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  • Godo nous dévoile son projet Orthana !

    Depuis quelques années, on croise l’illustrateur Godo et ses illustrations féeriques dans de nombreux salons. C’est ainsi que le Peuple féerique a croisé son chemin, le temps de lui poser quelques questions à propos de son mystérieux et énorme projet : Orthana. L’auteur nous en apprend un peu plus sur cet univers en cours de création…


    D’où est née votre passion pour l’illustration et la fantasy ?
    A vrai dire, je crois que la passion du dessin est venue en même temps que celle de la fantasy, dès que j’ai commencé à dessiner cela tournait souvent autours des chevaliers, des dragons et des êtres féeriques (bien que les personnages que je dessinais étaient sans aucun doute plus monstrueux qu’aujourd’hui). Certainement à cause de certains livres, films, dessins animés dont les images ont marqué mon enfance, comme les storyteller, Dark Cristal et l’Histoire sans fin entre-autres films, ou The flight of dragons, un dessin animé magnifique du début des années 80. En littérature, les premiers auteur qui m’ont fait voyager dans des mondes de fantasy sont évidement Tolkien puis Moorcock. Mais le dessin est très rapidement devenu un besoin, si je n’avais pas ma ramette de feuilles blanche et mon crayon sous le coude il me manquait quelque chose. Même aujourd’hui, je ne pars jamais sans ma “trousse de secours”, carnet de croquis, gomme mie de pain et graphite, on ne sait jamais, une idée est si vite arrivée! Ou si je croise un gnome qui veut bien prendre la pose…

    Quels sont les illustrateurs qui vous ont le plus apportés côté inspiration et technique ?
    Sans hésitation, je commencerai par Allan lee. J’ai eu l’occasion et la chance de le rencontrer et de le voir dessiner quelques fois et il y a une telle douceur dans son trait et dans sa manière de travailler, même lorsqu’il représente des scènes de batailles, on dirait que le crayon touche à peine la feuille. C’est véritablement magique et sa façon de dessiner les arbres et la nature est tout simplement géniale, on sent la vie et le poids des années dans ses forêts.
    D’autres illustrateurs m’ont beaucoup marqué, comme les frères Tom et Greg Hildebrant. Il y a presque toujours dans leurs peintures (plus dans leur peintures fantasy que S.F) une impression de grande intimité avec les personnages, j’ai adoré leurs calendriers 1978 autour du Seigneur des Anneaux. D’autres illustrateurs incontournables de la fantasy, John Howe, Brian Froud, Frazzetta plus loin Arthur Rackham m’ont sans doute influencé et la liste est longue dans les illustrateurs que j’apprécie. Paul Kidby, Paul Bonner, JB Monge, Jason Manley, Pascal Moguérou, Erlé Ferronière, Olivier Ledroit… Je ne les citerai pas tous, nous y passerions la nuit.

    Vous travaillez actuellement sur un gros projet féerique nommé Orthana. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet univers ?
    Avec grand plaisir, c’est un projet qui me trottait depuis tant de temps dans la tête que je suis impatient de voir le premier tome sous presse. Il me tient d’autant plus à coeur que j’ai cette fois-ci prit la plume pour écrire les contes en duo avec Gilles Da Costa un très bon ami passionné de fantasy avec qui je voulais travailler depuis longtemps.
    Sept tomes sont prévus, ce qui représente une somme de travail assez conséquente, tant en écriture qu’à l’illustration.
    Nous avons essayé de donner une dimension supplémentaire à ce livre. Le lecteur sera à la fois devant des contes et devant une saga. Donc deux façons de lire s’offriront à lui. D’une part la trame de fond de l’histoire est constituée des aventures de deux conteurs qui se retrouvent pour partager les contes du petit peuple qu’il ont pu recueillir après de longues saisons passées à parcourir les Grandes-Terres. Ainsi leurs aventures relient entres eux les différents contes qu’ils ont pu sauver. On peut donc si on le souhaite lire les contes individuellement ou profiter de l’évolution de la quête des conteurs et des mésaventures des peuples d’Orthana et des Grandes-Terres. Mais je pense qu’un petit texte d’introduction sera plus parlant. Il n’est pas définitif mais cela plante le décor.

    Il y a fort longtemps, les Grandes-Terres qui s’étendaient à l’ouest de l’infinie mer des sages jusqu’aux plaines-Sèches de l’est, n’étaient qu’un seul et unique royaume gouvernées par le grand roi Tildelion. Par son désir de justice et de paix, les humains et les autres peuples, que l’on avait coutume d’appeler les féeriques y vivaient cote à cote en harmonie. Chaque peuple mettait au service des autres ses connaissances et de ses facultés propres. Mais après de longues années de règne, le roi disparu soudainement laissant vide le trône de la majestueuse cité d’Ebel qui se gorgea des rumeurs les plus improbables sur sa disparition. Le royaume bienheureux se vit en quelques années balafré de frontières, morcelé en de nombreux territoires gouvernés par des clans, tous plus ou moins hostiles ou méfiants les uns envers les autres. Dés lors, la paix, entre les hommes et entre les différents êtres de féerie, maintenue jusqu’ici par Tildelion, s’effrita comme un parchemin trop vieux, et, tout comme la paix, le savoir immense des hommes et des féeriques qu’unifiaient et préservaient les sages du roi, disparu dans une nuit d’ignorance et de lutte aveugle pour une domination des terres.

    Miraculeusement, par la volonté du conseiller du roi, peu de temps avant ce grand chambardement, une confrérie nommée simplement les “frères conteurs” vit le jour. Neufs des membres de cet ordre avaient pour mission d’arpenter le monde afin de recueillir et sauver de l’oubli les témoignages les plus extraordinaires sur les êtres qui peuplaient les Grandes-Terres et tout particulièrement sur ceux qui vivaient dans l’impénétrable et légendaire forêt d’Orthana. Beaucoup de clans d’humains après la chute du Royaume unique s’allièrent à de viles créatures et profitèrent du chaos régnant pour traquer les plus fragiles et précieux êtres de féerie comme les fées, les lutins,les gnomes et bien d’autres encore.

    Dès lors, une fois l’an, les conteurs, le gardiens du livre blanc et l’archi-conteur se réunissaient dans un lieu secret de tous. Une clairière cachée, au milieu de laquelle se dressait la grande pierre de mémoire, flanquée de ses deux visages impassibles. Chaque conte écrit sur le livre était lu à haute voix alors que les conteurs chantaient silencieusement sur cinq notes. Si le conte était faux ou incomplet, le vent ballayait les lettres du livre comme de la poussière. Mais, s’il était vrai, les lettres s’élevaient des pages en minces filets de lumières multicolores et pénétraient dans la pierre de mémoire par un oeil, situés à l’emplacement de l’oreille. Une fois dans la pierre, les contes prenaient vie, ils devenaient énergie. Et la pierre, au fil des ans, pulsait d’un considérable amas de puissance et de savoir, prêtant aux frères-conteurs une vie dépassant de loin celle des autres hommes.

    Alors, plus que tout, les conteurs espéraient un jour entendre et ramener l’histoire de la mystérieuse reine des fées, mais celle-ci disait-on, vivait au coeur même de la gigantesque forêt d’Orthana, lieux sans âge, habité d’êtres inconnus et parsemé de tant de dangers et de secrets qu’aucun homme n’y pénétrant trop profond n’en revint jamais.
    Pourquoi recherchaient-ils celle-ci plus que toutes autres ? Car, si un jour, le conte de la reine fée entrait dans la pierre de mémoire, on dit que sa puissance serait telle qu’à travers-elle, déchirant les brumes du nord sur un destrier d‘argent, reviendrai le roi Tildelion et qu’il unifierai un nouveau royaume.

    L’histoire qui va suivre est celle de deux conteurs , Aldrim Quaeris et Fosco Triklin et de leur étranges aventures dans la quête extraordinaire des contes sur les chemins des Grandes-Terres et les sentiers d’Orthana…
    J’en profite également pour informer qu’entre chaque tome nous allons aussi lancer un CD de musique qui accompagnera les contes. D’une part avec mes propres composition et d’autre part avec les composition sur ces mêmes contes de la harpiste Eve Mc Tellen.
    Et par la suite, il y aura sûrement d’autres surprises, mais nous en parlerons le moment venu.
    Autre point important, nous allons bientôt lancer une souscription sur le premier tome !

    La féerie semble intéresser de plus en plus de gens. Partagez-vous ce sentiment ?

    C’est sans doute les adaptations cinématographiques et les jeux vidéos qui ont ouvert d’autres portes à la fantasy pour se faire connaître d’un plus grand public. Les progrès techniques aidant, les représentations de toutes les images que l’on pouvait s’imaginer dans les livres se sont vues projetées à l’écran. Les images de synthèse on remplacé les ficelles et les marionnettes et ont donné une plus grande facilité ou en tout cas rapidité de réalisation pour représenter ces mondes imaginaires visuellement complexes. Quoique les anciens films comme Labyrinthe gardent un cachet irremplaçable.
    Quoiqu’il en soit, la fantasy, comme le conte en général, a souvent plusieurs degrés de lecture. Je ne pense pas qu’il faille y voir systématiquement une fuite de la réalité vers de vagues rêveries comme on peut l’entendre souvent, même si c’est sans doute vrai quelquefois. L’imaginaire est important, il fait aussi parti de notre réalité. il y a beaucoup de choses que l’on a du mal à aborder dans notre quotidien qui peuvent trouver un écho dans l’imaginaire. D’une façon général, s’il y a un besoin de se plonger dans le monde de l’imagination, c’est qu’il y a un manque ailleurs. Le regard que l’on porte sur la réalité que l’on nous donne à voir ne nous suffit pas, et c’est dans l’imagination créatrice que l’on peut cerner ces choses qui nous échappent, qui nous manquent et que l’on n’arrive plus à entrevoir tous les jours. L’extraordinaire dans le quotidien.

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Parmi tous les êtres de féerie, il y en a un que je trouve très original, c’est une créature de bois et de feuilles, vivant dans la forêt de Fangorn, là je pense que vous voyez de laquelle je parle. Les ents. Avoir donner vie à ces êtres, ces bergers de la forêt fut une idée de génie de Tolkien, et leur représentation au cinéma, une heureuse surprise tant ils étaient proche de l’image que je m’en étais faite à la lecture des livres. Ils semblent vieux comme le monde, sages, majestueux. Ils allient à la fois les qualités humaines et celle de la nature. Oui, ce sont bel et bien mes créatures féeriques préférées.

    Votre site web est très travaillé. Vous passez d’ailleurs beaucoup de temps sur Internet. C’est vraiment quelque chose qui a révolutionné votre façon de travailler ? Ou est-ce un très bon outil de communication ?

    C’est un outil très pratique, c’est grâce au net que j’ai pu faire connaître mes travaux, ça m’a permis de rencontrer bon nombre de collaborateurs dont certains sont devenus des amis par la suite.
    C’est un très bon outil de communication, d’autant plus que je me suis éloigné de Paris pour la verdure, ce qui a rendu cet outil d’autant plus important pour me tenir au courant des diverses manifestations…
    Pour le site web, j’essaie de le mettre à jour aussi souvent que possible mais cela demande du temps donc je fais de grandes vagues de mises à jours de temps en temps.

    D’où partez-vous pour créer une illustration ? Qu’est-ce qui vous inspire ?

    Généralement, je travaille au souvenir plus qu’à l’observation alors qu’il faudrait pour bien faire équilibrer les deux, car se baser sur la mémoire sans une observation directe peut engendrer des problèmes de proportions et l’observation directe seule retranscrite sur la feuille fait perdre toute l’âme au dessin toute sa personnalité (c’est juste mon point de vue). Il faut laisser le temps à l’imagination de transformer les images que l’on perçoit pour en faire ressortir ce que, justement, les yeux n’ont pas forcément capté. Mais le principal est peut-être de n’être jamais satisfait de son illustration une fois finie pour que la meilleure soit toujours la prochaine.

    Et côté technique ? Comment travaillez-vous vos illustrations ?
    Après beaucoup d’essais, je suis revenu au simple crayon ou mine graphite et à la feuille blanche. Il n’en faut pas plus pour tout exprimer dans le trait. Quand à la couleur, j’ai abandonné les pinceaux il y a quelques années pour la palette graphique. Je peux changer dix fois d’avis sur les tonalités d’une illustration, comme j’utilisais quelque fois l’aquarelle cela ne donnait pas beaucoup de possibilité de modifications de ce coté là ; et la peinture à l’huile que j’aime beaucoup aussi me prenait trop de temps. Mais je compte bien retourner un jour à mes pinceaux de temps en temps ce sont deux méthodologies différentes mais je crois que dans les deux sens, l’apprentissage de l’une aide aussi pour l’autre.

    A part l’univers d’Orthana, avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ?

    Oui, Orthana va déjà prendre beaucoup de temps avec ses sept tomes, mais je travaille en parallèle sur l’adaptation du roman de mon ami Guillaume van Meerbeeck, Dormäe, en jeu vidéo, un jeu online qui sortira fin 2010 si tout se passe bien. Cela représente une sacré somme de visuels et une nouvelle manière de travailler. Mais c’est très intéressant d’autant plus que son univers est passionnant.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009.

    A noter que Godo proposera quatre livrets, pochettes de crayonnés sur les Fées, Lutins et gnomes, Trolls et gobeliins, Dragons. Livrets tirés des recherches d’Orthana et qui seront disponibles très bientôt.

    Pour suivre l’actualité de Godo : http://www.godo-illustrateur.com/

  • Le livre secret des fées : fées, elfes, farfadets, sirènes, gnomes, trolls, qui sont-ils ? – Richard Bessière (Grancher)

    Le livre secret des fées : fées, elfes, farfadets, sirènes, gnomes, trolls, qui sont-ils ?
    Bessière Richard
    Éditeur Grancher
    Collection Puissances inconnues
    Date de parution avril 2009
    Nombre de pages 214
    Prix: 14,50 €

    Présentation éditeur:

    Le livre secret des Fées
    Fées, Elfes, Farfadets, Sirènes, Gnomes, Trolls, qui sont-ils ?

    Le récent succès de JK Rowling (Les contes de Beedle le barde) se déroule dans le monde des fées et lutins. Mais cet univers existe depuis longtemps, et a inspiré de nombreux auteurs fantastiques, de Jack Vance à Jean Ray ou même Stephen King… Mais qui sont au juste les Fées, Elfes, Lutins et autres Farfadets que nous trouvons au hasard des légendes des forêts celtiques ? Convenons que tout cela est fort mystérieux, d’autant qu’en Finlande ou en Norvège, beaucoup y croient dur comme fer ! Voici pourquoi ce livre enchanteur, qui est aussi érudit que plaisant, s’imposera à tous les amateurs de merveilleux.

    Notre avis:
    La quatrième de couverture renseigne l’auteur, Richard Bessière, comme historien. C’est difficile à croire lorsqu’on parcourt ce livre qui ressemble plus à un méli-mélo tout personnel qu’à un véritable travail bien construit.
    L’auteur emprunte de ci, de là des termes, des légendes, des contes et si de nombreuses choses sont justes (du moins sur leur fond), elles sont placées de sorte à donner un tout qui n’a plus aucun sens.
    Pire encore pour un « scientifique », point de bibliographie, point de conclusion et une seule source citée à maintes reprises: Edouard Brasey. Même si les écrits de Brasey sont souvent très justes, ne prendre qu’une seule référence rend un livre bien maigre.
    L’introduction à elle-seule démontre tout l’intérêt du livre: l’auteur pose d’emblée la croyance des fées en opposition à la chrétienté, discours un peu trop facile et pas très sérieux mais qui donne le ton tout personnel de l’ouvrage. Il parle ensuite des photos des fées de Cottingley qu’il situe en 1976 (au lieu de 1917 !!). Quelques pages plus loin, l’auteur prend les « druidesses » de l’île de Sein comme origine des fées et semble privilégier cette hypothèse-là, puisque « comme elles, les fées étaient vêtues de blanc et de bleu…« . On rappellera que le seul témoignage de l’habit des druides (et plus que probablement déjà à une époque où il n’y avait plus de druides) est celui de Pline l’Ancien en 77 ap JC dans son Histoire Naturelle :  » Un prêtre, vêtu de blanc, monte dans l’arbre, coupe le gui avec une serpe d’or et le reçoit sur un sayon blanc. (livre XVI, chapitre 94). Alors quid de ces druidesses vêtues de blanc et de bleu ?

    Bref, on va vous épargner de dépenser inutilement 14,50 € pour acheter un livre qui vraisemblablement surfe sur la vague des fées qu’il teinte d’une spiritualité douteuse.

    Allez une dernière pour la route, l’auteur aborde les brownies par le biais des propos de Robert Louis Stevenson, à la fin de son petit chapitre, il conclut: « Autrement dit, les brownies ne sont autres que les fées de Stevenson »
    Robert Louis Stevenson est né le 13 novembre 1850. On relève déjà une description dans un texte de John Brand en 1703… Et le brownie fait partie intégrante du folklore écossais en tant que génie familier. Fées et Brownies ne sont absolument pas la même chose…
    Bref, beaucoup de confusion, de choses pas vraiment approfondies et de prises de position personnelle. Un livre qu’on évitera même si on salue bien évidemment l’excellent travail de l’auteur de science-fiction dans ses très nombreux ouvrages. Ici, ça ressemble beaucoup trop à un déluge d’idées sur les fées totalement décousu pour rendre le propos attractif et vraiment intéressant.

    PS: Petit conseil aux amoureux des fées, ne croyez pas tout ce qu’on écrit ou dit. Pour reprendre ce que m’avait un jour dit Pierre Dubois, les fées, il faut les vivre mais aussi les lire, plonger dans les premiers écrits les concernant, savoir remonter aux sources…

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  • L'école des Fées – Twini apprend à voler – Titiana Woods (Gallimard Jeunesse)

    L’école des Fées Tome 1
    Twini apprend à voler
    Titania Woods
    Smiljana Coh (Illustrateur) , Zerline Durandal (Traducteur)
    Poche – Broché
    Paru le 15/05/2009
    Editeur Gallimard-Jeunesse
    Collection Folio Cadet
    Nb. de pages: 141 pages
    Dimensions : 12cm x 18cm x 0,9cm
    Prix: 4,90 €

    Notre avis:

    Voici le premier tome de cette nouvelle série pour les 8-10 ans proposée par Gallimard Jeunesse. Nous y suivons les aventures de la petite fée Twini qui entre ici à l’école des fées pour apprendre à voler. Parmi ses compagnes des Jonquilles, elle trouve de suite une amie, une « jumelle inversée ». Cete amie parviendra-t-elle à l’aider lorsque Twini se découvrira bien incapapble de s’envoler malgré toute la poussière de fée ? Une jolie petite histoire sur l’amitié et le rapport aux autres. Une écriture parfaite pour la cible des 8-10 ans et une histoire qui touche beaucoup car tellement vraie. Bien sûr toute nappée de la gentillesse et de la beauté des fées, ce qui devrait remporter les suffrages chez les petites fans. Le but avoué de cette collection était de proposer des histoires accompagnant les débuts de lecture des jeunes lectrices tout en leur inculquant des valeurs positives d’entraide et d’amitié. Le premier objectif est pleinement atteint, l’auteure et le traducteur ont fait un excellent travail. Le second objectif est également bien inscrit dans ce premier tome mais tout y est un peu trop gentil… Si les malheurs de Twiny contribuent à l’identification, la réalité compte des méchants bien plus méchants que cela… Tout y est un peu trop « magique » ! Mais quoi de plus normal au fond dans une école de fées ?

    Deux tomes prévus en mai, deux autres en septembre devraient finir par inonder les cours de récréation de ces petits livres aux couvertures pailletées. De quoi faire rêver vos petites fées…

  • Interview Virginie Barsagol et Audrey Cansot pour "Le Guide des fées" paru aux éditions ActuSF

    Belle initiative que ce Guide des fées paru aux éditions ActuSF. Après l’avoir parcouru (voir notre chronique), nous nous devions de poser quelques questions aux deux auteures, Virginie Barsagol et Audrey Cansot. Rencontre.

    D’où est partie l’idée de cet essai ?
    Virginie : On s’est demandée comment on avait pu passer de la fée sulfureuse du Moyen-Âge, type Morgane ou Viviane à une image de la fée beaucoup plus aseptisée comme l’emblématique fée Clochette. A partir de là, on a essayé de débroussailler le terrain, de comprendre cette évolution…
    Audrey : Et puis la figure de la fée est plaisante et multiple. C’est un plaisir de l’étudier car elle nous révèle sans cesse des surprises…

    Trois noms traversent toutes les époques: Morgane, Mélusine et Lilith. Quel visage de la fée représentent-elles chacune ? Et pourquoi avoir inclu Lilith qui n’est pas, a contrario des deux autres, une fée ?

    Virginie : Morgane, c’est l’incarnation de la fée fatale, la dangerosité de la féminité. Elle est la fée ravisseuse d’hommes qui met en danger l’équilibre de la société féodale. A contrario, Mélusine représente un versant beaucoup plus rassurant de la fée, elle est celle qui construit une lignée familiale, des châteaux. A chaque fois qu’elle a une enfant, elle construit un château et incarne le potentiel fécond de la fée. Si Morgane dérobe les chevaliers du monde des humains, Mélusine s’empare du territoire mortel et en développe les potentialités…
    La légende dit qu’elle a bâti les châteaux de Tiffauges, la Rochelle et bien d’autres…
    Audrey : Concernant Lilith, nous ne l’évoquons pas comme étant une fée, mais comme l’une des « ancêtres » importantes des fées, au même titre que les moires…sa dimension vampirique et ravisseuse se retrouvera chez les fées fatales qui naîtront par la suite, de même que sa manière d’habiter et de maîtriser la nature. Et puis Lilith est une figure nihiliste, qui a dit non à Dieu, et non à son mari. (Elle s’est envolée du Paradis car Adam voulait la dominer pendant l’amour) Son libre arbitre et sa force de contestation préside à toute une lignée de fées révolutionnaires et contestataires. Elle incarne les peurs et la fascination incarnées par le féminin, ce qui est une problématique essentielle aux personnages de fée… Elle est aussi considérée comme une ancêtre de Mélusine…on la représente souvent avec l’image du serpent ou de la queue de poisson, qui symbolise l’animalité de la fée, et par extension sa sexualité…. elles quittent toutes deux définitivement leurs partenaires en s’envolant… (Raymondin pour la première et Adam pour la seconde.)

    On passe de l’Antiquité au Moyen-Âge en un bond de plus de 10 siècles, quittant Circé pour nous plonger dans les lais. Il n’y a donc rien eu entre les deux ? Comment expliquer dès lors le passage des déesses antiques aux fées moyenâgeuses? Que s’est-il passé ?
    Virginie : Nous avons fait le choix de focaliser notre attention sur les fées inscrites dans le patrimoine littéraire… Il fallait faire un choix dans les sources, au regard de l’énormité du champ. Évidemment, il n’y a pas eu un blanc de dix siècles ! Le personnage de la fée a grandi à l’oral dans des récits qui se sont transmis et construits au fil du temps. Avant de faire leur grande entrée en littérature, les fées faisaient partie d’un véritable patrimoine légendaire et elles étaient d’ailleurs parfois même regardées comme des divinités.

    Les fées ont tantôt servi de modèles tantôt d’échappatoire au pouvoir en place. Ce sont des figures intimement liées à l’idée de pouvoir ?
    Audrey : Oui, c’est certain. Ses ancêtres, déjà, étaient placées sous le signe de la puissance. Le destin que filaient les Moires pour les humains étaient inaliénables, elles étaient donc l’égale des dieux…quand à Lilith, elle pouvait provoquer des calamités… à partir du 16ème, elles tendent à quitter leurs îles et leur monde parallèle pour entrer dans la « civilisation » et se rapprocher du pouvoir, pour parfois même se confondre avec, comme la Reine des fées d’ Edmund Spenser, où la fée est en fait un hommage à la reine Elisabeth 1ère. Et puis au 17ème et au 18ème, la fée est d’une manière générale la conseillère des puissants, et prend en charge l’éducation des enfants des rois. On a même des exemples de fées révolutionnaires ou à la tête des services secrets… Cependant dans la seconde moitié du 18ème, la fée commence à être discréditée, parodiée… les auteurs l’éloignent des palais et des grands centres de décision. Elle retourne dans son monde parallèle…
    Virginie : J’ajouterais dans cette perspective que Mélusine inaugure le flirt de la fée avec le pouvoir, car elle donne toute son ampleur à la lignée de Lusignan. Elle est l’agent de leur conquête du territoire et de leur puissance !

    A partir du XVIIIe, on se rapproche de plus en plus de l’image des fées connues aujourd’hui mais bizarrement plus dans des pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre que la France. Cela se renforce encore au XIXe et votre livre emprunte d’ailleurs à ce moment-là les sentiers étrangers pour parler de l’image des fées alors que vous étiez restées auparavant presque toujours dans une certaine « tradition française » de la fée. Que se passe-t-il ailleurs qui ne s’est pas passé en France ou que s’est-il passé en France et non ailleurs ?

    Audrey : Il est certain que le format du livre et l’immensité du champ à traiter nous a amené à faire des choix. Nous avons évoqué ce qui nous paraissait le plus intéressant et le plus méconnu… on parle davantage des fées françaises jusqu’au 18ème car elles présentent justement des aspects singuliers, comme les fées révolutionnaires ou libertines qui sont en effet « l’exception culturelle » française… cela est lié tout simplement à la singularité de notre histoire. De même qu’au 19ème, la Mélusine aryaniste de Goethe est une spécificité allemande… nous avons voulu parler avant tout des figures fortes et en lien profond avec la culture du pays.
    Virginie : Concernant le 19ème, si nous abordons effectivement les fées étrangères, nous nous intéressons aussi largement au visage français de la fée, avec notamment Victor Hugo, et puis plus tard les décadents et en particulier Jean Lorrain dont l’œuvre relativement méconnue donne un visage original de fée, typique des personnages féminins fin de siècle.

    Aujourd’hui, on assiste à un mélange des sources, des représentations mais on ressent malgré tout que la féerie germanique et celte est prédominante. Peut-on lier ça à une domination culturelle anglophone, on pense au cinéma américain, à la littérature de fantasy ou aux gros développeurs de jeux vidéos par exemple ?
    Audrey : Oui, c’est une hypothèse très juste. Les grands studios américains ne s’intéressent guère à la fée Mélusine et autres précieuses de Versailles…
    Virginie : De toute façon, nous manquons de recul…

    Une des dernières fiches s’arrête sur le rapport de la fée et de la femme au cinéma. On a l’impression d’être passé de « la fée est une femme » à « la femme est une fée »…
    Audrey : C’est tout à fait ça. Les fées des débuts, les créatures surnaturelles du Moyen-Âge sont charnelles, ambivalentes et fragiles comme de vraies femmes, et puis à partir du 17ème les auteurs se servent de la féerie pour donner une magie à la femme contemporaine, dont la progression sociale, la libération et la prise du pouvoir se rapprochent de la puissance de la fée. C’est l’amphibologie féerique ! Nourrir la figure de la femme de qualités féeriques…
    Virginie : Tout à fait d’accord ! Pour ce qui est de « la fée est une femme » : tout notre parcours a été animé par cette idée, d’où notre volonté de sous-titrer notre travail « Regards sur la femme ». On a toujours tendance à oublier que les créatures merveilleuses parlent du réel, et les représentations de la fée se font l’écho des regards portés sur la féminité selon les époques. Et, comme on peut le voir dans le guide, ces regards sont loin d’être toujours bienveillants, même s’ils sont nourris par une évidente fascination.

    Pensez-vous qu’il y a un engouement actuel pour les fées ? Le résultat d’un cheminement amorcé au 19e siècle ou un mouvement typiquement fin XXe, début XIXe ?
    Virginie : Il y a un engouement pour la matière merveilleuse, elfes etc., mais ce n’est pas particulier à la fée.
    Audrey : C’est une question difficile, encore une fois, nous manquons de distance… mais a vu de nez, je ne pense pas qu’il y ait un grand attrait pour la fée aujourd’hui… Au cinéma par exemple, mise à part dans les adaptations, elle est absente…

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Audrey : La fée du midi. C’est la seule fée que j’ai rencontrée et qui à la base était une femme… une princesse. Devant sa bonté et son intelligence, elle fut donc « canonisée » fée. Elle s’est formée en regardant les astres depuis le pic du Midi dans les Pyrénées, puis est ensuite devenue une référence internationale pour le royaume. Une instance de sagesse, qui vient en aide à tous, et les ambassades du monde entier viennent la consulter dans sa grotte…C’est à Jean de Préchac qu’on doit ce personnage dans La Reine des fées.
    Virginie : Je choisirais Viviane. C’est un personnage passionnant qui incarne parfaitement l’ambiguïté du personnage de la fée : dans les grandes lignes, sa genèse la présente tout d’abord comme la bonne Dame du Lac, qui a élevé Lancelot, c’est le pôle de la fée marraine, puis comme l’enchanteresse assoiffée de pouvoir qui va dérober son enseignement à Merlin pour ensuite le retourner contre lui dans une pulsion de possession absolue. Après lui avoir volé ses formules magiques, elle lui vole sa vie pour le garder à elle à jamais ! Viviane est un personnage extrême, entre fée maternelle et fée fatale. Jean Lorrain, à la fin du 19ème siècle, a parfaitement saisi et représenté sa folie et sa complexité.

    Avez-vous d’autres projets féeriques en cours ou à venir ?
    Virginie : L’exploration de la fée se poursuit déjà sur la toile : nous avons mis en ligne un blog qui a pour vocation de compléter le guide en proposant d’y retrouver des œuvres artistiques, des nouveaux textes… (Voir le blog des fées).
    Pour le reste, il y aura sûrement d’autres écritures à quatre mains, mais nous ne nous focaliserons pas seulement sur le monde des fées ! A suivre…
    Audrey : Et puis peut-être une série de dessin animé sur une petite fille qui veut exaucer ses désirs et demande aux fées de la « former »… C’est juste un projet pour le moment…

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009.

  • Créatures fantastiques du Québec de Bryan Perro et Alexandre Girard (Les Intouchables)

    Créatures fantastiques du Québec
    T1 & T2
    Textes: Bryan Perro
    Illustrations: Alexandre Girard
    Editions: Les Intouchables
    160 pages – 140 pages
    Prix: 24,95 $

    Présentation éditeur:
    Peu de gens s’en aperçoivent mais le Québec est, depuis des temps immémoriaux, le théâtre d’étranges phénomènes. Aux tréfonds des lacs, sur les cimes des montagnes, le long des berges du fleuve et au creux des forêts rôdent des créatures fantastiques qu’il vaut mieux éviter de croiser. Les portraits rassemblés dans ce livre, accumulés par les auteurs de ce répertoire au cours de leurs minutieuses investigations, vous permettront de découvrir un autre Québec. Pas celui du folklore, celui d’une terre barrée d’ombre et aux parfums de mystère…

    Notre avis:
    Voici deux ouvrages qui intéresseront énormément et aussi bien les amateurs de cryptozoologie que de bestiaire fantastique. L’auteur jeunesse bien connu de l’autre côté de l’Atlantique rassemble ici de nombreuses créatures légendaires issues des forêts aux couleurs changeantes, des lacs froids et profonds, des îles bordant la côte. Dans ce beau pays à l’histoire baignée de cultures différentes, on ne s’étonne pas de trouver tant de créatures qui se font l’écho de celles observées de notre côté. On remarque aussi de jolies différences. Les lutins n’ont ici qu’un oeil, les nains sont jaunes, les monstres aquatiques sont soupçonnés d’être des esturgeons géants, les Dames Blanches se font translucides et apparaissent dans les chutes d’eau… Et puis, il y a tout ce légendaire indien, passionnant.
    Les illustrations d’Alexandre Girard, majoritairement des crayonnés, illustrent de belle façon les propos, les anecdotes, les descriptions de ces diverses créatures. Les amateurs de féerie dénicheront ci et là quelques spécimens dont les auteurs eux-mêmes font le rapprochement avec les korrigans et brownies de notre continent.
    Enfin, le tout se glisse dans une mise en page particulièrement bien travaillée où l’on joue autant avec les images que le texte. Etonnant au départ, le lecteur s’habituera bien vite et retrouvera ses marques pour une lecture fluide bénéficiant de ce joli décor.
    Le deuxième tome se fait plus fantastique encore avec un dossier spécial fantômes. Notons également un dossier spécial Québec et sa galerie de personnages étranges.
    Petite cerise sur le gâteau, le papier utilisé est un papier écologique. Les forêts vous remercie !
    Deux ouvrages qui s’adressent aux québécois et à tous les amoureux de cette magnifique contrée.

Suivez les fées !

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