Auteur/autrice : Séverine

  • Les 10 livres indispensables pour tout savoir sur le Petit Peuple des fées, elfes, lutins et sirènes !

    Les 10 livres indispensables pour tout savoir sur le Petit Peuple des fées, elfes, lutins et sirènes !

    Vous avez toujours voulu tout connaître sur les fées, elfes, gnomes, lutins, sirènes et autres créatures liées au Petit Peuple ? Vous ne savez pas par quels livres commencer l’exploration de la féerie ? Vous désirez vous assurer d’avoir les plus grandes références en la matière dans votre bibliothèque ? Voici les 10 bouquins indispensables que tout amateur de féerie se doit de posséder !

    1. La Grande Encyclopédie des Lutins, Fées et Elfes de Pierre Dubois, illustrée par Claudine et Roland Sabatier

    C’est le must du genre en français ! Personne n’a été aussi loin dans l’exploration du genre. Que vous optiez pour les trois encyclopédies en trois volumes distincts ou réunis en un seul et gros ouvrage, une chose reste certaine : vous ferez le meilleur choix qui soit !

    2. Les Fées de Brian Froud et Alan Lee

    Un livre dont la légende n’a d’égal que celles qui animent son contenu ! C’est probablement le livre qui a fait basculer toute une génération dans le folklore féerique. Porte d’entrée majestueuse à ce Petit Monde, les illustrations signées de deux des plus grands maîtres du genre, l’un s’étant frayé un chemin dans les Terres du Milieu, l’autre ayant choisi de poursuivre l’aventure au cœur de Faerie.

     

    3.  Le Livre Secret des Gnomes de Wil Huygen et Rien Poortvliet

    Autre grand chamboulement mondial dans les bibliothèques, Le Livre Secret des Gnomes nous présente la vie et les mœurs très détaillés des kabouters des Pays-Bas comme on nomme les lutins par là. Un livre qui allait redonner une toute autre perspective à nos bon vieux nains de jardin et mettre en lumière ces braves petits bonshommes au chapeau rouge.

    4. The Encyclopedia of Fairies de Katherine Briggs

    On ne peut ne pas mettre dans cette liste le travail monumental de Katherine Briggs à propos des fairies anglais. Complet, incroyablement documenté, une vraie ouverture sur le folklore d’outre-Manche et certainement le premier ouvrage sérieux qui a ouvert la porte à tous les autres.

    5. Les nains et les elfes au Moyen Age de Claude Lecouteux

    Autre travail universitaire précieux, les ouvrages de Claude Lecouteux dont ce nains et elfes au Moyen Age qui nous ouvre la voie sur les croyances germaniques et médiévales apportant des précisions et une érudition remarquables !

    6. Sirènes de Pierre Chavot

    Ouvrage coup de cœur à propos des créatures liées à l’eau. On se rend vote compte que tout est parti de là, de cet élément qui a rendu possible la vie. Très complet et merveilleusement illustré.

    7. Les Korrigans de Patrick Jézequel et Pascal Moguérou

    Avant qu’Avis de Tempête ne devienne les éditions Au Bord des Continents et nous fasse découvrir les magnifiques livres de Pascal Moguérou, Erlé Ferronnière, Jean-Baptiste Monge et bien d’autres… Voici le livre qui a remis les korrigans bretons au goût du jour et propulsé la petite maison d’édition d’alors à se spécialiser dans la féerie avec les succès qu’on lui connaît.

    8. The World Guide to Gnomes, Fairies, Elves and Other Little People de Thomas Keightley

    Thomas Keightley est un de ces grands passionnés du 19e siècle sans qui nous n’aurions eu accès à toutes ces dénominations de créatures du folklore populaire de nombreux pays du Nord de l’Europe. Son œuvre principale maintes fois rééditées sous diverses formes en anglais n’a pas encore trouvé le chemin des traductions françaises et pourtant, combien cela serait pertinent !

    9. Sur les traces des Fées de Charlotte Delmas

    Autre grand nom parmi les spécialistes de la féerie française, Charlotte Delmas poursuit son travail de recensement chez Omnibus, mais nous avait gratifié il y a quelques années d’un  très beau livre nous permettant de partir sur la trace des Fées dans toute la France

    10. Le Grand Livre des Esprits de la Maison de Richard Ely et Frédérique Devos

    Pour compléter cette liste, le seul livre à ce jour entièrement consacré aux fées, elfes et lutins du monde entier qui se sont rapprochés des hommes en vivant au cœur même de nos habitations. De quoi faire trembloter vos bibliothèques !

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  • Ces femmes qui ensorcèlent la bande dessinée…

    Diseuse de bonne aventure, fille du diable, rebouteuse, voyante ou petite enquiquineuse sans grand danger, les sorcières se réservent une place de choix dans la bande dessinée. Certaines usent de sortilèges ou de poisons mortels, d’autres créent des philtres d’amour et guérissent certains maux. D’autres encore, se contentent simplement d’essayer de faire voler des aspirateurs ! Vous l’aurez compris, la sorcière revêt bien des visages qu’exploite, dans différents registres, la bande dessinée. Petites apparitions de sorcières sur les planches de BD…


    Du côté de nos campagnes
    Les deux premiers noms à venir à l’esprit, lorsque nous parlons de sorcellerie, sont Servais et Comès. Très inspirés de leur région natale, ces deux auteurs nous font parcourir les imaginaires gaumais et ardennais, à la recherche de légendes et d’ambiances étranges. Figure emblématique des campagnes, la sorcière tient le rôle principal dans La Tchalette (Le Lombard, 1982) et L’Almanach (Casterman, 1988) de Servais. Dans La Belette (Casterman, 1983) de Comès, la sorcellerie est le vecteur principal de l’album. Enfin, magie, nature et êtres marginaux se côtoient dans le premier grand succès de Didier Comès: Silence (Casterman, 1980). C’est également dans nos vertes campagnes, où le diable et le bon Dieu semblent faire bon ménage, que Chabouté ravivera le souvenir des sorcières jadis brûlées sur le bûcher (Sorcières, Le Téméraire, 1998 – Réédité et augmenté de 50 pages chez Vents d’Ouest). Sur fond de croyances populaires, l’auteur nous confie quelques truculentes anecdotes qui lui auraient été rapportées par sa grand-mère.

    Moyen Age et Heroic Fantasy
    Le Moyen Age, avec son métissage de croyances et de divinités, est encore une période de l’Histoire particulièrement marquée par la sorcellerie. Dans le premier cycle de La Complainte des Landes Perdues (Dargaud, 1996- 1998), Dufaux et Rosinski consacrent les deux premiers tomes de la série au sorcier, tandis que les deux seconds laissent la place à la sorcière, Dame Gerfaud. Quant au second cycle, celui des Chevaliers du Pardon (Dufaux/Delaby, Dargaud, 2004), il devrait précéder un nouveau cycle dédié aux Sorcières.
    Nombreuses sont encore les séries d’heroic fantasy qui présentent, dans leur flopée de personnages, un être revêtant les caractéristiques du sorcier ou de la sorcière. Mortepierre (Soleil, 1995-2002) par exemple, de Tarvel et Aouamri, nous content les aventures de Florie la rousse considérée comme une sorcière par les villageois. Ils reviennent d’ailleurs sur la jeunesse de l’héroïne dans Les contes de Mortepierre (Soleil, 2005) où la flamboyante chevelure de Florie la caractérisait déjà comme étant fille de satan.

    Paranormal et modernité
    Pour les amateurs de paranormal et de récits plus contemporains, L’Ennemi (Robberecht / Pagl iar o / Panc ini , Casterman, 2003-2004) et Asphodèle (Corbeyran/Defali, Delcourt, 2003-2004) nous proposent l’image de sorcières « modernes ». Sacrifices rituels et mythologie satanique se côtoient pour donner lieu à des enquêtes occultes. Ici, place aux sorcières d’aujourd’hui !

    Quand l’humour s’en mêle…
    Loin de se cantonner à la figure de la sorcière noire et cruelle, la BD s’amuse aussi avec le sujet ! Ainsi, Mélusine (Dupuis, depuis 2002) de Gilson et Clarke nous présente une apprentie sorcière sympathique évoluant au milieu de toutes sortes de créatures fantastiques plus drôles les une que les autres. Lorette et Harpye (Vents d’Ouest, 1994-1997) de Crisse et Goupil, qui ne sont autres que les sorcières de L’Epée de Cristal, nous font vivre des gags délirants. Entre potions et transformations, les moqueries fusent et les disputes aussi ! Quant aux sorcières de Dizier et Weykmans (Lizina la sorcière, Vents d’Ouest, 2002), elles n’ont pas de bubuk (nombril). Elles perdent une dent tous les 97 grands sabliers (ans) et sont des fifilles avant de perdre la première…
    Alors, belle magicienne aux formes généreuses, victime de la vindicte populaire ou jeune apprentie maladroite, à chacun sa sorcière bien aimée !

    Article paru en avril 2005 dans le N°2 de Khimaira.

  • Songes d’une Nuit de Fées – Interview de l'illustratrice féerique elleN

    Songes d’une Nuit de Fées

    Songes d'une nuit de fées

    Les jeunes éditions Spootnik poursuivent leurs publications avec ce livre illustré, l’histoire d’une attente et d’une naissance. Un moment féerique que tous les parents connaissent et qui prend ici un aspect poétique plein de charme et de tendresse. Rencontre avec elleN, la talentueuse illustratrice et ses fées.

    Décrivez-nous votre parcours avant la publication de Songes d’une Nuit de Fées ?

    Après 5 ans de fac, je me suis rendue compte que je n’avais pas trop envie de passer toute ma vie à gérer des entreprises ou à bosser en banque. Je me suis alors inscrite à St Luc, en section bande dessinée à Bruxelles. J’y ai gentiment fait mes trois ans, et puis je me suis lancée dans la vraie vie, c’est-à-dire qu’il a fallu trouver un boulot qui rapporte! J’ai donc commencé à travailler, tout en continuant à dessiner le soir et le week-end, à faire des illus à gauche et à droite, pour Khimaira notamment. J’ai travaillé également pour un projet bd qui n’a finalement pas abouti. Tout ça a duré un peu plus d’un an.

    Quelles techniques avez-vous utilisées pour la réalisation de ces illustrations ?
    Après une petite phase de réflexion, une fois que je visualisais à peu près l’image, venait la réalisation. Toujours le même ordre, pour toutes les illus : je démarrais sur papier brouillon Canson le crayonné, puis je retournais la feuille pour voir par transparence si le dessin tenait la route même à l’envers. C’est le meilleur moyen à mon avis de voir ce qui cloche. Si c’était ok, alors j’encrais à la table lumineuse, même si je ne comptais pas garder le trait, car c’est plus facile de démarrer une mise en couleur sur quelque chose de propre et de plutôt précis. Je scannais alors le dessin fini, je l’importais sous Photoshop où je séparais les blancs des noirs, et je copiais le noir sur un calque transparent. J’avais donc mon trait à part, et je pouvais démarrer la couleur sur d’autres calques, visibles par transparence. Ensuite, j’ouvrais le document sous Painter pour la couleur. Pour les illus où je voulais supprimer le trait, je mettais le calque du trait en opacité réduite pour avoir une base de travail, et une fois l’image construite correctement avec la couleur, et relativement précise, je masquais le calque trait, et ne travaillais plus qu’avec le ou les calques couleurs.
    Donc au final, le dessin de base était toujours réalisé traditionnellement, et ensuite venaient les couleurs à l’ordi, même pour les illus sans trait, qui peuvent donner l’impression d’avoir été entièrement réalisées informatiquement, sans croquis de départ…

    Petite fée
    Petite fée

    Pourquoi le choix de ces couleurs particulières, rose, orangé, mauve… ?
    Ça, c’est une bonne question… Il n’y a pas de choix stratégique en fait, je n’ai pas pris des couleurs chaudes parce que ça attire plus l’œil ou quoi que ce soit… En y réfléchissant, il y a deux raisons : la première est simplement une question d’affinité : ce sont des couleurs que j’aime bien et avec lesquelles je me sens à l’aise pour travailler. La deuxième est plus pratique : dans la gamme bleu-vert, il y a beaucoup plus de couleurs vives non imprimables que dans les rouge orange. Des bleus turquoise par exemple donnent souvent des sortes de gris-bleu à l’impression. Avec cette gamme, j’ai un peu peur, et j’ai été prudente. Je n’aurais pas aimé avoir de mauvaises surprises dans le bouquin…

    De toutes les illustrations présentes dans ce livre, laquelle a votre préférence et pourquoi ?
    Il y en a deux que j’aime particulièrement : l’image de couverture et celle de la fée agenouillée, vue du dessus dans un lys blanc.
    L’image de couverture a été réalisée quasiment en collaboration avec un dessinateur du site Cafésalé. Au fur et à mesure de l’avancement, je postais le résultat sur le site, et il me donnait son avis et des conseils. Ça m’a permis d’aller plus loin et d’oser plus dans les couleurs que si j’étais restée toute seule dans mon coin.
    J’aime l’image du lys pour le traitement de la lumière, dont j’avais situé la source dans la fée elle-même. Je n’avais encore jamais essayé ça et je trouve le résultat très correct…

    A qui diriez-vous que ce livre est destiné en premier lieu ?
    Je pense que ce livre est destiné à des amateurs d’Artbook ou de poésie. Pas forcément à des enfants comme on pourrait le penser, car certains textes sont assez durs, ce ne sont pas tous de gentil contes, et il y a quelques illus que certains pourraient peut-être considérer comme « osées » pour de jeunes enfants…déjà rien que la couverture par exemple… Je le vois plus destiné aux amateurs de beaux objets, de belles illustrations de fées, tout simplement.

    La féerie est un domaine qui vous intéresse particulièrement ?
    La féerie est un domaine attirant, car malgré que ce thème ait déjà été exploité dans tous les sens par des milliers d’artistes, il y a toujours moyen d’apporter sa propre interprétation de cet univers, on est libre de faire ce qu’on veut. Il y a finalement peu de contraintes, les seules limites sont celles de l’imagination. En plus je suis plus à l’aise pour dessiner des femmes que des hommes. Donc c’était que du bonheur ce livre ! Maintenant, au delà de ça, j’aime particulièrement tout ce que relève de l’imaginaire, que ça soit fantastique, science-fiction, poétique,…

    La fée dans le Lys
    La fée dans le Lys

    Quelles sont vos influences ou les artistes dont vous admirez particulièrement le travail ?
    Oh la la, il y en a beaucoup ! Je pense que mon artiste préféré est Bengal : il fait des compositions incroyables, et il a une superbe maîtrise des couleurs ! Mais à côté de lui, il y a aussi Claire Wendling, Barbucci et Canepa, des illustrateurs comme Véronique Meignaud, Stéphane Tartelin, Anii, Benjamin,… La liste est longue et j’en oublie sûrement ! Une fois cet entretien publié, je me dirai certainement que j’aurais dû parler d’untel ou d’une telle, et je râlerai de ne pas y avoir pensé !

    Avez-vous d’autres projets en cours ?
    Oui, beaucoup de projets ces temps-ci ! J’avais fait les couleurs d’un projet bd courant janvier, qui malheureusement n’a pas été accepté à Angoulême cette année. J’ai également réalisé les couleurs du dossier bd Smokers qui sera présenté aux éditeurs fin février. Je suis en train de dessiner une histoire courte de 4 pages pour Popgun, un magazine américain édité par Image Comics, et surtout, je suis occupée sur mon propre projet bd, avec Logruss au scénar, une histoire d’anges au paradis… Je croise les doigts pour que tout continue à bien se passer !

    Retrouvez les œuvres d’elleN sur son blog http://chez-ln.over-blog.com/

    Songes d’une Nuit de Fées est en vente sur http://www.estragon-feerie.com
    L’histoire…
    Dans un monde désenchanté, un homme va rencontrer une fée, ou plutôt deux puisque la première va lui faire un cadeau unique : un enfant-fée. Trempant sa plume dans l’encre de leurs rêves, il en rapportera des images emplies de poésie.
    Songes d’une nuit de Fées est un recueil poétique, un monde de douceur par les mots et les images qui entrouvriront pour vous le passage vers le Royaume de Féerie. L’espace d’une seconde, d’une heure, d’une nuit, vous entrerez dans la danse de ces créatures enchanteresses !

  • Les Contes du Korrigan – T.7 : L’assemblée des bardes

    Les Contes du Korrigan – T.7 : L’assemblée des bardes
    Scénario : Erwan & Ronan Lebreton
    Dessin : Lacroix, Gomes, Michel, Roudaut & Sandro
    Editions : Soleil


    Après la Bretagne, l’Irlande et l’Ecosse, le dernier tome paru des Contes du Korrigan nous emmène sur les terres verdoyantes du Pays de Galles. Accompagné de la charmante fée Anwen et de ses amis, Koc’h se rend au grand rassemblement des bardes et des musiciens. Cette longue traversée des Monts Cambriens va être l’occasion de se remémorer quelques légendes galloises joliment dessinées par de jeunes dessinateurs talentueux. Chacun dans leur style, ils ravivent l’univers magique des korrigans pour le plaisir des petits et des grands…

  • Erwan et Ronan Lebreton – Interview

    Erwan & Ronan Le Breton
    La passion des Légendes

     

    Enrôlés par le Petit Peuple dans toutes ses aventures, les deux frères Le Breton devaient avoir bien des histoires à nous raconter… Mais comment attirer les deux scénaristes prolifiques de la collection Soleil Celtic loin des jeux de ces joyeux farfadets ? Malgré tout, nous avons pu soutiré les deux hommes aux farandoles lutines le temps de deux petites heures. Juste le temps qu’ils nous dévoilent quelques-uns de leurs secrets…

    D’où vous est venu l’envie de scénariser ?
    Erwan : Pour moi, clairement du jeu de rôles.
    Ronan : Enfant, j’ai toujours lu des contes et légendes ainsi que de la mythologie. Notre mère était prof et, en tant que prof, elle avait des prix sur des beaux livres illustrés. Elle revenait régulièrement avec des livres de contes et légendes. Par la suite, et étant donné la passion de mon frère, je me suis intéressé au jeu de rôle.

    Vous faites partie des premiers auteurs de la collection « Soleil Celtic », dirigée par Jean-Luc Istin. Que pensez-vous de son catalogue?
    Erwan : C’est un catalogue qui s’est beaucoup développé. Au début, je considérais plutôt « Soleil Celtic » comme « Jean-Luc Istin présente ». Maintenant, ça se recentre vraiment sur ce qui représente à mes yeux sa « spécificité éditoriale » : les références directes ou symboliques au folklore et à l’histoire de la Bretagne, l’Irlande, l’Ecosse, etc. Aujourd’hui, la collection compte Thierry Jigourel qui est un folkloriste pur et dur et Claudine Glot, auteure d’un livre sur les fées. Il y a encore des beaux livres qui arrivent sur les Druides, sur les Dragons dans la tradition celtique. Ça devient très cohérent. Autre exemple, Merlin est rapatrié chez « Soleil Celtic » alors qu’il était dans le catalogue Soleil « général ».

    D’où vient Koc’h, le korrigan narrateur des contes ?
    Erwan : Pour l’anecdote, la première fois que Jean-Luc et moi avons parlé de Koc’h le Korrigan et du concept de contes folkloriques, c’était à un mariage. A l’origine, notre première idée était de prendre l’Ankou comme personnage narrateur et on voulait le faire à la façon des contes de la crypte. L’Ankou aurait été dans son cimetière et aurait invité les gens à venir écouter ses histoires. Avec le recul, je ne pense pas que ça aurait été aussi efficace et aussi populaire que ce qu’on a fait avec Koc’h. Rapidement on s’est dit qu’on allait garder l’Ankou pour une série sombre et le projet s’est concrétisé ensuite avec Les Contes de l’Ankou. Comme personnage emblématique on a alors pensé au korrigan. Jean-Luc lui a donné son visage et ses attitudes, Ronan et moi lui avons donné sa « voix » et son nom. Koc’h est un mot que notre grand-père nous avait appris et qui voulait dire « fiente » ou « excrément ». Le mot sonnait bien… Bien sûr, il y a une raison au nom de Koch mais ça on la garde pour un album futur ! Ce nom n’est pas anodin…

    Avec Les Contes de l’Ankou, vous abordez un thème plus sombre…. On dit que la mort fascine les bretons…
    Erwan : Il y a une chose dont on s’est vraiment rendu compte en lisant toutes ces histoires lorsque nous étions enfants, puis un peu plus grands, c’est qu’on se moque toujours du diable en Bretagne, il ne fait peur à personne. On parle de l’enfer et de la damnation mais sans les prendre trop au sérieux. En revanche, la mort n’est pas un sujet de rigolade. C’est aussi pour ça qu’au fur et à mesure, on s’est éloigné du personnage d’Ankou narrateur un peu idiot, ça ne collait pas. L’Ankou n’est pas un personnage maléfique par essence puisqu’il est juste « le passager des âmes », le « cocher ». Il est respecté car quand tu es mort, ton âme doit être transportée vers le purgatoire, le paradis ou l’enfer… Pour l’enfer apparemment, il y a un raccourci ! Mais pour les autres, elles passent toutes par le royaume de l’Ankou. Il y a toutes les superstitions qui l’entourent : si tu entends le bruit de sa charrette, c’est que toi ou quelqu’un de ta maison va mourir dans les jours qui viennent ; si tu le vois, tu es sûr d’y passer… Il y a vraiment une fascination : il y a des récits modernes qui mettent en scène le personnage de l’Ankou, des contes d’horreur dignes de ceux de Poe ou de Maupassant. C’est un personnage traité très sérieusement.
    Ronan : C’est un mélange entre croyances païennes, où des liens demeurent avec les morts, et foi chrétienne. Au fil du temps, la Mort est devenue un personnage beaucoup plus inquiétant, voire diabolique, alors qu’elle ne l’était pas à l’origine. Dans la Bretagne rurale du début de siècle, les gens n’en parlaient pas vraiment, mais en même temps, ils savaient énormément de choses. Il n’y a qu’à lire le livre d’Anatole Le Braz sur la Mort, un livre sur les superstitions bretonnes : les intersignes de la Mort en occupent une grande partie.

    Dans les Légendes de la Table Ronde, vous optez plus pour les versions chrétiennes, non ?
    Ronan : Les sources sont médiévales. Il n’y aura jamais le personnage de Galahad. Je ne vais pas non plus chercher les sources les plus récentes qui sont elles hyper christianisées. On y développe toute l’origine du Graal : il vient de Terre Sainte et on le rattache au Christ. Chrétien de Troy ne dit pas du tout ce qu’est le Graal et il n’y a vraiment aucune référence chrétienne. C’est après qu’on commence à imaginer une histoire autour de ça. Comme dans les contes folkloriques bretons, au début il y a le folklore et la superstition locale païenne, liée aux menhirs, aux esprits et à la nature. La version chrétienne essaie de se réapproprier ça et de le faire rentrer dans son propre univers, dans son cadre et dans son langage. Dans les Légendes de la Table Ronde, j’essaie de montrer que, pour moi, la source arthurienne (celte, galloise) antérieure au christianisme a été réinterprétée par le christianisme. J’utilise Arthur, son royaume et son règne, comme une période de transition entre le monde celte, païen et chrétien : une période qui passe des druides et des cercles de pierres aux prêtres, Chrétiens, églises et ermitages. On change de religion : on passe de la nature, des éléments et de la déesse-mère à la Sainte Trinité et à la vierge Marie…

    C’est un peu le point de vue de Jean-Luc Istin dans sa série qui touche au mythe d’Arthur…
    Ronan : Oui, c’est vrai. Toutefois, ma référence première et visuelle pour les Légendes de la Table Ronde reste Excalibur de Boorman, avec ces chevaliers en armure complète qui cavalent ! Boorman, c’est Mallory. C’est le 15ème siècle. C’est le dernier grand roman arthurien qui fait la synthèse de tout ce qui a été écrit auparavant : Chrétien de Troyes, Lancelot, le gallois, les épisodes anglais, etc. Il y a un beau travail de synthèse, une certaine cohérence. Avant cela, chaque épisode, chaque manuscrit a été écrit dans l’une ou l’autre abbaye… Il y a forcément des incohérences, cela ne s’inscrit pas dans une continuité. C’est un peu comme dans une sitcom américaine où il y a plusieurs auteurs qui ne se consulteraient pas… Mallory a justement tout mis ensemble et essayé de construire un récit plus cohérent. Je trouvais ce travail très intéressant.

    Lorsqu’on referme le premier tome des Légendes de la Table Ronde, on a l’impression d’un récit clôt. D’autant plus que d’emblée, on nous annonce la mort d’Arthur. On a l’étrange sentiment que ce premier tome n’en appelle pas d’autres…
    Ronan : Au premier tome, on ne connaissait pas le nombre de tomes pour la série. En présentant les histoires les plus connues, on donne peut-être cette impression d’avoir fait le tour mais c’est très loin d’être le cas. A partir du tome 2, ce sera plus cadré et plus continu du fait que je suis seul à écrire. Je pars sur des trilogies… La série se réorientera autour du personnage de Lancelot. C’est un peu le mythe arthurien au travers des yeux de Lancelot.

    Trois séries mais un seul univers légendaire ?
    Ronan : En réalité ce sont trois mondes assez différents. Pour l’Ankou, il s’agit d’un univers gothique, fantastique…Dans Les contes du Korrigan, nous sommes plutôt dans la féerie. C’est presque un registre comique. La série est destinée à un public jeune comme on s’en est rendu compte… Les Légendes de la Table Ronde évoluent dans un univers plus dramatique et qui repose sur des personnages plus complexes avec Lancelot notamment qui est le seul à douter. C’est le double d’Arthur. Arthur est sûr de lui, rayonnant, c’est le roi. Lancelot remet ses choix en question…
    Erwan : Avec Lancelot, on est assez proche de la figure de Judas par rapport au Christ… Dans la version de l’Evangile de Judas, Judas est le disciple préféré du Christ et c’est par amour pour lui qu’il le trahit…

    Si on regarde Les contes du Korrigan, vous travaillez avec des dessinateurs issus d’un même registre…
    Erwan : C’est vrai que dans ce cas, nous voulions répondre à un certain genre « jeunesse ». Ce qui pénalise la plupart des collectifs c’est souvent le fait de se retrouver avec des styles trop diversifiés car graphiquement, ce n’est pas cohérent. On est plus dans le recueil, l’anthologie et lorsqu’on lit une anthologie, on tombe sur une histoire qu’on aime, et la suivante qu’on aime moins…

    Le fait de travailler avec des dessinateurs proches dans leur style réduit-il le fait d’aimer ou pas une histoire ?
    Erwan : Oui, les lecteurs ne sont pas déçus en voyant la couverture et les histoires intérieures. Et ils ne sont pas désorientés d’un tome à l’autre. Ce qui a dû pénaliser le Grimoire du Petit Peuple, c’est justement cette hétérogénéité. Du coup, c’est très expérimental et à ça, souvent, le public n’accroche pas trop. Les enfants, une fois qu’ils ont goûté à quelque chose, recherchent souvent les mêmes sensations. Ceci a été imposé clairement par Jean-Luc dès le départ. La série serait dans un style précis. Ce qui n’empêche pas des variations, bien entendu, mais ça reste toujours dans le même esprit.

    Que pensez vous de la morale qui traverse les contes ?
    Ronan : En schématisant, on peut dire que les contes de fées doivent toujours finir bien et les histoires mythologiques, elles, finissent toujours mal. Maintenant pour ce qui est de la morale, le Petit Peuple n’en a pas, c’est-à-dire que c’est une notion étrangère à ces créatures. Le concept est intéressant et nous aimerions le traiter dans une série plus adulte. Ici, nous avons fait le choix de nous rapprocher du conte de fée.
    Erwan : On s’est quand même basé sur des contes bretons où l’humain, à la fin, est récompensé par les fées. Ceci parce qu’il s’était bien comporté. Et par « bien comporté » on n’entend pas vraiment une morale chrétienne, obéissant à une série de règles de société. Non, c’est plutôt basé sur des valeurs universelles.

    Abordons maintenant le monde des contes et légendes. Nous découvrions au fil des voyages de Koc’h, les légendes bretonnes, irlandaises, écossaises… Y a-t-il une grande différence entre les contes bretons et les autres ?
    Erwan : Il y a des contes typiques. L’Ankou par exemple est un personnage breton. Il y a des contes propres à chaque culture mais il est vrai qu’on va trouver des sirènes, des lutins fort semblables, si ce n’est par le nom, d’un pays à l’autre. C’est très rare qu’on découvre quelque chose sans équivalent en Bretagne. Maintenant, il y a aussi des liens avec l’histoire des différentes contrées. Beaucoup de créatures sont liées aux marins en Bretagne et des lutins guerriers, comme les Red Caps, se rencontrent là où l’Histoire fut marquée par les guerres.
    Peut-être trouverait-on plus de différences avec les fées sombres qu’on a moins abordées. Les contes écossais sont plus cruels, les contes bretons (notamment avec les fées noires) sont plus macabres.

    Quel conseil donneriez-vous à un humain qui désire rencontrer les créatures du Petit Peuple ?
    Ronan : D’aller dans la campagne un soir de pleine lune… Bon à Carnac, il y a trop de touristes, mais on peut trouver des cercles de pierres moins fréquentés…
    Erwan : Et ne pas oublier d’amener une offrande, quelle qu’elle soit. Ou de jouer de la musique, cuisiner quelque chose ou apporter un bol de lait… Ou le dernier tome des Korrigans dédicacé par les auteurs… (rires)

    Quelle est la légende que vous aimeriez aborder dans un projet futur ?
    Erwan: La légende de Cuchulain. Ça a failli se faire chez Soleil, Jean-Luc était intéressé mais il voyait plus le côté « guerrier celte, irlandais »… Ce côté m’intéressait moins. J’aimerais peut-être faire quelque chose qui se passe de nos jours. Sinon, j’ai un grand faible pour Macbeth. J’aimerais en faire une bd dans une version modernisée…
    Ronan : Outre Lancelot, j’aimerais travailler sur Beowulf mais en beaucoup mieux que la version qui a été faite au cinéma…

    Que pensez-vous de la place de l’Imaginaire dans notre société ?
    Erwan : Nous sommes la génération des 25-35 ans. L’imaginaire, on connaît. C’était l’époque des jeux de rôles, Donjons et Dragons, Tolkien était bien connu, les Stephen King étaient à la page. C’est aussi la grande époque Star Wars… On est tous passés par le fantastique et la fantasy. Ensuite, la génération des 15-25 semble être passée par une traversée du désert. L’horreur était confinée au slasher movie, la fantasy était marquée par des daubes au cinéma… A la télé, c’était les sitcoms, Alerte à Malibu, ce genre de choses… Le jeu de rôle était remplacé par les cartes Magic. Du coup, on a eu une génération sacrifiée. Dans le jeu vidéo, où j’ai commencé, c’était des jeux de guerre, de voiture ou de foot. On était dans une réalité sublimée ou à la bad boy mais pas dans l’imaginaire. Et puis, Dieu merci, il y a eu deux choses fabuleuses : Harry Potter et Jackson avec le Seigneur des Anneaux. Du coup la génération des 5-15 ans est sauvée.

    Pour vous le Seigneur des Anneaux est donc une pleine réussite ?
    Erwan : Oui, Peter Jackson a été le premier a traiter sérieusement la fantasy au cinéma. On ne rigole pas et ce n’est pas kitsch. Gandalf avec la crasse sous les doigts, ça m’a marqué. Les cottes de maille forgées à la main par des artisans pour passer 15 minutes dans le film, c’est pareil, c’est énorme ! Certes, il y a l’histoire d’amour ajoutée mais Jackson est resté très proche du livre de Tolkien. Respect !

    Quels sont les auteurs de fantasy que vous lisez volontiers ?
    Erwan : Pendant longtemps, je n’ai plus lu de fantasy. J’avais l’impression d’en avoir fait le tour et que les auteurs se répétaient. Je me suis arrêté après la Belgariade d’Eddings. Côté français, j’avais juste lu Gaborit et un peu de Colin… Et puis, il y a deux ans, un ami m’a parlé du Trône de fer. J’ai découvert quelque chose de très mature, très vrai qui m’a vraiment plu. De là, j’ai été amené à lire Robin Hobb et d’autres. Bref, Le Trône de fer a été un véritable renouveau pour moi.
    Ronan : Moi, je suis plus un lecteur de contes et légendes. Sinon, je suis lecteur de fantastique… Là, j’ai redécouvert Philip K. Dick dans ses œuvres non SF. Le Maître du Haut-Château par exemple.

    Quels sont vos projets ?
    Erwan : Il n’y a rien de signé. J’ai un projet à la Neil Gaiman, mais bon, il faut le concrétiser et trouver le bon dessinateur. Le deuxième projet m’amènerait vers le Manga et l’Asie mythologique… Le déclencheur de tout ça, c’est que, durant mes études, j’ai fait un DEA sur un poète et dramaturge irlandais qui s’appelle William Butler Yeats et qui a écrit entre 1885 et 1939 en reprenant le folklore irlandais pour en faire des poèmes et des pièces. Puis, il a découvert le théâtre Nô et cela a bouleversé sa conception de la scénographie. A la fin de sa vie, il a écrit des Nô irlandais. J’ai donc envie de faire quelque chose proche de cette fusion entre Asie et celtisme.
    Ronan : Quant à moi, j’aimerais bien aller vers du plus sombre. Pour l’instant les circonstances ne se sont pas encore présentées. Un univers plus adulte, plus noir… Quelque chose entre l’Histoire et le contemporain… J’ai aussi présenté d’autres thématiques à Jean-Luc (Istin, ndlr.) pour « Soleil Celtic ».

    Propos recueillis par le Peuple féerique en avril 2006

    NOTES:
    La richesse des Contes celtiques
    Issus du jeu de rôle et d’abord auteurs de livres dont vous êtes le héros (chez Hachette jeunesse), Erwan et Ronan Lebreton nous font aujourd’hui partager leur passion pour les légendes bretonnes à travers plusieurs collectifs de bande dessinée : Les Contes du Korrigans (7 tomes parus) et Les Contes de l’Ankou (3 tomes parus). Dans le premier recueil, Koc’h, un facétieux lutin, nous fait découvrir par ses voyages toute la richesse et la diversité du petit peuple. Dans le second, l’Ankou ou la Mort nous plonge dans les ténèbres de son esprit.
    De son côté, Ronan signe le scénario des Légendes de la table Ronde (2 tomes parus). Il s’attaque aux récits issus de la mythologie celtique à travers Arthur et ses chevaliers. Lancelot sera le personnage conducteur de cette série de la collection Soleil Celtic.

    Titres de la collection Soleil Celtic
    Les contes du Korrigan (E. & R. Lebreton/Collectif)
    Les contes de l’Ankou (E. & R. Lebreton/collectif)
    Les contes de Brocéliande (Collectif)
    Légendes de la table ronde (R. Lebreton/Collectif)
    Le grimoire de féerie (Istin/Debois/Minguez)
    La rose et la croix (Critone/Jarry/Richemond/Pieri)
    La Quête du Graal (Bileau/Debois/Stambecco)
    Le sang du dragon (Michel/Istin/Cordurié)
    Les Druides (Lamontagne/Istin/Jigourel)
    Merlin, la quête de l’épée (Demare/Istin/Cordurié)
    Merlin (Lambert/Istin/Stambecco)

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