L’actualité féerique !

  • La Banshee – fée ou revenante ?

    LA BANSHEE

    Fée ou revenante ?

    Si vous imaginez les fées uniquement comme de petites demoiselles insouciantes et porteuses de joie, en voici une qui vous contredira sans aucun doute ! La Banshee (ou Bean-Sidhe) est une fée irlandaise dont le chant annonce une mort prochaine. La fatale créature est le plus souvent vêtue d’une robe verte et d’un long manteau. Ses cheveux longs cachent un visage pâle aux yeux rougis d’avoir tant pleuré. Tantôt tristement belle, tantôt vieille et laide, on la voit parfois accompagnée d’un corbeau (si ce n’est pas elle-même, transformée). La légende dit que chaque famille irlandaise en possède une qui lui reste attachée. Mais le territoire des Banshee dépasse la verte Irlande. Elles hantent également les terres écossaises sous le nom de Bean Nighe et, par là, se rattachent aux lavandières, ces esprits de femmes mortes en couches. Les apercevoir, près de quelque torrent, tentant de redonner blancheur aux draps ensanglantés, annonce toujours quelque grand malheur ! De la fée à la revenante, la Banshee s’est vite vue associée à la Dame blanche de nos propres légendes, dont les apparitions les plus contemporaines semblent se faire le long de nos routes. Là aussi, les avis se partagent entre une fée bienveillante, désirant avertir l’automobiliste imprudent, ou le présage funeste d’un accident mortel.

    Si Gaston Leroux (Mister Flow, 1927), ou encore Sheridan le Fanu ont tous deux célébré la triste créature, plus récemment c’est Corto Maltèse qui tombe amoureux d’une terroriste irlandaise répondant au nom porte-malheur de Banshee (Hugo Pratt, Les Celtiques, Casterman).

    La Banshee est renommée pour son cri. Et l’on prétend que les lamentations funéraires (keen), poussées par les paysans irlandais, découleraient de ce dernier. Du cri au chant, du chant à la musique, il n’y a qu’un pas et on ne s’étonnera donc pas de voir la fée inspirer son nom à de nombreuses compositions ou formations musicales, tels que le groupe français Banshee, proposant un rock celtique festif, ou encore l’incontournable Siouxie and the Banshees. Côté cinéma, si la créature proposée dans Cry of the banshee de Gordon Hessler (1970) nous laisse sur notre faim, nous attendons avec impatience la future production Disney, The Banshee, une histoire de fantômes qui promet des merveilles…

    Terminons sur une toute autre image de cette bien intrigante fée que nous devons à Marion Zimmer Bradley dans La Romance de Ténébreuse. On y découvre de terribles oiseaux appelés Banshee, capables de paralyser leurs proies au moyen de cris terrifiants. Un lien évident avec les anciennes légendes irlandaises.

  • Edouard Brasey – interview

    Edouard Brasey

    Il était une fois le Merveilleux…

    Après Pierre Dubois, nous poursuivons nos rencontres avec les amis du petit Peuple et de l’Imaginaire. Cette fois-ci, c’est le conteur et auteur Edouard Brasey qui nous entretient des univers féeriques. Lui qui vient d’entamer un projet bien ambitieux sous la forme de l’Encyclopédie du Merveilleux aux éditions Le Pré aux Clercs.

    Né le 25 mars 1954 à Marseille, Edouard Brasey effectuera d’abord des études en politique et en droit pour opter pour les sciences-économiques lors de son passage à l’ESSEC en 1977. Tout cela le mène à travailler dans un cabinet d’audit américain, puis, très vite, à devenir journaliste économique et enfin journaliste littéraire pour le magazine Lire. C’était sans compter sur les fées qui allaient lui suggérer d’emprunter un autre chemin. Titulaire d’un DEA en études cinématographiques en 1984, et fort de son expérience de journaliste, Edouard Brasey passe à l’écriture d’essais divers et se révèle dans une autre passion : l’art de conter. Si le conte le mène à rencontrer le public lors de nombreux spectacles, la plume l’entraîne dans le tourbillon de Faerie avec une première Enquête sur l’existence des fées et des esprits de la nature (Filipachi 1996, J’ai Lu 1998). Mais on le connaît surtout pour la collection l’Univers féerique chez Pygmalion ainsi que pour Le guide du Chasseur de fées (Le Pré aux Clercs, 2005). Et voilà que cette même année allait aboutir, avec la parution en octobre 2005, à l’Encyclopédie du Merveilleux.

     

    Peuples de la lumière

    Peuples de la LumièreLe premier volume de cette encyclopédie parue aux éditions Le Pré aux Clercs porte sur les peuples de la lumière. Anges, fées, elfes, nains, djinns et nymphes se partagent les nombreuses pages bien documentées, parsemées d’anecdotes. A ce premier tome feront suite des volumes consacrés à un bestiaire féerique, aux peuples de l’ombre , aux héros, aux lieux de légendes, aux objets. Un sixième et dernier tome prévu devrait faire la part belle aux auteurs de l’Imaginaire. Une œuvre colossale qui garnira bientôt toutes les bibliothèques des passionnés de merveilleux, de fantasy et de féerie.

    La magie de Sandrine Gestin

    Cerise sur le gâteau, un soin particulier a été apporté à la maquette et aux illustrations. Sur des pages imitant le parchemin, une très jolie iconographie mêlant tableaux de maître et esquisses diverses. Le livre a également bénéficié du talent de Sandrine Gestin, reconnue aujourd’hui comme l’une des meilleures illustratrices de l’Imaginaire avec une prédilection pour les êtres de lumière. Autant dire que l’accord pour ce premier volume est parfait.

    La parole au conteur

    Laissons maintenant l’auteur de cette ravissante encyclopédie répondre aux quelques questions que nous avons voulu lui poser…

    Comment est née votre passion pour l’Imaginaire ?
    Edouard Brasey : Je crois que j’ai toujours considéré l’Imaginaire non pas comme un refuge ou une évasion, mais comme l’intégralité du Réel, dont ce que nous nommons « réel » n’est qu’une petite succursale, celle où nous vivons… La présence de l’invisible me semble une réalité incontestable, une nécessité. Il y a quelques années, un journaliste sceptique avait demandé à Jeanne Moreau, alors qu’elle avait joué le rôle d’une fée dans un film, si elle croyait à l’existence des fées. Elle répondit, superbe: « J’y crois plus qu’à la vôtre… »

    Sur votre site, on propose un voyage conté en Afrique du Nord. Une terre particulièrement riche en contes ?
    Oui, bien sûr. Dans le désert, on raconte encore comme il y a deux mille ans. J’ai raconté dans le désert blanc d’Egypte au coucher du soleil, pour un groupe de Français, mais les chameliers égyptiens écoutaient. Même s’ils ne comprenaient pas notre langue, ils m’ont remercié à la fin et m’ont qualifié du terme de « vieil homme ». Ce qui pour eux voulait dire: « le sage », celui qui a suffisamment vécu pour raconter des histoires. C’était un beau compliment qui m’a beaucoup touché…

    Après plusieurs ouvrages sur les créatures féeriques chez Pygmalion, voilà que les éditions du Pré aux Clercs vous confie un projet plutôt ambitieux: une véritable Encyclopédie du Merveilleux. En quelques mots comment définissez-vous ce terme « Merveilleux » ? On pense de prime abord aux fées mais un des tomes portera sur les ombres dont le vampire… A prendre dans un sens très large dans ce cas ?
    Je définis le Merveilleux comme la présence permanente du miraculeux et du magique dans notre vie,

    Le Bestiaire fantastiquecontrairement au fantastique qui suppose l’ingérence d’un surnaturel inquiétant dans le réel. Cela dit, vous avez raison de souligner que je vais consacrer un tome de l’Encyclopédie du Merveilleux à des créatures liées plutôt au fantastique! Mais au-delà des genres, l’idée est en effet de brosser un inventaire le plus complet et exhaustif possible de ce que l’on appelle l’Imaginaire: les êtres de Féerie, les vampires et démons, les trésors et objets magiques, les lieux imaginaires et îles enchantées, les héros et personnages, les créateurs… Cela n’a jamais été fait, en France du moins. Et cela manquait cruellement…

    Le terme « encyclopédie » fait de suite penser à celles de Pierre Dubois ou encore aux ouvrages universitaires de Claude Lecouteux. En quoi la vôtre est-elle semblable ou différente ?
    Je connais bien Pierre Dubois, qui est un ami, ainsi que Claude Lecouteux. Ce dernier est un pur universitaire. Celui-là est un poète, qui prend beaucoup de libertés avec ses sources documentaires en brodant à sa manière. Disons que je me situe modestement à mi-chemin, en essayant de concilier la rigueur de la recherche et le sérieux de la documentation avec une volonté de lisibilité, de clarté, voire d’humour. Je m’adresse à un public curieux de Fantasy ou de mythologie et qui désire savoir d’où viennent toutes ces croyances, à quelles sources elles s’alimentent… Tout en se divertissant.

    N’est-ce pas un peu paradoxal pour un conteur d’écrire des encyclopédies ? Pour un inventeur d’histoires de choisir des définitions précises ? Les dictionnaires et encyclopédies ne sont-ils pas des outils qui limitent l’imaginaire ?
    Au contraire! Car les sources auxquelles je me réfère sont vivantes: il s’agit de la tradition des légendes, des contes, des mythes, du folklore, que l’on trouve dans les livres, bien sûr, mais qui viennent avant tout de la tradition orale… Conter le monde féerique ou l’inventorier dans une encyclopédie correspond pour moi à deux aspects indispensables et complémentaires…

    Peut-on espérer un ancrage actuel dans un des tomes de cette encyclopédie, une sorte d’état des lieux d’aujourd’hui ?
    Oui, bien sûr. Nous avons prévu un tome sur les créateurs d’hier et d’aujourd’hui. Il y aura Tolkien, bien sûr, mais aussi les auteurs contemporains et les illustrateurs.

    L’illustration et la maquette sont très réussies… Sandrine Gestin fut véritablement un choix judicieux. Une volonté de proposer un bel objet ?
    Je connaissais Sandrine pour l’avoir rencontrée il y a quelques années au Salon du Livre de Figeac consacré au Fantastique. J’ai proposé son nom à l’éditeur, nous l’avons contactée et elle a accepté avec enthousiasme. Elle a notamment créé tous les croquis, une façon de dire: ce sont des êtres invisibles, on n’a pas le temps de les peindre, ils ne posent pas assez longtemps! Oui, nous avons voulu reproduire l’esprit des ouvrages médiévaux somptueusement enluminés. D’où le choix également du papier couleur de parchemin…

    On parle d’un succès pour l’imaginaire féerique ces dernières années en France. Comment expliquez-vous cette arrivée tardive et assez timide alors que ce n’est pas le cas dans la culture anglophone, par exemple ?
    Nous avons beaucoup de retard par rapport aux Anglo-Saxons, qui baignent véritablement dans cette culture. Nous autres Latins à culture cartésienne avons plus de difficultés avec le monde de Féerie. Pourtant, il s’agit de nos racines culturelles! Mais je crois qu’à présent le pli est pris, et on peut parler des fées et des elfes sans passer pour un illuminé…

    Vous qui êtes conteur et auteur, pensez-vous que l’Imaginaire doit être d’abord lu ou d’abord vécu ?
    C’est la même chose. On peut le lire et en rêver, ou le vivre et se reporter ensuite à des livres. C’est à chacun de suivre son propre chemin…

    Quels sont vos propres ouvrages de référence ?
    Parmi les collecteurs de légendes et mythes, Sébillot, Seignolle, tous les folkloristes du XIXe siècle, mais aussi Katrine Briggs, qui a publié de nombreuses encyclopédies de la Féerie en anglais. Parmi les romanciers, Arthur Machen, Charles Nodier, Anatole France…

    Pour terminer, votre plus beau souvenir de Faerie ?
    Alors que je faisais mes recherches sur la Féerie pour mon premier livre sur le sujet, Enquête sur l’existence des fées et des esprits de la nature, publié en 1996 (réedité chez J’ai Lu), j’allais souvent à la Bibliothèque Nationale de la rue de Richelieu à Paris. A plusieurs reprises, à des heures et des places très différentes, je sentais un fort parfum de lis. Ce ne pouvait pas être une voisine trop parfumée ni un système de diffusion d’odeurs inexistant dans cette vieille salle boisée surmontée d’une coupole. Alors je me suis dit qu’il s’agissait du parfum de la fée de la Bibliothèque Nationale, qui venait ainsi m’encourager… C’est un parfum délicieux, que je n’ai plus senti nulle part depuis, mais qui, étrangement, ressemble sans doute au parfum de lis qui, selon les témoignages, accompagne les apparitions mariales…

    Pour tout suivre de l’actualité d’Edouard Brasey, il vous suffit de vous rendre sur son BLOG

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  • Les Nutons

    Nous voici en route pour les forêts belges… Les Nutons sont d’aimables créatures rendant nombre de services aux hommes respectant leur habitat et leurs coutumes. C’est en effet au plus profond du Royaume de Belgique que se terrent ces êtres timides et de petite taille, qui sont avant tout d’excellents bricoleurs ! Habiles de leurs mains, ils vous réparent tantôt votre vieille chaussure toute trouée, tantôt votre clé bien rouillée.

    Côté habitat, les nutons vivent dans des grottes, qu’on appelle d’ailleurs trous de Nutons, au milieu de forêts ou dans les rochers. C’est en ces endroits même qu’ils travaillent à réparer des centaines de souliers dans l’atelier que comporte chaque habitation de nuton qui se respecte. Si vous vous baladez de ce côté boisé de Belgique, et que le malheur veuille que vos escarpins subissent quelque tort, il vous suffirait de les déposer près d’un trou de nutons pour les récupérer comme neufs dès le lendemain matin. Pour tout paiement, les nutons raffolent d’une belle et bonne tranche de pain frais couverte de miel ou de confiture de groseille. Rien ne peut leur faire plus plaisir. Certains prétendent encore que ces petites créatures ne rechignent pas devant les mets fumés et autres saucissons qui ont fait la réputation gastronomique des contrées ardennaises.

    Sous leur chapeau rouge et pointu, leur visage jovial inspire confiance mais leur regard malicieux en dit long sur certaines facéties qu’ils peuvent vous faire… Quoiqu’il en soit leur réputation n’est plus à faire dans la région d’Houffalize et c’est tout naturellement vers leur patronyme qu’une joyeuse bande de fêtards se sont tournés pour créer l’Académie des Nutons qui organise de sympathiques manifestations autour de Faerie (www.nutons.be).

    On raconte aussi que ces petits bougres sont à l’origine d’une recette de terrine au secret bien gardé. Malgré tout, certains humains seraient parvenus à leur dérober la recette et à commercialiser ce pâté dans nombre d’épiceries de Belgique et d’ailleurs…

     

  • L’Auberge du bout du monde – Patrick Prugne, Tiburce Oger, Editions Casterman

    L’Auberge du bout du monde

    Le premier tome de l’Auberge du bout du monde

    En août 2004, Tiburce Oger et Patrick Prugne nous gratifiaient d’un album plein de poésie nous plongeant dans une sombre auberge de Bretagne en l’an 1884 où un écrivain en mal d’inspiration allait recueillir un secret terrible.

    Edgar de St Preux est un écrivain venu chercher l’inspiration au bout du monde, plus précisément dans une vieille auberge de Bretagne. L’aubergiste, au seuil de la mort, lui conte alors l’histoire poignante d’Iréna, jeune fille disparue en 1822. L’assassinat de la mère de la disparue et la réapparition d’Iréna des années plus tard sont au cœur d’une tragédie insoupçonnée qui frappera le village de Trébernec, aujourd’hui vidé de ses habitants.

    Le scénario de Tiburce Oger est magnifiquement ficelé. Le romantisme mêlé à la tragédie constitue un fond solide à cette histoire où le dessin de Patrick Prugne apporte la forme adéquate. On ressent une forte complicité entre les deux auteurs comme le dessinateur nous le confirme : « Pour ce qui est de la rencontre avec Tiburce, cela s’est fait par le plus pur des hasards. En 1990, j’obtiens le Prix Avenir à Angoulême, Tiburce obtient ce même prix l’année suivante. Nous devions donc nous rencontrer! Merci le Festival. Depuis, nous avons toujours gardé d’étroits contacts et avons toujours eu envie de travailler ensemble jusqu’au jour ou ce souhait s’est réalisé avec l’Auberge du bout du Monde. Je reconnais qu’avant tout, cette histoire est écrite pour moi, c’est vraiment du « sur mesure » que m’a écrit Tiburce. C’est vraiment une pièce d’orfèvrerie ».

    L’histoire baigne dans un siècle de légendes et de contes fantastiques. Ici aussi, le dessinateur parvient à construire le décor idéal « Le jour où j’ai découvert l’histoire, je me suis vraiment senti plonger dans cette atmosphère rurale du 19ème. J’ai retrouvé la même sensation que dans les romans de Dickens ou Stevenson où les ambiances collent à la peau et où il ne manque même pas l’odeur. C’était donc à moi d’essayer de retranscrire toutes ces émotions sur du papier aquarelle… La musique du film en quelque sorte ». Un dessin réussi, qui par l’ambiance, les décors, les créatures mystérieuses, presque invisibles, vient épouser le charme incontestable des deux héros. Patrick Prugne : « A propos du charisme de Yann et Iréna, il vient justement de leur amour et puis ça, c’est le côté romantique de Tiburce, le vrai, celui qu’engendre souvent la douleur… ». Et c’est bien de douleur qu’il s’agit ici. Les deux auteurs ont réussi à signer une œuvre forte, marquante. Une belle tragédie flirtant avec le petit peuple légendaire.

    Patrick Prugne a refusé de nous dévoiler le moindre élément du tome 2. Qu’importe, en février prochain, nous serons aux premières loges pour écouter la suite du récit du vieil aubergiste et suivre de près le destin d’Iréna et de Yann !

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  • Ellezelles, village de l'étrange

    Une oeuvre de lartiste Watkyne, créateur du sentier de létrange à Ellezelles
    Une oeuvre de l'artiste Watkyne, créateur du sentier de l'étrange à Ellezelles

    Petit village perdu dans le Hainaut, à la frontière linguistique séparant la Wallonie francophone de la flandre néerlandophone, Ellezelles est riche de légendes, de paysages fabuleux et de promenades insolites.

    Ellezelles est un village de 3000 habitants, situé en Belgique, dans le Hainaut près de la ville d’Ath. La particularité de ce village est son folklore qui lui vaut d’être connu jusqu’au dehors des frontières belges. Un folklore qui a été spécialement développé par une des figures marquantes de sa population: l’artiste-peintre Watkyne, de son vrai nom Jacques Vandewattyne, qui nous a malheureusement quitté il y a peu, en juin dernier. Ellezelles tire son folklore de son passé mais surtout de légendes réactualisées.

    Le Village perdu dans le Pays des Collines fut le témoin des brigandages du célèbre Sandôu, il vit s’élever et tomber bon nombre de forteresses et de châteaux (Château d’Hubermont, château de Nieubourg, château des Comtes, ce dernier fut habité par le Comte Lamoral d’Egmont qui fut décapité sur la grand-place de Bruxelles avec le Comte de Hornes en 1568).

    Ellezelles est un village où le folklore fait honneur aux artisans et à la nature par son superbe Ecomusée. Village où « Les moulins tournent encore… » comme le Moulin du Cat Sauvage, qui déploie ses ailes et nourrissait de ses fruits une populace encore aujourd’hui bien sympathique.

    Village, enfin, hanté de légendes et de contes anciens. …Où, quelquefois, sous la pâleur de la pleine lune, on voit voler des ombres singulières. Toutes ces ombres se rendent avec furie au Sabbat où les attend leur maître.

    Ces ombres ne sont rien d’autres que des… SORCIERES !

    Un nom: Watkyne !

    Jacques Vandewattyne a lancé en 1974 le manifeste du Folk Art. Les revendications du mouvement artistique étaient la mise en valeur et la transmission des traditions populaires. Sculpteur, conteur, peintre, restaurateur, Watkyne (pseudonyme de l’artiste) a contribué toute sa vie à la renommée folklorique de son pays d’Ellezelles. Il est l’initiateur de la première foire aux artisans (1970), concept repris depuis par l’ensemble de la région. C’est lui qui y fit revenir les Sorcières en 1972, attribuant par là à Ellezelles la marque de l’Etrange. C’est lui aussi qui permit au moulin du Cat Sauvage de faire tourner à nouveau fièrement ses ailes. Depuis 1984, un mystérieux sentier a vu le jour, parsemé des œuvres diaboliquement bien réussies de Watkyne. Si, aujourd’hui, Ellezelles a cette renommée fantastique, c’est certainement grâce à ce passionné de traditions que certains prétendent avoir vu courir en tête des sorcières au Sabbat. Mais ne faut-il pas être un peu sorcier soi-même pour faire naître et renaître tant de choses ?

    Ellezelles, un pays fantastique…

    Outre les activités folkloriques qui continuent de se manifester aujourd’hui, le village d’Ellezelles est principalement connu pour son cadre étrange, pour ses paysages de collines parsemées d’arbres-têtards et de masures inquiétantes, et pour sa bière Quintine, dont le nom n’est autre que celui d’une sorcière condamnée en 1610.

    Ellezelles est également le lieu d’inspiration de nombreux artistes, peintres et écrivains. De nombreuses expositions autour de thèmes réalistes mais également imaginaires ont lieu au village. Parmi tous les artistes citons le nom de Christian Pieman, élève spirituel de Jacques Vandewattyne et continuateur de son œuvre lorsque ce dernier peint avec talent de terribles scènes de sorcellerie.

    Et depuis 1996, c’est également à Ellezelles que se trouve notre Association Anthêsis dont l’objet principal est de promouvoir les auteurs fantastiques…

    Ainsi, peinture, littérature, sculpture…Tous les arts de l’Etrange se rassemblent en un lieu magique protégé de collines boisées et baigné dans une atmosphère propice aux créations les plus inquiétantes…

    Le sentier de l’étrange

    C’est en 1984 que fut inauguré un sentier de promenade à Ellezelles qui vaut le détour. Parsemé des œuvres de Jacques Vandewattyne, le sentier traverse le village et nous fait découvrir curiosités historiques et folkloriques. On peut y rencontrer un diable au violon, qui, dit-on, les nuits de pleine lune fait danser toutes les créatures de fer et de pierre, les entraînant dans une ronde infernale… Ailleurs, on découvre un sympathique petit Hercule Poirot (il paraît que ce dernier serait né dans la localité…), la célèbre sorcière Quintine, qui effleurée en prononçant la formule magique « Houp, houp, riki, rikète, padzeur les haies èt les bouchons vole au diâle èt co pu lon »réalisera tous vos vœux (bien entendu, la formule est à prononcer avec l’accent!). Enfin, vous irez encore à la rencontre des Sylphes, d’un vert bouc, etc. Sans oublier la fameuse « Eul Pichoûre », une affreuse sorcière qui nous joue bien des tours! Glissez une petite pièce dans la boîte à ses côtés et vous aurez une bien mauvaise surprise…trempée! Le sentier vous invite également à consommer la bière Quintine avec un bon morceau de tarte à maton. C’est là une occasion unique de parcourir la campagne, d’y voir se dévoiler à nos yeux de superbes vues du village et de ses environs. Et quel plaisir de retrouver à quelques endroits ces étranges personnages sculptés qui mettent une touche insolite à cette promenade !

    Une promenade unique en son genre qui attire de nombreux curieux et laisse toujours une impression agréable.

    On n’oubliera pas de repartir dans nos foyers en emportant des produits régionaux ou des sorcières faites de bois et de chiffons, qui, une fois installées sur notre cheminée, nous rappellerons ce pays bien étrange. Surtout, on n’oubliera pas ces arbres aux formes humaines, les chokes, arbres-têtards, qui parsèment la campagne ellezelloise et lui donnent un aspect unique. On se rappellera la gentillesse des habitants et leur attachement tout particulier pour un folklore unique en son genre. Et on n’oubliera certainement pas la personne qui fut au centre du développement de ce folklore, celle par qui tout arriva, qui donna à Ellezelles ses curiosités et ses plus belles manifestations folkloriques. Non, Monsieur Vandewattyne, on ne vous oubliera jamais.

    A noter également que Nienna a fait une partie de ses photos de son livre « Forest Faeries » dans le village d’Ellezelles et le long du sentier de l’étrange. Découvrez en plus sur ce livre sur le site de la collection Estragon

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