Étiquette : féerie

  • Sur la trace des fées avec Marie-Charlotte Delmas – Interview

    On se demande souvent où Marie-Charlotte Delmas puise autant d’énergie. Auteure, scénariste de bande dessinée, encyclopédiste, folkloriste, organisatrice d’un salon de l’Imaginaire, conférencière… Autant de casquettes qu’elle réussit à porter avec la même impression de facilité tout en fournissant un travail de qualité qu’on devine énorme. Si ses travaux sur Claude Seignolle nous l’avait fait remarquer, c’est avec Sur la trace des fées paru aux éditions Glénat qu’elle nous a totalement impressionné. Alors que la mode est aux encyclopédies illustrées reprenant trop souvent les mêmes créatures, se basant sur Les fées de Brian Froud et Alan Lee ou les Encyclopédies de Pierre Dubois, deux oeuvres fondarices du genre pour le public français, Marie-Charlotte Delmas propose une approche originale autant par le texte que par l’iconographie. Elle retourne à la source des fées pour nous offrir ce dont tout amoureux français rêvait: un aperçu des fées de France, région par région. Un travail colossal et fondamental qui méritait bien de revenir dessus quelques années après la parution du livre.



    En lisant votre livre, on se rend compte que les fées sont présentes partout en France. Nulle région ne leur échappe même si la Bretagne semble être largement en tête. Comment expliquez-vous cette prédominance bretonne (que cette région compte autant de fées mais aussi que les français connaissent plus celles-là que les autres?)?
    Je ne suis pas certaine que les fées soient plus nombreuses en Bretagne. En revanche, il se trouve que la Bretagne a bénéficié de nombreux collecteurs au XIXe siècle, et pas des moindres (Sébillot, Luzel, Orain…).

    Vous vous êtes occupée de la recherche iconographique du livre. Expliquez-nous cette démarche et ce désir particulier?
    J’ai effectivement souhaité réaliser l’iconographie de ce livre à partir de mes propres collections d’images. Tous les récits et les anecdotes qui servent de base à mon travail et à ce livre ont été collectés au XIXe siècle. Il me semblait important que l’iconographie appartienne à la même époque qui regorge de dessinateurs de talent, une époque où la photographie n’existait pas encore et où on illustrait les articles de presse avec des dessins. Ainsi, il y a une homogénéité entre les textes et les images. Au moment où les collecteurs parcouraient les campagnes pour relever les traditions bientôt en voie d’extinction, des artistes dessinaient les mêmes paysages

    Si on imagine bien que les Fileuses, Filandières et autres Tisseuses sont attachées à la figure des Parques antiques, d’où proviennent ces fées bâtisseuses ou boulangères qui parsèment la France ?
    L’origine des fées est très compliquée. Je travaille actuellement sur cette question, et plus j’avance, plus je trouve que le sujet est complexe. Les collectages sont tardifs, donc pollués par les contes de fées littéraires, les récits des almanachs et autres publications populaires. Chaque fée ou tribu de fées semble être un mélange de plusieurs êtres surnaturels. Beaucoup sont liées aux grands cultes naturalistes – pierres, eaux, arbres dont elles sont souvent la manifestation physique. La plupart des fées sauvages se rattachent à ces cultes et sont les héritières des nymphes de l’antiquité. Pour d’autres, l’influence des Parques est certaine. C’est évident pour certaines triades de fileuses, mais aussi pour les « fées marraines » qui président au destin d’une personne et pour lesquelles on prépare des mets à la naissance de l’enfant, tradition déjà relevée au moyen âge. N’oublions pas que l’étymologie du mot fée, qui vient du latin fatum, renvoie à la destinée.

    On s’étonne de voir que certaines fées ont bâti des églises. Religion chrétienne et féerie faisaient-elles bon ménage dans l’imaginaire populaire ?
    Non, évidemment, les fées n’ont jamais fait bon ménage avec l’église. La christianisation du terroir a tenté de balayer les divinités liées à la nature. Les fontaines, les mégalithes, les arbres où l’on venait porter des offrandes et dont le nom ancien était lié aux fées furent placées sous le patronat de saints et de saintes. Les fées, comme tous les êtres surnaturels dans lesquels croyaient les paysans (les païens, au sens propre du terme) furent placés sous la tutelle de Satan et devinrent autant de démons. A la Renaissance, l’image de la sorcière, qui s’est également trouvée rattachée au diable, est venue s’associer à celle de la fée, de la femme en général. Il est étrange que les fées construisent des églises. Elles partagent cette « occupation » avec le diable qui est aussi un grand bâtisseur. On leur attribue également la construction des mégalithes où des entassements de rochers, ce qui pourrait être le signe d’une croyance très ancienne. Mon hypothèse actuelle est que ce sont certainement les pierres et leur culte qui sont en jeu. Elles passent du paganisme au service de dieu. Mais, mes recherches sur cette question sont loin d’être achevées.

    L’eau est également un thème très lié aux fées. Quelle en est la raison ?
    Là encore, je pense que c’est vers les cultes naturalistes qu’il faut se diriger. Le culte des sources et des fontaines, à laquelle s’attaquera l’église pendant plusieurs siècles, était particulièrement populaire. En apportant leurs offrandes aux fontaines, c’est aux divinités qui sont censées les habiter que s’adressent les paysans. Avec le temps, ces divinités gauloises, puis romaines seront remplacées par les fées.

    Certaines fées, dont celle du Trou-aux-Fades dans le Berry, enlèvent nos enfants pour les remplacer par des changelins. Quelle est l’origine de cette drôle de coutume ?
    Les histoires de « changelin » concernent aussi bien les fées que les lutins et on en retrouve dans plusieurs pays d’Europe. Quant à savoir l’origine de cette croyance, franchement, je n’en sais rien… pour le moment.

    Les fées pratiquent également partout des danses où elles entraînent souvent les hommes. Cette tradition remonte-t-elles aux bacchanales ? Quel est le lien avec les sabbats des sorcières ?
    La ronde des fées peut effectivement renvoyer aux nymphes-bacchantes. D’ailleurs, en Picardie certaines fées, dites Soeurettes, dansaient au bois de « Bacchan Soeurettes ». Néanmoins, la ronde (autour d’un arbre ou d’une pierre) est un acte magique très ancien, ce qui explique peut-être qu’il soit aussi associé aux sorcières car le sabbat est une invention des démonologues.

    On découvre aussi dans votre livre un nouvel animal lié aux fées, du moins dans les Vosges et le Lyonnais : la taupe. On connaissait les chèvres, les chevaux ou les serpents, mais les taupes?
    La transformation des Fades en taupes est une punition divine. Il s’agit là d’un récit christianisé qui n’a pas valeur d’exemple.

    Dames Blanches, Dames Vertes, deux couleurs à la symbolique particulière ?
    Les Dames Vertes sont évidemment liées aux divinités de la nature. Pour les Blanches, il peut y avoir plusieurs explications. Tout d’abord, on ne faisait souvent qu’apercevoir leur silhouette vaporeuse et brumeuse, donc blanches. Ensuite, nous savons que le blanc était la couleur réservée aux Druides de la religion des Celtes ou aux Vestales de celle des Romains, donc une couleur sacrée pour le peuple.

    Exception faite des Laminak du pays basque, les fées mâles ont un rôle très réduit voir inexistant. Comment l’expliquez-vous ?

    Plus mon travail et mes recherches avancent, plus je suis persuadé qu’on a mis dans le même sac des êtres surnaturels qui n’appartiennent pas à la même famille. On parle aujourd’hui du « Petit peuple » dans lequel on associe fées et lutins comme s’il y avait une sorte de royaume de féerie. En fait, il n’y a quasiment aucun récit qui lie ces deux types d’êtres surnaturels. Ils ont très peu de points communs et leurs actions, leurs fonctions, sont différentes. Pour les fées, en dehors des Laminak du Pays Basque et de quelques familles de fées des Côtes-d’Armor, il est rare de trouver des tribus de fées avec mâles et enfants. Jean-François Cerquand qui a collecté les histoires de Laminak au XIXe siècle s’interrogeait d’ailleurs sur leur parenté avec les fées. Ce nom semble recouvrir un ensemble d’êtres surnaturels, plus qu’une catégorie déterminée. Quant aux mâles, il se pourrait bien qu’ils soient une invention récente des paysans, liée à la représentation qu’ils se faisaient d’une vie communautaire.

    Il semblerait finalement que les fées étaient plus craintes qu’admirées comme aujourd’hui ?
    Elles succédaient à des divinités païennes et je pense qu’elles étaient surtout respectées. En fait, tout ce que nous savons des rapports entre le peuple et les fées provient du XIXe siècle. A cette époque, on ne croyait plus aux fées et beaucoup de récits ont probablement été déformés avec le temps.

    Dans votre livre, on y lit encore que les fées ont déserté nos contrées mais qu’elles reviendront lors d’un siècle impair. Nous sommes au XXIe siècle, un bel espoir de les voir revenir alors ?
    Qui sait ! Peut-être ne nous ont-elles jamais quittés !

    Depuis cette incursion dans le féerique, vous semblez vous attacher plus au fantastique, notamment dans votre carrière de scénariste de bande dessinée parsemée de fantômes ?
    Mon étude du folklore, de la magie aux êtres surnaturels n’a jamais cessé, même si de temps en temps je me détends un peu en écrivant des récits de fiction. Je continue mes recherches, mais c’est un travail très long qui ne peut donner lieu à une publication que lorsqu’il est abouti. Sur la trace des fées a demandé de nombreuses années de travail.

    Quels sont vos projets en cours ou à venir ?
    A venir, un livre sur l’histoire et les procédés liés à la magie amoureuse que je viens de terminer et qui sortira en octobre aux éditions Fetjaine. Il sera abondamment illustré. Comme pour les fées, j’ai puisé dans mes collections et demandé à Laurie de peindre les lieux ou les objets que l’on peut encore voir de nos jours. A venir encore, une édition annotée du Dictionnaire infernal de Collin de Plancy avec une biographie et une bibliographie de l’auteur. Je prépare également un dictionnaire des êtres surnaturels de tous les temps et de tous les pays qui va encore m’occuper quelques temps et j’ai en réserve des projets pour plusieurs vies.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en février 2009

    Découvrez les autres publications de Marie-Charlotte Delmas sur son site web.

  • The Elf Fantasy Fair : devenez un elfe ou une fée le temps d’un week-end aux Pays-Bas !

    The Elf Fantasy Fair au Château de Haar, Pays-Bas (à coté d’Utrecht)
    Les 25 et 26 avril 2009
    www.elffantasyfair.com


    Invités d’honneur :
    James Marsters (« Spike » dans Buffy Vampire Slayer)
    Marc Ferguson (le Roi des elfes Gil-Galad dans les films du SDA)
    Robyn Young (Brethren Trilogy)

    Et des dizaines d’échoppes, de stands, d’activités pour le plus important festival d’Europe.
    Il y a même quelques français de prévu comme Krystal Camprubi et Portelune Productions !

    L’Elf fantasy Fair, c’est quoi ?

    Depuis 2001, 25.000 fans de fantasy et de féerie issus de toute l’Europe se rassemble chaque année pour vivre un temps hors du temps, une toute autre réalité. Chaque visiteur participe lui-même à cette aventure en venant costumé. D’année en année, les costumes se font plus précis, plus grandioses et y aller est vraiment dépaysant. Les elfes y côtoient les orcs, les vampires s’amusent avec les lolitas gothiques, les héros de Manga y dégustent mille mets médiévaux en compagnie de preux chevaliers.

    Le décor également vaut la peine de se déplacer même de très loin. Un décor en pleine nature où se dresse un immense château digne des contes de fées. Particpant grandement au décor, l’ambiance qui y règne. Onirique et chaleureuse. On y découvre tour à tour des combats opposant des créatures sauvages à des légions surentraînées, des bands jouant de la cornemuse, des artistes peintres, illustrateurs et sculpteurs, des auteurs mondialement connus, etc.

    Bref, un énorme événement se prépare une fois de plus. Serez-vous de la partie ?

  • Les merveilleuses poupées féeriques de Kathleen Engelen

    Kathleen Engelen est créatrice de merveilles. De voiles, de fimo et divers accessoires, elle donne naissance à de bien jolies créatures féeriques. Son travail minutieux a fait qu’une de ses fées s’est vu décerner le Doll Ring Award 2008 aux Pays-bas. L’occasion s’est présentée de poser quelques questions à l’artiste belge…

    Comment fabriquez-vous vos poupées ? De quoi sont-elles faites ?
    Mes fées sont fabriquées en pâte polymère, comme « Living Doll » ou « Prosculpt ». J’utilise une armature solide, l’entoure de ruban et commence à y fixer la pâte. Je commence d’abord par les jambes et le bas. Ensuite je la passe au four une première fois. Puis, je commence à sculpter les pieds, le torse supérieur et les épaules. La partie supérieure de la tenue est sculptée également à ce moment-là la plupart du temps. Je cuis la sculpture une seconde fois. Enfin, je sculpte les bras et la tête.
    Une fois que tout est passé au four, la partie la plus plaisante commence : habiller et terminer la poupée. Pour ses habits, j’utilise de la soie et pour les cheveux, de l’angora ou du mohair. Je peins les yeux à la peinture à l’eau.

    Vous avez gagné un beau prix en 2008. Parlez-nous un peu de cette création et de ce prix…
    Le Doll Ring Award est un prix international très prestigieux pour les artistes créateurs de poupées en Belgique et aux Pays-Bas. Il y a quelques années, je suivais avec beaucoup d’intérêt les lauréats de ce prix. Parfois, j’ai du mal à croire que je l’ai moi-même gagné. C’est peu dire que je suis fière…
    Quand j’ai commencé à penser y participer, le concept de fées volantes, avec une petite fée maintenant la robe d’une plus grande, est directement apparu en mon esprit. Comme si les fées elles-mêmes m’avaient envoyé ces images. Je désirais présenter mon monde des fées, comment je l’imagine. Mes fées volent tranquillement la nuit dans une forêt ou au-dessus d’un lac. La lune brille et un léger voile de brume s’étend au-dessus de l’eau… C’était une idée très difficile à transmettre en sculpture car je ne désirais pas peindre une lune par exemple. J’ai fait un arbre en fil de fer blanc avec de petites lumières pour le rendre scintillant et féerique. J’ai obtenu exactement l’atmosphère que je désirais créer.
    Lorsqu’on prononça mon nom, je venais d’arriver et c’est un peu sorti de nulle part. Je n’arrivais pas à croire que j’avais gagné, un véritable choc. C’était un superbe moment. Tous les artistes présents se sont mis à me féliciter. C’était un sentiment incroyable de les voir heureux pour moi et de pouvoir partager ce moment avec eux. Un rêve devenu réalité.

    Quelle relation avez-vous avec les fées ? Comment êtes-vous tombée dans leur monde ?
    Je ne peux me rappeler le premier contact. C’est quelque chose dont on prend de plus en plus conscience au fil du temps. Elles m’entourent mais sans qu’on puisse prouver leur existence. Tout spécialement le soir, quand je me glisse dans mon lit. C’est comme-ci plein de petites fées essayent de s’y glisser, de se faire une petite place pour dormir près de moi. J’adore par ailleurs l’idée qu’une Reine des fées existe et veille sur moi… Au moment même où je m’endors, mes yeux se ferment et s’ouvre un court instant pour voir cet Ailleurs…

    Comment choisissez-vous les noms de vos fées ?
    C’est elles qui les choisissent ! ça s’impose dans ma tête lorsque je suis occupée à les terminer. Je ne les aime pas toujours et j’essaye alors d’en choisir un autre mais le nom continue à frapper à la porte de mon esprit… Alors je cède et j’assume le nom choisi… (rires)

    Quelle sera votre prochaine création ?
    Je travaille actuellement sur trois poupées qui sont toutes trois dans une atmosphère blanche et féerique. Il y a une maison féerique, un fauteuil magique et un magnifique petit cocon abritant une fée endormie et de petites lumières. Elles seront exposées le 4 avril prochain au Dabida-day à Essen, un salon de l’art de la poupée.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en janvier 2009

    Retrouvez les fées de Kathleen Engelen sur son site web.

  • Delphine Gache et le petit peuple de l'herbe… – Rencontre avec une illustratrice très nature !

    Delphine Gache fait partie de ces illustrateurs pour qui la féerie se vit au quotidien. Des fées qu’elle aime représenter dans des décors naturels ou accompagnées de leur plante totem. D’expositions en projets, d’illustration en promenade dans la Nature qui l’inspire tant, la voilà bien occupée. Un de nos lutins l’a rencontrée pour un bout de chemin partagé avec le Peuple féerique…


    Quel a été le point de départ de votre envie de dessiner, et particulièrement de dessiner les fées ?

    Je ne sais pas vraiment si il y a eu un point de départ en ce qui concerne mon envie de dessiner… Le dessin étant un mode d’expression sans limite et très adapté à ma personnalité lunaire et sensible, je crois qu’il m’a toujours accompagné et aidé à extérioriser mes émotions. En revanche, pour ce qui est de peindre l’univers des fées, cela est venu à l’adolescence, lorsque j’ai découvert « Thorgal » de G.Rosinski et J. Van Hamme… Un vrai coup de coeur !!! J’étais déjà assez sensible à ces univers oniriques, aux contes et aux légendes… Intérieurement, je naviguais déjà sur cette voie, mais graphiquement, il est indéniable que c’est cette BD qui a été le déclencheur vers la création de mon imaginaire féerique.

    Dans vos oeuvres féeriques, on ressent très fort la présence de la nature. Comment expliquez-vous cela ?
    Je pense que cela découle simplement de mon éducation. Ayant grandi à la campagne et passé toutes mes vacances d’enfance entre les forêts des Landes et les montagnes des Pyrénées… Je crois que pour moi la Nature, c’est un peu comme la potion d’Obélix, j’y suis tombée dedans quand j’étais petite ! :o)

    Une certaine celtitude est également très présente dans vos oeuvres, on pense notamment à votre calendrier 2009…
    Oui, je suis très sensible aux anciennes cultures, celle des Celtes, mais aussi toutes celles de ces peuples d’autrefois… Ils avaient un rapport à la Nature et au spirituel qui me fascine. J’utilise souvent les entrelacs. Les miens sont extrêmement simplifiés et modernisés et il est vrai, très orientés celtique, car plus appropriés au monde féerique. Je trouve cela magnifique, ils donnent rapidement de l’âme et une atmosphère aux dessins… Côté création, les imaginer est un véritable petit bonheur, car l’on devient l’espace de quelques heures un peu joaillier ou ciseleur, dans la peau d’un artisan du passé… Puis il y a aussi ce côté langage universel dans les entrelacs. En effet, si l’on regarde toutes les cultures du monde ont représenté ces lignes entremêlées à leur manière. C’est fantastique de constater que ces peuples (je pense surtout aux indiens et aux celtes) qui ignoraient l’existence des uns des autres de leur vivant aient eu les mêmes tendances picturales pour symboliser leurs périples…

    Dans votre galerie on voit clairement une évolution dans vos dessins puisque vous y présentez des illustrations datant de plusieurs années comme des réalisations actuelles…
    LOL, oui et heureusement ! Mes dessins s’étalent sur plusieurs années en effet… Techniquement et graphiquement, il est clair que mon style évolue… C’est évident, me direz-vous en ayant commencé adolescente, je suis passé par plusieurs phases… Cela dit, même si ils sont moins justes, je montre tout de même ces vieux dessins, car ils permettent d’une part de montrer l’évolution mais aussi parce qu’ils expriment quelque chose… un sentiment qui bien que grossièrement illustré peut parfois se révéler bien plus fort que dans certaines créations plus récentes.

    Lors de vos expositions, rencontrez-vous les visiteurs ? Que vous disent-ils le plus souvent ?
    Bien sûr que je rencontre les gens ! Les expositions et dédicaces sont faits pour cela… et sincèrement, ce sont de vrais souffles d’air, car c’est à ces moments là que notre métier d’artiste (que l’on soit peintre, écrivain, sculpteur ou musicien) prend toute sa dimension… Pourquoi créer, si c’est pour demeurer seul dans sa tour d’ivoire ? Nos travaux ne sont pas faits pour rester stockés dans des cartons, mais bien pour donner un peu de poésie et échanger des émotions… Donc oui, pour moi ce contact est vital. Il me permet de donner un sens à ce que je fais. Je sais pourquoi je crée et pour qui je crée, c’est très important à mes yeux !
    Enfin, pour répondre à la deuxième partie de votre question… De manière générale, les visiteurs sont toujours très sympathiques. Ils viennent pour se détendre, pour découvrir, donc dans un état d’esprit plutôt serein… Leurs remarques sont souvent des encouragements et de jolis mots de soutien. J’en profite d’ailleurs pour dire merci à
    toutes ces personnes car elles sont l’essence qui alimente mon moteur à rêves… Merci les gens! :o)

    Vous tenez une boutique sur votre site web et une newsletter. Vivez-vous exclusivement de vos créations ? Si pas, est-ce un objectif que vous vous êtes fixé ? Le web permet-il de concilier envies créatrices et besoin d’argent pour vivre ?
    La boutique que je viens d’ouvrir sur le web me sert surtout de petit extra, plus que de ressource pécuniaire viable… Je ne vis pas encore de mon art… Jusqu’à présent, les rentrées d’argent ont été très aléatoires, cela dépend des contrats que l’on décroche, du succès des expositions, des coups de cœur des gens… etc… Et les droits d’auteur qui nous salarient sont une base également variable. Cela dit, vivre de mes créations est effectivement un objectif que je me suis fixé et j’y consacre tout mon temps ! Je ne vais pas mentir, cela demande beaucoup d’énergie pour faire son chemin, montrer que l’on existe et vivre des métiers artistiques… Il faut d’abord faire ses preuves, montrer que l’on en veut, savoir faire sortir quelque chose de personnel de son travail. Dans ce combat vers la reconnaissance (car c’est ni plus ni moins cela dont il est question) Internet est effectivement un allié sans pareil pour se lancer ! Cela facilite les échanges et permet de travailler sur un réseau très étendu, c’est un outil extraordinaire et même indispensable !

    Quelles sont vos travaux en cours ou vos projets à venir ?
    Un nouveau magazine Hors série ne va pas tarder à sortir chez ESI Editions… Je crois qu’il est prévu pour mi-février 2009. Je prépare également une exposition pour la fin du mois de mai à Paris, dans la boutique du «Jardin du Graal»… Ensuite pour le reste des projets en cours, je ne peux hélas en chuchoter un mot… Cela dit, soyez en certains, 2009 s’annonce haut en production…Les turbines à dessin sont en pleine activité et les lutins de l’inspiration s’appliquent à construire les morceaux de rêves…

    Pour vous, la créature féerique la plus intéressante, c’est…
    Je vais sans doute en étonner plus d’un, mais pour moi, la créature fantastique la plus intéressante, c’est le Vampire… J’aime leur dualité, leur complexité et cet aspect torturé qui est en eux… Cet être autrefois humain qui se retrouve pris au piège du temps me fascine. Condamné à vivre éternellement, ayant tant de choses à apprendre, tant de choses à découvrir, possédant toutes ces capacités si extraordinaires… mais souffrant néanmoins de sa condition de monstre et malgré lui mis à l’écart de toutes ces belles choses qu’un être éphémère peut vivre ! Oui j’adore les vampires…Cela étant, j’aime aussi toutes les autres créatures imaginaires… Car dans leur ensemble, elles reflètent si bien ce que nous sommes nous, les Hommes…

    Propos recueillis par le Peuple féerique en janvier 2009.

    Retrouvez sur son site web, les illustrations et actualités de Delphine Gache

  • Roi du matin, reine du jour – Ian McDonald – Editions Denoël, coll. Lunes d’encre

    Roi du matin, reine du jour

    Ian McDonald

    Traduction: Jean-Pierre Pugi

    Illustration de couverture: Michel Koch

    Denoël, coll. Lunes d’encre

    Parution: 22 janvier 2009

    490 pages – 25 €

    Présentation de l’éditeur:

    Emily Desmond, Jessica Caldwell, Enye MacColl, trois générations de femmes irlandaises, folles pour certains, sorcières pour d’autres. La première fréquente les lutins du bois de Bridestone quand son père, astronome, essaie de communiquer avec des extraterrestres qu’il imagine embarqués sur une comète. La seconde, jeune Dublinoise mythomane, se réfugie dans ses mensonges parce que la vérité est sans doute trop dure à supporter.Quant à Enye MacColl, katana à la main, elle mène un combat secret contre des monstres venus d’on ne sait où.

    Creusant la même veine, âpre et magique, que La Forêt des Mythagos de Robert Holdstock, Roi du matin, reine du jour nous convie à un incroyable voyage dans l’histoire et la mythologie irlandaises.
    Né en Angleterre, mais ayant presque toujours vécu en Irlande, Ian McDonald est un des auteurs les plus en vue de ces dix dernières années. Ses deux derniers romans, d’une énorme ambition thématique et stylistique, ont été finalistes du prestigieux prix Hugo.

    Notre avis:

    Des récits contemporrains sur le Petit Peuple, ce n’est pas toutes les semaines qu’on peut en lire. Alors quand il y en a un qui se présente, on le lit avec autant de curiosité que d’intérêt. Ce roman, écrit il y a presque vingt ans, paraît enfin en France grâce aux éditions Denoël et leur très belle collection Lunes d’encre. Ian McDonald manipule avec brio la matière légendaire irlandaise pour construire un roman où trois héroïnes vivront la féerie à trois époques distinctes. Ici, point de gentille et douce image de féerie. Le choc est brutal, l’histoire nous malmène autant qu’elle malmène ses héroïnes. L’univers est bien construit, la psychologie des personnages intelligemment bâtie, les trois récits empruntent des tons différent et adaptés à leur « époque ». Bref, le lecteur ne peut qu’être happé par ce récit qui vous pousse sans cesse à tourner page sur page.

    Au travers de ce roman, l’auteur exploite l’idée que les mythes sont fomentés par nos esprits tout en donnant une réalité à ceux-ci qui fait froid dans le dos. Petite préférence pour la première partie, l’histoire d’Emily Desmond pour son contexte historique et la fragilité de cette jeune fille, amoureuse des fées…

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