce tout le côté dramatique de ces scènes. Nul doute que le lecteur sera sensible à toutes ces subtilités artistiques.

    Le scénario de ce premier volume est dense, riche en aventure et l’histoire est rapidement mise en place après une introduction habile et dépaysante. Vous désiriez vraisemblablement offrir au lecteur une mise en bouche particulièrement travaillée ?

    Il était essentiel pour moi que ce premier tome ne soit pas qu’une mise en place de personnages et de l’univers dans lequel ils évoluent. Je tenais à ce qu’à travers la présentation de l’intrigue et des motivations des personnages, le lecteur soit immédiatement emporté dans le monde de Yuna et que l’action soit omniprésente tout au long de l’album, tout en étant régulièrement ponctuée de touches d’humour, élément essentiel à mon écriture.

    Combien de tomes sont-ils prévus et à quel rythme ?
    L’histoire sera bouclée en trois tomes. On prévoit d’en sortir un chaque année. Après, en fonction des ventes, on verra si Yuna mérite de connaître d’autres aventures. Si tel était le cas, je pencherais d’avantage pour des “one shot” ou diptyques, mais pas d’avantage. Je n’aime pas les histoires qui sont trop à rallonge.

    Votre créature féerique préférée et pourquoi ?

    Le Dragon pour sa force et son côté majestueux.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en février 2009.

    La dédicace de Ma Yi pour le Peuple féerique :


  • Yuna T1: La prophétie de Winog – Soleil Celtic – Lamontagne & Ma Yi

    YUNA T.1

    LA PROPHETIE DE WINOG

    Scénariste : LAMONTAGNE

    Dessinateur : MA YI

    Coloriste : MA YI

    Editions: Soleil

    Prix : 12.9 €

     

     

    Présentation de l’éditeur:

    AU MILIEU DU CHAOS, UNE PROPHÉTIE EST SUR LE POINT DE S’ACCOMPLIR… 

    Trois Druides, Hermeland, Bertalame et Samzun, accompagnés de leur palefrenier Killian, franchissent les lignes ennemies et sortent du Royaume de Korentin pour se rendre à Kercoreff. Il y a 16 ans, Yuna, fille de dame Riwanon et du grand druide Argann, aurait été sortie secrètement du Royaume. Depuis longtemps, la prophétie avait annoncé sa venue, elle, l’Élue, celle qui réunifierait les Trois Royaumes et vaincrait le Seigneur envahisseur, Kaour. Mais voilà, Yuna n’en croit pas un mot et c’est de mauvaise grâce qu’elle se résoudra à les accompagner. Kaour, au courant de cette délégation secrète et de la venue de cette supposée élue, sait qu’il s’agit d’une imposture, puisque c’est lui-même qui l’avait éliminée. Il voit là une stratégie du roi pour redonner à son peuple l’espoir qu’il lui faut pour se dresser contre ses armées. Peut-être même que la venue de cette fausse Élue pourrait encourager les Royaumes à renouer des liens. Kaour décide donc de tout faire pour la supprimer.

     

    Notre avis:

    Un québécois au scénario et un chinois au dessin pour nous conter un récit celtique. Voilà bien une preuve que le Petit Peuple est universel ! Un premier tome très réussi pour cette nouvelle série parue au sein de la collection Soleil Celtic dirigée de main de maître par Jean-Luc Istin. Ce premier tome parvient à placer les protagonistes de façon évidente et simple, à fournir les éléments nécessaires au développement de l’intrigue, à nous séduire par un dessin de belle stature et à développer un univers empruntant aux légendes celtes le strict minimum plutôt bien choisi pour ensuite développer son originalité. Voilà bien une jolie pépite d’autant plus intéressante qu’elle nous propose Trois Royaumes dont un est celui du Petit Peuple. Des créatures monstrueuses comme les chimères, dragons, tarasques. Un peuple féerique. Une introduction vantant les délices de l’hydromel. Une sombre menace due à un tout aussi sombre sorcier et son armée toute puissante. Une prophétie. Une jeune et belle héroïne et trois druides loufoques. Que demande le (petit) peuple ? Rien de moins que cela. Allez, si, un peu plus: vivement la suite !

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