Interview Christine Palluy – Auteur Jeunesse (Histoires de fées, Histoires de Sirènes…)
Nous avons découvert l’écriture rythmée et très agréable de Christine Palluy lors de la lecture d’Histoires de fées paru aux éditions Lito. L’auteure a bien voulu répondre à quelques questions sur ses univers et son parcours…
Votre première publication date de 1999. Quel a été le déclic? Comment vous êtes-vous retrouvée auteur jeunesse ?
Déjà à l’école primaire, j’aimais jongler avec les mots et en apprendre de nouveaux. Je me souviens du temps de la rédaction comme d’un moment délicieux ! Par la suite, j’ai fait des études qui n’avaient rien à voir avec la littérature. J’avais enfoui en moi ce goût pour l’écriture, tout simplement parce que le métier d’écrivain me semblait hors d’atteinte. C’est une vie établie et trois enfants après, autour de la quarantaine, que j’ai voulu retrouver le plaisir d’imaginer des histoires et de les mettre en mots. J’ai écrit trois textes que j’ai adressés par la poste chez Bayard. La rédaction de « J’aime Lire » m’a appelée pour éditer « la confiture de leçons ». Très vite j’ai écrit d’autres histoires pour Bayard, Hachette, Lito, Milan puis P’tit Glénat : Soixante-cinq publications en neuf ans pour la presse et l’édition jeunesse.
Votre style d’écriture est très rythmé et du coup, très agréable à lire. Travaillez-vous beaucoup vos textes en ce sens ?
Pas vraiment, non. Quand le texte est là, je le peaufine, j’ajoute un mot, j’enlève un paragraphe, mais le rythme est présent dès le départ.
Les phrases me viennent en tête un peu comme une musique. Les sons prennent leur place d’eux-mêmes. Et tant que la musique interne ne joue pas, je suis incapable de rédiger.
Faites-vous attention au vocabulaire employé ou les mots « difficiles » sont-ils les bienvenus ?
Pour parler à un enfant, nous utilisons tous d’instinct des mots adaptés à son âge, qu’il ait deux, sept ou douze ans. Le vocabulaire que j’emploie n’est pas calculé. Et tant pis si j’utilise un mot un peu difficile. Je sens que l’enfant peut l’apprendre.
Dans « Histoires de fées » qui nous intéresse plus particulièrement, les héros et héroïnes ne sont pas vraiment les fées mais plutôt des humains. De même ce sont des sentiments humains que les fées offrent comme cadeaux à leur reine… Cet attachement à l’être humain est une constante dans tous vos livres ?
Je ne l’avais pas analysé mais vous avez raison ! Qu’y-a-t-il de plus passionnant que les sentiments humains, que ces liens agréables ou difficiles que nous tissons entre nous ? J’ai beau chercher, je n’ai rien à proposer !
Vous avez imaginé les fées obéissant à une reine, très liées au Printemps et vivant sur une île…
J’aime bien l’idée que les fées soient associées au printemps : fleurs délicates, à la fois gaies et secrètes. Si, dans mon livre, elles obéissent à une reine, c’est pour une raison « technique » ! Je souhaite que chacune des douze histoires puisse être lue au hasard. Cependant ensemble, ces contes doivent raconter une nouvelle histoire. Le changement de reine sur l’île aux fées est le lien conducteur du recueil.
Vous venez de publier également « Histoires de Sirènes ». Etrangement, les sirènes sont très à la mode cette année. Pourquoi avoir choisi cette créature en particulier ? Que représente-t-elle pour vous?
J’avais très envie d’imaginer des villes ou des palais sous-marins. Les fées des eaux sont fascinantes, insaisissables et m’intimidaient un peu. J’ai aimé me glisser dans leur univers, et me servir de leur mystère pour les faire évoluer.
Vous écrivez exclusivement pour les petits et les un peu moins petits. Vous intervenez également en atelier en maternelle et en primaire. Le public adulte ne vous intéresse pas du tout ?
Je suis invitée dans les écoles et les bibliothèques parce que j’écris pour les enfants. Quand je rencontre des adultes, c’est pour leur parler de littérature jeunesse. La littérature pour adultes, aujourd’hui, ne m’attire pas.
Qu’essayez vous de mettre dans vos textes à destination des enfants ?
De l’humour, de la tristesse, du dynamisme, du merveilleux, de l’espoir, de la colère, de la justice, de l’espièglerie… la force de vie de l’enfance. J’imagine les situations et je les ressens avec l’esprit de mes huit ans. Cependant c’est l’adulte que je suis qui dirige. A travers mes textes, quels qu’ils soient, je fais passer les valeurs humaines essentielles pour moi.
Puisez-vous beaucoup dans vos propres souvenirs d’enfance pour alimenter vos histoires ?
Non, très peu. Deux textes seulement sont issus de mes souvenirs.
Quels conseils d’écriture donneriez-vous à de jeunes auteurs débutants et désireux de toucher les enfants ?
Respecter son lecteur et être vrai. Pour qu’un récit sonne juste, ce n’est pas l’adulte qui doit parler, mais l’adolescent ou l’enfant que chaque écrivain jeunesse conserve au fond de lui.
Ne pas dire les émotions, mais les faire ressentir par des textes imagés. Et puis introduire du rythme, de l’humour et du suspense est le meilleur moyen de garder un apprenti lecteur jusqu’au bout !
Pensez-vous que le monde féerique aide à faire passer des messages. Que l’imaginaire est une force pour expliquer la réalité aux enfants ?
Bien sûr ! On peut parler de tout dans un monde imaginaire car on a le recul nécessaire. Toutes sortes de métaphores sont possibles. La vraie vie n’est jamais loin dans un conte, elle est seulement déguisée…
Peut-on dire de votre travail qu’il est féerique ?
Donner vie à des situations d’un coup de stylo magique a quelque chose d’un peu mystérieux en effet !
Quels sont vos projets en cours et à venir ?
J’adapte la mythologie grecque et latine pour les enfants à partir de six ans (collection « le fil d’Ariane » aux éditions Milan). Les 5ème et 6ème albums de la série viennent de paraître. Il s’agit de « Persée et Méduse » et de « Cupidon et Psyché ». C’est un travail passionnant.
Et en ce moment, depuis la fin de l’été, je m’amuse avec des sorcières. Je les fais évoluer dans une forêt pour leur voler des secrets… mais chut, elles pourraient nous écouter !
Interview www.peuple-feerique.com, novembre 2008.