Étiquette : Richard Ely

  • Fées noires & Dames sombres – Kitsune

    Fées noires & Dames sombres – Kitsune

    Kitsune

    Esprit séducteur, le renard Kitsune prend la forme d’une jeune femme rencontrée au hasard des chemins et dont la beauté s’empare du cœur solitaire. Usant de subterfuges pour dissimuler sa queue qui trahit sa nature magique et animale, la Kitsune finira bien tôt ou tard à perdre en vigilance. Fuyant la découverte de son amant, la fée reprendra alors les traits du renard pour disparaitre, laissant l’homme seul et le cœur brisé…

    Screen Shot 2016-02-02 at 17.33.17

    La jeune femme marchait tranquillement sous les cerisiers en fleurs. Une pluie de pétales roses tourbillonnait autour d’elle, lui ouvrant le passage dans cette allée des Temples. Le jeune moine observait la scène, troublé en sa méditation par l’apparition. Il ne pouvait détacher les yeux de cette magnifique jeune femme qui déambulait et à qui la nature semblait ouvrir les bras. Quand il réalisa qu’elle venait dans sa direction, il était déjà trop tard pour fuir, pour esquiver cette tentation, cette épreuve que les dieux lui envoyaient sans aucun doute. Elle sourit et un autre monde s’ouvrit à l’esprit du jeune moine. Autour de lui, le monde dansait. Les visions vinrent ensuite. Des souvenirs de son enfance heureuse dans un petit village du nord du Japon, coupé de la réalité des villes, plongé dans une campagne où le temps ne semblait pas avoir de prise. Seules importaient les saisons. Un autre songe l’emmena dans une maison étrangère. Une femme était couchée à ses côtés, endormie. Dans la chambre d’à côté, à travers les cloisons, il percevait des rires étouffés. Des rires d’enfants. Les rêves se succédaient lui renvoyant des possibles qui se mélangeaient allègrement à des souvenirs heureux. Au-delà des hallucinations, il percevait un doux murmure, un chant qui le berçait et l’entraînait davantage dans un sommeil éveillé. C’était la fée, apparue quelques instants plus tôt qui fredonnait ce chant magique, cette mélodie hypnotique et se moquait du moine, faisant vaciller ses certitudes, basculant en quelques secondes des années de méditation, de gestes répétés méthodiquement, d’habitudes ancrées en une soif de vie et d’aventure, de rencontre et de désir. Elle était tentation.

    Le moine ferma les yeux. Il se mit à réciter un mantra de concentration, se rappelant les bons conseils des maîtres et chassant de ses pensées l’impureté d’une vie trop matérielle. Lorsqu’il ouvrit les yeux bien plus tard, une pluie fine tombait depuis le ciel bleu. La femme avait disparu. Sur le chemin des cerisiers, un renard trottinait.

     

  • Merveilles & Légendes des Amours Enchantés

    Merveilles & Légendes des Amours Enchantés

    J’ai le grand plaisir de vous annoncer la sortie de mon dernier livre : Merveilles & Légendes des Amours Enchantés.

    Vous y trouverez 10 récits merveilleux autour des diverses facettes de l’amour, des textes superbement illustrés par Sandrine Gestin.

     

     

    Car les Fées sont Amour

    Des histoires extraordinaires, de sublimes illustrations. La passion de deux amants ; l’amour inconditionnel d’une mère pour son enfant ; la beauté indescriptible d’une rencontre ; la bienveillance gigantesque d’un être féerique pour la nature…

    Découvrez l’amour sous toutes ses facettes dans ce recueil rêvé et enchanté qui fera vibrer votre cœur de passion en romance.

    Merveilles et Légendes des Amours Enchantés – Textes : Richard Ely – Illustrations : Sandrine Gestin – Éditions Au Bord des Continents

    DISPONIBLE EN LIBRAIRIE A PARTIR DU 28 MARS 2018

     

  • Fées noires & Dames sombres – Ieles

    Fées noires & Dames sombres – Ieles

    Ieles

    Dans les forêts de l’Est, au bord des fontaines et des sources, les Ieles veillent sur la nature environnante. Sous leur apparence féline, elles se jettent sur les imprudents pour leur sucer le sang. Sous celle de belles jeunes demoiselles, elles attirent leurs amants d’un soir vers d’insoupçonnés plaisirs, souvent les derniers.

    Ieles

    Il devait être près de minuit quand Raoul entendit des bruits de fête en provenance de la route près de la ferme familiale. Des éclats de rire aurait-on dit. Son épouse était bien endormie à ses côtés, mais lui ne parvenait à détacher son esprit de ces moqueries qu’il percevait, s’infiltrant par la fenêtre ouverte. Il s’imaginait quelques jeunes voyous de la région ou quelques ivrognes attardés sur les chemins et présageait du pire pour ses bêtes, sa grange ou son foin. N’y tenant plus, il se leva, enfila fissa un pantalon, une chemise et ses bottes tout en se saisissant au passage de son fusil pendu dans le vestibule, puis, il se glissa dans la nuit. S’orientant aux éclats de voix, il s’approcha d’un carrefour menant d’un côté au village, de l’autre à sa ferme tandis que le chemin qui barrait cette première direction envoyait tantôt à la forêt, tantôt vers la grande ville. C’est en cet endroit précis que, depuis le buisson où il s’était dissimulé, Raoul vit le plus étonnant des spectacles. Des jeunes filles dansaient, s’ébattant joyeusement sous les yeux incrédules du paysan. Certaines de ces demoiselles tenaient à la main des chandelles dont les flammes vacillantes ne s’éteignaient jamais, même lorsque leurs farandoles secouaient leurs bras avec vigueur. Leurs pas de danse s’accompagnaient de tintements légers dus aux bracelets de clochettes qui pendaient à leurs chevilles. Mais ce qui marqua surtout le paysan était la tenue de ces jeunes délurées, ou plutôt l’absence de vêtements car ces belles demoiselles aux formes voluptueuses étaient nues. Abandonnant son fusil au buisson, l’homme se leva et se dirigea vers cette belle compagnie qui l’invita immédiatement à rejoindre la danse. Les fées, car c’en était bien entendu, offraient leurs sourires et leurs caresses à ce nouveau compagnon de leurs jeux nocturnes. Le paysan était tout à sa joie quand des coups de feu retentirent. L’épouse n’était plus endormie. Elle se trouvait à quelques mètres de la fête, le fusil de son mari en main, le canon fumant. Elle tira une seconde salve et toutes les fées s’envolèrent.

    Le lendemain matin, le mari revenu sur les lieux ne trouva que des herbes brûlées, formant un cercle. Quant à la femme, elle tomba sévèrement malade quelques jours seulement après cette tumultueuse nuit. Les Ièles n’aimant rien moins que d’être interrompues en leurs sabbats.

  • Fées noires & Dames sombres – Harpies

    Fées noires & Dames sombres – Harpies

    Harpies

    Détrousseuses d’âmes, voleuses d’enfants, les Harpies hantèrent autrefois toute la Grèce antique. Elles répondaient aux noms d’Aello, Ocypète ou Podarge et apparaissaient lors de tempêtes, surgissant dans les chambres des derniers-nés pour les enlever. Esprit au corps d’oiseau surmonté d’une tête de femme haineuse, la Harpie ne connaît ni pitié, ni repos. On dit que de nos jours, elles gardent l’entrée des Enfers et les quittent de temps à autre pour survoler les villages et se rappeler leurs cruautés passées.

     Harpy

    C’est une affaire étrange qui secoua la petite école de H. Pensez donc, douze enfants qui disparaissent d’un coup et une institutrice retrouvée dans la lande, en prise avec un délire qui l’a conduit à l’internement. Un an après les évènements, les parents ne reçurent aucune autre explication que l’histoire abracadabrante racontée par l’institutrice. Les inspecteurs chargés de l’enquête avouèrent l’impuissance de la police à découvrir la moindre preuve permettant de relater le fil des événements de cette abominable journée. Les seuls faits avérés furent que la petite classe de maternelle était repartie de la visite d’une ferme vers quatorze heure, empruntant un sentier traversant la lande afin de regagner l’école du village. Les fermiers qui avaient accueilli les enfants le matin même n’avaient rien évoqué de particulier. Les élèves avaient été très intéressés par les animaux, l’institutrice s’était montrée bienveillante et guillerette. La petite troupe avait quitté la ferme enchantée de sa journée et rien ne laissait envisager toute l’horreur qui s’ensuivit.

    Le village avait été frappé en plein cœur par cette affaire et on ne s’en remit jamais. Douze enfants de quatre et cinq ans. Disparus, arrachés à leurs parents sans qu’on ne puisse en faire le deuil, sans qu’on ne comprenne ni pourquoi, ni comment. Cela est insupportable, inimaginable, incompréhensible et pourtant, c’est ce qui déchira le village de H. en cette année 1954.

     

    Quant à l’explication saugrenue de l’institutrice, personne n’y crut. Dans son délire certainement dû au choc, elle devait avoir transformé la réalité des ravisseurs par cette histoire invraisemblable de Harpies. Elle disait avoir entendu dans le ciel des cris aigus avant de voir une bande de femmes volantes se jeter sur les enfants. Les petits hurlaient, couraient tentant d’échapper aux griffes de ces créatures. Tout se fit rapidement. Devant l’impuissante institutrice paralysée par la terreur, les douze enfants furent emportés dans les airs par ces fées atroces aux ailes immenses. En un instant, il n’y avait plus trace des élèves. Seule une lande déserte au-dessus de laquelle planait un parfum de mort entourait la jeune femme dont l’esprit venait de se rompre devant l’impossible scène. Elle se jeta à terre, dans une position procrastinée, les ongles plantés dans le ventre, tentant de laisser échapper un hurlement qui ne vint jamais. C’est ainsi qu’on la retrouva le soir de ce cauchemar, lorsqu’on se mit à la recherche de cette classe qui ne revenait pas.

  • Fées noires & Dames sombres – La Goule

    Fées noires & Dames sombres – La Goule

    La Goule

    La Goule prend souvent l’apparence d’une belle jeune femme dont la nature féerique se trahit lorsque se découvrent ses pieds, en réalité deux pattes fourchues ou animales, celles de l’hyène dont elle est si proche qu’elle en prend également bien souvent les traits. Parmi ses occupations principales, citons le fait de déterrer les cadavres dans les cimetières ou d’attirer les voyageurs dans le désert afin de s’en nourrir.

     goule

    Chaque soir, le gardien du cimetière voyait venir la même femme, drapée de haut en bas, dissimulant à son regard les traits de son visage et les courbes de son corps. Chose étrange, s’il la voyait passer, entrer dans ce domaine réservé aux morts, il ne la voyait jamais ressortir. Ce soir-là, il était bien décidé à percer le mystère qui entourait l’étrange visiteuse. Posté devant la fenêtre de son cabanon, il surveillait les allées et venues des tristes visiteurs venus rendre hommage à leurs chers disparus. Les promeneurs se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure que s’avançait l’heure de la fermeture des lieux. Une heure avant la fin des visites, la femme se présenta. Elle pénétra dans le cimetière comme à son habitude voilée et invisible aux yeux de tous. Sa marche était rapide, son vêtement ne permettant pas sans doute de prendre une allure plus aisée que ces petits pas serrés. Le gardien sortit de sa cabane pour la saluer, mais aucun mot ne vint répondre à sa formule de politesse. Il la regarda s’éloigner et se posta cette fois devant la grille, bien décidé à n’en pas bouger d’ici la fermeture. Une heure plus tard, il souleva les lourdes grilles et passa le cadenas tout en demeurant à l’intérieur. La femme n’était pas sortie, cette fois, il en était sûr. La grille refermée, il se dirigea vers l’intérieur du cimetière. Les tombes étaient nombreuses, des centaines, mais il crut distinguer un mouvement tout au loin, dans la partie la plus récente. Il se glissa sans bruit, s’arrêtant derrière un arbre le temps de porter le regard au loin et de tenter de deviner ce qui occupait l’inconnue. A mesure qu’il s’approchait de la dame, il ressentait une peur étrange qui commençait à lui nouer la gorge et le ventre. Les lanternes s’étaient allumées, mais le ciel s’assombrissant, il lui était difficile de voir avec précision ce qui se tramait tout au fond du cimetière. A une dizaine de mètres, il remarqua que la femme n’avait plus ses vêtements. Elle était accroupie, penchée vers le sol, affairée semble-t-il à y déterrer quelque chose ou… quelqu’un. Le gardien fit demi-tour, il courut cette fois jusqu’à son cabanon et en ressortit, son fusil à la main. L’arme lui servait à effrayer les volatiles attirés par l’odeur persistante qui traversait parfois les tombes fraîchement closes. A une ou deux reprises, il était également intervenu pour chasser des pilleurs, ces personnes sans scrupule qui creusaient pour trouver quelques bagues, quelques bijoux abandonnés aux morts. Cette femme en était donc un ? Engaillardi par la présence de son arme, il courut jusqu’à la femme. Au cri poussé par le gardien, la tête penchée de la voleuse ressortit précipitamment de la tombe. Une affreuse figure émaciée aux yeux rouges fit soudain face au pauvre homme. La créature ricana en montrant les crocs auxquels étaient encore attachés des morceaux de chair. Son rire était celui d’une hyène et, le gardien, en pointant son fusil pendant que la mauvaise fée se levait, découvrit les pieds fourchus de cette engeance diabolique. C’était une Goule, un de ces esprits cauchemardesques qui se nourrissaient de cadavres. Le coup parti et atteignit sa cible. La monstrueuse bonne femme hurla, s’enfuit dans des bonds qui n’avaient rien d’humain et sauta par-dessus le mur du cimetière. Le gardien, affolé, regagna la grille aussitôt, ouvrant la chaîne et se jetant à son tour dans la rue pour gagner au plus vite la sécurité de la ville toute proche. Demain, il ne reviendrait plus au cimetière, ni les jours suivants. Jamais.

Suivez les fées !

Abonnez-vous pour ne rien manquer...