Je reviens d’un voyage dans l’Atlas marocain. Dans ce pays sauvage où courent les sangliers, où les chèvres grignotent les fruits des arganiers, il y a des chants qui nous rappellent combien le Maroc est aussi beau que mystérieux. Au rythme des tambours gnaouas, les esprits depuis le sud désertique jusqu’aux plaines fertiles s’éveillent…
Le but de mon voyage était double. En apprendre davantage sur l’huile d’argan et pouvoir m’inspirer de cette terre, m’imprégner des parfums des épices, des souks et des regards lumineux des Amazighs rencontrés au fil du voyage. On a beau avoir l’imagination fertile, rien ne vaut un voyage sur place pour s’imprégner d’une atmosphère, prendre des notes, saisir les détails qui feront la différence d’une bonne histoire, la rendront la plus vivante possible. L’herboriste que je suis fut comblé par sa rencontre avec l’argan, mais le collecteur de légendes demeura quelque peu sur sa faim, car on n’évoque pas facilement les esprits là-bas. En parler, c’est les attirer, et les djinns sont dangereux !
Il me faudra plonger dans quelques ouvrages afin de recouper lieux, paysages, rencontres et croyances avant d’en nourrir de futurs écrits. Il me restera de ce voyage des souvenirs de sourires lumineux, d’un pays surprenant, d’une effervescence urbaine contrastant avec l’immensité naturelle et la force tranquille des montagnes… et quelques talismans rapportés afin de me prévenir du mauvais œil, sait-on jamais ce qui aurait pu me suivre jusqu’à ma propre grotte… Mais la mission fut accomplie, mon esprit nourri par les découvertes, les contemplations, les paroles se teintera sans aucun doute d’un peu de magie marocaine et quelques histoires se murmurent déjà portées par les esprits berbères…
