Étiquette : René Hausman

  • Rencontre avec René Hausman

    René Hausman avec son Grand Fabulaire du Petit Peuple paru dans le magazine Spirou, ses bandes dessinées (Laïyna, Trois Cheveux blancs, Le Prince écureuil, Camp-Volant, etc.), ses livres illustrés et ses nombreuses peintures et illustrations de la Nature et du Petit Peuple est une figure incontournable de la scène féerique. Inspirateur de nombreux talents actuels, précurseur de l’illustration féerique franco-belge, le Peuple féerique ne pouvait que croiser la route de ce Grand Monsieur, amateur de légendes et devenu légende lui-même. Petit échange téléphonique un matin de mars 2009…

    Avec votre complice Pierre Dubois, vous plongez les lecteurs de Spirou dans un Grand fabulaire du Petit Peuple. Plus tard vous publierez avec Dubois les aventures de Laïyna. Vous nous ferez vivre des légendes pour les albums avec Yann. Vous nous plongez dans le monde des légendes encore avec votre dernier album, Camp-Volant. Le fantastique, le Petit peuple et vous, c’est donc une longue histoire ?

    Ben oui, comme je l’explique dans l’avant-propos de Camp-Volant, l’origine de cette attirance envers le monde des légendes est due à ma grand-mère. Elle qui, lorsque j’étais petit, me contait tant d’histoires merveilleuses ou fantastiques, les légendes ou, parfois, des faits avérés qui se sont passés dans les forêts ardennaises, berceau de mon enfance. Quand j’étais petit, j’adorais qu’on m’offre des livres d’images, des bandes dessinées mais aussi des livres illustrés. Et c’est vrai que mes deux sujets de prédilection c’était d’une part, les animaux et puis d’autre part, les contes, les légendes et ce genre de choses un peu fantastiques. Il faut dire aussi que je suis un vrai belge dans le sens où ma grand-mère était ardennaise, mon père issu de la frontière allemande, et son patois à lui était ce qu’on appelle pompeusement un « francique carolingien » et plus communément le plattdeutsch, le « plat allemand » et ça ressemble au limbourgeois. De là, des connivences déjà avec tout un imaginaire germanique. Les deux ensemble, ça a donné un univers plutôt porté vers le fantastique et les légendes.

    Comment expliquez-vous que vos albums BD revêtent souvent un côté cru et cruel ?

    Tout simplement parce que dans les contes, c’est comme ça. On pense généralement que ce sont des histoires destinées aux enfants mais moi, je ne le crois pas. Ils ont une vertu initiatique, Pierre Dubois vous l’expliquerait mieux que moi. C’est un monde symbolique, pensez au Petit Chaperon rouge, une espèce de cheminement au travers de la forêt et de la nuit… Bettelheim et sa psychanalyse des contes de fées l’explique très clairement. Ce passage à l’âge adulte… Je pense qu’on ne peut pas édulcorer ça. Cela doit être montré tel quel. Barbe Bleue égorgeant ses femmes, l’ogre dévorant les enfants… Il n’y a aucune raison de faire de ces contes des histoires à l’eau de rose, ce qu’ils ne sont pas. Les deux contes faits avec Yann sont particulièrement crus et cruels, j’ai d’ailleurs eu des critiques à ce propos mais tant pis… Là, nous nous sommes donnés à fond dans le côté terriblement réaliste et méchant, finalement, de la vie.

    Vous adorez la Nature et les animaux que vous dessinez avec une force extraordinaire. D’où vous vient cette attirance pour la Nature ?

    Je suis trop farfelu pour être devenu un naturaliste, pas assez sérieux. Quoique adolescent, j’ai collectionné très sérieusement les insectes. Je me prenais alors pour un entomologiste. Mais en fait, ce que j’ai surtout bien aimé est la représentation graphique des animaux dans les images les représentants. J’étais également en contact direct avec les animaux ayant vécu mon enfance à la campagne. D’ailleurs une excellente école, rien ne remplace l’observation directe. J’adorais collectionner les chromos de chocolat. Les autres enfants se passionnaient pour les voitures mais moi pas du tout. Moi les bagnoles, ça m’a jamais, jamais branché. Moi c’était les animaux. Je possède encore d’ailleurs des albums d’images de l’époque que j’ai gardés ou retrouvés.

    La Nature recèle bien des secrets. Ce côté mystérieux vous l’appréciez beaucoup également…

    J’ai connu des chasseurs notamment qui m’ont raconté plein d’histoires… Il ne faut d’ailleurs pas croire que les chasseurs sont mauvais. Ce sont des gens qui vivent avec la Nature. Bien entendu, y a les braconniers infâmes mais il y a surtout de véritables connaisseurs de la Nature et de ses secrets…

    Trouvez-vous que les gens reviennent aujourd’hui à la Nature ?

    Oh je pense que oui, certainement. D’une manière ou d’une autre. Il y a beaucoup de balades qui se font dans la nature, y a un respect général plus poussé qu’il y a un certain moment. Les gens nourrissent avec intelligence les petits oiseaux l’hiver. On respecte mieux les sentiers forestiers, les pistes de ski. Y a un progrès mais beaucoup reste à faire.

    La féerie, c’est un moyen également de se rapprocher de la Nature ?

    Je vous avoue que ce n’est pas vraiment dans ce sens-là que les lutins m’intéressent. Bien sûr, ils sont intimement liés à la nature mais il y a autre chose… J’ai un jour croisé la route d’Haroun Tazieff, le volcanologue. Et lui s’étonnait beaucoup qu’on s’intéresse aux légendes, aux mythes, aux fées alors que la Nature est tellement merveilleuse et extraordinaire en soi. Il avait peut-être raison…enfin, je confesse une perversion pour mon goût que j’ai des fées, des lutins, des sorcières, des dragons…

    Vous avez illustré de très nombreux livres. Notamment La Grande Tambouille des fées et La Grande Tambouille des Lutins aux éditions féeriques Au Bord des Continents. On y trouve quelques recettes originales en fin de livre. L’art culinaire, c’est quelque chose que vous appréciez également ?

    J’ai aussi illustré pas mal de livres de recettes d’un ami restaurateur. J’aime beaucoup cuisiner aussi. Je crois qu’à part le dessin c’est mon occupation préférée.

    La musique ne vous est pas étrangère non plus, on se souvient du groupe les Peleteux…

    Oui, de la musique traditionnelle. Encore une fois on ne quitte pas vraiment le créneau, cela avait beaucoup à voir avec quelque chose de proche de la Nature. Ce qu’on appellait à l’époque nos racines… Là aussi, on voit ce genre de choses revenir, on appelle ça aujourd’hui la musique du monde… Chaque région, chaque pays possède une grande richesse. Notez que la France pour moi est le territoire le plus riche à ce niveau mais dans le même temps le plus ignorant de sa propre richesse folklorique, c’est étrange comme constat. La Wallonie est également une terre riche en traditions. On en revient mais pas de la même façon qu’il y a trente ans…

    En 1957, on pouvait lire vos aventures de Saki et Zunie, en 2003, celles des Chasseurs de l’Aube… Vous abordez là, la Préhistoire. Un temps où l’homme vivait en parfaite symbiose avec la nature. Vous auriez aimé vivre ce temps-là ?

    Ecoutez, moi je suis très content de mon époque. Ça nous permet de survoler, même si c’est de manière artificielle les autres époques. Je pense que ça ne devait pas être drôle, la Préhistoire. Mais je pense que nos ancêtres lointains devaient avoir une vie psychique très riche. Ce n’était pas des « sauvages », ça, j’en suis persuadé. Mais de là à souhaiter vivre à cette époque-là, non. Déjà vivre il y a soixante ans, c’était dur, rien qu’au niveau des maladies devenues bénignes maintenant…

    Je me souviens avoir bu un délicieux café dans une brasserie vervietoise nommée L’ogre de barbarie. Elle était décorée de vos œuvres. Les expositions, les décorations de lieux, c’est quelque chose qui vous attire, c’est important pour vous ce type d’échange avec le public ?

    Oui, bien sûr. Pour moi c’est très important. Des expositions et des rétrospective, j’en ai fait mais de voir mes œuvres dans de tels lieux, rien ne peut me faire plus plaisir. Vous savez, quand mes œuvres sont vendues à des amateurs, elles disparaissent dans leurs collections alors que dans un lieu public, chaque jour de nouvelles personnes peuvent les découvrir. Pour moi, c’est très important et très agréable. On a commencé ça il y a une vingtaine d’années et de temps à autre j’en propose une nouvelle.

    Vous avez créé récemment, avec votre épouse Nathalie Troquette, les éditions Luzabelle. On y parle de l’édition en intégrale du Grand Fabulaire du Petit Peuple. Peut-on avoir plus de détails ? Y aura-t-il des inédits ? Une date de parution ?

    D’abord, on aimerait bien ne pas se confiner à mes propres œuvres uniquement et proposer d’autres artistes, faire découvrir d’autres talents. Mais bien entendu il faut rentabiliser quelque chose avant de grandir, on commence donc doucement.

    Cela dit la reproduction des affiches du Grand Bestiaire paru autrefois chez Dupuis n’a jamais été aussi bien réalisée. Donc dans le même temps, je me fais plaisir.

    Pour le Grand Fabulaire, c’est vraiment le projet, le grand projet. Rien n’est encore vraiment lancé. Il n’y aura pas d’inédits mais de nouveaux textes écrits par Pierre Dubois, les précédents ayant servis à son Encyclopédie des lutins dessinée par Roland Sabatier.

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?

    Le gnome. C’est une émanation de la Nature plus fruste et plus rugueuse que la fée. Le nain, le gnome qui sort de la terre, des racines…

    Vous êtes plus illustrateur que dessinateur BD ?

    Absolument ! Illustrateur d’abord, oui. D’ailleurs, mes BD se font en sélection directe, je serai bien malheureux de devoir travailler avec des bleus ou avec un coloriste. Ce serait vraiment la mort dans l’âme…

    Vos projets ?

    Je termine une bande dessinée avec Rodrigue, l’auteur des Tambouilles. Elle paraîtra au Lombard dans la collection Signé. Il s’agit un peu d’une extrapolation sur le Chat botté. Il y a 54 pages et j’en ai fait 40, ça devrait donc sortir cette année.

    Propos recueilis par le Peuple féerique en mars 2009

    En savoir plus sur René Hausman…

    Le site des éditions Luzabelle

    Le site René Hausman

    Le reportage de France 5 :

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  • René Hausman et les éditions Luzabelle…

    Petite et jolie découverte sur le net, les éditions Luzabelle qui mettent les oeuvres de René Hausman en formats posters. Avec en prime, le projet génialissime de reprendre les pages parues dans Spirou avec la complicité de Pierre Dubois sous forme d’un livre: Le Grand Fabulaire du petit peuple. Autant dire que ceci est très, mais alors là, très attendu par tout amateur du Petit Peuple car René Hausman est à l’origine des passions de nombreux illustrateurs féeriques actuels à commencer par Civiello et Jean-Baptiste Monge.

    Nous reproduisons ci-après le communiqué des éditions Luzabelle présentant leur maison d’édition:

    « Les Editions « Luzabelle » sont nées de l’aboutissement d’idées, de rêves, de désirs de montrer surtout des images de qualité autour de deux univers : la Nature et le monde légendaire.

    Dans un premier temps, les Editions « Luzabelle » ont republié, mais avec une impression particulièrement soignée et dans un format plus grand restituant tout le caractère du dessin, des planches animalières parues jadis chez Dupuis.
    Dans le même esprit, une réédition du « Grand Fabulaire du petit peuple » de Pierre Dubois et René Hausman est envisagée sous une forme nouvelle. Ainsi que certaines republications de textes et images plus anciens.

    Les Editions « Luzabelle » ne comptent pas, bien sûr, s’en tenir à la présentation de reproductions d’anciennes illustrations, encore que ceci soit la première manifestation de ses activités. En outre, ses projets visent à publier à l’avenir des auteurs, dessinateurs et illustrateurs, jeunes ou moins jeunes, qu’ils soient du pays ou d’ailleurs, encore peu ou pas connus, cela en respectant leur créneau de prédilection, la Nature et le Légendaire.

    Les trois dimensions ne sont pas exclues dans cette perspective.

    Voici donc pourquoi « Luzabelle » est née, promouvoir et soutenir la carrière de ces illustrateurs qui n’ont de cesse de nous émerveiller en nous emmenant dans la poursuite de leurs rêves.  »

    Comptez sur nous pour vous tenir au courant de leurs parutions.

    En attendant, courrez voir le site des éditions LUZABELLE !

  • Des lutins dans le jardin !

    L’affiche de la « Fête des Courges » réalisée par Dominique Mertens.

    Les habitants de la région de Tournai, en Belgique, ont bien de la chance. Deux fêtes ayant pour thème la nature et le jardin auront lieu les deux prochains week-ends avec toutes deux de très jolies affiches.

    La première est signée Dominique Mertens et met en scène un « nain de jardin » fort sympathique poussant une brouette remplie de potirons et autres citrouilles pour la fameuse Fête des Courges d’Antoing ce troisième week-end de septembre. Toutes les infos sur www.courge.be

    La seconde affiche bénéficie d’un très joli dessin de René Hausman. On y voit sa petite Zunie tenant en mains une coccinelle et une pomme. La Fête de la Pomme a lieu à Rongy, près de Tournai ce 1er dimanche d’octobre.

    A propos d’Hausman, n’hésitez pas à vous plonger dans le site officiel qui regorge d’illustrations féeriques. Un vrai délice !

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  • Planches magiques et bulles de Fantasy

    Planches magiques et bulles de Fantasy

    Oyé ! Oyé ! Créatures de Fantasy ! Nains, hobbits, farfadets, trolls, gobelins, dryades, elfes, orques, gnomes, géants ou lutins…
    Laissez-nous pénétrer vos contrées reculées, laissez-nous explorer ces mondes réenchantés…
    Le XXème siècle, croulant sous le règne du progrès scientifique, étouffait… Une soif d’évasion allait s’en emparer… L’exode vers les mondes où renaissent les héros, en quête de mystère et d’aventure, enfin s’entamait…

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    Nous sommes dans les années 80. Un certain Régis Loisel et un certain Serge Le Tendre commencent à faire parler d’eux en tant que précurseurs d’un nouveau genre fantastique en bande dessinée : la Fantasy.
    Avec La Quête de l’Oiseau du Temps aux éditions Dargaud, ils se situent dans le parfait prolongement d’un bouleversement culturel : celui créé par le succès retentissant du Seigneur des Anneaux et du jeu de rôle Donjons & Dragons. Les éditions Delcourt commencent alors à publier des albums très ancrés dans cet imaginaire (ex. Légendes des Contrées Oubliées). Ce sont pourtant les éditions Soleil, créées en 1989 par Mourad Boudjellal qui, dans ce domaine de la Fantasy, vont se distinguer. Leur volonté de s’affirmer dans le genre est déjà portée par leur slogan : « Entrez dans la suprême dimension »… Et la série Lanfeust de Troy parvient véritablement à les propulser en tête du marché. La Fantasy s’imposait dans la bande dessinée.

    Des légendes anciennes…

    La mythologie des temps anciens est une source constante de la Fantasy. De là renaissent les monstres, ces créatures ni humaines ni naturelles, qui sont les véritables piliers du genre mais aussi les nobles héros d’antan et les preux chevaliers. Le danger est synonyme de défi, les terres grouillent de mystères, l’aventure mène à la quête et l’amour redevient courtois. Ainsi en va-t-il du Médiéval-Fantastique : il s’inspire directement des légendes et des faits historiques mais il n’hésite pas à puiser dans le registre du merveilleux pour faire émerger sorcières, fées ou dragons.

    C’est la maison d’édition Delcourt qui enregistre la plus grande production d’albums faisant partie de cette catégorie. Ses collections Terres de Légendes et Conquistador proposent en effet un nombre considérable de séries qui sont animées par une volonté de s’accrocher aux mythologies ou aux faits historiques. Les auteurs se plongent dans les légendes anciennes et les cultures celtiques pour en ressortir des récits tantôt fidèles à leurs sources, tantôt s’en éloignant quelque peu dans une démarche imaginaire propre. Certains iront même jusqu’à entreprendre des recherches faisant preuve d’une véritable approche scientifique. Plusieurs bandes dessinées viennent exemplifier ce courant.

    Prenez un héros brave et dévoué munis d’une épée et donnez-lui une quête impossible et vous y êtes : Arthur (éd. Delcourt), Rogon Le Leu (éd. Delcourt), Complainte des Landes Perdues (éd. Dargaud), Merlin (éd. Nucléa), Arthur Pendragon (éd. Nucléa),… Ainsi renaissent les légendes….

    … A la conquête de terres nouvelles

    Mais la Fantasy, c’est aussi cette création inépuisable de mondes « à part ». D’un coup de baguette magique, elle nous propulse de l’autre côté du miroir, à la découverte de contrées imaginaires (parfois dépeintes par la traditionnelle carte introductrice) peuplées de créatures « fantaisistes ». Ainsi en est-il de La Quête de l’Oiseau du Temps (éd. Dargaud). Loisel et Le Tendre nous ouvrent un territoire sans limite où se côtoient héros en quête d’aventures, peuples humanoïdes et créatures extraordinaires. Dans Les Lumières de L’Amalou (éd. Delcourt), Claire Wendling et Christophe Gibelin construisent un monde de légende où furets et transparents doivent apprendre à cohabiter en paix, pour le salut du grand chêne…. René Hausman et Pierre Dubois aussi créent leur propre univers avec Laïyna (éd. Dupuis). Dans Bilbo le Hobbit (éd. Glénat) ce sont les « Terres du Milieu » de J.R.R. Tolkien qui sont illustrées. Dans De Cape et de Crocs (éd. Delcourt)

    La série du Dernier Loup d’Oz qui ne verra peut-être jamais la suite…
    La série du Dernier Loup dOz qui ne verra peut-être jamais la suite...

    La Quête de l’Oiseau du Temps – La série légendaire de Loisel et Le Tendre

    ou Le Dernier Loup d’Oz (éd. Delcourt), la Fantasy donne le premier rôle aux animaux. En plus de ces animaux souvent représentés, le personnage du sage ou du magicien sera récurrent. La magie est en effet un élément inconditionnel de la Fantasy. Elle opposera très souvent les forces du Bien aux forces du Mal qui lutteront pour le pouvoir… Dans un univers sombre (et loufoque) les Chroniques de La Lune Noire (éd. Dargaud) feront de la magie l’élément essentiel du récit.

    Une franche rigolade…

    La magie peut encore nous jouer des tours : avec Soleil, on joue la carte de l’humour ! Les mondes deviennent débridés et le ton plus léger. Lanfeust de Troy (éd. Soleil) est évidemment la référence de cette Fantasy « burlesque » où Arleston n’hésite pas à bousculer tous les canons du genre. Dans Le Chant d’Excalibur (éd. Soleil) qui met en scène un Merlin au nez rouge, il va même jusqu’à régler leur compte aux légendes celtiques et arthuriennes. Avec les éditions Soleil, la Fantasy devient délirante…

    Héroïc-Fantasy et compagnie

    Quelques stéréotypes : la quête initiatique, les héros courageux, les combats entre le Bien (la lumière) et le Mal (les ténèbres), les créatures non-humaines (fées, elfes, animaux anthropomorphes, monstres,…), magie, sorcellerie etc. Le héros de l’Héroïc-Fantasy sera généralement un jeune garçon désigné par la prophétie qui, pour réaliser sa mission, devra quitter sa banale existence (souvent à contrecoeur), dépasser les frontières, partir à la découverte de nouveaux continents. Il sera celui par rapport auquel le lecteur pourra s’identifier et surtout sortir grandi. Le héros (rarement parfait, ce sont ses défauts qui en font un personnage crédible) a tout à apprendre pour, au final, affronter le puissant méchant (qui a souvent plus de pouvoirs que tous les dieux réunis) et ramener la lumière sur Terre. Il sera membre d’un groupe, d’une joyeuse équipée : un mentor, toujours sage et expérimenté (Maître Nicolède dans Lanfeust de Troy), la/les charmeuse(s) qui pimente(nt) les relations au sein du groupe (Cixi & Cian), le vengeur masqué qui sème le trouble (Bulrog dans La Quête de L’Oiseau du Temps), le maladroit qui fera rire par ses mésaventures (l’élu dans La Quête de l’Oiseau du Temps ; Hébus dans Lanfeust de Troy ; Pröfy dans Trolls de Troy), etc. Et ce n’est que tous ensemble, avec leur savoir-faire réciproque, leur pouvoir spécifique, leurs connaissances complémentaires qu’ils parviendront au bout de la quête.

    En conclusion…

    Avec un genre tel que la Fantasy, les auteurs peuvent laisser libre cours à leur imagination pour nous transporter dans un ailleurs chargé de merveilleux et de magie. Les dessinateurs laissent exploser leur talent pour faire du spectaculaire et surprendre le lecteur, au détour d’un chemin rocailleux, d’une forêt enchantée ou d’un château haut perché. Qu’ils déterrent les légendes anciennes pour y retrouver les racines perdues ou qu’ils transcrivent leurs propres visions de mondes fabuleux, qu’ils jouent la carte du sérieux ou que l’humour vienne plutôt dominer la partie, les auteurs de BD n’ont pas fini d’explorer Faerie. La Fantasy alliée à la bande dessinée, un couple qui nous promet encore bien des voyages…

    Petit parcours de la Fantasy en BD:

    La Quête de l’Oiseau du Temps (Le Tendre, Loisel & Lidwine, éd. Dargaud)
    Le Grand Pouvoir du Chninkel (Rosinsky & Van Hamme, éd. Casterman)
    Les Chroniques de la Lune Noire (Froideval, Ledroit & Pontet, éd. Dargaud)
    De Cape et de Crocs (Ayroles & Masbou, éd. Delcourt)
    Les Lumières de l’Amalou (Gibelin & Wendling, éd. Delcourt)
    Légendes des Contrées Oubliées (Chevalier & Ségur, éd. Delcourt)
    La Geste des Chevaliers-Dragons (Ange & Varanda, éd. Vents d’Ouest)
    Lanfeust de Troy (Mourier, Arleston & Tarquin, éd. Soleil)
    Trolls de Troy (Arleston & Mourier, éd. Soleil)
    Le Chant d’Excalibur (Arleston & Hübsh, éd. Soleil)
    Laïyna (Hausman & Dubois, éd. Dupuis)
    Korrigans (Mosdi & Civiello, éd. Delcourt)
    Thorgal (Rosinski & Van Hamme, éd. Le Lombard)
    Complainte des Landes Perdues (Rosinski & Dufaux, éd. Dargaud)
    Bilbo le Hobbit (Dixon & Wenzel, éd. Glénat)
    L’épée de Cristal (Crisse, éd. Vents d’Ouest)
    Atalante (Crisse, éd. Soleil)
    Rogon le Leu
    (Convard & Chabert, éd. Delcourt)

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  • L’incontournable René Hausman

    L’univers de René Hausman

    Il y a des hommes pour qui le monde de Féerie ne demeure pas invisible. Ces humains, touchés par la grâce des fées, ont l’insigne honneur de pouvoir vivre aussi bien au milieu de leurs congénères que s’échapper de temps à autre pour festoyer avec le Petit Peuple. Très souvent, ces élus des elfes, sont reconnaissables à leur attrait particulier pour les bonnes choses de la vie. Ils ne rechignent pas devant une bonne bière bien mousseuse ou encore quelque rôtisserie lors de fêtes populaires… Mais on les reconnaît également à leur don particulier: celui de porte-parole des êtres des bois, amoureux de la Nature et véritable artiste dans l’âme. Partons à la rencontre d’un des plus talentueux de ces personnages incontournables de la scène féerique…

    La Nature mène à Féerie…

    C’est à Verviers en 1936 que naît René Hausman. Déjà tout petit, il se passionne pour l’illustration en découvrant les portraits d’animaux sur les chromos distribués avec des chocolats. Coup de foudre pour le futur illustrateur, qui se met à copier et recopier ces petits animaux, apprenant par là les premiers rudiments du dessin en parfait autodidacte.

    Alors qu’il servait sous les drapeaux, Hausman collabore au journal Le Moustique, puis rencontre Raymond Macherot, le papa de Chlorophylle. De cette rencontre naîtra pour Hausman, une envie de faire de la BD. A 21 ans, il crée les personnages de Saki et Zunie, petits êtres préhistoriques, qui orneront les pages du journal Spirou dès 1958. Zunie deviendra très vite une figure populaire, disparaîtra quelques années pour revenir en force dans les années ’80 (aux éditions Chlorophylle) et, enfin, dans les années 1998, sortira même un « album solo » : Zunie: enfin seule (chez Noir Dessin Productions).
    A côté des histoires de Saki et Zunie, René Hausman s’amusera de quelques histoires bien coquines pour le magazine Fluide Glacial (voir notes). Il réalisera également, et principalement, pour Dupuis, des centaines d’illustrations d’animaux. Préférant même l’illustration à la bande dessinée (son truc à lui, c’est « faire des livres »), il fera bénéficier de son talent les contes de Perrault, les Fables de La Fontaine, le roman de Renard, et autres bestiaires fantastiques.

    Sa passion pour les animaux, la nature et les contes le mettra tout naturellement sur le chemin de Pierre Dubois, elficologue de son état. Les deux compères relateront dans les pages de Spirou des descriptions minutieuses des créatures de la forêt. L’un usant de sa plume et l’autre de ses pinceaux, nos deux artistes revenaient de leurs voyages en Faerie avec toujours plus de détails, de découvertes de peuples curieux et de créatures étranges. Ces portraits étaient rassemblés sous le titre générique du Grand Fabulaire du Petit Peuple.

    Laïyna : la révélation

     

    La complicité de Pierre Dubois et René Hausman les mènera en 1985, a créer le personnage de Laïyna . Deux tomes paraîtront : La forteresse de pierre et Le crépuscule des elfes. En 2001 sortira des presses Dupuis l’intégrale revêtant le doux nom de l’héroïne: Laïyna. Ce récit nous plonge au coeur de la destinée du Petit Peuple troublée par la venue en leur monde d’une petite fille orpheline. Recueillie par les êtres de Féerie, Laïyna grandira en recueillant sagesse et savoir de ces êtres merveilleux. Mais l’appel du monde humain est irrésistible et la jeune fille se frottera à la haine et à la stupidité des hommes…

    La série qui propulsa Hausman sur le devant e la scène avec son grand complice Pierre Dubois.
    En 1993, Hausman fait à nouveau parler de lui en tant que dessinateur BD lorsqu’ il réalise un autre album intitulé Les trois cheveux blancs, sur un scénario amer de Yann. Un conte cruel qui part du souhait d’une belle princesse de conserver à jamais sa beauté. Trois cheveux blancs sont pour elle intolérables et elle ira jusqu’à se soumettre à la Bête pour conserver sa jeunesse, au détriment de son honneur… et de sa vie… Mais avant de disparaître elle fera naître un enfant maudit…
    C’est très certainement avec cet album que la popularité acquise avec Laïyna s’ancre fermement chez les passionnés d’imaginaire et les amateurs de bande dessinée. Quelques années passent et Hausman remet le couvert en compagnie de Yann pour nous émerveiller une fois de plus en 1998 avec Le prince des écureuils. Cette fois le héros de l’histoire est un petit écureuil qui se prendra de passion pour une naine… Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’histoire est loin d’être toute rose…

     

    Lorsque Beauté rime avec Cruauté…

     

     

    Les Trois cheveux blancs
    Les Trois cheveux blancs

    Ce qui caractérise les oeuvres de René Hausman c’est ce sentiment étrange qui nous émerveille tout en nous laissant un arrière-goût amer. Les histoires nous plongent dans des mondes féeriques, un pays de rêve, un conte de fée. La couleur directe (Hausman colorise directement ses planches) donne un cachet de grande valeur aux réalisations et le dessin sublime nos regards. Malgré tout, il y a quelque chose de triste, de perdu, de nauséeux. Une injustice, un cri étouffé, un malaise. On sait que l’humour a quelque chose de léger alors que la tristesse est un gouffre. C’est cette tristesse que le dessin d’Hausman explore. Le côté sombre de nos âmes. Un côté sombre qui est d’autant plus mis en valeur que les personnages d’Hausman nous apparaissent d’une fragilité étonnante. La cruauté des puissants envers les faibles en est renforcée. C’est toute notre culture des contes à la Grimm qui reçoit une claque puissante. Ici les fées sont frivoles, les lutins luttent pour leur survie. Ici, il n’y a pas de miracles à la Disney. Les héros meurent, le sang coule, discrètement, mais il se répand vraiment. Parce qu’il sait rester vrai tout en nous emmenant dans l’Imaginaire, René Hausman a su toucher nos âmes de passionnés.

    Des héroïnes au physique particulier

    Autre point commun dans les bandes dessinées d’Hausman cette façon de se représenter l’idéal féminin qui est loin des canons de beauté « à l’américaine ».
    Ici pas de grande blonde pulpeuse mais plutôt de petites brunes un peu potelées. Et lorsqu’on sait que la sensualité réside dans la chair, ces petites héroïnes pourraient bien pousser à quelque péché! La sensualité et un certain érotisme ne sont donc pas absents. Discrets chez Laïyna, ces aspects se font particulièrement présents dans Les trois cheveux blancs (Le sexe étant même une trame primordiale à l’histoire!).
    Et pourquoi surtout des brunes? Sans entrer dans les goûts personnels de René Hausman (mais il y a de ça, sans doute), l’auteur s’est inspiré, pour Laïyna, d’un personnage de La Source d’Ingmar Bergman. Il s’agit de la servante de l’héroïne. Cette jeune femme brune, enceinte et sorcière… Le rapprochement physique est certain, Laïyna a tout de cette “sauvageonne”.

    On ne saurait trop recommander aux passionnés des mondes féeriques de compter au nombre de leurs trésors les albums dessinés par Hausman. C’est un style unique auquel on prend très vite goût. Bien entendu, il faut vous mettre en garde. Entre les bandes dessinées et les illustrations, il n’y a qu’un pas. Vous vous retrouverez rapidement ensorcelés, courant d’expositions à festivals, de magasins spécialisés à brocantes, à la recherche éperdue de quelque ex-libris, sérigraphie ou affiche signée Hausman. Comme si ce joueur de Cornemuse (voir notes) avait composé une mélodie insolite, charme magique pour vous envoûter et mener votre âme à rechercher toute entrée vers un royaume invisible et pourtant si présent…

    – pour ceux que les coquineries intéressent, la période Fluide Glacial d’Hausman se retrouve dans un album intitulé: « Allez couché, sale bête! », aux éditions Dupuis, 1991.
    – René Hausman est un artiste pluridisciplinaire comme on les aime ! Illustrateur, sculpteur, il est également musicien. A son actif un disque paru chez Alpha en 1974 : Les Pêleteus.
    – René Hausman a décoré un restaurant à Verviers (Belgique), situé rue Pont-Saint-Laurent. A l’Ogre de Barbarie, on y mange bien (surtout les moules !) et on se délecte du décor…
    – Un site où vous pourrez découvrir de nombreuses oeuvres d’Hausman :
    http://www.ifrance.com/bdeuro/hausman/
    – Enfin, pour ceux qui aiment à remonter les courants, René Hausman a pour maîtres à penser : Calvo (surtout!), Rabier, Pellos Gus Bofa et Trnka


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