Claude Seignolle : le diable en sabots s’en est allé…
Ce vendredi 13, Claude Seignolle s’en est allé. Il avait 101 ans.
J’ai découvert le fantastique vers quinze ans à travers une nouvelle de Thomas Owen. Ce premier choc émotionnel entraîna le gamin des campagnes que j’étais à lire avec frénésie tout ce qui s’y attachait et c’est à travers la collection mythique du Marabout que je tombai quelques années plus tard sur les Contes Sorciers de Seignolle. Ils m’emmenèrent m’intéresser à l’auteur. De la Malvenue au Diable en Sabots en passant par Marie la Louve, je me laissai séduire par ce fantastique fleurant bon l’odeur de mes terres sorcières… J’admirai aussi l’homme, l’ethnologue qui recueillit pendant 30 ans les croyances paysannes.
Des années plus tard, le téléphone sonna. Au bout du fil, une voix me souhaitant mon anniversaire. Un certain… Claude Seignolle ! D’abord dérouté, pensant à une blague d’un de mes amis, je bafouillai. Puis, je compris. Toute la gentillesse de cet homme, toute son attention pour ceux qui s’avançaient, eux aussi, sur les chemins de l’étrange.
Nous sommes des dizaines à qui Claude Seignolle a téléphoné, a répondu à leurs lettres, a envoyé ses ouvrages par caisses, passant le relais des croyances du passé, donnant ce goût du fantastique pour à notre tour, continuer le voyage… Autant de graines de passionnés à germer pour les générations futures, autant de relais pour le folklore qui se doit de demeurer vivant. Une vie à laquelle Claude Seignolle était rudement attaché, pour témoin ce décompte qu’il inscrivait sur ses lettres le menant vers l’honorabilité d’un centenaire…
Ce vendredi 13, Claude Seignolle s’en est allé. Il avait 101 ans. Mais son âme continuera de voyager bien longtemps encore à travers les écrits, les recherches, les contes qu’il a ensemencé de sa passion pour ce terreau fantastique issu de nos campagnes sorcières.
Le vieux loup nous a quitté , la meute est orpheline.
Requiescat in pace
🖤😢
Ah, ce cher Claude…
Il y a quelques mois, je voulais préparer une nécrologie préventive. Et puis mon insuffisance cardiaque m’a poussé à penser à la mienne. Finalement, je n’ai rien fait. Et d’autres, tel Richard, sont probablement plus aptes à parler du Maître. Que je ne connaissais d’ailleurs personnellement que depuis 18 ans.
Est-il parti pour un monde qu’il suspectait ? Et dans ce cas, va-t-il revenir ?
Va savoir… Avec lui tout est possible.
Nous l’aimions.