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  • Interview d’Anne Ferlat, auteure du BA-ba des Fées et spécialiste du paganisme

    Anne Ferlat est une spécialiste du paganisme pour avoir étudié nombre de traditions en Europe. Elle est l’auteur d’une thèse de sociologie des religions portant sur les mouvements païens en Russie. Elle est également l’auteur de nombreux ouvrages sur et autour des traditions païennes. Mais évidemment, ce qui nous intéresse particulièrement ici est son livre le B.A-ba des fées paru aux éditions Pardes en 2001. L’auteure nous a accordé une longue interview qui éclaire la vision des fées selon le point de vue croyance et paganisme. De quoi explorer un peu plus cette voie féerique…

    Dans une interview, vous dites avoir été obligée de faire votre thèse en Angleterre, pourquoi ?
    Pour plusieurs raisons, la première est qu’il existe en Grande-Bretagne des universitaires qui sont païens et étudient leur propre voie spirituelle avec la plus grande rigueur s’entend. La sociologie des religions est bien plus développée là-bas qu’en France, pays rigide et où l’université est encore sous diktat idéologique. J’ai rencontré depuis lors des universitaires plus ouverts qui m’ont réservé un bon accueil mais l’étude de la religion est suspect ou marxisé et l’étude du paganisme l’est encore davantage. Impossible en tout cas d’étudier sereinement ni de s’assumer vraiment.

    Pourquoi avoir signé votre livre, B.A-BA des fées, du nom d’Anne-Laure d’Apremont ?
    Parce que c’est un nom qui correspondait à une ancienne vie….J’assume tout ce que j’ai fait, il y a eu ces essais, comme un travail de rappel de la tradition, puis la thèse, le tout dans une lignée similaire sans confusion de genres.

    Divinités du destin, Esprits de la Nature, âmes des morts. C’est au croisement de ces trois idées que réside le Petit Peuple ?
    Oui, du moins dans la littérature et tels qu’elles sont synthétisées ainsi que je l’explique dans le BABA des Fées. La littérature qui a trait aux fées, le corpus celtique et germano-scandinave notamment, est en réalité une porte d’entrée vers un chamanisme européen .

    Vous soulignez, dans votre livre, la différence entre le rapport aux fées que l’on pourrait qualifier de « naturel » en Angleterre et celui plus rationnel en France. Comment expliquer cette différence et comment se traduit-elle en actes ?
    Il est plus naturel dans les contrées du Nord en général, on sait par exemple qu’en Islande, on ne trace pas les routes sans tenir compte de la présence du petit peuple ou non. Ce rapport est plus naturel aux endroits où les gens se sentent proches de leurs légendes, de la magie propre à ces endroits. Cela se traduit par une conscience en premier lieu, un respect, une tentative d’approche et de contact. Cette attitude montre surtout un rapport au monde différent. La France est le pays de Descartes et a souffert d’une Inquisition particulièrement violente contrairement aux pays protestants, Scandinavie et Islande s’entend. L’histoire religieuse de ces pays n’est pas la même.

    Au milieu d’une féerie plutôt féminine, vous présentez deux figures masculines, l’homme vert et Peter Pan. Si l’appartenance du premier à la féerie est acquise depuis des lustres, la figure de Peter Pan est plus récente. Quels sont les éléments qui l’identifient à Féerie ?
    Son aspect, son histoire, son lien avec le surnaturel, son action de protecteur et d’ange gardien. Peter Pan descend de l’Homme Vert, du Feuillu et de Robin des Bois. Il incarne un archétype réactualisé par James Matthew Barrie né en Écosse et familier du folklore écossais.

    Si la première partie du livre traite des origines, de l’histoire et des attributs des fées, la seconde moitié rentre plus avant dans des considérations ésotériques…
    Ce terme, qui , par ailleurs, a été abondamment galvaudé, ne me paraît pas approprié. Il s’agit plutôt d’un rapport au monde et aux mondes, de la façon dont les fées transparaissent encore à notre époque, avec des expériences comme celle de Findhorn par exemple. Elles resurgissent toujours et encore et on ne peut jamais les faire disparaître quelle que soit l’époque. Plutôt que « considérations ésotériques », il est possible de parler d’approche sensible et d’une forme de contact avec l’invisible.

    Qu’est-ce que l’écologie sacrée ? Peut-on parler d’une tendance actuelle allant dans ce sens ?
    L’écologie sacrée est un écologie qui ne se fonde pas seulement sur la nature pour la nature, ou le monde environnant pour être plus rigoureux, mais dans laquelle on considère la nature comme révélatrice, médium d’un ordre supérieur au sens d’un ordre qui élève l’âme ; il s’agit d’une écologie qui prend en compte le fait que la nature abrite des royaumes cachés, que c’est par elle qu’on les rencontre : pierres, sources, arbres liés aux fées nous enseignent quelque chose sur le monde et sur sa dimension cachée. Maintenant, il existe une tendance dans les milieux écologistes ou environnementalistes à considérer la nature comme toute bonne et l’homme comme tout mauvais, c’est une tendance assez inconsciente d’ailleurs. Il faudrait que l’homme prenne conscience de son propre raffinement, de ce qu’il peut apporter au monde sans se détester ni oublier sa richesse. Célébrer la nature, la protéger, c’est aussi s’aimer soi-même, mais pas sans valeur, il ne s’agit pas de tomber dans l’hédonisme non plus, simplement de retrouver une juste place au sein d’une expression polyphonique du vivant.

    Dans votre conclusion, vous parlez de ce retour aux fées s’inscrivant dans une voie de resacralisation du monde. Pourquoi les fées sont-elles devenues des symboles d’espoir? Et en quoi, aujourd’hui, revêtent-elles un caractère religieux ?
    Les fées nous rappellent encore que rien n’existe sans un rapport magique au monde. Elles sont surnaturelles et porteuses de noblesse telle Mélusine. Les généalogies royales de Grande-Bretagne portent en elles la mémoire d’une origine divine, cela signifie qu’elles descendent des dieux. Il ne s’agit guère d’un positionnement narcissique mais d’un souvenir du sacré, donc d’une obligation vis-à-vis du monde et des dieux. Enfin, si nombre de châteaux sont attribués à Mélusine ou nombre d’églises, cela signifie d’une part qu’elle est porteuse de puissance et d’inspiration, seule une féminité élevée au rang du sacré peut donner une telle beauté et une telle majesté. Aujourd’hui, l’on ne croit plus aux fées, le monde est donc désenchanté dans son acception première. En ré-enchantant le monde, en retrouvant la part magique que celui-ci et que l’homme recèlent, on retrouvera peut-être cette puissante énergie qui permettait de bâtir des châteaux ou des édifices à la gloire d’une idée supérieure ou d’un ordre sacré. Les fées ne sont pas simplement des personnages légendaires ou littéraires, elles nous parlent de vérités plus profondes, des lois du monde elles-mêmes qu’on a oubliées.

    Vous écrivez également que beaucoup semblent se tourner vers le merveilleux sans oser plonger au cœur du sacré… Ceci expliquerait le nombre grandissant d’ouvrages illustrés, de livres merveilleux voire des romans de fantasy que nous rencontrons aujourd’hui. Une manière non avouée de croire sans l’assumer pleinement ?
    Il me semble que l’on reste souvent en surface, sans creuser ni remonter à la source, oui, sans se poser de questions. Je ne pense pas que l’on puisse parler d’assumer ou non dans ce cas, il s’agit d’une intuition surtout. Les gens n’osent pas y croire non plus, aller plus avant. Sans aller jusqu’à dire que les gens cherchent inconsciemment le sacré, le nombre d’ouvrages sur le merveilleux ou d’heroic fantasy traduit une soif de mystère, une intuition qu’il existe « autre chose » que notre monde quotidien qui peut se révéler d’une horrible banalité. Maintenant, j’effectue une distinction entre un contenu et une esthétique lumineux et un contenu et une esthétiques sombres. Certains ouvrages portent une malignité propre aux univers dans lesquels baignent leurs auteurs. Celle-ci fait partie du monde, mais la féérie à laquelle je me réfère, outre l’aspect enraciné, est une féérie porteuse de lumière et de pureté (rien à voir avec la lumière présentée par le New Age, il s’agit d’un état intérieur à force de travail sur soi, la transformation alchimique de l’ombre), voire de paix totale, ce que décrit très bien, par exemple, le roman de Lord Dunsany, La Fille du Roi des Elfes ; le royaume de féérie est le temps du non événement, tout y est sérénité, profondeur, douceur de la vie et du temps qui passe. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas agir ou construire, mais qu’au fond de soi, on est dans une paix profonde et qu’on goûte la magie de l’existence (rien à voir avec un côté « peace and love », une vision du monde où les gens sont représentés comme tous beaux et gentils, il s’agit peut-être d’un idéal d’humanité, mais il ne faut pas confondre le potentiel et l’état lui-même »).

    Votre livre est imprégné de cette idée de retour aux sources. Vous parlez de « culte des ancêtres », de l’ »importance de s’inscrire dans une lignée », de « tradition »… En même temps, nous ne possédons presqu’aucune trace de ces cultes ancestraux. Si le désir est là, il semble irréalisable puisqu’il nécessite obligatoirement une reconstruction de ces cultes sur base de ce que l’on suppose… Nous sommes obligatoirement dans une re-création, non ?
    D’un point de vue strictement formel, oui, nous sommes dans une recréation. D’ailleurs, certains mouvements se disent reconstructionnistes. Mais lorsqu’on souhaite restaurer une tradition, on s’inscrit dans une lignée. Les païens célèbrent un ordre qui se fonde aussi sur la nature et les saisons, il ne peut s’agir d’une création complète puisqu’un ordre sous-tend leurs pratiques.

    Cette idée de retour à la tradition ne peut-elle pas aboutir, pour certains, à des réactions extrêmes comme le rejet de la modernité, la notion de « pureté de la race »? N’y a-t-il pas danger de récupération des idées par des mouvements politiques qui prônent une grandeur passée ? Stéphane François, par exemple, en a fait le sujet d’un livre: « Les Néo-Paganismes et la Nouvelle Droite« …
    Tout dépend, en premier lieu, de ce que vous appelez « rejet de la modernité ». Si c’est le rejet du consumérisme, de la laideur, de la froideur et de la massification, je ne vois pas où est le problème. On peut toujours tout récupérer à des fins de politique politicienne mais la grandeur du passé n’est pas qu’une vue de l’esprit : regardez les mégalithes et regardez ce que l’on produit aujourd’hui. Il faut distinguer les valeurs de la modernité et ce que la modernité nous apporte au niveau du quotidien. Réponse plus universitaire maintenant : Stéphane François a fait sa thèse en sciences politiques, ce qui n’est pas mon cas. La Nouvelle Droite est un mouvement intellectuel qui a jeté le bébé avec l’eau du bain : son paganisme était de type intellectuel et très anti chrétien. En rejetant le christianisme, elle a rejeté la spiritualité. Il n’a jamais été question pour elle de restaurer des traditions ancestrales véritablement comme le font les mouvements que j’ai étudiés.


    Pour nos lecteurs, pouvez-vous définir le Néo-Paganisme ?

    Le néo-paganisme est un mouvement spirituel, ou spiritualiste, qui a pour objectif de restaurer des pratiques ancestrales mais ne le fait pas nécessairement en respectant réellement les anciennes traditions. Il est porteur d’éclectisme et de consumérisme lui aussi, voire souvent d’hédonisme, d’où le rejet de ce terme par nombre de mouvements fondamentalement païens se rattachant à des coutumes ancestrales enracinées . Le terme « néo » est souvent synonyme d’absence d’authenticité. Le paganisme fait référence à un ensemble de pratiques enracinées dans un contexte précis. C’est aussi une vision du monde, une approche philosophique de celui-ci : il s’agit de le célébrer, d’en retrouver la magie, le fameux ré-enchantement du monde, terme que l’on doit à l’historien américain Morris Berman, repris par le sociologue américain lui aussi, Peter Berger, après le désenchantement annoncé par Max Weber. On trouve ce terme un peu n’importe où et on l’utilise un peu n’importe comment, mais le « projet païen » se situe dans cette optique, retrouver les dieux et les fées dans l’ici et maintenant.

    Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue des religions, explique ces nouvelles croyances par la mondialisation (l’ouverture à toutes cultures) et l’individualisation (chacun choisit ce qu’i l’intéresse). Le Néo-Paganisme est d’ailleurs très diversifié. Est-ce, pour vous, la religion du XXIe siècle ?
    Il s’agit effectivement d’un mouvement très diversifié mais l’expression « nouvelles croyances » n’est pas adéquate. Il s’agit plutôt de remonter à la source, de façon plus ou moins maladroite parfois, de retrouver une âme, une magie propre à chaque peuple, voire chaque tribu lorsque certains font référence par purisme aux tribus auxquelles appartenaient leurs ancêtres. Le Néo paganisme en tant que mouvement apparenté au New Age peut s’expliquer effectivement par la mondialisation et l’individualisation mais ce n’est qu’une vue très parcellaire de la question. Comment expliquer cette volonté, couronnée parfois de succès, qui a émergé dans des sociétés aussi diverses que l’Europe du Nord protestante et libérale et la Russie post-communiste ? Quel est le lien ? La mondialisation facilite cet essor parce qu’elle facilite la communication mais elle n’explique nullement un mouvement de fond auquel on assiste partout. Tous vont dans un sens communautaire au contraire, aspirent à un lien de ce type, après l’éclatement engendré par les sociétés. Le retour des traditions pourrait être la marque religieuse du XXIème siècle, oui, axée sur un centre et un sens.

    Quelle est la place de la féerie dans le Néo-Paganisme ? Certaines traditions sont-elles spécialement axées sur ce domaine ?
    Il existe une tendance animiste dans certains mouvements païens, où le petit peuple semble naturel, oui. Cette tendance tendrait à se développer dans certaines sphères druidiques car l’animisme est considéré comme une relation intime avec le monde environnant (le Docteur Graham Harvey parle du paganisme comme d’une intimité avec le monde), on rentre en contact directement avec l’environnement. Il s’agit de ressentir la présence du petit peuple lorsqu’on se rend dans la nature, de se mettre à l’écoute, de percevoir. Dans les mouvements rattachés à une tradition, on sait que la nature est porteuse d’autres dimensions ou qu’elle permet d’y accéder. Certains mouvements éclectiques à orientation « néo » prétendent être orientées sur la féérie, comme la Faerie Wicca, mais c’est assez marginal. La Faerie Wicca peut revêtir des aspects kitchs (danger véritable pour le retour aux traditions) ; celle d’une Kisma Stepanisch semble tâtonner, chercher un aspect plus enraciné, elle s’appuie sur le fond traditionnel irlandais. La féérie fait partie d’un complexe traditionnel et religieux chez tous les peuples en réalité, axer une pratique ou une tradition sur les fées est une façon « néo » de faire. Ce peut être une pratique, une vision du monde, un début de retour aux sources mais cela ne constitue pas une tradition à part entière. Je vous citais le cas de l’Islande où l’on ne trace pas de route sans prendre en compte la présence du petit peuple. Mais là, il s’agit d’un pays où la tradition populaire est restée vive d’une part, d’autre part, la religion ancestrale y est reconnue officiellement depuis 1973. Imaginez si en France, on s’attachait au tracé des routes en prenant en compte ce que porte la terre alors que ce pays a tout laissé en friche et que rien n’y est respecté. J’ai même vu un tumulus dans le Nord qui servait de terrain de moto cross. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que la féérie fait partie du complexe religieux, spirituel au sens premier, de tous les peuples. Chacun l’exprime en fonction de ses caractéristiques, il n’existe pas une féérie universelle même si certaines sont communes, il existe une féérie pour chacun, une féérie qui lui est propre.

    Existe-t-il des chiffres officiels concernant le nombre de néo-paiens en France ? Quelles traditions sont-elles le plus représentées ?
    Non, il est difficile d’avancer des chiffres en la matière. Je le répète, le terme « néo-paganisme » est rejeté par les païens eux-mêmes en général qui y voient une connotation péjorative. Le courant qui semble se développer actuellement est la Wicca. Il existe un courant nordique aussi, c’est-à-dire axé sur les traditions germaniques, qui porte en lui des divergences quant à la façon de l’incarner dans le monde et de le pratiquer. Il existe plusieurs ordres druidiques (je parle des ordres druidiques se réclamant du paganisme, non des ordres chrétiens ou revendiquant la double appartenance) également, certains anciens qui sont en sommeil mais dont les représentants continuent de pratiquer de façon isolée, sans chercher à faire renaître le druidisme tel qu’il était, à savoir comme occupant une place dans le monde. La tentative récente la plus intéressante et la plus sérieuse en la matière est celle de Syd, qui a « fait ses classes » en Grande-Bretagne puis a fondé un ordre en France, comprenant des clairières dans diverses régions, dans le but de ramener le Druidisme dans notre monde contemporain. Par ailleurs, la question de la prêtrise est fondamentale dans le néo paganisme, tout dépend de ce que l’on en fait, de la façon dont on le vit : certains mouvements comprennent des gens qui se réunissent pour célébrer ou se retrouver, certains embrassent la voie sacerdotale, certains le vivent de façon égotique ou comme un snobisme, d’autres encore comme une fonction qu’ils souhaitent faire ré-emerger ici bas.

    Votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Je n’ai pas de créature féérique préférée, j’aime l’archétype de la fée pour ce qu’elle nous enseigne de la magie perdue de ce monde et à retrouver, pour ce qu’elle porte de beauté, de grâce et de majesté, elle est un archétype du raffinement de la femme, du raffinement auquel la femme devrait tendre aussi, me semble-t-il. Mais il existe encore tout un travail de réflexion pour comprendre comment l’exprimer au quotidien. La fée, c’est la femme généreuse et facilitatrice, la femme souveraine et magicienne qui voit et qui sent, l’anima absolue en quelque sorte qui ne prend sa pleine dimension qu’accompagnée de l’animus. C’est la femme enchanteresse qui enchante l’univers de ceux qui l’entourent et s’attache à le faire. Le chevalier n’est rien sans la fée et la fée n’est rien sans le chevalier, là réside le vrai secret et la véritable humilité, le reste n’est que mensonge à soi-même ou fuite par peur.

    Vos projets en cours ou à venir ?
    L’écriture de romans historiques me taraude. Un projet culturel aussi qui est passé en commission au Conseil régional du Nord Pas de Calais et qui, je l’espère, verra le jour à un moment ou un autre si les dieux le veulent.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en juin 2009.

  • Féerie et néo-paganisme…

    Les fées ne se limitent pas aux belles histoires ou aux jolies images… Certaines personnes en ont fait l’objet de leur croyance. Afin d’en savoir un peu plus sur la place de la féerie dans les traditions païennes, de plus en plus en vogue ces derniers temps, nous avons posé quelques question à Andraste, auteur d’un prochain livre sur Faerie et néo-païen de tradition. Petit échange sur la féerie…

    Peux-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
    Mon chemin spirituel est principalement celui du Paganisme. Le groupe a été fondé dans l’esprit d’aider les pratiquants solitaires à trouver des informations sérieuses , à se rencontrer et à partager leurs idées. Il est, pour nous, important aussi de respecter une éthique stricte et de montrer que notre spiritualité est une voie spirituelle complète.

    Comment définis-tu le néo-paganisme ?
    Il y a de nombreuses réponses possibles mais le Néo Paganisme est, à mon avis, l’ensemble des traditions basés sur une interprétation contemporaine des pratiques anciennes, soit issue de la Witchcraft ou bien enraciné dans un contexte ethnique comme le Druidisme ou l’Asatru. Le Néo-Paganisme est plutôt reconstructioniste, pour utiliser un néologisme un peu barbare, puisqu’il essaie de se reconnecter au lien du passé.

    La féerie est bel et bien présente au sein des croyances néo-paganistes? Dans quelles traditions plus particulièrement et sous quelle forme ?
    La Faérie est présente tout autour du monde et est indissociablement liée aux cultures et traditions de chaque pays. Ainsi, peut-on rencontrer le peuple de la Faérie dans les traditions Celtiques, Scandinaves, Grecques, mais aussi berbères, Hawaïennes ou extrêmes-orientales. Si on regarde d’un peu plus près, on rencontre dans la plupart des cultures des équivalents aux fées, élémentaux ou autres esprits de la nature, sous divers nom : Djins, Elfes, Korrigans ou pixies. La Faerie est très présente, tout au moins en arrière plan dans différentes traditions. Je pourrais citer par exemple certaines branches du Dianisme ou la tradition Feri de Victor Anderson.

    Le culte des fées se traduit comment? Retrouve-t-on le pain, le miel et le lait que laissaient nos ancêtres ou ce coin sauvage dans les jardins ou champs d’autrefois ?
    La mise en pratique de cette croyance au peuple Féerique s’exprime effectivement le plus souvent, par des offrandes. Il n’est pas rare de voir des groupes Païens se réunissant pour ritualiser dans la nature laisser des offrandes de lait ou de miel pour les esprits gardiens du lieu.

    Quelles différences majeures y a-t-il entre la représentation des êtres féeriques comme on les retrouve dans les livres d’illustrations très à la mode aujourd’hui et les croyances ?
    Quand on aborde le sujet des fées ou des êtres féériques , c’est le plus souvent le côté lumineux, pour ne pas dire rose qui apparait le plus spontanément. En effet, la période Victorienne a vu éclore, en Angleterre, mais aussi dans le reste de l’Europe une représentation idéalisée du monde Féérique. Cette représentation qui a envahi les dessins animés, les films et finalement une partie de l’imaginaire a fait très probablement plus de mal que de bien, en ne laissant émerger qu’une sorte de platitude bien pensante. Je ne dis pas par là que la poésie ou le fait de rêver n’est pas nécessaire et utile mais cela ne doit en aucun cas devenir une norme ou un simple moyen d’échappé à la réalité.
    Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à faire le tour des sites consacrés à ce sujet, on pourra facilement relever une sorte d’infantilisation du langage. La véritable Féérie a un côté obscur et son propos met plus l’accent sur le spirituel que sur la Fashion attitude.

    Les fées sont réputées n’avoir pas d’âme ou ne pas connaître le Bien et le Mal. Or on en a fait de gentilles petites créatures innocentes. Est-ce le cas dans les Traditions ?
    Effectivement, la notion de Bien et de Mal est humaine. Certains êtres de la Faérie sont plus facilement attirés par la présence humaine alors que d’autres peuvent être plutôt malveillants. Il n’est jamais anodin de toute façon, de converser avec l’invisible. Mais, bon ce n’est pas plus dangereux que de se promener dans une grande ville, seul, à minuit dans le métro.

    As-tu des chiffres à nous donner sur le nombre de néo-paganistes en France ? Et combien appartiennent à des Traditions liées à Féerie ?
    C’est très difficile à répondre car il n’y a pas d’organe officiel pour comptabiliser les Païens, les sympathisants ou les membres de telle ou telle tradition. A vue de nez, je dirais pas plus de 3000 personnes. Il est probable qu’une bonne fraction d’entre eux soit attirés par la Faérie mais je n’en n’ai aucune idée. La Faérie parle toujours un peu à l’imaginaire mais de là à savoir le nombre de ceux qui passent réellement à la pratique, c’est une autre chose.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009.


  • Le traité de Faerie d’Ismaël Mérindol (Edouard Brasey, Le Pré aux Clercs)

    Traité de Faërie
    Par Ismaël Mérindol
    Auteur: Edouard Brasey
    Le Pré aux Clercs
    466 pages
    Prix: 19 euros

    Présentation éditeur:

    « Rien n’existe qui n’ait au préalable été rêvé », écrit l’enfant des fées Ismaël Mérindol dans son Traité de Faerie.
    Rédigé à la manière et dans la tradition des authentiques grimoires du Xve siècle, Ismaël Mérindol vous conte on parcours initiatique dans le monde merveilleux de Faërie. Sous sa plume, fées, nymphes, elfes, gnomes et autres créatures du petit Peuple prennent vie et vous invitent à le suivre.
    D’autres traités féeriques de référence tels que Le Comte de Gabalis et Le Sylphe Amoureux accompagnent ce texte inédit et vous permettent de revenir aux origines de la fantasy.
    Partez à leur rencontre sans plus attendre, sur le chemin des rêves…

    Edouard Brasey est écrivain et conteur. Il est l’auteur de près de cinquante ouvrages sur le sujet, notamment du
    Traité de vampirologie et de l’Encyclopédie du légendaire, au Pré aux Clercs.

    Notre avis:

    Il se murmurait depuis des années l’existence de ce fameux Traité de Faërie maintes fois cité par Edouard Brasey dans ses ouvrages précédents. Le voilà donc ! Retrouvé par l’auteur en la Bibliothèque nationale de Prague et recopié une première fois en vitesse, une seconde malheureusement entachée du fait que le précieux livre ait été en grande partie détruit par une importante inondation. Perdues à jamais les formules, anéantis les carrés magiques, engloutis les secrets alchimiques! A moins que… à moins qu’Edouard Brasey n’ait gardé pour lui toutes ces révélations qui lui permettent d’écrire tant et tant sur les créatures fantastiques qui peuplent notre univers. Ou alors, autre théorie intéressante aux coïncidences troublantes… Ismaël Mérindol a vécu en Provence, une région bien connue d’Edouard Brasey. Tous deux sont amis des fées, ont dévoilé nombre de leurs mystères et sans en être punis ! De plus, tout au long du récit d’Ismaël Mérindol, de larges passages des Encyclopédies et autres ouvrages d’Edouard Brasey nous revenaient sans cesse en mémoire. Ajoutons encore que l’Ismaël en question est un habile conteur tout comme l’est aussi l’heureux découvreur de Traité oublié… Et comme par hasard, le héros de l’histoire disparaît à la fin. Monsieur Brasey, vous voilà démasqué ! Ismaël Mérindol et vous-même ne faites qu’un ! On ne peut en connaître autant sur les fées sans être enfant des fées soi-même… Ahah ! Oui, d’accord, cela voudrait dire qu’Edouard Brasey est âgé de plus de 6 siècles. Et pourquoi pas ? N’est-il pas aussi l’auteur d’un traité de vampirologie ? Vous me suivez… ?
    Mais laissons là ces suppositions et revenons en à ce livre qui regroupe d’autres textes féeriques. Entrecoupant le récit d’Ismaël Mérindol, le lecteur pourra lire avec intérêt des extraits des Esprits élémentaires de Karl Grün. Et, en fin d’ouvrage, d’autres textes qui ont beaucoup comptés dans l’exploration de la féerie au travers des siècles. L’incontournable République mystérieuse du Révérend Kirk (dans une traduction de Rémy Salvator), Le Sylphe Amoureux et Le Comte de Gabalis de l’abbé de Villars.

    Les textes sont rassemblés dans un petit livre imitant de façon assez moderne un vieux grimoire. Une bonne idée mais un format un peu petit pour satisfaire pleinement au niveau du format. Côté contenu par contre, ce fut un moment agréable autant qu’évasif et une lecture parsemée d’éléments instructifs.

  • Petites questions à Jean-Louis Fetjaine concernant les éditions Fetjaine

    Le Peuple féerique vous propose également des rencontres avec les principaux éditeurs de féerie. Nos premières questions sont allés à Jean-Louis Fetjaine qui a publié de merveilleux ouvrages photographiques avec ses complices Jean-Babptiste et Sandrine Rabouan…


    Au catalogue des éditions Fetjaine, on trouve plusieurs ouvrages féeriques. Pourquoi avoir choisi de publier ce genre de livres ?
    C’est un sujet auquel je me suis d’abord intéressé en tant qu’auteur, depuis Le Crépuscule des elfes. Je trouve que le livre – aussi bien le roman que le livre illustré – est un support idéal pour l’imaginaire. La Fantasy est un domaine encore mal connu, alors que tout le monde s’y intéresse.

    On constate une augmentation des livres à thème féerique. Comment expliquez-vous ce succès actuel ? A quoi est-il dû?
    D’abord à la période, qui est favorable à l’évasion, surtout vers un monde imaginaire présentant une alternative au monde réel. La Science-fiction parle de l’avenir et aujourd’hui, l’avenir est plutôt inquiétant. La Fantasy, au contraire, parle d’un passé réinventé ou d’un présent différent, qui pourrait exister. C’est à mon sens ce qui explique son succès.

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Les elfes, bien sûr… Parce que j’ai écrit déjà cinq livres à leur sujet.

    Y a-t-il d’autres projets féeriques en cours d’édition chez Fetjaine ?
    En fin d’année, deux ouvrages importants : L’Encyclopédie de la Fantasy, par Jacques Baudou, critique au Monde et membre du Prix Imaginales, et le nouveau livre de l’illustrateur Brian Froud, le plus grand maître de la peinture féerique. Ca s’appellera Le Monde de Faerie.


    Propos recueillis par le Peuple féerique en mars 2009.

    Toute l’actualité des éditions Fetjaine sur http://www.fetjaine.com/

  • L’univers féerique d’Olivier Ledroit, livre 2 – Daniel Maghen

    L’univers féerique d’Olivier Ledroit

    Livre 2

    Editions Daniel Maghen

    Prix: 20 €

     

    Le 5 décembre prochain, dans toutes les belles et bonnes librairies, vous pourrez retrouver l’univers féerique d’Olivier Ledroit dans une suite aussi somptueuse que le précédent volume.

    Une très jolie couverture avec quelques bébés-fées des plus mignons !

    Au fil des pages animées par les belles illustrations, les textes de Laurent et Olivier Souillé précisent les habitudes de ces créatures qu’on a tant de plaisir à découvrir. Olivier Ledroit nous invite à un voyage qui va d’Halloween à Chagrin d’Or en passant par une foule de créatures automnales. Car c’est bien l’Automne qui sert de fil conducteur à ce second volume qui nous fait croiser de drôles de champignons, les Amanites bombyvores, quelques kobolds ou bien encore des fées gothiques… Sans oublier Sélénia, jolie prisonnière de féerie, étalée de tout son long et entourée de mille et une créatures ailées…

    Un décor fin de saison englobe le tout dans une mise en page aérée et très agréable. Un univers où l’on replonge avec délice.

     

     

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