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  • Fées noires & Dames sombres – La Roussalka

    La Roussalka

    roussalka
    © Pascal Izac

     

    Célébrées autour de la Trinité dans les pays slaves, les Roussalki se présentent sous la forme de belles jeunes femmes aux longs cheveux verts, roux ou blonds. A l’appel de leur voix suave, le cœur de l’homme bondit et dans l’étreinte qui s’en suit, il perd la raison autant que la vie. C’est la noyade qui attend le séduit, le désobéissant bravant l’interdit de ces jours sacrés. En ce temps hors temps, la Roussalka quitte les eaux qu’elle hante pour aller se pendre aux branches de bouleaux et y attendre les offrandes. On la connaît encore sous l’aspect de vieilles difformes aux seins pendants.

     

    Igor rentrait tard ce soir. Le soleil était presque couché et il n’aimait pas ça. Les esprits s’éveillent à la nuit tombée. Il devait, pour regagner son isba, traverser une partie de la forêt, le long de la rivière, deux lieux trop hantés pour que les gens s’y hasardent la nuit. Il hâta le pas. Il quitta le sentier baigné des timides lueurs rougeoyantes du crépuscule pour s’enfoncer dans la pénombre de la futaie. La traversée sous les feuillages ne devrait lui prendre qu’une dizaine de minutes. Un raccourci précieux car s’il avait poursuivi sur le chemin qui mène de la ville au village, cela lui aurait pris une bonne heure de plus. Alors, autant risquer ce détour, quitte à se faire une belle frayeur. Par ailleurs, il connaissait le chemin par cœur, l’ayant emprunté de très nombreuses fois, en journée bien sûr.

    Igor avançait rapidement, jetant un coup d’œil furtif sur ce qui l’entourait. Brusquement, il s’arrêta net. Devant lui, accroché aux branches d’un arbre, se tenait le corps d’une femme. Elle dormait. Igor ne savait que faire. Reculer doucement aurait été sans doute la meilleure solution mais contourner cet obstacle sans bruit lui permettrait de sortir de la forêt en quelques minutes seulement. Il opta pour l’idée la plus dangereuse. Lentement, il écarta une branche, puis l’autre, retenant son souffle, posant le pied précautionneusement sur le tapis de feuilles mortes. Sans quitter du regard la créature pendue aux branches, il passait maintenant à quelques centimètres de son visage. Les yeux s’ouvrirent. Verts, profonds, incroyablement beaux. Igor avait le cœur qui battait à tout rompre. La peur l’avait immobilisé, là, à la merci de cette Roussalka.

    La fée posa une main sur l’épaule de l’homme. Elle commença à descendre lascivement de son abri, glissant le long du corps d’Igor qui tremblait sous les premières caresses. Le parfum qui s’exhalait de la superbe créature, ses formes collées tout contre lui, tout participait à effacer son effroi pour faire naître le plaisir. Lorsque des lèvres chaudes, pulpeuses touchèrent les siennes, il s’abandonna totalement aux caresses de la nymphe.

    Au petit matin, des pêcheurs qui descendaient la rivière, aperçurent une masse sombre accrochée aux racines qui dépassaient de la berge. Quand ils s’approchèrent, ils firent la macabre découverte du corps d’un homme. Sa peau avait déjà pris une teinte bleutée. Son visage présentait des signes qui ne pouvaient tromper: les yeux exorbités et le rictus figé de celui qui avait connu l’extase mortelle des baisers de la Roussalka.

  • La Roussalka

    La Roussalka

    Si vos pas vous entraînent un jour dans les campagnes de Russie, demandez aux paysans de vous conter des histoires de Roussalki. Cette créature, proche de l’ondine, apparaît le plus souvent au bord d’une rivière, d’un étang ou d’un lac, sous les traits d’une belle femme aux longs cheveux que certains prétendent verts (ou peut-être est-ce le vert des algues qui retiennent ses tresses qui nous trompent ?). Tantôt pendues à un arbre, tantôt se promenant dans les forêts, la Roussalka attire ses victimes par la douceur de son chant. Une fois enivré de sa musique et séduit par sa beauté, le malheureux meurt sous les caresses et les chatouilles de sa prédatrice.
    On dit que la Roussalka naît des jeunes femmes noyées. C’est bien cette origine qu’Alexandre Pouchkine choisit pour son héroïne de la pièce éponyme. Une fille de meunier tombe amoureuse d’un prince. Cet amour semble réciproque jusqu’au jour où son amant s’en va marier une princesse et abandonne la pauvrette. Celle-ci se noie par désespoir et devient une Roussalka, revenue pour se venger. Cette pièce de théâtre inachevée inspirera l’opéra de Dvorak et d’autres musiciens tant le drame qui s’y joue y est habilement décrit. Reste que les Roussalki se rencontrent chez d’autres écrivains, comme Mérimée, par exemple. La créature a tellement d’importance en Russie qu’une semaine complète lui est dédiée juste avant le solstice d’été. Car si maléfique elle est, c’est également la Roussalka qui fait pousser le blé et qu’on implore lors des récoltes ou pour faire tomber la pluie. Pendant cette semaine, il est interdit de coudre, de travailler dans les champs ou de peindre sa maison. Une fois les récoltes passées, les paysans raccompagnent les Roussalki à leurs rivières et étangs. Sans oublier de toujours laisser un dîner pour elles, la nuit, sur la table ou des vêtements pendus sur les clôtures. Si d’aventure, votre chemin devait croiser le leur, un petit conseil, portez sur vous absinthe, ail, livèche et raifort. Ces herbes magiques vous protégeront !

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