L’actualité féerique !

  • Civiello, dessinateur du Petit Peuple ?

    Civiello, dessinateur du Petit Peuple

    KorrigansLe Petit Peuple, Emmanuel Civiello le connaît bien. Passionné depuis toujours par les légendes celtiques, son imagination nous emmène souvent au-delà des frontières de notre monde. Imprégné de ces légendes traditionnelles et de leur atmosphère médiévale, Civiello crée des univers brumeux et des personnages très réalistes. Son graphisme est unique, reconnaissable entre tous. Ses univers nous happent, tant les lieux et les événements sont crédibles et cohérents. A 31 ans, son travail sur le Petit Peuple est déjà tellement impressionnant qu’il est devenu une référence en la matière. Civiello, un des ces auteurs à posséder la clé de la porte vers l’Autre Monde?

    Légendes celtiques et mythologie…

    Autant La graine de folie que Korrigans marquent votre intérêt pour les légendes celtiques. D’où vous vient cette passion pour les légendes anciennes et les peuples imaginaires ?

    Civiello : Ma mère a toujours aimé les livres. Tous les livres, romans, livres de science, d’histoires, d’ésotérisme… C’est par elle que m’est venu le goût de la lecture. Pas vraiment les mêmes sujets, bien que c’est elle qui me fit découvrir, enfant, Bilbo le Hobbit. Cela m’a tellement plu que j’ai commencé à dévorer tout ce que je trouvais sur le sujet. Les romans ainsi que les livres d’illustrations et certaines BD. L’univers de Tolkien est tellement bien construit qu’il pourrait bien être plausible. Mais, d’autres écrivains ont également inventé un monde particulier, se basant sur un futur peut-être proche ! Je pense notamment à Dune de Franck Herbert, roman que j’ai adoré. Mais bon, nous nous éloignons. Mettons plutôt alors la légende du roi Arthur où l’on découvre la perte des anciennes croyances et donc du Petit Peuple. Sujet qui m’a fort marqué comme l’on a pu le découvrir avec l’histoire de La Graine de Folie. Je préfère la version de Marion Zimmer Bradley où l’on est beaucoup plus proche de la terre et des anciennes croyances des origines plutôt que des stéréotypes du roi Arthur et des chevaliers chevauchant dans de belles armures bien dorées !

    Thomas Mosdi, votre scénariste avec qui vous travaillez également sur La Graine de Folie, est aussi un grand passionné des légendes traditionnelles. Vos univers de conteurs et vos connaissances en mythologie celtique se recoupaient-ils ?

    La Graine de foliePour ma part, je ne pense pas avoir de connaissance particulière en mythologie celtique, j’ai simplement beaucoup lu à ce sujet. Quand à Thomas, ayant officié dans le jeu de rôle pendant de nombreuses années, je pense qu’il maîtrise le sujet pour l’avoir potassé.

    En ce qui concerne nos « univers de conteur », Thomas et moi avons su nous mettre sur la même longueur d’onde et la fin de La Graine de Folie en est l’exemple. Maintenant, sur Korrigans nous continuons d’affiner cette vision ! A force de discutions, nous arrivons à trouver un équilibre.

    Créatures enchantées

    Les premières planches des albums de Korrigans (1ère édition) sont des pages de croquis. Dans vos représentations, on sent que vous cherchez à coller le plus fidèlement possible à la réalité. Pourquoi et sur quoi vous basez vous ? Où cherchez-vous l’inspiration ?

    Plus les créatures et les univers seront réalistes, plus ils seront crédibles. Ce qui fait, par exemple ou ce qui a fait les premiers Guerre des Etoiles, c’est la véracité et la réalité technologique d’un monde purement fictif. Ce qui est le cas également de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Le fait d’avoir créé différents langages, différentes cultures et des différenciations au sein même des peuples, fait de tout cela un monde on ne peut plus réel !

    L’inspiration est partout autour de nous. Il suffit simplement de regarder. Et, parfois, pas besoin de transformer un nez ou une souche d’arbre, celle-ci contient déjà l’antre d’un gnome et le personnage est là devant moi…

    Quels sont les contrastes ou les détails importants que vous vouliez faire ressortir entre les différentes créatures de l’Autre Monde (Korrigans, Cluricaunes, Formoîrés…) ? Quelle est celle que vous préférez dessiner ?

    D’abord un contraste très important, dans n’importe quelle légende féerique, on nous parle de ce rapport de taille, petit ou grand, d’êtres qui ont diminué ou grandi au fil des ans ou d’êtres qui sont devenus tellement minuscules qu’ils ont disparu… comme les Elfes !

    Dans les croyances populaires, on ne verra jamais un ogre de cinquante centimètres mais plutôt de deux ou trois mètres (ce qui a aussi pour but d’effrayer les enfants) et l’on ne fera jamais une fée ou un elfe de six mètres de haut… (bien qu’il y en ai eu). Tout cela en fait, correspond à une iconographie établie au fil des âges.

    Celles que je préfère dessiner : toutes ! Elles sont toutes intéressantes à dessiner mais, ça va peut-être vous surprendre, j’adore faire les « monstres ».

    Quelle est votre créature préférée issue du Petit Peuple ? Pourquoi ?

    Incontestablement, toute la faune noire, le côté obscur de la féerie. Je trouve que, dans leur malveillance, il y a un côté séducteur !

    Ambiances sombres

    La plupart de vos planches sont de véritables tableaux. Le travail en couleurs directes renforce le sentiment de réalité et transporte l’imaginaire. Il contribue à porter le lecteur au-delà de la frontière des mondes. Un mot sur votre technique et l’effet recherché ?

    L’effet recherché : le réalisme !

    La Graine de folieLa couleur est directement travaillée sur le crayonné des pages. Je ne fais jamais d’encrage. Je travaille à l’acrylique. Et même si beaucoup pensent que l’aérographe est un instrument « facile » d’utilisation pour les effets tape à l’œil et un peu rétro, je l’utile pour les ombres, les lumières, les flous, les halos, les ambiances de brumes. Personnellement, traiter une histoire d’Heroic Fantasy à l’ordinateur gâche un peu la donne… je ne parle qu’au niveau BD… Lorsque l’on voit le résultat de Peter Jackson, on révise son jugement !

    L’histoire de la petite Luaine se déroule en Irlande et se réfère aux antiques légendes celtes irlandaises. Quelle(s) différence(s) majeure(s) au niveau des légendes et des créatures faites-vous entre l’Irlande, la Bretagne ou l’Ecosse par exemple ?

    Personnellement je n’en vois aucune. Les trois lieux précisés auraient fonctionné à merveille, car chaque pays contient son lot de légende et de créatures mythiques.

    Inspiration et impressions

    Vous êtes un grand admirateur du travail de René Hausman. Qu’est-ce qui vous fascine dans son œuvre ?

    Eh bien, tout ! Surtout la simplicité qui en émane. Le fait que tout est immédiatement reconnaissable. Un nain, n’a jamais été autant un nain que chez René. Que dire de ses frondaisons… Magnifiques !

    D’autres noms gravitent autour de votre univers : Brian Froud, Alan Lee, Tolkien… Toutes ces personnes ont-elles quelque chose en commun et qui est partagée par vous?

    Le rêve. Cette faculté de nous faire plonger dans un univers tout à fait crédible et, surtout, d’avoir réussi à donner corps à l’imagination partagée par tous. Enfin, pour ma part j’essaye car ce n’est pas facile d’apporter quelque chose de nouveau…

    Qu’avez-vous pensé de l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson ? Et de l’adaptation de Bilbo le Hobbit en BD ?

    S’il est une oeuvre marquante de ce siècle, c’est bien cette adaptation cinématographie. Oh bien sûr, comme tout fan et lecteur de Tolkien, je pourrais lui en vouloir de ne pas avoir été aussi fidèle et d’avoir fait quelques transgressions. Mais cela n’a-t-il pas gagné en épaisseur ?! Se référer totalement à l’œuvre littéraire aurait peut-être été un peu ennuyeux. L’intervention d’une femme au scénario a apporté un côté plus romantique qui, selon moi, contribue positivement à l’œuvre. Du côté imagerie, rien à en dire. C’est tout bonnement du génie.

    L’adaptation BD, et bien, c’est tout le contraire. Même si les qualités graphiques de l’auteur dans d’autres ouvrages fonctionnent à merveille, je trouve que dans cette histoire, elles sont un peu déplacées. On ne retrouve ni la noirceur des grands moments, ni l’héroïsme et l’envolée lyrique, et encore moins le féerique.

    Projets

    Quelques mots sur vos projets ou vos envies dans la bande dessinée…

    Deux albums de Korrigans sont encore prévus. Peut-être plus…

    Sinon, à l’opposé, je réalise actuellement le premier tome d’une série sur la mafia, sur un scénario d’Hélène Herbeau. L’action se situe dans les années 30 à LA.

    J’illustre également les textes de Catherine Quenot pour une série de quatre petits livres sur le Petit Peuple, chez Albin Michel. C’est une sorte de carnet de route de la féerie.

    Sinon, j’ai d’autres idées de scénars que je suis en train de peaufiner et qui, j’espère, verront le jour dans un avenir assez proche…

    (suite…)

  • Des origines du Petit Peuple…

    Des origines du Petit Peuple…

    Le Petit Peuple connaît un certain regain d’intérêt ces dernières années. On se complaît à posséder l’une ou l’autre effigie sur les étagères de sa bibliothèque ou de petites créatures dissimulées dans la verdure de son jardin. On collectionne les ouvrages, les cartes postales, les affichettes à leur image. On voit fleurir échoppes d’artisans, marchés féeriques et autres festivals ou expositions leur rendant hommage. Un intérêt que le mouvement celtique, la littérature et le cinéma de Fantasy ainsi que certaines envies de renouer avec la Nature expliquent en grande partie. Mais d’où vient ce Petit Peuple ? D’où sont-ils donc issus ces êtres farceurs et qu’on a tant de mal à rencontrer lors de nos balades nocturnes en forêt ?

    Certains prétendent que la religion chrétienne a transformé certaines divinités celtes ou encore romaines, bref païennes, en ces êtres aujourd’hui cachés. D’autres racontent que ce sont des esprits de la Nature (une théorie fort peu éloignée des divinités celtes ou encore des satyres, sylvains ou nymphes des mythologies antiques).

    Toutes ces divinités ou créatures mythiques auraient alors formé le Petit Peuple. Toujours dans cette optique divine, ils seraient ces dieux que les hommes ont progressivement abandonnés, ce manque de foi les auraient relégués à un certain «arrière-plan». D’autres soutiennent encore que ce sont les Tuatha De Dannan qui ont trouvé refuge sous terre et que leurs descendants sont devenus ces créatures féeriques.

    Diverses légendes formulent d’autres explications de l’origine des Faeries… Des anges déchus, d’anciens druides ou encore des enfants non baptisés étaient pour les chrétiens du Moyen-Age des personnes ni assez mauvaises pour aller en Enfer, ni assez bonnes pour le Paradis. Elles erraient ainsi sur Terre… Une croyance nordique voudrait que Eve cachât aux yeux de Dieu une partie de ses enfants qu’elle n’avait pas encore lavés. Puisque ces enfants Lui avaient été dissimulés, ils le seraient aussi aux yeux du monde… On raconte encore qu’il s’agirait d’anciens peuples ou tribus chassés par l’avancée des celtes et qui se seraient progressivement soustrait aux yeux de leurs ennemis… Enfin, Sir James M. Barrie propose le conte selon lequel le premier rire du premier enfant se brisa en mille morceaux qui s’élancèrent de partout en créatures merveilleuses… Cette jolie explication rappelle encore l’histoire de cet homme rencontrant sur sa route une petite créature. Voyant qu’elle ne l’effrayait point, celle-ci se mit à grandir monstrueusement. Mais l’homme ne frémit pas le moins du monde et dit à la créature que seul le fait d’entrer dans cette noisette pourrait l’impressionner. Aussitôt dit, aussitôt fait et tout aussitôt l’homme emporta la noisette chez le forgeron qui réduisit le fruit en d’infimes particules. Chacune d’entre elles devenant un être de Faerie !

    Alors quelle est l’histoire vraie ? Toutes nous semblent receler une étincelle de Vérité… A vous de choisir votre préférée !

    Le SAVIEZ-VOUS ?

    Shakespeare par sa pièce Songe d’une Nuit d’été contribua beaucoup au succès du Petit Peuple. En proposant des personnages issus des mythologies celtique et grecque pour ses esprits de la Nature, il témoigne de l’intérêt porté sur le sujet au 16ème siècle.

    Des fées et des morts…

    Souvent liés aux tertres funéraires, à un monde souterrain, les fairies se sont fait une réputation mortelle. Il n’est pas rare que l’apparition d’une des créatures soit annonciatrice d’une mort prochaine…

    Des êtres si familiers…

    Dans les croyances antiques, nombre de petites divinités étaient liées à la maison et la famille. Doit-on y déceler l’origine de certains membres du Petit Peuple si familiers dont farces et péripéties trouvent place en nos demeures ? Même aujourd’hui, ne raconte-t-on pas que ce serait les gremlins qui saboteraient nos ordinateurs ?

    Quelques lectures féeriques…

    A Dictionary of Fairies de Katherine Briggs (Pantheon Books)

    B.A. BA lutins, de Jean-Paul Ronecker, aux Editions Pardes

    Faërie : La colline magique, de Raymond E. Feist, Editions France Loisirs (Ed : Presses de la Cité pour la première édition)

    Fairy & Folk Tales of Ireland de W.B. Yeats, (First Collier Books)

    Les contes du petit peuple de Pierre Dubois, illustré par Claudine et Roland Sabatier, aux Editions Hoëbeke

    Gnomes, lutins, korrigans, farfadets, trolls et autres génies du monde, textes rassemblés par Dominique Besançon et Sylvie Ferdinand, Editions Terre de Brume

    Le dictionnaire féerique, d’André-François Ruaud, illustré par Marie Dereau, Lachâtaigne, Patrick Larme et Stéphane Poinsot, Editions de l’Oxymore

    Le grand livre des gnomes de Terry Pratchett, aux Editions J’ai Lu (entre autres il doit exister dans d’autres éditions….)

    Nains et gnomes, (L’univers féerique vol 2) de Edouard Brasey, Edition Pygmalion.

    Vie et mœurs des lutins bretons, Françoise Morvan, Editions Babel

  • Quatre catégories pour le Petit Peuple…

    Katharine Briggs précise qu’il existerait quatre catégories constituant le Petit Peuple:

     

    1. TROOPING FAERIES — faeries that travel in groups.

    2. SOLITARY FAERIES — faeries that tend to live alone or are found by themselves, such as, the Brownie.

    3. MERMAIDS, WATER AND NATURE SPIRITS — faeries that are tied to an element.

    4. GIANTS, MONSTERS AND HAGS — all the rest of the faeries that don’t fit into one category!

  • 2004, Peter Pan a 100 ans !

    Peter Pan a 100 ans !

    Qui n’a jamais rêvé de rester un enfant toute sa vie ? De vivre sans souci, dans un Imaginaire où se côtoient pirates et indiens, fées et créatures de toutes sortes… Lorsque James Matthew Barrie donne naissance à Peter Pan, c’est toute son âme qu’il lui insuffle et c’est toute notre jeunesse qui s’y inscrit. Cent ans plus tard et après être passé par les studios Disney ou encore, tout récemment, le crayon de Régis Loisel, Peter Pan demeure un mythe universel et sans ride aucune. Petit voyage à Neverland…

    Comme nous le rappelle la judicieuse publication de la pièce de Barrie aux éditions Terre de Brume, « Peter Pan a 100 ans et pas une ride…« . Ce petit garçon facétieux, naïf et éternellement jeune, est né en 1902 dans Le Petit Oiseau Blanc. Mais c’est réellement dans la pièce éponyme dont la première se tiendra en décembre 1904, que Peter Pan prend son envol. James Matthew Barrie décide de faire de la pièce à succès un roman, en 1911; il l’intitulera Peter and Wendy. Cette dernière prenant une importance de plus en plus grande. C’est encore l’auteur qui supervisera la première adaptation cinématographique en 1924. Un film muet, excellent, de Herbert Brenon avec, dans le rôle de Peter, Betty Bronson (Et oui, une fille ! Chose courante dans le théâtre lorsqu’il s’agit d’interpréter un jeune adolescent…). Mais le Peter Pan que nous connaissons certainement le mieux reste celui de Walt Disney qui finira de convaincre tous les petits et grands enfants de la force de ce personnage, de cette histoire qui traverse les années sans perdre de son charme et de sa puissance.

    Qui est Peter Pan ?

    Le héros de Barrie est d’abord et avant tout le symbole du refus de grandir. De nos jours, en effet, le complexe de Peter Pan, qui touche en majorité les hommes, désigne cet état d’esprit enfantin, ce refus des responsabilités, cette envie d’éternelle jeunesse… Dans l’œuvre, nombreux sont les points communs entre Peter et son auteur. Ne fut-ce que cette éternelle question de la mère, obsession perpétuelle pour Barrie (Sa tragédie: une mère adorée lui préférant son frère aîné, disparu à 13 ans). Pour un aperçu des liens entre l’auteur et son héros, nous vous conseillons la préface de Franck Thibault à l’édition de Terre de Brume (2004), riche en enseignements. Cette préface a le mérite de mettre l’accent sur Peter Pan en tant que « célébration de l’imagination au pouvoir et une glorification de la jeunesse… » mais relève que l’œuvre est également « l’expression d’une profonde blessure« .  Cette blessure, ce mal être seront quelque peu effacés par le dessin animé de Walt Disney (1953) et sa suite (Peter Pan, retour au pays imaginaire, de Robin Budd, 2002) pour être pleinement révélés par le Peter Pan de Loisel (Vents d’Ouest, 1996-2004), préambule à l’histoire de Barrie. Se faisant, Loisel réussit là un coup de maître, celui de recolorer Peter Pan de sa sublime noirceur…

    Un siècle pour une éternité

    Depuis la première représentation théâtrale jusqu’à aujourd’hui, rare sont ceux qui ont pu échapper à Peter et sa bande de gosses perdus. Le Pays de Jamais-Jamais a même donné son nom au parc de Mickaël Jackson, victime mondialement célèbre de ce fameux complexe d’éternelle jeunesse ou, dans le cas de la pop star, de jeunesse perdue qu’il cherche à retrouver…

    Le cinéma livrera une suite à Peter Pan (Robin Williams) au travers de Hook de Steven Spielberg (avec la délicieuse Julia Roberts en fée clochette !). Mais il faudra attendre la version de P.J. Hogan, en 2004, pour donner lieu à une véritable magie digne du Pays de Jamais-Jamais. Spectacle garanti !

    Si le cinéma s’accapare la magie de Peter Pan, la bande dessinée penchera bien plus du côté sous-jacent de l’œuvre et éclairera de ses planches et de ses cases l’aspect poétique, toute la profondeur du monde de Barrie.

    Cosey, dans A la recherche de Peter Pan (Le Lombard), nous propose une histoire centrée autour d’un écrivain débarquant dans un paisible petit village suisse. Les références à Peter Pan sont multiples : la recherche de l’inspiration, les souvenirs d’enfance (du héros et de l’auteur), la poésie… Tout récemment, Marion Poinsot nous mène dans un univers plus accentué côté pirates avec les aventures de Dread Mac Farlane, la sœur de Peter Pan, aux éditions Clair de Lune. Mais encore une fois, l’œuvre ultime autour de Peter Pan reste celle de Loisel. Suivant un idée émise par Pierre Dubois, éminent spécialiste du Petit peuple mais également des récits de pirates, Loisel va lier Peter Pan à Jack l’éventreur, donnant au côté obscur de l’œuvre de Barrie encore plus de profondeur. Il nous ballade entre un Londres malsain et le Pays de Jamais-Jamais, où cette faculté qu’ont les habitants de l’île d’oublier sans cesse apparaîtra des plus cruelles. En six tomes, Loisel émeut, touche, pourfend nos âmes avides de merveilleux. Une œuvre sucrée et amère à la fois, un pur régal.

    La Fée clochette

    Si Barrie accorde au fil des réécritures de plus en plus d’importance au personnage de Wendy, le public, depuis l’adaptation de Disney, semble accorder ses faveurs à un autre personnage important de l’histoire: la Fée Clochette.

    Inspirée par le modèle-type de pin-up des années 50 pour sa version animée, la fée muette deviendra le symbole des programmes TV de Disney et des feux d’artifice de ses parcs d’attraction. Loisel lui rendra la parole, seulement intelligible par les habitants de Jamais-Jamais et en fera une fille sensuellement boudinée, aux bas de guêpe, qu’on s’arrache sous forme de posters, ex-libris, statuettes, etc.

    Devenue un véritable mythe, elle apparaît de tous côtés, que ce soit au final de Roger Rabbit, dans Shrek ou encore, sous les traits de Kylie Minogue, dans l’enchanteur Moulin Rouge. On la retrouve encore en littérature française, sous les trait de la fée Chandelle ­- qui faillit s’appeler Clochette -; délicieuse, espiègle et jalouse, elle tient compagnie au chevalier Kantz, dans le cycle de Wielstadt de Pierre Pevel (chez Fleuve Noir et réédités chez Pocket).

    La Fée clochette est devenue le véritable symbole de l’Imaginaire et de l’inspiration féerique. De toutes les fées de nos légendes, celle de Barrie reste la plus présente dans les esprits de chacun. Si Peter Pan représente l’envie de l’éternelle jeunesse, La Fée Clochette est, elle, le symbole du désir de l’Imaginaire. Un imaginaire toujours lié à l’enfance, ses jalousies, ses colères et ses actes irréfléchis.

    Barrie avait eu quelques craintes, lors de la première représentation, au sujet de Clochette. Son héros demandait au public d’applaudir pour faire revivre la fée mourante, empoisonnée. Car les fées ne meurent que si on arrête de croire en elles. Cent ans plus tard, l’auteur peut se reposer en paix, car les applaudissements fusent toujours pour la petite créature ailée, espiègle et bougonne mais éternellement adorable… comme le sont nos chers bambins.

    Si l’envie vous prend de vous envoler vers le Pays imaginaire, on ne saurait trop vous conseiller d’emprunter la porte discrète mais combien fabuleuse de la vie de J.M. Barrie racontée dans le sublime Finding Neverland de Marc Forster avec dans le rôle de Barrie, un Johnny Depp très convaincant. Un film qui a su allier la réalité et la magie. Une magie qui a soufflé ses 100 bougies…

    Bon anniversaire Peter,

    bon anniversaire Clochette !

  • Les trolls

    Les Trolls

    De toutes les créatures étranges, il en existe une au nom connu de tous, mais dont la représentation diffère d’une imagination à l’autre. Gigantesque ou minuscule, méchant ou pourvu de bonnes intentions, farceur ou guerrier… Cet être mal défini, n’en reste pas moins intéressant. C’est pourquoi l’article suivant essaye de vous donner un maximum d’indices pour partir à sa rencontre…

    Il est bien difficile aux humains de décrire un troll car ils vivent en grande partie sous terre ou la nuit, craignant la lumière du jour qui les pétrifient ou les fait se gonfler subitement et éclater. Bien peu d’humains peuvent donc se vanter d’avoir vu un troll. C’est en fait essentiellement grâce aux Krägntrolls, de petits tas de pierres assemblés par les trolls pour laisser trace de leur passage que l’on sait qu’ils existent et qu’ils vivent, dans des pays du Nord de l’Europe, surtout la Norvège, où nombre de légendes les évoquent.

    A priori, les trolls ne sont pas sympathiques, on se les imagine parfois petits, de 25cm à 1m, maigres, 2kg en moyenne, à la peau brunâtre, aux cheveux hirsutes, aux yeux sombres et peu accueillants, et plutôt enclins à faire de mauvaises blagues. Mais il arrive qu’on les décrive assez grands : de 1m20 à 3m, aux longs bras, mais aussi trapus, aux courtes jambes et plutôt rondelets. Ou encore, on se les représente comme de véritables géants coiffés de sapins. Barbus, ils sont aussi très laids, des boutons plein le visage, un gros nez, et sentent, paraît-il, très mauvais. Râblés et costauds, ils sont au combat d’une force impressionnante et sont célèbres pour de nombreux faits d’armes autour desquels sont organisés la plupart des rites et des fêtes. Ces armes sont fabriquées au cœur de la terre, dans des grottes étranges et sombres, d’où les trolls tiennent les secrets des métaux. Cela les rapproche des nains, avec qui on a tendance à les confondre. La différence avec les lutins ou les gnomes n’est d’ailleurs pas toujours claire. Pourtant, si ces personnages viennent à se croiser, ce sera la plupart du temps le troll qui sera au service du mal. Si un gnome rencontre un troll, il passera un sale quart d’heure ! Ce n’est pas que le troll soit véritablement méchant, mais il est extrêmement bête. Il taquinera le gnome, lui fera sans doute mal, mais ne le tuera jamais : on dit qu’il ne fait le mal que par ignorance.

    Les trolls ont des mœurs bizarres : vivant en tribus de cinq ou six, on n’ose même pas décrire leurs comportements sexuels tant ils sont ignobles ! Ils mangent n’importe quoi, surtout des choses gluantes. Ils ne construisent pas de maisons et sont nomades, sans doute en raison de leurs problèmes de voisinage. Si certains disent qu’il y a parfaitement moyen de cohabiter avec eux, du moment qu’on ne les ennuie pas, la plupart des gens des pays où les trolls vivent évoquent plutôt leur sale caractère. Enfin, signalons que le troll aime le jeu, il ne rechigne donc pas à résoudre les énigmes ou à essayer de battre quiconque le met au défi, même si, là encore, sa naïveté ou sa bêtise lui jouent souvent de vilains tours… Mais si, par hasard, un humain rencontre un troll, il y a aussi quelques précautions à prendre. Par exemple : ne pas le regarder dans les yeux, par crainte de le provoquer; l’écouter parler et ne surtout ne jamais sous entendre qu’il est idiot, sous peine de le fâcher. Et mettre un troll en colère, ce n’est vraiment pas conseillé !

    Des trolls dans l’imaginaire d’aujourd’hui…

    Moumine le troll
    Moumine le troll

    Même s’il reste assez méconnu, on ne peut pas dire que le troll n’a pas su inspirer nombre de créateurs d’histoires ! Le plus célèbre troll est très certainement Moumine, le héros des contes pour enfants de l’auteur suédois Tove Jansson. Illustrés par l’auteur, ces contes remplis d’humour, nous entraînent dans les aventures d’une famille de trolls bohèmes…

    Mentionnons encore, et toujours dans le registre pour enfants, l’excellent texte de Christine Duchesne, Jomush et le troll des cuisines (aux éditions Dominique et Compagnie). Signalons enfin l’apparition d’un Troll horrible dans le désormais incontournable et mondialement célèbre
    Harry Potter créé par Joanne K. Rowling !

    Passons aux romans pour adultes avec les trolls du Seigneur des Anneaux qui, eux aussi, se pétrifient au soleil et ont une taille imposante. Leur indécision et leurs interminables discussions leur vaudront un bien triste sort dans Bilbo le Hobbit de Tolkien ! Autres trolls, ceux qui croupissent dans le sol du Royaume de Maras-Dantia, dans le très bon roman de fantasy de Stan Nicholls, qui donne la vedette à d’autres créatures assez terrifiantes, les Orcs.

    Mais si, dans la littérature, le troll n’a pas la place qu’il mérite vraiment, dans la bande dessinée, il en est tout autrement. Deux séries mettent ces créatures bien en avant.

    La première est Troll de Morvan, Sfar et Boiscommun (aux éditions Delcourt). L’histoire nous conte les aventures merveilleuses de Larve, une jeune humaine et de ses « parents adoptifs » : Mangog le Troll et Albrecht le gobelin. Des aventures emplies d’humour et de combats sanglants.

    Trolls de Troy

    Tout aussi humoristique et tournant également autour d’un gore toutefois assez sympathique, Trolls de Troy (de Arleston et Mourier, aux éditions Soleil) est une série dérivée du célèbre Lanfeust de Troy (Arleston, Tarquin, Soleil) qui nous avait présenté Hébus, un terrible troll « apprivoisé » grâce à un charme magique. Dans Trolls de Troy, nous plongeons au coeur d’une communauté Troll où nos héros aux moeurs barbares ont adopté une jeune humaine (euh, au départ, ils avaient apporté le bébé humain comme dessert, mais, bon, on s’attache à ces petites bêtes…)… Il s’ensuit des situations bien loufoques et des aventures trépidantes…

    Voilà, nous espérons que vous en aurez appris un petit peu plus sur ces étranges créatures que sont les trolls. Et si, au cours de vos balades, vous apercevez des rochers qui auraient quelques points communs avec nos descriptions, n’hésitez pas à nous envoyer vos photos ! Car, sans nul doute, il s’agira très certainement d’un pauvre troll surpris par les rayons du soleil !

    Articlé rédigé en collaboration avec Julie Boitte

    Points de repère et lectures conseillées:

    • Arleston, Mourier, « Trolls de Troy », Soleil;
    • Brasey Edouard, « Géants et Dragons », Pygmalion;
    • Chaize A., « Un hiver dans la vallée de Moumine » de Tove Jansson, Nathan;
    • Duchesne Christine, « Jomush et le troll des cuisines », Edition Dominique et Compagnie;
    • Jansson Tove, » Moumine le troll », Pocket, Kid pocket n°55;
    • Jansson Tove, » L’Été dramatique de Moumine », Pocket, Kid pocket n°209;
    • Jansson Tove, « Un hiver dans la vallée de Moumine », Pocket, Kid pocket n°321;
    • Lecouteux Claude, « Les nains et les elfes au moyen âge », Imago;
    • Morvan, Sfar, Boiscommun, « Troll », Delcourt;
    • Nicholls Stan, « Orcs », Bragelonne;
    • Tolkien J.R.R., « Bilbo, le Hobbit », Christian Bourgeois;
    • Tolkien J.R.R., « Le Seigneur des Anneaux », Christian Bourgeois.
Suivez les fées !

Abonnez-vous pour ne rien manquer...