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  • Fées noires & Dames sombres – Mélusine

     

    Mélusine

    melusine
    © Pascal Izac

     

    Fille de la fée Pressine, princesse d’Albanie, Mélusine épousa Raymondin de Lusignan. Hélas, la curiosité de ce dernier lui valut de braver l’interdit du bain du samedi et c’est horrifié qu’il lui découvrit une queue de serpent ! La fée s’envola aussitôt et depuis lors hante les terres poitevines comme d’autres territoires où son ombre annonce malheur, mort et tourments. On lui doit également nombre de bâtisses, châteaux et même quelques églises…

     

    L’histoire se passe bien longtemps après que la dame serpent ait quitté le château de Lusignan. Dans les ruines d’un autre château, d’un autre temps. Un groupe de jeunes campeurs s’y était abrité pour passer la nuit, sur le chemin de leur randonnée. Ils avaient entre dix-huit et vingt-cinq ans et s’étaient promis de passer les plus belles vacances qui soient, descendant en vélo vers le grand Sud. Ainsi, chaque jour, il leur fallait trouver un endroit où camper, si possible sans dépenser un sou pour leur logement, afin de ne pas diminuer la caisse réservée en priorité à l’amusement, un peu aussi pour se nourrir bien sûr. Alexis faisait partie du groupe. Il était d’humeur plus taciturne que les autres et s’écartait souvent le soir venu pour explorer les lieux, aimant se réfugier sur un rocher pour y rêver ou gambader seul dans les sous-bois. Il avait besoin de ces moments de solitude pour se ressourcer, s’éloigner un temps des bavardages, rigolades et autres instants de complicité partagée entre amis. Ce soir-là, il avait dépassé les ruines pour s’enfoncer dans le petit bois qui prenait naissance à quelques mètres de là. Au bout d’une dizaine de minutes, il aperçut l’entrée d’une grotte. Le soleil était encore bien présent et sa lumière rassurante baignait l’entrée, formant une sorte d’invitation à y pénétrer pour celui qui passait devant. Alexis tenta l’aventure et, prudemment, s’avança à l’intérieur de la caverne. Il devait avoir fait une vingtaine de mètres maintenant. Derrière lui, il voyait toujours la lumière du jour tombant, les rochers se colorant d’une teinte rougeâtre l’avertissant de la nuit qui s’approchait. Il valait mieux ne pas demeurer ici et reporter l’exploration des lieux au lendemain avec l’un ou l’autre de ses camarades. Alexis s’apprêtait à faire demi-tour, lorsqu’il remarqua une petite étincelle au fond de la grotte. Piqué par la curiosité, le jeune homme se dirigea vers le reflet lumineux. Au fur et à mesure qu’il avançait, ses yeux s’habituant à la pénombre, il crut distinguer une forme humaine. C’est à ce moment que les rayons crépusculaires pénétrèrent plus avant dans la grotte et en balayèrent le fond, éclairant la scène qui se jouait devant le jeune homme. Un visage féminin d’une magnifique beauté lui faisait face à quelques mètres seulement de sa position. La femme du fond de la grotte éveilla chez le garçon un désir immédiat. Le soleil moribond poursuivit ses caresses, descendant du visage vers le buste. Le garçon ne pouvait détacher le regard de cette sublime créature, de cette apparition fantastique. Mais lorsque les rayons descendirent plus bas, c’est avec horreur que le jeune homme vit l’impensable: à partir de la taille, la femme portait des écailles, celles d’un serpent ! Au moment même où ses yeux se portaient sur le bas du corps de la fée, un terrible sifflement se fit entendre. Alexis décampa, sautant par-dessus les rochers, courant à travers la forêt en direction du camp, il hurlait à ses amis de fuir. Tous comprirent qu’un danger se présentait et arrachèrent ce qu’ils purent au campement déjà monté pour fuir à leur tour. Ce n’est que bien des années plus tard qu’Alexis découvrit, au détour d’un livre, une illustration qui le ramena aux souvenirs de cette soirée. On y voyait Mélusine, la fée moitié-femme, moitié-serpent.

  • Fées noires & Dames sombres – La Walkyrie

    La Walkyrie

    valkyrie
    © Pascal Izac

     

    L’on voit souvent s’abattre sur les champs après une sanglante bataille, une nuée de corbeaux. Pour qui observerait de près la scène macabre, il distinguerait parmi les volatiles de sombres femmes portant avec fierté l’armure des dieux. Ces vierges guerrières ne sont autres que les Walkyries venues chercher les âmes des valeureux morts au combat. Ces belles guerrières blondes aux lourdes armures se rencontrent toujours dans les pays en guerre. Sur leurs casques, deux ailes de cygne, leur animal-symbole, permettent de les reconnaître avec certitude.

     

    Pour le cavalier couché au flanc de cette colline, la guerre était finie. La charge avait été lancée deux heures plus tôt, dans un ultime espoir de renverser le cours de la bataille. Un espoir futile puisque dès le départ les dés étaient truqués. L’ennemi avait caché aux yeux des généraux le plus gros de leurs effectifs, dissimulé derrière la colline, au cœur d’une forêt qui se transforma en un énorme brasier durant les affrontements. La tactique était simple: mourir brûlé ou combattre. L’ennemi avait en effet amassé ses troupes dans les bois des jours durant pour au moment fort du combat, les diriger vers l’armée d’en face en ne leur laissant aucun autre choix que de combattre avec toute la hargne dont ils étaient capables. Les officiers avaient bouté le feu à la forêt, dressant un barrage infranchissable à leurs soldats, effaçant toute possibilité de retraite ou de désertion et cela avait payé. En face, le capitaine de cavalerie voyant sortir des bois cette meute déchaînée avait exhorté ses hommes à combattre non pas pour leur patrie, mais bien pour leurs femmes et enfants. L’envahisseur barbare venait tout anéantir et seule la bravoure de ses soldats pouvait les arrêter. Au cri de la charge, les centaines de chevaux dévalèrent la colline et heurtèrent de plein fouet l’ennemi, fauchant des dizaines de corps avant de sombrer comme engloutis par cette masse informe. Ralentis dans leur course, blessés par les piques, les chevaux et leurs cavaliers furent avalés par la plus terrible bataille que connurent ces terres. Deux heures plus tard, les corps inertes de milliers d’hommes jonchaient la plaine. Des corneilles atterrissaient déjà et enfonçaient le bec dans les blessures des morts. Au milieu de ces noirs volatiles, une femme, une guerrière à l’armure d’or marchait le regard traînant. La sublime créature s’attardait sur l’un ou l’autre soldat tombé sur le champ de bataille. Elle posait la main sur les corps tièdes et semblait murmurer quelques prières. Les hommes occupés à détrousser les cadavres ne paraissaient pas remarquer cette étrange présence. Seuls les oiseaux témoignaient de quelque intérêt à son égard.

    La Walkyrie arriva au pied de la colline. Là, elle se dirigea vers le capitaine de la cavalerie héroïque, étendu de tout son long, la poitrine ouverte d’un coup d’épée. Elle se baissa vers lui et déposa un baiser sur son front. Un moment plus tard, l’âme défunte du cavalier sortit de son corps et fit face à la fée. Elle l’enserra et s’élança vers les nuages.

    Sur la plaine ensanglantée, le soleil projeta l’ombre d’un cygne volant haut dans le ciel.

  • Fées noires & Dames sombres – La Roussalka

    La Roussalka

    roussalka
    © Pascal Izac

     

    Célébrées autour de la Trinité dans les pays slaves, les Roussalki se présentent sous la forme de belles jeunes femmes aux longs cheveux verts, roux ou blonds. A l’appel de leur voix suave, le cœur de l’homme bondit et dans l’étreinte qui s’en suit, il perd la raison autant que la vie. C’est la noyade qui attend le séduit, le désobéissant bravant l’interdit de ces jours sacrés. En ce temps hors temps, la Roussalka quitte les eaux qu’elle hante pour aller se pendre aux branches de bouleaux et y attendre les offrandes. On la connaît encore sous l’aspect de vieilles difformes aux seins pendants.

     

    Igor rentrait tard ce soir. Le soleil était presque couché et il n’aimait pas ça. Les esprits s’éveillent à la nuit tombée. Il devait, pour regagner son isba, traverser une partie de la forêt, le long de la rivière, deux lieux trop hantés pour que les gens s’y hasardent la nuit. Il hâta le pas. Il quitta le sentier baigné des timides lueurs rougeoyantes du crépuscule pour s’enfoncer dans la pénombre de la futaie. La traversée sous les feuillages ne devrait lui prendre qu’une dizaine de minutes. Un raccourci précieux car s’il avait poursuivi sur le chemin qui mène de la ville au village, cela lui aurait pris une bonne heure de plus. Alors, autant risquer ce détour, quitte à se faire une belle frayeur. Par ailleurs, il connaissait le chemin par cœur, l’ayant emprunté de très nombreuses fois, en journée bien sûr.

    Igor avançait rapidement, jetant un coup d’œil furtif sur ce qui l’entourait. Brusquement, il s’arrêta net. Devant lui, accroché aux branches d’un arbre, se tenait le corps d’une femme. Elle dormait. Igor ne savait que faire. Reculer doucement aurait été sans doute la meilleure solution mais contourner cet obstacle sans bruit lui permettrait de sortir de la forêt en quelques minutes seulement. Il opta pour l’idée la plus dangereuse. Lentement, il écarta une branche, puis l’autre, retenant son souffle, posant le pied précautionneusement sur le tapis de feuilles mortes. Sans quitter du regard la créature pendue aux branches, il passait maintenant à quelques centimètres de son visage. Les yeux s’ouvrirent. Verts, profonds, incroyablement beaux. Igor avait le cœur qui battait à tout rompre. La peur l’avait immobilisé, là, à la merci de cette Roussalka.

    La fée posa une main sur l’épaule de l’homme. Elle commença à descendre lascivement de son abri, glissant le long du corps d’Igor qui tremblait sous les premières caresses. Le parfum qui s’exhalait de la superbe créature, ses formes collées tout contre lui, tout participait à effacer son effroi pour faire naître le plaisir. Lorsque des lèvres chaudes, pulpeuses touchèrent les siennes, il s’abandonna totalement aux caresses de la nymphe.

    Au petit matin, des pêcheurs qui descendaient la rivière, aperçurent une masse sombre accrochée aux racines qui dépassaient de la berge. Quand ils s’approchèrent, ils firent la macabre découverte du corps d’un homme. Sa peau avait déjà pris une teinte bleutée. Son visage présentait des signes qui ne pouvaient tromper: les yeux exorbités et le rictus figé de celui qui avait connu l’extase mortelle des baisers de la Roussalka.

  • Fées noires & Dames sombres – La Banshee

    La Banshee

    banshee
    © Pascal Izac

     

    La Banshee, bean sidhe en gaélique « femme de l’Autre Monde », hante la verte Irlande de ses pleurs et de ses cris. On la connaît également en Ecosse. Vêtue dune robe verte et dun long manteau, elle sillonne tristement les campagnes. Son chant annonce le décès de ceux qui lentendent. Sombre destin de cette femme tantôt belle, tantôt vieille et laide dont le seul compagnon semble être le corbeau qui laccompagne. Si votre chemin croisait par malheur le sien, peut-être apercevriez-vous, sous ses cheveux longs, ses yeux rougis davoir tant pleuré. Peut-être à ce moment-là, entendriez-vous sa voix, son cri, son déchirement qui vous mènera sous peu vers lau-delà…

     

    Le vieux O’Connor n’arrivait plus à dormir. Cela faisait bientôt une semaine que les insomnies l’amenaient à se promener chaque nuit dans l’enceinte du parc entourant le manoir familial. L’homme descendit l’escalier, longeant les portraits de ses prestigieux aïeuls. Il y avait là plusieurs siècles de l’Histoire de l’Irlande qui pouvait se lire à travers les regards et les postures de ces hommes qui ont toujours défendu ce territoire. Plus qu’à ses habitants, c’est au pays que le vieil homme était attaché. Lui, le dernier des O’Connor ne s’était jamais résolu à quitter sa terre pour trouver une épouse. Il avait préféré demeurer dans cette grande maison, au début encore animée de domestiques, mais qui l’avaient quittée un à un. Le château familial ayant englouti le peu de fortune qu’il restait au clan, prendre soin d’un tel édifice au XXIème siècle était presque une hérésie. Le jeune idéaliste d’alors avait fait place au vieillard d’aujourd’hui sans perdre une once de cette volonté de rester, de s’occuper de ses terres. Le malheur avait voulu qu’il n’ait ni frère ni sœur et que son oncle décède jeune, sans descendance de ce côté. La situation géographique du manoir avait fait le reste pour que la solitude soit la seule compagne du Lord. En réalité, pas la seule. Une ombre féminine rôdait souvent dans les jardins. C’était elle que le vieil homme allait chercher chaque nuit depuis une semaine. Il voulait la voir, espérait la toucher. Il ouvrit la porte vitrée et descendit dans les jardins. Il dirigea ses pas vers le petit bois où les bouleaux dansaient avec quelques vieux chênes, tous vêtus de lambeaux de lichen. S’enfonçant sous les feuillages enflammés des couleurs de l’automne, il s’orienta vers le cœur du bosquet, puis, arrivé au pied du plus vieil arbre que comptent ses terres, il s’arrêta et écouta le chant de la nuit. Quelques minutes plus tard, un léger bruit se manifesta derrière lui. L’homme ne bougea pas. Il fermait les yeux. Un mouvement furtif, glissement d’une chose sur le sol. Un léger souffle, froid, dans sa nuque. Alors il sut. Le vieil homme se retourna. Face à lui se tenait la Banshee. Un visage d’une extrême pâleur, des traits d’une exquise beauté. Elle fixait l’homme droit dans les yeux et il vit alors les larmes rouler le long des joues de la belle créature. Il caressa de sa main ridée le visage glacé pour en effacer la tristesse. Il crut discerner une esquisse de sourire tandis que les yeux de la fée lui renvoyaient l’espace d’une seconde, l’idée d’un regret. « Ce n’est rien », dit-il. « Je suis heureux ». Le vieux noble quitta l’apparition et prit le chemin de son manoir. Derrière lui, un cri déchira la nuit. L’homme tomba sur le sol, sur cette terre qu’il chérissait plus que tout et où il reposerait désormais pour l’éternité.

  • Fées noires & autres Dames sombres – Introduction

    Chaque mois, je vous inviterai à découvrir une Fée noire. Les textes et images sont issus d’un projet de livre qui n’a pas trouvé de preneur côté édition. Pour que le travail ne soit pas perdu, j’ai donc décidé de placer sur ce blog les textes agrémentés des illustrations de Pascal Izac. Je vous invite d’ailleurs à découvrir son site et ses réalisations de grand talent !

    Pour commencer l’exploration de cette thématique sombre à souhait, voici une petite introduction. Bonne lecture !

     

    Fées noires
    & autres Dames sombres

    © Pascal Izac
    © Pascal Izac

    L’Autre Côté…

    Toutes les fées ne sont pas gentilles. Loin s’en faut ! Il suffit de plonger le nez dans les témoignages laissés par les anciens pour en faire ressurgir toute la noirceur qui accompagnait les fées d’alors. Les gens des campagnes d’autrefois craignaient autant les fées qu’ils ne les respectaient. On déposait l’offrande à l’orée d’un bois, sur une pierre plate ou dans le creux d’un rocher et il ne serait jamais venu à l’idée au demandeur de demeurer en ces lieux afin d’apercevoir l’être féerique. Chaque offrande visait autant une demande d’intervention pour chasser le malheur, s’en prévenir surtout ou apporter l’abondance d’une récolte prochaine qu’une invitation à rester chacun chez soi. Les fées dans leur territoire sauvage, leur grotte, le lit d’un torrent ou cette partie sacrée de la forêt. Les hommes dans leurs maisons, leurs champs et leurs prairies. Les offrandes se posaient sur les limites à ne pas franchir, d’un côté comme de l’autre. En bordure d’une culture, dans l’âtre d’une cheminée, sur la tablette d’une fenêtre ou à la lisière d’un bois. Franchir l’Autre Côté ne pouvait engager rien de bon.

     

    Et les « bonnes fées » alors ?

    L’emploi fréquent de dénominations en lien avec l’idée de bonté pour qualifier les êtres de Féerie ne cache à l’origine qu’une manière de se concilier leurs bonnes grâces. Parler des « Bonnes fées, Belles Dames » ne signifiait pas qu’elles étaient sages par nature. Ce sont des termes propitiatoires qui visaient la faveur des fées, de se concilier leur volonté afin d’attirer le bonheur et de repousser le malheur que les dames de féerie, en maîtresses du destin, tiennent entre leurs mains.

     

    The Unseelie Court

    Nos amis anglais ont une façon bien à eux de parler des bons et mauvais esprits. Si les membres de la Seelie Court répandent le bien autour d’eux, aident à faire éclore les fleurs, le soleil à se lever, la lumière à se répandre dans les foyers en même temps que le bonheur, il en est tout autre de l’Unseelie Court. Dans ce grand ensemble prennent place les lutins turbulents et les fées, horribles mégères et désirables aguicheuses. Avouons d’ailleurs que face à une nature trop lisse caractérisant les premiers, les aspérités offertes par ces êtres de l’Unseelie Court éveillent bien plus de curiosité. Pour eux, le mal n’existe pas. Le bien non plus d’ailleurs. Avec eux, pas de tranquillité mais la promesse d’une incessante activité faite de cabrioles, de mauvais coups ou de blessures bien plus profondes. Les êtres de l’Unseelie flirtent avec les péchés : gourmandise, désir, chapardise, jalousie, meurtre… tout leur est permis ! Ils brisent les codes de l’honneur et poussent les hommes dans leurs limites.

    Une chose profonde les lient entre eux malgré leur grande diversité de mœurs ou d’apparences : ils n’obéissent à personne, encore moins aux humains et restent toujours insoumis à l’ordre. Les fées sombres sont chaos. D’où leur insaisissable nature, leurs traits difformes, leur vilénie, leur instabilité, leurs rires francs et leurs hurlements. Elles sont tout ça et encore le contraire !

     

    Elfes noirs vs elfes blancs

    La mythologie nordique amène également une nuance dans la distinction entre le monde lumineux et aérien des elfes blancs, divinités fort anciennes et qui paraissent inaccessibles et l’univers des elfes noirs, ancré dans la terre. Leur peau sombre et leurs traits ridés par la vie les rattachent au monde souterrain, chtonien. Ici aussi pas de dichotomie claire, les elfes sombres ne sont pas obligatoirement synonyme du mal incarné. Et ceci se retrouve dans d’autres croyances. Le noir, le sombre n’est pas à comprendre comme le mal. Plutôt comme un attachement à la terre, à la nature pleine et sauvage, à la matière alors que le blanc, la lumière se rapprochent du spirituel, du monde divin. A cause de cela, l’un reste très proche de l’homme, lui tourne sans cesse autour, interagit souvent avec lui. L’autre s’en détache pleinement, s’en préoccupe très peu et l’observe de haut et de loin.

     

    Créatures de la Nuit

    La nuit est le territoire premier des esprits. Dans toutes les légendes, le soleil chasse les ombres. C’est dans l’ombre de la nuit que se glissent les fées noires. Sous la lune des premières croyances, elles apparaissent aux hommes, les attirent, les trahissent, les poussent vers le franchissement des limites. Les Fées noires et Dames sombres représentent tout ce qui nous effraye. Non pas le danger ou le tabou en tant que tels mais bel et bien leur franchissement. Car ce qui nous inquiète n’est pas l’être obscur qui se tient face à nous, c’est l’idée même de basculer avec lui de l’Autre Côté. La mort ne fait pas peur, mourir si. Et c’est bien cela qui nous terrifie autant qu’il nous fascine à travers toutes ces créatures de la nuit, de l’ombre…

     

    Vous trouverez dans les pages qui suivent trente portraits de Fées noires. Trente tableaux afin de ressentir, d’approcher ces étranges limites manifestées par les fées. Elles ont été choisies dans les grandes et petites mythologies, dans les récits anciens et les témoignages laissés par nos aïeuls, dans les murmures des campagnes et les croyances antiques. Au fil des siècles, toutes se sont croisées, mélangées, passant d’une région à une autre en y laissant leur trace, leurs peurs. Certaines furent des déesses avant que nos prières les oublient et que les hommes les glissent au fil du temps dans les légendes. D’autres accompagnent les hommes depuis toujours dans leurs superstitions quotidiennes, figures croquemitaines hantant nos rêves sans les croire capables d’apparaître dans notre réalité… et pourtant. Monstrueusement belles ou magnifiquement horribles, toutes appartiennent à la sombre féerie, celle qui nous touche en notre âme et conscience bien plus profondément que ne le feront jamais les êtres de lumière.

    Ouvrez ce livre. Partez à leur rencontre. Vous vous rendrez vite compte que vous ne pourrez plus le fermer. D’ailleurs, il ne l’a jamais été…

Suivez les fées !

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