Une fée pour Noël
La neige recouvrait la campagne donnant à la forêt voisine un air d’enchantement. Le vieil homme s’était empressé d’ajouter quelques grosses bûches dans la cheminée. Du chêne. Un bois dur qui suffirait sans doute à réchauffer la pièce de longues heures durant. Ce jour spécial méritait son petit confort. Il pouvait bien s’octroyer ce luxe en cette veille de Noël. L’homme se redressa, débarrassa la table de l’assiette et de la casserole de soupe qui l’avait régalé quelques minutes plus tôt et glissa une chaise près de la fenêtre. Il s’y installa avec un bon livre, une couverture sur les genoux. Il passa d’abord un long moment à regarder par la fenêtre. Il devina au loin les silhouettes de ses voisins portant les victuailles qu’ils serviraient à leurs belles tablées festives. Lui, cela faisait des années qu’il n’avait plus rien à fêter. Ses enfants, ses petits-enfants habitaient trop loin pour lui rendre visite. Et son épouse s’était envolée vers l’au-delà, il y a quelques mois déjà. L’homme frotta ses yeux embués, chassa ses pensées et ouvrit son livre.
La fée voyageait sans bruit au travers de la pièce. Elle frôla de la main la table de bois grossier. Elle s’approcha de l’armoire entrouverte qui laissait deviner une vaisselle de porcelaine blanche, quelques verres mal lavés et un bout de cadre. Elle ouvrit la porte du meuble et se saisit de la photo. C’était un portrait de famille. De petits humains souriants entouraient des adultes et au milieu du groupe se tenaient une femme et un homme. Celui-là même qui ronflait près de la fenêtre. La fée posa la main sur le cadre et ses lèvres dessinèrent un sourire.
L’homme se réveilla en sursaut. On venait de cogner à la fenêtre. A travers la vitre, il reconnut le visage de l’un de ses petits-enfants. Il mit un certain temps à réagir. Quelle merveilleuse visite ! Il voyait au-dehors son fils et son épouse sortant de leur voiture, les bras chargés de valises. Derrière leur véhicule, un autre s’arrêta et bientôt, ce fut au tour de sa fille et sa petite famille d’apparaître dans l’allée. Son cœur bondit de joie. Rêvait-il ? Il se leva pour aller ouvrir. Quel bonheur de voir ses proches lui rendre cette visite impromptue mais ô combien bienvenue ! Mille questions lui traversaient l’esprit. Ses enfants lui avouèrent qu’ils avaient voulu lui faire une belle surprise pour Noël. Et ils avaient tout prévu : cadeaux et victuailles, et, surtout, une belle dose d’amour.
Le même genre d’amour traversait le regard de cette jeune femme lorsque ses yeux se posaient sur son fils. En ce soir de Noël, ils marchaient sur le chemin forestier sans vraiment savoir où aller. Le froid leur mordait les os. Elle serrait son fils contre ses vêtements. Sur ses joues, des larmes glacées couvraient l’ecchymose qui lui maculait le visage. Ils avaient fui un monstre et ne savaient où se réfugier. Soudain, sur le chemin, la femme distingua une lueur bleutée se dirigeant vers eux. Bientôt, elle vit une fée. Elle tenait à la main une lanterne à flamme bleue. Cette dernière fit signe aux deux autres de la suivre et, en quelques minutes, ils quittèrent la forêt pour se retrouver devant une porte. Leur guide frappa trois coups et recula derrière la femme et l’enfant. La porte s’ouvrit. Ils se retrouvèrent face à un grand-père le visage souriant. Derrière lui montaient des éclats de rire. La femme se mit à pleurer. A sa surprise, l’homme la prit dans ses bras et les fit immédiatement entrer. Ce soir-là s’effacèrent la solitude, la tristesse, les blessures… et des destins furent noués.
A la lisière de la forêt voisine, une lumière bleutée s’effaça sur le visage souriant d’une fée…
Merci , ce sont cela les contes ….. les contes qui nous ont nourris dans notre enfance .
Indémodables et tellement nécessaires . Cette limite subtile entre l’extraordinaire et l’ordinaire .
Oh, comme c’est beau! Vous m’avez fait pleurer, cher monsieur! Je me suis retrouvee dans le monde magique de mon enfance quand ma grande-mere me lisait des contes des fees chaque soir. Merci beaucoup pour ce moment plein de chaleur! Dans ce monde troublee que nous vivons ces jours, le memoir de la bonte, generosite, la magie de l’humanite partage nous fait bien.
Je pleure… Votre conte est si joliment écrit, presque réel. Il me plaît à penser que deux détresses lorsqu’elles se réunissent deviennent une force heureuse. Merci pour ce texte ouvert sur le cœur et l’amour qui lui va si bien.
C’est une magnifique histoire qui a fait couler des larmes sur mes joues ! merci pour ce beau moment !
Laurence
C’est une magnifique histoire de Noël. Et l’illustration est très belle.