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  • Fées noires & Dames sombres – Gianes

    Fées noires & Dames sombres – Gianes

    Gianes

    Les Gianes vivent cachées dans les sites nuragiques de Sardaigne. Malheur à celui qui les dérangerait en leurs étranges cavités. Une main de fer s’abattrait sur eux, les punissant de leur malsaine curiosité. Au fil du temps, ces fées dangereuses se sont transformées en jolies petites danseuses de sous la lune…

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    Toutes les fées sombres portent en elles l’espoir d’un peu de lumière. Ainsi, les Gianes de Sardaigne étaient autrefois bien plus grandes et terrifiantes qu’aujourd’hui. Elles pourchassaient les promeneurs solitaires de leurs griffes de fer et se montraient vieilles et laides afin de repousser les gens trop curieux. Une image bien différente de ces petites demoiselles qui viennent danser de nuit autour des anciennes tombes, de ces cavités creusées dans la roche et qui portent leur trace jusque dans leur nom : les Domos de Gianas, les maisons des fées. On raconte qu’un paysan sarde s’était laissé conduire jusqu’à leurs rondes. Qu’au fil de leurs sabbats, il était parvenu à les amadouer. Il avait supporté leurs piques et leurs moqueries et était resté en apparence insensible au charme certain de ces petites demoiselles. Car, en réalité, l’homme avait un plan secret. Il connaissait les légendes du pays qui contaient les merveilleux trésors que gardaient les fées. Des coffres remplis d’or, de pierres précieuses dont il souhaitait s’emparer. Au bout d’une année, les fées le laissèrent aller et venir au milieu d’elles sans plus se méfier. Evoquant leur trésor, le paysan parvint par sa duplicité à convaincre les Gianes de l’emmener à la cache secrète de leurs coffres. Par moult détours et nombreux raccourcis, les fées entrainèrent leur ami jusqu’à un rocher magique qui à leur voix s’entrouvrit. Un escalier de roche mena la troupe dans les tréfonds de la terre, dans une salle immense où étaient amassés des centaines de coffres. L’homme n’étant pas parvenu à retenir le chemin qui menait à cet endroit se dit que, tant pis, il n’aurait point de mal à se repérer lors de la sortie. Il comptait bien profiter de cet instant pour s’emplir les poches d’une partie du précieux trésor. Il ouvrit un premier coffre malgré les protestations des fées. Un second fut forcé de la même façon, se souciant encore moins des cris des fées et de leurs sermons. Enfin, un troisième mais là, point d’or ou de colliers. A la place, devant le paysan effrayé, se tenait un monstre baveux et deux grosses pattes qui aussitôt se saisirent du malheureux pour le tirer à l’intérieur de la boîte. Le couvercle refermé, les fées s’en retournèrent à leurs danses, souriantes et apaisées. Leur trésor possédait un autre gardien, autrement plus efficace. Alors pourquoi seraient-elles demeurées méchantes ?

  • Fées noires & Dames sombres – L’Empuse

    Fées noires & Dames sombres – L’Empuse

    L’Empuse

    L’Empuse est terrifiante. On la dit gardienne des enfers, monstrueuse créature, bœuf, mulet ou encore chien mal fichu d’une patte d’âne et d’une autre d’airain. Mais c’est sous l’apparence d’une magnifique jeune femme aux traits aguicheurs qu’elle se fait nettement plus dangereuse. Difficile de résister au désir de l’approcher et si facile de tomber dans son piège et de finir par elle dévoré !

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    Carl Schmidt-Helmbrechts

    La journée avait été particulièrement chaude. Et la chaleur ne semblait pas vouloir quitter l’air de ce soir d’été. Le jeune homme qui habitait l’appartement du premier avait tout le mal du monde à trouver le sommeil. Sa transpiration lui collait à la peau et le contact d’avec le matelas lui était insupportable. Il se leva pour aller boire un verre d’eau à la cuisine, passa par la salle de bains pour se rafraîchir avant de regagner la chambre et d’ouvrir tout grand la fenêtre. Il s’allongea à nouveau. Une très légère brise balayait maintenant la pièce et cela suffit à endormir le jeune homme, étendu de tout son long sur le lit dépourvu de draps.

    Deux heures plus tard, seules les étoiles furent témoin de la chose qui rampait dans le jardin. Celle-ci se traîna jusqu’au pied de l’immeuble, grimpa le long du mur pour se glisser dans la chambre à la fenêtre ouverte. L’ombre regardait le corps nu du jeune homme. Elle prit tout son temps pour s’en approcher, le frôler avant de le couvrir complètement. Au contact de cette masse sulfureuse, le jeune homme entrouvrit les yeux. Il devait rêver, une sublime femme l’enlaçait, l’embrassait, le couvrait de ses caresses chaudes et tant agréable qu’il se laissa aller dans ce rêve aussi délicieux que sensuel. Le jeu de la créature et de l’homme devint de plus en plus vif, entraîné dans ce corps à corps, l’état d’éveil de l’amant lui criait maintenant que tout cela était vrai. Il eut un moment de lucidité, tentant de repousser la fée qui se tenait au-dessus de lui. Il ouvrit grand les yeux, vit le visage de celle-ci changer de forme, passant d’une femme en pleine extase à un ricanement animal. La créature aboyait, hurlait, reniflait, en proie à un délire qui finit par effrayer son amant. Poussant de toutes ses forces, il parvint à se dégager de l’étreinte mortelle de la dame. La créature se débattait seule sur le lit. Elle avait les membres couverts de poils, et l’une de ses jambes se terminait par un sabot. Par réflexe, le jeune homme se mit à l’insulter, à l’exhorter de quitter sa chambre. Voyant que les mots avaient une certaine emprise sur l’Empuse, il s’encouragea encore et encore à la couvrir d’injures. Portant ses mains aux oreilles, la fée recula jusqu’à la fenêtre et se jeta dans la nuit. Le jeune homme alluma les lampes, ferma la fenêtre. Il vit que du sang s’écoulait le long de ses bras. Il se rendit à la salle de bain où le miroir lui renvoya l’image d’un corps meurtri, battu, couvert de coups et de morsures. Affaibli, il tomba évanouit sur les carreaux de la pièce. Dans le silence de cette nuit d’été, on ne percevait plus qu’un léger bruit grinçant. Des ongles grattaient à la fenêtre.

  • Fées noires & Dames sombres – La Wyvern

    Fées noires & Dames sombres – La Wyvern

    La Wyvern

    Qu’on s’attarde sur l’escarboucle incrustée en son front ou la beauté de son visage, la Wyvern qu’on appelle par ailleurs la Vouivre ne laisse pas indifférent l’homme qui la croise. Sous la forme d’un serpent ou d’un dragon, elle se glisse dans les eaux, son royaume, en ne s’éloignant jamais beaucoup du fabuleux trésor qu’elle garde précieusement. Elle se montre toujours dangereuse même et surtout pour celui qui l’approchera dans les lueurs d’un soir, le pauvre sombrant d’amour, rendu fou de passion pour cette créature qui retrouvera très vite sa première nature.

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    © Alexe

     

    Un kayak descendait la rivière. A son bord, un jeune homme s’entraînait pour une compétition prochaine. Un week-end par mois, il prenait sa voiture, le kayak solidement attaché sur le toit et partait pour s’exercer sur différentes rivières. Cela le changeait du parcours qu’il empruntait les autres week-ends, celui qu’il connaissait par cœur et finissait par ne l’intéresser que pour les détails techniques. Alors que naviguer sur une nouvelle rivière, c’était mêler au sport qu’il aimait la découverte d’autres rives, d’autres paysages défilant, une faune et une flore qui l’avaient contaminé bien jeune et l’avaient amené à pratiquer ce sport. Il venait de descendre quelques kilomètres quand le soleil le décida à s’octroyer une pause. Il vit un amas rocheux sur la rive droite où il pourrait accoster et se sécher tout en déjeunant. Il souleva le kayak hors de l’eau pour le déposer sur une petite plage de galets. Récupérant le sac caché à ses pieds, il se dirigea vers un haut rocher. De là, il posait un regard sur la rivière et le pays environnant. La nature était riche de couleurs et de spectacles divers, surtout lorsqu’on la découvrait en solitaire. Il profita quelques minutes du chant des oiseaux et de l’onde en apparence calme qui s’écoulait devant lui. Puis, il plongea la main dans le sac à dos pour en sortir son déjeuner et sa gourde. Lorsqu’il eut terminé son repas, il s’allongea sur le rocher fixant les quelques nuages blancs qui traversaient le ciel. Il perçut soudain un murmure qui n’avait rien en commun avec les mélodies de l’avifaune. C’était un chant porté par une voix extraordinaire, douce, d’une fragilité cristalline qui lui figea immédiatement l’esprit tandis qu’elle lui envolait le cœur. Il se glissa doucement le long de la roche et, arrivé en son bord, vit en contrebas, une femme, nue, se baignant dans une cavité rocheuse alimentée par l’eau de la rivière. Quelque chose brillait à ses côtés. Mais pour l’instant, le jeune sportif ne pouvait détacher son regard de cette sublime beauté à la voix enchanteresse. Osant l’impensable, il se leva et descendit de son rocher pour s’approcher de la belle. Celle-ci avait interrompu son chant et fixait maintenant le jeune homme se dirigeant vers elle. Lui, au fur et à mesure de son avancée, commença à mieux percevoir l’objet qui brillait sur le rebord de cette baignoire sauvage. C’était un rubis, un énorme rubis. Il se souvint alors des légendes qui hantent les rivières. Celles contant l’existence d’une créature ancienne, d’un dragon au front orné d’une pierre précieuse rouge comme le feu et qui parfois, prend les traits d’une femme. S’arrêtant, il observa le front de la baigneuse et y perçut une cicatrice infime. Baissant les yeux vers les épaules découvertes de la fée, il y vit alors s’y dessiner sur les bras, de minuscules écailles…

     

  • Fées noires & Dames sombres – La Croquemitaine

    Fées noires & Dames sombres – La Croquemitaine

    La Croquemitaine

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    Croquemitaine, F. Goya

    Hurle ! Hurle ! Voici venir la Croquemitaine, celle qui dévore les enfants peu sages et fait naître les cauchemars. Ses habits de lambeaux noirs et poussiéreux effrayent tout autant que son visage de vieille sorcière. Elle se niche dans les recoins sombres, sous les lits, dans les caves et greniers…

     

    Depuis quelques nuits, le petit garçon âgé de cinq ans venait retrouver ses parents dans leur lit. Il tremblait de peur. C’était l’âge des terreurs nocturnes, de cette fameuse conscience de l’obscurité et des premiers rêves redoutés. Louis avait de plus en plus de mal au coucher. Il pleurait beaucoup. Ses parents devaient sans cesse remonter, le rassurer, lui relire une histoire, lui chanter une berceuse avant que la fatigue prenne le dessus sur l’angoisse et lui ferme enfin les paupières. Avant d’aller eux-mêmes se coucher, ses parents venaient remonter la couverture sur le corps endormi de leur petit Louis. A ce moment-là, le visage de l’enfant était des plus paisibles. En quittant la chambre, ils éteignaient la veilleuse qui colorait d’une lumière douce et chaude la pièce. Lorsque la porte se refermait, on entendait dans la nuit les pas des parents gagner leur propre chambre, mais également un autre bruit furtif. C’était un léger glissement, un mouvement presque imperceptible. L’ombre qui se mouvait dans la chambre de Louis prenait tout son temps. Elle aimait se poser à côté du lit et observer le visage de l’enfant à son tour, des heures durant. Elle se délectait de ses traits infantiles, de cette jeunesse première, si sensible, si fragile… Puis, sa main se posait sur le front du gamin. Le petit corps s’agitait, une sueur faisait son apparition, coulant le long de ses tempes, mouillant son oreiller. Ses petits sourcils fronçaient et les premiers gémissements se faisaient entendre dans la chambre. Tout cela faisait le délice de la Croquemitaine, pauvre créature des ombres qui hante les chambres d’enfants, les greniers abandonnés et les caves obscures. Cette mauvaise fée des recoins engendre de terribles peurs et, comble de son ignominie, ne s’attaque qu’aux esprits encore fragiles ou immatures, les jeunes enfants ayant de loin, sa préférence. Le petit Louis en prise avec d’affreux cauchemars finit par ouvrir les yeux. Son regard à moitié éveillé s’ouvrit sur le visage grimaçant de la fée. Il hurla et se jeta hors de son lit, ouvrant la porte et courant se réfugier dans la couche de ses parents. Son père n’en pouvait plus, il fallait que cela cesse ! Sa mère le prit dans ses bras, calma son angoisse et fit taire les tremblements. Louis s’endormit. Ici, il ne craignait plus rien.

    Le père percevait la respiration redevenue plus calme de son fils. Le petit s’était déjà rendormi. Lui, il avait plus de mal à retourner au sommeil. Il se leva pour aller boire un verre d’eau dans la cuisine. En remontant, il jeta machinalement un œil depuis la cage d’escalier vers la chambre de l’enfant. A travers la porte entrouverte, il vit deux yeux noirs qui l’observaient.

  • Fées noires & Dames sombres – La Dame Blanche

    Fées noires & Dames sombres – La Dame Blanche

    La Dame Blanche

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    © Pascal Izac

     

    Dessous ses habits d’un blanc éclatant, sa peau est diaphane. Toute goutte de sang a déserté depuis longtemps ses veines et artères. On la rencontre le plus souvent sous un arbre, au bord d’une route. Fantôme ou fée, les avis sont partagés. Elle est le souvenir d’une mort tragique ou annonciatrice de celle-ci. Si vous la prenez en stop, elle hurlera avant de disparaître, provoquant bien souvent votre propre accident mortel.

     

    Minuit. L’heure des fantômes. La route menant à la ville voisine était silencieuse. C’était un mardi et le mardi, personne n’empruntait ce chemin à minuit. Pourtant, au loin, dans les méandres que traçait cette route déserte au cœur de la campagne, deux phares indiquaient clairement qu’une voiture venait dans cette direction. La brume qui s’étale chaque matin sur les champs et les prés tissait de fins lambeaux que le véhicule accueillit sans que son conducteur prenne la peine d’activer les feux antibrouillard. Sa vision était claire, le chemin dégagé.

    A cause des virages incessants que comportait ce bout du voyage, la voiture ralentit sa course. Il valait mieux faire preuve de prudence que de terminer dans l’un des larges fossés bordant l’asphalte. Au volant, un homme aux tempes grisonnantes. Il était vêtu d’un costume qui ne lui allait pas. Trop grand, trop large, il dessinait aux épaules des plis qui témoignaient d’un manque de goût ou tout simplement que le port du costume-cravate chez cet individu était occasionnel. C’était le cas. David revêtait rarement ce genre d’habit de cérémonie. Sauf lorsqu’une affaire importante l’exigeait. Ce soir-là, il avait fêté la signature l’après-midi d’un emprunt qui permettrait à sa ferme de prendre un nouvel envol. La torture du costume avait porté ses fruits et la signature avait mérité un bon repas au restaurant. Voilà pourquoi il revenait si tard de la ville et roulait seul sur cette route de campagne.

    A hauteur d’une boulaie, il ralentit encore. Il venait d’apercevoir sur le bas-côté une femme qui lui faisait signe. Elle était blanche. Aussi bien de par ses habits que par la couleur de son teint. Il s’arrêta. Elle monta à l’arrière. Machinalement, il redémarra. Tout en roulant, il posait des questions. Où allait-elle comme ça en pleine nuit ? D’où venait-elle ? Il ne semblait pas la connaître et pourtant, il connaissait tous les gens de la région. A ces questions, la femme ne répondait pas. Elle fixait la route, droit devant elle, muette. David commença à trouver la présence dérangeante. Inquiétante, même. Jetant un œil dans le rétroviseur, il tentait d’observer sa passagère, mais parvenait avec difficulté à saisir ses traits. Tout en gardant les mains sur le volant, il se retourna. La fée hurla, poussa un cri puissant. David porta les mains aux oreilles tout en faisant face à nouveau à la route, une seconde avant que la voiture ne heurte un chêne tombé en travers.

    Il apprit plus tard, alors qu’il était en convalescence que les pompiers n’avaient trouvé que lui dans la voiture. Nulle trace de cette Dame Blanche, étrange passagère d’un soir dont le cri l’avait averti du danger, lui semblait-il. A sa sortie de l’hôpital, il lui fallut encore trois semaines avant de pouvoir conduire à nouveau. Un soir, il se força à prendre la route de l’accident. Sur les lieux même du crash, une Dame Blanche l’attendait. Cette fois, elle ne le manquerait pas.

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