Étiquette : féerie

  • Cuisine: Mes desserts de Sorcière – Brigitte Bulard-Cordeau, éditions du Chêne

    Mes desserts de Sorcière
    Brigitte Bulard-Cordeau
    Emilie Bulard-Cordeau
    Le Grimoire enchanté
    octobre 2009
    240 pages
    Format: 210 x 310 mm
    Prix: 29,90 €

     

    Présentation de l’éditeur:

    Après le succès des deux premiers Grimoires enchantés, Brigitte Bulard-Cordeau, notre sorcière bien-aimée, se transforme en fée et vous livre ici toutes ses recettes de desserts pour voir la vie côté sucré, tout en douceurs. Après les succès des deux premiers tomes dans lesquels elle vous révélait ses secrets pour séduire un nouvel amoureux, épater vos amis ou garder la forme, notre sorcière Brigitte se transforme en fée et vous livre ici toutes ses recettes pour voir la vie côté sucré, tout en douceurs. Un nuage de fleurs de sureau pour une vie sans nuages ? Une crème au coquelicot pour mettre le feu aux poudres ? Des biscuits aux mendiants et à la cardamome pour guérir du mal d’amour ? Des jambes de déesse grâce à l’ananas au lit de rose ? À vous de faire votre choix parmi ces 100 nouvelles recettes de notre sorcière bien-aimée ! C’est cette fois dans l’univers rose et sucré des fées que ce grimoire enchanté vous emmène, afin d’y trouver des plantes aux mille vertus et vous concocter des desserts gourmands pour un voyage hors du temps !

     

    Notre avis:

    Voilà un ouvrage qui va vous mettre l’eau à la bouche et vous donner l’envie de mettre la main à la pâte pour parfumer votre cuisine et le reste de la maison de douces odeurs de biscuits et autres gâteaux féeriques. Une écriture dynamique, des recettes amusantes et parsemées d’anecdotes, et surtout, une mise en page formidable. Touts nos félicitations à la maquettiste qui a insufflé une belle part de magie à l’ouvrage. De bonbons en macarons, vous voyagerez au travers d’un univers merveilleux où plantes, fleurs et sucre font bon ménage pour ravir nos papilles. Reste un peu dommage de ne pas avoir de photos des résultats auxquels on peut s’attendre mais cela aurait peut-être cloché avec la mise en page et le style du livre. Et puis, cela rajoute une part de mystère lorsqu’on s’y met. C’est ça aussi, féerie. Bon, je vous laisse, mon dessert m’appelle !

  • Interview de Vanessa et Paul Kidby pour la sortie du Monde Enchanté – Semaine spéciale éditions Daniel Maghen

    Paul Kidby est mondialement connu pour être l’illustrateur attitré depuis le début des années 2000 de l’univers déjanté de Terry Pratchett. Il partage avec l’auteur son humour. Pour preuve, son Royaume Enchanté qu’il nous livre aux éditions Daniel Maghen et qu’il partage avec les textes de son épouse, Vanessa. Vanessa Kidby a bien voulu répondre à nos questions, quelquefois interrompue par son illustre mari donnant ça et là son avis depuis le salon où il dessine… Interview mouvementée sur fond de rires de gobelins…


    Croyez vous en les mondes enchantés ?

    Nous pensons que notre monde quotidien est enchanté et que si vous avancez avec précaution et que vous vous en approchez de la façon juste, vous pouvez trouver beaucoup de fenêtres secrètes ouvertes sur les royaumes magiques. C’est possible pour chacun d’entre nous d’avoir accès au merveilleuxt, mais la plupart des adultes ont perdu la capacité qu’ont les enfants d’apprécier et de s’émerveiller de la magie du monde. L’imagination est une chose qui doit être chérie et nourrie indépendamment de votre âge!

    Nous cherchons beaucoup l’inspiration dans la nature et essayons de trouver de l’amusement et de l’enchantement dans la vie de tous les jours.

    Nous espérons capturer une petite part de mystère et de merveilleuxt dans notre travail, même si ce n’est qu’au travers d’une coquille d’escargot ou d’une graine d’érable. Nous essayons de prendre le temps d’apprécier les petites choses et de montrer à d’autres notre façon d’observer les choses. Il y a une citation d’Albert Szent-Gyorgyi qui résume notre sentiment : « Découvrir consiste à voir comme tout le monde et à réfléchir comme personne ».

    Dans votre royaume enchanté, il y a un peuple des éclairs. Parlez-nous un peu de cet étrange peuple et des pierres liées…

    Il est dit dans le folklore que des pierres inhabituelles comme les ammonites ou les bélemnites fossiles sont formées là où les coups de foudre frappent la terre. On a cru que ces pierres pourraient protéger des coups de foudre. L’homme avait l’habitude d’en attacher au cou du bétail de valeur ou d’en placer sur les appuis de fenêtre des maisons suivant cette théorie selon laquelle la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Mr Thrips est un gnome qui parcourt le Royaume enchanté en vendant ces pierres rares, apportant ainsi cette protection aux habitants de Faerie.

    Il y a une grande différence entre les illustrations de fées, déesses, griffon, licorne… et les gobelins, gnomes, nains…

    Paul aime dessiner de beaux sujets tout comme des choses plus comiques. Nous voulions un livre qui mélange les deux aspects. Nous voulions que les bêtes mythiques possèdent une certaine dignité et une présence spirituelle, c’est aussi vrai des belles fées comme la Nymphe des bois. Le Royaume Enchanté est une combinaison de majesté et de grotesque et nous estimions que les gnomes et les lutins étaient une bonne occasion de peindre l’humour et le côté plus comique de notre univers.

    Cet humour, on le sent, est important dans votre oeuvre. C’est un trait de Faerie ou une déformation professionnelle due à la collaboration avec Terry Pratchett ?

    Paul a eu de merveilleuses occasions de travailler avec Sir Terry Prattchet. L’esprit et l’humour des livres de Disque-Monde était ce qui l’a attiré vers ce métier. Paul pense que ses illustrations complètent l’écriture de Terry car ils partagent tous deux ce même sens de l’humour irrévérencieux et insouciant.

    Paul intervient : « J’aime souvent inclure des « plaisanteries visuelles » dans mes dessins et peintures, c’est une partie importante de mon approche, de mon travail et de la vie elle-même. »

    L’Humour fait aussi partie intégrante de la création du Royaume Enchanté. Être un artiste peut sembler un travail de solitaire mais travailler ensemble crée un environnement vibrant, avec son lots de blagues d’où émanent souvent de nouvelles idées.

    Quelle est la place de la féerie en Grande-Bretagne aujourd’hui ?

    Le folklore et les contes de fée sont toujours une partie importante de notre culture ici, au Royaume-Uni. Nous estimons qu’il est important d’entretenir ce sens antique du Merveilleux et de la magie et les coutumes traditionnelles, pour que toutes ces histoires ne soient pas perdues en ce monde moderne. Nous utilisons donc beaucoup d’idées issues du folklore anglais, (comme Auld Goggie, qui garde traditionnellement les vergers de pommes dans le Somerset), comme point de départ à nos créations et nous leur ajoutons ensuite nos propres inventions.

    Nous avons de la chance de vivre dans la New Forest, un paysage sauvage au Sud de l’Angleterre avec son lot de poneys, ânes, cerfs et bétail. C’est une source éternelle d’inspiration pour nous et nous pensons souvent que le monde des fées est juste là, sur notre seuil.

    Et pour terminer, quelle est votre créature préférée?

    Paul crie qu’il n’y a qu’une seule réponse à cette question: “Ma femme” !

    Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009



    Le Royaume Enchanté – Paul et Vanessa Kidby // Editions Daniel Maghen

  • Le Royaume Enchanté de Paul Kidby – Paul et Vanessa Kidby, éditions Daniel Maghen

    Le Royaume Enchanté de Paul Kidby
    Auteur : Paul Kidby
    Textes de Vanessa Kidby
    Editions Daniel Maghen
    Format : 22.0 cm x 29.7 cm
    Nb de Pages : 68
    Prix : 22,00 €

    Présentation de l’éditeur:

    Dans cet ouvrage Paul et Vanessa Kidby ont réussi à saisir l’essence des ces êtres fascinants qui peuplent l’imaginaire des petits et des grands.

    Un hommage à mère nature qui nous révèle ici sa face la plus fragile et gracieuse.

    Le Royaume Enchanté est celui des terres de Hantes et des mystérieuses créatures qui le peuplent. C’est un art book où les dessins inédits de Paul Kidby se marient harmonieusement aux textes de sa talentueuse épouse Vanessa. Moderne, gai,lumineux, à la fois subtil et empreint de dynamisme, le trait de Kidby est inimitable. L’humour et la poésie se mêlent dans ce fabuleux recueil d’histoires courtes où des gnomes solitaires, des griffons majestueux, des escargots volants, de splendides licornes et de magnifiques fées des bois donnent vie à un univers fantasque et délirant dans la lignée de Spiderwick, Harry Potter, Eragon, Le Seigneur des Anneaux ou encore Donjons et Dragons.

    Notre avis:

    Voilà un livre qui sent bon le gâteau tout juste sorti du four! Entre les fleurs, papillons et oiseaux de toute beauté, d’espiègles créatures de féerie envahissent les pages dessinées par Paul Kidby et écrites par Vanessa Kidby. A côté de la majesté et la pureté de la licorne, du cheval ailé, du dragon, nains, gobelins et lutins se font grimaces, farces, folies… Ce livre est une merveille de rythme, de clins d’oeil au folklore (comme ce gardien des pommes, Auld Goggie) et d’humour (la bouille sympathique du chasseur de choux, les joutes d’escargots…). Les auteurs ont certainement prix beaucoup de plaisir à construire cet ouvrage qui brille de bonheur. A placer entre toutes les mains !

  • Interview de Florence Magnin pour la sortie des Contes aux quatre vents – Semaine spéciale éditions Daniel Maghen

    Florence Magnin est une artiste que nous aimons suivre. Tout particulièrement car elle puise dans les légendes, la culture fantastique certains éléments qu’elle remodèle selon ses envies pour créer de nouveaux univers au parcours incertains. Elle nous l’avait déjà offert lors de sa série BD L’héritage d’Emilie, elle replonge pour notre plus grand plaisir dans ces « Contes aux quatre vents »… Rencontre avec l’illustratrice, enchanteuse de mondes…


    Votre dessin est très doux. Il se prête plutôt bien à un univers féerique mais vous lui faite explorer aussi le côté sombre, on pense à Charon, aux buveurs de lune, au Minotaure…

    Les quatre chapitres de ces Contes, consacrés à la fois aux saisons et aux points cardinaux, devaient avoir chacun leur spécificité. L’Est, choisi pour évoquer l’automne et Halloween, m’offrait l’occasion d’illustrer des thèmes plus sombres dans lesquels je me sens aussi à l’aise ( sinon plus…) que dans la féérie  » soft ».

    Vous avez choisi la poésie pour nous conter cet univers. Un style qui sied particulièrement bien aux mythes, contes et légendes ?

    Poésie est un grand mot! Il s’agit plutôt de chansons, avec un certain rythme… En tous cas, ces textes sont venus sans effort, de façon spontanée. Je ne me suis pas posé la question de savoir quelle forme narrative serait la plus adaptée. Il se trouve que les premiers essais ont pris cet aspect, mais si l’occasion m’est offerte de réaliser d’autres travaux de ce genre, j’essaierai de m’exprimer différemment, l’humour n’étant pas exclu!

    Des naïades, dryades et néréides vous dites qu’elles sont les « grands-mères des fées ». Il y a donc un lien entre ces créatures de la mythologie antique et les fées qui les ont suivies ?

    Je ne suis ni historienne, ni spécialiste de la genèse des mythes, mais il parait évident que les attributions dévolues aux naïades, dryades etc…sont les mêmes que celles reconnues aus fées. La Dame du Lac nous est plus familière que les nymphes antiques, mais il s’agit de simples dénominations qui évoquent les mêmes entités liées à la nature. D’ailleurs, j’ai sans doute abusivement qualifié les naïades de « grands-mères » des fées, puisqu’il est évident que les unes comme les autres existaient , sous d’autres noms, dès l’âge de pierre!

    Une page dénote avec l’ensemble, il s’agit des portraits de sorcières accrochés aux branches d’un chêne…

    Je ne sens pas de fausse note à cet endroit, puisqu’il s’agit du chapitre consacré au « côté obscur »! Mais sans doute, voulez-vous parler de la présentation? J’aurais volontiers consacré un chapitre entier ( ou un autre livre…) aux sorcières et à leurs talents respectifs, mais trente pages supplèmentaires étaient exclues!…Alors, l’arbre généalogique était une façon originale de présenter ce panel diabolique..Et si vous regardez attentivement chacune d’elle, peut-être découvrirez-vous en quel domaine elle pourra vous être utile…

    En parcourant votre livre, on papillonne au fil des saisons dans des contes, légendes diverses et appartenant à des époques et pays différents. Avez-vous le sentiment que cet ouvrage reflète ce que les gens nomment aujourd’hui « Féerie » et qui regroupe tant de choses aux origines variées ?

    Pas du tout. Chacun a sa propre vision de la féérie ( ou du fantastique) et regrouper le tout est une tâche à laquelle s’emploient beaucoup d’auteurs sans épuiser le thème! je n’ai fait que m’amuser en laissant des personnages, connus ou non, monter sur scène le temps d’une chanson. Bien sûr, tous sont liés à l’imaginaire, mais je me suis sentie en les cotoyant, plus proche d’individus distincts et réels que de créatures féériques.

    Et pour terminer, quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?

    Le Dragon. Pour sa beauté et la férocité avec laquelle il garde les rêves de notre enfance du monde des adultes.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009

    Contes Aux quatre Vents – Florence Magnin // Editions Daniel Maghen

  • Interview d'Erlé Ferronnière et Aurélie Brunel pour la sortie de Fées et Déesses – Semaine spéciale éditions Daniel Maghen

    Tout amateur de féerie a un jour croisé une oeuvre d’Erlé Ferronnière. Revoici ce talentueux illustrateur des fées qui croise la route d’Aurélie Brunel pour nous offrir ensemble un très beau ouvrage, galerie de portraits, de témoignages sur la relation intime des fées et des déesses. Une belle occasion donnée de suivre la ligne du temps de l’image de la fée et de sa relation à l’homme…

    Comment avez-vous procédé pour le présent ouvrage ? De nombreux échanges, discussions ou chacun de son côté ?

    EF: Pour moi, ce livre est d’abord né de l’envie d’élargir l’horizon de mon travail sur les personnages féeriques, en n’évoquant plus seulement les petites fées-papillons mais aussi des figures féminines plus anciennes, mythiques.

    Je voulais également que le texte qui accompagne mes illustrations soit tout à la fois poétique et rigoureux quand à la réalité de ces personnages. Mais tout en étant passionné je ne suis pas un grand spécialiste de cette matière très complexe, je me suis donc adressé à Aurélie que j’avais rencontrée lors d’une dédicace aux « Rencontres de l’Imaginaire », un salon sous l’égide du Centre de l’Imaginaire Arthurien dont elle était alors la directrice.

    AB: Dès le départ nous avons beaucoup échangé pour confronter nos visions de cet univers et voir ce que nous pouvions construire ensemble. Le projet est ainsi né de mettre en lumière le lien qui court des déesses-mères de la mythologie celtique aux petites fées-papillons d’apparition plus contemporaine, en passant par les déesses guerrières, les fées (puis « enchanteresses ») arthuriennes, et les fées du folklore breton. Nous avons listé les personnages que nous voulions évoquer, les épisodes qui nous tenaient à cœur, puis nous avons travaillé chacun de notre côté. Mais le dialogue a perduré tout au long de la conception du livre. Je pouvais suivre le travail d’Erlé et lui faire part de mes remarques, et réciproquement je lui faisais lire mes textes pour qu’il me donne son avis. Ce livre a donc évolué au gré de nos causeries !

    Pour quelques personnages, il nous est cependant arrivé de procéder différemment : soit Erlé illustrait un de mes textes, soit j’écrivais à partir d’une de ses images.

    EF: Ces échanges ont sans doute beaucoup influencé le travail de l’un et de l’autre. En ce qui me concerne ils m’ont beaucoup apporté et permis de découvrir des subtilités que je ne soupçonnais même pas, ça m’a évité entre autre de tomber dans trop de stéréotypes, par exemple Aurélie s’est battue pour que je ne mette pas systématiquement des oreilles pointues à tous mes personnages ou encore que je n’hésite pas à les habiller de couleurs vives, comme Morgane en rouge.

    L’album s’ouvre sur une Dana dans son plus simple appareil. La nudité est bien présente au fil des pages et s’en dégage une impression très naturelle, très pure, c’était le but recherché ?

    AB: Dana étant la déesse-mère, le symbole de la fécondité, il nous paraissait naturel de la représenter dans toute sa féminité.

    EF: Oui et puis je crois que pour moi et dans le monde de l’image la nudité est un moyen de représenter non pas uniquement la pureté, parce que le corps peut exprimer une multitude de sentiments, mais une certaine « évidence » comme pour accéder plus directement à l’essence même du personnage, sans artifice, « Voyez-moi tel que je suis ». Mais l’inverse est vrai aussi, et la nudité est là comme un leurre, tel que pour le personnage de La Morrigan, belle mais redoutable…

    Quel lien y a-t-il entre les déesses et les fées ?

    AB: C’est justement ce que nous dévoile Dana dès le début du livre ;-), et que nous avons ensuite cherché à mettre en valeur de manière implicite, ou parfois même en faisant intervenir les personnages eux-mêmes…

    Vous avez opté pour des récits en « je », jouant ici aussi la carte de la proximité, de l’identification. Pour y arriver, vous êtes-vous « fondue » en ces différents personnages ?

    AB: Oui, j’ai essayé en tout cas. Cela me paraissait indispensable puisque je voulais que les lecteurs puissent plonger directement dans la vie des personnages, qu’ils soient à leurs côtés, que les lectrices soient ces déesses, ces fées… Je voulais murmurer à chacun le souvenir d’un passé enfoui, oublié, les inciter à se pencher sur leur propre paysage intérieur… Il fallait donc que je disparaisse, ainsi que le superflu. C’est pourquoi les héros s’adressent directement au lecteur, et quand cela n’est pas possible, un témoin rapporte la scène (mais sans forcément être nommé si cela n’apporte rien de crucial au récit et risque de mettre de la distance).

    On vous avait quitté sur un monde féerique très pur, très nature, aussi naïf que les rêves des enfants. On vous retrouve explorant graphiquement un univers d’une grande féminité. C’était un monde qui vous tenait à cœur d’aborder ?

    EF: Puisque vous m’en donnez l’occasion, je tiens à préciser que les êtres féeriques sont vraisemblablement tous des incarnations de la Nature à différents degrés, chacun de ces représentants étant sans doute comme autant d’avatars des grandes déesses-mères de l’Antiquité (à quelques générations près) et peut-être les résurgences d’anciennes religions animistes, alors « nature » oui, « pur » c’est encore une autre histoire. Et puis je ne sais pas pour vous, mais mes rêves d’enfant étaient parfois peuplés de monstres effrayants ! Tout ça pour dire que le monde de la féerie est loin d’être aussi naïf qu’il n’y parait, n’allez surtout pas contrarier un Korrigan et gare à vous si vous surprenez une fée sans qu’elle vous l’ait permis ! Sous des airs « mignardisants » (pour citer une de vos consœurs) la féerie est tout sauf ce qu’elle montre ! Dans mes livres précédents, même si ce n’était pas le message principal, tout cela était sous-entendu – pour moi en tout cas…

    Dans la même idée, au travers les différents personnages de « Fées & Déesses », avec Aurélie nous voulions montrer que ces figures féminines sont loin d’être simplement jolies, elles sont à l’image de la nature, à la fois belles, sauvages et implacables. Et ce que je trouve passionnant, c’est qu’elles sont issues d’une tradition peut-être aussi vieille que l’humanité et pourtant immuable, parce que je les reconnais encore au travers de toutes ces femmes qui ont marqué mon existence – et Aurélie pourrait sans doute en dire autant. Alors oui, c’est un monde qu’il me tenait à cœur d’aborder pour leur rendre hommage, et aussi à tous ceux qui ont su apprécier la richesse et la profondeur de cette « féminité » au travers toute cette littérature, et qui nous l’ont léguée pour que nous la fassions vivre à notre tour…

    Vous avez beaucoup travaillé dans ce livre les regards. Fées, femmes, déesses nous regardent et il est difficile de détacher nos yeux des leurs.  En même temps, est-ce que ça n’empêche pas le lecteur de voir le reste du dessin? Un regard, yeux dans les yeux, est-ce une invitation ou un rempart ?

    EF: Oui, en matière de peinture j’ai toujours été attiré plus particulièrement par les portraits. Je me souviens enfant, j’étais en admiration devant certains portraits de Jean-Auguste-Dominique Ingres (c’est toujours le cas d’ailleurs), j’étais littéralement happé par leurs regards et je crois que c’est un ressenti qui m’a profondément marqué et qui a indubitablement influencé mes penchants artistiques (au détriment du reste sans doute – on pourrait me le reprocher – parce que je suis moins attiré par les décors et tout le reste, mais j’essaie de faire des efforts !)

    Toute la vie d’un personnage et de son visage en particulier tient dans le regard, et je trouve ça passionnant quand progressivement les yeux commencent à prendre vie et deviennent suffisamment « transparents » pour laisser apparaître l’étincelle de l’âme dont vous vouliez l’incarner. C’est alors une invitation à plonger à l’intérieur de cette existence suggérée, et à essayer d’en percer ses mystères… C’est cette petite part de magie qui me plaît dans mon métier, parce qu’au fond, nous autres illustrateurs ne sommes que des illusionnistes !…

    Au final, la féerie est-elle une affaire de femmes ?

    AB: La question me semble se poser à plusieurs niveaux. Pour moi, les femmes sont les héritières de ces figures et ce sont elles que nous honorons en célébrant les déesses et les fées. À ce sujet, peut-être pouvez-vous jeter un œil sur le dernier billet de mon blog , il répond à plusieurs de vos questions, il me semble.

    Mais tous les personnages ne sont pas féminins ! Nous avons notamment réservé une place centrale pour Tydorel, chevalier-fé. Nous croisons également Lancelot du Lac, qui porte la marque du monde des hommes, ainsi que de celui des fées…

    Et la féerie ne s’adresse pas qu’aux femmes. Les femmes s’identifient-elles facilement aux fées, d’ailleurs ? Se l’autorisent-elles ? Sans doute pas ; elles n’ont pas forcément conscience de recéler tous ces « pouvoirs » en elles. En revanche les hommes voient en la fée une femme parfaite, idéale et donc effectivement, la féerie leur parle de manière plus évidente ! D’ailleurs les personnages ont évolué sous l’influence de nombreux hommes, notamment à l’époque où les récits ont été copiés par des moines qui ont cherché à valoriser une image de la femme pure en blanchissant un personnage comme La Dame du Lac – sorte de vierge à l’enfant – et en diabolisant une Morgane trop charnelle…

    Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009

    Fées et Déesses – Erlé Ferronnière & Aurélie Brunel // Editions Daniel Maghen

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