Le Parc national du Dartmoor regorge de lieux magiques liés aux Pixies de près ou de loin. Le Vixen Tor, malheureusement inaccessible au public depuis quelques années suite au procès gagné par la propriétaire du terrain est pourtant un haut lieu des légendes du Devon.
C’est dans ces rochers que vivait la sorcière Vixana qui s’amusait follement à jeter les promeneurs du haut de son Tor après les avoir égarés dans la brume. Un jour, un homme aidé des Pixies lui joua un mauvais tour. Il avait reçu des lutins deux présents pour un bon service qu’il leur avait rendu. Une bague le rendant invisible et le don de clairvoyance. Lorsque la sorcière vit l’homme venir à elle, elle fit naître une brume épaisse. Grâce à son don, l’homme la traversa sans peine et grâce à sa bague il disparut sous les yeux de Vixana. Se penchant pour mieux voir où était passée sa proie, elle ne devina nullement que l’homme avait grimpé et était maintenant juste derrière elle. Il n’eut qu’à la pousser pour débarrasser le pays de cette méchante fée.
Widecombe-in-the-moor est un charmant petit village niché au creux du Dartmoor. Il est connu pour être le lieu de hantises et d’apparitions spectrales mais surtout pour une chanson du folklore anglais qui parle d’un cheval fantôme apparaissant à la veille de chaque foire du village.
A l’intérieur de l’église, on peut voir la représentation de ce cheval fantôme monté par toute une série de villageois.
Voici la chanson en question:
Tom Pearce. Tom Pearce, lend me your grey mare,
All along, down along, out along lee,
For I want for to go to Widdecombe Fair,
Wi’ Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
And when shall I see again my grey mare?
All along, down along, out along lee,
By Friday soon, or Saturday noon,
Wi’ Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
Then Friday came, and Saturday noon,
All along, down along, out along lee,
But Tom Pearce’s old mare hath not trotted home
Wi’ Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
So Tom Pearce he got up to the top o’ the hill
All along, down along, out along lee,
And he seed his old mare down a making her will
Wi’ Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
So Tom Pearce’s old mare, her took sick and died.
All along, down along, out along lee,
And Tom he sat down on a stone, and he cried
Wi’ Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
But this isn’t the end o’this shocking affair,
All along, down along, out along lee,
Nor, though they be dead of the horrid career
Of Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
When the wind whistles cold on the moor of a night All along, down along, out along lee,
Tom Pearce’s old mare doth appear ghastly white,
Wi’ Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
And all the long night be heard skirling and groans,
All along, down along, out along lee,
From Tom Pearce’s old mare in her rattling bones
And from Bill Brewer, Jan Stewer, Peter Gurney, Peter Davy, Dan’l Whiddon,
Harry Hawk, old uncle Tom Cobley and all, old Uncle Tom Cobley and all.
On ne sait ce qui a poussé exactement Mary la Sanglante à vivre au fond des miroirs… Le meurtre de son enfant, un suicide, un décès en couches… Quoiqu’il en soit, il n’est jamais bon l’appeler par trois ou treize fois, la provoquer devant la glace polie et voir son reflet prendre les traits de la fée ensanglantée qui ne manquera pas de surgir à l’appel, au murmure ou au cri maintes fois prononcé.
« Bloody Mary… ». Les mots venaient d’être formulés par Jenny. Elle n’était pas seule dans la pièce éclairée de deux bougies. Son amie Sarah se tenait à côté d’elle. Toutes deux avaient quatorze ans et s’amusaient à reproduire un bien étrange rituel. Les adolescentes avaient découvert la légende de Bloody Mary dans un récit d’épouvante, une nouvelle glissée dans un magazine de Weird Tales. Le genre de revues qu’elles lisaient en cachette et dont elles appréciaient beaucoup les histoires. Elles adoraient frissonner et mettre en scène les nouvelles lues chez l’une ou chez l’autre. Rejouant la venue d’un vampire, l’éveil d’un mort-vivant. Ce jour-là, elles avaient consciencieusement fermé les volets et tiré les rideaux. Les deux chandelles suffisaient à peine à y voir clair. Les filles se tenaient debout devant un grand miroir. Jenny lui faisait maintenant face. Un léger tremblement pouvait se deviner le long de ses bras pendants, les doigts triturant nerveusement sa robe, se pliant et se repliant pour en chasser la moiteur. Les yeux plongés dans le miroir, la jeune fille se décida enfin à prononcer une deuxième fois la formule, le nom de celle qu’elle invoquait…
« Bloody Mary… ». Cette fois, la main de Jenny avait instinctivement recherché celle de Sarah. Il ne lui restait qu’une fois. Une seule fois prononcer le nom de la mauvaise fée qui se terrait au fond des miroirs pour la voir apparaître. Trembler devant son visage déchiré par de terribles souffrances, celle d’une mère assassine, d’une créature sans âme, condamnée à errer dans les limbes derrière ces vitres à observer le bonheur des autres tout en ressassant sa haine et son mépris. La prison de verre ne pouvait être brisée que par son nom, trois fois prononcé. Alors, elle sortait, toute colère et vengeance, ses griffes se plantaient dans votre cou, ses dents vous arrachaient le nez, les yeux et toute l’horreur se déversait en votre chambre. Mais tout cela n’était qu’un conte, une légende… Braver l’interdit était tentant. Qui peut y résister ? Certainement pas des jeunes gens de quatorze ans. L’âge de la déraison. Celui des découvertes, des jeux sans frontière ni tabou. Pousser les défis de plus en plus loin, sentir la joie troublante d’une liberté infinie, marcher sur un fil tendu, prêt à se rompre et connaître les délices du grand frisson. La main serrée dans celle de Sarah, Jenny jeta un dernier coup d’œil à son amie. Leurs regards se croisèrent et elles pouffèrent de rire… Nonchalamment, Jenny refit face au miroir et dans un demi-soupir, elle lâcha :
Dans les montagnes de Monchique en Algarve il se dit que la source thermale qui s’écoule à Caldas de Monchique est due à une Moura Encantada, une Maure enchantée. La belle fée répondant au nom de Zuleima avait été surprise un soir par un jeune pêcheur s’en revenant chez sa mère. Devant la beauté incroyable de la jeune demoiselle, son coeur fondit. Accroché à la belle, il revint et vint encore et à chaque fois la Maure enchantée lui promettait de l’emmener bientôt en son palais souterrain sous le rocher à côté duquel elle apparaissait.
La mère, inquiète des échappées nocturnes de son fils, confia ses peurs à deux de ses camarades et les exhorta à le suivre. Les deux compères virent cette nuit leur ami en compagnie de la magnifique fée. Une fois encore, elle évoqua le palais magique et l’eau bienfaisante qui s’y écoulait. Le rendez-vous était arrivé, il suffisait au jeune homme de promettre de la suivre, de jurer son amour infini… Les mots se formèrent sur les lèvres du garçon quand ses deux amis lui hurlèrent de se taire ! A leur venue, la fée disparut en fracassant le rocher. Les amis consolèrent l’amant éperdu en lui révélant que s’il avait juré, c’était son âme qu’il aurait abandonné à la fée. Puis, tous trois remarquèrent la source qui s’écoulait maintenant du rocher. L’eau des fées. Cette même eau qui soigne les hommes de là-bas depuis des siècles…
Le Dartmoor nous a accueilli cet été en nous offrant de belles digitales colorées un peu partout. La légende raconte que ce sont les lutins qui en posant leurs doigts à l’intérieur des corolles ont formé ces petites taches, leurs empreintes digitales en réalité…
Me voici au pied du Hound Tor, endroit hanté de chiens noirs aux yeux de braise qui ont inspiré le Chien des Baskerville de Sir Arthur Conan Doyle, une enquête de son célèbre détective Sherlock Holmes. Je me demande si l’auteur, un fervent défenseur des fées, avait lui aussi vu cette aubépine à l’intérieur de laquelle les gens pendent des coeurs et des messages pour les Pixies ?
Arrivé en haut du Tor, je surprends des visages, des têtes fantasmagoriques. Ce sont les amas de rochers aux formes inouïes. Autour du Tor, une vue à 360° sur le Dartmoor. Impressionnant et magique !
Certains racontent que ce lieu était fréquenté des druides pour leurs assemblées et rituels. D’autres évoquent le diable ou encore des sorcières qui y auraient transformé un gigantesque chien en pierre… Quoiqu’il en soit, voici un incontournable du Dartmoor !