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Sur la trace des fées en Irlande : Glendalough et les Monts Wicklow

C’était un voyage prévu depuis quelques années et sans cesse reporté. Alors lorsque mes pas se sont finalement posés sur l’Île d’Emeraude, l’émotion était à son comble. J’allais enfin pouvoir marcher sur les traces de toutes ces fées et lutins qui hantent le pays après en avoir tant lu et tant entendu. Allaient-ils se laisser approcher comme ce fut le cas en Écosse, en Islande, en Angleterre et tant d’autres contrées enchantées ? Ou allais-je revenir bredouille, comme c’est parfois le cas, lorsque les indices ont été effacés par le Temps, que les habitants n’ont plus de souvenir vivant ou que les cartes me sont défavorables… Cette fois encore, le voyage avait été minutieusement préparé. Près de 2000 kilomètres à parcourir dans cette Verte Irlande, territoire où le sauvage a encore toute sa place et tant de choses à découvrir et à vivre…

Ne prenant même pas la peine de jeter un œil à la ville de Dublin, bien trop pressé de me rendre de suite « sur le terrain des fées », notre carrosse arpenta, à gauche comme il se doit, une route nous menant vers les montagnes du Wicklow. En une heure et demie à peine, nous y étions ! Chaussures de randonnée au pied et bâton de pèlerin au poignet, l’aventure pouvait commencer…

Les Montagnes du Wicklow sont connues pour leurs fées, leurs fairies comme on dit là-bas, tout un peuple d’étranges créatures qui, à la nuit tombée, peuvent s’observer sous la forme d’étranges lumières quittant un tas de pierres, un muret couvert de mousse ou une ruine pour s’en aller rejoindre un autre de ces lieux hantés. Nous étions en journée, sans espoir de pouvoir observer ledit phénomène, mais l’on pouvait aisément s’imaginer que dans ces bois où courent les torrents, chantent les cascades et s’écoulent les rivières, les membres du Petit Peuple sont nombreux et possèdent ici un terrain de jeu parfait. De la terrible Chasse Nocturne emmenant les morts et les vivants vers un chaos qu’il vaut mieux éviter aux belles demoiselles rieuses qui nous font perdre le chemin, ce territoire était le leur, à n’en plus douter. Quant à nous, pauvres randonneurs, nous allions vite nous rendre compte qu’ici, ça grimpe, ça explose en sentiers où il faudrait une vie entière pour tout sillonner. Et je vous avoue humblement que le souffle fut parfois haletant, le sol glissant et la décision du chemin à suivre plus d’une fois remise en question. Ah oui, c’est sûr, il y avait des lutins dans le coin !

Sans omettre la pluie fine, parfois plus dense qui nous accompagna ce jour-là, mais ce rideau continu ne put nous décourager à observer les indices de tant de présences. Là un visage grimaçant dans le tronc noué d’un vieux frêne, ici un amas de vieilles pierres posées en cercle… Plus loin une aubépine, une autre encore plus âgée, plus puissante… Des sifflements, des pépiements, un cri !

Plus loin, le site de Glendalough. Ses croix celtiques, ses âmes en repos… Quelle énergie ! Quel tableau ! Et tout autour, là-haut, un large voile de brume entourant les sommets des monts plongeant leurs pieds tels des géants dans de magnifiques lacs sombres. Quel tableau ! Quelle énergie ! Le cœur battant, l’esprit embrumé, il faut bien avouer que nous en avions oublié nos appareils photographiques… et puis, nous nous rendîmes compte rapidement que nous ne parviendrions jamais à rendre la magnificence des lieux en images. Le ciel d’Irlande est gris, les nuages omniprésents. Mais c’est un ciel changeant où à chaque percée d’un rayon de soleil, la nature prend une toute autre couleur, une toute autre dimension et nous invite à la rêverie. On ne marche pas en Irlande, tantôt on s’enfonce, on s’embourbe dans une terre où les éléments sont puissants, tantôt on plane au-dessus d’un monde qui nous happe, nous envole et nous fait tout oublier.

Mais la magie ne faisait que commencer…

Richard Ely

Né en Belgique, j'ai passé toute mon enfance à Ellezelles, village sorcier. J'ai ensuite étudié les fées, elfes et lutins à l'université tout en croisant les chemins de Pierre Dubois, Claude Seignolle, Thomas Owen... En 2007, après avoir parcouru bien des forêts et des légendes, je crée Peuple Féerique. Spécialiste du folklore féerique, auteur d'encyclopédies, de livres, d'albums, je poursuis mon exploration de ce Petit Monde de Merveilles pour le partager avec vous.

4 réflexions sur “Sur la trace des fées en Irlande : Glendalough et les Monts Wicklow

  • CHRISTIANE

    Merci pour vos souvenirs d’Irlande. Un pays qui me fascine, tout comme l’Ecosse. J’y suis allée en voyage organisé (je ne suis pas une aventurière), ce n’est pas pareil, mais on y ressent quand même sa magie. J’espère y retourner un jour. Je suis allée en Norvège où les Trolls se cachent dans la roche, les arbres. Etc. Et si rien ne l’entrave, je pars l’année prochaine en Islande, toujours en voyage organisé.
    Encore merci de nous conter si merveilleusement ces contrées enchanteresses.

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    • Que de jolis voyages passés et futurs ! Bravo à vous ! L’aventure se définit pour chacun par rapport à ses envies… Voyager est toujours une aventure !

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  • Christine Josseron

    Quel plaisir à lire votre texte qui me parle de fées, lutins et tout ce petit peuple qui hante mes pensées jour et nuit.
    Mon voeux le plus cher est d’aller visiter ces contrées éloignées pour sentir la magie de ces lieux.
    Merci de partager et au plaisir d’avoir de vos nouvelles.

    Christine dite Fernia

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