Fées noires & Dames sombres – Lorelei
Lorelei
Les marins allemands chantent encore la tragique histoire de Lorelei, la nixe du Rhin. Autrefois une femme amoureuse s’étant jetée dans le fleuve, son amour perdu, son innocence trahie. Aujourd’hui, un esprit errant, une sirène se vengeant des hommes en les prenant à son tour dans ses filets. Des filets qu’elle tisse d’une mélodie séductrice et de son doux visage pourvu d’yeux qui noient quiconque y plonge le regard.
Une petite embarcation dérivait sur le Rhin. Elle longeait les rives, oscillant maladroitement, portée par les courants. A son bord, un homme était allongé, vraisemblablement endormi. La barque s’engouffra dans un bras et finit par s’encastrer dans la berge. Secoué, l’homme s’éveilla. Il paraissait complètement déboussolé. Il regardait autour de lui sans reconnaître les lieux. Jetant un œil surpris à ses vêtements mouillés. Puis, au bout de quelques minutes, il descendit de l’embarcation pour prendre pied sur la berge. Il marcha longtemps avant de tomber sur des gens. Ceux-ci, à l’état misérable de l’homme, s’enquirent de sa santé. Ils lui demandèrent d’où il venait, qui était-il. Autant de questions auxquelles l’homme ne parvenait à répondre. On l’emmena à l’hôpital. Un médecin l’ausculta et ne lui trouva rien de grave. Une radiographie révéla quelque chose d’anormal, il avait de l’eau dans les poumons. De toute évidence, l’homme avait failli se noyer quelques heures plus tôt. Une enquête fut ouverte.
Au fil des jours, les pièces du puzzle se reconstituaient. La police put identifier l’homme grâce à son portrait diffusé dans la presse et au coup de téléphone d’un membre de sa famille. C’était un célibataire d’une trentaine d’années dont le sport favori était la pêche. Ceci expliquait la barque et sa présence le long du Rhin. Chose étrange, d’habitude, il ne pêchait que sur un des affluents du fleuve. Avait-il poussé son envie jusqu’à oser naviguer sur le Rhin. Sa barque s’était-elle renversée. Mais alors qui l’avait secouru ? Tant de questions restaient en suspens sans que le principal témoin ne puisse en dire davantage. L’homme avait sombré dans une douce folie. Il marmonnait sans cesse un prénom, celui de la célèbre Nixe allemande : Lorelei. Il divaguait. On le plaça dans plusieurs maisons de soin, mais à chaque fois, sa folie se faisait plus affirmée, son comportement devenait plus violent. Il se débattait, hurlait qu’il voulait rejoindre le Rhin. Enfin, on eut l’idée de le placer dans un centre en bordure du fleuve. L’homme accepta ce nouvel endroit. La fenêtre de sa chambre donnait sur le fleuve et il passait la journée, assis devant la vitre à regarder l’eau s’écouler. Il murmurait un chant que personne ne connaissait, une mélodie douce, envoûtante, très belle. Son esprit était perdu. Son cœur, lui, ne voyait qu’elle.
Personne ne l’a secouru, au contraire !
Il a été condamné à vivre le restant de ses jours dans la folie.
C’est curieux, je pensais que Lorelei le tuerait ou essaierait de le manger…
Mouais, remarque, on dit qu’elle chante et fait perdre la tête aux hommes, pas que c’est un monstre carnivore.
En tous cas, la peinture qui la représente est très belle.