Auteur/autrice : Richard Ely

  • Gwendal Lemercier – interview

    Gwendal Lemercier
    Un dessinateur 100% légendes

    Gwendal Lemercier adéjà exercé son art dans les Contes de l’Ankou et les Contes des Hautes Terres. Il débute cette année 2007 de fort belle façon puisqu’il signe les magnifiques dessins de Dragons, un indispensable pour tous ceux qui se passionnent pour ces créatures. Mais la grande actualité de l’auteur est la sortie toute prochaine du premier tome des Arcanes d’Alya. L’occasion pour nous de vous dévoiler ses propos et quelques fragments de son art.

    Dragons

    Première actualité, ce magnifique livre sur les dragons. Un travail en collaboration avec Thierry Jigourel. Comment avez-vous procédé à sa réalisation?
    Le livre Dragons a commencé une fois le texte de Thierry abouti. On a fait un premier découpage texte/image de façon à faire ressortir les images fortes et pour conserver une limpidité au niveau de la narration. Le fait qu’on soit bretons tous les deux nous a permis de nous voir assez souvent; de faire des repérages au besoin. Ça a été le cas à Quimper et à Perros Guirrec. Même si le reste du temps, on collaborait par internet parce que la gestation d’un tel ouvrage se fait sur 8 mois. Il y a donc eu un temps en atelier assez long. Ce qui permettait de mettre au point un style qui nous convenait: un mélange encre/gouache et brou de noix pour vieillir un peu l’aspect de certaines illustrations. On gardait l’idée d’un journal tenu par ce journaliste du début du siècle.

    Vous avez également voulu donner à cette œuvre un aspect vieux grimoire…
    La maquette est calquée sur le thème du livre… Le côté parcheminé permet de conserver l’atmosphère des illustrations tout en aérant et mettant en valeur le texte. Le style vieux grimoire nous correspondait bien sachant qu’on touche au fantastique tout au long du livre.

    Les dragons, un thème qui vous fascine depuis longtemps ?
    Personnellement je suis attaché a ce thème. C’est un animal fantastique très intéressant à dessiner et à mettre en situation. Il incarne très bien l’univers fantasy dont je m’inspire en tant qu’illustrateur.

    On vous sait breton, le fait d’avoir grandi et de vivre sur une terre de légendes est-il à l’origine de cette passion pour l’Imaginaire ?
    Je pense que le fait d’être breton permet d’avoir une prédilection pour l’imaginaire à cause des paysages riches et variés qui racontent toutes sortes d’histoires. C’est vrai que le folklore est lui-même très riche. Le fait d’avoir une attirance pour l’océan y est également pour beaucoup. On voyage toujours en rêve, en contemplations.

    Vous avez déjà pu approcher le légendaire via une collaboration sur les Contes des Hautes Terres aux éditions Delcourt et la collection Soleil Celtic…
    J’ai connu Guillaume Sorel et Matthieu Gallié pour collaborer sur les Contes des Hautes Terres. Ça touche aussi au légendaire mais davantage dans Algernon Woodcock. De la même façon, j’ai partagé ces thèmes de l’imaginaire breton avec Jean-Luc Istin. On s’est retrouvés sur la série du collectif de l’Ankou chez Soleil Celtic. C’est avant tout grâce à cette passion pour la Bretagne et ses légendes que ces rencontres ont été possibles.

    Si Dragons est plus un univers illustré, votre autre actualité est la sortie d’une série BD, les Arcanes d’Alya. Alors première question, parlez-nous de la technique suivie pour le dessin et la colorisation…
    Pour servir cette série, on a opté pour un traitement en noir et blanc avec une colorisation à l’ordi. Mais certaines pages sont en couleurs directes : encres et gouaches pour illustrer la légende d’Alya ainsi que ses rêves, ce qui est indépendant de l’aventure de notre héroïne.

    AlyaLes Arcanes d’Alya nous conte les aventures d’une jeune femme. Pourquoi une héroïne plutôt qu’un héros ?
    Le choix de l’héroïne est venu naturellement quand Jean-Luc (ndlr : Istin) a vu mes dessins. Puis, l’idée de travailler sur des jumelles s’est faite avec François Debois. On a de fait une relation spéciale à explorer entre l’héroïne et sa soeur.

    Vous avez opté pour un univers Dark Fantasy et vous nous entraînez au travers de la mort et des enfers. À partir de quoi avez-vous travaillé pour la représentation des enfers ?
    C’est vrai qu’on utilise un univers très particulier pour visiter la dark fantasy. Certains endroits neutres sont stylés dans un mélange médiéval/Art Nouveau et j’utilise l’architecture gothique et romane pour traiter différents endroits de nos enfers. Ces styles d’architecture permettent de situer les différentes parties de l’univers qu’on visite. Pour la porte des enfers, par exemple, j’ai travaillé d’après Rodin. Pour le reste, je me nourris beaucoup de photos sur l’architecture gothique et l’Art Nouveau.

    On remarque à la fois un travail sur les corps et un somptueux travail sur l’architecture. Est-ce votre côté illustrateur qui vous a poussé à donner autant de détails sur certaines images ?
    Oui, je pense que ça fait partie des envies et des plaisirs de l’illustrateur…
    Le détail permet de bien visiter l’univers que l’on met en place et pour un premier tome, c’était important pour moi de bien m’inspirer, notamment des décors, pour avancer dans l’histoire.

    Avez-vous d’autres projets ?
    Essentiellement un travail d’illustration sur l’univers de cette série et bien sûr la suite dans un tome 2 en cours de réalisation.

    DRAGONS –Jigourel & Lemercier, Soleil.
    Il fut un temps où les dragons n’étaient pas les créatures maléfiques qu’ils sont devenus lorsque le pays tomba sous la coupe des légions de Sauroctones. Il fut un temps où les armées d’Arthur et d’Uther gagnaient des batailles sous leur protection et leur bienveillance. Mais Mélar, jeune journaliste au Quimpérois, le sait-il ? Grâce à l’aide précieuse d’un vieux «draconologue» breton et de l’un de ses amis Irlandais, il parviendra à résoudre l’énigme et à comprendre la présence et le langage de ces êtres immémoriaux.

    LES ARCANES D’ALYA
    T1: La chasseresse écarlate – Debois & Lemercier, Soleil.
    Brynn est une chasseresse pour le compte de Dame Mort. Elle est chargée de trouver les âmes qui peupleront son monde. Mais Brynn va se rebeller contre sa reine pour sauver l’âme de sa soeur jumelle, Aileen, avec qui elle a toujours partagé une relation fusionnelle. Cette révolte la mènera au coeur des enfers et aux tréfonds de ses souvenirs les plus douloureux…

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  • L’Ijiraq

    L’Ijiraq

    Revêtus d’une bonne veste bien chaude, de cinq ou six pulls, équipés de moufles et d’un gros bonnet, raquettes aux pieds, vous voilà partis pour le Grand Nord canadien ! C’est en effet dans le pays du sirop d’érable que l’on peut rencontrer l’Ijiraq. Cette créature apparaît sous diverses formes, même si l’une de ses préférées reste celle d’un caribou. On peut également croiser l’Ijiraq sous une forme humaine, d’une taille assez grande. Seule particularité qui le différencie fortement des hommes : ses yeux sont disposés de part et d’autre du visage, comme ceux du caribou. Les Ijirait feraient partie du peuple de «ceux qui sont morts». De nombreuses histoires racontent comment ces non-humains traquent les jeunes enfants pour les enlever de notre monde. On les rapproche alors des tuurngait, ces êtres redoutables et redoutés qui dévorent les enfants, croquemitaines de ces régions polaires. Si votre chemin vous mène un jour dans le Nord canadien, redoutez plus que tout le sifflement de toutes ces créatures, ils vous feront perdre la mémoire !
    Et si vous surprenez quelques enfants Inuits à s’amuser au pied d’un inukshuk, un de ces amas de pierres à forme humaine, qui servent de point de repère pour guider les voyageurs ou signaler un lieu sacré, mettez-les en garde ! De nombreuses histoires racontent comment les Ijirait, cachés derrière ce genre d’objet, se sont saisis des jeunes imprudents. Il n’y a pas que les ours blancs qu’il faut craindre dans ces déserts de glace, les non-humains sont partout !
    Mais que ceci ne vous empêche pas de partir à l’aventure en ces terres extraordinaires!

  • L'irrésistible parfum des fées

    L’irrésistible parfum des fées

    Etrangement, les fées sont de toutes les créatures de l’Autre Côté, à la fois les plus évoquées tout en étant les moins saisissables… Tantôt minuscules aux ailes de papillon, tantôt belles dames aux atours médiévaux. Figure aux milles images, toujours en mouvement, en transparence. Petite plongée au cœur de Faerie pour vous livrer quelques secrets sur les fées avant que ces dernières ne s’évaporent…

    Aux origines…
    Le premier constat lorsqu’on s’intéresse aux fées est la multitude de pistes qui s’offrent à nous. Car la fée est plurielle. Qu’on remonte à sa ou ses naissances mythologiques ou qu’on tente de la définir physiquement, on se heurte à nombre de possibilités.

    Qu’est-ce qu’une fée ?
    Pour tenter de le comprendre, il faut nécessairement s’attacher au mot. Pierre Dubois rappelle très justement dans son Encyclopédie des Fées (Hoëbeke) les propos d’Alfred Maury mettant en parallèle les fata (Parques) et les Fées ainsi que le mot fatum d’où découlera l’adjectif signifiant «destiné». On le voit, les fées ont quelque chose à voir avec l’idée de destin et leurs ancêtres divines, les Parques. On notera au passage que ces divinités étaient trois, tout comme le seront très souvent les fées dans les contes…
    Ce lien avec les divinités antiques est encore renforcé lorsqu’on s’arrête sur l’idée de fée marraine. Les Carmentes Anteverta et Postverta, divinités romaines de la connaissance du passé et du futur, étaient liées à la naissance des enfants qui se présentaient par la tête ou par les pieds. Au fil des siècles, la tradition voudra que les fées, comme les anciennes divinités, se penchent sur le berceau de nos enfants, leur procurant protection et bienveillance.

    Dans son Guide du chasseur de Fées (Le pré aux clercs), Edouard Brasey insiste sur la notion de beauté. La fée est un idéal de beauté. Voilà donc un autre trait essentiel, l’idée de beauté, de perfection. Une idée que Jean-Louis Fetjaine reprend dans sa trilogie des elfes (Pocket) où « les femmes elfiques étaient d’une telle beauté que les hommes qui n’avaient pas l’habitude de traverser leurs contrées les prenaient pour des fées ».

    Les traditions celtes et les récits arthuriens entraîneront les fées vers la pratique de la magie. De la prophétesse antique à la magicienne celte, il n’y avait en effet qu’une infime frontière, vite franchie. On y verra également le lien des fées à la Nature, provenant des croyances celtiques et de leurs cultes intimement liés à la Terre, chaque divinité étant la gardienne d’un lieu, d’une rivière ou d’une forêt… Ce lien à la Nature, nous le faisons encore aujourd’hui puisqu’il n’est pas rare de voir ci et là une petite figurine de fée orner un coin de jardin, petite divinité protectrice de cet endroit chéri. Beatrice Philpotts nous parle d’ailleurs des Fées du Jardin (Le pré aux clercs) avec poésie et tendresse. Fleurs, plantes et fées s’y côtoient, tout comme dans un autre ouvrage liant jardin et féerie, l’Herbier féerique par Amandine Labarre (AK Editions).
    Enfin, les idées de beauté et magie fascineront encore les auteurs du Moyen-Âge et donneront naissance à la fée courtoise, celle qui envoûtera nombre de cœurs de ces preuxs chevaliers…

    Nous parlions plus haut du caractère pluriel de la fée. Le mot anglais pour fée est fairy et il désigne tout membre du Petit Peuple. Dans son Dictionnaire féerique (Oxymore), André-François Ruaud reprend bien le terme fée comme un terme générique lorsqu’il affirme «Notons enfin que j’utilise indifféremment pour les êtres féeriques (mâles, femelles ou neutres) les termes esprit, fée ou génie». On s’éloigne donc de la définition typiquement française qui voit en la fée une figure féminine pour l’élargir à l’ensemble des créatures féeriques.

    Des fées à lire…
    Belle, liée à la nature, magicienne et prophète, la fée revêt mille apparences et reste par là insaisissable. Il en va de même dans les contes et romans où la plupart du temps, elle n’occupe qu’un second rôle, deus ex machina lorsqu’il faut faire avancer l’histoire par quelque artifice ou amorce à l’intrigue lorsqu’elle se fait responsable du destin des héros. Bien sûr, les fées sont présentes, traversent, transcendent les histoires. Marion Zimmer Bradley, Léa Silhol, Kathryn Kristin Rusch, Laurell K.
    Hamilton, Lord Dunsany et d’autres ont largement teinté leurs récits de poudre de fées. Et même si elles demeurent en retrait comme héroïnes, on peut affirmer que cet attrait des hommes pour les fées participe au succès du genre fantasy aujourd’hui.

    Le grand Shakespeare lui-même n’a pas échappé aux fées en écrivant son Songe d’une nuit d’été et le papa de Peter Pan, James Matthew Barrie, n’hésite pas à donner pour compagne à son héros, une petite fée espiègle et ô combien symbolique, Clochette. Croire aux fées ? Les auteurs ne sont pas en reste quand il s’agit de démontrer l’existence de ces charmantes créatures. Arthur Conan Doyle ira jusqu’à écrire un livre, Les fées sont parmi nous (Lattès) pour défendre les deux petites anglaises qui avaient réussi à photographier des fées dans le Yorkshire.
    Ces êtres magiques inspireront même certains ouvrages de science-fiction comme le Féerie de Paul J. McAuley où une jeune fille de douze ans convainc un pirateur de gènes à l’aider à réaliser son rêve : donner une âme à de petites poupées androïdes pour les transformer en véritables fées.

    On attirera enfin l’attention sur deux œuvres parues aux éditions Terre de Brume. La Compagnie des Fées de Garry Killworth tout d’abord, qui revisite sur fond de fantasy urbaine le classique de Shakespeare, l’occasion de redécouvrir Titiana et Morgane dans un contexte surprenant. Le Parlement des Fées de John Crowley, ensuite, qui réussit à placer les fées comme elles doivent l’être, en transparence, toujours présentes, influentes sans qu’on ne puisse pourtant les apercevoir. Ce chef d’œuvre de la littérature fantasy nous parle de l’univers des fées comme d’un royaume intérieur, et cette vision rejoint bien cette impression d’invisibilité des fées. Peut-être, qu’au fond, le royaume des fées n’existe que dans le cœur des hommes. C’est aussi ce que semblait penser James Matthew Barrie lorsqu’il affirme qu’à chaque fois qu’un enfant ne croit plus aux fées, une de celles-ci disparaît…

    Les fées noires
    Insaisissable, invisible, symbole de pureté, d’innocence, la fée dans toute sa blancheur n’apparaît pas comme une figure facile d’utilisation dans un récit. Par contre, s’il existe des fées blanches, il doit bien y avoir leur opposé. Elle se révolte, agit, fait mal, maudit, devient cruelle et méchante. Son ambiguïté intéresse alors les auteurs et son personnage, les lecteurs. Empêchée de prendre part au repas des fées, la dernière marraine maudit l’enfant et la condamne à un repos éternel le jour où elle se piquera au funeste fuseau (La Belle au bois dormant). Et la sorcière, cette femme pratiquant la magie noire, effrayant les enfants et envoûtant de ses charmes les mâles innocents, n’est-elle pas, après tout, qu’une mauvaise fée ?
    Les fées condamnent, portent malheur, il faut les fuir, les éviter… Pierre Dubois, en éminent elficologue, prétend que les fées vengeresses, déçues et blessées par le comportement des hommes envers la nature, sont à l’origine des cataclysmes, des tempêtes et des bourrasques. L’heure n’est plus à l’indifférence mais à la révolte !

    Dessine-moi une fée !
    Comment ne pas terminer cette brève réflexion sur les fées par le phénomène qui marque les librairies

    Le livre des fées séchées de lady Cottington

    depuis quelques années, surtout en période de Noël : les images de fées. Car ce que semblent rechercher avant tout l’amateur est bien une représentation de celle qu’il admire. Ces véritables icônes de l’Imaginaire se déclinent alors en cartes postales, calendriers, ouvrages divers et variés comme le célèbre Livre des Fées séchées de lady Cottington des incontournables Brian Froud et Terry Jones (Glénat) qui saisissent avec humour nos petites amies à la manière des herbiers. Brian Froud encore avec Alan Lee cette fois qui proposent un superbe recueil de créatures intitulé tout simplement Les Fées (Albin Michel). Sans oublier Le Livre des Fées de Beatrice Philpotts qui dresse un portrait de Faerie abondamment illustré par une kyrielle de maîtres de l’illustration féerique. La bande dessinée aussi recèle de véritable petits bijoux comme le Fée et Tendres automates de Téhy et Béatrice Tillier (Vents d’Ouest) ou encore Loisel qui dans son Peter Pan, revisite avec succès la fée Clochette, succès retentissant dans le mondes des planches et des bulles.

    Une collection 100% fées

    Récemment, les éditions Spootnik ont lancé une collection dédiée aux fées. Confiant les pages illustrées à des dessinateurs aux styles variés, la collection Estragon s’enrichit au fil des mois de beaux livres au format carré qui nous plongent dans la Féerie. Dessins, poèmes, contes, illustrations de fées se succédent dans des univers variés. A noter qu’il existe également des livres jeunesse dans cette collection à commencer par le très utile Hôpital des fées pour aborder le thème de l’hôpital avec les jeunes enfants…
    Petite conclusion féerique…

    Ce besoin inextinguible d’admirer les représentations de fées, doit-on le comprendre comme une tentative d’entrevoir ce qui ne peut être vu ? Est-ce là une façon d’entrouvrir la porte de l’Autre Côté ? Ou de rechercher la bénédiction, la protection de ces Demoiselles et Bonnes Dames ? Quoiqu’il en soit, les fées ont encore de beaux jours devant elles car l’homme, apparemment, n’a pas fini d’y croire. Au détour d’un chemin, au milieu d’une forêt ou assis sur ce banc, dans votre jardin, fermez les yeux, respirez doucement. Vous le sentez vous aussi n’est-ce pas ? Cet irrésistible parfum des fées…

  • La Roussalka

    La Roussalka

    Si vos pas vous entraînent un jour dans les campagnes de Russie, demandez aux paysans de vous conter des histoires de Roussalki. Cette créature, proche de l’ondine, apparaît le plus souvent au bord d’une rivière, d’un étang ou d’un lac, sous les traits d’une belle femme aux longs cheveux que certains prétendent verts (ou peut-être est-ce le vert des algues qui retiennent ses tresses qui nous trompent ?). Tantôt pendues à un arbre, tantôt se promenant dans les forêts, la Roussalka attire ses victimes par la douceur de son chant. Une fois enivré de sa musique et séduit par sa beauté, le malheureux meurt sous les caresses et les chatouilles de sa prédatrice.
    On dit que la Roussalka naît des jeunes femmes noyées. C’est bien cette origine qu’Alexandre Pouchkine choisit pour son héroïne de la pièce éponyme. Une fille de meunier tombe amoureuse d’un prince. Cet amour semble réciproque jusqu’au jour où son amant s’en va marier une princesse et abandonne la pauvrette. Celle-ci se noie par désespoir et devient une Roussalka, revenue pour se venger. Cette pièce de théâtre inachevée inspirera l’opéra de Dvorak et d’autres musiciens tant le drame qui s’y joue y est habilement décrit. Reste que les Roussalki se rencontrent chez d’autres écrivains, comme Mérimée, par exemple. La créature a tellement d’importance en Russie qu’une semaine complète lui est dédiée juste avant le solstice d’été. Car si maléfique elle est, c’est également la Roussalka qui fait pousser le blé et qu’on implore lors des récoltes ou pour faire tomber la pluie. Pendant cette semaine, il est interdit de coudre, de travailler dans les champs ou de peindre sa maison. Une fois les récoltes passées, les paysans raccompagnent les Roussalki à leurs rivières et étangs. Sans oublier de toujours laisser un dîner pour elles, la nuit, sur la table ou des vêtements pendus sur les clôtures. Si d’aventure, votre chemin devait croiser le leur, un petit conseil, portez sur vous absinthe, ail, livèche et raifort. Ces herbes magiques vous protégeront !

  • Compendium Medicinalis – AK Editions

    Lorsque les mages et sorciers dévoilent leurs secrets de médecine, cela donne le Compendium Medicinalis (AK Editions). Mais attention, les remèdes ici présentés ne valent que pour les créatures de l’Autre Côté. Pas question de les tester sur les humains et les animaux ! Vous feuilletterez, non sans humour, les pages de ce recueil illustré par les œuvres d’Emilie Etienne, Stéphanie Leon et le très talentueux Patrick Larme qui réussit une fois de plus à représenter le Petit Peuple de façon très sympathique.

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