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  • Rencontre avec Krystal Camprubi

    Rencontre avec Krystal Camprubi

    C’était en 2004… Quelques questions posées à une jeune illustratrice qui faisait ses débuts dans le monde de l’ilustration féerique…

    Pouvez-vous nous parler du pourquoi de votre passion pour l’Imaginaire ?

    Enfants, nous avons tous une imagination extrêmement fertile. La plupart des gens perdent cette faculté et ce regard en grandissant. Je ne sais pourquoi, le désir de cultiver des rêves au jour le jour, et de cohabiter avec, est resté intact chez moi. Ce qui bien vite, s’est heurté à mon monde environnant. J’ai la sensation d’être souvent un anachronisme, comme si j’étais venue au mauvais endroit ou au mauvais moment. Quand j’ai découvert l’art de l’Imaginaire, au travers de grands noms de la peinture ou de l’illustration, comme Siudmak, Alan Lee, ou Brian Froud, mais aussi par le biais de Tolkien, je me suis reconnue dans leurs oeuvres et dans leurs aspirations. J’ai compris que l’art de l’imaginaire me permettrait d’ouvrir des fenêtres dans ce monde clos, de toucher mes rêves sans restriction, comme dans l’enfance. Et peut-être de pouvoir partager ces rêves avec d’autres, ce qui est une des plus grandes chances d’un l’artiste.

    Quel a été votre parcours pour en arriver à être artiste-peintre en Fantasy ?
    J’avais pris une orientation tout à fait différente, puisque j’ai fait des études en lettres et en musique, tout d’abord. Mais je n’ai jamais lâché les pinceaux. C’était mon oxygène.

    En peinture, je suis autodidacte, mais ce qui m’a tenu lieu de professeur, c’est principalement un profond désir d’observer intimement le monde environnant. C’est ainsi que, petit à petit, j’ai appris un alphabet visuel pour transcrire mon monde intérieur, un monde plus confus sans doute, mais plus dense et plus important à mes yeux. C’est en observant beaucoup que j’ai commencé à pouvoir jeter sur le papier, les premières visions qui me traversaient. Le paysage d’un artiste peintre est infini. Quand on a la chance d’avoir cet outil à disposition, on a envie de faire partager nos paysages intérieurs. C’est ainsi que, sans penser à une éventuelle possibilité d’en faire mon métier, j’ai commencé à rassembler un bon nombre de tableaux, parallèlement à mes études. Au final, j’ai fait d’heureuses rencontres… La première, la plus décisive peut-être, fut celle avec Wojtek Siudmak, en novembre 2001. Après une mémorable conversation dans le train qui nous ramenait du festival des Utopiales, j’ai pris le parti de suivre son conseil et de me lancer dans le métier.

    Vos oeuvres expriment une grande douceur et parfois de la tristesse. Qu’essayez-vous de transcrire: au travers de vos tableaux ? Un regard porté par le Petit Peuple sur les hommes ?
    Je crois qu’il s’agit surtout d’une nostalgie venant d’un sentiment de perte. Je ressens la même tristesse quand je vois un arbre coupé, une forêt mutilée pour faire place au béton. A la vue de ces spectacles, j’ai la sensation d’avoir un coeur d’elfe, et de ressentir leur peine, de concert.

    Lorsque je peins mes elfes, ils sont chargés de ces sensations. Ils portent en eux l’imminence de leur fin et le triste constat que ce monde est perdu pour nous.

    Quelques mots sur votre actualité ou vos projets…
    Les projets sont divers et variés, étant donné que j’ai la double casquette de peintre et illustratrice !

    On prévoit d’abord plusieurs expositions à Paris et l’année prochaine, une participation au festival Faerie 2005 à Arlon, en Belgique.

    Je vais également avoir bientôt (enfin !) quelques stages auprès de grands maîtres, notamment Claude Yvel, un maître contemporain du trompe-l’oeil. C’est un plaisir de pouvoir enfin bénéficier de l’expérience de gens du métier pour évoluer dans le bon sens.

    Côté illustration, je travaille à la réalisation d’un Herbier du petit peuple: j’ai été très marquée par l’oeuvre de Brian Froud et Alan Lee sur les Faëries, et j’aimerais réaliser un travail dans le même esprit.

    Je recherche par ailleurs des réseaux de distribution pour mes produits dérivés, récemment sortis. Et divers projets de produits un peu originaux sont à l’étude, comme par exemple une véritable tapisserie d’Aubusson, sur l’histoire des elfes, en collaboration avec un maître licier. Ce sont deux arts qui ont toujours magnifiquement cohabités !

    Mais aujourd’hui, le projet qui me tient le plus à coeur, c’est un calendrier Tolkien en collaboration avec Pascal Yung, qui a déjà travaillé pour Tolkien Enterprises.

    Ma passion pour le Seigneur des Anneaux est toujours aussi vive, et cela était un rêve depuis longtemps…

  • Petit portrait de Brian Froud

    Petit portrait de Brian Froud

    Une illustration de Brian Froud

    Né à Winchester en 1947, Brian Froud sort en 1971 du Maidstone College of Art. Il commence par travailler sur divers projets comme réaliser des couvertures de livres, de magazines ou illustrer des livres pour enfants. Aujourd’hui, il est devenu l’illustrateur le plus fameux pour tout ce qui concerne le Petit Peuple.

    L’histoire de Brian Froud en tant que peintre du Petit Peuple commence véritablement par la publication de Faeries avec Alan Lee (Les Fées, aux éditions Albin Michel). Le livre est un gros succès et décide Alan Lee à se lancer dans l’illustration de Fantasy avec la carrière qu’on lui connaît, notamment dans l’univers de Tolkien. Par contre, Brian Froud, reste aux frontières de Faerie et s’y plaît tellement qu’il n’empreinte nulle autre voie. Sur la préparation du film Dark Crystal (Jim Henson), il fait la connaissance de sa future épouse, Wendy, qui est créatrice de poupées. Elle vient d’une famille d’artistes et c’est tout naturellement qu’elle crée sa première poupée à l’âge de six ans. Passionnée de mythologie antique et de merveilleux, elle donne forme à centaures, licornes, satyres… Elle a également sur l’Empire contre-attaque où elle a créé Yoda !Les Froud au grand complet ont collaboré à Labyrinth, le film de Terry Jones, où apparaît leur fils, Toby (le bébé volé par David Bowie !).C’est d’ailleurs à la suite de ce film que Brian Froud a une idée excellente pour faire admettre ses créations par le monde de l’édition plus tourné vers l’Heroic Fantasy que vers le Petit Peuple. Avec Terry Jones, il propose avec humour le Livre des Fées séchées de Lady Cottington (Glénat), le projet séduit d’abord les éditeurs, ensuite le grand public et ouvre définitivement la voie à l’art de Brian Froud. Depuis, les publications s’enchaînent, livres, calendriers, cartes postales et le talentueux peintre de Faerie ne cesse de travailler dans son petit coin d’Angleterre.

    Le style unique de Brian Froud (combinaison alchimique d’acrylique, crayons de couleurs, pastels et d’encre) fait de son oeuvre une curiosité indépassable. Il a su donner au monde de féerie des visages emplis de malices et de réalisme. Nombre de nos propres visions du Petit Peuple lui sont dus aujourd’hui. Le maître avoue trouver l’inspiration en son âme. Comme s’il se laissait guider par une quelconque force extérieure. Doucement, des images se créent, des images qui racontent leur propre histoire… L’histoire de petits êtres difformes, tout droit sortis d’une Nature délicieuse. Des créatures entre deux formes prêtes à toutes les facéties…

    Pour les plus curieux d’entre-vous, on ne saurait trop vous conseiller d’aller faire un tour sur le site http://www.worldoffroud.com/ , vous y trouverez tout l’art des Froud et bien plus encore !

    De quelques ouvrages récents des Froud…

    A Midsummer Night’s Faery Tale ( aux éditions Simon & Schuster )est le fruit de la collaboration entre Wendy Froud et Terry Wendling la célèbre éditrice et auteure de fantasy.Basé sur une relecture de la pièce de Shakespeare et inspiré des poupées de Wendy Froud, le livre nous conte les aventures de Sneezle, un jeune fé d’à peine 200 ans…

    Good Faeries, Bad Faeries (aux éditions Simon & Schuster, sous la direction de Terri Windling) qui comme son nom l’indique présente les bons lutins et les mauvais… Pour qui se passionne de l’art de Brian Froud, voilà un livre richement illustré à ne pas oublier !

    Brian Froud’s Goblins! (Editeur : Harry N. Abrams, sous la direction de Ari Berk)

    Voilà une œuvre bien singulière ! Certains prétendent que le livre est tout imprégné des pouvoirs malfaisants des Goblins ! Si vous désiriez tout connaître de ces capricieuses créatures et de ces mauvais farceurs, vous voilà bien servis !

    Lady Cottington’s Pressed Fairy Book

    Lady Cottington avait défrayé la chronique au début du Xxè siècle en révélant des photos où l’on pouvait y voir des fées. Appuyée par Conan Doyle et Barrie, il y avait eu tout un débat à l’époque sur l’authenticité de la chose… Ce livre serait une reproduction du journal de Lady Cottington, découvert dans le grenier de son château après sa mort.

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  • Civiello, dessinateur du Petit Peuple ?

    Civiello, dessinateur du Petit Peuple

    KorrigansLe Petit Peuple, Emmanuel Civiello le connaît bien. Passionné depuis toujours par les légendes celtiques, son imagination nous emmène souvent au-delà des frontières de notre monde. Imprégné de ces légendes traditionnelles et de leur atmosphère médiévale, Civiello crée des univers brumeux et des personnages très réalistes. Son graphisme est unique, reconnaissable entre tous. Ses univers nous happent, tant les lieux et les événements sont crédibles et cohérents. A 31 ans, son travail sur le Petit Peuple est déjà tellement impressionnant qu’il est devenu une référence en la matière. Civiello, un des ces auteurs à posséder la clé de la porte vers l’Autre Monde?

    Légendes celtiques et mythologie…

    Autant La graine de folie que Korrigans marquent votre intérêt pour les légendes celtiques. D’où vous vient cette passion pour les légendes anciennes et les peuples imaginaires ?

    Civiello : Ma mère a toujours aimé les livres. Tous les livres, romans, livres de science, d’histoires, d’ésotérisme… C’est par elle que m’est venu le goût de la lecture. Pas vraiment les mêmes sujets, bien que c’est elle qui me fit découvrir, enfant, Bilbo le Hobbit. Cela m’a tellement plu que j’ai commencé à dévorer tout ce que je trouvais sur le sujet. Les romans ainsi que les livres d’illustrations et certaines BD. L’univers de Tolkien est tellement bien construit qu’il pourrait bien être plausible. Mais, d’autres écrivains ont également inventé un monde particulier, se basant sur un futur peut-être proche ! Je pense notamment à Dune de Franck Herbert, roman que j’ai adoré. Mais bon, nous nous éloignons. Mettons plutôt alors la légende du roi Arthur où l’on découvre la perte des anciennes croyances et donc du Petit Peuple. Sujet qui m’a fort marqué comme l’on a pu le découvrir avec l’histoire de La Graine de Folie. Je préfère la version de Marion Zimmer Bradley où l’on est beaucoup plus proche de la terre et des anciennes croyances des origines plutôt que des stéréotypes du roi Arthur et des chevaliers chevauchant dans de belles armures bien dorées !

    Thomas Mosdi, votre scénariste avec qui vous travaillez également sur La Graine de Folie, est aussi un grand passionné des légendes traditionnelles. Vos univers de conteurs et vos connaissances en mythologie celtique se recoupaient-ils ?

    La Graine de foliePour ma part, je ne pense pas avoir de connaissance particulière en mythologie celtique, j’ai simplement beaucoup lu à ce sujet. Quand à Thomas, ayant officié dans le jeu de rôle pendant de nombreuses années, je pense qu’il maîtrise le sujet pour l’avoir potassé.

    En ce qui concerne nos « univers de conteur », Thomas et moi avons su nous mettre sur la même longueur d’onde et la fin de La Graine de Folie en est l’exemple. Maintenant, sur Korrigans nous continuons d’affiner cette vision ! A force de discutions, nous arrivons à trouver un équilibre.

    Créatures enchantées

    Les premières planches des albums de Korrigans (1ère édition) sont des pages de croquis. Dans vos représentations, on sent que vous cherchez à coller le plus fidèlement possible à la réalité. Pourquoi et sur quoi vous basez vous ? Où cherchez-vous l’inspiration ?

    Plus les créatures et les univers seront réalistes, plus ils seront crédibles. Ce qui fait, par exemple ou ce qui a fait les premiers Guerre des Etoiles, c’est la véracité et la réalité technologique d’un monde purement fictif. Ce qui est le cas également de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Le fait d’avoir créé différents langages, différentes cultures et des différenciations au sein même des peuples, fait de tout cela un monde on ne peut plus réel !

    L’inspiration est partout autour de nous. Il suffit simplement de regarder. Et, parfois, pas besoin de transformer un nez ou une souche d’arbre, celle-ci contient déjà l’antre d’un gnome et le personnage est là devant moi…

    Quels sont les contrastes ou les détails importants que vous vouliez faire ressortir entre les différentes créatures de l’Autre Monde (Korrigans, Cluricaunes, Formoîrés…) ? Quelle est celle que vous préférez dessiner ?

    D’abord un contraste très important, dans n’importe quelle légende féerique, on nous parle de ce rapport de taille, petit ou grand, d’êtres qui ont diminué ou grandi au fil des ans ou d’êtres qui sont devenus tellement minuscules qu’ils ont disparu… comme les Elfes !

    Dans les croyances populaires, on ne verra jamais un ogre de cinquante centimètres mais plutôt de deux ou trois mètres (ce qui a aussi pour but d’effrayer les enfants) et l’on ne fera jamais une fée ou un elfe de six mètres de haut… (bien qu’il y en ai eu). Tout cela en fait, correspond à une iconographie établie au fil des âges.

    Celles que je préfère dessiner : toutes ! Elles sont toutes intéressantes à dessiner mais, ça va peut-être vous surprendre, j’adore faire les « monstres ».

    Quelle est votre créature préférée issue du Petit Peuple ? Pourquoi ?

    Incontestablement, toute la faune noire, le côté obscur de la féerie. Je trouve que, dans leur malveillance, il y a un côté séducteur !

    Ambiances sombres

    La plupart de vos planches sont de véritables tableaux. Le travail en couleurs directes renforce le sentiment de réalité et transporte l’imaginaire. Il contribue à porter le lecteur au-delà de la frontière des mondes. Un mot sur votre technique et l’effet recherché ?

    L’effet recherché : le réalisme !

    La Graine de folieLa couleur est directement travaillée sur le crayonné des pages. Je ne fais jamais d’encrage. Je travaille à l’acrylique. Et même si beaucoup pensent que l’aérographe est un instrument « facile » d’utilisation pour les effets tape à l’œil et un peu rétro, je l’utile pour les ombres, les lumières, les flous, les halos, les ambiances de brumes. Personnellement, traiter une histoire d’Heroic Fantasy à l’ordinateur gâche un peu la donne… je ne parle qu’au niveau BD… Lorsque l’on voit le résultat de Peter Jackson, on révise son jugement !

    L’histoire de la petite Luaine se déroule en Irlande et se réfère aux antiques légendes celtes irlandaises. Quelle(s) différence(s) majeure(s) au niveau des légendes et des créatures faites-vous entre l’Irlande, la Bretagne ou l’Ecosse par exemple ?

    Personnellement je n’en vois aucune. Les trois lieux précisés auraient fonctionné à merveille, car chaque pays contient son lot de légende et de créatures mythiques.

    Inspiration et impressions

    Vous êtes un grand admirateur du travail de René Hausman. Qu’est-ce qui vous fascine dans son œuvre ?

    Eh bien, tout ! Surtout la simplicité qui en émane. Le fait que tout est immédiatement reconnaissable. Un nain, n’a jamais été autant un nain que chez René. Que dire de ses frondaisons… Magnifiques !

    D’autres noms gravitent autour de votre univers : Brian Froud, Alan Lee, Tolkien… Toutes ces personnes ont-elles quelque chose en commun et qui est partagée par vous?

    Le rêve. Cette faculté de nous faire plonger dans un univers tout à fait crédible et, surtout, d’avoir réussi à donner corps à l’imagination partagée par tous. Enfin, pour ma part j’essaye car ce n’est pas facile d’apporter quelque chose de nouveau…

    Qu’avez-vous pensé de l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson ? Et de l’adaptation de Bilbo le Hobbit en BD ?

    S’il est une oeuvre marquante de ce siècle, c’est bien cette adaptation cinématographie. Oh bien sûr, comme tout fan et lecteur de Tolkien, je pourrais lui en vouloir de ne pas avoir été aussi fidèle et d’avoir fait quelques transgressions. Mais cela n’a-t-il pas gagné en épaisseur ?! Se référer totalement à l’œuvre littéraire aurait peut-être été un peu ennuyeux. L’intervention d’une femme au scénario a apporté un côté plus romantique qui, selon moi, contribue positivement à l’œuvre. Du côté imagerie, rien à en dire. C’est tout bonnement du génie.

    L’adaptation BD, et bien, c’est tout le contraire. Même si les qualités graphiques de l’auteur dans d’autres ouvrages fonctionnent à merveille, je trouve que dans cette histoire, elles sont un peu déplacées. On ne retrouve ni la noirceur des grands moments, ni l’héroïsme et l’envolée lyrique, et encore moins le féerique.

    Projets

    Quelques mots sur vos projets ou vos envies dans la bande dessinée…

    Deux albums de Korrigans sont encore prévus. Peut-être plus…

    Sinon, à l’opposé, je réalise actuellement le premier tome d’une série sur la mafia, sur un scénario d’Hélène Herbeau. L’action se situe dans les années 30 à LA.

    J’illustre également les textes de Catherine Quenot pour une série de quatre petits livres sur le Petit Peuple, chez Albin Michel. C’est une sorte de carnet de route de la féerie.

    Sinon, j’ai d’autres idées de scénars que je suis en train de peaufiner et qui, j’espère, verront le jour dans un avenir assez proche…

    (suite…)

  • Des origines du Petit Peuple…

    Des origines du Petit Peuple…

    Le Petit Peuple connaît un certain regain d’intérêt ces dernières années. On se complaît à posséder l’une ou l’autre effigie sur les étagères de sa bibliothèque ou de petites créatures dissimulées dans la verdure de son jardin. On collectionne les ouvrages, les cartes postales, les affichettes à leur image. On voit fleurir échoppes d’artisans, marchés féeriques et autres festivals ou expositions leur rendant hommage. Un intérêt que le mouvement celtique, la littérature et le cinéma de Fantasy ainsi que certaines envies de renouer avec la Nature expliquent en grande partie. Mais d’où vient ce Petit Peuple ? D’où sont-ils donc issus ces êtres farceurs et qu’on a tant de mal à rencontrer lors de nos balades nocturnes en forêt ?

    Certains prétendent que la religion chrétienne a transformé certaines divinités celtes ou encore romaines, bref païennes, en ces êtres aujourd’hui cachés. D’autres racontent que ce sont des esprits de la Nature (une théorie fort peu éloignée des divinités celtes ou encore des satyres, sylvains ou nymphes des mythologies antiques).

    Toutes ces divinités ou créatures mythiques auraient alors formé le Petit Peuple. Toujours dans cette optique divine, ils seraient ces dieux que les hommes ont progressivement abandonnés, ce manque de foi les auraient relégués à un certain «arrière-plan». D’autres soutiennent encore que ce sont les Tuatha De Dannan qui ont trouvé refuge sous terre et que leurs descendants sont devenus ces créatures féeriques.

    Diverses légendes formulent d’autres explications de l’origine des Faeries… Des anges déchus, d’anciens druides ou encore des enfants non baptisés étaient pour les chrétiens du Moyen-Age des personnes ni assez mauvaises pour aller en Enfer, ni assez bonnes pour le Paradis. Elles erraient ainsi sur Terre… Une croyance nordique voudrait que Eve cachât aux yeux de Dieu une partie de ses enfants qu’elle n’avait pas encore lavés. Puisque ces enfants Lui avaient été dissimulés, ils le seraient aussi aux yeux du monde… On raconte encore qu’il s’agirait d’anciens peuples ou tribus chassés par l’avancée des celtes et qui se seraient progressivement soustrait aux yeux de leurs ennemis… Enfin, Sir James M. Barrie propose le conte selon lequel le premier rire du premier enfant se brisa en mille morceaux qui s’élancèrent de partout en créatures merveilleuses… Cette jolie explication rappelle encore l’histoire de cet homme rencontrant sur sa route une petite créature. Voyant qu’elle ne l’effrayait point, celle-ci se mit à grandir monstrueusement. Mais l’homme ne frémit pas le moins du monde et dit à la créature que seul le fait d’entrer dans cette noisette pourrait l’impressionner. Aussitôt dit, aussitôt fait et tout aussitôt l’homme emporta la noisette chez le forgeron qui réduisit le fruit en d’infimes particules. Chacune d’entre elles devenant un être de Faerie !

    Alors quelle est l’histoire vraie ? Toutes nous semblent receler une étincelle de Vérité… A vous de choisir votre préférée !

    Le SAVIEZ-VOUS ?

    Shakespeare par sa pièce Songe d’une Nuit d’été contribua beaucoup au succès du Petit Peuple. En proposant des personnages issus des mythologies celtique et grecque pour ses esprits de la Nature, il témoigne de l’intérêt porté sur le sujet au 16ème siècle.

    Des fées et des morts…

    Souvent liés aux tertres funéraires, à un monde souterrain, les fairies se sont fait une réputation mortelle. Il n’est pas rare que l’apparition d’une des créatures soit annonciatrice d’une mort prochaine…

    Des êtres si familiers…

    Dans les croyances antiques, nombre de petites divinités étaient liées à la maison et la famille. Doit-on y déceler l’origine de certains membres du Petit Peuple si familiers dont farces et péripéties trouvent place en nos demeures ? Même aujourd’hui, ne raconte-t-on pas que ce serait les gremlins qui saboteraient nos ordinateurs ?

    Quelques lectures féeriques…

    A Dictionary of Fairies de Katherine Briggs (Pantheon Books)

    B.A. BA lutins, de Jean-Paul Ronecker, aux Editions Pardes

    Faërie : La colline magique, de Raymond E. Feist, Editions France Loisirs (Ed : Presses de la Cité pour la première édition)

    Fairy & Folk Tales of Ireland de W.B. Yeats, (First Collier Books)

    Les contes du petit peuple de Pierre Dubois, illustré par Claudine et Roland Sabatier, aux Editions Hoëbeke

    Gnomes, lutins, korrigans, farfadets, trolls et autres génies du monde, textes rassemblés par Dominique Besançon et Sylvie Ferdinand, Editions Terre de Brume

    Le dictionnaire féerique, d’André-François Ruaud, illustré par Marie Dereau, Lachâtaigne, Patrick Larme et Stéphane Poinsot, Editions de l’Oxymore

    Le grand livre des gnomes de Terry Pratchett, aux Editions J’ai Lu (entre autres il doit exister dans d’autres éditions….)

    Nains et gnomes, (L’univers féerique vol 2) de Edouard Brasey, Edition Pygmalion.

    Vie et mœurs des lutins bretons, Françoise Morvan, Editions Babel

  • 2004, Peter Pan a 100 ans !

    Peter Pan a 100 ans !

    Qui n’a jamais rêvé de rester un enfant toute sa vie ? De vivre sans souci, dans un Imaginaire où se côtoient pirates et indiens, fées et créatures de toutes sortes… Lorsque James Matthew Barrie donne naissance à Peter Pan, c’est toute son âme qu’il lui insuffle et c’est toute notre jeunesse qui s’y inscrit. Cent ans plus tard et après être passé par les studios Disney ou encore, tout récemment, le crayon de Régis Loisel, Peter Pan demeure un mythe universel et sans ride aucune. Petit voyage à Neverland…

    Comme nous le rappelle la judicieuse publication de la pièce de Barrie aux éditions Terre de Brume, « Peter Pan a 100 ans et pas une ride…« . Ce petit garçon facétieux, naïf et éternellement jeune, est né en 1902 dans Le Petit Oiseau Blanc. Mais c’est réellement dans la pièce éponyme dont la première se tiendra en décembre 1904, que Peter Pan prend son envol. James Matthew Barrie décide de faire de la pièce à succès un roman, en 1911; il l’intitulera Peter and Wendy. Cette dernière prenant une importance de plus en plus grande. C’est encore l’auteur qui supervisera la première adaptation cinématographique en 1924. Un film muet, excellent, de Herbert Brenon avec, dans le rôle de Peter, Betty Bronson (Et oui, une fille ! Chose courante dans le théâtre lorsqu’il s’agit d’interpréter un jeune adolescent…). Mais le Peter Pan que nous connaissons certainement le mieux reste celui de Walt Disney qui finira de convaincre tous les petits et grands enfants de la force de ce personnage, de cette histoire qui traverse les années sans perdre de son charme et de sa puissance.

    Qui est Peter Pan ?

    Le héros de Barrie est d’abord et avant tout le symbole du refus de grandir. De nos jours, en effet, le complexe de Peter Pan, qui touche en majorité les hommes, désigne cet état d’esprit enfantin, ce refus des responsabilités, cette envie d’éternelle jeunesse… Dans l’œuvre, nombreux sont les points communs entre Peter et son auteur. Ne fut-ce que cette éternelle question de la mère, obsession perpétuelle pour Barrie (Sa tragédie: une mère adorée lui préférant son frère aîné, disparu à 13 ans). Pour un aperçu des liens entre l’auteur et son héros, nous vous conseillons la préface de Franck Thibault à l’édition de Terre de Brume (2004), riche en enseignements. Cette préface a le mérite de mettre l’accent sur Peter Pan en tant que « célébration de l’imagination au pouvoir et une glorification de la jeunesse… » mais relève que l’œuvre est également « l’expression d’une profonde blessure« .  Cette blessure, ce mal être seront quelque peu effacés par le dessin animé de Walt Disney (1953) et sa suite (Peter Pan, retour au pays imaginaire, de Robin Budd, 2002) pour être pleinement révélés par le Peter Pan de Loisel (Vents d’Ouest, 1996-2004), préambule à l’histoire de Barrie. Se faisant, Loisel réussit là un coup de maître, celui de recolorer Peter Pan de sa sublime noirceur…

    Un siècle pour une éternité

    Depuis la première représentation théâtrale jusqu’à aujourd’hui, rare sont ceux qui ont pu échapper à Peter et sa bande de gosses perdus. Le Pays de Jamais-Jamais a même donné son nom au parc de Mickaël Jackson, victime mondialement célèbre de ce fameux complexe d’éternelle jeunesse ou, dans le cas de la pop star, de jeunesse perdue qu’il cherche à retrouver…

    Le cinéma livrera une suite à Peter Pan (Robin Williams) au travers de Hook de Steven Spielberg (avec la délicieuse Julia Roberts en fée clochette !). Mais il faudra attendre la version de P.J. Hogan, en 2004, pour donner lieu à une véritable magie digne du Pays de Jamais-Jamais. Spectacle garanti !

    Si le cinéma s’accapare la magie de Peter Pan, la bande dessinée penchera bien plus du côté sous-jacent de l’œuvre et éclairera de ses planches et de ses cases l’aspect poétique, toute la profondeur du monde de Barrie.

    Cosey, dans A la recherche de Peter Pan (Le Lombard), nous propose une histoire centrée autour d’un écrivain débarquant dans un paisible petit village suisse. Les références à Peter Pan sont multiples : la recherche de l’inspiration, les souvenirs d’enfance (du héros et de l’auteur), la poésie… Tout récemment, Marion Poinsot nous mène dans un univers plus accentué côté pirates avec les aventures de Dread Mac Farlane, la sœur de Peter Pan, aux éditions Clair de Lune. Mais encore une fois, l’œuvre ultime autour de Peter Pan reste celle de Loisel. Suivant un idée émise par Pierre Dubois, éminent spécialiste du Petit peuple mais également des récits de pirates, Loisel va lier Peter Pan à Jack l’éventreur, donnant au côté obscur de l’œuvre de Barrie encore plus de profondeur. Il nous ballade entre un Londres malsain et le Pays de Jamais-Jamais, où cette faculté qu’ont les habitants de l’île d’oublier sans cesse apparaîtra des plus cruelles. En six tomes, Loisel émeut, touche, pourfend nos âmes avides de merveilleux. Une œuvre sucrée et amère à la fois, un pur régal.

    La Fée clochette

    Si Barrie accorde au fil des réécritures de plus en plus d’importance au personnage de Wendy, le public, depuis l’adaptation de Disney, semble accorder ses faveurs à un autre personnage important de l’histoire: la Fée Clochette.

    Inspirée par le modèle-type de pin-up des années 50 pour sa version animée, la fée muette deviendra le symbole des programmes TV de Disney et des feux d’artifice de ses parcs d’attraction. Loisel lui rendra la parole, seulement intelligible par les habitants de Jamais-Jamais et en fera une fille sensuellement boudinée, aux bas de guêpe, qu’on s’arrache sous forme de posters, ex-libris, statuettes, etc.

    Devenue un véritable mythe, elle apparaît de tous côtés, que ce soit au final de Roger Rabbit, dans Shrek ou encore, sous les traits de Kylie Minogue, dans l’enchanteur Moulin Rouge. On la retrouve encore en littérature française, sous les trait de la fée Chandelle ­- qui faillit s’appeler Clochette -; délicieuse, espiègle et jalouse, elle tient compagnie au chevalier Kantz, dans le cycle de Wielstadt de Pierre Pevel (chez Fleuve Noir et réédités chez Pocket).

    La Fée clochette est devenue le véritable symbole de l’Imaginaire et de l’inspiration féerique. De toutes les fées de nos légendes, celle de Barrie reste la plus présente dans les esprits de chacun. Si Peter Pan représente l’envie de l’éternelle jeunesse, La Fée Clochette est, elle, le symbole du désir de l’Imaginaire. Un imaginaire toujours lié à l’enfance, ses jalousies, ses colères et ses actes irréfléchis.

    Barrie avait eu quelques craintes, lors de la première représentation, au sujet de Clochette. Son héros demandait au public d’applaudir pour faire revivre la fée mourante, empoisonnée. Car les fées ne meurent que si on arrête de croire en elles. Cent ans plus tard, l’auteur peut se reposer en paix, car les applaudissements fusent toujours pour la petite créature ailée, espiègle et bougonne mais éternellement adorable… comme le sont nos chers bambins.

    Si l’envie vous prend de vous envoler vers le Pays imaginaire, on ne saurait trop vous conseiller d’emprunter la porte discrète mais combien fabuleuse de la vie de J.M. Barrie racontée dans le sublime Finding Neverland de Marc Forster avec dans le rôle de Barrie, un Johnny Depp très convaincant. Un film qui a su allier la réalité et la magie. Une magie qui a soufflé ses 100 bougies…

    Bon anniversaire Peter,

    bon anniversaire Clochette !

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