Étiquette : dragons

  • Le grand Bestiaire des légendes – Séverine Pineaux – Au Bord des Continents


    Le Grand Bestiaire des Légendes

    Séverine Pineaux

    Editions : Au Bord des Continents
    92 pages – 25 / 30
    25 €

    Présentation :

    Le grand bestiaire des légendes
    A la manière des bestiaires médiévaux, Le Grand Bestiaire des Légendes vous présente les plus extraordinaires des créatures qui galopent, volent, nagent et rampent depuis la nuit des temps dans les merveilleuses contrées de notre imagination
    .

    Notre avis :

    C’est avec beaucoup de curiosité que nous avons ouvert ce bestiaire merveilleux signé Séverine Pineaux. Au fil des 92 pages, on suit les indications du professeur Noé, gardien de cette réserve surnaturelle où sont venus s’abriter animaux de légendes et créatures fabuleuses. On admire particulièrement les Griffons, Sirènes et Phénix. On retrouve ce qui a fait la renommée de l’artiste: les Dryades. Et on tremble devant cet oeuf gigantesque d’oiseau roc dont on apprend qu’ils se nourrissent exclusivement d’éléphants, c’est dire le budget dont aura beasoin le propriétaire de la réserve à l’éclosion ! On aime moins l’image un peu floutée de la chimère des premières pages et le texte perdu – il manque certains mots semble-t-il – des descriptifs de l’Yppotryll et des Tritons. Sûrement un coup de gremlin chez l’imprimeur  ! Mais pour le reste, Séverine Pineaux nous offre un superbe voyage dans cette réserve imaginaire où se côtoient tableaux couleurs et crayonnés précis d’animaux que vous n’oublierez jamais.

  • Interview de Pascal Moguérou pour la sortie de L’univers des dragons II (Daniel Maghen) et du Sketchbook (Au Bord des Continents)

    Pascal Moguérou fait partie de cette nouvelle génération d’illustrateurs qui redonne leurs lettres de noblesse aux créatures de Faerie. Premier artiste à hisser haut la bannière des éditions Au Bord des Continents avec ses livres sur les Korrigans, Pascal Moguérou a ensuite fait très fort avec L’heure des fées avant de revenir sur le devant de la scène féerique ce mois-ci avec une double actualité. D’une part sa participation au livre L’Univers des dragons sorti chez Daniel Maghen, d’aure part son Sketchbook sorti aux éditions Au Bord des Continents où l’illustrateur livre croquis et petits secrets…

    Vous venez à nouveau de participer à l’Univers des dragons sorti chez Daniel Maghen et vous serez également au sommaire du tome 3. Les dragons, un thème qui vous fascine ?
    C’est un beau thème, d’une force inspiratrice sans pareille ! Qui ne serait pas fasciné par cette démesure ? Il est vrai que l’aspect sauvage du bestiau m’interpelle beaucoup plus que sa sagesse que l’on affirme tout aussi incroyable ; mais j’imagine que c’est plus d’un point de vue graphique que je me positionne… C’est sans doute cette omnipotence qui est intéressante à envisager, qu’il vienne fondre sur vous du ciel, ou surgissant des entrailles de la mer ou de la roche la plus dure, il représente à lui seul toute la symbolique des éléments naturels que l’homme ne peut contrôler ; tremblements de terre ou raz de marées, incendies ou ouragans… Comme le Hérault de la terre remettant à leur place les espèces inférieures, enfin quelque chose comme ça !

    Quel est votre dragon préféré dans ce deuxième opus ?
    Oh, il y en a une tripotée ! Ceux de Ségur ou Rossbach, le superbe quadriptyque de Didier Graffet ou ceux de Dean Yeagle, bien que je leur préfère les courbes avantageuses de Mandy ! Et bien sûr, celui de mon ami Jean Baptiste Monge, mais NOM DE ZEUS qu’allait-il bien faire dans cette pliure !

    Vous signez ici les magnifiques lettrines de cet ouvrage. Un exercice qu’on suppose difficile car il a fallu sans cesse se renouveler, non ? On voit souvent revenir les mêmes lettres ce qui complique le travail…
    C’est effectivement un travail qui n’est pas forcément compliqué mais assez contraignant. « Se renouveler » ! C’est vraiment le mot ! On se rend très vite compte qu’on ne peut imaginer un abécédaire complet tant certaines lettres sont récurrentes alors que d’autres n’apparaîtront jamais ! Comme j’ai dû coller aux textes des truculents mais ô combien sympathiques Laurent et Olivier Souillé, je me suis adapté de bon cœur … Mais comme les univers qu’ils abordaient étaient riches et différents les uns des autres, j’ai pu contrebalancer la répétition de la lettrine par un habillage graphique en rapport avec telle ou telle partie de leur texte ! Ça fleure bon le dragon, c’est ce qui compte…

    La lettrine parfaite selon vous ?
    A mon sens, la bonne lettrine a deux fonctions, elle est évidemment l’en-tête du paragraphe et comme telle, on ne doit pas perdre de vue sa lisibilité ! Le problème, c’est que, quand je commence une lettrine, je me laisse souvent déborder par l’envie jubilatoire d’en mettre des tonnes ! Jouer avec les jambages montants ou descendants, laisser aller les volutes et les enluminures, etc. L’intérêt de la lettrine enluminée c’est que c’est vraiment un lien, une passerelle entre le texte et l’illustration et qui confère à l’ensemble, une esthétique vraiment intéressante. L’avantage certain, c’est que l’habillage graphique que je vais lui donner est une illustration à part entière, ce qui m’évite de rajouter un « cul de lampe » pour poser un lieu ou un moment… La bonne lettrine, en somme, se doit d’être un juste équilibre entre le texte et le dessin ! Et éviter surtout que celle-ci n’outrepasse son rôle et devienne plus imposante que l’illustration qui se trouvera en pendant !

    Les lettrines se retrouvent dans d’autres de vos ouvrages et notamment le très bel L’heure des fées (Au Bord des continents). Une approche de féerie tout en douceur, en poésie. C’est là votre vision de Féerie ?
    C’est une partie de ma vision de Féerie… Sans même parler de nostalgie, mais se rappeler simplement de certains moments de l’enfance : le souvenir d’une bataille homérique de boules de neige, une odeur alléchante de gâteau à peine sorti du four ou allongé, serein, au milieu d’un champ de blé, le nez dans les nuages ; tous ces instants où tout semblait à sa place dans la plus merveilleuse des perfections ! Je peux vous assurer que si, à ces moments-là, vous aviez bien regardé autour de vous, vous auriez pu surprendre de jolies demoiselles ailées s’envoler prestement ! Alors bien sûr, votre raison affirmera que ce n’étaient que libellules au vent, mais quant à moi, je préfère continuer à croire !…

    D’où vous vient tout ce savoir sur les fées ?
    D’avoir trop traîné dans les bois ou sur les grèves ; d’avoir trop écouter les plaintes du vent sur la lande, qui sait ? Sans peut-être même m’en rendre compte, j’ai sûrement été musarder un peu trop loin en des lieux riches de magie… Hé ! Hé !

    Votre autre actualité est la sortie de votre Sketchbook (Au Bord des Continents). Vous y rendez dans le texte une sorte d’hommage à tous ces créateurs d’univers qui vous ont inspiré ou accompagné durant votre parcours. C’était ça, l’une des envies de ce livre ? Pouvoir citer publiquement ceux que vous admirez ?
    Tout à fait ! J’aurais pu, comme c’était plus ou moins entendu au début, faire un livre uniquement tourné sur la féerie et ses habitants et j’aurais eu sûrement plaisir à le faire…

    … Et puis, c’est un peu comme une pluie d’orage qu’on n’attend pas et qui vous tombe dessus ! L’envie de parler de tous ces dessinateurs avec lesquels j’ai grandi et qui ont éduqué mon œil et façonné mon trait, s’est imposée d’un coup, je dirais presque tout naturellement ! En fait, je pourrais parler des heures avec jubilation de génies comme Jean Cézard ou Franquin, Frazetta ou Buscema ! Alors que parler de soi est un exercice, pour moi en tous les cas, autrement plus difficile !

    J’avais tellement de choses à dire sur « mes pères spirituels  » que le livre s’est construit tout seul, ou presque ! Et du coup, faute de place, j’en ai laissé des tonnes ! Mais, pour une fois que je pouvais parler de tous ceux que j’aime sans avoir l’impression de barber tout le monde, ç’aurait été idiot de s’en priver, non ?

    On y découvre aussi votre travail sur le Magicien d’Oz. Une œuvre maîtresse pour vous ? Qu’est-ce qui vous a le plus touché dans cet univers ?
    J’adore cette histoire ! Elle va bien au-delà de la simple histoire pour enfants ! On peut y lire ce que l’on veut, mais c’est avant tout à mes yeux une belle ode à l’amitié et à la tolérance, une quête à la recherche de soi et peu importe si l’on doit cheminer longtemps sur sa route de briques jaunes… Du moment que la vie apporte de bonnes rencontres et de belles amitiés !

    Malheureusement ce projet cher à mon cœur reste un peu au fond de mes cartons. Pour l’instant, on va dire…

    Vous semblez également apprécier les nains… Peut-on s’attendre à un travail sur ces personnages ?
    Oui da ! Sans nul doute, ça fait un moment que l’idée de travailler sur des thèmes en lien avec l’heroïc fantasy me titille ! J’aimerais que l’histoire, l’univers autour soit vaste, mais les nains, ces fiers guerriers, en seraient le centre ! Alors maintenant les envies peuvent changer, on verra bien…

    On comprend, à la lecture de ce Sketchbook, que vous attachez beaucoup d’importance à l’humour dans votre vie…
    L’humour et la dérision, voui ! Il me semble que, quand vous arrivez à rire de vous-même et à tourner en dérision vos propres petits travers, vous avez déjà fait un grand pas vers la sagesse (comme aurait dit Gotlib : « ça sent pas un peu le sapin cette formule ? « )

    Un peu plus sérieusement, l’humour est un moteur puissant, qui convient bien à la Féerie ! Il y a bien sûr deux facettes à ce monde de même qu’en chacun de ses habitants, et je ne cache pas que l’envie de traiter leur aspect obscur me travaille mais les mises en situation cocasses et rigolotes prennent encore le dessus! En fait, j’ai dû me faire trop d’indigestions de « Mad  » avec toute sa clique de dingues : Wallace Wood, Jack Davis, Don Martin & Cie !

    Comme dit l’autre :  » Chassez le naturel… « ! En fait, je crois être un iconoclaste convaincu et j’ai beau faire, l’humour revient toujours au galop !

    Depuis vos premières publications qui se baladaient du côté des korrigans, votre style s’est affiné et adouci, il apparaît plus libre, plus envolé. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ces premières œuvres ?
    Je dois dire que je suis « tombé » dans l’illustration un peu par hasard, mais à bien y réfléchir, était-ce bien le hasard ? Du coup, il a fallu que je réponde à des contraintes ; délais toujours trop courts, des techniques que je ne maîtrisais pas forcément à l’époque et surtout la terreur de passer du dilettante flemmard au pro qui doit répondre à des attentes autres que les siennes ! C’est facile de faire, défaire, refaire à l’infini et en fait, ne jamais rien aboutir quand votre existence n’est pas en jeu mais quand vous devez croûter, là ça change votre horizon! Une chose est sûre, la maîtrise de n’importe quelle activité vient en la travaillant ! L’effet :  » boule de neige « aidant, il a fallu que je m’adapte très vite à la demande ! Mes débuts sur les chapeaux de roues m’ont fait la main et permis d’évoluer, et de continuer à le faire, dans le bon sens j’espère…

    Vous êtes lecteur de fantasy. Si vous deviez emporter trois livres sur une île, lesquels choisiriez-vous ?
    Diantre, c’est qu’il y en a du beau linge dans ce genre de littérature ! Bon, alors si je n’ai pas le droit de citer : Moorcock, Leiber, Pratchett, Vance, Anderson, Spinrad, Moore, Howard, Zimmer Bradley, Sturgeon, Chaumette (et j’en passe !). Tiens, j’aurais pu dire aussi si j’avais eu le droit : Herbert, Barjavel, Matheson, K. Dick, Van Vogt, Asimov… Mais là, vous allez me dire que ce sont des auteurs de SF alors…
    … Je dirais :  » Faërie, la colline magique  » de Raymond Feist ; « L’épée de Rhiannon « de Leigh Brackett et « Bilbo le Hobbit  » de Tolkien.

    Nous avons épinglé un personnage tout à fait génial dans L’Heure des fées. Parlez-nous du travail de Léonard Futunache…
    Ah, Léonard Futunache ! Qui n’a pas rêvé d’avoir une compagnie aussi charmante, serviable et besogneuse que la sienne ? Futunache est l’aimé des fées, laissant aller ses humeurs picturales au gré de ses pinceaux, pour le plus grand bonheur des belles demoiselles… Il pare leurs ailes des plus belles couleurs qui soient, s’ingéniant et se surpassant toujours pour faire de ses œuvres, à celui qui aura l’indicible bonheur de les contempler en vol, un instant de pure béatitude !

    Franchement, quel illustrateur n’a pas rêvé d’avoir un tel lutin comme ami, surtout quand il est charrette…

    Votre créature féerique préférée et pour quelle raison ?
    Ah ben vous en avez de ces questions ! Vous savez ce qu’il en coûte de se fâcher avec un korrigan ou une fée ? Parce qu’à bien y réfléchir et en toute conscience de ce qu’il peut m’arriver si je me fâche avec quelqu’un et si d’aventure, il me tombe sur le râble alors que je traîne mes guêtres un soir sur la lande…
    … je dirais les Dryades ! Parce que j’aime les arbres, regarder l’herbe pousser et écouter le vent qui joue de la harpe dans les feuilles des « grands verts « ! Et le plaisir de laisser deviner les courbes d’un corps féminin dans la rugosité d’une écorce est un bonheur à nul autre pareil !

    Propos recueillis par Le Peuple féerique en décembre 2008

  • L’univers des Dragons – Daniel Maghen Editions

    Titre: L’Univers des Dragons, Tome 2

    Auteur : collectif

    Textes : Laurent & Olivier Souillé

    Prix public : 20,00 €

    Format 22 x 29,7 cm

    Présentation de l’éditeur:

    Une trentaine de dessinateurs et illustrateurs exceptionnels nous livrent les secrets de l’univers fantastique des dragons au fil des chroniques de Laurent et Olivier Souillé.

    Les auteurs du collectif: Tony Ditterlizzi (les chroniques de Spiderwick), Paul Kidby (Terry Pratchett, le disque monde), William Stout, Dean Yeagle (Playboy), Ashley Wood (Lucas films, Spawn), Peter de Seve (Pixar/Disney/ Age de Glace), Alexis Briclot (Spawn), Civiello (La graine de folie : Korrigan) Jean Sébastien Rossbach,Vincent Dutrait, Olivier Ledroit (les chroniques de la lune noire, Requiem) Paul Dainton, Karl Kopinski, Stephan Kopinski, Philip Sibbering (Warhammer), Paul Bonner (Rackham), Erlé Ferronnière et Jean Baptiste Monge (A la recherche de féerie), Didier Graffet (couvertures de David Gemmel, Jules Vernes), Raymond Swanland (le monde d’Odd world), Alex Alice (le troisième testament)
    Notre avis:

    Bien souvent, lorsqu’on s’attaque à un sujet pour en faire un recueil d’illustrations, on met tout le meilleur dans le premier tome, comme nous l’avions pensé ici. Eh bien, les éditions Daniel Maghen font très fort avec ce second volume sur les Dragons qui non seulement réussit le difficile pari de nous offrir à nouveau une multitude de figures de dragons en tous genres mais se renouvelle en changeant quelque peu la formule précédente. Ici, plus de papier ivoire et légèrement gaufré mais un papier couché, de bonne tenue. Le résultat est une brillance très agréable qui met bien en valeur les illustrations. Certes, certaines illustrations dont la trame originale est bien visible auraient été mieux accueillies sur le précédant papier mais dans l’ensemble, ça déchire ! Un peu moins de pages (88 contre 104 pour le tome 1) mais tout autant d’illustrations avec encore plus de noms à l’affiche. Les textes sont ici signés Laurent et Olivier Souillé. Et, cerise, grosse, grosse cerise sur le gâteau, Pascal Moguérou rehausse la belle mise en page de ses lettrines dragonesques vraiment fabuleuses. Allez, plus que quelques jours à attendre pour vous procurer ce très bel ouvrage sur les dragons prévu pour le 5 décembre partout en librairie.


  • Interview de Camille Renversade pour la sortie du livre illustré Dragons & Chimères – Hoëbeke

    Chroniqué la semaine passée sur Peuple féerique, Dragons & Chimères, fut pour nous un beau moment de lecture. C’est donc avec beaucoup d’empressement que nous avons voulu poser quelques questions au talentueux illustrateur à l’origine de ce projet et de cette expédition incroyable sur la trace des dragons, licornes, chimères et griffons. Rencontre avec Camille Renversade.

    Cette idée de livre remonte à votre projet de fin d’études à Emile Cohl ? Un projet facilement accepté ?

    Ce projet remonte même à ma deuxième année d’Emile Cohl, en cours d’Anatomie Artistique, nous devions créer un animal hybride et dessiner sa morphologie en fonction de son milieu naturel. C’est là que j’ai découvert la cryptozoologie. J’ai eu ensuite l’envie de créer un univers autour de cette science.
    L’idée du livre ne m’est venue que plus tard, en troisième année ou j’ai monté ce projet pour le diplôme.
    J’avais fait poser mon père, mes oncles et un ami de mon père en costumes d’explorateurs du 19ème siècle dans un petit bois de mon village natal. Les professeurs ont été amusés par cette démarche un peu polyvalente si l’on peut dire, photo-dessin-sculpture, et le projet fut retenu sans peine.

    Pierre Dubois signe les textes et vous les illustrations, photos, mise en page ? Le livre ne précise pas vraiment qui a fait quoi… Une volonté des auteurs ?

    Comme je vous l’ai dit, je suis à l’origine du projet, mais Pierre m’a beaucoup apporté. Il a aussi toujours voulu que ça reste en priorité mon projet, il m’a donc laissé concevoir librement le scénario, les dessins, les photos et la mise en page pour au final faire le lien entre tout ça avec ses mots à lui. L’idée que l’histoire soit racontée par Gaston, le jeune dessinateur ( mon personnage), vient de lui. Il a parfaitement su mettre en avant la dimension poétique et drôle au livre. Quant à la réalisation concrète, qui joue quoi, et les divers trucages, nous voulions rester « flou » pour laisser libre cours à l’imagination du lecteur. Toutefois pour ceux que ça intéresse, je mettrai quelques articles de « making-of » sur mon blog.

    Comment avez-vous fait la rencontre de Pierre Dubois ?

    J’ai mené une véritable enquête holmesienne pour trouver ses coordonnées et le contacter ! Déchiffrage des articles de journaux le concernant, tri méthodique dans les annuaires, recoupement sur les cartes géographiques… !
    Je lui ai finalement envoyé un courrier avec quelques images et c’est lui qui m’a contacté par téléphone. Inutile de préciser que j’étais aux anges ! On s’est tout de suite bien entendu et il m’a présenté à son éditeur Hoëbeke quelques jours plus tard.

    Partage-t-il votre intérêt pour la cryptozoologie ?

    Je pense que Pierre est très large d’esprit, il connaît la cryptozoologie mais a une vision moins scientifique, plus féerique à ce sujet! D’ailleurs ses textes des Encyclopédies des Fées, des Elfes et des Lutins servent de source à certains cryptozoologues. Je partage sa vision, nous sommes auteurs, pas scientifiques !

    D’où vous vient cet intérêt pour la cryptozoologie ?

    Quand j’étais petit, mes films préférés étaient « Big Foot et les Henderson » et « 20000 Lieues Sous les Mers » ! Tout simplement, ça me fait rêver. Je suis avant tout un homme d’image et j’adore l’iconographie qui s’y rapporte, l’ambiance des musées d’histoire naturelle poussiéreux, qui recèlent déjà de tant de mystères…Je suis fasciné par l’idée qu’il puisse encore y avoir des créatures ou des êtres inconnus et mythiques, et que des scientifiques y consacrent leurs recherches. Dans notre monde actuel on a tendance à ne plus croire en rien, et surtout pas aux choses un peu magiques et cachées. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur la cryptozoologie dont quelques uns de Bernard Heuvelmans avant de me mettre à réaliser le livre, et il dit « On a souvent moqué, non sans raison, l’insondable crédulité des hommes. Ne serait-il pas bon, parfois, de s’en prendre à la vive répugnance qu’éprouve l’esprit humain à accepter ce qui dérange ses idées reçues ? » J’aime à croire que rien n’est impossible et que ce n’est pas parce que l’on a prouvé que telle ou telle photo est un montage photographique, un bout de bois qui flotte à la surface de l’eau, un canular ou que sais-je, que dans la réalité ces animaux extraordinaires n’existent pas ! « L’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence » disait l’astro-physicien Martin Reese. Ça laisse libre cours à toute imagination, à toute possibilité ! N’est ce pas cela le plus important ? Ne pas se borner aux limites de la tangible réalité de notre quotidien ?

    Quelle était votre attente initiale du livre et a-t-elle été pleinement réalisée ?

    Ma première attente était de me faire plaisir et de partager ce petit univers que j’ai dans la tête, mais je crois surtout que mon but est de faire rêver les lecteurs, comme tout auteur je suppose ! Je ne sais pas encore si c’est le cas mais je suis déjà satisfait d’avoir de bons retours de la part de mon entourage et de mon éditeur.

    Vos illustrations tirent pas mal du côté de la caricature et apportent un côté humoristique au livre. Vous aviez envie de faire quelque chose de beau et de « pas si sérieux que ça » ?

    Je ne peux pas m’empêcher de déformer la réalité…en dessin, je caricature toujours! Nous voulions qu’il y ait de l’humour sans pour autant tourner en ridicule les thèmes qui nous sont chers. Notre but était de donner une autre approche de la cryptozoologie, une fiction « crypto-fantastique ».

    La première moitié du livre raconte une expédition à la recherche d’un dragon particulier, le Mokélé-Bembé. Mais le chemin qui y mènera nos aventuriers croise quantité d’autres dragons. En cela, votre approche du dragon est plurielle et originale, on y voit représenter des créatures multiples. Et sous-jacent, l’idée que les dragons ont existé…

    La plupart des dragons traités dans le premier chapitre sont issus du folklore populaire africain. Le mokele mbembé, la mamy watta et les dragons volants sont par exemple des créatures connues en Afrique Equatoriale et qui font l’objet de témoignages anciens et aussi récents. Une expédition a même été envoyée cette année pour recueillir des informations sur le mokele-mbembé…Il y a vraiment de quoi faire avec tout ces mystères qui changent un peu du dragon habituel arthurien ! Ils ont pu exister oui, et le pourraient encore de nos jours, on voit de nombreuses espèces dont l’existence date de la préhistoire, subsister dans les régions reculées, isolées.

    La seconde moitié tourne autour du thème des chimères et est une occasion de dessiner plusieurs créatures hybrides. Ces croisements surnaturels, quelque chose qui vous fascine en tant qu’illustrateur ?

    Le chapitre 2 est plus fantastique, moins cryptozoologique, ce qui m’a permis encore plus de liberté.
    Je ne souhaitais pas faire de créature « collage » avec une tête de chèvre sur un corps de lion par exemple, mais plutôt créer des hybrides plus « plausibles » comme la licorne indienne sorte d’okapi gazelle unicorne, j’ai voulu montrer des animaux qui auraient pu être à l’origine des mythes.
    Par exemple la harpie qui serait en fait une sorte de singe ailé que les marins d’autrefois auraient pu décrire comme une femme très laide volante !

    Pourquoi avoir présenté deux expéditions en un seul livre et pourquoi pas une série de carnets ?

    Il est effectivement question de faire une suite, mais nous avons opté pour la solution d’inclure deux expéditions par livre car il y a beaucoup de sujets à traiter!

    On devine que le côté photographique a du être une belle partie de plaisir avec les différents « acteurs » ? Avez-vous fait un casting pour trouver les bonnes bouilles ?

    C’est la partie la plus conséquente du travail, et la plus amusante bien sûr ! Chercher des lieux tout d’abord, faire de nombreuses brocantes pour trouver les objets adéquats pour les décors, trouver des objets anciens, fabriquer les costumes, fabriquer les créatures, trouver les « acteurs », tout organiser…
    La mise en scène m’a particulièrement plus! Je me suis senti un peu réalisateur de film et j’ai pris un plaisir fou, oui !
    La plupart des personnages sont joués par des membres de ma famille ce fut très amusant de les voir jouer comme des enfants une fois costumés!
    Il y eut plusieurs séance de photo dont une dans un château où nous étions une vingtaine en tenue d’époque à visiter le cabinet de curiosités que j’avais installé dans la bibliothèque…
    Nous avions vraiment l’impression d’avoir remonté le temps!

    En fait, pour la recherche des bonnes personnes, ce fut plutôt l’inverse qui s’est produit ! Pierre et moi nous sommes inspiré du caractère des personnes qui ont bien voulu jouer le jeu pour créer leurs personnages. Pour Christian LeNoel (qui joue Van Welmans) c’est doublement le cas puisqu’il est un vrai cryptozoologue qui a vécu 30 ans en Afrique et fut pour nous une vraie source d’inspiration ! Mon père est réellement photographe et invente toujours des tas de choses. J’ai aussi demandé à un voisin de mon père, que je voyais passer de temps en temps et qui avait tout à fait l’allure pour jouer l’officier anglais Mac Gregor, ce qui est drôle c’est qu’il m’a raconté qu’étant jeune, on le surnommait « le major anglais » . Dans un salon d’entomologie, j’ai recruté un chasseur de papillons globe trotter qui est venu quelque jours plus tard poser au château avec enthousiasme!

    A côté des photos, quelles techniques d’illustration avez-vous utilisées pour ce livre ?

    Je travaille au crayon, pour les croquis, et à l’aquarelle rehaussée de colorex pour les peintures. Pour la conception des créatures je me suis servi de photos animalières diverses, et les ai ensuite fabriquées avec diverses techniques de sculpture, mais là ce serait long à expliquer !

    Pierre Dubois a profité de cette occasion pour relancer son personnage de Petrus Barbygère. Cet elficologue collait-il parfaitement à votre idée ?

    Petrus Barbygère est un personnage extraordinaire qui est tout à fait en accord avec le concept du Club des Chasseurs de l’Etrange. Je pense que si nous faisons une suite, il dirigera une des expéditions!

    Sur votre blog on y voit un petit lutin dessinant un tableau à votre place. Êtes-vous ami du Petit Peuple ?

    Il m’arrive de laisser quelques gourmandises sur ma table à dessin le soir en espérant que ce cadeau au petit peuple me donnera de l’inspiration le lendemain… Je pense qu’une partie de ce livre leur est due!

    Quelle est votre créature féerique préférée ?

    Les serpents de mer et monstres lacustres me fascinent, je ne peux regarder une étendue d’eau sans m’attendre à voir apparaître une ombre serpentine!

    Propos recueillis par le Peuple féerique, novembre 2008.

    Suivez toute l’actualité de Camille Renversade sur son BLOG

    Voir la présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur HOEBEKE

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