Étiquette : petit peuple

  • Tir Nan Og – Féerie urbaine et neuvième art

    Tir Nan Og
    Féerie urbaine et neuvième art

    Comment s’est faite la rencontre avec Elvire de Cock ?
    La rencontre a été « arrangée » par l’éditeur. J’avais envoyé des synopsis sans dessins, et Elvire cherchait manifestement un scénariste. Nous avons été mis en contact, et le courant est très vite passé. Elvire adore l’architecture et les fées : j’ai jeté les bases de Tir Nan Og en prenant en compte ses goûts et ses aspirations.

    Comment procédez-vous pour la BD ? Vous fournissez un scénario définitif d’un seul coup ou bien travaillez-vous page après page ?
    Je travaille sur un plan général, que je soumets à Elvire ; nous décidons alors d’un découpage global : combien de pages pour telle scène ? Après quoi, oui, nous travaillons planche par planche.

    Vous venez du roman. Quelles différences majeures voyez-vous entre le procédé créatif d’un roman et celui d’une bande dessinée ? N’est-ce pas étrange de voir ses mots traduits par les images de quelqu’un d’autre ?
    Ce n’est pas étrange ; c’est magique. Par ailleurs, la différence entre les deux média est énorme : l’écriture du roman est beaucoup moins elliptique que celle de la BD. Il faut tout dire et tout montrer par l’écriture, les descriptions sont un passage obligé. Point intéressant : on peut distinguer subjectivité et objectivité sans recourir à une voix off, et les moyens de brouiller les pistes sont considérables. Mais c’est aussi parce que le roman est un art vieux de plusieurs siècles alors que la BD n’en est sans doute qu’à sa préhistoire. Je suis persuadé que tout reste à expérimenter dans ce domaine. Mais bien sûr, ce n’est pas du tout ce que nous essayons de faire avec Tir Nan Og…

    Côté romans, Or not to be et le cycle Arcadia appartiennent à ce courant de fantasy urbaine. Leur point commun est de flirter fortement avec le rêve voire l’inconscient. Même dans Tir Nan Og, il existe encore une distance entre les hommes et les fées, un autre côté du miroir. Refusez-vous de mélanger pleinement les fées et les hommes ?
    Il s’agit juste d’intuitions, de partis pris. Pour moi, les fées n’ont rien de commun avec les hommes. Elles se voient comme des êtres d’une essence supérieure. Leur esprit, leur culture ne peuvent être correctement appréhendés par l’esprit humain.

    Quel roman conseilleriez-vous à quelqu’un qui veut découvrir la fantasy urbaine ?
    Il y en a beaucoup ! Il faut aller chercher chez Gaiman, Jonathan Carroll, John Crowley évidemment qui, pour moi, s’est hissé avec Le Parlement des Fées au-dessus de tous les autres, Charles de Lint, etc. Chez les Français : Johan Héliot, David Calvo, Léa Silhol sont les premiers noms qui me viennent à l’esprit. Mais j’en oublie forcément.

    Pensez-vous que ce style d’histoires a un grand avenir ?
    Ici encore, nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Le genre existe déjà mais nous pouvons l’emmener plus loin, élargir, approfondir – injecter du social, du politique, du scientifique – procéder à des mélanges plus ou moins contre-nature. Si la fantasy urbaine meurt, c’est que personne n’aura su ou voulu porter l’étendard. La question qui se pose, à ce niveau, c’est celle de la réception en termes de ventes : des ouvrages consacrés à ce thème peuvent-ils toucher un large public ? Je reste persuadé que oui. Mais pas nécessairement dans une collection de genre.

    Un de vos personnages dans Tir Nan Og s’exclame : « L’immuable et tragique nature des hommes : même confrontés à l’évidence, ils refusent de voir ». Une critique de notre esprit trop cartésien ou une façon de dire que nous refusons trop facilement l’Imaginaire ?
    Il s’agit d’une réflexion assez générale. Je ne peux pas m’empêcher de penser que des choses très, trop évidentes se refusent obstinément à notre esprit – des sortes d’infra-concepts, annihilés par des schémas de pensée conscients, automatisés, polis par un contexte idéologique. Prenons la mort : il est possible qu’au moment ultime, une compréhension advienne ; on représente d’ailleurs souvent le passage comme quelque chose de lumineux : « bon sang, alors c’était bien ça ! ». Les enfants seuls savent croire authentiquement. C’est ce qui les rend si merveilleux et attachants. Plus tard, les gens croient au fric, au pouvoir. Autant dire que c’est terminé.
    On peut décider que les fées ont toujours existé mais que nous leur avons donné d’autres noms, que nous avons plaqué sur elles nos idéologies ou nos fantasmes pour les rendre, eh bien, plus humaines. Ainsi avons-nous choisi, dans Tir Nan Og, de nous cantonner à une représentation « classique » des fées. Mais peut-être certaines personnes sont-elles des fées par intermittence? C’est ce qu’on appellerait « avoir la grâce ». Peut-être les fées sont-elles les rêves, la pluie ou la musique qui donnent une autre couleur à nos émotions – les larmes, qui nous délivrent de nos chagrins ?

    Combien de tomes sont-ils encore prévus et quand sortira le prochain ?
    Le prochain : dans moins d’un an. Combien de tomes ? Au moins quatre.

  • Celtic Faeries – L’univers merveilleux de Jean-Babtiste Monge

    Celtic Faeries
    L’univers merveilleux de Jean-Babtiste Monge

    De tous les illustrateurs de la vague féerique, un artiste s’est largement distingué en France. Il s’agit bien entendu de Jean-Baptiste Monge. Chacun de ses dessins exprime toute la nature féerique avec délicatesse et justesse. Du simple croquis à l’illustration complète et détaillée, tout vous transporte de l’Autre Côté. Celtic Faeries, paru aux éditions Au Bord des Continents, est une porte grande ouverte sur les créatures de nos forêts et collines. Pas question ici d’encyclopédie étudiée et vérifiée par quelque érudit lunetteux mais simplement d’une invitation à voyager au travers descriptifs et représentations. Plus de cent pages parcheminées où l’on croise des elfins, des redcaps et des goblins. On s’y plaît, s’y sent bien au milieu de ces elfes et de ces nains. Avec, cerise sur le gâteau, une très jolie préface de Pierre Dubois, autre grand complice du Petit Peuple et qui a d’ailleurs été la victime de quelque farce de korrigan puisque son nom a été amputé sur la couverture d’une de ses lettres. L’elficologue, croqué par l’artiste, rend ici hommage au talent incontestable de Jean-Baptiste Monge.

  • L’Ijiraq

    L’Ijiraq

    Revêtus d’une bonne veste bien chaude, de cinq ou six pulls, équipés de moufles et d’un gros bonnet, raquettes aux pieds, vous voilà partis pour le Grand Nord canadien ! C’est en effet dans le pays du sirop d’érable que l’on peut rencontrer l’Ijiraq. Cette créature apparaît sous diverses formes, même si l’une de ses préférées reste celle d’un caribou. On peut également croiser l’Ijiraq sous une forme humaine, d’une taille assez grande. Seule particularité qui le différencie fortement des hommes : ses yeux sont disposés de part et d’autre du visage, comme ceux du caribou. Les Ijirait feraient partie du peuple de «ceux qui sont morts». De nombreuses histoires racontent comment ces non-humains traquent les jeunes enfants pour les enlever de notre monde. On les rapproche alors des tuurngait, ces êtres redoutables et redoutés qui dévorent les enfants, croquemitaines de ces régions polaires. Si votre chemin vous mène un jour dans le Nord canadien, redoutez plus que tout le sifflement de toutes ces créatures, ils vous feront perdre la mémoire !
    Et si vous surprenez quelques enfants Inuits à s’amuser au pied d’un inukshuk, un de ces amas de pierres à forme humaine, qui servent de point de repère pour guider les voyageurs ou signaler un lieu sacré, mettez-les en garde ! De nombreuses histoires racontent comment les Ijirait, cachés derrière ce genre d’objet, se sont saisis des jeunes imprudents. Il n’y a pas que les ours blancs qu’il faut craindre dans ces déserts de glace, les non-humains sont partout !
    Mais que ceci ne vous empêche pas de partir à l’aventure en ces terres extraordinaires!

  • L'irrésistible parfum des fées

    L’irrésistible parfum des fées

    Etrangement, les fées sont de toutes les créatures de l’Autre Côté, à la fois les plus évoquées tout en étant les moins saisissables… Tantôt minuscules aux ailes de papillon, tantôt belles dames aux atours médiévaux. Figure aux milles images, toujours en mouvement, en transparence. Petite plongée au cœur de Faerie pour vous livrer quelques secrets sur les fées avant que ces dernières ne s’évaporent…

    Aux origines…
    Le premier constat lorsqu’on s’intéresse aux fées est la multitude de pistes qui s’offrent à nous. Car la fée est plurielle. Qu’on remonte à sa ou ses naissances mythologiques ou qu’on tente de la définir physiquement, on se heurte à nombre de possibilités.

    Qu’est-ce qu’une fée ?
    Pour tenter de le comprendre, il faut nécessairement s’attacher au mot. Pierre Dubois rappelle très justement dans son Encyclopédie des Fées (Hoëbeke) les propos d’Alfred Maury mettant en parallèle les fata (Parques) et les Fées ainsi que le mot fatum d’où découlera l’adjectif signifiant «destiné». On le voit, les fées ont quelque chose à voir avec l’idée de destin et leurs ancêtres divines, les Parques. On notera au passage que ces divinités étaient trois, tout comme le seront très souvent les fées dans les contes…
    Ce lien avec les divinités antiques est encore renforcé lorsqu’on s’arrête sur l’idée de fée marraine. Les Carmentes Anteverta et Postverta, divinités romaines de la connaissance du passé et du futur, étaient liées à la naissance des enfants qui se présentaient par la tête ou par les pieds. Au fil des siècles, la tradition voudra que les fées, comme les anciennes divinités, se penchent sur le berceau de nos enfants, leur procurant protection et bienveillance.

    Dans son Guide du chasseur de Fées (Le pré aux clercs), Edouard Brasey insiste sur la notion de beauté. La fée est un idéal de beauté. Voilà donc un autre trait essentiel, l’idée de beauté, de perfection. Une idée que Jean-Louis Fetjaine reprend dans sa trilogie des elfes (Pocket) où « les femmes elfiques étaient d’une telle beauté que les hommes qui n’avaient pas l’habitude de traverser leurs contrées les prenaient pour des fées ».

    Les traditions celtes et les récits arthuriens entraîneront les fées vers la pratique de la magie. De la prophétesse antique à la magicienne celte, il n’y avait en effet qu’une infime frontière, vite franchie. On y verra également le lien des fées à la Nature, provenant des croyances celtiques et de leurs cultes intimement liés à la Terre, chaque divinité étant la gardienne d’un lieu, d’une rivière ou d’une forêt… Ce lien à la Nature, nous le faisons encore aujourd’hui puisqu’il n’est pas rare de voir ci et là une petite figurine de fée orner un coin de jardin, petite divinité protectrice de cet endroit chéri. Beatrice Philpotts nous parle d’ailleurs des Fées du Jardin (Le pré aux clercs) avec poésie et tendresse. Fleurs, plantes et fées s’y côtoient, tout comme dans un autre ouvrage liant jardin et féerie, l’Herbier féerique par Amandine Labarre (AK Editions).
    Enfin, les idées de beauté et magie fascineront encore les auteurs du Moyen-Âge et donneront naissance à la fée courtoise, celle qui envoûtera nombre de cœurs de ces preuxs chevaliers…

    Nous parlions plus haut du caractère pluriel de la fée. Le mot anglais pour fée est fairy et il désigne tout membre du Petit Peuple. Dans son Dictionnaire féerique (Oxymore), André-François Ruaud reprend bien le terme fée comme un terme générique lorsqu’il affirme «Notons enfin que j’utilise indifféremment pour les êtres féeriques (mâles, femelles ou neutres) les termes esprit, fée ou génie». On s’éloigne donc de la définition typiquement française qui voit en la fée une figure féminine pour l’élargir à l’ensemble des créatures féeriques.

    Des fées à lire…
    Belle, liée à la nature, magicienne et prophète, la fée revêt mille apparences et reste par là insaisissable. Il en va de même dans les contes et romans où la plupart du temps, elle n’occupe qu’un second rôle, deus ex machina lorsqu’il faut faire avancer l’histoire par quelque artifice ou amorce à l’intrigue lorsqu’elle se fait responsable du destin des héros. Bien sûr, les fées sont présentes, traversent, transcendent les histoires. Marion Zimmer Bradley, Léa Silhol, Kathryn Kristin Rusch, Laurell K.
    Hamilton, Lord Dunsany et d’autres ont largement teinté leurs récits de poudre de fées. Et même si elles demeurent en retrait comme héroïnes, on peut affirmer que cet attrait des hommes pour les fées participe au succès du genre fantasy aujourd’hui.

    Le grand Shakespeare lui-même n’a pas échappé aux fées en écrivant son Songe d’une nuit d’été et le papa de Peter Pan, James Matthew Barrie, n’hésite pas à donner pour compagne à son héros, une petite fée espiègle et ô combien symbolique, Clochette. Croire aux fées ? Les auteurs ne sont pas en reste quand il s’agit de démontrer l’existence de ces charmantes créatures. Arthur Conan Doyle ira jusqu’à écrire un livre, Les fées sont parmi nous (Lattès) pour défendre les deux petites anglaises qui avaient réussi à photographier des fées dans le Yorkshire.
    Ces êtres magiques inspireront même certains ouvrages de science-fiction comme le Féerie de Paul J. McAuley où une jeune fille de douze ans convainc un pirateur de gènes à l’aider à réaliser son rêve : donner une âme à de petites poupées androïdes pour les transformer en véritables fées.

    On attirera enfin l’attention sur deux œuvres parues aux éditions Terre de Brume. La Compagnie des Fées de Garry Killworth tout d’abord, qui revisite sur fond de fantasy urbaine le classique de Shakespeare, l’occasion de redécouvrir Titiana et Morgane dans un contexte surprenant. Le Parlement des Fées de John Crowley, ensuite, qui réussit à placer les fées comme elles doivent l’être, en transparence, toujours présentes, influentes sans qu’on ne puisse pourtant les apercevoir. Ce chef d’œuvre de la littérature fantasy nous parle de l’univers des fées comme d’un royaume intérieur, et cette vision rejoint bien cette impression d’invisibilité des fées. Peut-être, qu’au fond, le royaume des fées n’existe que dans le cœur des hommes. C’est aussi ce que semblait penser James Matthew Barrie lorsqu’il affirme qu’à chaque fois qu’un enfant ne croit plus aux fées, une de celles-ci disparaît…

    Les fées noires
    Insaisissable, invisible, symbole de pureté, d’innocence, la fée dans toute sa blancheur n’apparaît pas comme une figure facile d’utilisation dans un récit. Par contre, s’il existe des fées blanches, il doit bien y avoir leur opposé. Elle se révolte, agit, fait mal, maudit, devient cruelle et méchante. Son ambiguïté intéresse alors les auteurs et son personnage, les lecteurs. Empêchée de prendre part au repas des fées, la dernière marraine maudit l’enfant et la condamne à un repos éternel le jour où elle se piquera au funeste fuseau (La Belle au bois dormant). Et la sorcière, cette femme pratiquant la magie noire, effrayant les enfants et envoûtant de ses charmes les mâles innocents, n’est-elle pas, après tout, qu’une mauvaise fée ?
    Les fées condamnent, portent malheur, il faut les fuir, les éviter… Pierre Dubois, en éminent elficologue, prétend que les fées vengeresses, déçues et blessées par le comportement des hommes envers la nature, sont à l’origine des cataclysmes, des tempêtes et des bourrasques. L’heure n’est plus à l’indifférence mais à la révolte !

    Dessine-moi une fée !
    Comment ne pas terminer cette brève réflexion sur les fées par le phénomène qui marque les librairies

    Le livre des fées séchées de lady Cottington

    depuis quelques années, surtout en période de Noël : les images de fées. Car ce que semblent rechercher avant tout l’amateur est bien une représentation de celle qu’il admire. Ces véritables icônes de l’Imaginaire se déclinent alors en cartes postales, calendriers, ouvrages divers et variés comme le célèbre Livre des Fées séchées de lady Cottington des incontournables Brian Froud et Terry Jones (Glénat) qui saisissent avec humour nos petites amies à la manière des herbiers. Brian Froud encore avec Alan Lee cette fois qui proposent un superbe recueil de créatures intitulé tout simplement Les Fées (Albin Michel). Sans oublier Le Livre des Fées de Beatrice Philpotts qui dresse un portrait de Faerie abondamment illustré par une kyrielle de maîtres de l’illustration féerique. La bande dessinée aussi recèle de véritable petits bijoux comme le Fée et Tendres automates de Téhy et Béatrice Tillier (Vents d’Ouest) ou encore Loisel qui dans son Peter Pan, revisite avec succès la fée Clochette, succès retentissant dans le mondes des planches et des bulles.

    Une collection 100% fées

    Récemment, les éditions Spootnik ont lancé une collection dédiée aux fées. Confiant les pages illustrées à des dessinateurs aux styles variés, la collection Estragon s’enrichit au fil des mois de beaux livres au format carré qui nous plongent dans la Féerie. Dessins, poèmes, contes, illustrations de fées se succédent dans des univers variés. A noter qu’il existe également des livres jeunesse dans cette collection à commencer par le très utile Hôpital des fées pour aborder le thème de l’hôpital avec les jeunes enfants…
    Petite conclusion féerique…

    Ce besoin inextinguible d’admirer les représentations de fées, doit-on le comprendre comme une tentative d’entrevoir ce qui ne peut être vu ? Est-ce là une façon d’entrouvrir la porte de l’Autre Côté ? Ou de rechercher la bénédiction, la protection de ces Demoiselles et Bonnes Dames ? Quoiqu’il en soit, les fées ont encore de beaux jours devant elles car l’homme, apparemment, n’a pas fini d’y croire. Au détour d’un chemin, au milieu d’une forêt ou assis sur ce banc, dans votre jardin, fermez les yeux, respirez doucement. Vous le sentez vous aussi n’est-ce pas ? Cet irrésistible parfum des fées…

  • La Roussalka

    La Roussalka

    Si vos pas vous entraînent un jour dans les campagnes de Russie, demandez aux paysans de vous conter des histoires de Roussalki. Cette créature, proche de l’ondine, apparaît le plus souvent au bord d’une rivière, d’un étang ou d’un lac, sous les traits d’une belle femme aux longs cheveux que certains prétendent verts (ou peut-être est-ce le vert des algues qui retiennent ses tresses qui nous trompent ?). Tantôt pendues à un arbre, tantôt se promenant dans les forêts, la Roussalka attire ses victimes par la douceur de son chant. Une fois enivré de sa musique et séduit par sa beauté, le malheureux meurt sous les caresses et les chatouilles de sa prédatrice.
    On dit que la Roussalka naît des jeunes femmes noyées. C’est bien cette origine qu’Alexandre Pouchkine choisit pour son héroïne de la pièce éponyme. Une fille de meunier tombe amoureuse d’un prince. Cet amour semble réciproque jusqu’au jour où son amant s’en va marier une princesse et abandonne la pauvrette. Celle-ci se noie par désespoir et devient une Roussalka, revenue pour se venger. Cette pièce de théâtre inachevée inspirera l’opéra de Dvorak et d’autres musiciens tant le drame qui s’y joue y est habilement décrit. Reste que les Roussalki se rencontrent chez d’autres écrivains, comme Mérimée, par exemple. La créature a tellement d’importance en Russie qu’une semaine complète lui est dédiée juste avant le solstice d’été. Car si maléfique elle est, c’est également la Roussalka qui fait pousser le blé et qu’on implore lors des récoltes ou pour faire tomber la pluie. Pendant cette semaine, il est interdit de coudre, de travailler dans les champs ou de peindre sa maison. Une fois les récoltes passées, les paysans raccompagnent les Roussalki à leurs rivières et étangs. Sans oublier de toujours laisser un dîner pour elles, la nuit, sur la table ou des vêtements pendus sur les clôtures. Si d’aventure, votre chemin devait croiser le leur, un petit conseil, portez sur vous absinthe, ail, livèche et raifort. Ces herbes magiques vous protégeront !

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