Fées noires & Dames sombres – La Wyvern
La Wyvern
Qu’on s’attarde sur l’escarboucle incrustée en son front ou la beauté de son visage, la Wyvern qu’on appelle par ailleurs la Vouivre ne laisse pas indifférent l’homme qui la croise. Sous la forme d’un serpent ou d’un dragon, elle se glisse dans les eaux, son royaume, en ne s’éloignant jamais beaucoup du fabuleux trésor qu’elle garde précieusement. Elle se montre toujours dangereuse même et surtout pour celui qui l’approchera dans les lueurs d’un soir, le pauvre sombrant d’amour, rendu fou de passion pour cette créature qui retrouvera très vite sa première nature.
Un kayak descendait la rivière. A son bord, un jeune homme s’entraînait pour une compétition prochaine. Un week-end par mois, il prenait sa voiture, le kayak solidement attaché sur le toit et partait pour s’exercer sur différentes rivières. Cela le changeait du parcours qu’il empruntait les autres week-ends, celui qu’il connaissait par cœur et finissait par ne l’intéresser que pour les détails techniques. Alors que naviguer sur une nouvelle rivière, c’était mêler au sport qu’il aimait la découverte d’autres rives, d’autres paysages défilant, une faune et une flore qui l’avaient contaminé bien jeune et l’avaient amené à pratiquer ce sport. Il venait de descendre quelques kilomètres quand le soleil le décida à s’octroyer une pause. Il vit un amas rocheux sur la rive droite où il pourrait accoster et se sécher tout en déjeunant. Il souleva le kayak hors de l’eau pour le déposer sur une petite plage de galets. Récupérant le sac caché à ses pieds, il se dirigea vers un haut rocher. De là, il posait un regard sur la rivière et le pays environnant. La nature était riche de couleurs et de spectacles divers, surtout lorsqu’on la découvrait en solitaire. Il profita quelques minutes du chant des oiseaux et de l’onde en apparence calme qui s’écoulait devant lui. Puis, il plongea la main dans le sac à dos pour en sortir son déjeuner et sa gourde. Lorsqu’il eut terminé son repas, il s’allongea sur le rocher fixant les quelques nuages blancs qui traversaient le ciel. Il perçut soudain un murmure qui n’avait rien en commun avec les mélodies de l’avifaune. C’était un chant porté par une voix extraordinaire, douce, d’une fragilité cristalline qui lui figea immédiatement l’esprit tandis qu’elle lui envolait le cœur. Il se glissa doucement le long de la roche et, arrivé en son bord, vit en contrebas, une femme, nue, se baignant dans une cavité rocheuse alimentée par l’eau de la rivière. Quelque chose brillait à ses côtés. Mais pour l’instant, le jeune sportif ne pouvait détacher son regard de cette sublime beauté à la voix enchanteresse. Osant l’impensable, il se leva et descendit de son rocher pour s’approcher de la belle. Celle-ci avait interrompu son chant et fixait maintenant le jeune homme se dirigeant vers elle. Lui, au fur et à mesure de son avancée, commença à mieux percevoir l’objet qui brillait sur le rebord de cette baignoire sauvage. C’était un rubis, un énorme rubis. Il se souvint alors des légendes qui hantent les rivières. Celles contant l’existence d’une créature ancienne, d’un dragon au front orné d’une pierre précieuse rouge comme le feu et qui parfois, prend les traits d’une femme. S’arrêtant, il observa le front de la baigneuse et y perçut une cicatrice infime. Baissant les yeux vers les épaules découvertes de la fée, il y vit alors s’y dessiner sur les bras, de minuscules écailles…
Oh, on ne connaît pas la fin ?
Dommage, mais bon, on n’a plus qu’à l’imaginer, même si c’est assez facile à deviner…
En tous cas, la Wyvern est une de mes créatures magiques préférées et j’aime bien cette histoire.