Nous l’avions interviewé il y a quelques temps (lire ici) mais il était temps de lui consacrer aussi un petit article sous forme de portrait. Le voici donc…
Jean-Baptiste Monge est né à Nantes en 1971. C’est sa rencontre avec Erlé Ferronière qui l’encourage à frapper aux portes des éditeurs de Féerie jusqu’à croiser le chemin d’Au Bord des Continents, le dynamique éditeur breton chez qui paraît en 1997 le premier livre de Jean-Baptiste Monge: Halloween !
Jean-Baptiste poursuivra sa route en Faerie nous livrant les très beau A la recherche de Féerie (véritable révélation des talents de Monge et Ferronière qui signera leur succès immédiat, deux tomes en 2002 et 2004). Puis, c’est seul qu’il décide de continuer l’aventure avec un premier carnet de croquis, puis le livre Celtic Faeries, préfacé par Pierre Dubois. Mais le coeur et l’esprit de l’illustre illustrateur rêve d’encore plus d’aventures et de découvertes. Et puisque le net permet de voyager, vivre loin tout en fournissant un travail à distance, Monge décide de s’installer au Québec en 2010. Ce grand changement de lieu s’accompagne également d’un élargissement de son travail puisqu’à côté de son éditeur des débuts, Jean-Baptiste Monge signe des livres chez Daniel Maghen et au Lombard.
En un peu plus de dix ans, Jean-Baptiste Monge est devenu le fer de lance de l’illustration féerique en France et a prouvé qu’on pouvait réussir en ce domaine, être apprécié du public, mais aussi des critiques et recevoir, comme en 2009 le Silver Award (Spectrum Fantastic Art), de prestigieux prix. Maintenant que l’homme s’installe outre-atlantique, on peut deviner qu’il projette de voir ses oeuvres traduites en anglais. C’est tout le bien qu’on lui souhaite !
Paul Kidby est mondialement connu pour être l’illustrateur attitré depuis le début des années 2000 de l’univers déjanté de Terry Pratchett. Il partage avec l’auteur son humour. Pour preuve, son Royaume Enchanté qu’il nous livre aux éditions Daniel Maghen et qu’il partage avec les textes de son épouse, Vanessa. Vanessa Kidby a bien voulu répondre à nos questions, quelquefois interrompue par son illustre mari donnant ça et là son avis depuis le salon où il dessine… Interview mouvementée sur fond de rires de gobelins…
Croyez vous en les mondes enchantés ?
Nous pensons que notre monde quotidien est enchanté et que si vous avancez avec précaution et que vous vous en approchez de la façon juste, vous pouvez trouver beaucoup de fenêtres secrètes ouvertes sur les royaumes magiques. C’est possible pour chacun d’entre nous d’avoir accès au merveilleuxt, mais la plupart des adultes ont perdu la capacité qu’ont les enfants d’apprécier et de s’émerveiller de la magie du monde. L’imagination est une chose qui doit être chérie et nourrie indépendamment de votre âge!
Nous cherchons beaucoup l’inspiration dans la nature et essayons de trouver de l’amusement et de l’enchantement dans la vie de tous les jours.
Nous espérons capturer une petite part de mystère et de merveilleuxt dans notre travail, même si ce n’est qu’au travers d’une coquille d’escargot ou d’une graine d’érable. Nous essayons de prendre le temps d’apprécier les petites choses et de montrer à d’autres notre façon d’observer les choses. Il y a une citation d’Albert Szent-Gyorgyi qui résume notre sentiment : « Découvrir consiste à voir comme tout le monde et à réfléchir comme personne ».
Dans votre royaume enchanté, il y a un peuple des éclairs. Parlez-nous un peu de cet étrange peuple et des pierres liées…
Il est dit dans le folklore que des pierres inhabituelles comme les ammonites ou les bélemnites fossiles sont formées là où les coups de foudre frappent la terre. On a cru que ces pierres pourraient protéger des coups de foudre. L’homme avait l’habitude d’en attacher au cou du bétail de valeur ou d’en placer sur les appuis de fenêtre des maisons suivant cette théorie selon laquelle la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Mr Thrips est un gnome qui parcourt le Royaume enchanté en vendant ces pierres rares, apportant ainsi cette protection aux habitants de Faerie.
Il y a une grande différence entre les illustrations de fées, déesses, griffon, licorne… et les gobelins, gnomes, nains…
Paul aime dessiner de beaux sujets tout comme des choses plus comiques. Nous voulions un livre qui mélange les deux aspects. Nous voulions que les bêtes mythiques possèdent une certaine dignité et une présence spirituelle, c’est aussi vrai des belles fées comme la Nymphe des bois. Le Royaume Enchanté est une combinaison de majesté et de grotesque et nous estimions que les gnomes et les lutins étaient une bonne occasion de peindre l’humour et le côté plus comique de notre univers.
Cet humour, on le sent, est important dans votre oeuvre. C’est un trait de Faerie ou une déformation professionnelle due à la collaboration avec Terry Pratchett ?
Paul a eu de merveilleuses occasions de travailler avec Sir Terry Prattchet. L’esprit et l’humour des livres de Disque-Monde était ce qui l’a attiré vers ce métier. Paul pense que ses illustrations complètent l’écriture de Terry car ils partagent tous deux ce même sens de l’humour irrévérencieux et insouciant.
Paul intervient : « J’aime souvent inclure des « plaisanteries visuelles » dans mes dessins et peintures, c’est une partie importante de mon approche, de mon travail et de la vie elle-même. »
L’Humour fait aussi partie intégrante de la création du Royaume Enchanté. Être un artiste peut sembler un travail de solitaire mais travailler ensemble crée un environnement vibrant, avec son lots de blagues d’où émanent souvent de nouvelles idées.
Quelle est la place de la féerie en Grande-Bretagne aujourd’hui ?
Le folklore et les contes de fée sont toujours une partie importante de notre culture ici, au Royaume-Uni. Nous estimons qu’il est important d’entretenir ce sens antique du Merveilleux et de la magie et les coutumes traditionnelles, pour que toutes ces histoires ne soient pas perdues en ce monde moderne. Nous utilisons donc beaucoup d’idées issues du folklore anglais, (comme Auld Goggie, qui garde traditionnellement les vergers de pommes dans le Somerset), comme point de départ à nos créations et nous leur ajoutons ensuite nos propres inventions.
Nous avons de la chance de vivre dans la New Forest, un paysage sauvage au Sud de l’Angleterre avec son lot de poneys, ânes, cerfs et bétail. C’est une source éternelle d’inspiration pour nous et nous pensons souvent que le monde des fées est juste là, sur notre seuil.
Et pour terminer, quelle est votre créature préférée?
Paul crie qu’il n’y a qu’une seule réponse à cette question: “Ma femme” !
Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009
Le Royaume Enchanté – Paul et Vanessa Kidby // Editions Daniel Maghen
Le Royaume Enchanté de Paul Kidby
Auteur : Paul Kidby
Textes de Vanessa Kidby
Editions Daniel Maghen
Format : 22.0 cm x 29.7 cm
Nb de Pages : 68
Prix : 22,00 €
Présentation de l’éditeur:
Dans cet ouvrage Paul et Vanessa Kidby ont réussi à saisir l’essence des ces êtres fascinants qui peuplent l’imaginaire des petits et des grands.
Un hommage à mère nature qui nous révèle ici sa face la plus fragile et gracieuse.
Le Royaume Enchanté est celui des terres de Hantes et des mystérieuses créatures qui le peuplent. C’est un art book où les dessins inédits de Paul Kidby se marient harmonieusement aux textes de sa talentueuse épouse Vanessa. Moderne, gai,lumineux, à la fois subtil et empreint de dynamisme, le trait de Kidby est inimitable. L’humour et la poésie se mêlent dans ce fabuleux recueil d’histoires courtes où des gnomes solitaires, des griffons majestueux, des escargots volants, de splendides licornes et de magnifiques fées des bois donnent vie à un univers fantasque et délirant dans la lignée de Spiderwick, Harry Potter, Eragon, Le Seigneur des Anneaux ou encore Donjons et Dragons.
Notre avis:
Voilà un livre qui sent bon le gâteau tout juste sorti du four! Entre les fleurs, papillons et oiseaux de toute beauté, d’espiègles créatures de féerie envahissent les pages dessinées par Paul Kidby et écrites par Vanessa Kidby. A côté de la majesté et la pureté de la licorne, du cheval ailé, du dragon, nains, gobelins et lutins se font grimaces, farces, folies… Ce livre est une merveille de rythme, de clins d’oeil au folklore (comme ce gardien des pommes, Auld Goggie) et d’humour (la bouille sympathique du chasseur de choux, les joutes d’escargots…). Les auteurs ont certainement prix beaucoup de plaisir à construire cet ouvrage qui brille de bonheur. A placer entre toutes les mains !
Florence Magnin est une artiste que nous aimons suivre. Tout particulièrement car elle puise dans les légendes, la culture fantastique certains éléments qu’elle remodèle selon ses envies pour créer de nouveaux univers au parcours incertains. Elle nous l’avait déjà offert lors de sa série BD L’héritage d’Emilie, elle replonge pour notre plus grand plaisir dans ces « Contes aux quatre vents »… Rencontre avec l’illustratrice, enchanteuse de mondes…
Votre dessin est très doux. Il se prête plutôt bien à un univers féerique mais vous lui faite explorer aussi le côté sombre, on pense à Charon, aux buveurs de lune, au Minotaure…
Les quatre chapitres de ces Contes, consacrés à la fois aux saisons et aux points cardinaux, devaient avoir chacun leur spécificité. L’Est, choisi pour évoquer l’automne et Halloween, m’offrait l’occasion d’illustrer des thèmes plus sombres dans lesquels je me sens aussi à l’aise ( sinon plus…) que dans la féérie » soft ».
Vous avez choisi la poésie pour nous conter cet univers. Un style qui sied particulièrement bien aux mythes, contes et légendes ?
Poésie est un grand mot! Il s’agit plutôt de chansons, avec un certain rythme… En tous cas, ces textes sont venus sans effort, de façon spontanée. Je ne me suis pas posé la question de savoir quelle forme narrative serait la plus adaptée. Il se trouve que les premiers essais ont pris cet aspect, mais si l’occasion m’est offerte de réaliser d’autres travaux de ce genre, j’essaierai de m’exprimer différemment, l’humour n’étant pas exclu!
Des naïades, dryades et néréides vous dites qu’elles sont les « grands-mères des fées ». Il y a donc un lien entre ces créatures de la mythologie antique et les fées qui les ont suivies ?
Je ne suis ni historienne, ni spécialiste de la genèse des mythes, mais il parait évident que les attributions dévolues aux naïades, dryades etc…sont les mêmes que celles reconnues aus fées. La Dame du Lac nous est plus familière que les nymphes antiques, mais il s’agit de simples dénominations qui évoquent les mêmes entités liées à la nature. D’ailleurs, j’ai sans doute abusivement qualifié les naïades de « grands-mères » des fées, puisqu’il est évident que les unes comme les autres existaient , sous d’autres noms, dès l’âge de pierre!
Une page dénote avec l’ensemble, il s’agit des portraits de sorcières accrochés aux branches d’un chêne…
Je ne sens pas de fausse note à cet endroit, puisqu’il s’agit du chapitre consacré au « côté obscur »! Mais sans doute, voulez-vous parler de la présentation? J’aurais volontiers consacré un chapitre entier ( ou un autre livre…) aux sorcières et à leurs talents respectifs, mais trente pages supplèmentaires étaient exclues!…Alors, l’arbre généalogique était une façon originale de présenter ce panel diabolique..Et si vous regardez attentivement chacune d’elle, peut-être découvrirez-vous en quel domaine elle pourra vous être utile…
En parcourant votre livre, on papillonne au fil des saisons dans des contes, légendes diverses et appartenant à des époques et pays différents. Avez-vous le sentiment que cet ouvrage reflète ce que les gens nomment aujourd’hui « Féerie » et qui regroupe tant de choses aux origines variées ?
Pas du tout. Chacun a sa propre vision de la féérie ( ou du fantastique) et regrouper le tout est une tâche à laquelle s’emploient beaucoup d’auteurs sans épuiser le thème! je n’ai fait que m’amuser en laissant des personnages, connus ou non, monter sur scène le temps d’une chanson. Bien sûr, tous sont liés à l’imaginaire, mais je me suis sentie en les cotoyant, plus proche d’individus distincts et réels que de créatures féériques.
Et pour terminer, quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
Le Dragon. Pour sa beauté et la férocité avec laquelle il garde les rêves de notre enfance du monde des adultes.
Propos recueillis par le Peuple féerique en novembre 2009
Contes Aux quatre Vents – Florence Magnin // Editions Daniel Maghen
Contes Aux quatre Vents
Auteur : Florence Magnin
Mise en page de Vincent Odin
Editions Daniel Maghen
Format : 22.0 cm x 29.7 cm
Nb de Pages : 66
Prix : 22,00 €
Présentation de l’éditeur:
Une grande signature de la bande dessinée s’empare des plus belles pages de la mythologie, et nous offre un livre de toutes les couleurs. Un large chapitre est consacré aux légendes nordiques et à Noël.
Quatre vents, quatre saisons, quatre univers de légendes …
Avec les Contes aux quatre vents, Florence Magnin nous fait voyager dans le monde des légendes, qui l’habite depuis ses débuts, et auquel elle rend le plus bel hommage. Le Minotaure, Pan, Charon, Circé, Noël, Pénélope… Dans un exercice de style éblouissant, elle nous présente ses amis imaginaires, du plus inquiétant au plus lumineux.
Notre avis:
Tramontane, Levant, Midi, Ponant… Quatre vents, quatre saisons…
Au printemps la beauté et la lumière des dieux, des princesses et des fées. A l’été, les antiques divinités, les Naïades, Dryades, « grands-mères des fées. Voilà déjà l’automne et son sombre cortège de fantômes et e sorcières. Enfin, le temps des neiges, Royaume de Freya, des barbares mais aussi des contes de Noël… AVant que le livre se referme, notre regard se porte une dernière fois sur la poésie de Florence Magnin, poésie des mots, des dessins aux douces couleurs… L’auteure a emprunté ci et là dans les mythes, les contes, les légendes pour recréer un monde fantastique, si semblable à la démarche de nombre d’amateurs d’aujourd’hui, retenant les figures qui leur plaisent, recréant un temps des rêves. Le livre s’est refermé. Les voix, pourtant ne se taisent pas… Et dans le miroir, quelques créatures diaphanes continuent de danser.