Le Peuple féerique vous propose également des rencontres avec les principaux éditeurs de féerie. Nos premières questions sont allés à Jean-Louis Fetjaine qui a publié de merveilleux ouvrages photographiques avec ses complices Jean-Babptiste et Sandrine Rabouan…
Au catalogue des éditions Fetjaine, on trouve plusieurs ouvrages féeriques. Pourquoi avoir choisi de publier ce genre de livres ?
C’est un sujet auquel je me suis d’abord intéressé en tant qu’auteur, depuis Le Crépuscule des elfes. Je trouve que le livre – aussi bien le roman que le livre illustré – est un support idéal pour l’imaginaire. La Fantasy est un domaine encore mal connu, alors que tout le monde s’y intéresse.
On constate une augmentation des livres à thème féerique. Comment expliquez-vous ce succès actuel ? A quoi est-il dû?
D’abord à la période, qui est favorable à l’évasion, surtout vers un monde imaginaire présentant une alternative au monde réel. La Science-fiction parle de l’avenir et aujourd’hui, l’avenir est plutôt inquiétant. La Fantasy, au contraire, parle d’un passé réinventé ou d’un présent différent, qui pourrait exister. C’est à mon sens ce qui explique son succès.
Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
Les elfes, bien sûr… Parce que j’ai écrit déjà cinq livres à leur sujet.
Y a-t-il d’autres projets féeriques en cours d’édition chez Fetjaine ?
En fin d’année, deux ouvrages importants : L’Encyclopédie de la Fantasy, par Jacques Baudou, critique au Monde et membre du Prix Imaginales, et le nouveau livre de l’illustrateur Brian Froud, le plus grand maître de la peinture féerique. Ca s’appellera Le Monde de Faerie.
Propos recueillis par le Peuple féerique en mars 2009.
Le Graal a fait rêvé tant d’hommes au cours des siècles. Chaudron magique procurant la vie éternelle ou coupe du Christ, ce symbole est à la base de nombreuses fictions. La série de bande dessinée « La Quête du Graal », parue dans la collection Soleil Celtic et dont le troisième tome est déjà en libairie, renoue avec la féerie et les croyances celtes tout en nous procurant le plaisir d’une fiction d’aventure. Pour donner une apparence aux chevaliers de la Table Ronde et aux royaumes magiques qu’ils traversent, Stéphane Bileau déploie tout son art du dessin. Créatures fabuleuses et belle Guenièvre vous donnent rendez-vous dans cette interview.
Vous avez pris le parti de jouer à fond la carte de la féerie dans « La Quête du Graal » et non pas de présenter un côté plus « réaliste » ou « historique »…
Oui. Ça me paraissait une évidence dès le départ. Déjà parce que je me sens plus à l’aise comme ça. Pour moi, La quête du graal est un roman fantastique et féerique… Je trouve que ça aurait été le dénaturer un peu que de le traiter de manière historique. Personnellement, c’est une histoire qui me fait rêver. J’aimerais pouvoir faire partager ça en la mettant en images.
Et puis, j’en avais marre de voir dans les films qu’excalibur ne se comporte que comme une banale épée, et que le simple fait de la porter garantissait la victoire. J’avais envie de donner forme à sa magie.
Guenièvre fait partie des chevaliers de la Table Ronde. Cet élément donne une image très différente de celle à laquelle nous sommes habitués.
C’était un choix des le début.
J’avais un petit a priori là-dessus quand François (Debois, NDLR) m’a présenté le scénario. J’avais encore en tête le « Arthur », sortis récemment au cinéma où l’on voyait Guenièvre en amazone et ça m’avait un peu dérangé. Mais à force, je me suis fait à l’idée et j’ai essayé de me l’approprier.
Le fait est qu’une Guenièvre plus mièvre aurait plus difficilement trouvé sa place dans cette série. On a plus laissé ce rôle à Viviane. François en joue beaucoup, il avait envie d’aborder la relation Arthur-Guenièvre de manière plus terre à terre et de la faire évoluer, plutôt que de partir sur un amour passionnel dès le départ. C’est un contre-pied qui m’a parut assez intéressant.
Au début de l’histoire on nous parle de la mort de Ban de Bénoïc. Peux-tu nous en dire plus sur ce proche d’Arthur et premier amour de Guenièvre. S’agit-il de Lancelot ? Si je ne me trompe, Ban de Bénoïc, dans la légende, est le nom du père de Lancelot…
Oui, Ban est le père de Galaad, le futur Lancelot du lac.
Lancelot du lac vieillit plus vite que les autres personnages dans le plan féerique où il passe ses épreuves. Quand il rejoindra Arthur et qu’il apparaîtra devant Guenièvre pour la première fois, il aura à peu près l’âge de son père quand il est mort…
C’est un univers à la trame assez complexe. Comment travailles-tu avec François Debois pour cerner chaque pièce du puzzle qui se met doucement en place ?
François nous présente toujours (à Bruno Stambecco et moi) son travail à chaque stade de son évolution. La trame est en place. Nous, on en discute, on essaye de trouver les failles, on discute aussi de nos idées et de nos envies. Chacun rebondit sur l’idée des autres, c’est vraiment enrichissant. cette lecture lui permet de faire évoluer son récit vers le scénario final.
Après, moi, bien évidemment, j’impose mes planches sans les leur montrer. Que eux ne puissent rien en dire, c’est plus pratique ! Comme ça, moi, j’ai rien à refaire. J’aime beaucoup travailler avec eux !
Dessiner la féerie, c’est un univers qui t’inspire beaucoup ?
Disons que ça paraît beaucoup plus facile pour moi de m’évader sur ces thèmes que sur du contemporain trash… Comme beaucoup, j’ai grandi dans cet univers-là. Quasiment toutes mes illustrations en sont issues. C’est l’univers qui m’inspire le plus. Que j’aime le plus.
La conception d’une créature passe par quelles étapes ?
Ben en fait, je travaille beaucoup au feeling, y’a pas vraiment de règle. La seule chose dont j’ai besoin avant tout, c’est de connaitre son caractère et son rôle. Il me faut savoir ce que le scénariste en attend. Ça me permet de me faire une idée globale de ce que doit apporter la créature ou le personnage.
A partir de ça, je fais des recherches jetées sur plusieurs feuilles volantes jusqu’à trouver un croquis qui me convienne. Quand j’en trouve un, je le précise, le termine. ça m’arrive de la décliner sur un ou deux angles. Mais en général, je me contente d’une seule vue. Parfois, un plan américain suffit. Le but, c’est d’avoir en tête la créature et un petit visuel pour mémoire.
En général, j’essaye de faire en sorte qu’elle dégage quelque chose une fois sur la page.
Si la créature doit très peu apparaître, je la travaille directement sur la page finale. Leur forme et leur composition découlent souvent des cases dans lesquelles elles apparaissent.
Sinon, quand je ne suis pas inspiré, je pars de formes globales au hasard et je regarde ce qui sort. J’essaye d’utiliser des formes improbables et hasardeuses. Quand je me penche à nouveau dessus plus tard ça peut provoquer un déclic et créer un nouveau monstre intéressant.
Si c’est un personnage, ça m’arrive simplement de faire des séries de tronches.
Si le monstre m’inspire, j’essaye d’en tirer des illustrations, pour moi, dès que je m’en donne le temps.
Quelle est ta créature féerique préférée et pourquoi ?
Ça, c’est difficile à dire. J’aime beaucoup les licornes et les centaures. Les licornes pour ce qu’elles représentent à mes yeux . Et les centaures parce que j’aime bien les créatures hybrides.
Les fées aussi j’aime bien parce qu’elles sont souvent plus facile à dessiner.
Soleil Celtic est une collection qui semble recueillir de plus en plus de succès. De ton point de vue, qu’est-ce qui attire les lecteurs vers ce genre d’albums ? Comment expliquer le succès des korrigans et autres créatures féeriques ?
L’univers féerique, c’est l’univers du rêve et du songe, il est emprunt de mystère. Peut être est-ce une contre partie au sentiment faux qu’on aurait de tout savoir, tout connaître. Tellement l’information et la désinformation sont facilement accessibles aujourd’hui. On finit par avoir le sentiment d’avoir tout vu, tout découvert.
J’ai l’impression que les coins sauvages et mystérieux ont quasiment tous disparus… ceux-là même qui alimentaient nos contes de magie. Nos forêt ne font plus peur. On doit se battre pour essayer de sauver nos espèces animales menacées les plus retranchées. On détruit tout ce qui nous fait rêver. On démystifie.
Retrouver cet univers, c’est peut-être retrouver un peu tout ce qu’on perd par ailleurs.
Propos recueillis par le Peuple féerique en mars 2009.
Retrouvez l’actualité de Stéphane Bileau sur son BLOG.
C’est bien connu, les fées et les lutins sont de sacrés gourmands ! Certains sont d’ailleurs à l’origine de nombreux mets et autres délices comme le « vin de fée » à base de sureau, les fameux brownies sur lesquels tout le monde craque, le whiskey of course !, et mille autres choses plus délicieuses les unes que les autres…
Pour vous aider à cuisiner à la façon des fées, certains livres de recettes existent. Et il y en a pour tous les publics !
Commençons ce petit tour d’horizon par « La cuisine des elfes, des dragons, des hobbits et autres créatures fantastiques » d’Elodie Guillemin par chez Tana Editions. Un livre plein d’imaginaire et d’imagination qui vous permettra d’égayer les repas de vos bambins ou d’épater vos amis lors d’une soirée sur le thème de la féerie. Les recettes présentées sont originales, fraîches, modernes et très amusantes à réaliser. Des tuiles au parmesan à la brouillade d’oeufs de dragons dorés, il y en a pour tous les goûts et toutes les occasions !
Lait de licorne et crapaudine écarlate. Voilà, entres autres choses délectables, ce qu’Amandine Labarre vous propose dans son « Précis de cuisine féerique » paru chez AK éditions. Cette illustratrice amoureuse de la Nature vous fait découvrir mille saveurs au travers de plats inspirés par des plantes, des fleurs sauvages et autres ingrédients dont elle a le secret.
Le « Petit Précis de Cuisine elfique » est d’abord un très beau livre calligraphié et superbement illustré. Chaque recette y est décrite sous des tournures poétiques qui vous feront saliver bien avant d’avoir coupé le premier aliment ! Texte de Laurence Germain et illustrations de Yannig Germain aux éditions Au Bord des Continents. Vous y dégusterez de délicieuses Coquilles Saint-Jacques en Méli Mélage, du faisan à la réglisse, la crème brûlée à l’herbe de sorcier, de succulentes tomates confites miellées avec des pignons grillés… Et tout cela en suivant le rythme des saisons !
On reste chez le même éditeur avec, cette fois, un ouvrage jeunesse dessiné par René Hausman et conté par Michel Rodrigue. « La Grande Tambouille des fées » nous raconte les aventures de Valentin et de ses drôles de visiteurs qui hantent leur nouvelle maison… A la fin de l’ouvrage, vos petits génies des fourneaux trouveront de très chouettes recettes à essayer sans plus tarder: gâteau d’écailles de dragon, étoiles de fées, petits pâtés des lutins, philtre des trois souhaits, etc. De quoi éveiller leur imaginaire et leur donner le goût de la cuisine, mmmmh !
Pour terminer ce petit tour de livres gourmands, nous restons dans le domaine privilégié des petits avec les « Contes et Secrets des Feuilles et des Herbes » de Jacques Bertinier. Un livre très joliment illustré par Lucile Thibaudier et paru aux éditions Fetjaine. Ce petit livre plein de charme et de poésie aidera vos bambins à découvrir les différentes plantes aromatiques: thym, romarin, menthe, basilique… Un livre qui recèle des secrets fabuleux mais aussi de petites recettes très sympathiques et très faciles à réaliser. Au menu: bâtonnets d’angélique confite, beurre persillé, salade de pissenlit et infusion de romarin.
Voilà, il ne vous reste plus qu’à passer à l’acte, sortez casseroles et tabliers !
Quant à nous, nous vous souhaitons un bon week-end et… bon appétit !
Linda Ravenscroft est née en 1963. Elle vit en Angleterre entourée de sa petite famille et de nombreux animaux de compagnie. Elle habite près d’une petite forêt qui l’inspire continuellement pour ses créations. Sa technique favorite est l’aquarelle. Artiste professionnelle, elle est également l’auteure de plusieurs ouvrages didactiques.
L’amour qu’elle porte à la Nature, elle le doit à ses parents qui lui ont raconté tant d’histoires merveilleuses quand elle était petite. Ses peintures et dessins représentent une féerie très positive, voire naïve car elle aime à voir le monde plein d’espoir. les fées aujourd’hui plus que jamais sont importantes pour elle, pour nous aider dans ce monde moderne et ce n’est pas incompatible.
Le Peuple féerique vous invite aujourd’hui à vous plonger dans ses oeuvres aussi touchantes qu’agréables. Un joli moment d’évasion.
René Hausman avec son Grand Fabulaire du Petit Peuple paru dans le magazine Spirou, ses bandes dessinées (Laïyna, Trois Cheveux blancs, Le Prince écureuil, Camp-Volant, etc.), ses livres illustrés et ses nombreuses peintures et illustrations de la Nature et du Petit Peuple est une figure incontournable de la scène féerique. Inspirateur de nombreux talents actuels, précurseur de l’illustration féerique franco-belge, le Peuple féerique ne pouvait que croiser la route de ce Grand Monsieur, amateur de légendes et devenu légende lui-même. Petit échange téléphonique un matin de mars 2009…
Avec votre complice Pierre Dubois, vous plongez les lecteurs de Spirou dans un Grand fabulaire du Petit Peuple. Plus tard vous publierez avec Dubois les aventures de Laïyna. Vous nous ferez vivre des légendes pour les albums avec Yann. Vous nous plongez dans le monde des légendes encore avec votre dernier album, Camp-Volant. Le fantastique, le Petit peuple et vous, c’est donc une longue histoire ?
Ben oui, comme je l’explique dans l’avant-propos de Camp-Volant, l’origine de cette attirance envers le monde des légendes est due à ma grand-mère. Elle qui, lorsque j’étais petit, me contait tant d’histoires merveilleuses ou fantastiques, les légendes ou, parfois, des faits avérés qui se sont passés dans les forêts ardennaises, berceau de mon enfance. Quand j’étais petit, j’adorais qu’on m’offre des livres d’images, des bandes dessinées mais aussi des livres illustrés. Et c’est vrai que mes deux sujets de prédilection c’était d’une part, les animaux et puis d’autre part, les contes, les légendes et ce genre de choses un peu fantastiques. Il faut dire aussi que je suis un vrai belge dans le sens où ma grand-mère était ardennaise, mon père issu de la frontière allemande, et son patois à lui était ce qu’on appelle pompeusement un « francique carolingien » et plus communément le plattdeutsch, le « plat allemand » et ça ressemble au limbourgeois. De là, des connivences déjà avec tout un imaginaire germanique. Les deux ensemble, ça a donné un univers plutôt porté vers le fantastique et les légendes.
Comment expliquez-vous que vos albums BD revêtent souvent un côté cru et cruel ?
Tout simplement parce que dans les contes, c’est comme ça. On pense généralement que ce sont des histoires destinées aux enfants mais moi, je ne le crois pas. Ils ont une vertu initiatique, Pierre Dubois vous l’expliquerait mieux que moi. C’est un monde symbolique, pensez au Petit Chaperon rouge, une espèce de cheminement au travers de la forêt et de la nuit… Bettelheim et sa psychanalyse des contes de fées l’explique très clairement. Ce passage à l’âge adulte… Je pense qu’on ne peut pas édulcorer ça. Cela doit être montré tel quel. Barbe Bleue égorgeant ses femmes, l’ogre dévorant les enfants… Il n’y a aucune raison de faire de ces contes des histoires à l’eau de rose, ce qu’ils ne sont pas. Les deux contes faits avec Yann sont particulièrement crus et cruels, j’ai d’ailleurs eu des critiques à ce propos mais tant pis… Là, nous nous sommes donnés à fond dans le côté terriblement réaliste et méchant, finalement, de la vie.
Vous adorez la Nature et les animaux que vous dessinez avec une force extraordinaire. D’où vous vient cette attirance pour la Nature ?
Je suis trop farfelu pour être devenu un naturaliste, pas assez sérieux. Quoique adolescent, j’ai collectionné très sérieusement les insectes. Je me prenais alors pour un entomologiste. Mais en fait, ce que j’ai surtout bien aimé est la représentation graphique des animaux dans les images les représentants. J’étais également en contact direct avec les animaux ayant vécu mon enfance à la campagne. D’ailleurs une excellente école, rien ne remplace l’observation directe. J’adorais collectionner les chromos de chocolat. Les autres enfants se passionnaient pour les voitures mais moi pas du tout. Moi les bagnoles, ça m’a jamais, jamais branché. Moi c’était les animaux. Je possède encore d’ailleurs des albums d’images de l’époque que j’ai gardés ou retrouvés.
La Nature recèle bien des secrets. Ce côté mystérieux vous l’appréciez beaucoup également…
J’ai connu des chasseurs notamment qui m’ont raconté plein d’histoires… Il ne faut d’ailleurs pas croire que les chasseurs sont mauvais. Ce sont des gens qui vivent avec la Nature. Bien entendu, y a les braconniers infâmes mais il y a surtout de véritables connaisseurs de la Nature et de ses secrets…
Trouvez-vous que les gens reviennent aujourd’hui à la Nature ?
Oh je pense que oui, certainement. D’une manière ou d’une autre. Il y a beaucoup de balades qui se font dans la nature, y a un respect général plus poussé qu’il y a un certain moment. Les gens nourrissent avec intelligence les petits oiseaux l’hiver. On respecte mieux les sentiers forestiers, les pistes de ski. Y a un progrès mais beaucoup reste à faire.
La féerie, c’est un moyen également de se rapprocher de la Nature ?
Je vous avoue que ce n’est pas vraiment dans ce sens-là que les lutins m’intéressent. Bien sûr, ils sont intimement liés à la nature mais il y a autre chose… J’ai un jour croisé la route d’Haroun Tazieff, le volcanologue. Et lui s’étonnait beaucoup qu’on s’intéresse aux légendes, aux mythes, aux fées alors que la Nature est tellement merveilleuse et extraordinaire en soi. Il avait peut-être raison…enfin, je confesse une perversion pour mon goût que j’ai des fées, des lutins, des sorcières, des dragons…
Vous avez illustré de très nombreux livres. Notamment La Grande Tambouille des fées et La Grande Tambouille des Lutins aux éditions féeriques Au Bord des Continents. On y trouve quelques recettes originales en fin de livre. L’art culinaire, c’est quelque chose que vous appréciez également ?
J’ai aussi illustré pas mal de livres de recettes d’un ami restaurateur. J’aime beaucoup cuisiner aussi. Je crois qu’à part le dessin c’est mon occupation préférée.
La musique ne vous est pas étrangère non plus, on se souvient du groupe les Peleteux…
Oui, de la musique traditionnelle. Encore une fois on ne quitte pas vraiment le créneau, cela avait beaucoup à voir avec quelque chose de proche de la Nature. Ce qu’on appellait à l’époque nos racines… Là aussi, on voit ce genre de choses revenir, on appelle ça aujourd’hui la musique du monde… Chaque région, chaque pays possède une grande richesse. Notez que la France pour moi est le territoire le plus riche à ce niveau mais dans le même temps le plus ignorant de sa propre richesse folklorique, c’est étrange comme constat. La Wallonie est également une terre riche en traditions. On en revient mais pas de la même façon qu’il y a trente ans…
En 1957, on pouvait lire vos aventures de Saki et Zunie, en 2003, celles des Chasseurs de l’Aube… Vous abordez là, la Préhistoire. Un temps où l’homme vivait en parfaite symbiose avec la nature. Vous auriez aimé vivre ce temps-là ?
Ecoutez, moi je suis très content de mon époque. Ça nous permet de survoler, même si c’est de manière artificielle les autres époques. Je pense que ça ne devait pas être drôle, la Préhistoire. Mais je pense que nos ancêtres lointains devaient avoir une vie psychique très riche. Ce n’était pas des « sauvages », ça, j’en suis persuadé. Mais de là à souhaiter vivre à cette époque-là, non. Déjà vivre il y a soixante ans, c’était dur, rien qu’au niveau des maladies devenues bénignes maintenant…
Je me souviens avoir bu un délicieux café dans une brasserie vervietoise nommée L’ogre de barbarie. Elle était décorée de vos œuvres. Les expositions, les décorations de lieux, c’est quelque chose qui vous attire, c’est important pour vous ce type d’échange avec le public ?
Oui, bien sûr. Pour moi c’est très important. Des expositions et des rétrospective, j’en ai fait mais de voir mes œuvres dans de tels lieux, rien ne peut me faire plus plaisir. Vous savez, quand mes œuvres sont vendues à des amateurs, elles disparaissent dans leurs collections alors que dans un lieu public, chaque jour de nouvelles personnes peuvent les découvrir. Pour moi, c’est très important et très agréable. On a commencé ça il y a une vingtaine d’années et de temps à autre j’en propose une nouvelle.
Vous avez créé récemment, avec votre épouse Nathalie Troquette, les éditions Luzabelle. On y parle de l’édition en intégrale du Grand Fabulaire du Petit Peuple. Peut-on avoir plus de détails ? Y aura-t-il des inédits ? Une date de parution ?
D’abord, on aimerait bien ne pas se confiner à mes propres œuvres uniquement et proposer d’autres artistes, faire découvrir d’autres talents. Mais bien entendu il faut rentabiliser quelque chose avant de grandir, on commence donc doucement.
Cela dit la reproduction des affiches du Grand Bestiaire paru autrefois chez Dupuis n’a jamais été aussi bien réalisée. Donc dans le même temps, je me fais plaisir.
Pour le Grand Fabulaire, c’est vraiment le projet, le grand projet. Rien n’est encore vraiment lancé. Il n’y aura pas d’inédits mais de nouveaux textes écrits par Pierre Dubois, les précédents ayant servis à son Encyclopédie des lutins dessinée par Roland Sabatier.
Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
Le gnome. C’est une émanation de la Nature plus fruste et plus rugueuse que la fée. Le nain, le gnome qui sort de la terre, des racines…
Vous êtes plus illustrateur que dessinateur BD ?
Absolument ! Illustrateur d’abord, oui. D’ailleurs, mes BD se font en sélection directe, je serai bien malheureux de devoir travailler avec des bleus ou avec un coloriste. Ce serait vraiment la mort dans l’âme…
Vos projets ?
Je termine une bande dessinée avec Rodrigue, l’auteur des Tambouilles. Elle paraîtra au Lombard dans la collection Signé. Il s’agit un peu d’une extrapolation sur le Chat botté. Il y a 54 pages et j’en ai fait 40, ça devrait donc sortir cette année.
Propos recueilis par le Peuple féerique en mars 2009