Florence Magnin est une artiste que nous aimons suivre. Tout particulièrement car elle puise dans les légendes, la culture fantastique certains éléments qu’elle remodèle selon ses envies pour créer de nouveaux univers au parcours incertains. Elle nous l’avait déjà offert lors de sa série BD L’héritage d’Emilie, elle replonge pour notre plus grand plaisir dans ces « Contes aux quatre vents »… Rencontre avec l’illustratrice, enchanteuse de mondes…
Votre dessin est très doux. Il se prête plutôt bien à un univers féerique mais vous lui faite explorer aussi le côté sombre, on pense à Charon, aux buveurs de lune, au Minotaure…
Les quatre chapitres de ces Contes, consacrés à la fois aux saisons et aux points cardinaux, devaient avoir chacun leur spécificité. L’Est, choisi pour évoquer l’automne et Halloween, m’offrait l’occasion d’illustrer des thèmes plus sombres dans lesquels je me sens aussi à l’aise ( sinon plus…) que dans la féérie » soft ».
Vous avez choisi la poésie pour nous conter cet univers. Un style qui sied particulièrement bien aux mythes, contes et légendes ?
Poésie est un grand mot! Il s’agit plutôt de chansons, avec un certain rythme… En tous cas, ces textes sont venus sans effort, de façon spontanée. Je ne me suis pas posé la question de savoir quelle forme narrative serait la plus adaptée. Il se trouve que les premiers essais ont pris cet aspect, mais si l’occasion m’est offerte de réaliser d’autres travaux de ce genre, j’essaierai de m’exprimer différemment, l’humour n’étant pas exclu!
Des naïades, dryades et néréides vous dites qu’elles sont les « grands-mères des fées ». Il y a donc un lien entre ces créatures de la mythologie antique et les fées qui les ont suivies ?
Je ne suis ni historienne, ni spécialiste de la genèse des mythes, mais il parait évident que les attributions dévolues aux naïades, dryades etc…sont les mêmes que celles reconnues aus fées. La Dame du Lac nous est plus familière que les nymphes antiques, mais il s’agit de simples dénominations qui évoquent les mêmes entités liées à la nature. D’ailleurs, j’ai sans doute abusivement qualifié les naïades de « grands-mères » des fées, puisqu’il est évident que les unes comme les autres existaient , sous d’autres noms, dès l’âge de pierre!
Une page dénote avec l’ensemble, il s’agit des portraits de sorcières accrochés aux branches d’un chêne…
Je ne sens pas de fausse note à cet endroit, puisqu’il s’agit du chapitre consacré au « côté obscur »! Mais sans doute, voulez-vous parler de la présentation? J’aurais volontiers consacré un chapitre entier ( ou un autre livre…) aux sorcières et à leurs talents respectifs, mais trente pages supplèmentaires étaient exclues!…Alors, l’arbre généalogique était une façon originale de présenter ce panel diabolique..Et si vous regardez attentivement chacune d’elle, peut-être découvrirez-vous en quel domaine elle pourra vous être utile…
En parcourant votre livre, on papillonne au fil des saisons dans des contes, légendes diverses et appartenant à des époques et pays différents. Avez-vous le sentiment que cet ouvrage reflète ce que les gens nomment aujourd’hui « Féerie » et qui regroupe tant de choses aux origines variées ?
Pas du tout. Chacun a sa propre vision de la féérie ( ou du fantastique) et regrouper le tout est une tâche à laquelle s’emploient beaucoup d’auteurs sans épuiser le thème! je n’ai fait que m’amuser en laissant des personnages, connus ou non, monter sur scène le temps d’une chanson. Bien sûr, tous sont liés à l’imaginaire, mais je me suis sentie en les cotoyant, plus proche d’individus distincts et réels que de créatures féériques.
Et pour terminer, quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
Le Dragon. Pour sa beauté et la férocité avec laquelle il garde les rêves de notre enfance du monde des adultes.
Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009
Contes Aux quatre Vents – Florence Magnin // Editions Daniel Maghen
Tout amateur de féerie a un jour croisé une oeuvre d’Erlé Ferronnière. Revoici ce talentueux illustrateur des fées qui croise la route d’Aurélie Brunel pour nous offrir ensemble un très beau ouvrage, galerie de portraits, de témoignages sur la relation intime des fées et des déesses. Une belle occasion donnée de suivre la ligne du temps de l’image de la fée et de sa relation à l’homme…
Comment avez-vous procédé pour le présent ouvrage ? De nombreux échanges, discussions ou chacun de son côté ?
EF: Pour moi, ce livre est d’abord né de l’envie d’élargir l’horizon de mon travail sur les personnages féeriques, en n’évoquant plus seulement les petites fées-papillons mais aussi des figures féminines plus anciennes, mythiques.
Je voulais également que le texte qui accompagne mes illustrations soit tout à la fois poétique et rigoureux quand à la réalité de ces personnages. Mais tout en étant passionné je ne suis pas un grand spécialiste de cette matière très complexe, je me suis donc adressé à Aurélie que j’avais rencontrée lors d’une dédicace aux « Rencontres de l’Imaginaire », un salon sous l’égide du Centre de l’Imaginaire Arthurien dont elle était alors la directrice.
AB: Dès le départ nous avons beaucoup échangé pour confronter nos visions de cet univers et voir ce que nous pouvions construire ensemble. Le projet est ainsi né de mettre en lumière le lien qui court des déesses-mères de la mythologie celtique aux petites fées-papillons d’apparition plus contemporaine, en passant par les déesses guerrières, les fées (puis « enchanteresses ») arthuriennes, et les fées du folklore breton. Nous avons listé les personnages que nous voulions évoquer, les épisodes qui nous tenaient à cœur, puis nous avons travaillé chacun de notre côté. Mais le dialogue a perduré tout au long de la conception du livre. Je pouvais suivre le travail d’Erlé et lui faire part de mes remarques, et réciproquement je lui faisais lire mes textes pour qu’il me donne son avis. Ce livre a donc évolué au gré de nos causeries !
Pour quelques personnages, il nous est cependant arrivé de procéder différemment : soit Erlé illustrait un de mes textes, soit j’écrivais à partir d’une de ses images.
EF: Ces échanges ont sans doute beaucoup influencé le travail de l’un et de l’autre. En ce qui me concerne ils m’ont beaucoup apporté et permis de découvrir des subtilités que je ne soupçonnais même pas, ça m’a évité entre autre de tomber dans trop de stéréotypes, par exemple Aurélie s’est battue pour que je ne mette pas systématiquement des oreilles pointues à tous mes personnages ou encore que je n’hésite pas à les habiller de couleurs vives, comme Morgane en rouge.
L’album s’ouvre sur une Dana dans son plus simple appareil. La nudité est bien présente au fil des pages et s’en dégage une impression très naturelle, très pure, c’était le but recherché ?
AB: Dana étant la déesse-mère, le symbole de la fécondité, il nous paraissait naturel de la représenter dans toute sa féminité.
EF: Oui et puis je crois que pour moi et dans le monde de l’image la nudité est un moyen de représenter non pas uniquement la pureté, parce que le corps peut exprimer une multitude de sentiments, mais une certaine « évidence » comme pour accéder plus directement à l’essence même du personnage, sans artifice, « Voyez-moi tel que je suis ». Mais l’inverse est vrai aussi, et la nudité est là comme un leurre, tel que pour le personnage de La Morrigan, belle mais redoutable…
Quel lien y a-t-il entre les déesses et les fées ?
AB: C’est justement ce que nous dévoile Dana dès le début du livre ;-), et que nous avons ensuite cherché à mettre en valeur de manière implicite, ou parfois même en faisant intervenir les personnages eux-mêmes…
Vous avez opté pour des récits en « je », jouant ici aussi la carte de la proximité, de l’identification. Pour y arriver, vous êtes-vous « fondue » en ces différents personnages ?
AB: Oui, j’ai essayé en tout cas. Cela me paraissait indispensable puisque je voulais que les lecteurs puissent plonger directement dans la vie des personnages, qu’ils soient à leurs côtés, que les lectrices soient ces déesses, ces fées… Je voulais murmurer à chacun le souvenir d’un passé enfoui, oublié, les inciter à se pencher sur leur propre paysage intérieur… Il fallait donc que je disparaisse, ainsi que le superflu. C’est pourquoi les héros s’adressent directement au lecteur, et quand cela n’est pas possible, un témoin rapporte la scène (mais sans forcément être nommé si cela n’apporte rien de crucial au récit et risque de mettre de la distance).
On vous avait quitté sur un monde féerique très pur, très nature, aussi naïf que les rêves des enfants. On vous retrouve explorant graphiquement un univers d’une grande féminité. C’était un monde qui vous tenait à cœur d’aborder ?
EF: Puisque vous m’en donnez l’occasion, je tiens à préciser que les êtres féeriques sont vraisemblablement tous des incarnations de la Nature à différents degrés, chacun de ces représentants étant sans doute comme autant d’avatars des grandes déesses-mères de l’Antiquité (à quelques générations près) et peut-être les résurgences d’anciennes religions animistes, alors « nature » oui, « pur » c’est encore une autre histoire. Et puis je ne sais pas pour vous, mais mes rêves d’enfant étaient parfois peuplés de monstres effrayants ! Tout ça pour dire que le monde de la féerie est loin d’être aussi naïf qu’il n’y parait, n’allez surtout pas contrarier un Korrigan et gare à vous si vous surprenez une fée sans qu’elle vous l’ait permis ! Sous des airs « mignardisants » (pour citer une de vos consœurs) la féerie est tout sauf ce qu’elle montre ! Dans mes livres précédents, même si ce n’était pas le message principal, tout cela était sous-entendu – pour moi en tout cas…
Dans la même idée, au travers les différents personnages de « Fées & Déesses », avec Aurélie nous voulions montrer que ces figures féminines sont loin d’être simplement jolies, elles sont à l’image de la nature, à la fois belles, sauvages et implacables. Et ce que je trouve passionnant, c’est qu’elles sont issues d’une tradition peut-être aussi vieille que l’humanité et pourtant immuable, parce que je les reconnais encore au travers de toutes ces femmes qui ont marqué mon existence – et Aurélie pourrait sans doute en dire autant. Alors oui, c’est un monde qu’il me tenait à cœur d’aborder pour leur rendre hommage, et aussi à tous ceux qui ont su apprécier la richesse et la profondeur de cette « féminité » au travers toute cette littérature, et qui nous l’ont léguée pour que nous la fassions vivre à notre tour…
Vous avez beaucoup travaillé dans ce livre les regards. Fées, femmes, déesses nous regardent et il est difficile de détacher nos yeux des leurs. En même temps, est-ce que ça n’empêche pas le lecteur de voir le reste du dessin? Un regard, yeux dans les yeux, est-ce une invitation ou un rempart ?
EF: Oui, en matière de peinture j’ai toujours été attiré plus particulièrement par les portraits. Je me souviens enfant, j’étais en admiration devant certains portraits de Jean-Auguste-Dominique Ingres (c’est toujours le cas d’ailleurs), j’étais littéralement happé par leurs regards et je crois que c’est un ressenti qui m’a profondément marqué et qui a indubitablement influencé mes penchants artistiques (au détriment du reste sans doute – on pourrait me le reprocher – parce que je suis moins attiré par les décors et tout le reste, mais j’essaie de faire des efforts !)
Toute la vie d’un personnage et de son visage en particulier tient dans le regard, et je trouve ça passionnant quand progressivement les yeux commencent à prendre vie et deviennent suffisamment « transparents » pour laisser apparaître l’étincelle de l’âme dont vous vouliez l’incarner. C’est alors une invitation à plonger à l’intérieur de cette existence suggérée, et à essayer d’en percer ses mystères… C’est cette petite part de magie qui me plaît dans mon métier, parce qu’au fond, nous autres illustrateurs ne sommes que des illusionnistes !…
Au final, la féerie est-elle une affaire de femmes ?
AB: La question me semble se poser à plusieurs niveaux. Pour moi, les femmes sont les héritières de ces figures et ce sont elles que nous honorons en célébrant les déesses et les fées. À ce sujet, peut-être pouvez-vous jeter un œil sur le dernier billet de mon blog , il répond à plusieurs de vos questions, il me semble.
Mais tous les personnages ne sont pas féminins ! Nous avons notamment réservé une place centrale pour Tydorel, chevalier-fé. Nous croisons également Lancelot du Lac, qui porte la marque du monde des hommes, ainsi que de celui des fées…
Et la féerie ne s’adresse pas qu’aux femmes. Les femmes s’identifient-elles facilement aux fées, d’ailleurs ? Se l’autorisent-elles ? Sans doute pas ; elles n’ont pas forcément conscience de recéler tous ces « pouvoirs » en elles. En revanche les hommes voient en la fée une femme parfaite, idéale et donc effectivement, la féerie leur parle de manière plus évidente ! D’ailleurs les personnages ont évolué sous l’influence de nombreux hommes, notamment à l’époque où les récits ont été copiés par des moines qui ont cherché à valoriser une image de la femme pure en blanchissant un personnage comme La Dame du Lac – sorte de vierge à l’enfant – et en diabolisant une Morgane trop charnelle…
Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009
Fées et Déesses – Erlé Ferronnière & Aurélie Brunel // Editions Daniel Maghen
Si fées, lutins et dragons ont fait l’honneur de nombreux ouvrages sur leur sujet, le peuple des nains a été moins abordé. Voilà une fâcheuse erreur de réparée grâce à Laurent et Olivier Souillé et les illustrations de Guillermo Gonzalez. Trois amis des Nains que nous avons interrogés pour vous…
En donnant comme origine de vos nains la pierre, vous faites le choix d’un univers original et d’une explication qui semble naturelle… Comment vous est venue cette idée ?
Laurent et Olivier Souillé: Dans un planétarium tout simplement. Lorsque vous apprenez que les hommes sont de la poussière d’étoile, forcément ça vous inspire. Lorsque qu’on a réfléchi à « l’Univers des Nains », on s’est demandé d’où venaient les premiers nains. On a donc imaginé que les dieux avaient façonné les nains à partir de la matière qu’ils estimaient la plus noble, la pierre. Ainsi, dès leur naissance, les nains connaissent leur incroyable destinée, poussière de pierre ils sont, poussière de pierre ils redeviendront.
Ce livre développe un véritable univers empruntant beaucoup aux différentes mythologies et légendes mais forgeant son monde propre et cohérent. Avez-vous l’intention de poursuivre l’exploration de ce monde et de ces dieux tels Khros et Lycros…
Non, l’ouvrage répond complètement à notre attente. Le but de ce livre est de montrer l’histoire d’un peuple tel qu’il a pu être ou tel qu’il pourrait exister et bien entendu de faire voyager les lecteurs. Ainsi, le livre terminé, tous, enfants ou adultes, filles ou garçons, connaîtront toutes les étapes importantes de la vie d’un nain, dès sa naissance bien sûr mais également bien au delà de sa mort. Ils auront découvert leur enfance, leur scolarité, leurs alliés, leurs ennemis, le rôle primordial de la naine, les personnages les plus puissants (le roi et le mage), leurs différents métiers, leurs surprenants habitats… Quitte à développer un univers, nous aimerions plutôt traiter celui des elfes…
Lier les nains aux loups, c’est aussi un aspect particulier. Comment ce lien s’est-il formé en votre esprit ?
Dans notre esprit, les nains vivent en parfaite harmonie avec la nature et les animaux. Ils ont bien compris, à la différence des orques, que les animaux ne sont pas de simples bêtes mais de merveilleuses créatures d’une grande intelligence et d’une formidable noblesse. Jour après jour, ils partagent leur vie avec des loups blancs, des sangliers, des corbeaux, des aigles… et tous veillent à la santé et la sécurité de chacun. Quant aux mages, ils ont la chance de partager leur vie avec des fées…
A cause de leurs proportions, les nains doivent être difficiles à illustrer, non ?
Guillermo Gonzalez : Oui, en effet. Tout particulièrement lors des poses en action, il faut s’imaginer leur mobilité avec des membres si courts… Et quelque chose d’aussi “simple” qu’un personnage assis devient difficile lorsqu’il faut travailler avec des proportions anormales tout en donnant une perspective et un effet réussis.
Où avez-vous puisé l’inspiration pour vos nains ?
GG : En mélangeant plusieurs univers. Il y a bien sûr du Tolkien, incontournable quand on aborde l’heroic fantasy et puis, plusieurs imaginaires médiévaux, pas nécessairement autour des nains d’ailleurs, mais qui peuvent facilement s’adapter à eux. L’approche est tout aussi variée : des guerriers agressifs, proches des guerriers humains à des personnages plus « familiaux », plus proches alors des gnomes…
Êtes-vous un grand fan de fantasy ?
GG : J’aime la fantasy mais j’apprécie surtout la fantasy « mythique ». Par exemple, les mythes grecs, celtiques, nordiques et toutes ces cultures proches de ce qu’on appelle aujourd’hui « fantasy ». Pour moi, la mythologie est un point de départ lorsque j’aborde l’heroic fantasy. Le portrait du roi des nains, qui fut le premier dessiné pour le livre, tente d’approcher les dieux nordiques, je trouvais cela vraiment approprié pour ce personnage.
La barbe et la coiffure des nains nous en disent long sur leur vie. Vous pouvez nous en donner un exemple?
Laurent et Olivier Souillé: Les coutumes naines sont particulièrement strictes. Ne sont autorisés à porter une tresse que les nains qui ont acquis le statut de guerrier. Dès lors, une mèche ne sera tressée que si un nain a accompli un haut fait. Il lui faudra par exemple vaincre en combat singulier un gobelin ou un orque. La première tresse nouée sur la barbe d’un jeune nain reste et de loin le moment le plus important dans la vie d’un père ou d’une mère.
Au nombre de leurs plaisirs, on trouve la bière et l’herbe des dieux. Ont-ils d’autres occupations ludiques ?
Il est vrai que les nains sont de grands fêtards qui n’hésitent jamais à boire jusqu’à plus soif. Mais nos amis sont également des pères attentifs qui adorent raconter des histoires à leurs enfants et leur façonner des jouets. Ils aiment également pratiquer les échecs, jouer d’un instrument de musique et chanter. Enfin et surtout, ils adorent les jeux de force naine et participer à une bonne vieille bagarre entre amis.
On croise également d’autres créatures de ce monde féerique. Et notamment, des dragons. Drafères, Drarile, Drabien, Drako, Drassons… Vous dressez une liste nombreuse de dragons très différents…
Grace aux deux tomes consacrés à « l’Univers des Dragons » des éditions Daniel Maghen, nous avons désormais une connaissance approfondie des dragons à croire que nous avons vécu avec eux (rires). Pour « l’Univers des Nains », avec l’aide de notre ami Pascal Moguérou, nous nous sommes amusés à créer « L’Encyclopedia Dragonis, le grand livre des créatures rampantes et ailées » qui décrit cinq grandes familles de dragons. C’était très marrant à imaginer et le dessin de Guillermo s’y prêtait merveilleusement bien. Malheureusement, les rencontres inopinées entre nains et dragons sont souvent la cause de bien des larmes. Elles se soldent trop souvent par la mort de nombreux et braves nains…
Quelle fut la plus difficile illustration et celle que vous préférez ?
GG: D’un point de vue technique, peut-être la fête, car il y avait à mettre en place de nombreux points de vue et pas mal de problèmes de perspective. Mais la scène du Roi et de son garde du corps, juste avant l’attaque des orcs, dans la mine, m’a également beaucoup posé question. Je n’étais pas sûr du moyen de donner tout l’effet dramatique voulu, cette idée de dignité dans la défaite…
Quand à celle que je préfère, c’est probablement la scène du guerrier nain sur le sanglier. Simple, avec moins de matière et une palette de couleurs limitée, mais plus suggestive que les autres…
Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009
L’Univers des Nains – Guillermo Gonzalez // Editions Daniel Maghen
Art Figuratif et Poupées Contemporaines de Collection
Aude Berger
Les Presses littéraires
Année 2008
192 pages, format 24x 22
Prix: 30€
Notre avis:
Passion! Voilà le mot qui résume ce livre. La passion de l’auteure, Aude Berger, qui a tendrement recueilli toute l’information sur les 13 artistes dont elle dresse ici le portrait dans ce très beau livre. Une passion pour l’art de la poupée que l’auteure ne cache nullement, partant parfois en dythirambes qui, à force de répétition, alourdissent un peu la lecture. Mais quand on aime, que voulez-vous, il est difficile de ne pas l’exprimer… Ce petit bémol franchi, le lecteur plongera avec délectation dans les univers de ces créatrices (car il n’y a ici que des femmes!). Des univers de toute beauté où la féerie est très largement représentée grâce au travail de Wendy Froud, Diane Guelinckx-de Becker, Véronique Jacquelin, Fine Kamerbeek,Virginie Ropars, Hannie Sarris… Leurs créations émerveillent de puissance et de réalisme tout en nous évadant au pays des Il était une fois… Place aux fées bien sûr, mais aussi aux elfes, dryades, gnomes… Avec, ici encore, une majorité de figures féminines… On reste ébahis devant la minutie de certains costumes ou le regard tellement expressif qu’on le dirait animé. Fascinant!
L’ouvrage, bien documenté, est enfin parsemé de poésies, fenêtres ouvertes et hommages colorés qui agrémentent la lecture et nous permettent de reprendre notre respiration avant de repartir de plus belle en compagnie de ces poupées vraiment pas comme les autres. On regrette toutefois l’absence de secrets dévoilés, de petites touches techniques qui nous auraient permis, à notre tour, de rêver à d’aussi splendides créations.
Un ouvrage indispensable pour quiconque s’intéresse à l’Art figuratif encore trop peu connu en France et pourtant si impressionant quand on a la chance de croiser quelques oeuvres.
JOUETS DE PLANTES
Histoires et secrets de fabrication
Par Christine Armengaud
Editions Plume de Carotte
Format : 22,5 x 33,5 cm
176 pages, couleur
couverture cartonnée
Prix: 35€
Présentation de l’éditeur:
Noix, coquelicot, sureau, blé, pomme, chardon, lierre… autrefois, au fil des balades de « l’école buissonnière », plus de 150 plantes, arbres, légumes et fruits étaient utilisés pour fabriquer des jouets au naturel.
En quelques minutes, avec ce que leur offrait la nature, petits et grands se confectionnaient un sifflet, un petit bateau, une fronde, une poupée ou une couronne de fleurs. Le jeu résidait alors autant dans la confection que dans l’usage du jouet ainsi fabriqué, souvent éphémère…
A la fin du XIXe siècle encore, ces jouets étaient connus de tous. Et puis sont arrivés tous les « joujoux » manufacturés et la tendance n’a fait que s’accélérer au fil des décennies, au point que tous ces jouets simples et gratuits sont tombés dans l’oubli.
Pourtant, intemporels, ils n’appartiennent pas au passé : la nature continue toujours de nous offrir sa matière première pour les recréer éternellement.
C’est ce que nous raconte Christine Armengaud au fil des pages de ce beau livre de mémoire : à travers son travail d’ethnologue depuis plus de 30 ans d’abord, qui lui a permis de recueillir témoignages et pratiques (elle sait les fabriquer !) ; à partir aussi de sa fabuleuse collection de jouets non manufacturés et de livres anciens illustrés pour enfants, rares témoignages visuels de cette richesse.
Notre avis:
La féerie, c’est aussi une rencontre avec la Nature. Celle-là même que nous avons expérimentée enfant et que nous avons oubliée. Une démarche que Christine Armengaud suit scrupuleusement depuis des années et dont cet ouvrage rend joliment compte. Derrière les jouets de plastique se cachent tous nos jeux fait de branchages, de paille et de fleurs. Dans ce superbe écrin aux photographies délicieuses, d’anciens jouets, des pratiques d’enfant défilent et nous rappellent les nôtres. Cela fait rêver. Cela fait réfléchir. Il est urgent de renouer avec la Nature, par le jeu pour nos enfants bien sûr! Car il est plus facile de respecter ce que l’on a aimé. Alors, si les jouets modernes, à piles et à sirènes sont incontournables désormais. Si les écrans de télévision et d’ordinateur passionnent les petites frimousses d’aujourd’hui, n’oubliez pas de les amener aussi au jardin, en forêt. Vous verrez, ils aimeront tout autant, sinon plus ces mêmes jeux qui vous ont passionnés. Ce livre est un précieux aide-mémoire, pas seulement pour rappeler les jeux de nos grands-pères et grands-mères ou ceux, extraordinaires et pourtant si semblables aux nôtres de contrées lointaines. Non, il est aussi un rappel de notre enfance, de notre lien si fort avec la Nature et ses richesses. Un très bel objet, plein de sens et de douces pensées…