Catégorie : Créatures

Des fées, des trolls et des lutins en pagaille !

  • L’Ijiraq

    L’Ijiraq

    Revêtus d’une bonne veste bien chaude, de cinq ou six pulls, équipés de moufles et d’un gros bonnet, raquettes aux pieds, vous voilà partis pour le Grand Nord canadien ! C’est en effet dans le pays du sirop d’érable que l’on peut rencontrer l’Ijiraq. Cette créature apparaît sous diverses formes, même si l’une de ses préférées reste celle d’un caribou. On peut également croiser l’Ijiraq sous une forme humaine, d’une taille assez grande. Seule particularité qui le différencie fortement des hommes : ses yeux sont disposés de part et d’autre du visage, comme ceux du caribou. Les Ijirait feraient partie du peuple de «ceux qui sont morts». De nombreuses histoires racontent comment ces non-humains traquent les jeunes enfants pour les enlever de notre monde. On les rapproche alors des tuurngait, ces êtres redoutables et redoutés qui dévorent les enfants, croquemitaines de ces régions polaires. Si votre chemin vous mène un jour dans le Nord canadien, redoutez plus que tout le sifflement de toutes ces créatures, ils vous feront perdre la mémoire !
    Et si vous surprenez quelques enfants Inuits à s’amuser au pied d’un inukshuk, un de ces amas de pierres à forme humaine, qui servent de point de repère pour guider les voyageurs ou signaler un lieu sacré, mettez-les en garde ! De nombreuses histoires racontent comment les Ijirait, cachés derrière ce genre d’objet, se sont saisis des jeunes imprudents. Il n’y a pas que les ours blancs qu’il faut craindre dans ces déserts de glace, les non-humains sont partout !
    Mais que ceci ne vous empêche pas de partir à l’aventure en ces terres extraordinaires!

  • La Roussalka

    La Roussalka

    Si vos pas vous entraînent un jour dans les campagnes de Russie, demandez aux paysans de vous conter des histoires de Roussalki. Cette créature, proche de l’ondine, apparaît le plus souvent au bord d’une rivière, d’un étang ou d’un lac, sous les traits d’une belle femme aux longs cheveux que certains prétendent verts (ou peut-être est-ce le vert des algues qui retiennent ses tresses qui nous trompent ?). Tantôt pendues à un arbre, tantôt se promenant dans les forêts, la Roussalka attire ses victimes par la douceur de son chant. Une fois enivré de sa musique et séduit par sa beauté, le malheureux meurt sous les caresses et les chatouilles de sa prédatrice.
    On dit que la Roussalka naît des jeunes femmes noyées. C’est bien cette origine qu’Alexandre Pouchkine choisit pour son héroïne de la pièce éponyme. Une fille de meunier tombe amoureuse d’un prince. Cet amour semble réciproque jusqu’au jour où son amant s’en va marier une princesse et abandonne la pauvrette. Celle-ci se noie par désespoir et devient une Roussalka, revenue pour se venger. Cette pièce de théâtre inachevée inspirera l’opéra de Dvorak et d’autres musiciens tant le drame qui s’y joue y est habilement décrit. Reste que les Roussalki se rencontrent chez d’autres écrivains, comme Mérimée, par exemple. La créature a tellement d’importance en Russie qu’une semaine complète lui est dédiée juste avant le solstice d’été. Car si maléfique elle est, c’est également la Roussalka qui fait pousser le blé et qu’on implore lors des récoltes ou pour faire tomber la pluie. Pendant cette semaine, il est interdit de coudre, de travailler dans les champs ou de peindre sa maison. Une fois les récoltes passées, les paysans raccompagnent les Roussalki à leurs rivières et étangs. Sans oublier de toujours laisser un dîner pour elles, la nuit, sur la table ou des vêtements pendus sur les clôtures. Si d’aventure, votre chemin devait croiser le leur, un petit conseil, portez sur vous absinthe, ail, livèche et raifort. Ces herbes magiques vous protégeront !

  • Les lavandières de nuit

    Les lavandières de nuit

    Si vous passez à Quimper, arrêtez-vous en son musée des Beaux-Arts pour y admirer un tableau de Yann Dargent intitulé Les Lavandières de la nuit. C’est ce même tableau qui sert de couverture au recueil Fantômes Bretons disponible en téléchargement sur le site www.arbredor.com, une bonne adresse pour les amateurs de contes populaires…
    Mais qui sont ces femmes lavant de nuit leur linge le long des ruisseaux ou frappant leurs draps blancs sur la margelle des fontaines ? On dit qu’elles n’apparaissent qu’aux hommes, jamais aux femmes et toujours pour annoncer leur mort. George Sand parle de mères infanticides, punies pour l’éternité, répétant leur geste infâme. Le paquet de linge blanc dissimulerait alors un petit corps meurtri… D’autres prétendent encore que les kannerezed-noz comme on les appelle en Bretagne, seraient des fées des eaux… Une chose est certaine, il vaut mieux ne pas trop tarder le soir et éviter de rentrer seul de peur d’entendre le bruit caractéristique du battoir frappé en cadence morbide. Et si vous avez le malheur de rencontrer une de ces lavandières nocturnes et que cette dernière vous propose de battre le linge avec elle, surtout ne tordez jamais celui-ci en sens contraire, cela scellerait votre sort !  Proches des dames blanches qui se rencontrent le long des routes, les lavandières de nuit sont souvent annonciatrices de la venue de la grande faucheuse. Dans d’autres régions, elles annoncent (ou font tomber) la pluie en provoquant les orages de leurs coups répétés et de l’eau qu’elles projettent dans le ciel.
    Quant à la faute originelle qui leur a valu cette punition, la plupart du temps c’est bien l’avortement ou l’infanticide qui explique leur damnation, parfois encore, le simple fait d’avoir négligé leur travail durant leur vie en utilisant des pierres en place de savons par exemple. Dieu les aurait alors renvoyées dans leur lavoir pour y travailler le linge de nuit et porter de lourds cailloux…
    Ces lavandières, dans leurs habits traditionnels, se rencontrent principalement en Bretagne mais trouvent leurs équivalents dans d’autres régions et jusqu’en Belgique où celles-ci perdent leur caractère néfaste en se chargeant du linge déposé le soir avec nourriture et boisson…

  • Les Farfadets

    Les Farfadets

    Dresser le portrait de ces lutins facétieux n’est pas chose aisée car on les retrouve de-ci de-là en nos contrées européennes sous des noms divers et des apparences quelque peu changeantes. Si l’on s’attache au nom, nos pas nous mènent en Provence où le mot fadet provient du latin fatum et désigne les fées (fades). On n’est pas loin non plus du mot fada qui signifie «un peu fou» et qui caractérise bien le comportement des farfadets. Un comportement qui permet de les reconnaître et qui s’avère le plus souvent difficile à suivre dans une logique quelconque. Tantôt ils se révèleront d’ignobles gredins en pénétrant de nuit dans les fermes isolées, renversant pots et chaudrons, faisant tourner le lait ou encore enduisant les marches d’escalier de beurre frais. Tantôt ces esprits follets se transformeront en aide précieuse pour les gens de ferme. Ils rangeront la vaisselle, prendront soin des animaux ou encore faucheront les champs. Mais prenez garde à ne les récompenser que d’un bol de crème assorti d’un gâteau de miel car leur en offrir de trop les offenserait et les forcerait à quitter de suite votre maison !

    Les farfadets mesurent moins de cinquante centimètres, ont la peau ridée et foncée, sont de corpulence mince et sont revêtus de quelques haillons quand ils ne courent pas en tenue d’Adam. Ils se complaisent dans les champs de lavande de Provence, on en rencontre également beaucoup en Vendée et certains de leurs cousins vivent plus au Nord, en Irlande ou en Ecosse. Sur le sujet, Brian Froud et Terry Jones ont conçu un ouvrage des plus plaisants appelé La Bible des Gnomes et des Farfadets tandis que la petite Fadette, un peu sorcière, est l’héroïne du roman éponyme de Georges Sand. Fadette étant un prénom signifiant «petite fée».  A noter que si la fadette est jolie, le fadet correspond moins aux normes de la beauté humaine et les farfadets ne se rencontrent d’ailleurs que sous la forme mâle. Voilà donc une créature bien changeante et difficile à cerner qui représente bien le Petit Peuple dans sa nature à la fois joviale et lunatique.

    Sur ce, nous vous laissons en compagnie des fadets, follets, fradets, frérots, folatons, foulets, ferrés, bouquins, caraquins et perchevins !

  • Les trolls

    Les Trolls

    De toutes les créatures étranges, il en existe une au nom connu de tous, mais dont la représentation diffère d’une imagination à l’autre. Gigantesque ou minuscule, méchant ou pourvu de bonnes intentions, farceur ou guerrier… Cet être mal défini, n’en reste pas moins intéressant. C’est pourquoi l’article suivant essaye de vous donner un maximum d’indices pour partir à sa rencontre…

    Il est bien difficile aux humains de décrire un troll car ils vivent en grande partie sous terre ou la nuit, craignant la lumière du jour qui les pétrifient ou les fait se gonfler subitement et éclater. Bien peu d’humains peuvent donc se vanter d’avoir vu un troll. C’est en fait essentiellement grâce aux Krägntrolls, de petits tas de pierres assemblés par les trolls pour laisser trace de leur passage que l’on sait qu’ils existent et qu’ils vivent, dans des pays du Nord de l’Europe, surtout la Norvège, où nombre de légendes les évoquent.

    A priori, les trolls ne sont pas sympathiques, on se les imagine parfois petits, de 25cm à 1m, maigres, 2kg en moyenne, à la peau brunâtre, aux cheveux hirsutes, aux yeux sombres et peu accueillants, et plutôt enclins à faire de mauvaises blagues. Mais il arrive qu’on les décrive assez grands : de 1m20 à 3m, aux longs bras, mais aussi trapus, aux courtes jambes et plutôt rondelets. Ou encore, on se les représente comme de véritables géants coiffés de sapins. Barbus, ils sont aussi très laids, des boutons plein le visage, un gros nez, et sentent, paraît-il, très mauvais. Râblés et costauds, ils sont au combat d’une force impressionnante et sont célèbres pour de nombreux faits d’armes autour desquels sont organisés la plupart des rites et des fêtes. Ces armes sont fabriquées au cœur de la terre, dans des grottes étranges et sombres, d’où les trolls tiennent les secrets des métaux. Cela les rapproche des nains, avec qui on a tendance à les confondre. La différence avec les lutins ou les gnomes n’est d’ailleurs pas toujours claire. Pourtant, si ces personnages viennent à se croiser, ce sera la plupart du temps le troll qui sera au service du mal. Si un gnome rencontre un troll, il passera un sale quart d’heure ! Ce n’est pas que le troll soit véritablement méchant, mais il est extrêmement bête. Il taquinera le gnome, lui fera sans doute mal, mais ne le tuera jamais : on dit qu’il ne fait le mal que par ignorance.

    Les trolls ont des mœurs bizarres : vivant en tribus de cinq ou six, on n’ose même pas décrire leurs comportements sexuels tant ils sont ignobles ! Ils mangent n’importe quoi, surtout des choses gluantes. Ils ne construisent pas de maisons et sont nomades, sans doute en raison de leurs problèmes de voisinage. Si certains disent qu’il y a parfaitement moyen de cohabiter avec eux, du moment qu’on ne les ennuie pas, la plupart des gens des pays où les trolls vivent évoquent plutôt leur sale caractère. Enfin, signalons que le troll aime le jeu, il ne rechigne donc pas à résoudre les énigmes ou à essayer de battre quiconque le met au défi, même si, là encore, sa naïveté ou sa bêtise lui jouent souvent de vilains tours… Mais si, par hasard, un humain rencontre un troll, il y a aussi quelques précautions à prendre. Par exemple : ne pas le regarder dans les yeux, par crainte de le provoquer; l’écouter parler et ne surtout ne jamais sous entendre qu’il est idiot, sous peine de le fâcher. Et mettre un troll en colère, ce n’est vraiment pas conseillé !

    Des trolls dans l’imaginaire d’aujourd’hui…

    Moumine le troll
    Moumine le troll

    Même s’il reste assez méconnu, on ne peut pas dire que le troll n’a pas su inspirer nombre de créateurs d’histoires ! Le plus célèbre troll est très certainement Moumine, le héros des contes pour enfants de l’auteur suédois Tove Jansson. Illustrés par l’auteur, ces contes remplis d’humour, nous entraînent dans les aventures d’une famille de trolls bohèmes…

    Mentionnons encore, et toujours dans le registre pour enfants, l’excellent texte de Christine Duchesne, Jomush et le troll des cuisines (aux éditions Dominique et Compagnie). Signalons enfin l’apparition d’un Troll horrible dans le désormais incontournable et mondialement célèbre
    Harry Potter créé par Joanne K. Rowling !

    Passons aux romans pour adultes avec les trolls du Seigneur des Anneaux qui, eux aussi, se pétrifient au soleil et ont une taille imposante. Leur indécision et leurs interminables discussions leur vaudront un bien triste sort dans Bilbo le Hobbit de Tolkien ! Autres trolls, ceux qui croupissent dans le sol du Royaume de Maras-Dantia, dans le très bon roman de fantasy de Stan Nicholls, qui donne la vedette à d’autres créatures assez terrifiantes, les Orcs.

    Mais si, dans la littérature, le troll n’a pas la place qu’il mérite vraiment, dans la bande dessinée, il en est tout autrement. Deux séries mettent ces créatures bien en avant.

    La première est Troll de Morvan, Sfar et Boiscommun (aux éditions Delcourt). L’histoire nous conte les aventures merveilleuses de Larve, une jeune humaine et de ses « parents adoptifs » : Mangog le Troll et Albrecht le gobelin. Des aventures emplies d’humour et de combats sanglants.

    Trolls de Troy

    Tout aussi humoristique et tournant également autour d’un gore toutefois assez sympathique, Trolls de Troy (de Arleston et Mourier, aux éditions Soleil) est une série dérivée du célèbre Lanfeust de Troy (Arleston, Tarquin, Soleil) qui nous avait présenté Hébus, un terrible troll « apprivoisé » grâce à un charme magique. Dans Trolls de Troy, nous plongeons au coeur d’une communauté Troll où nos héros aux moeurs barbares ont adopté une jeune humaine (euh, au départ, ils avaient apporté le bébé humain comme dessert, mais, bon, on s’attache à ces petites bêtes…)… Il s’ensuit des situations bien loufoques et des aventures trépidantes…

    Voilà, nous espérons que vous en aurez appris un petit peu plus sur ces étranges créatures que sont les trolls. Et si, au cours de vos balades, vous apercevez des rochers qui auraient quelques points communs avec nos descriptions, n’hésitez pas à nous envoyer vos photos ! Car, sans nul doute, il s’agira très certainement d’un pauvre troll surpris par les rayons du soleil !

    Articlé rédigé en collaboration avec Julie Boitte

    Points de repère et lectures conseillées:

    • Arleston, Mourier, « Trolls de Troy », Soleil;
    • Brasey Edouard, « Géants et Dragons », Pygmalion;
    • Chaize A., « Un hiver dans la vallée de Moumine » de Tove Jansson, Nathan;
    • Duchesne Christine, « Jomush et le troll des cuisines », Edition Dominique et Compagnie;
    • Jansson Tove, » Moumine le troll », Pocket, Kid pocket n°55;
    • Jansson Tove, » L’Été dramatique de Moumine », Pocket, Kid pocket n°209;
    • Jansson Tove, « Un hiver dans la vallée de Moumine », Pocket, Kid pocket n°321;
    • Lecouteux Claude, « Les nains et les elfes au moyen âge », Imago;
    • Morvan, Sfar, Boiscommun, « Troll », Delcourt;
    • Nicholls Stan, « Orcs », Bragelonne;
    • Tolkien J.R.R., « Bilbo, le Hobbit », Christian Bourgeois;
    • Tolkien J.R.R., « Le Seigneur des Anneaux », Christian Bourgeois.
Suivez les fées !

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