Folklore

Fées noires & Dames sombres – La Goule

La Goule

La Goule prend souvent l’apparence d’une belle jeune femme dont la nature féerique se trahit lorsque se découvrent ses pieds, en réalité deux pattes fourchues ou animales, celles de l’hyène dont elle est si proche qu’elle en prend également bien souvent les traits. Parmi ses occupations principales, citons le fait de déterrer les cadavres dans les cimetières ou d’attirer les voyageurs dans le désert afin de s’en nourrir.

 goule

Chaque soir, le gardien du cimetière voyait venir la même femme, drapée de haut en bas, dissimulant à son regard les traits de son visage et les courbes de son corps. Chose étrange, s’il la voyait passer, entrer dans ce domaine réservé aux morts, il ne la voyait jamais ressortir. Ce soir-là, il était bien décidé à percer le mystère qui entourait l’étrange visiteuse. Posté devant la fenêtre de son cabanon, il surveillait les allées et venues des tristes visiteurs venus rendre hommage à leurs chers disparus. Les promeneurs se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure que s’avançait l’heure de la fermeture des lieux. Une heure avant la fin des visites, la femme se présenta. Elle pénétra dans le cimetière comme à son habitude voilée et invisible aux yeux de tous. Sa marche était rapide, son vêtement ne permettant pas sans doute de prendre une allure plus aisée que ces petits pas serrés. Le gardien sortit de sa cabane pour la saluer, mais aucun mot ne vint répondre à sa formule de politesse. Il la regarda s’éloigner et se posta cette fois devant la grille, bien décidé à n’en pas bouger d’ici la fermeture. Une heure plus tard, il souleva les lourdes grilles et passa le cadenas tout en demeurant à l’intérieur. La femme n’était pas sortie, cette fois, il en était sûr. La grille refermée, il se dirigea vers l’intérieur du cimetière. Les tombes étaient nombreuses, des centaines, mais il crut distinguer un mouvement tout au loin, dans la partie la plus récente. Il se glissa sans bruit, s’arrêtant derrière un arbre le temps de porter le regard au loin et de tenter de deviner ce qui occupait l’inconnue. A mesure qu’il s’approchait de la dame, il ressentait une peur étrange qui commençait à lui nouer la gorge et le ventre. Les lanternes s’étaient allumées, mais le ciel s’assombrissant, il lui était difficile de voir avec précision ce qui se tramait tout au fond du cimetière. A une dizaine de mètres, il remarqua que la femme n’avait plus ses vêtements. Elle était accroupie, penchée vers le sol, affairée semble-t-il à y déterrer quelque chose ou… quelqu’un. Le gardien fit demi-tour, il courut cette fois jusqu’à son cabanon et en ressortit, son fusil à la main. L’arme lui servait à effrayer les volatiles attirés par l’odeur persistante qui traversait parfois les tombes fraîchement closes. A une ou deux reprises, il était également intervenu pour chasser des pilleurs, ces personnes sans scrupule qui creusaient pour trouver quelques bagues, quelques bijoux abandonnés aux morts. Cette femme en était donc un ? Engaillardi par la présence de son arme, il courut jusqu’à la femme. Au cri poussé par le gardien, la tête penchée de la voleuse ressortit précipitamment de la tombe. Une affreuse figure émaciée aux yeux rouges fit soudain face au pauvre homme. La créature ricana en montrant les crocs auxquels étaient encore attachés des morceaux de chair. Son rire était celui d’une hyène et, le gardien, en pointant son fusil pendant que la mauvaise fée se levait, découvrit les pieds fourchus de cette engeance diabolique. C’était une Goule, un de ces esprits cauchemardesques qui se nourrissaient de cadavres. Le coup parti et atteignit sa cible. La monstrueuse bonne femme hurla, s’enfuit dans des bonds qui n’avaient rien d’humain et sauta par-dessus le mur du cimetière. Le gardien, affolé, regagna la grille aussitôt, ouvrant la chaîne et se jetant à son tour dans la rue pour gagner au plus vite la sécurité de la ville toute proche. Demain, il ne reviendrait plus au cimetière, ni les jours suivants. Jamais.

Richard Ely

Né en Belgique, j'ai passé toute mon enfance à Ellezelles, village sorcier. J'ai ensuite étudié les fées, elfes et lutins à l'université tout en croisant les chemins de Pierre Dubois, Claude Seignolle, Thomas Owen... En 2007, après avoir parcouru bien des forêts et des légendes, je crée Peuple Féerique. Spécialiste du folklore féerique, auteur d'encyclopédies, de livres, d'albums, je poursuis mon exploration de ce Petit Monde de Merveilles pour le partager avec vous.

Une réflexion sur “Fées noires & Dames sombres – La Goule

  • Ouf, j’ai eu peur pour ce pauvre gardien !
    J’ai cru que le combat serait plus rude, mais non. Tant mieux, au fond.
    J’imagine que la goule ne reviendra plus, ou alors qu’une autre prendra le relais…

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