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  • Loisel – La Quête de l’oiseau du temps (éd. Dargaud)

    Loisel – La Quête de l’oiseau du temps (éd. Dargaud)

    Régis Loisel est né en France, le 04 décembre 1951 à Saint-Maixent (Deux Sèvres). A 19 ans, il dessine déjà pour le journal Les Pieds Nickelés. Suite à des cours sur la bande dessinée à Vincennes, il travaille pour d’autres revues réputées (Pilote, Mormoil, Fluide Glacial, Métal Hurlant, etc.) avant de créer, en 1975 Tousse Bourins. C’est cette même année, et aux côtés de Serge Le Tendre, que ce dessinateur et illustrateur déjà bien expérimenté composera une première version des aventures de la Quête. Cette version sera tout d’abord publiée dans la revue Imagine avant d’être réadaptée aux éditions Dargaud. Pré-publiée en 1982 dans Charlie Mensuel, la Quête ouvre la porte d’un nouveau monde merveilleux et fait de Loisel un dessinateur hors pair, précurseur d’un nouveau genre fantastique en BD : la Fantasy. Mais là n’est pas son seul chef d’œuvre! En effet, en 1989, les Humanoïdes Associés lui réserveront un recueil, Troubles Fêtes, pour la publication de ses histoires et illustrations érotiques ; chez Vents d’Ouest, il lancera Peter Pan, un mythe magique qu’il modernise et conforme à sa propre vision ; et de nouveau en 1993, aux éditions La Sirène, il illustrera avec humour un ouvrage érotique : La Dernière Goutte est toujours pour le pantalon. Ce n’est qu’après 11 ans d’interruption, en octobre 1998, que sort L’ami Javin, premier volume du second cycle de La Quête de l’oiseau du temps. Mais cette fois, ce n’est plus dans le rôle du dessinateur au traits puissants que Loisel aborde l’histoire, mais bien, dans celui de co-scénariste et de coloriste. Il réalisera quand même le story-board de l’album qu’il confiera à Lidwine. Loisel est donc un dessinateur, illustrateur, coloriste et scénariste accomplit!
    Serge Le Tendre quant à lui, est né en 1946 à Vincennes. Après plusieurs petits métiers, il rentrera, à 21 ans, à l’université de Vincennes, où il rencontrera Loisel. Il collabore aussi à diverses revues avant de travailler avec Loisel et d’écrire et publier La conque de Ramor, premier épisode de la Quête. Le Tendre est aujourd’hui scénariste de nombreux albums chez le plus grand éditeurs (après Jérome K. Jérome Bloche, La mère des douleurs (éd. Délcourt), Le mage (éd. Vents d’ouest), Les convoyeurs (éd. Dargaud); etc.)

    La Quête de l’oiseau du temps est sans conteste une série culte qui, dans les années 80, lança la Fantasy francophone. La Quête ouvre la porte d’un territoire fertile sans limite où se côtoient hommes avides de voyages et créatures extraordinaires : personnages courageux en quête d’aventure ; peuples humanoïdes de lutins, monstres, sorcières, princesses, … (Palfangeux, Gris-Grelets, Guerriers Llirs, Jaisirs, Jivrains) ; créatures magiques et monstrueuses (Fourreux, Lopvents, Ocres, Trivulges, Krilles, Boraks, Ch’ Tines). Loisel et Le Tendre créent ainsi un monde de « High Fantasy », univers féerique alimenté de mythes et de légendes, univers plein d’embûches que devront surmonter nos amis pour le salut du monde.

    Le premier cycle de la Quête rassemble quatre albums. Chaque album a ses épreuves, ses marches et sa quête. La quête ultime? Sauver Akbar de l’emprise de Ramor, le Dieu maudit. Dans neuf jours, la nuit de la saison changeante, le pouvoir de l’enchantement des Dieux anciens qui aspira Ramor au cœur d’une Conque s’achèvera. La princesse sorcière Mara voulant empêcher la libération de Ramor, fait alors appel à son ancien prétendant, le courageux chevalier Bragon. Le voilà donc parti, accompagné de la plantureuse Pélisse, fille de Mara, en quête de l’oiseau du temps.
    Au fil des tomes, nos deux héros, tour à tour rejoints par un mystérieux inconnu et Bulrog, devront remplir leurs promesses : s’emparer de la conque de Ramor (T.1, La conque de Ramor), déchiffrer les runes du temple maudit afin de découvrir la cachette de l’oiseau du Temps (T.2, Le Temple de l’oubli), se rendre au doigt du ciel pour dénicher l’oiseau (T.3, Le Rige), et enfin ramener l’œuf de l’oiseau du temps (T.4, L’œuf des ténèbres). C’est dans ce dernier album que Loisel et Le Tendre, en quelques pages, détruisent toutes les lois du genre :
    Mara se révèle être une garce manipulatrice, personnage avide de pouvoir et de domination et l’impétueuse et indépendante Pélisse, une création mentale de l’ignoble Mara rendue possible grâce au pouvoir du Fourreux ! Bref, un revirement complet de situation qui secouent tous les lecteurs, même les plus endurcis.

    Le deuxième cycle quant à lui débute, en 1998, avec L’ami Javin qui nous plonge quarante ans en arrière. Un Tome 5 qui retrace ainsi la jeunesse de Bragon et Mara, le début d’une grande aventure. Sur les hauts plateaux du Médir, un jeune garçon de 18 ans ne rêve que de conquête et d’exotisme. Sa rencontre avec Javin, un énigmatique personnage au grand cœur va faire de ce désir une réalité. Ensemble, ils arpentent le Pays des sept marches jusqu’au jour où ils rencontrent la jeune, belle et innocente Mara. Une belle amitié, une triste perte, une histoire d’amour en suspens et un méchant complot qui se prépare… Un deuxième cycle mouvementé qui annonce une histoire toute en osmose avec la première série et qui nous offre une évolution réaliste de nos personnages favoris. Cet album à six mains nous fait découvrir un dessinateur surdoué, Lidwine, qui dans les 3 prochains albums annoncés de ce deuxième cycle devrait continuer à assurer les décors. Quand à Loisel, il continuera d’assurer le dessin des personnages (nous retrouverons sans aucun doute Bodias, Bulrog, le Rige, etc.) et nous promet une troisième série avec le retour de Pélisse en prime…

    A travers La Quête de l’oiseau du temps avec ses personnages paillards et romantiques, les mondes et paysages attirants et le basculement de situation, Loisel et Le tendre nous font cadeau de leur sens du merveilleux et de la Fantasy:
    – Bulrog: « Qu’est-ce qui c’est passé? »
    – L’inconnu: « Oh, le train-train habituel! Bagarres, poursuites, fatigue, faim et pieds gelés, coups de gueule et réconciliation!.. Sans oublier bien sûr une pointe… ou deux, hm… d’érotisme!.. Bref… Petite épopée… Et grand misère… Mais on s’y fait, tu verras! » (cf. T.3, Le Rige, p.46)

    Pour les amateurs du genre, voici d’autres aventures « fantasiques »: Thorgal de Rosinski et Van Hamme (éd. Dargaud); Le grand pouvoir du Chninkel des mêmes auteurs pré-cités (éd. Casterman); Lanfeust de Troy de Arleston et Tarquin (éd. Soleil); Chroniques de la Lune noire de Froideval, Ledroit et Pontet (éd. Dargaud); De cape et de crocs de Ayrolles et Masbou (éd. Délcourt); et tant d’autres…

  • Pierre Dubois l'elficologue

    Pierre Dubois

    L’elficologue

    Lencyclopédie des fées de Pierre Dubois
    L'encyclopédie des fées de Pierre Dubois

    Né en 1945 dans les Ardennes, Pierre Dubois partage sa vie entre ses demeures du Nord et de Bretagne. Cela, lorsqu’il ne se promène pas de l’autre côté du miroir. Car l’homme est ami des fées et nous rapporte nombre de récits et anecdotes sur le Petit Peuple. Que ce soit au travers de ses célèbres encyclopédies ou au travers de ses bandes dessinées (Laïyna, les Lutins, Red Caps, le Grimoire du Petit Peuple…), l’auteur nous enchante au fil de ses publications. Petites questions au Maître elficologue…

    Pierre Dubois, d’où vous vient cette passion pour le Petit Peuple et la féerie ?

    Elle me vient, je crois, de l’enfance contemplative, l’enfance solitaire. C’est très souvent lorsque l’enfant se retrouve seul, comme Nils Holgersson qui fera une bêtise et sera puni par un Tomte… Enfant, je jouais dans la buanderie, endroit intermédiaire entre le jardin et la cuisine. Il y avait ce poêle qui ronflait et, par souci d’économie d’électricité, on levait le couvercle, ce qui donnait une lumière particulière, proche de celles des cavernes. Ce feu crépitait et dansait sur le plafond comme une espèce de lanterne magique. Moi, j’y voyais des nains forgeant des épées, des trolls, des fées… Et puis il y avait le reflet de l’eau qui amenait le jardin… Une lézarde sur le mur me donnait l’idée qu’elle menait quelque part. Moi, je venais des Ardennes, grande forêt de légendes. Mes parents m’avaient entraîné dans le Nord et du coup, il y avait cette absence de forêt. J’étais perdu de forêt. Cette forêt, je l’ai retrouvée dans le jardin. Et à force de jouer dans le jardin, seul, tour à tour chevalier, Robin des Bois… Tout est né de là.

    Aujourd’hui, on assiste à un retour aux fées… Comment l’expliquer ?

    La mythologie est avant tout universelle. C’est l’explication de la création du monde. Nous conservons donc cette grande mythologie en nous. La petite mythologie, les fées, les nains, ce sont ces grands dieux qu’on a un peu pervertis. Pan ou Cernunnos sont devenus le diable. Toute la culture des fées a été, en même temps que les forêts, déboisée. On a désacralisé la Nature pour essayer de la domestiquer. Mais les fées sont rebelles. Des folkloristes comme les frères Grimm, Andersen, un auteur comme Tolkien, ont puisé dans ces mythologies. Mais il y a toujours eu cette mainmise du pouvoir afin de tuer cet émotionnel, cet imaginaire. Pour qu’on rentre tous dans « Metropolis ». Et il y a toujours eu un réflexe. Alors qu’on croyait les ailes des fées rognées, les jeunes, par l’intermédiaire des mangas, de la BD, des films, des fanzines, du jeu de rôle, de la musique prennent en main leur destin. Un festival comme aujourd’hui (NDLR: Trolls & Légendes, Mons) est extrêmement positif, rayonnant, du fait qu’on voit plein de gens costumés, des personnes qui jouent encore…

    Un retour à la terre ou à la poésie ?

    L’un ne va pas sans l’autre. Mais il ne faudrait pas que ce soit une mode. La vraie magie, le vrai merveilleux, tu dois le porter en dedans. Cette espèce de débauche du contenant ne doit pas faire oublier le contenu. J’ai un peu peur parfois que les effets spéciaux ne remplacent la magie, remplacent la petit musique des fées, de l’âme. Le passage des fées, celui d’Alice, du petit Arthur, est un chemin éthéré, fragile. Il faut faire très attention.

    Parlons de vos encyclopédies. Elles sont très complètes. Mais en même temps on y perçoit des incrustations personnelles. Pour vous, c’est important de ne pas être trop sérieux. De ne pas ranger les fées dans des tiroirs fermés à clés ?

    C’est bien pour ça que, dans la préface de l’encyclopédie, je dis: « voilà, c’est fait et en même temps, toutes les portes sont ouvertes ». Il faut toujours laisser une part aux fées. Autrefois, lorsqu’on labourait un champ, on laissait un coin pour que les fées puissent s’ébattre. Si tu es exaucé, c’est qu’ils ont accepté, il y a eu alliance. Quand j’ai écrit mes bouquins, je me suis mis du côté des fées. Dans toutes les préfaces, je le dis. Maintenant, le mot encyclopédie ne me plaisait pas non plus. Je préférais Grimoirie. Ma démarche est née parce que je voyais des gamins chercher de manière anarchique des infos sur les fées. J’ai voulu tout reprendre à zéro et donner des pistes à peu près sûres. Rêvez avec, amusez-vous, voilà tout au moins des bases, voici le Brownie, voilà les Selkies, le Sotê… J’ai eu envie de revenir aux sources.

    La dernière encyclopédie parue est celle des elfes. Vous les qualifiez d’êtres fuyants…

    Une phrase de Bachelard que j’apprécie beaucoup dit « Les petits êtres fuyant et cachés oublient de fuir lorsqu’on les appellent par leurs vrais noms ». Ces petits êtres fuient l’homme. Ce que disent les elfes, c’est si vous jetez des immondices dans l’eau, vous empoisonnez les Dracs, les Sirènes, les Morganes, tout le peuple de la mer mais nous vous empoisonnerons. Si vous construisez tout en haut des cimes, sur les épaules des trolls, ce sera trop lourd et il y aura des avalanches. Il y a une forme d’écologie dans ce message. Il faut garder cette espèce de jardin secret.

    En même temps, qu’est ce qui distingue les membres du petit Peuple regroupés dans la famille des elfes, de la famille des fées ou de celle des lutins ?

    Cette répartition ne vient pas de moi. Moi, je désirais un seul Grimoire. J’avais commencé à écrire mes bouquins sur du parchemin à la plume d’oie. C’est sorti en 93 mais j’ai commencé en 67 et j’avais déjà collecté pas mal de choses auparavant. Je cherchais un éditeur, personne n’était intéressé jusqu’au jour où quelqu’un me contacte avec une vague idée de faire un bouquin sur les fées alors que moi je voulais faire quelque chose d’énorme, pratiquement vendu avec les toiles d’araignée et la poussière dessus. Finalement Hoëbeke a pris le risque mais en scindant l’œuvre en trois. Dans la première encyclopédie, tout ce qui est petit, chtonien… Et cela s’est vendu à 80.000, 90.000 exemplaires, traduit même en japonais ! On a donc fait le suivant. Celui sur les fées, la femme, la sorcière, symbole de sagesse, de la Nature… Tout ce qui est féminin me fascine. C’est aussi l’époque où je venais de perdre ma fille de dix-sept ans… Pour moi, l’encyclopédie des fées m’a échappée, ce n’est pas moi qui l’ai écrite, on me l’a soufflée. Elle a été écrite plus facilement mais aussi plus douloureusement que la première. La troisième, les elfes, c’est la partie obscure et sauvage, les êtres insaisissables et fuyants. Les elfes ont le droit de nous décocher des flèches vengeresses. Les elfes sont vraiment, pour moi, la part la plus sombre, sauvage et vengeresse.

    Parlons bande dessinée maintenant… De Laÿna aux récents Grimoire du Petit Peuple, en passant par Les Lutins et Red Caps, on note une certaine noirceur dans les récits…

    C’est la première fois qu’on me le dit et c’est totalement vrai. C’est une lutte de chaque jour, l’idée qu’il faut réenchanter à cause de cette trahison que le mortel porte en lui. Il a la possibilité chaque jour de changer les choses et il fait l’inverse…

    En même temps, vous placez souvent le Petit Peuple en arrière-plan dans vos histoires, il reste caché et toujours présent…

    Et bien cette idée, ni les éditeurs, ni même mes dessinateurs ne l’ont réellement compris. J’ai eu l’impression d’être lâché par mes dessinateurs sauf Sfar. Lui, il a complètement saisi la chose. On le ressent dans Petrus Barbygère. Là, c’est bien moi, Pierre le Barbu ! Tous mes héros qui font alliance perdent, c’est une fatalité, une blessure. Et cette blessure, je la porte en moi. Mes bandes dessinées ne sont pas au premier degré, je suis un peu en décalage. Il y a beaucoup d’écrit par exemple. Moi, ce sont les images d’Epinal que j’apprécie, je désire une BD pleine de merveilleux mais aussi de sang, de crimes et d’aventure !

    Avec le Grimoire du Petit Peuple, vous renouez avec cette envie de travailler avec de nombreux dessinateurs. On soulignera d’ailleurs que vous n’avez jamais hésité à prendre sous votre aile de jeunes talents. Les choisissez-vous, viennent-ils à vous ?

    Pour le Grimoire, je ne choisis pas les dessinateurs, c’est l’éditeur qui s’en occupe. Mais je demande des jeunes, ça oui. Je veux voir leur carton à dessins, voir ce qu’ils ont dans la tête. J’aime voir ce que font les autres mais je demande seulement qu’ils respectent les idées, les époques, les lieux avec leurs caractéristiques, faune et flore.. Il faut toujours bien se documenter.

    Pourtant, l’apport personnel de sa vision du Petit peuple aide à ne pas fixer son image…

    Bien sûr ! J’aime bien que chacun apporte sa propre vision. Ils doivent continuer à fuir… Là, je ne suis absolument pas directif. Je fais confiance au dessinateur. Mon histoire même a peu d’importance, ils peuvent enlever des séquences. C’est seulement quand ça nuit à l’histoire que cela m’embête.

    L’année passée est sorti le Jardin Féerique de Cicely Mary Barker…

    Elle aussi a eu une enfance solitaire. Seule, malade, bloquée dans sa chambre, elle va s’évader par le dessin. Son père va lui offrir des cours par correspondance…Mary va habiller en fleurs les enfants de la nurserie de sa soeur et va les dessiner. Ce qui est extraordinaire, c’est quelle semblera ne pas vieillir. Et alors qu’elle deviendra aveugle, elle continuera à distinguer les fleurs, les jacinthes.. et ça, pour moi, c’est le regard des fées sur elle.

    Vous avez aussi inspiré à Loisel son Peter Pan, du moins l’idée de mêler Jack l’éventreur au héro de Barrie…

    Ma passion pour les criminels, les pirates c’est le côté obscur. La Nature a également ce côté obscur… J’ai écrit un bouquin sur Jack l’éventreur et me suis toujours interrogé sur la relation entre Peter Pan et le tueur de Whitechapel. Peter Pan est habile à la dague. Clochette, une parfaite complice pour surveiller les alentours. Venant de Kensington Garden pour se rendre à la maison des parents de Wendy, il passe nécessairement par Whitechapel. Et à ce moment-là, les seules femmes que tu peux rencontrer sont justement des prostituées. Restait le mobile… Peter Pan cherche dans le ventre de la femme la mère, il veut une explication. C’est encore un enfant. Pourquoi les filles, les femmes l’abandonnent? Pourquoi Wendy préfère vieillir que de rester à ses côtés ? Je racontais cela à Loisel venu en ami dîner chez moi, en Bretagne. Il travaillait sur Peter Pan et désirait explorer la face sombre. Il avait vu le dessin animé de Walt Disney et avait été frappé par le côté faune de Peter. Il m’a demandé s’il pouvait reprendre mon idée et ce qu’il en a fait me plaît énormément. Tu y rencontres un personnage sombre, qui se perd. Et c’est là qu’on rejoint le monde des fées. Car pour trouver le passage, il faut se perdre.

    Vous dites dans une de vos interviews avoir été tristement épaté par les universitaires…

    Car ils épluchent sans rêver, ils décortiquent mais oublient d’y poser le regard. Il manque un écrivain derrière le savant. Maintenant, ils font un travail de fourmi, qui m’épate et je suis totalement pour qu’on étudie les fées à l’université !

    Il est important de se réenchanter, de retrouver le sens du merveilleux. L’enfant naît ouvert aux rêves, aux fées. Mais ces croyances seront arrêtées, on arrachera les ailes des fées à un moment donné, vers six, sept ans… Or, l’enfant lui-même devenu père lorsque sa progéniture lui demandera de dessiner une fée, il ne pourra que reproduire celle de ce souvenir arrêté. Il y a un manque émotionnel. Quand un enfant veut faire de la musique, c’est en option à son Bac. Notre planète ne pourra être sauvée qu’à la condition de réenchanter notre regard.

    Enfin, pour rencontrer les fées, vous conseillez de les lire ou de les vivre ?

    De les vivre. Franchir le pont, le miroir… Mais aussi de les lire, les lire à la base. Si on veut s’approcher des fées, il faut lire les contes, ou les entendre et les écouter. Il faut retourner à la base, au révérend Kirk. Il faut d’abord vivre pour lire, vivre ça t’oblige à faire ces fameux trois pas, à réciter cet Abracadabra.

  • L'univers féerique T5 – Edouard Brasey, Pygmalion

    Sorcières et démons, L’univers Féerique -5

    Le cinquième volume de lunivers féerique dEdouard Brasey paru aux éditions Pygmalion
    Le cinquième volume de l'univers féerique d'Edouard Brasey paru aux éditions Pygmalion

    Brasey, Edouard,
    Pygmalion

    Ce cinquième opus de l’Univers Féerique vient clore le parcours d’Edouard Brasey au milieu des fées, elfes, lutins et autres créatures peuplant l’imaginaire des hommes. Comme à son habitude, l’auteur nous livre ici de quoi nous régaler : En commençant par la nuit d’Halloween qui nous emmène à la rencontre de diverses sorcières, à comprendre l’origine du diable cornu, en passant par les danses du sabbat.

    Ensuite, c’est au tour des morts-vivants, vampires et loups-garous de nous dévoiler nombre de leurs secrets. Enfin, les diverses hiérarchies de démons, certaines portant au sourire, sont passées en revue avec l’œil curieux et l’écriture facile que l’on connaît d’Edouard Brasey. Un essai qui comme les titres précédents (Fées et Elfes, Nains et Gnomes, Sirènes et Ondines, Géants et Dragons, tous aux éditions Pygmalion) témoigne d’une grande érudition ainsi que d’une très bonne documentation à regarder de près la bibliographie.

    Un regard de passionné qui a l’avantage d’être moderne et de rechercher l’explication des choses et, ce qui est encore plus intéressant, les traces actuelles (comme par exemple le néo-paganisme, la Wicca aux Etats-Unis). Le dernier opus de l’Univers Féerique est donc à mettre au même niveau que les quatre premiers : un panorama riche et très bien présenté qui abouti à une source importante pour quiconque s’intéresse au monde de la féerie et des légendes.

  • Le Dictionnaire féerique – André-François Ruaud

    Dictionnaire Féerique (le)
    Ruaud, André-François, 2002
    Editions de l’Oxymore

    Le dictionnaire féerique dAndré-François Ruaud aux éditions de lOxymore
    Le dictionnaire féerique d'André-François Ruaud aux éditions de l'Oxymore

    Un dictionnaire féerique ? Voilà bien le genre d’ouvrage sujet à polémique. D’un côté les amateurs de féerie s’offusquent qu’on veuille ranger, classer leurs petits compagnons si volatiles. D’un autre côté, ces mêmes amateurs souhaitent secrètement de tels ouvrages ou tiennent eux-mêmes fiches ou répertoires du Petit Peuple car il y a tant et tant d’êtres que pour s’y retrouver, il faut des repères… La volonté de cet ouvrage n’est pas tant d’enfermer les créatures dans des définitions strictes mais d’offrir la véritable richesse d’un dictionnaire. Une oeuvre qui ne se lit pas de A à Z mais qui se feuillette de façon désordonnée, ouvrant des chemins divers à l’Imaginaire. En cela, ce dictionnaire est une réussite.

    Petit bémol toutefois, la volonté de présenter conjointement des créatures issues d’origines mythologiques et de régions éloignées rend difficile l’idée de la diversité elle-même. Le dictionnaire tend à montrer un imaginaire mondial qui fait fi des particularités régionales et de leurs contextes. Le lecteur non averti peut s’y perdre. Sans être nous-mêmes des défenseurs de la classification (loin de nous cette idée), nous aurions aimé des chapitres par régions du monde ainsi que divers préambules généraux. Mais à chacun sa façon de faire…

    A part cette remarque, il faut avouer que le dictionnaire est très bien construit, que les définitions sont simples et efficaces (et permettent d’ailleurs de localiser facilement l’origine de l’être décrit). Enfin, les illustrations de Marie Dereau, Lachâtaigne, Patrick Larme et Stéphane Poinsot enrichissent grandement cet ouvrage et lui offrent des espaces où le lecteur respire avant de se replonger parmi ces centaines de définitions et de rencontres. Sans hésiter il s’agit ici d’un objet à posséder chez soi pour tout amateur de féerie. Une des publications les plus intéressantes de cette fin d’année 2002 !

  • Les contes du korrigan (Soleil)

    Les contes du Korrigan

    Scénario : E. & R. Lebreton, etc. – Dessin : Istin, Michel, Peynet, etc. – Editions : Soleil

    « Bretagne… Source intarissable de légendes, berceau du merveilleux! Bretagne, fief du petit peuple des collines, des sous-bois et des récifs, patrie des Korrigans! »

    Venez retrouver Koc’h pour que, ce soir, il vous conte les secrets du vent, de la mer, de la lande et de la pierre… Attention, prononcez Korr comme Korrigan et non pas coque ou coche! En digne représentant du peuple des Tertres, Koc’h va vous mener dans une folle gavotte, pour vous conter, à sa manière, les récits qui ont forgé l’âme de la belle péninsule bretonne…

    Les merveilles de la sirène des îles Glénan

    Revenons au temps où la Bretagne s’appelle encore Armorique et où elle appartient aux celtes. Le jeune Tan, par amour pour la belle, douce et troublante Awen, fille du grand druide, s’est embarqué dans une pêche aux trésors enfouis… à 20.000 lieux sous les mers… Invité dans l’antre de Morgan, la fée du Loc’h, Tan essaye de s’emparer de quelques richesses mais il se laisse vite ensorceler par les charmes de la dame… Grâce au chant du héraut, l’oiseau sacré de Bélénos, Awen peut ressentir le danger et se rendre dans le palais de la fée des sept îles… Une somptueuse demeure protégée par un dragon répondant au petit nom de Nessie… ça vous dit quelque chose?

    Soyez dignes des bienfaits des Korrigans ou alors ils feront preuve d’une certaine… ingéniosité… C’est par l’histoire des bossus de Quimper que Koc’h illustre cette notion de justice « poétique ». Nous sommes en juin 1830, la journée est ensoleillée, le père Cosker marie ses deux filles. Les frères bossus sont présents à la fête, en tant que musiciens : Kaour joue du biniou et Laouig, de la bombarde… une façon de leur assurer le boire et le manger. Sur le chemin du retour, la curiosité va pousser le plus brave des deux frères vers une fête célébrée par… des Korrigans. Et l’esprit dont il fait preuve ainsi que son talent vont y être récompensés… Par contre la jalousie du son frère grognon et surtout sa cupidité vont être fort punies… Vous voulez savoir ce qu’il advint du garnement ? Et bien, on dit qu’il finit par échouer à Paris, comme sonneur de cloches dans une célèbre cathédrale… Mais ça, c’est une autre histoire…

    Quelle bonne idée de se réunir ainsi autour de ces facétieux lutins, les Korrigans, pour nous livrer ces quelques très beaux secrets ! Cet album dirigé par Jean-Luc Istin est l’œuvre de trois dessinateurs et deux scénaristes. Le principe est simple : un narrateur, Koc’h le Korrigan, nous conte trois histoires par tome. Ces récits sont développés sur un même thème et illustrés à chaque fois par un illustrateur différent. Et c’est une réelle richesse que de voir évoluer dans ces styles personnels les petits êtres de l’autre monde qui viennent hanter la péninsule de Bretagne. En un seul album, les auteurs nous ont déjà fait voyager, des îles Glénan à Erdeven et à Quimper. Tentez dès maintenant ce voyage fabuleux. Il va vous faire lever le voile sur ces secrets cachés qui ont forgé l’âme bretonne… Une dernière question : avez-vous compris ce qu’il faut entendre par trésors enfouis? Si non, attention, Koc’h vous réserve son sabot dans le derrière!

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