Les Fades aident les bergers à retrouver l’agneau égaré et procurent la plante guérisseuse à la mère en larmes. Ce sont les bonnes fées auvergnates, berrichonnes, angoumoises qui demeurent dans les forêts et les rochers. On ne compte plus les trous aux fades, les pierres et les grottes qui portent leurs noms de Saint-Gourson à Vervant en passant par Laroquevieille, Mourioux ou encore Pouligny-Notre-Dame. Elles qui, vêtues de leurs voiles blancs, viennent danser dans les clairières, autour des pierres dressées sans que leurs pas ne brisent la moindre brindille, sans que leur musique ne fasse fuir les animaux sauvages. De jeunes et belles, elles se font vieilles, allant par trois dessous la lune près des grottes de la Roche-Courbon, pourvues du pouvoir de prédire l’avenir à qui croise alors leur chemin. Dans les alpes, on les voyait encore comme de petites créatures sauvages et poilues. Dans la Creuse, les vapeurs aperçues au-dessus du Château de las Fadas, formation rocheuse, signifient clairement que ces fées sont occupées à leurs lessives.
Retrouvez toutes les créatures féeriques de cette région et des régions de toute la France dans ce livre paru aux éditions Terre de Brume. Plus de 600 fées, lutins et autres membres du Petit Peuple français vous y attendent ! Richard Ely, Amélie Tsaag Valren, Bestiaire fantastique & créatures féeriques de France, Terre de Brume, 2013
Qu’on s’attarde sur l’escarboucle incrustée en son front ou la beauté de son visage, la Wyvern qu’on appelle par ailleurs la Vouivre ne laisse pas indifférent l’homme qui la croise. Sous la forme d’un serpent ou d’un dragon, elle se glisse dans les eaux, son royaume, en ne s’éloignant jamais beaucoup du fabuleux trésor qu’elle garde précieusement. Elle se montre toujours dangereuse même et surtout pour celui qui l’approchera dans les lueurs d’un soir, le pauvre sombrant d’amour, rendu fou de passion pour cette créature qui retrouvera très vite sa première nature.
Un kayak descendait la rivière. A son bord, un jeune homme s’entraînait pour une compétition prochaine. Un week-end par mois, il prenait sa voiture, le kayak solidement attaché sur le toit et partait pour s’exercer sur différentes rivières. Cela le changeait du parcours qu’il empruntait les autres week-ends, celui qu’il connaissait par cœur et finissait par ne l’intéresser que pour les détails techniques. Alors que naviguer sur une nouvelle rivière, c’était mêler au sport qu’il aimait la découverte d’autres rives, d’autres paysages défilant, une faune et une flore qui l’avaient contaminé bien jeune et l’avaient amené à pratiquer ce sport. Il venait de descendre quelques kilomètres quand le soleil le décida à s’octroyer une pause. Il vit un amas rocheux sur la rive droite où il pourrait accoster et se sécher tout en déjeunant. Il souleva le kayak hors de l’eau pour le déposer sur une petite plage de galets. Récupérant le sac caché à ses pieds, il se dirigea vers un haut rocher. De là, il posait un regard sur la rivière et le pays environnant. La nature était riche de couleurs et de spectacles divers, surtout lorsqu’on la découvrait en solitaire. Il profita quelques minutes du chant des oiseaux et de l’onde en apparence calme qui s’écoulait devant lui. Puis, il plongea la main dans le sac à dos pour en sortir son déjeuner et sa gourde. Lorsqu’il eut terminé son repas, il s’allongea sur le rocher fixant les quelques nuages blancs qui traversaient le ciel. Il perçut soudain un murmure qui n’avait rien en commun avec les mélodies de l’avifaune. C’était un chant porté par une voix extraordinaire, douce, d’une fragilité cristalline qui lui figea immédiatement l’esprit tandis qu’elle lui envolait le cœur. Il se glissa doucement le long de la roche et, arrivé en son bord, vit en contrebas, une femme, nue, se baignant dans une cavité rocheuse alimentée par l’eau de la rivière. Quelque chose brillait à ses côtés. Mais pour l’instant, le jeune sportif ne pouvait détacher son regard de cette sublime beauté à la voix enchanteresse. Osant l’impensable, il se leva et descendit de son rocher pour s’approcher de la belle. Celle-ci avait interrompu son chant et fixait maintenant le jeune homme se dirigeant vers elle. Lui, au fur et à mesure de son avancée, commença à mieux percevoir l’objet qui brillait sur le rebord de cette baignoire sauvage. C’était un rubis, un énorme rubis. Il se souvint alors des légendes qui hantent les rivières. Celles contant l’existence d’une créature ancienne, d’un dragon au front orné d’une pierre précieuse rouge comme le feu et qui parfois, prend les traits d’une femme. S’arrêtant, il observa le front de la baigneuse et y perçut une cicatrice infime. Baissant les yeux vers les épaules découvertes de la fée, il y vit alors s’y dessiner sur les bras, de minuscules écailles…
La Louve de Brocéliande Tome 1 : Le Lai de Bisclavret De Lia Vilorë Aux éditions Lune-Ecarlate
Présentation de l’éditeur:
De nos jours en Bretagne, peu savent que la légendaire forêt de Brocéliande est le théâtre d’une guerre fratricide entre fées. Victime de fièvres inexplicables lors de la nouvelle et de la pleine lune, la lycéenne Hikira C. Bisclavret fait un jour la connaissance d’Éric Freinet. Un être ambigu qui la fascine et en qui elle trouve un ami inespéré. Éric et Hikira deviennent alors les cibles d’une marraine prête à tout pour les détruire. Une alliance est leur seul espoir de survie. Car découvrir la vérité derrière « Le lai du Bisclavret » ne sera pas sans payer le prix fort. Après tout, les Demoiselles sont aussi merveilleuses que terribles…
Férue de mythologie celtique mais aussi nordique nourrie par le travail de l’elficologue Pierre Dubois, passionnée d’Histoire et de littérature médiévale, et joueuse invétérée de jeux de rôles… Lia Vilorë a commencé dès le collège à écrire des histoires où le destin tragique la magie dangereuse et la féerie noire avaient la part belle.
Notre avis :
Le loup a toujours fasciné l’homme. C’est en empruntant le sentier légendaire autour de l’animal que Lia Vilorë nous entraîne dans une histoire plongeant au coeur de la magie bretonne. Brocéliande est protégée par un garou, puissant gardien qui se manifeste à chaque fois qu’un danger guette le peuple fée blotti au sein de la forêt bretonne. Un loup, ou plutôt une louve… Car les joies de cette métamorphose reviennent aux descendantes du Lai de Bisclavret. C’est ainsi qu’Hikira va connaître peu à peu son destin tout particulier et découvrir quelle horrible acte elle a elle-même perpétué lors de sa première transformation… Mais la jeune fille n’est pas seule face au danger, aux fées noires et à la soif de vengeance qui la menacent, elle peut compter sur Eric Freinet, un médecin féru de contes et légendes.
Lia Vilorë ose le mélange des genres en façonnant une héroïne-garou eurasienne pour bâtir un roman mixant thriller et fantasy sur fond de folklore. On sent bien les années de rôliste derrière cette construction narrative, un goût prononcé pour le dialogue, bien maîtrisé lui aussi. Le texte est soigné, les personnages suffisamment nombreux pour donner du corps à l’univers tout en évitant le piège de les multiplier jusqu’à nous perdre. Il manque juste un rien de profondeur à Hikira pour nous attacher pleinement à elle et c’est plus le personnage d’Eric Freinet qui vole finalement la vedette. Certes l’exercice est difficile, c’est une guerrière, un monstre, un animal, mais on aurait aimé sentir plus le trouble du doute et la fragilité adolescente.
Gageons qu’avec une charpente aussi solide, une écriture bien rythmée et fluide, les aventures de cette jeune louve passionneront sans nul doute les amateurs du genre. Un premier tome à découvrir !
Tous les Farfadets du Limousin et d’ailleurs vous donnent rendez-vous les 7 et 8 octobre prochains à Branceilles pour la nouvelle édition du Festival Aïcontis. Au programme bien des animations féeriques, des illustrateurs et auteurs comme Pierre Dubois, Brucéro, Pascal Moguérou qui signe la très belle affiche, Claudine Glot… des échoppes fantastiques, bref de quoi passer un week-end FABULEUX ! Et n’hésitez pas à vous y rendre costumés pour participer pleinement à cette ambiance enchantée.
Hurle ! Hurle ! Voici venir la Croquemitaine, celle qui dévore les enfants peu sages et fait naître les cauchemars. Ses habits de lambeaux noirs et poussiéreux effrayent tout autant que son visage de vieille sorcière. Elle se niche dans les recoins sombres, sous les lits, dans les caves et greniers…
Depuis quelques nuits, le petit garçon âgé de cinq ans venait retrouver ses parents dans leur lit. Il tremblait de peur. C’était l’âge des terreurs nocturnes, de cette fameuse conscience de l’obscurité et des premiers rêves redoutés. Louis avait de plus en plus de mal au coucher. Il pleurait beaucoup. Ses parents devaient sans cesse remonter, le rassurer, lui relire une histoire, lui chanter une berceuse avant que la fatigue prenne le dessus sur l’angoisse et lui ferme enfin les paupières. Avant d’aller eux-mêmes se coucher, ses parents venaient remonter la couverture sur le corps endormi de leur petit Louis. A ce moment-là, le visage de l’enfant était des plus paisibles. En quittant la chambre, ils éteignaient la veilleuse qui colorait d’une lumière douce et chaude la pièce. Lorsque la porte se refermait, on entendait dans la nuit les pas des parents gagner leur propre chambre, mais également un autre bruit furtif. C’était un léger glissement, un mouvement presque imperceptible. L’ombre qui se mouvait dans la chambre de Louis prenait tout son temps. Elle aimait se poser à côté du lit et observer le visage de l’enfant à son tour, des heures durant. Elle se délectait de ses traits infantiles, de cette jeunesse première, si sensible, si fragile… Puis, sa main se posait sur le front du gamin. Le petit corps s’agitait, une sueur faisait son apparition, coulant le long de ses tempes, mouillant son oreiller. Ses petits sourcils fronçaient et les premiers gémissements se faisaient entendre dans la chambre. Tout cela faisait le délice de la Croquemitaine, pauvre créature des ombres qui hante les chambres d’enfants, les greniers abandonnés et les caves obscures. Cette mauvaise fée des recoins engendre de terribles peurs et, comble de son ignominie, ne s’attaque qu’aux esprits encore fragiles ou immatures, les jeunes enfants ayant de loin, sa préférence. Le petit Louis en prise avec d’affreux cauchemars finit par ouvrir les yeux. Son regard à moitié éveillé s’ouvrit sur le visage grimaçant de la fée. Il hurla et se jeta hors de son lit, ouvrant la porte et courant se réfugier dans la couche de ses parents. Son père n’en pouvait plus, il fallait que cela cesse ! Sa mère le prit dans ses bras, calma son angoisse et fit taire les tremblements. Louis s’endormit. Ici, il ne craignait plus rien.
Le père percevait la respiration redevenue plus calme de son fils. Le petit s’était déjà rendormi. Lui, il avait plus de mal à retourner au sommeil. Il se leva pour aller boire un verre d’eau dans la cuisine. En remontant, il jeta machinalement un œil depuis la cage d’escalier vers la chambre de l’enfant. A travers la porte entrouverte, il vit deux yeux noirs qui l’observaient.