Étiquette : Pierre Dubois

  • Encyclopédie de la féerie – Lettre A, Pierre Dubois, Aouamri, Brett, éditions Dargaud

    Encyclopédie de la féerie
    Lettre A
    Textes: Pierre Dubois
    Dessin: Mohamed Aouamri
    Photos: Lord Brett
    Editions Dargaud
    196 pages couleurs
    Date de parution: 04/12/2009
    Prix: 35 €

    Présentation de l’éditeur:

    Avez-vous déjà rencontré une affrignolette, une « fort appétissante lutine de la Haute-Marne, tout en fesses et en tétins » ? Non ? Dommage ! Et sans doute n’avez-vous jamais croisé un abbil’, ce lutin toujours pressé, nu-pieds et débraillé. Mais il n’est pas trop tard pour bien faire… L’elficologue Pierre Dubois, spécialiste des fées en tout genre, passe en revue dans une encyclopédie – illustrée de superbes dessins et de savoureuses photos – tout le petit peuple de la féerie qui vit en marge de la réalité, tapi au fond des contes et légendes qui nourrissent notre imaginaire… Auteur du best-seller L’Encyclopédie des fées, mentor de Joann Sfar qui le considère comme son « papa en littérature », grand collectionneur de tout ce qui se rapporte à la féerie, Pierre Dubois signe un livre qui invite au voyage immobile au pays de l’imaginaire. Les dessins d’Aouamri, le dessinateur de La Quête de l’oiseau du temps, illustrent à merveille les entrées de cette encyclopédie pas comme les autres, tandis que les photographies de Brett nous entraînent au cœur de l’univers quotidien de Pierre Dubois, entre vieilles maisons et campagne peuplée de créatures fantasmagoriques. Le cadeau de Noël idéal, même – et surtout – si vous ne croyez pas aux fées…

    Pierre Dubois a été journaliste et chroniqueur à France 3 pendant plusieurs années. Réalisateur de films, responsable avec Michel Le Bris de la collection « La Bibliothèque de l’elficologie » chez Hoëbeke, ce passionné des fées est aussi scénariste de bande dessinée, notamment pour Joann Sfar (Petrus Barbygère), René Hausman (Laïyna), Lucien Rollin (Le Torte) et Xavier Fourquemin (La Légende du changeling). Auteur de plusieurs ouvrages d’elficologie, Pierre Dubois est membre éminent du Centre de l’imaginaire arthurien situé à Brocéliande.

    Aouamri a dessiné les séries Mortepierre et Sylve avec le scénariste Brice Tarvel. Émule de Régis Loisel et de sa Quête de l’oiseau du temps, il a succédé à Lidwine sur le cycle Avant la quête.

    Brett (Didier Christmann) a d’abord été journaliste avant de s’orienter vers l’édition et la bande dessinée en tant qu’éditeur (directeur éditorial de Dargaud jusqu’en 1998) et scénariste : grand admirateur de Greg, il a signé les scénarios de plusieurs albums d’Achille Talon.

    Notre avis:

    Une encyclopédie autour de la lettre A. Quel pari déjà que cette idée de ne proposer que des mots liés à Féerie et commençant par la première lettre de notre alphabet. Un pari qui ne pouvait être remporté que par l’énigmatique et fabuleux Pierre Dubois, érudit en la matière, Grand Elficologue, Ami du Petit Peuple… C’est avec grande joie qu’on se plonge dans ces dizaines de A, croisant arragousets, ânes rouges, la fée Andaine ou la déesse Arduina, les terribles auxcriniers ou rêvant aux arbres-fées…

    En matière de féerie, Pierre démontre une fois de plus l’étendue de ses connaissances et surtout, sa générosité au travers de mots soignés, d’expressions délicieuses et d’envolées lyriques qui nous font entendre le doux chant des fées. Certes, le flux de mots surgis de l’esprit de notre elficologue préféré, intarissable, a son inconvénient: l’éditeur a du imprimer en tout petit le précieux texte. Il s’agira de chausser vos lunettes !

    Pierre est un ami des fées mais aussi de l’illustration, ayant lui-même commencé par les crayons et pinceaux avant de prendre la plume. C’est donc tout naturellement que ces ouvrages sont, dans la grande majorité des cas, illustrés. C’est le dessinateur de Mortepierre et de la suite de la Quête de l’oiseau du Temps qui nous régale cette fois de ses illustrations, crayonnés, encres et couleurs. Inutile de préciser qu’Aouamri s’inscrit dans la lignée de Régis Loisel, tout le monde le sait. Si les illustrations sont de grande qualité, le côté plus fantasy que féerie détonne un peu avec ce que l’on s’imagine habituellement, ce à quoi on est habitué. Du coup, on a un peu l’impression d’avoir deux univers très différents entre texte et image. Mais pourquoi se contenter de deux univers quand un troisième est possible ? Cette fois, c’est au travers des photographies de Lord Brett que le monde de Pierre Dubois s’illustre et là, chapeau !, les photos sont très belles, les expressions saisies participent pleinement à exprimer le côté farceur, espiègle, bon vivant et mystérieux de l’elficologue. On le découvre chez lui, au milieu de ses livres et de ces petites créatures disséminées partout en sa demeure mais aussi dans des décors magiques, obscurs, médiévaux… Une idée originale et parfaitement réussie.

    Même si l’éditeur précise qu’il s’agit d’un one-shot, la lettre A laisse rêver aux 25 tomes suivants… Et une petite fée nous a murmuré à l’oreille que l’ami Pierre avait déjà entamé l’écriture de la lettre B… comme bientôt ? C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter.

  • Interview de Thierry Gloris pour Souvenirs d’un elficologue (Soleil Celtic)

    Sorti en mars 2009, le premier tome des Souvenirs d’un elficologue nous entraîne à la suite d’un reportage d’un jeune photographe qui plongera au coeur de Féerie. Les auteurs nous emmènent en pays breton, au Mont Saint-Michel où se trame une étrange intrigue. Enquête sur une série de meurtres spectaculaires où la féerie se teinte de noir et de rouge-sang ! Un scénario signé Thierry Gloris à qui le Peuple féerique a posé ses questions…

    Votre préface mentionne que la découverte de féerie, vous la devez aux ouvrages de Pierre Dubois. Le titre de la série est-il une sorte d’hommage à ce premier elficologue français ?
    Disons que lorsque Jean-Luc Istin m’a proposé de participer à sa collection « Celtic », je me suis vraiment demandé ce que j’allais pouvoir apporter comme « valeur ajoutée ». De la féerie, je n’avais en tête que quelques films et les nouvelles d’Arthur Machen. Je me suis tourné alors vers ma bibliothèque et j’ai redécouvert la « Grande encyclopédie des elfes » que l’on avait dû m’offrir à un anniversaire et que j’avais oublié sans l’ouvrir. Non pas que j’étais insensible à sa thématique, mais il y a au moins une centaine de bouquins qui attendent en permanence que je m’intéresse à eux dans mes étagères. En me plongeant dans les ouvrages de Dubois, mon imagination était en effervescence et j’ai su à ce moment que j’allais trouver mon sujet. De ce fait, il m’a semblé logique de faire résonance à Pierre Dubois dans le titre de la série mais également dans le nom du héros ! Paul Laforêt ! !

    Votre héros a « le don de voir par-delà la réalité des choses » … Vous avez choisi d’en faire un photographe. Un métier qui collait naturellement à l’histoire ?
    L’utilisation de la photographie comme révélateur du fantastique vient d’un fait divers qui avait enflammé l’Angleterre du début du XXème siècle et connu sous le nom de : « Les fées de Cottingley ». En 1917, deux « innocentes » jeune filles, Elsie Wright (16 ans) et Frances Griffith (10 ans) ont montré des photos, prises à Cottingley, de fées et de gnomes avec lesquelles elles avaient l’habitude de jouer ! Il y a fort à parier qu’il s’agissait d’un des plus beaux canulars du siècle, mais toujours est-il, que l’idée en elle même, est merveilleuse ! Même Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes se laissa entraîner dans cette farce à laquelle il fait si bon croire. Le second intérêt de faire du héros un photographe, c’est que cette technologie correspond, à cette époque, au futur. Il m’a paru bon d’opposer Modernité et Tradition pour les faire accoucher de : l’Imaginaire.

    Beaucoup d’auteurs semblent choisir naturellement le XIXe ou le début XXe siècle comme cadre temporel à une histoire féerique. Comment l’expliquez-vous ?
    Je pense personnellement que lorsque l’on parle des fées, c’est la clochette de Disney qui apparaît à l’esprit. C’est à dire un gentil petit personnage ailé qui vous entraîne vers l’imaginaire perdu de l’enfance. Le XIXème est le siècle du romantisme. Cette représentation un peu niaiseuse de la féerie cadre bien avec l’idée contemporaine de l’amour absolu. De mon côté, je suis plus proche de la conception d’Arthur Machen. Si la féerie existe, elle est peuplée d’êtres bons et mauvais qui partagent tous une même défiance envers l’Homme qui leur a volé leurs terres millénaires. Pour moi le XIXème en France correspond au moment où l’industrialisation et le modernisme ont pénétré au plus profond des campagnes hexagonales. Les rails métalliques du train à vapeur sont autant de flèches empoisonnées qui mettent à mort la Féerie. Le XIXème représente donc pour moi une époque tragique et magnifique où la Féerie peut encore tisser ses derniers actes de bravoure… La suite reste à inventer !

    Géographiquement, vous situez votre histoire au Mont Saint-Michel. Une zone très marquée des fées ?
    J’avais été marqué par la beauté du site du Mont Saint-Michel lors d’une visite d’enfance. Le fait que ce gros caillou était en constant mariage avec la mer dans un sac et ressac quasi immuable m’avait énormément marqué. En faire le lieu d’une rencontre entre l’Homme et la féerie m’a semblé opportun.

    Vos fées sont liées aux éléments… Une représentation logique pour vous ?
    A mon sens, les feys sont des « élémentaires » d’air. C’est à dire les représentations métaphoriques ou réalistes (en fonction du degré personnel de perméabilité à l’imaginaire) des éléments météorologiques (vents, tempêtes…) qui ont terrorisé l’Humanité depuis la nuit des temps. Ils n’ont aucune notion personnelle du bien ou de mal… Ils sont !

    Les créatures féeriques dans votre histoire font partie d’un monde invisible. Mais elles apparaissent et dirigent également les rêves. Est-ce l’idée dun subconscient plus réceptif ?

    Exactement, je pense que les rêves sont des portes vers une autre perception de la réalité. Que derrière l’onirisme, il y ait une manifestation de l’inconscient ou d’un monde imaginaire, cela m’importe peu. Toujours est il que c’est un magnifique biais pour amener un lecteur sur des chemins de traverse où tout peut arriver.

    Vous nommez le grand ennemi Balor comme le roi mythologique des Fomoires. Physiquement, il est très diférent. Comment avez-vous décidé de sa représentation ?
    Pour le Balor, je voulais un monstre « original », qui ait une double apparence, à la fois féerique et bestiale. Dans sa forme féerique, il est assez proche des feys. Dans sa forme animale, l’idée d’une chevelure mouvante s’est imposée graphiquement. Comme dans le mythe, le Balor est lié au chaos, il m’a semblé intéressant de lui donner un aspect proche des êtres immondes et tentaculaires qui vivent au plus profonds des fosses océanes…

    Finalement, le titre donné à ce premier album, l’Herbe aux Feys, ne représente pas beaucoup ce qui s’y passe… Pourquoi une telle importance à cette « herbe aux feys » ?
    Comme je ne voulais pas amener la fantaisie trop rapidement, je me suis appuyé sur un triple artifice : Premièrement la photographie qui permet de voir l’invisible. Secundo, les rêves qui permettent de percevoir un monde parallèle et tertio, l’herbe aux feys qui permet au « fumeur » d’interagir avec le monde féerique. Bien sûr, il y aura également tout un travail narratif sur Gigi, la jeune fille qui a offert « l’herbe » à Paul. Elle ne peut être qu’une simple gitane…

    Combien de tomes pouvons-nous espérer pour cette série et quand pensez-vous que le prochain sortira ?
    Nous travaillons en diptyque. Le second tome devrait sortir au printemps 2010. L’histoire « réaliste » sera close. Dans un second diptyque, j’aimerais développer les tenants fantastiques de notre histoire. Nous verrons cela en fonction du nombre de lecteurs que nous embarquerons avec nous sur les sentiers de nos légendes celtiques re-visitées.

    Votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Le Phénix est à mon sens le symbole du combat permanent de la vie sur la mort. Tant qu’il renaîtra, tout sera possible !

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009

    Enregistrer

  • La légende du changeling, T2. Le Croque-mitaine – Pierre Dubois & Xavier Fourquemin (Le Lombard)

    La légende du changelin
    T2. Le Croque-mitaine
    Scénario: Pierre Dubois
    Dessin: Xavier Fourquemin
    DATE DE PARUTION : 23 Avril 2009
    FORMAT : 24 x 31,5
    NOMBRE DE PAGES : 48 en couleurs
    PRIX : 13.50 Euros – 26.20 FCH

    Présentation éditeur:
    À peine débarqués de leur Dartmoore natal, les Johnson réalisent que Londres ne sera pas la terre promise. Les indigents dans leur genre sont là pour nourrir la bête et toute tentative de rébellion est étouffée dans le sang. Pourtant, leur fils Scrubby n’a pas oublié sa forêt et les fées qui la peuplent. Même au cœur de la grande machine, il devra retrouver un peu de nature, ressusciter le sens du merveilleux…
    Avec des créateurs comme Pierre Dubois et Xavier Fourquemin, le fantastique ne devrait guère tarder à refaire surface !

    Notre avis:
    Pierre Dubois doit certainement arborer un sourire comme jamais: il a réussi à insuffler un parfum de féerie au neuvième art !
    Ce deuxième tome confirme en effet tout le bien que nous avions pensé de cette série en lisant le premier. L’art de Xavier Fourquemin, déjà applaudit pour son diptyque «Miss Endicott», y est, bien sûr, pour beaucoup. Ses bouilles extraordinaires, ses paysages dynamiques, sa vision de la ville, des quartiers pauvres et de la mine sont aussi bien une réussite que l’étaient la campagne et la nature légendaire du premier tome.
    La Légende du Changeling, c’est la rencontre de deux grands messieurs et ça fait des étincelles ! Des étincelles de magie bien sûr puisque nous retrouvons le petit Scrubby qui ne grandira pas au fil des planches et du temps, tout comme Peter Pan, héros des planches (de théâtre celles-là) que croise justement ici notre Scrubby le temps d’un applaudissement crucial pour l’avenir des fées. N’est-ce pas Monsieur Barrie ?
    Bref, vous l’aurez compris, on est complètement fan de cette série tellement c’est une réussite ! La féerie y est abordé en grand respect, comme toujours avec Pierre Dubois, et l’imagerie déployée par Xavier Fourquemin est un bonheur parfait. Une série qui est en passe de se hisser au niveau d’un Peter Pan de Loisel ou d’un Algernon Woodcock de Sorel et Gallié. Si vous croyez aux fées, lisez haut et fort cet album !

  • Rencontre avec René Hausman

    René Hausman avec son Grand Fabulaire du Petit Peuple paru dans le magazine Spirou, ses bandes dessinées (Laïyna, Trois Cheveux blancs, Le Prince écureuil, Camp-Volant, etc.), ses livres illustrés et ses nombreuses peintures et illustrations de la Nature et du Petit Peuple est une figure incontournable de la scène féerique. Inspirateur de nombreux talents actuels, précurseur de l’illustration féerique franco-belge, le Peuple féerique ne pouvait que croiser la route de ce Grand Monsieur, amateur de légendes et devenu légende lui-même. Petit échange téléphonique un matin de mars 2009…

    Avec votre complice Pierre Dubois, vous plongez les lecteurs de Spirou dans un Grand fabulaire du Petit Peuple. Plus tard vous publierez avec Dubois les aventures de Laïyna. Vous nous ferez vivre des légendes pour les albums avec Yann. Vous nous plongez dans le monde des légendes encore avec votre dernier album, Camp-Volant. Le fantastique, le Petit peuple et vous, c’est donc une longue histoire ?

    Ben oui, comme je l’explique dans l’avant-propos de Camp-Volant, l’origine de cette attirance envers le monde des légendes est due à ma grand-mère. Elle qui, lorsque j’étais petit, me contait tant d’histoires merveilleuses ou fantastiques, les légendes ou, parfois, des faits avérés qui se sont passés dans les forêts ardennaises, berceau de mon enfance. Quand j’étais petit, j’adorais qu’on m’offre des livres d’images, des bandes dessinées mais aussi des livres illustrés. Et c’est vrai que mes deux sujets de prédilection c’était d’une part, les animaux et puis d’autre part, les contes, les légendes et ce genre de choses un peu fantastiques. Il faut dire aussi que je suis un vrai belge dans le sens où ma grand-mère était ardennaise, mon père issu de la frontière allemande, et son patois à lui était ce qu’on appelle pompeusement un « francique carolingien » et plus communément le plattdeutsch, le « plat allemand » et ça ressemble au limbourgeois. De là, des connivences déjà avec tout un imaginaire germanique. Les deux ensemble, ça a donné un univers plutôt porté vers le fantastique et les légendes.

    Comment expliquez-vous que vos albums BD revêtent souvent un côté cru et cruel ?

    Tout simplement parce que dans les contes, c’est comme ça. On pense généralement que ce sont des histoires destinées aux enfants mais moi, je ne le crois pas. Ils ont une vertu initiatique, Pierre Dubois vous l’expliquerait mieux que moi. C’est un monde symbolique, pensez au Petit Chaperon rouge, une espèce de cheminement au travers de la forêt et de la nuit… Bettelheim et sa psychanalyse des contes de fées l’explique très clairement. Ce passage à l’âge adulte… Je pense qu’on ne peut pas édulcorer ça. Cela doit être montré tel quel. Barbe Bleue égorgeant ses femmes, l’ogre dévorant les enfants… Il n’y a aucune raison de faire de ces contes des histoires à l’eau de rose, ce qu’ils ne sont pas. Les deux contes faits avec Yann sont particulièrement crus et cruels, j’ai d’ailleurs eu des critiques à ce propos mais tant pis… Là, nous nous sommes donnés à fond dans le côté terriblement réaliste et méchant, finalement, de la vie.

    Vous adorez la Nature et les animaux que vous dessinez avec une force extraordinaire. D’où vous vient cette attirance pour la Nature ?

    Je suis trop farfelu pour être devenu un naturaliste, pas assez sérieux. Quoique adolescent, j’ai collectionné très sérieusement les insectes. Je me prenais alors pour un entomologiste. Mais en fait, ce que j’ai surtout bien aimé est la représentation graphique des animaux dans les images les représentants. J’étais également en contact direct avec les animaux ayant vécu mon enfance à la campagne. D’ailleurs une excellente école, rien ne remplace l’observation directe. J’adorais collectionner les chromos de chocolat. Les autres enfants se passionnaient pour les voitures mais moi pas du tout. Moi les bagnoles, ça m’a jamais, jamais branché. Moi c’était les animaux. Je possède encore d’ailleurs des albums d’images de l’époque que j’ai gardés ou retrouvés.

    La Nature recèle bien des secrets. Ce côté mystérieux vous l’appréciez beaucoup également…

    J’ai connu des chasseurs notamment qui m’ont raconté plein d’histoires… Il ne faut d’ailleurs pas croire que les chasseurs sont mauvais. Ce sont des gens qui vivent avec la Nature. Bien entendu, y a les braconniers infâmes mais il y a surtout de véritables connaisseurs de la Nature et de ses secrets…

    Trouvez-vous que les gens reviennent aujourd’hui à la Nature ?

    Oh je pense que oui, certainement. D’une manière ou d’une autre. Il y a beaucoup de balades qui se font dans la nature, y a un respect général plus poussé qu’il y a un certain moment. Les gens nourrissent avec intelligence les petits oiseaux l’hiver. On respecte mieux les sentiers forestiers, les pistes de ski. Y a un progrès mais beaucoup reste à faire.

    La féerie, c’est un moyen également de se rapprocher de la Nature ?

    Je vous avoue que ce n’est pas vraiment dans ce sens-là que les lutins m’intéressent. Bien sûr, ils sont intimement liés à la nature mais il y a autre chose… J’ai un jour croisé la route d’Haroun Tazieff, le volcanologue. Et lui s’étonnait beaucoup qu’on s’intéresse aux légendes, aux mythes, aux fées alors que la Nature est tellement merveilleuse et extraordinaire en soi. Il avait peut-être raison…enfin, je confesse une perversion pour mon goût que j’ai des fées, des lutins, des sorcières, des dragons…

    Vous avez illustré de très nombreux livres. Notamment La Grande Tambouille des fées et La Grande Tambouille des Lutins aux éditions féeriques Au Bord des Continents. On y trouve quelques recettes originales en fin de livre. L’art culinaire, c’est quelque chose que vous appréciez également ?

    J’ai aussi illustré pas mal de livres de recettes d’un ami restaurateur. J’aime beaucoup cuisiner aussi. Je crois qu’à part le dessin c’est mon occupation préférée.

    La musique ne vous est pas étrangère non plus, on se souvient du groupe les Peleteux…

    Oui, de la musique traditionnelle. Encore une fois on ne quitte pas vraiment le créneau, cela avait beaucoup à voir avec quelque chose de proche de la Nature. Ce qu’on appellait à l’époque nos racines… Là aussi, on voit ce genre de choses revenir, on appelle ça aujourd’hui la musique du monde… Chaque région, chaque pays possède une grande richesse. Notez que la France pour moi est le territoire le plus riche à ce niveau mais dans le même temps le plus ignorant de sa propre richesse folklorique, c’est étrange comme constat. La Wallonie est également une terre riche en traditions. On en revient mais pas de la même façon qu’il y a trente ans…

    En 1957, on pouvait lire vos aventures de Saki et Zunie, en 2003, celles des Chasseurs de l’Aube… Vous abordez là, la Préhistoire. Un temps où l’homme vivait en parfaite symbiose avec la nature. Vous auriez aimé vivre ce temps-là ?

    Ecoutez, moi je suis très content de mon époque. Ça nous permet de survoler, même si c’est de manière artificielle les autres époques. Je pense que ça ne devait pas être drôle, la Préhistoire. Mais je pense que nos ancêtres lointains devaient avoir une vie psychique très riche. Ce n’était pas des « sauvages », ça, j’en suis persuadé. Mais de là à souhaiter vivre à cette époque-là, non. Déjà vivre il y a soixante ans, c’était dur, rien qu’au niveau des maladies devenues bénignes maintenant…

    Je me souviens avoir bu un délicieux café dans une brasserie vervietoise nommée L’ogre de barbarie. Elle était décorée de vos œuvres. Les expositions, les décorations de lieux, c’est quelque chose qui vous attire, c’est important pour vous ce type d’échange avec le public ?

    Oui, bien sûr. Pour moi c’est très important. Des expositions et des rétrospective, j’en ai fait mais de voir mes œuvres dans de tels lieux, rien ne peut me faire plus plaisir. Vous savez, quand mes œuvres sont vendues à des amateurs, elles disparaissent dans leurs collections alors que dans un lieu public, chaque jour de nouvelles personnes peuvent les découvrir. Pour moi, c’est très important et très agréable. On a commencé ça il y a une vingtaine d’années et de temps à autre j’en propose une nouvelle.

    Vous avez créé récemment, avec votre épouse Nathalie Troquette, les éditions Luzabelle. On y parle de l’édition en intégrale du Grand Fabulaire du Petit Peuple. Peut-on avoir plus de détails ? Y aura-t-il des inédits ? Une date de parution ?

    D’abord, on aimerait bien ne pas se confiner à mes propres œuvres uniquement et proposer d’autres artistes, faire découvrir d’autres talents. Mais bien entendu il faut rentabiliser quelque chose avant de grandir, on commence donc doucement.

    Cela dit la reproduction des affiches du Grand Bestiaire paru autrefois chez Dupuis n’a jamais été aussi bien réalisée. Donc dans le même temps, je me fais plaisir.

    Pour le Grand Fabulaire, c’est vraiment le projet, le grand projet. Rien n’est encore vraiment lancé. Il n’y aura pas d’inédits mais de nouveaux textes écrits par Pierre Dubois, les précédents ayant servis à son Encyclopédie des lutins dessinée par Roland Sabatier.

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?

    Le gnome. C’est une émanation de la Nature plus fruste et plus rugueuse que la fée. Le nain, le gnome qui sort de la terre, des racines…

    Vous êtes plus illustrateur que dessinateur BD ?

    Absolument ! Illustrateur d’abord, oui. D’ailleurs, mes BD se font en sélection directe, je serai bien malheureux de devoir travailler avec des bleus ou avec un coloriste. Ce serait vraiment la mort dans l’âme…

    Vos projets ?

    Je termine une bande dessinée avec Rodrigue, l’auteur des Tambouilles. Elle paraîtra au Lombard dans la collection Signé. Il s’agit un peu d’une extrapolation sur le Chat botté. Il y a 54 pages et j’en ai fait 40, ça devrait donc sortir cette année.

    Propos recueilis par le Peuple féerique en mars 2009

    En savoir plus sur René Hausman…

    Le site des éditions Luzabelle

    Le site René Hausman

    Le reportage de France 5 :

    Enregistrer

  • Pierre Dubois

    Né en 1945 dans les Ardennes, Pierre Dubois partage sa vie entre ses demeures du Nord et de Bretagne. Cela, lorsqu’il ne se promène pas de l’autre côté du miroir. Car l’homme est ami des fées et nous rapporte nombre de récits et anecdotes sur le Petit Peuple. Que ce soit au travers de ses célèbres encyclopédies ou au travers de ses bandes dessinées (Laïyna, les Lutins, Red Caps, le Grimoire du Petit Peuple…), l’auteur nous enchante au fil de ses publications.

    Conteur, scénariste de bande dessinée, anthologiste et écrivain, Pierre Dubois donna véritablement le goût de la féerie au public français avec la publication de ses Grandes Encyclopédies des lutins, des fées et des elfes dans les années 90. Il a également travaillé pour la télévision.
    De ses nombreuses œuvres retenons entre autres : La Grande Encyclopédie des Elfes, La Grande Encyclopédie des Fées, La Grande Encyclopédie des Lutins, Les Leçons d’elficologie, Dragons & Chimères, Le Grimoire du Petit Peuple, Laïyna, Les Lutins, Le Torte, Pixies, Petrus Barbygère, Le Miroir des eaux, Red Caps, La Légende du Changeling

    Dans son œuvre majeure qui est et restera les Grandes Encyclopédies publiés chez Hoëbeke, Pierre Dubois mêle son érudition à propos du Petit peuple à son esprit vif et imaginatif. Il donne à lire non un répertoire strict et rigide mais une véritable invitation à vivre féerie.

    L’homme est également connu pour ses discours envolés pour défendre la cause de l’imaginaire et de la Nature. Il nous met bien souvent en garde contre le retour vengeur des elfes et des fées si nous ne prenons pas soin de notre mère, la Terre. Plus qu’un passionné ou un elficologue, Petrus Barbygère, Pierre le Barbu est un être à part entière de Féerie.

Suivez les fées !

Abonnez-vous pour ne rien manquer...