Étiquette : féerie

  • La Forêt t.2 : Le Logis des âmes – Vincent Perez & Tiburce Oger – Casterman

    La Forêt (Tome 2)
    Le Logis des âmes

    Auteurs : Vincent Perez, Tiburce Oger

    Prix : 14,00 €

     

    Présentation de l’éditeur:
    “Il était une fois, non loin des côtes bretonnes, un petit bébé, qu’un druide avait mystérieusement déposé devant la porte d’un presbytère. Avant de repartir, une consigne fut donnée à la mère supérieure. L’enfant ne devait jamais connaître l’obscurité, car l’ennemi habite les ombres de la nuit, prêt à la posséder (…)”. Ainsi débute La forêt, grand récit légendaire aux couleurs d’une rêverie celtique, signé Vincent Perez. C’est l’histoire de ce bébé – une fille, Titiana – qu’il va nous être donné de suivre, au fil des pages flamboyantes dessinées par Tiburce Oger, auteur de BD accompli. La série possède le souffle puissant des grands contes européens tels que les ont écrits Grimm ou Charles Perrault. Les thèmes tels que la quête initiatique, le mariage, l’inceste, la nécessité de l’imaginaire, cher à ce genre littéraire apportent l’entrain et la dynamique propre à cette série grand public. Chaque tome peut se lire indépendamment des autres.
    Notre avis:
    Voilà une aventure qui se confirme pour l’acteur/scénariste Vincent Perez allié au talentueux Tiburce Oger pour cette incursion en forêt de Brocéliande. Le premier tome n’annonçait point de suite mais apparemment cela a tellement bien fonctionné que l’album s’est transformé en série. En effet, ce deuxième tome en annonce au moins un troisième ! Et pourquoi sans priver ? Si dans l’ensemble on relève quelques imperfections, quelques ellipses difficiles à avaler pour le lecteur, le tout est une jolie réussite. Un dessin depuis longtemps admiré et une histoire qui nous emmène dans la magie et l’univers féerique de Merlin… Un peu dommage que le deuxième volume comporte moins de créatures féeriques que le premier mais gageons que la suite nous en présentera d’autres ! Et puis, l’avenir du petit Erwan, petit-fils du diable et d’une fée nous passionne déjà !

  • Interview de Pascal Moguérou pour la sortie de L’univers des dragons II (Daniel Maghen) et du Sketchbook (Au Bord des Continents)

    Pascal Moguérou fait partie de cette nouvelle génération d’illustrateurs qui redonne leurs lettres de noblesse aux créatures de Faerie. Premier artiste à hisser haut la bannière des éditions Au Bord des Continents avec ses livres sur les Korrigans, Pascal Moguérou a ensuite fait très fort avec L’heure des fées avant de revenir sur le devant de la scène féerique ce mois-ci avec une double actualité. D’une part sa participation au livre L’Univers des dragons sorti chez Daniel Maghen, d’aure part son Sketchbook sorti aux éditions Au Bord des Continents où l’illustrateur livre croquis et petits secrets…

    Vous venez à nouveau de participer à l’Univers des dragons sorti chez Daniel Maghen et vous serez également au sommaire du tome 3. Les dragons, un thème qui vous fascine ?
    C’est un beau thème, d’une force inspiratrice sans pareille ! Qui ne serait pas fasciné par cette démesure ? Il est vrai que l’aspect sauvage du bestiau m’interpelle beaucoup plus que sa sagesse que l’on affirme tout aussi incroyable ; mais j’imagine que c’est plus d’un point de vue graphique que je me positionne… C’est sans doute cette omnipotence qui est intéressante à envisager, qu’il vienne fondre sur vous du ciel, ou surgissant des entrailles de la mer ou de la roche la plus dure, il représente à lui seul toute la symbolique des éléments naturels que l’homme ne peut contrôler ; tremblements de terre ou raz de marées, incendies ou ouragans… Comme le Hérault de la terre remettant à leur place les espèces inférieures, enfin quelque chose comme ça !

    Quel est votre dragon préféré dans ce deuxième opus ?
    Oh, il y en a une tripotée ! Ceux de Ségur ou Rossbach, le superbe quadriptyque de Didier Graffet ou ceux de Dean Yeagle, bien que je leur préfère les courbes avantageuses de Mandy ! Et bien sûr, celui de mon ami Jean Baptiste Monge, mais NOM DE ZEUS qu’allait-il bien faire dans cette pliure !

    Vous signez ici les magnifiques lettrines de cet ouvrage. Un exercice qu’on suppose difficile car il a fallu sans cesse se renouveler, non ? On voit souvent revenir les mêmes lettres ce qui complique le travail…
    C’est effectivement un travail qui n’est pas forcément compliqué mais assez contraignant. « Se renouveler » ! C’est vraiment le mot ! On se rend très vite compte qu’on ne peut imaginer un abécédaire complet tant certaines lettres sont récurrentes alors que d’autres n’apparaîtront jamais ! Comme j’ai dû coller aux textes des truculents mais ô combien sympathiques Laurent et Olivier Souillé, je me suis adapté de bon cœur … Mais comme les univers qu’ils abordaient étaient riches et différents les uns des autres, j’ai pu contrebalancer la répétition de la lettrine par un habillage graphique en rapport avec telle ou telle partie de leur texte ! Ça fleure bon le dragon, c’est ce qui compte…

    La lettrine parfaite selon vous ?
    A mon sens, la bonne lettrine a deux fonctions, elle est évidemment l’en-tête du paragraphe et comme telle, on ne doit pas perdre de vue sa lisibilité ! Le problème, c’est que, quand je commence une lettrine, je me laisse souvent déborder par l’envie jubilatoire d’en mettre des tonnes ! Jouer avec les jambages montants ou descendants, laisser aller les volutes et les enluminures, etc. L’intérêt de la lettrine enluminée c’est que c’est vraiment un lien, une passerelle entre le texte et l’illustration et qui confère à l’ensemble, une esthétique vraiment intéressante. L’avantage certain, c’est que l’habillage graphique que je vais lui donner est une illustration à part entière, ce qui m’évite de rajouter un « cul de lampe » pour poser un lieu ou un moment… La bonne lettrine, en somme, se doit d’être un juste équilibre entre le texte et le dessin ! Et éviter surtout que celle-ci n’outrepasse son rôle et devienne plus imposante que l’illustration qui se trouvera en pendant !

    Les lettrines se retrouvent dans d’autres de vos ouvrages et notamment le très bel L’heure des fées (Au Bord des continents). Une approche de féerie tout en douceur, en poésie. C’est là votre vision de Féerie ?
    C’est une partie de ma vision de Féerie… Sans même parler de nostalgie, mais se rappeler simplement de certains moments de l’enfance : le souvenir d’une bataille homérique de boules de neige, une odeur alléchante de gâteau à peine sorti du four ou allongé, serein, au milieu d’un champ de blé, le nez dans les nuages ; tous ces instants où tout semblait à sa place dans la plus merveilleuse des perfections ! Je peux vous assurer que si, à ces moments-là, vous aviez bien regardé autour de vous, vous auriez pu surprendre de jolies demoiselles ailées s’envoler prestement ! Alors bien sûr, votre raison affirmera que ce n’étaient que libellules au vent, mais quant à moi, je préfère continuer à croire !…

    D’où vous vient tout ce savoir sur les fées ?
    D’avoir trop traîné dans les bois ou sur les grèves ; d’avoir trop écouter les plaintes du vent sur la lande, qui sait ? Sans peut-être même m’en rendre compte, j’ai sûrement été musarder un peu trop loin en des lieux riches de magie… Hé ! Hé !

    Votre autre actualité est la sortie de votre Sketchbook (Au Bord des Continents). Vous y rendez dans le texte une sorte d’hommage à tous ces créateurs d’univers qui vous ont inspiré ou accompagné durant votre parcours. C’était ça, l’une des envies de ce livre ? Pouvoir citer publiquement ceux que vous admirez ?
    Tout à fait ! J’aurais pu, comme c’était plus ou moins entendu au début, faire un livre uniquement tourné sur la féerie et ses habitants et j’aurais eu sûrement plaisir à le faire…

    … Et puis, c’est un peu comme une pluie d’orage qu’on n’attend pas et qui vous tombe dessus ! L’envie de parler de tous ces dessinateurs avec lesquels j’ai grandi et qui ont éduqué mon œil et façonné mon trait, s’est imposée d’un coup, je dirais presque tout naturellement ! En fait, je pourrais parler des heures avec jubilation de génies comme Jean Cézard ou Franquin, Frazetta ou Buscema ! Alors que parler de soi est un exercice, pour moi en tous les cas, autrement plus difficile !

    J’avais tellement de choses à dire sur « mes pères spirituels  » que le livre s’est construit tout seul, ou presque ! Et du coup, faute de place, j’en ai laissé des tonnes ! Mais, pour une fois que je pouvais parler de tous ceux que j’aime sans avoir l’impression de barber tout le monde, ç’aurait été idiot de s’en priver, non ?

    On y découvre aussi votre travail sur le Magicien d’Oz. Une œuvre maîtresse pour vous ? Qu’est-ce qui vous a le plus touché dans cet univers ?
    J’adore cette histoire ! Elle va bien au-delà de la simple histoire pour enfants ! On peut y lire ce que l’on veut, mais c’est avant tout à mes yeux une belle ode à l’amitié et à la tolérance, une quête à la recherche de soi et peu importe si l’on doit cheminer longtemps sur sa route de briques jaunes… Du moment que la vie apporte de bonnes rencontres et de belles amitiés !

    Malheureusement ce projet cher à mon cœur reste un peu au fond de mes cartons. Pour l’instant, on va dire…

    Vous semblez également apprécier les nains… Peut-on s’attendre à un travail sur ces personnages ?
    Oui da ! Sans nul doute, ça fait un moment que l’idée de travailler sur des thèmes en lien avec l’heroïc fantasy me titille ! J’aimerais que l’histoire, l’univers autour soit vaste, mais les nains, ces fiers guerriers, en seraient le centre ! Alors maintenant les envies peuvent changer, on verra bien…

    On comprend, à la lecture de ce Sketchbook, que vous attachez beaucoup d’importance à l’humour dans votre vie…
    L’humour et la dérision, voui ! Il me semble que, quand vous arrivez à rire de vous-même et à tourner en dérision vos propres petits travers, vous avez déjà fait un grand pas vers la sagesse (comme aurait dit Gotlib : « ça sent pas un peu le sapin cette formule ? « )

    Un peu plus sérieusement, l’humour est un moteur puissant, qui convient bien à la Féerie ! Il y a bien sûr deux facettes à ce monde de même qu’en chacun de ses habitants, et je ne cache pas que l’envie de traiter leur aspect obscur me travaille mais les mises en situation cocasses et rigolotes prennent encore le dessus! En fait, j’ai dû me faire trop d’indigestions de « Mad  » avec toute sa clique de dingues : Wallace Wood, Jack Davis, Don Martin & Cie !

    Comme dit l’autre :  » Chassez le naturel… « ! En fait, je crois être un iconoclaste convaincu et j’ai beau faire, l’humour revient toujours au galop !

    Depuis vos premières publications qui se baladaient du côté des korrigans, votre style s’est affiné et adouci, il apparaît plus libre, plus envolé. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ces premières œuvres ?
    Je dois dire que je suis « tombé » dans l’illustration un peu par hasard, mais à bien y réfléchir, était-ce bien le hasard ? Du coup, il a fallu que je réponde à des contraintes ; délais toujours trop courts, des techniques que je ne maîtrisais pas forcément à l’époque et surtout la terreur de passer du dilettante flemmard au pro qui doit répondre à des attentes autres que les siennes ! C’est facile de faire, défaire, refaire à l’infini et en fait, ne jamais rien aboutir quand votre existence n’est pas en jeu mais quand vous devez croûter, là ça change votre horizon! Une chose est sûre, la maîtrise de n’importe quelle activité vient en la travaillant ! L’effet :  » boule de neige « aidant, il a fallu que je m’adapte très vite à la demande ! Mes débuts sur les chapeaux de roues m’ont fait la main et permis d’évoluer, et de continuer à le faire, dans le bon sens j’espère…

    Vous êtes lecteur de fantasy. Si vous deviez emporter trois livres sur une île, lesquels choisiriez-vous ?
    Diantre, c’est qu’il y en a du beau linge dans ce genre de littérature ! Bon, alors si je n’ai pas le droit de citer : Moorcock, Leiber, Pratchett, Vance, Anderson, Spinrad, Moore, Howard, Zimmer Bradley, Sturgeon, Chaumette (et j’en passe !). Tiens, j’aurais pu dire aussi si j’avais eu le droit : Herbert, Barjavel, Matheson, K. Dick, Van Vogt, Asimov… Mais là, vous allez me dire que ce sont des auteurs de SF alors…
    … Je dirais :  » Faërie, la colline magique  » de Raymond Feist ; « L’épée de Rhiannon « de Leigh Brackett et « Bilbo le Hobbit  » de Tolkien.

    Nous avons épinglé un personnage tout à fait génial dans L’Heure des fées. Parlez-nous du travail de Léonard Futunache…
    Ah, Léonard Futunache ! Qui n’a pas rêvé d’avoir une compagnie aussi charmante, serviable et besogneuse que la sienne ? Futunache est l’aimé des fées, laissant aller ses humeurs picturales au gré de ses pinceaux, pour le plus grand bonheur des belles demoiselles… Il pare leurs ailes des plus belles couleurs qui soient, s’ingéniant et se surpassant toujours pour faire de ses œuvres, à celui qui aura l’indicible bonheur de les contempler en vol, un instant de pure béatitude !

    Franchement, quel illustrateur n’a pas rêvé d’avoir un tel lutin comme ami, surtout quand il est charrette…

    Votre créature féerique préférée et pour quelle raison ?
    Ah ben vous en avez de ces questions ! Vous savez ce qu’il en coûte de se fâcher avec un korrigan ou une fée ? Parce qu’à bien y réfléchir et en toute conscience de ce qu’il peut m’arriver si je me fâche avec quelqu’un et si d’aventure, il me tombe sur le râble alors que je traîne mes guêtres un soir sur la lande…
    … je dirais les Dryades ! Parce que j’aime les arbres, regarder l’herbe pousser et écouter le vent qui joue de la harpe dans les feuilles des « grands verts « ! Et le plaisir de laisser deviner les courbes d’un corps féminin dans la rugosité d’une écorce est un bonheur à nul autre pareil !

    Propos recueillis par Le Peuple féerique en décembre 2008

  • Féerie Art – Fleurus

    Féerie Art – Peindre le monde des fées
    Amandine Labarre

    Editions Fleurus

    26,50 €

    Présentation de l’éditeur :

    Les secrets d’un monde féerique révélés aux artistes !

    * À quoi ressemblent les fées, comment s’habillent-elles, les lieux où elles se cachent, leurs occupations favorites… Avec un pinceau pour baguette magique, Amandine Labarre plonge le lecteur dans un univers merveilleux et lui enseigne pas à pas l’art de peindre un monde féerique.
    * Une introduction extrêmement complète aborde l’art du dessin et de la peinture (proportions, composition, techniques picturales) mais aussi tous les détails qui permettent de transformer un simple personnage en créature féerique.
    * 20 fées tout droit sorties de légendes sont dessinées étape par étape, de la première esquisse jusqu’au dernier coup de pinceau.
    * De très belles images complètent l’ouvrage, pour faire rêver et inspirer tous les artistes en quête de merveilleux.

    Notre avis :

    Qui n’a jamais rêvé de pouvoir mettre sur papier les créatures féeriques qui hantent son esprit ? Qui n’a jamais tenté de dessiner ce coin de verdure où de joyeux lutins forment une entraînante farandole? Qui n’a jamais désiré représenter sa douce moitié en beauté elfique ou son compagnon en prince féerique ? Hélas, mille fois hélas, comment se lancer ? Quelle technique choisir et où trouver l’inspiration ? Ces questions et d’autres trouvent désormais réponse dans ce livre écrit par Amandine Labarre, talentueuse illustratrice de Féerie. Tout au long des pages enrobées d’anecdotes féeriques, les techniques et astuces de la professionnelle sont expliqués simplement. Un savoir livré sans détour et qui devrait donner un sérieux coup de pouce à tous ceux qui veulent traduire leur passion sur feuilles à dessin ou aquarelles…

    Un livre qui s’adresse quand même aux personnes ayant déjà quelques connaissances côté proportions, perspectives et crayonnés, sinon vous risquez d’attendre pas mal de temps avant de pouvoir vous approcher de tels résultats. Mais en matière de féerie, l’important est de croire et de ne jamais se décourager !

    Remarque:

    La couverture du livre diffère au final du projet qui est présenté en début d’article. Ainsi, vous pourrez comparer. A noter que le titre est en argenté, ce qui ne se voit pas au scan… Voici la couverture:


  • L'interview d'Olivier Ledroit pour la sortie du tome 2 de L'Univers féerique – Daniel Maghen

    A l’heure où paraît le deuxième tome de L’Univers féerique d’Olivier Ledroit, nous avons pu lui poser quelques questions autour de ce projet féerique qui apparaît de plus en plus abouti. Regards sur un univers merveilleux où se côtoient fées-papillons, adorables poupons et monstrueuses apparitions.

    On a beaucoup dit que votre univers féerique était la part de lumière par rapport à la noirceur de vos BD, en fait votre univers féerique, surtout dans le T1 est assez ténébreux en réalité.

    C’est un peu vrai que l’on soit dans Requiem ou l’univers féerique, il y a un peu une part des deux.

    Depuis le premier tome, vous avez rencontré des lecteurs en salons, festivals… Quelles sont les réactions, les commentaires qui reviennent sur vos fées ?

    Les gens pensent souvent qu’il s’agit en effet de ma part de lumière ou d’une sorte de pause, de repos. En fait non, pas spécialement. Je suis occupé à travailler sur un autre projet, sur les fées noires, l’aspect diabolique des fées. C’est plus une différence d’approche, de technique. Dans l’univers féerique, il y a quand même pas mal de choses sombres, des monstres, etc.

    Le tome 2 est-il comme le tome 1, un mélange de dessins anciens et de créations nouvelles ?

    La proportion s’est inversée. Pour le premier tome il y avait beaucoup de reprises et peu de créations. Environ 80% de récup et 20% de création. Cela s’est totalement inversé pour le tome 2 vu qu’il n’y a que très peu de reprises…

    Vos fées s’affinent dirait-on. Dans le tome 1, elles avaient quasi toutes les yeux noirs, du moins cernés de noir, ici elles ont des yeux de couleurs différentes, des regards plus profonds.  Il y a aussi une thématique automnale, une certaine uniformité qui se remarque…

    J’espère en effet qu’il est plus abouti. Le premier, je l’avais fait avec un matériel existant tandis que pour le suivant, j’ai plus proportionné aussi les crayonnés, la gamme de couleurs. Effectivement, quelque chose de plus travaillé dans le concept. Le tome 1 était fait avec un matériel plus disparate.

    Vous comptez poursuivre ces univers féeriques ?

    J’aimerais bien en faire encore un ou deux. Et ensuite réunir le tout dans un gros bouquin sur la féerie. J’aimerais d’ailleurs remanier les textes. Comme je ne les ai pas fait moi-même…

    Oui, ce sont Laurent et Olivier Souillé à qui vous faites un clin d’œil avec votre famille Souillé en fin de tome 2 qui en sont les auteurs…

    En effet, ce sont des collaborateurs de l’éditeur Daniel Maghen. On a travaillé un peu ensemble suite à un concours de circonstances mais sur le premier il y avait un aspect que je n’aimais pas trop et qui est malheureusement encore présent sur le deuxième. Il s’est même accentué et on a eu beaucoup de mal à arriver au texte définitif. Pour la suite, j’aimerais mieux m’en charger seul. Ici, je fournissais les dessins sans vraiment de droit de regard sur les textes.

    Du premier tome, vous disiez qu’il y avait 3 thèmes : poupons, fées diaphanes et grotesques qui se retrouvent ici aussi mais lequel est pour vous celui qui demande le plus de travail et lequel est votre récréation ?

    Cela va, en réalité, beaucoup dépendre du dessin. Les grotesques demandent beaucoup de travail de croquis, de crayonnés. Le travail est très différent sur chaque figure, le plaisir du coup aussi. Il n’y a pas un type plus difficile qu’un autre. Par exemple, la difficulté chez les poupons est de saisir l’expression exacte. Un regard à la fois innocent et quelque peu bizarre, trouble, étrange… Les fées aussi demandent une démarche précise. En fait, chaque type, si la technique est différente, demande un processus de création qui comporte son lot de plaisir et de difficultés.

    Mais en comparaison avec la BD, l’illustration est beaucoup plus simple. J’ai mis cinq mois pour faire ce livre, c’est un travail très rapide. La bande dessinée demande toute une recherche narrative dans les images. Sans parler de tout le travail d’agencement des cases. Ici, il y a une voire deux illustrations par page, c’est beaucoup plus simple.

    Vos créatures, comment vous sont-elles inspirées ? Vous remerciez les personnes ayant posé en début de livre… Vous travaillez donc à partir de modèles ?

    Je travaille à partir de personnes réelles mais de tête. Sur Requiem, ce sont souvent des acteurs de cinéma, surtout pour les attitudes. Quand on pense à tel acteur, on sait comment il va s’asseoir, réagir, bouger… Pour l’illustration ce sont des amis.Ma fille a posé un petit peu pour Lola, la fée avec les souris des dents. Quand je fais tel ou tel personnage, je pense au visage d’une personne que je connais même si le résultat final s’en démarque bien souvent.

    Vous visitez également des pistes originales comme les fées Ambre, Rubis, Absinthe et Ivresse, toutes liées à des boissons… Fées et ivresse vont de pair ?

    En fait, il s’agit d’un travail de commande. C’était à l’origine pour faire des statuettes. L’idée était de faire des fées assises dans des verres d’alcool. Ce qui finalement était techniquement impossible.

    Faisant écho à la Farandole dans le tome 1, Selénia est un superbe travail de composition, un genre d’exercice que vous appréciez ?

    A partir du moment où dans la collection, il y a toujours une quadruple page, c’est vrai qu’il y a un passage un peu osé. Cela donne l’occasion de faire vraiment un grand dessin. Un peu comme une fresque… Par rapport au reste du livre cela représente un travail de plus longue haleine et oui, ça m’a bien plu.

    Les Chroniques de la Lune Noire de même que Requiem avait été perçus à leur sortie comme des ovnis et en même temps ils correspondaient à cette période où la culture goth s’affirmait dans les soirées et les rues. Ce début de siècle est marqué par un retour aux fées et, là aussi, vous arrivez avec votre style et ça fonctionne. Comment expliquez vous que vous semblez toujours être en phase avec la « mode de l’imaginaire » ?

    Y a pas vraiment de hasard… J’ai toujours quelques croquis sous le bras dans des univers différents. Un ou deux projets sous le coude et je les sors en fonction. Cela a toujours été très important pour moi que mes albums soient reconnus, que le succès soit au rendez-vous. Donc, je suis attentif aux modes. Mais bon, cela ne ma pas empêché de me planter par exemple sur un projet SF sorti à un moment de recul de la SF. J’aimerais d’ailleurs bien, quand le moment sera plus propice, relancer un projet SF.

    Etes-vous un passionné par le monde du Petit Peuple ?

    C’est quelque chose qui m’a passionné. A une époque, je lisais beaucoup là-dessus. Aujourd’hui, comme je travaille sur ce bouquin à propos des fées noires aux éditions Nickel, j’essaye de mettre de côté ce que j’ai lu sur le sujet. Pour travailler sur un aspect un peu plus gothique. Tout ce qui est Petit Peuple de Brocéliande etc. j’essaye de mettre ça de côté.

    Votre créature féerique préférée ?

    Il y en a deux. Deux de mes illustrations accrochées chez moi. Obéron et le Troll. Deux illustrations présentes dans le premier tome.

    Propos recueillis par Le Peuple féerique en décembre 2008.

  • Forest Faeries – Interview de Séverine Stiévenart à propos de ses photographies féeriques…

    Séverine est bien plus que notre « collègue » pour le présent blog. Elle est aussi l’auteure d’un joli petit livre qui rend un très bel hommage aux forêts et à ses habitants féeriques. L’idée de départ de ce recueil de photos de fées est une balade dans un bosquet appelé « Bois des rêves » où une photo assez étrange sera prise révélant une piste troublante: les fées se sont retirées de notre monde mais des traces demeurent. Des visages, des corps enfouis dans les branchages, dans les troncs… Suivront des dizaines de photos prises dans la forêt de Brocéliande (Paimpont en Bretagne) et sur le Sentier de l’étrange (Ellezelles, en Belgique). Le tout commenté de jolies petites histoires. Séverine nous en dit un peu plus sur ce livre intitulé Forest Faeries...


    Comment est née l’idée de ce recueil de photos féeriques ?
    Un peu par hasard. Il y a 8 ans, j’ai voulu tester mon nouvel appareil photo. J’ai profité d’une balade en forêt pour faire des essais et je me suis amusée à photographier les arbres sous différents angles. Lors du tirage, je me suis aperçue que sur plusieurs photos, on pouvait apercevoir des visages ! La forêt était remplie de petits êtres qui se dévoilaient sous l’objectif !! Ensuite au fur et à mesure de mes escapades en forêts, je me suis attachée à retrouver les traces du petit peuple…

    Quel en a été le souvenir le plus marquant ?
    « L’arbre aux mille visages ». J’ai pris la photo pour le visage le plus apparent mais je ne m’étais pas aperçue que derrière le tronc se cachait encore un personnage et ça a été ma grande surprise lorsque la photo a été développée !
    Quelque temps après cette photo, j’ai été contactée par un groupe russe qui chante en elfique, « Caprice ». Le chanteur avait pu voir cette photo publiée dans le magazine Khimaira et il me demandait mon accord pour l’utiliser pour la réalisation de la pochette de leur CD. Un grand moment…
    Le point de départ est que les fées ont fui notre monde mais que des traces demeurent. Pense-tu vraiment que les fées ont fui notre monde. Pourquoi ?
    Oui, à cause du non-respect de la nature, de la pollution, de la déforestation et de l’industrialisation grandissante. Les fées ne savent plus où aller, les hommes empiètent sur leur territoire.
    A côté de ça, l’imaginaire n’est pas une matière enseignée à l’école, est souvent reléguée au second rang, « croire aux fées » est vu comme quelque chose de dingue, ce n’est pas bien… Et tout le monde sait pourtant que pour que les fées existent, il faut y croire.

    Dans tes photos, chacun semble y voir des choses différentes, comment explique-tu cela ?
    Je pense que chacun a son imaginaire et que donc chaque vision est différente. C’est ce qui est intéressant aussi : chaque perception vient enrichir la photo et chaque histoire autour de cette photo est possible. Chacun se l’approprie.
    Tu accompagnes tes photos de fées de petits textes plein d’humour et de malice. Cela rend les sujets encore plus vivants. C’était ton intention ?
    C’était une manière de donner encore plus vie à la photo et ça la remet en situation. Chaque photo et chaque moment est unique, cela permettait donc de toutes les resituer aussi.

    Pierre Dubois signe la préface du livre. C’est un homme très attaché à la Nature et aux forêts. Que pense-tu de son oeuvre ?
    Je pense qu’il fait partie de ceux qui font vivre la féerie. Son œuvre sur le petit peuple est très complète et une référence pour beaucoup. J’ai beaucoup d’admiration pour lui et pour son travail.

    Et pour les forêts, c’est un monde enchanté pour toi ?
    C’est un monde vivant où se recueillir, s’évader et où trouver l’inspiration. La forêt est propice aux histoires, l’ambiance y est particulière, parfois menaçante et parfois complètement euphorique. C’est magique.

    Un dernier message à nos lecteurs ?
    Continuez de croire aux mondes imaginaires et respectez la nature, pour que vivent les fées.

    Si vous êtes un ami des arbres et des créatures féeriques, le livre FOREST FAERIES est disponible sur commande sur Fnac.com et sur le site de l’éditeur.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2008.

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