Étiquette : Richard Ely

  • En dédicace à la Foire du Livre de Bruxelles 2017

    En dédicace à la Foire du Livre de Bruxelles 2017

    Je serai heureux de vous croiser à la Foire du Livre de Bruxelles 2017, le samedi 11 mars de 14h à 18h. J’y dédicacerai Merveilles & Légendes des Forêts enchantées sur le stand des éditions Au Bord des Continents. N’hésitez pas à passer pour échanger un petit moment autour des fées !

  • Fées noires & Dames sombres – La dame verte de Caerphilly

    La dame verte de Caerphilly

    dame_verte
    © Pascal Izac

     

    C’est sous la forme de lierre grimpant qu’apparaissent les traits de la Dame verte de Caerphilly. Nombreux sont les témoins qui ont aperçu au travers du feuillage serré les yeux fascinants de la fée, la silhouette de ses formes. Elle, autrefois belle et aimante grande Dame, trop aimante sans doute, ce qui provoqua sa chute et la malédiction de son époux.

     

    Pour qui découvre pour la première fois le château de Caerphilly, celui-ci ne peut que s’étonner de cette tour qui penche et menace à tout moment de s’effondrer. A côté de cette curiosité due à l’attaque des troupes de Cromwell, la forteresse bâtie par Gilbert de Clare tient toujours debout. Mais il existe une autre curiosité bien plus étrange qui se murmure de bouche à oreille dans le pays. On y raconte que la belle Alice d’Angoulême serait revenue de son exil ou de sa mort pour hanter les lieux…

    C’est au retour de la visite de ce château qu’Edouard V., l’un de mes amis les plus chers, me rapporta l’étrange phénomène dont il fut le témoin. Il était venu au château de Caerphilly accompagné de quelques connaissances tout aussi férues d’histoire anglaise qu’il l’était. Le plus important château médiéval d’Angleterre, après celui de Windsor, ne pouvait qu’attirer la curiosité de mon ami Edouard qui y vit là une belle occasion de revoir ses connaissances de cette période anglaise riche en batailles et changements. Avant sa visite, il était déjà bien au courant de la légende mettant en scène ce fantôme féminin qui rôdait dans les parages de la place forte. Cette petite histoire des plus croustillantes l’avait même poussé à en parler ouvertement avec leur guide qui se limita à en retracer l’essentiel. Une histoire d’amour, une infidélité et la rivalité entre deux hommes que tout opposait. L’un, fabuleux guerrier au corps robuste et doté d’une maladresse de sentiments commun à la plupart des gens brusques. L’autre, un dandy aimant, doué pour les caresses et les compliments, choses devant lesquelles les dames finissent toujours par succomber, bien plus que devant bravoure et coups d’épées. Quoiqu’en disent les romans d’aventure, la rose sera toujours plus agréable que la sueur, le doux mot poétique pourfendra toujours plus de cœurs. Mais la force unie à la colère frappent souvent et le malheur toujours se répand. Voilà la mie veuve de son amant, poursuivie des sbires d’un mari trompé. Les siècles ont passé, la jouvencelle rampe, dit-on, le long des murs de Caerphilly, Dame verte, fantôme gris.

    Le récit du guide avait presque endormi mon cher Edouard quand il se décida à quitter discrètement la compagnie de celui-ci pour s’aventurer le long des remparts. C’est là, qu’au détour d’une muraille, il vit aussi distinctement que je vous vois, un tissu de lierre trembler. La chose n’eut été pour le moins peu étonnante s’il n’y avait eu ce soir-là aucun vent. Se rapprochant au plus près, tentant d’apercevoir quel animal, oiseau ou gardien s’amusait à secouer ainsi le végétal, Edouard aperçut dans l’entrelacement des branches, la forme d’un corps. Se matérialisa devant ses yeux, la fameuse Dame verte de Caerphilly tentant à maintes reprises de se saisir de mon ami, faisant jaillir les traits d’un beau visage plaqué de feuilles et de brindilles. C’était comme si l’être essayait de sortir du lierre, pour prendre forme humaine. L’hallucination ne dura que quelques minutes, mais marqua durablement l’esprit de mon ami qui eut toutes les peines du monde à dormir cette nuit-là et bien des nuits suivantes.

  • Fées noires & Dames sombres – La Groac’h

    La Groac’h

    groach
    © Pascal Izac

    Fée bretonne des eaux, la Groac’h vit dans de sombres cavernes maritimes. Elle apparait sous de multiples formes. Tantôt jeune et belle afin de séduire les hommes et les transformer en poissons, tantôt vieille, laide, pourvue d’une bouche énorme ornée de dents de morse pour éloigner à jamais tout curieux de son précieux territoire.

     

    A chaque fois que le vieux Paul descendait sur la plage, on pouvait être sûr qu’il en revenait avec un objet curieux, un galet percé ou un bouquet d’algues aussi invraisemblable qu’indéniablement joli à sa façon. Cela durait depuis tant d’années que nul ne s’étonnait plus de ces présents amassés sur la plage et qui manifestement lui étaient destinés. Cela commença en réalité bien tôt. Le vieux gardien de phare aujourd’hui retraité venait d’entrer en fonction, il y a plus d’un demi-siècle maintenant. La première fois, il s’était endormi sur la plage. Quand il s’était réveillé, il avait trouvé posé à côté de lui, un collier de coquillages. Sur la plage, il n’y avait pas la moindre trace de pas mis à part les siens. Il avait pensé à un tour joué par quelque garnement et n’y avait attaché que peu d’importance jusqu’à ce que les jours suivants, à chaque descente sur la plage, il ne trouve un cadeau. Cela variait d’une dent de phoque à un panier de poissons. Il y eut même une fois, un petit caillou d’or qui permit au jeune homme d’alors de s’acheter une maison. C’est pourquoi il ne se passait plus une semaine sans que Paul ne se rende à la plage. On avait bien tenté d’apercevoir qui lui offrait toutes ces choses, un farfelu avait même eu l’idée de poser une caméra et de filmer Paul sur la plage sans que le défilement du film enregistré ne puisse faire comprendre comment l’homme avait reçu cette petite clochette dorée dont le tintement rendait un son que personne ne pouvait décrire. Il y avait là quelque chose de magique ou de sorcier ! Les langues allèrent bon train. Un enfant prétendait avoir croisé sur cette même plage, une magnifique jeune-femme toute de rouge vêtue. Un autre, une vieille édentée un peu folle habillée de noir. Les pêcheurs qui longeaient le rivage de ce côté parlaient d’un morse ou d’un phoque au comportement bizarre tandis que les anciens du village évoquaient les fées. Qu’importe ! Jean descendit chaque semaine sur cette plage enchantée pour y venir quérir l’objet insolite. Un jeu qui durait maintenant depuis cinquante ans. Sans que jamais personne n’en comprenne le sens ni n’en devine le coupable donateur.

    Mais voilà que le Jean, cette semaine ne passa pas devant l’estaminet qui bordait le chemin menant aux galets. Les uns après les autres, les villageois jetaient un œil inquiet vers le sable, étonnés de n’y point voir arriver leur ancien gardien de phare. N’y tenant plus, une délégation se rendit au domicile du vieux Jean. On découvrit son corps raide, couché dans son lit. Dans la main droite, une jolie pierre bleue, un cristal comme on en trouvait parfois, rejetés par la mer. Un morceau de verre poli par les vagues. Et sur son visage, la trace d’un sourire… On décida de mettre le corps de Jean dans le vieux cimetière, près de la plage qu’il aimait temps. Quant à son âme, il se murmure qu’elle fut emmenée par une Groac’h, cette vieille fée qui des années durant, s’était entichée du brave Jean.

     

  • Fées noires & Dames sombres – Jenny Dents vertes

    Jenny Dents vertes

    jenny
    © Pascal Izac

     

    La Dame croquemitaine associée aux eaux tumultueuses anglaises, Jenny aux dents vertes, porte différents noms suivant les régions. Jinny dans le Lancashire, Wicked Jenny dans le Shropshire. Cette fée aquatique dont la chevelure couverte d’algues est aussi verte que sa peau et ses dents représente un réel danger pour les plus jeunes autant que pour les plus âgés. Pour l’éviter, un seul mot d’ordre : tenez-vous éloigné des berges !

     

    Le petit John n’était pas des plus obéissants. Il passait son temps à braver l’interdit. Du haut de ses six ans, rien ne semblait lui faire peur. Ni les punitions répétées, ni les menaces et encore moins toutes ces légendes et superstitions sensées le tenir à l’écart des endroits dangereux. C’est ainsi qu’un jour, malgré les mises en garde de sa nannie, il se mit en tête de quitter l’enceinte bienveillante du jardin familial pour aller se promener du côté de la rivière. Pourtant, sa grand-mère lui avait conté la mésaventure de ces jeunes imprudents qui avaient rencontré sur le chemin de la rivière, la mauvaise fée Jenny Greenteeth. Celle-ci se dissimulait dans les roseaux, attendant patiemment qu’un petit effronté comme l’était Johnny, vienne à s’approcher. Alors, la fée bondissait de sa cachette et de ses griffes acérées s’emparait du garnement pour l’emporter au fond des eaux. Mais John n’avait pas peur de ces sornettes. Des sorcières, il n’en avait jamais rencontrées. Des fées, ça n’existait pas et encore moins des vertes aux dents pointues. C’était encore des menaces en l’air, des histoires pour les petits enfants craintifs.

    Le garçon était arrivé près de la rivière. Il scrutait avec attention les berges ne sachant pas vraiment ce qu’il y cherchait. Les paroles de la grand-mère lui revenaient sans cesse dans la tête. L’assurance qui l’avait toujours accompagnée jusque-là faiblissait. Brusquement, il crut percevoir un mouvement de ce côté-ci de la rivière. A travers l’amas de roseaux, deux yeux le fixaient. Deux boules noires encadrées par une filasse verte. Un peu plus bas se dessinait une bouche, une bouche énorme de laquelle pointaient des crocs acérés. Il voyait maintenant, caché dans les végétaux, le corps spongieux et difforme de la mauvaise fée. C’était elle, Jenny ! Elle attendait qu’il s’approche encore un peu pour se saisir de lui. L’enfant tressaillit et, d’un coup, fit volte-face, s’engouffrant dans le chemin qui menait à sa demeure, fuyant à toutes jambes ce monstre tapi dans l’ombre de la berge qui en voulait à sa jeune vie. Ce soir-là, Johnny ne dit rien. Pas un mot. Et jamais depuis, on eut à répéter une seule menace.

  • Fées noires & Dames sombres – Leannán sí

    La leannán sí

    leanan
    © Pascal Izac

     

    Qui rencontre une leannán sí ne peut qu’être séduit par cette ténébreuse beauté. Si elle vous emprisonne le cœur, en retour, elle libère l’esprit. Muse parfaite, sa présence à vos côtés pousse à la créativité. Attirée par le poète naissant, le jeune peintre ou l’artiste en ses débuts, elle offre gloire et inspiration à ceux-ci en échange de leur vie. L’immortalité de l’œuvre n’a de pendant que la brièveté du souffle de son créateur.

     

     

    La galerie d’art n’avait jamais connu autant d’affluence. La foule se pressait pour découvrir les œuvres exposées ce jour. Il faut dire que la part de mystère qui les entourait avait fait couler beaucoup d’encre dans la presse. Un homme avait découvert les tableaux dans une vieille maison qu’il venait d’acquérir en vente publique. L’ancien propriétaire n’avait pas d’héritier. C’était un homme solitaire, qui parlait peu et qui avait toujours habité seul, d’après les habitants du village. La découverte des toiles avait été une véritable surprise pour le nouveau propriétaire. Il ne s’y connaissait pas vraiment en peinture, mais ce qu’il avait devant les yeux était si envoûtant qu’il se douta immédiatement de la valeur des tableaux. Il en embarqua un et choisit de le montrer à une galerie d’art de la ville voisine. Le directeur de la galerie n’avait jamais rien vu de tel. Il appela un de ses confrères et une heure plus tard les deux experts parlaient en gesticulant et d’une voix forte de la merveilleuse beauté qui se dégageait d’un tel chef d’œuvre. D’autres experts furent appelés encore et une galerie se porta acquéreuse de l’ensemble des tableaux à un prix qui permettait au propriétaire des lieux de jouir d’une existence tranquille pour le reste de sa vie. La collection fut alors soumise aux plus grandes analyses, on vit passer des reproductions dans les magazines spécialisés d’abord, dans les médias de masse ensuite, tellement l’émerveillement devant ces portraits provoquait de sentiments. Car chaque tableau représentait toujours la même femme, insaisissable, trouble, mais dont les traits dessinés reflétaient l’image de la beauté la plus pure qui soit. On se mit à rechercher l’histoire du peintre. On ne trouva trace de lui que dans sa prime jeunesse. Des études artistiques, son installation dans la campagne irlandaise. Un long voyage en Ecosse, dans les îles anglaises et puis, à vingt ans à peine, une vie de reclus. Mais le point le plus intrigant de son histoire était qu’il n’y avait nulle trace d’un modèle. Qui était la femme représentée dans les portraits ? Etait-elle née de son imagination ? La maîtrise parfaite du modèle ne semblait pas épouser cette piste. Une muse secrète, une femme entraperçue au village ? Les explications les plus farfelues allèrent bon train. C’était le souvenir d’une mère défunte, d’une sœur ? Un fantôme ou une fée qui lui rendait visite ? Jamais on ne put percer le mystère. A voir les visages des visiteurs de l’exposition d’aujourd’hui, une chose semble certaine, la femme des portraits possédait un pouvoir d’attraction sans nul autre pareil.

     

     

Suivez les fées !

Abonnez-vous pour ne rien manquer...