Les éditions de la Fibule ont fait paraître en mars dernier la suite de La porte des légendes. Une très jolie introduction au Petit Peuple pour vos bambins à travers l’histoire de deux jeunes cousins en vacances en Bretagne et qui partiront sur la piste des korrigans. Joliment écrit par Hélène Cornen et illustré par François Plisson, voilà de courts romans illustrés à mettre entre toutes les p’tites mains.
Parcourir les œuvres de Brian Froud est toujours un réel émerveillement pour les amateurs de Faerie. Il s’est ici associé aux mots d’Ari Berk, folkloriste et professeur de littérature. Tous deux nous entraînent dans un voyage au travers de runes elfiques. Chacune des runes illustrées est accompagnée d’un joli conte et du charme qu’elle opérerait si elle était tracée. Et, bien entendu, des dizaines de petits êtres s’amusent à en reproduire la forme tout au long des pages ! Les Runes du Pays des Elfes, un ouvrage qui fera rêver vos pupilles et vos esprits. Aux éditions Glénat.
Si vous passez à Quimper, arrêtez-vous en son musée des Beaux-Arts pour y admirer un tableau de Yann Dargent intitulé Les Lavandières de la nuit. C’est ce même tableau qui sert de couverture au recueil Fantômes Bretons disponible en téléchargement sur le site www.arbredor.com, une bonne adresse pour les amateurs de contes populaires…
Mais qui sont ces femmes lavant de nuit leur linge le long des ruisseaux ou frappant leurs draps blancs sur la margelle des fontaines ? On dit qu’elles n’apparaissent qu’aux hommes, jamais aux femmes et toujours pour annoncer leur mort. George Sand parle de mères infanticides, punies pour l’éternité, répétant leur geste infâme. Le paquet de linge blanc dissimulerait alors un petit corps meurtri… D’autres prétendent encore que les kannerezed-noz comme on les appelle en Bretagne, seraient des fées des eaux… Une chose est certaine, il vaut mieux ne pas trop tarder le soir et éviter de rentrer seul de peur d’entendre le bruit caractéristique du battoir frappé en cadence morbide. Et si vous avez le malheur de rencontrer une de ces lavandières nocturnes et que cette dernière vous propose de battre le linge avec elle, surtout ne tordez jamais celui-ci en sens contraire, cela scellerait votre sort ! Proches des dames blanches qui se rencontrent le long des routes, les lavandières de nuit sont souvent annonciatrices de la venue de la grande faucheuse. Dans d’autres régions, elles annoncent (ou font tomber) la pluie en provoquant les orages de leurs coups répétés et de l’eau qu’elles projettent dans le ciel.
Quant à la faute originelle qui leur a valu cette punition, la plupart du temps c’est bien l’avortement ou l’infanticide qui explique leur damnation, parfois encore, le simple fait d’avoir négligé leur travail durant leur vie en utilisant des pierres en place de savons par exemple. Dieu les aurait alors renvoyées dans leur lavoir pour y travailler le linge de nuit et porter de lourds cailloux…
Ces lavandières, dans leurs habits traditionnels, se rencontrent principalement en Bretagne mais trouvent leurs équivalents dans d’autres régions et jusqu’en Belgique où celles-ci perdent leur caractère néfaste en se chargeant du linge déposé le soir avec nourriture et boisson…
Une fois de plus, la galerie Daniel Maghen s’est attaqué à l’édition d’un bel objet. L’univers des Dragons réunit de magnifiques ilustrations pleine page d’Olivier Ledroit, Jean-Babptiste Monge, Jerôme Lereculey, Civiello, John Howe et une vingtaine d’autres artistes parmi les meilleurs en fantasy. Les textes sont signés Monge, Moguérou, Laurent et Olivier Souillé et vous proposent de vivre des histoires d’hommes et de dragons. Des tableaux qui se succèdent et nous émerveillent. La qualité des illustrations, des textes et de l’objet-livre (papier de qualité, pages tabernacle, nombreux croquis et une quarantaine d’illustrations pleine page ou sur une double-page) font de cet ouvrage un incontournable. Lien: www.danielmaghen.com
Faërie
de Raymond E. Feist
Traduction: Jean-Daniel Brèque
Illustration : Anne-Claire Payet
Editions Bragelonne
Faerie de Raymond E. Feist
Imaginez que vous décidiez de quitter la ville et son stress pour vous installer dans une grande et vieille demeure en lisière de forêt… C’est là le point de départ de cette histoire incroyable que va vivre la famille de Phil, scénariste d’Hollywood et écrivain. Incroyable car dans la forêt toute proche se cachent les créatures de Faerie que les enfants de Phil, deux jumeaux intrépides et une jeune fille de toute beauté, vont bien vite croiser.
On dirait un conte moderne, une petite famille sympathique, une forêt mystérieuse, un « pont du troll »… Mais ce serait sans compter sur la véritable nature des créatures de Faerie ! Car chez eux, c’est bien connu, point de mal, point de bien et donc le pire est à craindre. Le pire, c’est ce que vont découvrir nos héros. Le pire, c’est ce que l’ancien propriétaire de la maison, un dénommé Kessler, devait éviter, lui et sa secte mystérieuse. Mais voilà, le gardien parti, le Pacte est en péril…
Raymond E. Feist est bien connu des lecteurs de fantasy pour son célèbre magicien, Pug et les chroniques de la guerre de la Faille. L’auteur nous avait enchanté pour son autre trilogie, écrite avec Janny Wurts, la trilogie de l’Empire qui décrivait habilement la montée au pouvoir d’une jeune femme pleine de ressources et de sens tactique. Ici, avec Faerie, Raymond E. Feist plonge dans le folklore et tisse des liens entre différentes légendes et croyances pour en ressortir une idée originale et qui se tient. Le résultat est prenant, oscillant parfois entre le récit pour enfant et celui pour adulte. Le thème en étant fort noir, c’est bien au second registre qu’il appartient. En conclusion, voilà un bon moment de lecture à passer pour les compagnons des êtres féeriques qui savent combien ils peuvent se montrer cruels parfois.