L’actualité féerique !

  • Faerie de Raymond E. Feist

    Faërie
    de Raymond E. Feist
    Traduction: Jean-Daniel Brèque
    Illustration : Anne-Claire Payet

    Editions Bragelonne

    Faerie de Raymond E. Feist

    Imaginez que vous décidiez de quitter la ville et son stress pour vous installer dans une grande et vieille demeure en lisière de forêt… C’est là le point de départ de cette histoire incroyable que va vivre la famille de Phil, scénariste d’Hollywood et écrivain. Incroyable car dans la forêt toute proche se cachent les créatures de Faerie que les enfants de Phil, deux jumeaux intrépides et une jeune fille de toute beauté, vont bien vite croiser.

    On dirait un conte moderne, une petite famille sympathique, une forêt mystérieuse, un « pont du troll »… Mais ce serait sans compter sur la véritable nature des créatures de Faerie ! Car chez eux, c’est bien connu, point de mal, point de bien et donc le pire est à craindre. Le pire, c’est ce que vont découvrir nos héros. Le pire, c’est ce que l’ancien propriétaire de la maison, un dénommé Kessler, devait éviter, lui et sa secte mystérieuse. Mais voilà, le gardien parti, le Pacte est en péril…

    Raymond E. Feist est bien connu des lecteurs de fantasy pour son célèbre magicien, Pug et les chroniques de la guerre de la Faille. L’auteur nous avait enchanté pour son autre trilogie, écrite avec Janny Wurts, la trilogie de l’Empire qui décrivait habilement la montée au pouvoir d’une jeune femme pleine de ressources et de sens tactique. Ici, avec Faerie, Raymond E. Feist plonge dans le folklore et tisse des liens entre différentes légendes et croyances pour en ressortir une idée originale et qui se tient. Le résultat est prenant, oscillant parfois entre le récit pour enfant et celui pour adulte. Le thème en étant fort noir, c’est bien au second registre qu’il appartient. En conclusion, voilà un bon moment de lecture à passer pour les compagnons des êtres féeriques qui savent combien ils peuvent se montrer cruels parfois.

  • Dessine-moi un dragon

    Dessine-moi un dragon

    La Geste des Chevaliers Dragons - Soleil
    La Geste des Chevaliers Dragons – Soleil

    Créature mystérieuse, envoûtante… Symbole d’immortalité, de puissance ou du rêve, le dragon a également soufflé sur la bande dessinée. Petit tour d’horizon de ces albums qui sentent le soufre.

    Nombre de dragons ont traversé nos cases et planches de BD. La tentation est forte pour nos héros d’aller s’y frotter un jour ou l’autre au bon vouloir de leurs créateurs comme Michel Weyland l’a fait pour Aria (Dupuis) partie à la recherche d’un draguédon ou encore Andréas pour Capricorne (Le Lombard) dans le dragon bleu. Bien évidemment, les récits puisant dans le légendaire possèdent également leur lot de dragons. Arthur (Delcourt) de Chauvel et Lereculey n’échappe pas à la règle ni la série Merlin (Soleil) de Istin et Lambert…

    La bande dessinée jeunesse n’est certes pas en reste de ce côté-là non plus et les monstres à écailles crachant le feu semblent bien appréciés par nos petites têtes blondes, brunes et rousses comme le témoigne l’excellente série de Boulet aux éditions Glénat. Celle-ci nous conte les aventures d’un petit dragon, Raghnarok, qui donne son nom à la série et se révèle être un fieffé coquin !

    Même du côté des grandes révélations de la bande dessinée réaliste de ces dernières années, on retrouve la trace du dragon. En effet, Vanyda et François Duprat, dans L’année du dragon (Carabas), utilisent ce dernier comme une porte pour les rêves, le symbole de l’irréel. Magnifique utilisation dans une histoire pleinement ancrée dans le quotiden.

    Puissance et immortalité

    Le dragon, s’il peut représenter le rêve, l’imaginaire dans sa globalité, figure également la puissance. Par conséquent, il n’est pas étonnant de retrouver ce terme utilisé pour désigner des castes guerrières. Dans les Âmes d’Hélios de Saimbert et Ricci (Delcourt), les Dragons sont l’élite des soldats du Ciboire. Ylang suit une formation pour devenir une apprentie-dragon et subira de dures épreuves pour y parvenir.

    Les Chroniques de la Lune noire
    Les Chroniques de la Lune noire

    Dans les Chroniques de la Lune noire de Froideval et Ledroit (Dargaud), les héros seront confrontés à une autre caste guerrière liée aux dragons dès le tome 2 : « La passe des dragons est l’une des rares entrées du légendaire royaume des grands vers. Au sein d’une immense contrée rocheuse et déchiquetée dorment les dragons, dont le nombre est inconnu. Les dragons les plus vieux règnent impitoyablement sur leur progéniture, avec l’aide de quelques humains avec qui ils ont fait alliance, les « chevaliers dragons ». Ceux-ci veillent avec vigilance et interdisent l’accès au royaume de Drach… ».

    Mais le dragon est également symbole d’éternité et c’est tout naturellement vers cette dénomination que se tournent Arleston et Labrosse lorsqu’ils créent leur héroïne Moréa (Soleil). Celle-ci est bel et bien un être immortel luttant contre les forces maléfiques, quoi de plus normal dès lors de l’affubler du terme de « dragon ».

    Un souffle d’humour

    Côté séries humoristiques, Arleston et Tarquin parsèment Lanfeust de ces créatures majestueuses que sont les dragons. L’encyclopédie de Troy précise que les dragons sont de toutes tailles et de toutes formes. De plus, elle recense deux catégories principales : les volants et ceux dépourvus d’ailes, utilisés par les chevaliers de l’Hédulie comme montures. Car les dragons de Troy sont domestiques ! Des Maîtres Dragonniers sont chargés de leur dressage réputé difficile. Sphax est un autre dragon célèbre issu des aventures de Lanfeust. Ce sympathique dragon blanc n’est nul autre qu’un dieu ! Il accompagnera nos amis dans leur épopée trépidante…

    Toujours côté humour, la série Donjon (Delcourt) de Sfar et Trondheim et ses univers parallèles possède son propre et célèbre dragon : Marvin, le compagnon d’Herbert le canard. Celui-ci ne peut combattre quelqu’un qui l’insulte, est végétarien et se passionne pour les monstres en tous genres qu’il chérit en leur offrant pitance et logement. Il est vrai que ces derniers contribuent à augmenter le trésor du donjon en dévorant moult chevaliers.

    Enfin, Boiscommun, Morvan et Sfar feront des héros de Troll (Delcourt), les gardiens d’un dragon le temps d’un tome justement appelé Le Dragon du donjon.

    Dragons superstars

    La Geste des Chevaliers dragons

    Si les dragons ne sont pas rares dans le neuvième art, il semble pourtant que les séries entièrement dévolues à ces cracheurs de feu soient, elles, beaucoup moins fréquentes. Il est vrai que placer en cases d’aussi titanesques créatures ne doit pas être chose aisée. Argument supplémentaire, les dragons demeurent des êtres fuyants, secrets et jouissent de cette dualité : à la fois imposants et invisibles… Dans cette optique, abordons la série très réussie d’Ange avec La geste des Chevaliers-Dragons (Soleil). Le premier album débute par un texte explicite : « Nul ne sait pourquoi les dragons apparaissent… Leur seule présence déforme la réalité. D’abord cette influence est discrète et n’affecte que les lieux proches. Puis, à mesure que le dragon grandit, vieillit, le voile maléfique croît comme les ronds à la surface d’un lac. C’est ce qu’on appelle le Veill. Le Veill tord les choses, transforme les animaux et les gens en êtres monstrueux. Il croît et croît encore, semant mort et destruction sur son passage ».

    On le voit, le dragon revêt ici une aura maléfique et seule la pureté peut le vaincre : « Seules les vierges peuvent approcher la bête pour la tuer… C’est pour cela qu’a été créé L’Ordre des Chevaliers Dragons. Il y a de ça bien longtemps ».

    Proche de cette première série, Le Souffle, également scénarisé par Ange mais dessiné par le talentueux Philippe Xavier, nous parle des obscurs qui autrefois régnaient sur la Terre. Les humains, leurs esclaves, les exterminèrent. Ainsi la magie disparut en même temps que ces viles créatures. Mais aujourd’hui la magie revient, et avec elle la menace d’un autre retour… A lire les interviews des auteurs et le premier tome de la série, on peut se demander s’il n’y a pas quelques « souffles de dragons » là-dessous… Quoiqu’il en soit, Ange propose ici aussi une vision néfaste en plus de ce caractère peu visible et du mystère.

    Réalisé en deux tomes aux éditions Delcourt, Dragons de Frédéric Contremarche et Joël Mouclier s’attaque quant à lui à la science-fiction avec une histoire de peuple dragon devant quitter leur planète pour une autre. Et bien évidemment, c’est la terre qui se révèlera très vite un lieu de destination idéale même si la façon d’en prendre possession débouchera sur un affrontement entre les partisans de la manière douce et ceux de la manière forte.

    Dragons de Jiggourel et Lemercier aux éditions Soleil

    Les passionnés de dragons et de belles images seront ravis d’apprendre la parution aux éditions Soleil, annoncée pour septembre ou octobre de cette année, d’un livre illustré sur le sujet… Ecrit par Thierry Jigourel, spécialiste du monde celte, et illustré par Gwendal Lemercier. Thierry Jigourel nous dévoile un bout de l’histoire :  » Mélar, collecteur de contes et de gwerzioù, ces chants populaires profonds de Bretagne, a une succession de visions étranges qu’il ne peut élucider. Des images de dragons se mêlant à des images de femmes deviennent chaque jour plus obsédantes. Un jour, il entend un vieux conteur raconter une histoire de dragons dans une langue celtique très ancienne. A quelques jours d’intervalle, il trouve, dans le grenier de l’évêché, un vieux manuscrit où il est question de dragons et de saints sauroctones. Commence alors une quête longue et difficile qui lui dévoilera les ultimes dragons du monde occidental… » . Voilà qui semble bien prometteur, affaire à suivre !

    Toujours aux éditions Soleil, L’Eveil des Dragons Eternels de Téhy et Lalie. Une romance sur fond de dragons comme nous l’explique Lalie : « A vrai dire, l’idée de la bd est partie d’une illustration « gothique » de salle de bain… Oui, on est loin des créatures mythiques ailées ! Cette image, et le monde féerique et fantastique qui entoure mes réalisations graphiques, ont donné à Téhy l’envie d’une histoire romantique. Un homme tant aimé par sa douce Hanaé-Rose, mais hanté par les légendes imprécises d’une époque gouvernée par la terreur de celle qui soufflait ses désirs à l’oreille de la Mort… La Reine Spectre. J’ai tout de suite adoré, il ne restait qu’à broder finement les détails de l’histoire« … Quant à l’image même des dragons, la dessinatrice nous a répondu que « visuellement, la représentation des dragons me vient sans doute du jeu de rôle et de la littérature médiévale-fantastique. Un mélange entre les horribles montures Nazgul de John Howe dans Le Jeu de Rôle des Terres du Milieu et l’image que je me fais des majestueux dragons de la saga de Pern de Mc Caffrey. Je rêve secrètement qu’un jour, comme Licomte dans la bd, on découvre le squelette d’une race reptilienne intelligente ayant vécu et dormant peut être toujours dans les entrailles de notre terre. Par chance, il est toujours permis de rêver et de s’en inspirer! ».

    Enfin, coup d’oeil sur le collectif DRAGONS paru aux éditions Spootnik et qui rassemble pas moins de 80 pages avec plus de 50 illustrateurs et leurs interprétations du dragon. Un must !

    Dragons aux éditions Spootnik

    Que vivent les dragons !

  • Les Farfadets

    Les Farfadets

    Dresser le portrait de ces lutins facétieux n’est pas chose aisée car on les retrouve de-ci de-là en nos contrées européennes sous des noms divers et des apparences quelque peu changeantes. Si l’on s’attache au nom, nos pas nous mènent en Provence où le mot fadet provient du latin fatum et désigne les fées (fades). On n’est pas loin non plus du mot fada qui signifie «un peu fou» et qui caractérise bien le comportement des farfadets. Un comportement qui permet de les reconnaître et qui s’avère le plus souvent difficile à suivre dans une logique quelconque. Tantôt ils se révèleront d’ignobles gredins en pénétrant de nuit dans les fermes isolées, renversant pots et chaudrons, faisant tourner le lait ou encore enduisant les marches d’escalier de beurre frais. Tantôt ces esprits follets se transformeront en aide précieuse pour les gens de ferme. Ils rangeront la vaisselle, prendront soin des animaux ou encore faucheront les champs. Mais prenez garde à ne les récompenser que d’un bol de crème assorti d’un gâteau de miel car leur en offrir de trop les offenserait et les forcerait à quitter de suite votre maison !

    Les farfadets mesurent moins de cinquante centimètres, ont la peau ridée et foncée, sont de corpulence mince et sont revêtus de quelques haillons quand ils ne courent pas en tenue d’Adam. Ils se complaisent dans les champs de lavande de Provence, on en rencontre également beaucoup en Vendée et certains de leurs cousins vivent plus au Nord, en Irlande ou en Ecosse. Sur le sujet, Brian Froud et Terry Jones ont conçu un ouvrage des plus plaisants appelé La Bible des Gnomes et des Farfadets tandis que la petite Fadette, un peu sorcière, est l’héroïne du roman éponyme de Georges Sand. Fadette étant un prénom signifiant «petite fée».  A noter que si la fadette est jolie, le fadet correspond moins aux normes de la beauté humaine et les farfadets ne se rencontrent d’ailleurs que sous la forme mâle. Voilà donc une créature bien changeante et difficile à cerner qui représente bien le Petit Peuple dans sa nature à la fois joviale et lunatique.

    Sur ce, nous vous laissons en compagnie des fadets, follets, fradets, frérots, folatons, foulets, ferrés, bouquins, caraquins et perchevins !

  • Arcanes féeriques

    Arcanes féeriques

    Carnet de voyage de Sinane l’enchanteur

    Arcanes féeriques
    Arcanes féeriques

    Lorsqu’une fée illustratrice rencontre un conteur de fantasy, le projet qui naît alors ne peut que séduire les amoureux de beaux voyages en terres d’Imaginaire. Nous avons posé notre regard sur cet ouvrage à paraître aux éditions La Mascara.

    Le projet est-il né de votre rencontre ou la rencontre du projet ?

    Mathieu Gaborit : Il y a quelques mois, un soir, je m’en souviens parfaitement, je me suis assis devant mon ordinateur avec une idée simple en tête : je vais surfer sur internet et tâcher de trouver un illustrateur dont j’aime le travail. Un seul, à qui j’enverrai un mail pour prendre contact. J’ai toujours aimé cette idée de bouteille à la mer. Je crois beaucoup aux coïncidences de la vie et celle-ci en est une, sans aucun doute possible. Je suis tombé par hasard sur le site d’Amandine. Certaines illustrations m’ont ensorcelé et je lui ai envoyé ce mail. La suite est un écho entre deux imaginaires. J’ai eu beaucoup de chance, je l’avoue. Elle connaissait un peu mes univers et nous avons commencé à correspondre en confiance. Alors, oui, le projet est né de notre rencontre.

    Que sont les arcanes féeriques qui donnent le titre à l’ouvrage ?

    Elles représentant les différentes fées qui inspirent la magie du monde. Chaque fée est née sous le signe d’une manifestation naturelle comme la pluie, la neige, l’orage ou les rivières. Pour correspondre avec elles et utiliser leur magie, les mages ont créé un jeu de carte : les arcanes féeriques.

    Parlez-nous un peu du héros, Sinane ?

    Sinane est un farfadet. Il est né dans un arbre, comme tous ceux de son peuple. Seulement, alors qu’il était encore un fœtus sous l’écorce, un humain a été tué contre l’arbre. Le sang de cet humain s’est mêlé à la sève et fait naître Sinane avec une âme métisse. Sinane incarne ce métissage entre l’homme et la nature, entre le monde des humains et le monde « merveilleux » né des rêves gaïens. Nous avons voulu raconter l’histoire d’une réconciliation entre ces deux mondes, nous avons voulu que Sinane, fort de ce métissage, s’accepte lui-même comme un trait d’union, un artisan d’une paix fragile entre l’homme et les merveilles de la nature.

    Pour une illustratrice, un tel ouvrage, de par la diversité des choses à dessiner, représente un sacré défi, non ?

    Amandine Labarre : En fait pour moi le défi le plus difficile consisterait au contraire à dessiner toujours sur le même thème sans se répéter ou susciter l’ennui… La diversité et la beauté des thèmes abordés avaient quelque chose de passionnant, et les textes de Mathieu m’ont forcé à peindre des images dont je ne me serais pas cru capable, comme le monastère de cristal, l’oiseleur ou les paysages du périple de Sinane… Il fallait suivre le récit sans tricher pour que le livre soit cohérent, et la confiance de Mathieu m’a vraiment donné des ailes.

    Votre ouvrage s’inscrit en féerie ? Comment expliquez-vous cette passion toujours grandissante pour les fées ?

    MG : La fée demeure l’incarnation première du merveilleux. Dans l’imaginaire collectif, il me semble qu’elle représente la magie au sens le plus pure, une forme d’innocence qui fait écho à notre enfance. Sa fragilité la rend d’autant plus attirante.

    AL : Comme Mathieu les fées m’attirent notamment pour la pureté qu’elles symbolisent, une sorte d’harmonie juste et profonde avec la nature mythique, comme celle qui est tissée entre un animal et son environnement, et que bien souvent les hommes semblent avoir perdu. Je suis également sensible à la tension qui peut en surgir : la nature saigne, et les fées qui partagent leur essence avec elle peuvent être brisées, entravées ou mourantes, et pas seulement en train de sautiller gaiement autour d’un arbre.

  • Rencontre avec Krystal Camprubi

    Rencontre avec Krystal Camprubi

    C’était en 2004… Quelques questions posées à une jeune illustratrice qui faisait ses débuts dans le monde de l’ilustration féerique…

    Pouvez-vous nous parler du pourquoi de votre passion pour l’Imaginaire ?

    Enfants, nous avons tous une imagination extrêmement fertile. La plupart des gens perdent cette faculté et ce regard en grandissant. Je ne sais pourquoi, le désir de cultiver des rêves au jour le jour, et de cohabiter avec, est resté intact chez moi. Ce qui bien vite, s’est heurté à mon monde environnant. J’ai la sensation d’être souvent un anachronisme, comme si j’étais venue au mauvais endroit ou au mauvais moment. Quand j’ai découvert l’art de l’Imaginaire, au travers de grands noms de la peinture ou de l’illustration, comme Siudmak, Alan Lee, ou Brian Froud, mais aussi par le biais de Tolkien, je me suis reconnue dans leurs oeuvres et dans leurs aspirations. J’ai compris que l’art de l’imaginaire me permettrait d’ouvrir des fenêtres dans ce monde clos, de toucher mes rêves sans restriction, comme dans l’enfance. Et peut-être de pouvoir partager ces rêves avec d’autres, ce qui est une des plus grandes chances d’un l’artiste.

    Quel a été votre parcours pour en arriver à être artiste-peintre en Fantasy ?
    J’avais pris une orientation tout à fait différente, puisque j’ai fait des études en lettres et en musique, tout d’abord. Mais je n’ai jamais lâché les pinceaux. C’était mon oxygène.

    En peinture, je suis autodidacte, mais ce qui m’a tenu lieu de professeur, c’est principalement un profond désir d’observer intimement le monde environnant. C’est ainsi que, petit à petit, j’ai appris un alphabet visuel pour transcrire mon monde intérieur, un monde plus confus sans doute, mais plus dense et plus important à mes yeux. C’est en observant beaucoup que j’ai commencé à pouvoir jeter sur le papier, les premières visions qui me traversaient. Le paysage d’un artiste peintre est infini. Quand on a la chance d’avoir cet outil à disposition, on a envie de faire partager nos paysages intérieurs. C’est ainsi que, sans penser à une éventuelle possibilité d’en faire mon métier, j’ai commencé à rassembler un bon nombre de tableaux, parallèlement à mes études. Au final, j’ai fait d’heureuses rencontres… La première, la plus décisive peut-être, fut celle avec Wojtek Siudmak, en novembre 2001. Après une mémorable conversation dans le train qui nous ramenait du festival des Utopiales, j’ai pris le parti de suivre son conseil et de me lancer dans le métier.

    Vos oeuvres expriment une grande douceur et parfois de la tristesse. Qu’essayez-vous de transcrire: au travers de vos tableaux ? Un regard porté par le Petit Peuple sur les hommes ?
    Je crois qu’il s’agit surtout d’une nostalgie venant d’un sentiment de perte. Je ressens la même tristesse quand je vois un arbre coupé, une forêt mutilée pour faire place au béton. A la vue de ces spectacles, j’ai la sensation d’avoir un coeur d’elfe, et de ressentir leur peine, de concert.

    Lorsque je peins mes elfes, ils sont chargés de ces sensations. Ils portent en eux l’imminence de leur fin et le triste constat que ce monde est perdu pour nous.

    Quelques mots sur votre actualité ou vos projets…
    Les projets sont divers et variés, étant donné que j’ai la double casquette de peintre et illustratrice !

    On prévoit d’abord plusieurs expositions à Paris et l’année prochaine, une participation au festival Faerie 2005 à Arlon, en Belgique.

    Je vais également avoir bientôt (enfin !) quelques stages auprès de grands maîtres, notamment Claude Yvel, un maître contemporain du trompe-l’oeil. C’est un plaisir de pouvoir enfin bénéficier de l’expérience de gens du métier pour évoluer dans le bon sens.

    Côté illustration, je travaille à la réalisation d’un Herbier du petit peuple: j’ai été très marquée par l’oeuvre de Brian Froud et Alan Lee sur les Faëries, et j’aimerais réaliser un travail dans le même esprit.

    Je recherche par ailleurs des réseaux de distribution pour mes produits dérivés, récemment sortis. Et divers projets de produits un peu originaux sont à l’étude, comme par exemple une véritable tapisserie d’Aubusson, sur l’histoire des elfes, en collaboration avec un maître licier. Ce sont deux arts qui ont toujours magnifiquement cohabités !

    Mais aujourd’hui, le projet qui me tient le plus à coeur, c’est un calendrier Tolkien en collaboration avec Pascal Yung, qui a déjà travaillé pour Tolkien Enterprises.

    Ma passion pour le Seigneur des Anneaux est toujours aussi vive, et cela était un rêve depuis longtemps…

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