Étiquette : fée

  • Yuna T2: L’île aux tombeaux, Lamontagne, Ma Yi, éditions Soleil

    Yuna T2
    L’île aux tombeaux
    Scénariste : LAMONTAGNE
    Dessinateur : MA YI
    Editions Soleil
    Prix : 12.9 €

    Présentation de l’éditeur:

    Tandis que les troupes de Kaour, accompagnées de leurs créatures des ténèbres, poursuivent leur marche vers le Royaume de Korentin, Yuna et ses compagnons tentent désespérément d’aller rencontrer le dernier gardien de la Gae Bolga. Ce dernier doit leur révèler l’endroit où est cachée la mythique épée forgée par les fées… Caladbolg. Mais une menace plus sourde et sournoise, œuvre au cœur même de la fine équipe et risque d’anéantir tous les efforts réalisés jusqu’à présent.

    Yuna saura t-elle se montrer à la hauteur de toutes ces attentes que l’on place en elle ? Les côtes septentrionales du royaume de Korentin sont connues pour abriter les plus dangereuses eaux de la région. De puissantes vagues viennent inlassablement battre les flancs de granit de leurs falaises vertigineuses, telle une horde de blancs guerriers à l’assaut d’une forteresse. Aussi, sont-elles redoutées par tous les navigateurs. Certains téméraires ont, bien sûr, risqué de s’y aventurer…

    Notre avis :

    Voici la suite très attendue de l’épopée de la jeune Yuna dont nous avions bien aimé le premier tome. Ce deuxième album confirme tout le bien pensé du premier : un dessin exquis, un scénario au rythme équilibré et aux dialogues bien ficelés (parsemé de délicieux « présentement » qui nous rappelle les origines québécoise du scénariste) et une histoire qui a décidément tout pour plaire aux amateurs de fantasy et de féerie.

    Ce mélange, curieux au départ, de cultures québécoise et chinoise pour parler d’une histoire celtique nous avait interrogé. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’admiration que l’on parcourt ce deuxième album qui a su nous captiver, nous faire rire et nous passionner. Un beau défi de relever pour deux artistes de talent !

  • Un musée pour les fées au Japon…

    Connaissez-vous le Fairy Museum de Kaneyama ? Non? Eh bien, s’il vous est donné l’ocasion de voyager au Japon, profitez de votre séjour pour y faire un petit tour.  De petites fées britanniques y ont élu domicile. Il faut dire que le décor invite à la rêverie, un beau lac entouré de forêts… Vous y trouverez une belle collection de peintures, illustrations, livres… QUand on vous dit que les fées sont partout !

  • Sheendara, Livre 1 La légende de la pierre sacrée, éditions Bénévent

    Sheendara, Livre 1 La légende de la pierre sacrée
    Lara B. Sparrow
    Editions Bénévent
    Nb de pages : 264
    Prix : 19.5 €
    Parution : 12/2009

    Présentation de l’éditeur:
    Un homme se réveille sans mémoire au milieu d’une forêt peuplée d’êtres étranges. D’où vient-il? Qui est-il? Il ne le sait pas.

    Dans un Change-Express de San Miguel, une guerrière raconte une évasion rocambolesque en vidant verre sur verre. Elle non plus ne sait rien de son passé… ou presque.

    Leurs destins vont se croiser pour leur faire vivre une véritable épopée: ils traverseront les terres de Sheendara avec pour mission de sauver les peuples pacifiques du Mal qui gangrène ce monde.

    Où leurs pas les mèneront-ils?

    Arriveront-ils à semer le terrible Seigneur du Chaos?

    Notre avis:

    Voici un livre qui réunit toutes les caractéristiques de la fantasy avec une pointe de SF. L’auteure fait preuve d’un imaginaire développé pour mettre en scène une aventure réunissant plusieurs humains parachutés dans un monde merveilleux, avec ses alliés et ses menaces. Un argument de départ original qui permet à l’auteur de plonger ses héros dans un monde extraordinaire, magique et naturel, peuplé de créatures issues du folklore féerique comme des dryades (ici nommées femmes-lianes), des orques, etc. Une histoire qui, sur le fond, a tout pour plaire.

    Du coté de la forme, quelques coquilles oubliées et une impression de précipitation lors de la publication, peut-être un manque d’accompagnement de l’éditeur pour améliorer la dynamique du récit et alléger quelques passages… Un premier roman améliorable donc mais qui vous plongera dans un monde fabuleux.

  • Le Dico féerique, tome 1 – Le règne humanoïde, André-François Ruaud, Les Moutons électriques

    Le Dico féerique
    Tome 1 – Le règne humanoïde
    « la bibliothèque des miroirs », vol. 6
    Auteur:André-François Ruaud
    Editions Les Moutons électriques
    Format 21 cm x 17 cm
    304 pages
    Parution:20 janvier 2010
    Prix 25 €

    Présentation de l’éditeur:

    Qu’est exactement qu’un ogre ? Une nixe ? Un monaciello ?
    Quel était le nom du mari de Titania ?
    Serait-ce bien prudent d’aller s’asseoir près du feu avec ce nain ?
    Quelle est la différence entre une banshee et une dame blanche ?
    Quels anges portent une épée de flammes tournoyante ?
    Comment peut-on se débarrasser d’un feu-follet ?

    Si vous ne savez pas répondre à ces questions, nous vous recommandons la lecture de cette petite encyclopédie des peuples et créatures surnaturels et magiques du folklore et de la mythologie mondiale.

    Il serait imprudent de la part des amateurs de féerie et de fantasy de s’aventurer en direction des vertes contrées de l’Autre Monde sans ce guide, qui vous détaille les particularités et les habitudes de ses nombreux habitants de type plus ou moins anthropomorphe. D’acheri (le fantôme d’une petite fille indienne) à Yuki Onna (la fée japonaise de la neige), toutes les merveilles et toutes les terreurs des séjours féeriques.

    Avec des illustrations originales de David Alvarez, Michelle Bigot, Laurent Coupet, Amandine Labarre, Patrick Larme et David Thiérrée, ainsi que des gravures anciennes. Plus trois contes de Grimm, Andersen et Mme Leprince de Beaumont. Suivront un tome 2 sur le règne animal (juin 2010) et un tome 3 sur le règne végétal (début 2011).

    Notre avis:

    Il y a plusieurs façons d’aborder le monde de féerie. Les folkloristes et ethnologues le font en répertoriant les créatures et légendes d’un territoire précis, les conteurs et auteurs en y brodant de petits ajouts personnels ou en arrangeant les histoires au service de Mère Fiction, les encyclopédistes en notant scrupuleusement toute trace de fées et de lutins pour les ranger dans des catégories et des dictionnaires.

    A première vue, André-François Ruaud a entreprit une démarche encyclopédique mais le titre de cet ouvrage (en trois tomes) en dit long. Par « Dico », ce mot court et plutôt moderne, sous-entend que ce n’est pas l’exhaustivité qui est recherchée mais une sorte de panorama, de papillonnage au travers du monde des contes, légendes, de la littérature (un domaine que l’auteur maîtrise particulièrement bien), des mythologies, voire des religions… « Féerique » par une approche englobant toutes les sphères de l’imaginaire parlant de créatures, dans une approche universelle, aussi bien au niveau de la géographie, de l’Histoire que des croyances.

    Un gros travail a priori qui confirme qu’André-François Ruaud est un acteur incontournable de la scène de l’Imaginaire par ses entreprises (comme la dynamique maison d’édition des Moutons électriques), par ses études, par ses prises de position qui suscitent les débats comme lorsqu’il affirme que le genre fantasy englobe les mythes, contes et légendes faisant aussitôt surgir la critique qu’un genre ne peut naître avant sa naissance, lorsqu’une dynamique s’installe, que plusieurs auteurs reprennent les idées fondatrices, ou, autre réponse critique, que placer les mythes en fantasy est oublier que le mythe est vérité alors qu’un roman est fiction.

    Et il faut avouer que ce dico féerique, bel objet au contenu très intéressant ouvre à nouveau les débats. D’un côté, il permet de papillonner autour du monde et de voir surgir certaines similitudes entre différents êtres et créatures, d’ouvrir des portes vers les pays de l’est, Hawaï, l’Asie… Et ce tour du monde féerique est fascinant. D’un autre côté, en jetant des ponts entre les créatures issues des mythologies, des légendes, de la littérature, de croyances modernes et anciennes, en nommant un lutin, brownie, en parlant des elfes d’Hawaï, etc., surgit le danger du syncrétisme, horrible lorsqu’il simplifie, mélange et fait disparaître des créatures féeriques particulières, les reléguant au Néant.

    Certes, André-François Ruaud donne assez d’éléments que pour pouvoir distinguer chacune des créatures ici citées, définies. Mais quelqu’un qui se reposerait sur le Dico féerique pour ses propres conclusions ou pour poursuivre une étude de son côté, sans approfondir la matière avec d’autres sources, tomberait, lui, très facilement dans l’amalgame, voire l’erreur.

    Prenons deux exemples. AF Ruaud note à l’entrée « Petite souris » (Tooth Fairy) qu’il s’agit de lutins. Je n’ai pas personnellement approfondi ce sujet mais il existe une nette différence entre la fée des dents anglo-saxonne et la petite souris qui me récompensait dans ma jeunesse pour la perte de dents de lait. Il aurait fallu creuser le sujet ou choisir l’entrée « Fée des dents » en donnant l’origine et l’explication anglaises.

    Second exemple, les Fadets ou Fras de l’île d’Yeu. En mettant en avant le mot « fadet » dans un dictionnaire, cela se fait au détriment du mot « fradet », mot qui est toujours aujourd’hui utilisé sur l’île d’Yeu. La différence peut vite conduire à l’erreur, à l’amalgame ou pire, à l’oubli.

    Faire un dictionnaire est certainement la chose la plus difficile au monde, surtout si celui-ci se veut sérieux. D’autres nous ont offert des encyclopédies pleine de facéties mais le ton donné nous l’annonçait joyeusement. La féerie est mouvante, insaisissable, et pour une grande partie, elle appelle en soi l’amalgame (réducteur) ou la créativité (enrichissante). Difficile donc, voire impossible de faire un vrai dictionnaire « universel » de la féerie… On peut viser l’exercice pour une région, voire un pays. Alors si l’on prend ce Dico féerique pour une encyclopédie universelle, un ouvrage fondamental comme le sous-entend les mots « encyclopédie », « dictionnaire », c’est faire fausse route.

    Par contre, si, comme dit au début, on utilise, on explore cet ouvrage pour papillonner, entrer de ci de là par le biais d’un nom, d’une créature, dans le monde des contes et légendes, alors là oui, voilà bien un livre qui renferme de très nombreuses entrées, de quoi vous faire voyager pendant de longues années. Un voyage agrémenté d’illustrations réussies, un labyrinthe de découvertes féeriques qui n’est pas prêt de vous indiquer la sortie. Et c’est tant mieux !

    Pour conclure, ce dico féerique est un merveilleux ouvrage pour quiconque apprécie le monde des mythes, contes, légendes et bien entendu de la féerie et, sans être un véritable dictionnaire, c’est un très bon répertoire. D’ailleurs, nous sommes les premiers à attendre avec impatience les deux suites (surtout la troisième, le monde végétal ayant toujours eu notre préférence). Une publication à suivre de près, donc !

  • Petite promenade en Brocéliande en compagnie de Claudine Glot

    Pour qui s’intéresse de près aux légendes arthuriennes, un nom apparaît très vite parmi les auteurs ayant exploré cet univers vaste, partagé par toute une culture celtique allant des pays anglo-saxons à la Bretagne, terre des Korrigans. Ce nom, c’est bien sûr celui de Claudine Glot qui a fondé et préside le Centre arthurien de Brocéliande, fleuron des bastions de l’Imaginaire en France. Témoin privilégié de l’énorme intérêt des gens pour Arthur, Merlin, Lancelot et leurs compagnons, l’érudite se fait aujourd’hui auteure aux côtés de Marc Nagels et nous offre une trilogie autour d’Arthur. À l’occasion de la sortie du premier tome, Excalibur, aux éditions Le Pré aux clercs, nos fées et lutins se sont précipités aux portes de Brocéliande pour assaillir de questions la passionnante Claudine Glot. Entrevue magique et promenade féerique au pays d’Arthur…

    Vous êtes la fondatrice du centre de l’Imaginaire Arthurien. Pouvez-vous nous expliquer brièvement comment cette idée a germé et a pu se concrétiser ?

    À défaut de l’idée même du centre, la passion pour l’univers arthurien et plus largement le monde celtique, les mythes et les légendes était là depuis longtemps. Puis, à partir de 1979, il y a d’abord eu une revue, Artus (Pays celtiques et mondes nordiques), où nous traitions de ces thèmes à travers l’histoire, l’art, la littérature. Puis, en 1987, alors que je travaillais dans le développement culturel et touristique en Centre Bretagne, aux abords de Brocéliande, l’occasion s’est présentée de proposer un projet à la fois breton et européen, touristique et culturel. En quelques jours, l’idée du Centre a pris forme, et nous avons obtenu un financement qui nous a permis de démarrer et de tenir les deux premières années. Pierre Dubois faisait partie de cette toute première équipe et nous accompagne depuis (Depuis, nous sommes en autofinancement, sauf pour des projets spécifiques comme les différents projets européens). Puis, en 1990, est arrivée une superbe nouvelle : Madame Ferrand, propriétaire de Comper, voulait bien nous y accueillir. Un château breton avec un rempart du XIVe siècle, au bord du lac de la fée Viviane, dans la forêt de Brocéliande ! On pouvait remercier les esprits des lieux.

     

    Avez-vous vu une évolution par rapport à l’intérêt du public pour l’imaginaire arthurien depuis le début du Centre ? Comment l’expliquez-vous ?

    J’ai vu s’élargir le nombre des passionnés. J’ai vu aussi l’attitude des gens changer : ils revendiquent leur goût pour le merveilleux, la féerie, au lieu de l’avouer presque furtivement comme il y a vingt ans. Sans doute sont-ils plus libérés d’avouer que l’on se sent à l’aise dans l’univers des légendes, qu’il est nécessaire, vital. Ils savent qu’ils ne sont pas seuls, et se réconfortent de ce sentiment de confrérie, mi-secret mi dévoilé.

    Bien souvent, en parlant avec nos visiteurs, il me semble que les univers arthurien, celtique, médiéval, féerique ou surnaturel (chacun compose son propre mélange, comportant des doses variables de ces différents mondes), est un antidote à la vie moderne, et qu’il aide à la supporter. La féerie, comme ils en parlent, je la ressens non comme un refuge muré ou un lieu de retraite, de fuite, mais comme une part de soi très précieuse et ardente, dont on connaît la présence permanente et rassurante.

    Mais une chose qui n’a pas changé, c’est l’infinie variété des origines des amoureux de la légende (âges, nationalités, religion, etc.), tout comme l’infinie variété déployée dans la façon de l’aborder et de s’en nourrir.


    Vous avez écrit avec Marc Nagels, un roman reprenant l’univers d’Arthur, Excalibur paru au Pré aux Clercs. Pourquoi cette réécriture ?

    Depuis 22 ans que je m’occupe du Centre, j’ai beaucoup écrit sur les légendes celtiques, la légende arthurienne et sur la forêt de Brocéliande. Des articles, des dossiers, des  documents, des essais. J’ai aussi écrit des contes, des romans pour la jeunesse sur les fées  ou sur Merlin, le roi Arthur, etc. Mais il fallait bien un jour faire le grand saut, et donner notre version de la légende. C’est-à-dire, dans le vaste corpus légendaire rédigé depuis des siècles, trouver notre vérité arthurienne, nos préférences, les mettre en cohérence. Sortir d’une version très répétitive et contraignante sans entrer dans une fiction irrespectueuse de ses origines. Je n’ai pas l’intuition fulgurante de Guy Gavriel Kay, le talent de Zimmer Bradley, l’inventivité de Eddings ou les dons du regretté Robert Holdstock, mais je me suis dit un jour que moi aussi, j’avais quelque chose à raconter, et que je me sentais enfin assez solidement armée pour tenter l’aventure…

    Marc Nagels, je le connais depuis près de vingt ans. Nous sommes unis par une vieille amitié, d’abord et surtout. Et puis nous partageons un goût commun pour la littérature, et une passion pour les légendes celtiques et arthuriennes, et nous avions si souvent parlé de notre façon de voir la légende arthurienne, de nos héros et épisodes favoris… Nous avons d’ailleurs déjà travaillé ensemble pour « Fées, elfes, dragons et autres créatures des mondes de féerie… » ainsi que pour L’Europe des Vikings, tous deux parus chez Hoëbeke, en parallèle avec les expositions de Daoulas.

    Dans l’introduction, vous expliquez qu’il y a en réalité plusieurs « courants » arthuriens, plusieurs points de vue, dont une certaine différence entre l’histoire anglaise et l’histoire française…

    Et ce n’est pas tout : six siècles, des centaines de milliers de lignes ou de vers, des auteurs de tous les pays d’Europe… Je vous laisse imaginer les variantes de cette somme de romans, en un temps où la propriété littéraire n’existe pas, où chacun est libre de réutiliser les personnages tout en les transformant, et de s’inspirer sans devoir de fidélité aux œuvres préexistantes. Certains considèrent cette richesse, cette variété, cette mouvance comme un problème ; personnellement j’y vois plutôt une chance et un des grands charmes des romans de la Table Ronde.

    Oui, je crois qu’on reste trop sur la version canonique… ou du moins sur celle qui s’est établie comme telle. La Vulgate (les 5 romans en prose qui vont de la passion du Christ à la mort du roi Arthur) solidement construite autour du Graal, a forte teneur ecclésiastique, a écrasé les romans dits « épisodiques » et même les romans du graal en vers. Or tous ces derniers m’ont toujours paru plus merveilleux, pleins d’exploits et d’espoir, car toujours recommencés. Le Graal qui donne la vie et la nourriture éternelle est très mortifère pour la Table Ronde. Ils magnifient le monde de la chevalerie et y mettent fin, sans lui donner l’ombre d’une chance.

    Quant à la différence entre les Anglais et les Français, elle est curieuse : l’Angleterre donne la première fiction, l’Histoire des Rois de Bretagne, avec ses fées, ses géants, ses dragons, et le dernier texte, Le Morte Darthur, de Malory. Et très peu de choses entre les deux. Le Morte Darthur qui reprend toute la tradition des romans français de la Vulgate du graal plus des traits de folklore celtique de Grande-Bretagne, organise le récit en un ensemble cohérent. Et cet ensemble est, depuis, sans cesse réutilisé par le monde anglo-saxon (littérature, cinéma) comme l’œuvre unique de référence. Ce qui fait que les caractères qu’il dessine, les situations qu’il met en scène sont devenues les seules références de nombre d’amateurs de la légende arthurienne.

    Alors que c’est en France que se construit l’ensemble du fonds littéraire : très nombreux romans en vers contant des aventures merveilleuses, grandes suites en prose donnant toute une importance majeure à l’histoire du Graal et à sa Quête, créant même un nouveau héros, Galaad

    Enfin, les Anglais ont toujours recherché une vérité historique arthurienne, assez évanescente à vrai dire, par souci politique et dynastique. Alors que les Français, dont le royaume avait déjà trouvé ses racines antiques, ne considérait que l’aspect artistique et littéraire de la légende.

    Via le cinéma, l’incontournable dessin animé Disney, les grands auteurs de fantasy anglophones, une certaine connaissance du mythe arthurien s’est imposée… Du coup, la lecture de votre livre remet un peu les choses en place… On pense à l’origine d’Uther Pendragon, en réalité deux frères, Uther et Pendragon. On pense aussi aux différents lieux et leur situation géographique, au lien entre Grande et petite Bretagne… Autant de choses rendues plus claires dans votre ouvrage…

    C’est mon côté prof et mon côté gardienne de la flamme qui se sont ainsi réunis ! Pas très rock’n roll mais utile parfois.

    Par contre vous enlevez une sacrée couche de chrétienté, ne passe-t-on pas dès lors à côté d’une caractéristique du chevalier, plaçant Dieu avant toute chose (même si cela relevait plus d’une symbolique, voire d’une propagande à l’époque de la fondation du mythe arthurien) ?

    Le chevalier tel que vous le décrivez est une construction romanesque somme toute tardive dans l’évolution des thèmes arthuriens. Ou il s’agit d’un membre d’un ordre de chevalerie : là, c’est un autre registre, celui de l’histoire. L’ascèse de la chevalerie ne s’invente pas avec le christianisme. Le chevalier arthurien est l’héritier des guerriers de Finn, des héros irlandais partant seuls à l’aventure, en un temps où le christianisme n’existait pas. Dans les grands romans du graal, le service de Dieu placé plus haut que toute autre action nous offre un héros déshumanisé et, paradoxalement, privé de merveilleux,  d’arrière plan mythique, comme Galaad, que Jean Cocteau appelait très justement le chevalier robot. Il chevauche, il prie, il tue. Mais tout chevalier arthurien s’efface devant ce qu’il a élu de plus grand : le roi, l’honneur, l’amour sublimé de la Dame, et enfin Dieu. Comme pour le Graal, ce n’est pas l’objet (le but) qui compte, mais la démarche (ou même la marche), le mouvement vers, l’état d’esprit qui accompagne cet élan.

    Je n’ai pas eu le sentiment d’enlever quoi que ce soit ; juste de recourir à des sources existantes mais moins souvent utilisées. Je ne voulais pas recourir à la tradition romanesque qui reconstruit toute la Matière de Bretagne en fonction du Graal, avec pour but de mettre fin aux « enchantements de Bretagne ». Ces enchantements qui, justement, m’enchantent ! La version que j’ai suivie est tout de même initiée par Chrétien de Troyes et ses continuateurs, et elle n’est pas antichrétienne. Elle est courtoise et merveilleuse, et celtique dans ses origines, et s’écrit dans une société chrétienne. C’est ce qui m’intéressait, et qui ne se trouvait pas dans les versions de Langlais ou de Boulenger. Je n’ai pas situé mon récit dans une société non-chrétienne, au contraire. Simplement, je ne soumets pas toute l’aventure héroïque à un formatage ecclésiastique, superbement construit et écrit cependant.

    Comptez-vous poursuivre cette aventure romanesque ?

    Nous sommes déjà en train de la poursuivre. Deux volumes sont prévus, et déjà en écriture. Le second se concentrera sur les aventures chevaleresques, les exploits de la Table Ronde, et le troisième sur la Quête du Graal.

    Que sont les fées dans le mythe arthurien, leur origine, leur place et ce qu’elles symbolisent ?

    On ne voit pas toujours à quel point elles sont présentes et combien leur rôle est primordial. Que ce soient les plus nobles fées ou les plus modestes, celles qui ne sont même pas nommées, il n’est pratiquement pas de personnage féminin qui ne soit féerique dans le légendaire de la Table Ronde, même la reine Guenièvre. Les fées sont clairvoyantes, prophétesses, guérisseuses, elles savent le destin de ceux dont elles guident la route. Elles enseignent et intronisent les chevaliers et le roi lui-même. Elles vont et viennent entre notre monde et l’Autre Monde, entre les palais, les eaux, les forêts.

    Dès que le chevalier quitte le monde façonné par les humains (châteaux, villes, champs) et qu’il entre dans la nature, il pénètre dans un monde sous-tendu par le surnaturel, hanté par les esprits de l’ailleurs et du tout autre. Une demoiselle seule dans les bois, près d’une fontaine, d’un gué ou à un carrefour, c’est tout simplement une fée. Mais à l’inverse d’aujourd’hui, où l’on attend de la fée un « appareil » qui la désigne clairement (ailes, oreilles pointues, nudité plus ou moins offerte), l’être féerique ( N’oublions pas que fée est d’abord un adjectif qui désigne toute créature surnaturelle, dame, chevalier, animal, arbre, etc. avant de devenir un nom déterminant uniquement un personnage féminin.) ne s’impose pas, son rôle la désigne. L’identification de la fée passe donc par la fulgurance de l’intuition, dans l’exception du moment de la rencontre. Je trouve que c’est très beau ainsi.

    Vous avez tenu récemment une conférence sur l’origine, la naissance des fées… En quelques lignes, quelle est-elle donc cette origine?

    Je crois que les mots ont une importance, une précision absolue et qu’ils ne sont pas impunément interchangeables. Comme son nom, attesté à partir du XIIe siècle seulement, (« Le nom est bien le principe décisif, non de l’invention des êtres mythologiques, mais de l’instant même où ces êtres deviennent purement mythologiques et tranchent leurs derniers liens avec la terre ». Ferdinand de Saussure), la fée commence à exister quand on a besoin d’elle. Si les femmes surnaturelles ou divines existent dans toutes les cultures et dans toutes les parties du monde, la fée a son canton personnel, à l’ouest du continent eurasiatique. Ni déesse, ni nymphe, ni dryade, ni Parque, elle tient pourtant un peu de toutes celles-ci et impose son rôle auprès des humains.

    Dans la fée originelle se fondent des réminiscences des grandes déesses ou des petites divinités du Panthéon classique et des esprits protecteurs chantés par la poésie latine. Leur demi-nudité, leur éclat, leur préférence pour les forêts et les eaux les rattachent à la famille des nymphes et des dryades, des esprits des bois qui s’unissent volontiers aux humains.

    Elles ont aussi la hardiesse de manière, la liberté de mouvement, les cheveux d’or et le teint lumineux des dames de l’Autre Monde celtique, comme la belle Niamh aux chevaux d’Or ou l’inconnue qui enlève Connla. L’union de la fée avec un homme est d’ailleurs typique des contes d’origine bretonne : dans la mythologie gréco-latine, ce sont les dieux qui s’unissent volontiers avec les mortelles.

    Tisserandes, devineresses, guérisseuses, elles multiplient les savoirs et pouvoirs d’origine divine, filles en cela des Parques latines, des Nornes nordiques, et des Sybilles. Dans leur colère et leurs vengeances, se profile l’ombre de Médée ou d’Erichto de Thessalie, le pays de toute sorcellerie. Leur ascendant sur la nature leur permet de jouer à volonté du vent et des eaux, de la mer ou des rivières. Au XIXe siècle, Chateaubriand le rappelle : « Les fées gauloises, répondit Velléda, ont le pouvoir d’exciter les tempêtes, de les conjurer, de prendre la forme de différents animaux. »

    AU XIIe siècle, alors que la foi semble la plus ardente et que la société, le pouvoir, la vie civile fonctionnent sur le modèle dicté par la religion, fait irruption tout un peuple venu de bien avant le christianisme : fées, enchanteurs, chevaliers aux pouvoirs surnaturels, et avec eux un cortège de forêts ou d’îles enchantées, de cimetières et de landes maléficiées, de dragons étincelants et d’épées magiques. Compensation aux contraintes de l’Église et ses interdits moraux et sexuels? En partie, mais surtout la nécessité d’affirmer que la religion n’a pas le monopole du merveilleux, des êtres qui défient le temps et la logique. Et c’est ainsi que les Lusignan se réclament de Mélusine, les rois de France, au travers du Troyen Énée, font remonter leur lignée à Aphrodite… et les Bretons au roi Arthur, « le roi le plus aimé des fées ». (Je m’arrête là, avec ces fées si proches des humains par leur apparence. Mais ensuite vient l’évolution des fées, leur « miniaturisation », la naissance de la fée ailée, l’engouement victorien pour les fées, etc.)

    Et les dragons ?

    Vaste question ! Le dragon est universel, et sa présence tutélaire ou effrayante répandue par toute notre planète. Il fait partie des figures archétypales de nos effrois et de nos espoirs, protecteur dans les pays d’Asie, en orient, ravageur en Occident. Seul le dragon des Pendragon, est à la fois un dragon occidental et bénéfique.

    Dans la tradition antique classique (Grèce), le dragon est un serpent monstrueux. Ce serpent est présent dans l’iconographie celtique dès le Ve siècle avant JC : serpents affrontés, en esse, à tête de rapace (proche du griffon) ou de cheval (proche du dragon marin grec, le kétos). Pendant la seconde moitié du IV siècle, le motif se répand jusqu’à la Tamise et en Gaule : on a retrouvé plus de 200 fourreaux d’épées ou de coutelas celtiques ainsi décorés. Il est donc vraisemblable de lier ce motif à la fonction guerrière. Cette symbolique perdure dans l’usage du dragon sur les enseignes militaires des légions romaines.

    Ce dragon, habite au creux de la terre (caverne, grotte, intérieur d’une montagne), et s’abrite dans les eaux souterraines. Il crache du feu, vole dans les airs. Il est totalité cosmique et esprit du sol, en un temps où le roi (revoyez Excalibur) et la terre ne sont qu’un. Le roi émane du dragon, le dragon obéit au vrai roi. Ce qu’on retrouve dans le draco insularis, le dragon de l’île (le roi d’Angleterre) ou dans le titre de Pendragon, tous deux donnés au roi pour montrer son pouvoir, mais aussi pour attirer sur lui la protection du dragon.

    Vous évoquiez votre livre sur le Petit Peuple chez Hoëbeke. Lorsqu’on est passionnée par le mythe arthurien, est-on inévitablement attirée par la féerie ? Qu’est-ce qui vous séduit chez le Petit Peuple ?

    Petite précision : chez Hoëbeke, j’ai publié, avec Michel Le Bris, Fées, elfes, dragons et autres créatures des mondes de féerie, qui accompagnait l’exposition du même titre. Je n’étais pas le seul auteur de cet ouvrage qui retraçait l’histoire des fées et des créatures de féeries à travers les siècles et les pays, et pour lequel Pierre Dubois avait écrit des textes  magnifiques.

    Si l’on se pénètre des mystères de la légende, si l’on s’émerveille de toute ce qu’elle convoie de traditions, de rêve, d’invention, de beauté, on ne peut pas ne pas être attiré par la féerie. Mais je serais tentée de vous dire que le Petit Peuple, c’est un autre versant, ou un autre canton du pays de nos légendes, de nos croyances les plus anciennes et les plus intimes. Le Petit Peuple dit notre rapport au monde qui nous entoure, car ils le peuplent et lui donnent une âme. Ils sont là dans les lieux familiers, les gestes du quotidien. Leur fréquentation, leurs contes sont aussi ceux qui relient le fil qui nous unit à nos grands-parents, à nos proches origines. Ils m’enchantent aussi par leur infinie variété, leurs habitudes, leurs coutumes même, leur mauvais caractère, leurs défauts et leurs sens aigu de la justice – enfin d’une certaine justice.

     

    Le Centre arthurien se situe en forêt de Brocéliande (Paimpont en Bretagne). Comment Paimpont est-elle redevenue Brocéliande ?

    Le village de Paimpont naît vers le VIIe siècle, dans le mouvement du monachisme breton. Il est d’abord un ermitage, autour duquel un hameau prend forme. Une abbaye remplace le petit ermitage. Lorsque l’industrie du fer prend possession de la forêt, au XVIIe siècle, on commence à désigner par le nom du bourg qui en forme le centre, Paimpont. c’est là qu’elle perd son nom de Brésilien, ou Brécheliant, attesté pendant le moyen âge et dont Chrétien a fait Brocéliande.

    Mais dès l’époque romantique, Brocéliande retrouve ses fervents : érudits, derniers romantiques, celtomanes aussi, antiquaires chercheurs de traces des anciennes cultures et acharnés à trouver la trace des êtres légendaires. À partir de 1950, l’abbé Gillard, curé de Tréhorenteuc, relance l’intérêt pour Brocéliande et ses légendes. Et nous, au Centre Arthurien, nous prenons le relais à la fin des années 80.

     

    Si vous devez pencher pour une des œuvres suivantes, laquelle préférez-vous et pourquoi?

    Merlin de Istin et Lambert (Soleil) ou Arthur de Chauvel et Lereculey (Delcourt) ?

    Joker !

    Kaamelott ou Monty Python and the Holy Grail ?

    Monthy Python, précurseurs, comme déjantés iconoclastes, rois du nonsense. Quand Kaamelott a démarré, j’en ai été ravie. La dernière série m’a un peu laissée sur ma faim, je n’ai guère apprécié l’élucidation « romaine » et la trop grande implication historique.

    Lancelot de Jerry Zucker avec Richard Gere et Sean Connery ou Les Chevaliers de la Table ronde de Richard Thorpe avec Robert Taylor et Mel Ferrer ?

    C’est dur de me faire dire du mal d’un film où joue Sean Connery, et le film de Thorpe est loin de refléter ma vision du récit et des personnages, mais c’est pourtant ce dernier que je choisirais. Parce que le Lancelot de Zucker, privé de toute magie, accumule les contresens, je choisis Les chevaliers de la table ronde, pour son imagerie naïve, son beau technicolor et pour sa distribution.

    Le seul film qui réponde vraiment à la légende reste Excalibur. Boorman connaît son sujet en profondeur, il en est imprégné, il a compris a dimension mythique. Qu’on en discute l’esthétique, oui. Mais pas le sens ni l’intelligence du propos.

    – Le cycle Brocéliande de Jean-Louis Fetjaine ou The Mists of Avalon de Marion Zimmer Bradley ?

    Les Brumes d’Avalon, sans hésiter.

    Vous organisez en 2010 une très belle rencontre entre les légendes de Bretagne et celles d’Angleterre. Parlez-nous de ce fabuleux projet et de cette idée de jeter un pont entre deux zones géographiques réelles partageant un même univers légendaire…

    À la fin de l’année 2007, j’ai découvert que le programme Interreg IV (Pour plus de précision sur ce programme, voir le site Internet de Interreg III.) permettait à une association comme la nôtre d’élaborer des projets communs avec une région européenne frontalière. En Bretagne, cela voulait dire le sud-ouest de la Grande-Bretagne. J’ai alors repris contact avec des artistes (peintres, illustrateurs, musiciens) avec qui j’avais travaillé en 2003, pour l’exposition Fées, elfes, dragons et autres créatures de mondes de féerie. Et j’ai découvert qu’ils avaient ajouté une nouvelle corde à leur arc, la réalisation de films (vidéo) tournés dans le Devon. Mieux encore, ces films avaient pour sujet des contes ou des légendes locales ; or nos légendes bretonnes et les légendes de Cornouailles sont plus que cousines. Donc, avec Elizabeth-Jane Baldry (la harpiste des fées) et le Chagford Filmmaking Group, nous avons mis sur pied un double projet. Une exposition d’abord, menée par le Centre Arthurien, réunissant des artistes français et anglais et destinée à être montrée dans les deux pays. Et un film de 52’, tourné dans les deux pays. Restait à s’accorder sur le sujet. Nous sommes pratiquement sans hésitation tombées d’accord sur le Lai de Lanval. Ce lai féerique de Marie de France (XIIe siècle) s’est maintenu sous sa forme originelle en France, mais a été maintes fois réécrit par différents auteurs anglais. Chaque artiste travaille sur la version de son choix.

    La subvention Interreg impliquait une logique de territoire. Virginie Ropars (Créatrice d’incroyables poupées de collection.), chargée des expositions en Bretagne, a contacté une quinzaine de personnes en Bretagne (Deux artistes qui ont beaucoup travaillé sur les thèmes médiévaux et celtiques, qui exposent régulièrement en Bretagne, mais qui sont parisiens, ont été aussi associés au projet : le livre d’art Merlin, qu’ils venaient de publier chez Soleil, rendait leur présence indispensable.), tandis que Kelly Martinez faisait de même en Devon. Pratiquement tous ont été d’accord, et nous avons 26 participants au projet. Des dessinateurs, illustrateurs, peintres, sculpteurs…Certains d’entre eux, comme Alan Lee ou Brian Froud, sont aussi impliqués dans la conception artistique du film.

    Voici la liste complète des artistes : Alan Lee, Brian and Wendy Froud, Kelly Martinez, Marc Potts, Linda Ravenscroft, Ian Daniel, Jacqui Martinez, Bridget Barker, Josephine Wall, Ed Org, Terry Windling, Rima Staines en Grande-Bretagne.

    Et en France Olivier Ledroit, Severine Pineaux, Didier Graffet, Erwan Seure Le Bihan, Brucero, Virginie Ropars, Aleksi Briclot, Jean-Sebastien Rossbach, David Thiérrée, Erlé ferronnière, Yoann Lossel, Anne Smith, Jean Lemonnier. (Il existe un groupe Facebook, Légendes et féerie en Brocéliande, pour ceux qui auraient envie de soutenir ce projet et de se tenir au courant de son avancement).

    Outre l’échange, essentiel, et base même de ce projet, je trouve très excitant ce mélange de liberté et de contrainte : « faites ce que vous voulez, mais sur un sujet précis » ainsi que la chance qu’il offre de confronter ce qu’il faut bien appeler (faute de mieux) le génie propre à chaque peuple. Mon travail sur le domaine des légendes arthuriennes m’a au moins enseigné ceci : dès les premiers romans, la même histoire (le même schéma narratif) prend une couleur, un style, totalement différents en France, en Angleterre et en Allemagne.

    Un autre point fort, bien sûr, c’est d’avoir regroupé de très grands artistes, célèbres pour leur travail d’illustration des légendes, et de les confronter à des plus jeunes ou à des moins connus, en toute égalité !

    Propos recueillis par le Peuple féerique en janvier 2010

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