Auteur/autrice : Richard Ely

  • Godo nous dévoile son projet Orthana !

    Depuis quelques années, on croise l’illustrateur Godo et ses illustrations féeriques dans de nombreux salons. C’est ainsi que le Peuple féerique a croisé son chemin, le temps de lui poser quelques questions à propos de son mystérieux et énorme projet : Orthana. L’auteur nous en apprend un peu plus sur cet univers en cours de création…


    D’où est née votre passion pour l’illustration et la fantasy ?
    A vrai dire, je crois que la passion du dessin est venue en même temps que celle de la fantasy, dès que j’ai commencé à dessiner cela tournait souvent autours des chevaliers, des dragons et des êtres féeriques (bien que les personnages que je dessinais étaient sans aucun doute plus monstrueux qu’aujourd’hui). Certainement à cause de certains livres, films, dessins animés dont les images ont marqué mon enfance, comme les storyteller, Dark Cristal et l’Histoire sans fin entre-autres films, ou The flight of dragons, un dessin animé magnifique du début des années 80. En littérature, les premiers auteur qui m’ont fait voyager dans des mondes de fantasy sont évidement Tolkien puis Moorcock. Mais le dessin est très rapidement devenu un besoin, si je n’avais pas ma ramette de feuilles blanche et mon crayon sous le coude il me manquait quelque chose. Même aujourd’hui, je ne pars jamais sans ma “trousse de secours”, carnet de croquis, gomme mie de pain et graphite, on ne sait jamais, une idée est si vite arrivée! Ou si je croise un gnome qui veut bien prendre la pose…

    Quels sont les illustrateurs qui vous ont le plus apportés côté inspiration et technique ?
    Sans hésitation, je commencerai par Allan lee. J’ai eu l’occasion et la chance de le rencontrer et de le voir dessiner quelques fois et il y a une telle douceur dans son trait et dans sa manière de travailler, même lorsqu’il représente des scènes de batailles, on dirait que le crayon touche à peine la feuille. C’est véritablement magique et sa façon de dessiner les arbres et la nature est tout simplement géniale, on sent la vie et le poids des années dans ses forêts.
    D’autres illustrateurs m’ont beaucoup marqué, comme les frères Tom et Greg Hildebrant. Il y a presque toujours dans leurs peintures (plus dans leur peintures fantasy que S.F) une impression de grande intimité avec les personnages, j’ai adoré leurs calendriers 1978 autour du Seigneur des Anneaux. D’autres illustrateurs incontournables de la fantasy, John Howe, Brian Froud, Frazzetta plus loin Arthur Rackham m’ont sans doute influencé et la liste est longue dans les illustrateurs que j’apprécie. Paul Kidby, Paul Bonner, JB Monge, Jason Manley, Pascal Moguérou, Erlé Ferronière, Olivier Ledroit… Je ne les citerai pas tous, nous y passerions la nuit.

    Vous travaillez actuellement sur un gros projet féerique nommé Orthana. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet univers ?
    Avec grand plaisir, c’est un projet qui me trottait depuis tant de temps dans la tête que je suis impatient de voir le premier tome sous presse. Il me tient d’autant plus à coeur que j’ai cette fois-ci prit la plume pour écrire les contes en duo avec Gilles Da Costa un très bon ami passionné de fantasy avec qui je voulais travailler depuis longtemps.
    Sept tomes sont prévus, ce qui représente une somme de travail assez conséquente, tant en écriture qu’à l’illustration.
    Nous avons essayé de donner une dimension supplémentaire à ce livre. Le lecteur sera à la fois devant des contes et devant une saga. Donc deux façons de lire s’offriront à lui. D’une part la trame de fond de l’histoire est constituée des aventures de deux conteurs qui se retrouvent pour partager les contes du petit peuple qu’il ont pu recueillir après de longues saisons passées à parcourir les Grandes-Terres. Ainsi leurs aventures relient entres eux les différents contes qu’ils ont pu sauver. On peut donc si on le souhaite lire les contes individuellement ou profiter de l’évolution de la quête des conteurs et des mésaventures des peuples d’Orthana et des Grandes-Terres. Mais je pense qu’un petit texte d’introduction sera plus parlant. Il n’est pas définitif mais cela plante le décor.

    Il y a fort longtemps, les Grandes-Terres qui s’étendaient à l’ouest de l’infinie mer des sages jusqu’aux plaines-Sèches de l’est, n’étaient qu’un seul et unique royaume gouvernées par le grand roi Tildelion. Par son désir de justice et de paix, les humains et les autres peuples, que l’on avait coutume d’appeler les féeriques y vivaient cote à cote en harmonie. Chaque peuple mettait au service des autres ses connaissances et de ses facultés propres. Mais après de longues années de règne, le roi disparu soudainement laissant vide le trône de la majestueuse cité d’Ebel qui se gorgea des rumeurs les plus improbables sur sa disparition. Le royaume bienheureux se vit en quelques années balafré de frontières, morcelé en de nombreux territoires gouvernés par des clans, tous plus ou moins hostiles ou méfiants les uns envers les autres. Dés lors, la paix, entre les hommes et entre les différents êtres de féerie, maintenue jusqu’ici par Tildelion, s’effrita comme un parchemin trop vieux, et, tout comme la paix, le savoir immense des hommes et des féeriques qu’unifiaient et préservaient les sages du roi, disparu dans une nuit d’ignorance et de lutte aveugle pour une domination des terres.

    Miraculeusement, par la volonté du conseiller du roi, peu de temps avant ce grand chambardement, une confrérie nommée simplement les “frères conteurs” vit le jour. Neufs des membres de cet ordre avaient pour mission d’arpenter le monde afin de recueillir et sauver de l’oubli les témoignages les plus extraordinaires sur les êtres qui peuplaient les Grandes-Terres et tout particulièrement sur ceux qui vivaient dans l’impénétrable et légendaire forêt d’Orthana. Beaucoup de clans d’humains après la chute du Royaume unique s’allièrent à de viles créatures et profitèrent du chaos régnant pour traquer les plus fragiles et précieux êtres de féerie comme les fées, les lutins,les gnomes et bien d’autres encore.

    Dès lors, une fois l’an, les conteurs, le gardiens du livre blanc et l’archi-conteur se réunissaient dans un lieu secret de tous. Une clairière cachée, au milieu de laquelle se dressait la grande pierre de mémoire, flanquée de ses deux visages impassibles. Chaque conte écrit sur le livre était lu à haute voix alors que les conteurs chantaient silencieusement sur cinq notes. Si le conte était faux ou incomplet, le vent ballayait les lettres du livre comme de la poussière. Mais, s’il était vrai, les lettres s’élevaient des pages en minces filets de lumières multicolores et pénétraient dans la pierre de mémoire par un oeil, situés à l’emplacement de l’oreille. Une fois dans la pierre, les contes prenaient vie, ils devenaient énergie. Et la pierre, au fil des ans, pulsait d’un considérable amas de puissance et de savoir, prêtant aux frères-conteurs une vie dépassant de loin celle des autres hommes.

    Alors, plus que tout, les conteurs espéraient un jour entendre et ramener l’histoire de la mystérieuse reine des fées, mais celle-ci disait-on, vivait au coeur même de la gigantesque forêt d’Orthana, lieux sans âge, habité d’êtres inconnus et parsemé de tant de dangers et de secrets qu’aucun homme n’y pénétrant trop profond n’en revint jamais.
    Pourquoi recherchaient-ils celle-ci plus que toutes autres ? Car, si un jour, le conte de la reine fée entrait dans la pierre de mémoire, on dit que sa puissance serait telle qu’à travers-elle, déchirant les brumes du nord sur un destrier d‘argent, reviendrai le roi Tildelion et qu’il unifierai un nouveau royaume.

    L’histoire qui va suivre est celle de deux conteurs , Aldrim Quaeris et Fosco Triklin et de leur étranges aventures dans la quête extraordinaire des contes sur les chemins des Grandes-Terres et les sentiers d’Orthana…
    J’en profite également pour informer qu’entre chaque tome nous allons aussi lancer un CD de musique qui accompagnera les contes. D’une part avec mes propres composition et d’autre part avec les composition sur ces mêmes contes de la harpiste Eve Mc Tellen.
    Et par la suite, il y aura sûrement d’autres surprises, mais nous en parlerons le moment venu.
    Autre point important, nous allons bientôt lancer une souscription sur le premier tome !

    La féerie semble intéresser de plus en plus de gens. Partagez-vous ce sentiment ?

    C’est sans doute les adaptations cinématographiques et les jeux vidéos qui ont ouvert d’autres portes à la fantasy pour se faire connaître d’un plus grand public. Les progrès techniques aidant, les représentations de toutes les images que l’on pouvait s’imaginer dans les livres se sont vues projetées à l’écran. Les images de synthèse on remplacé les ficelles et les marionnettes et ont donné une plus grande facilité ou en tout cas rapidité de réalisation pour représenter ces mondes imaginaires visuellement complexes. Quoique les anciens films comme Labyrinthe gardent un cachet irremplaçable.
    Quoiqu’il en soit, la fantasy, comme le conte en général, a souvent plusieurs degrés de lecture. Je ne pense pas qu’il faille y voir systématiquement une fuite de la réalité vers de vagues rêveries comme on peut l’entendre souvent, même si c’est sans doute vrai quelquefois. L’imaginaire est important, il fait aussi parti de notre réalité. il y a beaucoup de choses que l’on a du mal à aborder dans notre quotidien qui peuvent trouver un écho dans l’imaginaire. D’une façon général, s’il y a un besoin de se plonger dans le monde de l’imagination, c’est qu’il y a un manque ailleurs. Le regard que l’on porte sur la réalité que l’on nous donne à voir ne nous suffit pas, et c’est dans l’imagination créatrice que l’on peut cerner ces choses qui nous échappent, qui nous manquent et que l’on n’arrive plus à entrevoir tous les jours. L’extraordinaire dans le quotidien.

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Parmi tous les êtres de féerie, il y en a un que je trouve très original, c’est une créature de bois et de feuilles, vivant dans la forêt de Fangorn, là je pense que vous voyez de laquelle je parle. Les ents. Avoir donner vie à ces êtres, ces bergers de la forêt fut une idée de génie de Tolkien, et leur représentation au cinéma, une heureuse surprise tant ils étaient proche de l’image que je m’en étais faite à la lecture des livres. Ils semblent vieux comme le monde, sages, majestueux. Ils allient à la fois les qualités humaines et celle de la nature. Oui, ce sont bel et bien mes créatures féeriques préférées.

    Votre site web est très travaillé. Vous passez d’ailleurs beaucoup de temps sur Internet. C’est vraiment quelque chose qui a révolutionné votre façon de travailler ? Ou est-ce un très bon outil de communication ?

    C’est un outil très pratique, c’est grâce au net que j’ai pu faire connaître mes travaux, ça m’a permis de rencontrer bon nombre de collaborateurs dont certains sont devenus des amis par la suite.
    C’est un très bon outil de communication, d’autant plus que je me suis éloigné de Paris pour la verdure, ce qui a rendu cet outil d’autant plus important pour me tenir au courant des diverses manifestations…
    Pour le site web, j’essaie de le mettre à jour aussi souvent que possible mais cela demande du temps donc je fais de grandes vagues de mises à jours de temps en temps.

    D’où partez-vous pour créer une illustration ? Qu’est-ce qui vous inspire ?

    Généralement, je travaille au souvenir plus qu’à l’observation alors qu’il faudrait pour bien faire équilibrer les deux, car se baser sur la mémoire sans une observation directe peut engendrer des problèmes de proportions et l’observation directe seule retranscrite sur la feuille fait perdre toute l’âme au dessin toute sa personnalité (c’est juste mon point de vue). Il faut laisser le temps à l’imagination de transformer les images que l’on perçoit pour en faire ressortir ce que, justement, les yeux n’ont pas forcément capté. Mais le principal est peut-être de n’être jamais satisfait de son illustration une fois finie pour que la meilleure soit toujours la prochaine.

    Et côté technique ? Comment travaillez-vous vos illustrations ?
    Après beaucoup d’essais, je suis revenu au simple crayon ou mine graphite et à la feuille blanche. Il n’en faut pas plus pour tout exprimer dans le trait. Quand à la couleur, j’ai abandonné les pinceaux il y a quelques années pour la palette graphique. Je peux changer dix fois d’avis sur les tonalités d’une illustration, comme j’utilisais quelque fois l’aquarelle cela ne donnait pas beaucoup de possibilité de modifications de ce coté là ; et la peinture à l’huile que j’aime beaucoup aussi me prenait trop de temps. Mais je compte bien retourner un jour à mes pinceaux de temps en temps ce sont deux méthodologies différentes mais je crois que dans les deux sens, l’apprentissage de l’une aide aussi pour l’autre.

    A part l’univers d’Orthana, avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ?

    Oui, Orthana va déjà prendre beaucoup de temps avec ses sept tomes, mais je travaille en parallèle sur l’adaptation du roman de mon ami Guillaume van Meerbeeck, Dormäe, en jeu vidéo, un jeu online qui sortira fin 2010 si tout se passe bien. Cela représente une sacré somme de visuels et une nouvelle manière de travailler. Mais c’est très intéressant d’autant plus que son univers est passionnant.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009.

    A noter que Godo proposera quatre livrets, pochettes de crayonnés sur les Fées, Lutins et gnomes, Trolls et gobeliins, Dragons. Livrets tirés des recherches d’Orthana et qui seront disponibles très bientôt.

    Pour suivre l’actualité de Godo : http://www.godo-illustrateur.com/

  • Le Guide du Lutin Voyageur de Raphaël Grosjean (Au Bord des Continents)


    Le Guide du Lutin Voyageur
    Auteur-illustrateur : Raphaël Grosjean
    Prix : 23 euros
    Format : 22×27 cm
    72 pages
    Editions Au Bord des Continents
    Sortie : juin 2009

    Présentation éditeur:

    On prétend, fréquemment, que les lutins n’aiment pas voyager et qu’ils seraient volontiers de mœurs casanières. J’affirme, au contraire, qu’ils adorent voyager mais que, bien souvent, ils y renoncent ne sachant où aller. Quitter l’opulence et la fraîcheur d’une cave, d’accord… mais pour voir quoi ? Grâce au Guide du Lutin Voyageur, le Petit Peuple va enfin découvrir les joies du tourisme et l’univers fourmillant qui l’entoure !
    Ce volume vous invite à découvrir la région de Puc, sa forêt, son château et le reste. Chaque étape de ce voyage est présentée dans une mise en page claire et ingénieuse, enrichie, en outre, par d’abondantes illustrations sur lesquelles l’illustrateur a passé un temps infini, ce qui a considérablement retardé la sortie de ce livre.

    Notre avis:

    Un guide écrit pour les lutins par un lutin et illustré par… encore un lutin ! Voilà ce que nous propose le Guide du Lutin Voyageur. Un livre qu’on savoure pleinement tant il est bien écrit! De page en page, on découvre les particularités du monde de Puc qui, s’il n’offre pas vraiment d’attraits incontournables pour les humains, recèle de belles choses au goût des lutins. Par contre, les auteurs insistent sur le fait de prévoir un pique-nique tant les étapes culinaires de la région sont, disons, un peu étranges et fort peu ragoûtantes.
    Si les bons côtés sont bien là, les mauvais aussi. Méfiez-vous des bandits de grand chemin ! Enfin… vu qu’ils sont armés de répliques de pistolets faits de bois, on ne risque pas grand chose, mais bon, méfiez-vous quand même, na !

    Vous l’aurez compris, Raphaël Grosjean nous emmène dans son petit monde avec une jolie dose d’humour et une écriture très soignée. Le jeu avec le lecteur ou entre les deux « auteurs » du Guide sont vraiment réussis. Les illustrations sont aussi rafraîchissantes que belles et ponctuées de petits croquis plus légers ou de caricatures humoristiques surprenantes quand on est habitué aux ouvrages d’Au Bord des Continents mais qui participent pleinement au ton choisi et donné à l’ensemble tout en apportant un petit côté moderne très sympathique. Une très jolie découverte !

  • Le livre secret des fées : fées, elfes, farfadets, sirènes, gnomes, trolls, qui sont-ils ? – Richard Bessière (Grancher)

    Le livre secret des fées : fées, elfes, farfadets, sirènes, gnomes, trolls, qui sont-ils ?
    Bessière Richard
    Éditeur Grancher
    Collection Puissances inconnues
    Date de parution avril 2009
    Nombre de pages 214
    Prix: 14,50 €

    Présentation éditeur:

    Le livre secret des Fées
    Fées, Elfes, Farfadets, Sirènes, Gnomes, Trolls, qui sont-ils ?

    Le récent succès de JK Rowling (Les contes de Beedle le barde) se déroule dans le monde des fées et lutins. Mais cet univers existe depuis longtemps, et a inspiré de nombreux auteurs fantastiques, de Jack Vance à Jean Ray ou même Stephen King… Mais qui sont au juste les Fées, Elfes, Lutins et autres Farfadets que nous trouvons au hasard des légendes des forêts celtiques ? Convenons que tout cela est fort mystérieux, d’autant qu’en Finlande ou en Norvège, beaucoup y croient dur comme fer ! Voici pourquoi ce livre enchanteur, qui est aussi érudit que plaisant, s’imposera à tous les amateurs de merveilleux.

    Notre avis:
    La quatrième de couverture renseigne l’auteur, Richard Bessière, comme historien. C’est difficile à croire lorsqu’on parcourt ce livre qui ressemble plus à un méli-mélo tout personnel qu’à un véritable travail bien construit.
    L’auteur emprunte de ci, de là des termes, des légendes, des contes et si de nombreuses choses sont justes (du moins sur leur fond), elles sont placées de sorte à donner un tout qui n’a plus aucun sens.
    Pire encore pour un « scientifique », point de bibliographie, point de conclusion et une seule source citée à maintes reprises: Edouard Brasey. Même si les écrits de Brasey sont souvent très justes, ne prendre qu’une seule référence rend un livre bien maigre.
    L’introduction à elle-seule démontre tout l’intérêt du livre: l’auteur pose d’emblée la croyance des fées en opposition à la chrétienté, discours un peu trop facile et pas très sérieux mais qui donne le ton tout personnel de l’ouvrage. Il parle ensuite des photos des fées de Cottingley qu’il situe en 1976 (au lieu de 1917 !!). Quelques pages plus loin, l’auteur prend les « druidesses » de l’île de Sein comme origine des fées et semble privilégier cette hypothèse-là, puisque « comme elles, les fées étaient vêtues de blanc et de bleu…« . On rappellera que le seul témoignage de l’habit des druides (et plus que probablement déjà à une époque où il n’y avait plus de druides) est celui de Pline l’Ancien en 77 ap JC dans son Histoire Naturelle :  » Un prêtre, vêtu de blanc, monte dans l’arbre, coupe le gui avec une serpe d’or et le reçoit sur un sayon blanc. (livre XVI, chapitre 94). Alors quid de ces druidesses vêtues de blanc et de bleu ?

    Bref, on va vous épargner de dépenser inutilement 14,50 € pour acheter un livre qui vraisemblablement surfe sur la vague des fées qu’il teinte d’une spiritualité douteuse.

    Allez une dernière pour la route, l’auteur aborde les brownies par le biais des propos de Robert Louis Stevenson, à la fin de son petit chapitre, il conclut: « Autrement dit, les brownies ne sont autres que les fées de Stevenson »
    Robert Louis Stevenson est né le 13 novembre 1850. On relève déjà une description dans un texte de John Brand en 1703… Et le brownie fait partie intégrante du folklore écossais en tant que génie familier. Fées et Brownies ne sont absolument pas la même chose…
    Bref, beaucoup de confusion, de choses pas vraiment approfondies et de prises de position personnelle. Un livre qu’on évitera même si on salue bien évidemment l’excellent travail de l’auteur de science-fiction dans ses très nombreux ouvrages. Ici, ça ressemble beaucoup trop à un déluge d’idées sur les fées totalement décousu pour rendre le propos attractif et vraiment intéressant.

    PS: Petit conseil aux amoureux des fées, ne croyez pas tout ce qu’on écrit ou dit. Pour reprendre ce que m’avait un jour dit Pierre Dubois, les fées, il faut les vivre mais aussi les lire, plonger dans les premiers écrits les concernant, savoir remonter aux sources…

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  • L'école des Fées – Twini apprend à voler – Titiana Woods (Gallimard Jeunesse)

    L’école des Fées Tome 1
    Twini apprend à voler
    Titania Woods
    Smiljana Coh (Illustrateur) , Zerline Durandal (Traducteur)
    Poche – Broché
    Paru le 15/05/2009
    Editeur Gallimard-Jeunesse
    Collection Folio Cadet
    Nb. de pages: 141 pages
    Dimensions : 12cm x 18cm x 0,9cm
    Prix: 4,90 €

    Notre avis:

    Voici le premier tome de cette nouvelle série pour les 8-10 ans proposée par Gallimard Jeunesse. Nous y suivons les aventures de la petite fée Twini qui entre ici à l’école des fées pour apprendre à voler. Parmi ses compagnes des Jonquilles, elle trouve de suite une amie, une « jumelle inversée ». Cete amie parviendra-t-elle à l’aider lorsque Twini se découvrira bien incapapble de s’envoler malgré toute la poussière de fée ? Une jolie petite histoire sur l’amitié et le rapport aux autres. Une écriture parfaite pour la cible des 8-10 ans et une histoire qui touche beaucoup car tellement vraie. Bien sûr toute nappée de la gentillesse et de la beauté des fées, ce qui devrait remporter les suffrages chez les petites fans. Le but avoué de cette collection était de proposer des histoires accompagnant les débuts de lecture des jeunes lectrices tout en leur inculquant des valeurs positives d’entraide et d’amitié. Le premier objectif est pleinement atteint, l’auteure et le traducteur ont fait un excellent travail. Le second objectif est également bien inscrit dans ce premier tome mais tout y est un peu trop gentil… Si les malheurs de Twiny contribuent à l’identification, la réalité compte des méchants bien plus méchants que cela… Tout y est un peu trop « magique » ! Mais quoi de plus normal au fond dans une école de fées ?

    Deux tomes prévus en mai, deux autres en septembre devraient finir par inonder les cours de récréation de ces petits livres aux couvertures pailletées. De quoi faire rêver vos petites fées…

  • Interview de Jean-Louis Fetjaine pour ses séries sur les Elfes…

    Je reprends sur le blog l’interview de Jean-Louis Fetjaine réalisée pour le dossier Elfes de Khimaira de ce mois de mai 2009.

    Lorsqu’on aborde un thème comme celui des elfes, on pense de suite à Tolkien puis, très vite un autre nom s’impose aux lecteurs français: Jean-Louis Fetjaine. Un auteur qui a eu deux traits de génie lorsqu’il s’est lancé sur la piste des elfes. Le premier est d’avoir emprunté la voie ouverte par Tolkien qui a lui-même apporté aux elfes une dimension de beauté et d’”angélisme” expliquant en grande partie le succès et l’attirance pour ces êtres aujourd’hui. Le second est d’avoir mélangé Histoire et Merveilleux. Plus encore, d’avoir imaginé une préquelle aux légendes arthuriennes et un récit qui se tient parfaitement. Il y a beaucoup de messages très actuels dans les romans de Jean-Louis Fetjaine, ce qui explique à quel point la première trilogie fut si bien accueillie lors de sa parution à la toute fin des années nonante. Une oeuvre qui vient donc avant les films de Peter Jackson, il faut le souligner ! On assiste aussi à une religion chrétienne naissante et ce cheminement des dieux au Dieu unique, des peuples au peuple unique est vraiment passionnant à suivre.
    En 2008 paraissait le premier tome d’une nouvelle trilogie, préquelle à la première et qui nous menaient sur les traces de la jeune Lliane. Le second tome est paru en avril 2009, l’occasion était trop belle pour revenir sur cet univers avec son créateur. Rencontre avec un ami des elfes…


    LA TRILOGIE DES ELFES…

    Khimaira: Vos elfes diffèrent, comparaison inévitable, de ceux du Seigneur des Anneaux de Tolkien. Alors que lui les rapproche des anges bibliques, vous conservez l’idée de beauté parfaite mais y mêlez un pouvoir de séduction presqu’animal et un petit côté vampire… Une image plus proche de celles des démons, incubes ou succubes, que des anges finalement ?

    Jean-Louis Fetjaine: Oui, absolument. L’idée de la série Le Crépuscule des elfes et de la trilogie La chronique des elfes est que les quatre peuples qui se partagent le monde – elfes, monstres, nains, hommes – n’en sont en réalité qu’un seul et qu’il s’agit des hommes. L’homme actuel aurait hérité de la brutalité des monstres, de la cupidité des nains, de la soif de pouvoir des hommes… Mais seule la grâce des elfes lui auraient échappé. Pas de bol.
    Les elfes survivants seraient devenus des vampires, ou quel que soit le nom qu’on leur donne.
    Pour moi, les elfes sont avant tout proches de la nature, et donc comparables aux bêtes, ce qui implique des bons et des mauvais côté, dont une bestialité « inhumaine » lorsqu’ils se battent.

    K. Vos elfes ont la peau bleue. D’où vient cette idée et pourquoi cette couleur en particulier ?
    JLF: Pas vraiment bleue, mais très pâle. C’est une couleur qui signifie « grand » au Moyen-âge – Barbe Bleue = grande barbe -. Le terme est donc aussi une indication de leur taille. J’aimais bien aussi le côté froid de cette couleur de peau.

    K. Vous semblez considérer les elfes , du moins dans votre oeuvre, comme un peuple qui a réellement vécu ?
    JLF: Oui et non. Comme je disais plus haut, les elfes seraient des hommes en réalité, devenus légendaires. Mais c’est le cas de tous les peuples légendaires. D’où viennent les orcs de Tolkien ? Des Orcades, ces îles au nord de l’Ecosse, où vivaient des Pictes décrits dans les sagas scandinaves et appelées « orkein ». D’où viennent les ogres ? Des Huns, et plus précisément des Hongrois : les bottes de sept lieues sont un souvenir de leur vitesse et le grand couteau un souvenir de leurs sabres. Il en va de même pour la plupart des peuples merveilleux. Cela ne veut pas dire que l’imaginaire n’existe pas, mais au contraire que l’homme a toujours besoin de raconter des histoires en embellissant la réalité.

    K. Si vous deviez rapprocher vos elfes d’une des trois directions suivantes, ce serait laquelle?
    – les Tuatha Dé Dânann, le premier peuple selon la mythologie irlandaise,
    – les elfes humanisés par Tolkien,
    – les elfes des traditions germaniques, plus proches de ce que nous appelons « lutins » et qui incarnent des esprits de la Nature.

    JLF: Les deux premiers. Ils sont clairement l’une des « tribus de la déesse » – Tuatha Dé Danann – et leur mythologie est celto-gaëlique. Mais ils ont également bien sûr nombre de traits inspirés par Tolkien. C’est le boss, on n’y échappe pas.

    K. L’amour libre, la symbiose avec la nature, la magie… Vos elfes figurent finalement tout ce que l’homme désire et qui lui semble tabou ? Ils sont des sortes d’humains décomplexés et revenus aux vraies valeurs, non ?
    JLF:C’était mon idée de départ, cette sorte d’Eden à la Rousseau, cet état de nature idéal. Mais en fait l’état de nature et l’absence d’humanité n’est pas sans aspects négatifs. Les elfes ne pleurent pas. Ils n’élèvent pas leurs enfants. Leur sexualité est libre et animale, mais leur amour est limité, etc. Pour moi, ils sont plus proches des animaux que des hommes, et c’est ce qui en fait l’intérêt. Des êtres trop parfaits seraient agaçants, à la longue.

    K. D’ailleurs, à part Lliane, aucun n’a connu ou ne connaît l’amour. Ni entre amants, ni même envers leurs enfants…
    JLF: Lliane doit « apprendre » l’amour avec Uther, et d’ailleurs elle s’en effraie vite. Oui, il n’y a pas d’amour – au sens ou nous l’entendons – dans une harde de cerfs, dans une meute de loups ou dans un clan elfique. Il y a de l’attachement, un sentiment d’appartenance au groupe, des liens sociaux, de la sexualité, mais pas de sentimentalité. Là encore, s’éloigner le plus possible du modèle humain donne un relief intéressant aux elfes et à l’idée qu’on s’en fait.

    K. Votre première trilogie elfique donne une version de la christianisation assez intéressante même si plongée dans l’Imaginaire. D’où vous est venue cette idée de faire concilier les croyances celtiques, l’Histoire de l’homme et la religion chrétienne ?

    JLF: L’histoire du Moyen-âge est à la fois celle du défrichement des grandes forêts et celle de la christianisation de l’Europe, puis de la tentative de christianisation des abords de l’Europe. Dans le haut moyen-âge, l’église a dû combattre les cultes païens, puis les hérésies. Les recoins les plus isolés, soit par la forêt soit par la situation géographique, sont restés païens plus longtemps et c’est là que sont nés nombre de légendes. Car le peuple christianisé en surface est resté longtemps attaché aux coutumes anciennes, en l’occurrence les croyances celtiques. Tout cela n’est pas si imaginaire…

    K. Le point de départ de votre première trilogie elfique a été une vieille partie de jeu de rôles retrouvée. Le jeu de rôle semble avoir mené beaucoup de monde vers la fantasy et l’écriture…
    JLF:
    C’est vrai. Il y avait un côté fascinant de voir une aventure s’écrire en temps réel, dans une liberté totale. Le maître du jeu élabore un décor, mais le scénario s’invente au fur et à mesure par les joueurs.

    K. Les titres de votre première trilogie se rapportent tous trois aux elfes, pourtant l’homme y a une place presque plus importante que les elfes, non ? Difficile de se passer de l’homme ?
    JLF:
    Ce qui est au cœur de la trilogie, c’est le rapport entre les elfes et les hommes, une sorte de rendez-vous manqué. Mais en fin de compte, il n’y a plus que des hommes sur terre, alors c’est à eux-nous de raconter l’histoire, non ?

    K. Pourquoi, dans la théorie qui sert de fil conducteur à vos récits et selon laquelle les 4 peuples des origines n’en formeront plus qu’un, c’est celui de l’homme qui est l’élu ? Celui dans lequel les autres se fonderont peu à peu ? Pour coller à la réalité d’aujourd’hui ?
    JLF:
    Bien sûr. Mais je ne dis pas que les elfes ont disparu, puisque les hommes n’ont pas trouvé le talisman des elfes, le graal, le chaudron de la connaissance. Ils ne sont donc pas devenus des dieux et les elfes sont encore là…

    K. Merlin s’écrie que « nulle tribu ne peut régner seule sur la terre. Car, alors, tout viendrait à disparaître avec elle… » Un message assez pessimiste pour la réalité d’aujourd’hui ?
    JLF:
    Franchement, notre monde est-il une réussite ? Cette course au progrès et à la rentabilité qui sert d’unique valeur à nos sociétés est-elle porteuse de bonheur ou même d’avenir ? Je raconte l’histoire d’un temps où un autre avenir était possible…


    CHRONIQUES DES ELFES…

    K. Ecrire une préquelle, un besoin d’auteur ou une demande de lecteurs ?
    JLF:
    C’était une envie, après un détour par le roman historique avec le cycle des Reines pourpres. Retrouver mes personnages, fouiller leur histoire pour leur donner encore plus de relief

    K. On y retrouve Lliane, pourquoi avoir choisi une elfe comme héroïne et pas un elfe comme héros de l’ensemble de vos oeuvres elfiques?
    JLF:
    Merlin est un autre héros récurrent, à la fois dans le cycle des elfes et dans le cycle Le Pas de Merlin/Brocéliande. L’idée de base de la préquelle était de prendre Lliane avant qu’elle devienne reine. Alors, pourquoi « une » elfe et pas « un » elfe ? Parce que je préfère les femmes aux hommes, je pense… Et parce que les elfes- même mâles – ont un côté féminin.

    K. A côté de Lliane, on y découvre un protagoniste juste entraperçu dans la trilogie précédente, Maheolas, ici jeune moine. Qui ou que représente-t-il ? La jeune religion naissante et hésitante ? La jeunesse plus fragile et manipulable ?
    JLF:
    Maheolas clôt la première trilogie. Il est le « porteur de la lance ». C’est un personnage de la mythologie arthurienne : Maheolas/Maelwas, c’est le nom celtique de Méléagant, l’un des chevaliers qui va précipiter la chute du monde arthurien, en enlevant la reine Guenièvre. Par son alliance plus ou moins volontaire avec le peuple des monstres, il incarne les valeurs les plus sombres de l’âme humaine. Eduqué par les moines, il partage leurs desseins : celui d’unifier le monde sous la bannière de Dieu. Simplement, il change de Dieu.

    K. Cette nouvelle trilogie nous plonge encore plus dans la mythologie celtique mais s’éloigne aussi du monde arthurien, c’est donc finalement une histoire très différente de la première trilogie qui se met en place avec moins de rapprochements historico-mythiques connus de tous. Quelle était l’envie première en faisant cette nouvelle trilogie ?
    JLF:
    Justement, la préquelle se situant 30 ans avant le Crépuscule, le monde arthurien n’en est qu’à ses balbutiements. Uther, par exemple, n’est même pas né. L’idée était de décrire un monde encore intact au moment où il bascule.

    K. Après ce second cycle, pourra-t-on s’attendre à un troisième, une réinterprétation de l’époque d’Arthur mais plus ancrée dans le merveilleux ?
    Votre ambition est-elle de poursuivre l’exploration de ce monde elfique ?
    JLF:
    Peut-être. C’était mon idée originale : le dernier tome du Crépuscule s’achève avec la naissance d’Arthur. Je voulais en faire un quatrième avec un Arthur adulte confronté aux elfes – aux Dames du lac, si vous préférez. J’ai aussi une autre idée, mais ce serait bien de clore le cycle.

    K. Vous avez souhaité dans une de vos interviews que vos histoires soient adaptées au cinéma. Vous voyez ça comment ?
    JLF:
    Un producteur m’appelle, je dis oui, c’est merveilleux.

    K. Que pensez-vous de la scène française de la fantasy ? Y voyez-vous une grande différence avec les auteurs anglophones ou un simple prolongement ? En résumé, qu’apportent les français à la fantasy ?
    JLF:
    Je ne sais pas trop. Il faudrait demander à un spécialiste, comme Baudou. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a beaucoup d’auteurs, et beaucoup d’auteurs à succès. Je pense que les français apportent une culture plus ouverte que certains anglo-saxons, et qu’ils s’emploient à dynamiter les frontières des genres, entre histoire, fantasy, fantastique, etc.

    K. D’autres projets en cours ou à venir ?
    JLF:
    Après 19 questions ? Prendre un café.

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