L’affiche de la « Fête des Courges » réalisée par Dominique Mertens.
Les habitants de la région de Tournai, en Belgique, ont bien de la chance. Deux fêtes ayant pour thème la nature et le jardin auront lieu les deux prochains week-ends avec toutes deux de très jolies affiches.
La première est signée Dominique Mertens et met en scène un « nain de jardin » fort sympathique poussant une brouette remplie de potirons et autres citrouilles pour la fameuse Fête des Courges d’Antoing ce troisième week-end de septembre. Toutes les infos sur www.courge.be
La seconde affiche bénéficie d’un très joli dessin de René Hausman. On y voit sa petite Zunie tenant en mains une coccinelle et une pomme. La Fête de la Pomme a lieu à Rongy, près de Tournai ce 1er dimanche d’octobre.
A propos d’Hausman, n’hésitez pas à vous plonger dans le site officiel qui regorge d’illustrations féeriques. Un vrai délice !
Carnet de croquis
Archives de Féerie
Tome II
Jean-Baptiste Monge
Archives de féerie T2 de Jean-Babtiste Monge
Le désormais célèbre illustrateur français de la féerie nous livre dans ce deuxième volume de ses Archives de Féerie nombre de croquis et illustrations inédites. Dans un beau livre de 72 pages pour 25 euros se succèdent croquis et notes de l’auteur qui nous en apprennent beaucoup sur ses dessins. Le tout sur un très beau papier faisant de ce grand livre un bel objet. On y trouve notamment les recherches pour la couverture des Contes de Crimes de Pierre Dubois mais également les recherches sur Minus, un petit garçon nain, héros d’un projet de livre jeunesse qui malheureusement ne verra pas le jour. De page en page, on découvre donc tous ces projets et parfois la surprise de voir Jean-Baptiste Monge dans un registre différent de ce qu’on lui connaît comme cette guerrière sexy ou ce Conan, héros-phare de l’heroic fantasy.
Tous ceux qui rêvent de dessiner un jour comme Monge se précipiteront à coup sûr sur ce carnet de croquis !
Réalisé par Jay Russell
Avec Emily Watson, Alex Etel, Ben Chaplin
Hier soir, j’ai vu un film destiné en premier lieu aux plus jeunes (mais bon pour apprécier le Petit Peuple, il faut garder une âme d’enfant, dit-on..). L’histoire se passe en Ecosse pendant la seconde guerre mondiale. Une troupe de soldats s’installe dans le manoir du jeune Angus MacMorrow dont le père st décédé sur le front. Le jeune garçon trouve un oeuf sur la plage et un petit dragon des mers éclot bientôt…
Ce film basé sur la légende du Monstre du Loch Ness est rafraîchissant à souhait. Outre les très beaux paysages d’Ecosse qui m’ont convaincu de m’y rendre bientôt, les acteurs font merveille et l’animation du dragon est une pleine réussite. Un excellent moment divertissant pour toute la famille.
Parmi tous les illustrateurs féeriques, un homme s’est largement distingué. Chacune de ses représentations nous fait traverser le Miroir. Brian le Magicien puise son énergie et son inspiration dans la Nature. Un amour partagé par son épouse, Wendy. L’exceptionnelle exposition en la galerie Daniel Maghen à Paris en mai dernier était l’occasion rêvée de quelques questions aux deux artisans de Féerie.
Nous fêtons cette année les 30 ans de votre livre Faeries (Les Fées, Albin Michel) co-réalisé avec Alan Lee. Etes-vous conscient que ce livre est considéré comme une bible par les amateurs du Petit Peuple dans le monde ?
Je suis très fier que le livre Faeries continue à fleurir et à faire partie de la vie émotionnelle des gens.
Comment vous est venue l’idée d’écrire un tel ouvrage ?
Le livre “Gnomes” fut un gros succès, les éditeurs voulaient une suite. C’est pourquoi ils ont demandé à Alan Lee et moi-même si nous pouvions illustrer un livre sur les fées. Nous étions tous deux intéressés par la mythologie nordique et nos bibliothèques contenaient beaucoup de livres sur les fées en particulier, donc nous avons répondu par l’affirmative. Les éditeurs furent choqués lorsqu’ils virent les textes et les images. Nous avions été fidèles autant que possible aux descriptions folkloriques des fées. Ce n’étaient pas les créatures amusantes, mignonnes auxquelles ils s’attendaient. Nous les avions tirées de leur crèche pour leur rendre tous leurs pouvoirs. Nous montrions que les fées étaient dangereuses et malicieuses et qu’ils ont toujours été une part des gens dans leur vie de tous les jours. Alan et moi-même n’avons rien ajouté – c’est un livre de vérité. C’est peut-être pourquoi les gens ont accroché. C’était comme s’ils revenaient chez eux. Nous avons démontré que le monde a une spiritualité cachée et que cela ressemble aux fées.
Vous ouvrez le livre en affirmant que nul ne peut choisir d’entrer en faerie. Ce n’est pas réduire tout espoir pour vos lecteurs ?
Si vous regardez le monde et votre environnement avec votre coeur, vous serez invités.
Brian Froud prend une pose magique !
Toujours dans Faeries, vous parlez du caractère universel des fées. Comment expliquez-vous le fait de telles croyances partout dans le monde et en même temps, ce sont surtout les créatures du Petit Peuple celte qui sont les plus connues ?
Il y a eu floraison d’images dues aux peintres victoriens et par la suite aux illustrateurs de livres au tournant du siècle. Cela a popularisé et fixé les idées des fées celtes et européennes. La féerie existe dans toutes les cultures mais peut-être qu’ailleurs, dans d’autres traditions, cela perdure plus dans un mode de transmission orale – dans des histories contées et donc moins visuellement représentatives.
Les êtres féeriques ont souvent une image douce et gentille, mais vous insistez sur le fait qu’il n’y a pas de méchante ou gentille fée car cette notion n’existe pas chez eux. Et pourtant vous avez sorti un livre intitulé Good Faeries/Bad Faeries…
Je désirais publier une suite à Faeries mais ne trouvais pas d’éditeur. J’avais entendu dire que personne n’achetait un grand livre illustré et qui plus est à propos des fées. Donc, j’ai continué à peindre avec cette frustration constante de cette idée qu’on se faisait sur les fées. J’ai eu la chance de tomber sur les carnets de Lady Cottington et ses fées pressées. Ce livre a eu du succès et a relancé l’intérêt pour un livre à propos des fées. Il y avait cette idée préconçue selon laquelle les fées, c’est pour les enfants. Ce n’est que lorsque, en désespoir de cause, j’ai parlé d’un livre sur les méchantes fées que j’ai reçu un avis positif d’un éditeur. J’avais également remarqué le comportement des gens en dédicace : ils tenaient mon livre comme un bien précieux, l’embrassait même avant de me le tendre. D’où l’idée que ce nouveau livre soit d’abord un objet que l’on puisse toucher, manipuler, aussi tactile que possible – ainsi de fil en aiguille l’idée d’un livre réversible, qui pouvait se lire à l’endroit et à l’envers comme une métaphore de la dualité des fées fit son apparition… Et au milieu du livre, des visages et des formes qui peuvent se voir de façons très différentes. Ceci reflète le caractère ambigu de la nature des fées. Dans le livre, je dis que les fées sont mouvantes, changeantes, ont plusieurs fonctions et plusieurs significations.
Vous avez également marqué le cinéma de vos créatures. Quel est le plus beau souvenir que vous conservez de votre collaboration aux films de Jim Henson, The Dark Crystal et Labyrinth ?
Ce fut un privilège de collaborer avec Jim Henson. Son approche ouverte et enthousiaste de la créativité fut très inspirante. L’amour des monstres de Jim m’a donné toute liberté et joie pour créer des créatures aussi étranges que merveilleuses. Mais mon plus beau souvenir fut la rencontre de ma future épouse, Wendy.
Vos personnages sont très marqués. Ils ont énormément influencé les illustrateurs féeriques contemporains. Mais vous, qu’est-ce qui vous inspire?
Je suis inspiré par la Nature. J’essaye de découvrir quelles choses ressemblent à son intérieur. Je recherche les formes spirituelles de la Nature. Mes meilleures créatures semblent familières, comme si on les avait déjà vues quelque part auparavant. Je combine souvent plusieurs éléments – une créature peut avoir quelque chose d’un poisson, d’un oiseau, d’un pied de table mais la synthèse de tout cela est froudien.
Mon autre approche est moins rationnelle. Léonard de Vinci parlait de l’inspiration qui se trouve dans les tâches et fissures sur les murs – des univers entiers y sont à découvrir. Donc, j’ai souvent gribouillé des lignes sur un carnet de croquis et vu apparaître des formes féeriques. Ici, j’explore l’imagination dans ce qu’elle a de subconscient. Mes carnets sont remplis de formes en partie réalisées, sur la frontière de la compréhension – attendant le temps où elles seront pleinement réalisées en peinture.
The Dark Crystal
Ce lien entre Nature et Petit Peuple semble très fort. Par exemple, les champignons sont très liés à la féerie…
Les champignons ont une connexion énorme avec la féerie. Comme les fées, ils sont ambigus et mystérieux. Ils ont des formes étranges, la plupart se cachent sous la surface du sol où ils transforment la matière organique. Ils apparaissent souvent d’un coup, comme par magie. Dans le folklore, là où dansaient les fées, ont voyaient apparaître des cercles de champignons se formant pendant la nuit…
De votre autre ouvrage, Goblins !, on a tiré des peluches pour les enfants. Une envie de toucher le très jeune public ?
Non, pas particulièrement. Ces jouets sont pour tous et spécialement pour les adultes ! J’aime voir grandir les mondes que je crée. Un dessin plat demande toujours à se voir transformer – peut-être va-t-il inspirer une sculpture de Wendy ou peut-être se verra-t-il animé dans un film ou deviendra-t-il une poupée ou s’ajoutera-t-il à un clip musical ou bien encore se transformera-t-il en un personnage qui vous accompagnera chaque jour – comme une peluche justement.
Trouvez-vous qu’on accorde suffisamment d’importance à l’Imaginaire à l’école, dans la vie ?
L’imagination est souvent oubliée car elle est pensée comme quelque chose d’inventé de non réel. Einstein insistait sur le fait que l’imaginaire était la plus importante et la plus profonde des activités humaines. Sans elle, il n’y aurait rien – pas d’invention, pas de changement, pas de solution à un problème, pas d’empathie, pas d’amour, pas de futur.
Et vous, comment avez-vous connu les fées ? D’où tenez-vous vos connaissances ?
En lisant des livres sur le folklore, en observant les peintures victoriennes, les illustrations des artistes de contes de fées, et en essayant d’étudier leurs approches diverses et variées. Puis, en trouvant ma propre voie pour exprimer ce que j’avais expérimenté dans le monde. En accordant de l’attention aux messages internes de la nature. En regardant avec le cœur et pas seulement avec les yeux et en faisant confiance à son intuition. En étant ouvert à une amitié avec le Petit Peuple et en essayant d’écouter ce qu’ils nous disent.
Croquis et illustrations de Brian Froud
Que pensez-vous des théories sur l’origine de tout ce petit peuple : des peuples nains ayant existé, des peuples troglodytes ou encore les anciennes croyances…
Il y a très certainement eu des peuples de stature plus petite que celles qu’on connaît aujourd’hui. Prenez les Pictes du nord par exemple. Certaines théories prétendent que les fées feraient partie d’une mémoire collective issue de peuples ayant existé par le passé, bien que les fées ont toujours été liées à nos ancêtres. Les fées qui vivent sous les collines creuses font la fête et vivent avec les morts. Et pour cela, elles sont d’office liées à notre passé. Si les fées sont des esprits de la terre, alors elles refléteront certains aspects des anciens peuples qui vivaient dans ces contrées et pour cela les fées ont été assimilées à des diables et démons, mais beaucoup ont résisté à cette insulte et ont continué à honorer la terre et ses esprits.
En Angleterre, la plupart des gens semblent familiers avec les fées. On voit de petites figurines partout, dans les salons comme au jardin.
En Angleterre, il y a beaucoup de gens qui pensent que les figurines de fées sont kitsch et enfantines. Mais cette tradition a peut-être pour but un désir d’être connecté, dans une manière enfantine et naïve, à un monde magique. La décoration de jardin sous forme de nains, très commune dans les jardins anglais, est la forme d’un désir de connexion à la Nature et aux esprits du lieu. Le placement de telles images est une façon d’inviter les esprits à vivre au milieu de nous et de nous apporter la fertilité et une influence bénéfique sur le jardin.
Votre créature féerique préférée ?
Les fées ne me laisseraient pas avoir une créature favorite !
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Quelques questions à Wendy Froud
Comment vous est venue cette passion pour les marionnettes ?
J’ai commencé à fabriquer des poupées dès l’âge de 5 ans. Mes parents étaient tous deux artistes et m’ont encouragé à m’exprimer, peu importe le support choisi. J’ai toujours été fascinée par la façon dont les hommes depuis les origines de l’humanité ont créé de petites images imprégnées d’une sorte de vie ou d’énergie. Ce sont des objets très personnels qui canalisent l’énergie de la personne qui les ont créés vers ceux qui les utilisent. Je crois fermement à cette idée d’imputer une énergie à chacune de mes créations. Souvent les gens me disent qu’ils peuvent sentir cette énergie et que ça les aide dans une certaine mesure. Je sens que nous, artistes et créateurs, nous avons le devoir d’insuffler un maximum de bonne énergie dans les univers que nous concevons. Les poupées sont extraordinaires pour cela car elles sont si expressives. Quelque chose fait d’une vieille chaussette et de deux boutons, en guise des yeux, placé sur les bonnes mains, peut faire pleurer une audience ou rendre les spectateurs incroyablement heureux.
L'art de la marionnette par Wendy Froud
Et votre goût prononcé pour la féerie ?
J’ai grandi avec les fées. Ma mère m’a appris à croire aux esprits de la Nature et qu’on pouvait communiquer avec eux à plusieurs niveaux. Quand j’ai rencontré Brian, nos univers se correspondaient à la perfection.
En participant à la création du personnage de Yoda pour Star Wars, vous vous êtes inspiré du Petit Peuple ?
J’aurais aimé dire que oui mais en réalité, j’avais des dessins pour travailler. Je n’ai fait que suivre la direction indiquée pour développer le personnage.
Pensez-vous que les marionnettes apportent un supplément d’âme par rapport à des personnages numériques ?
Oui. Je crois vraiment que la performance ne peut être atteinte par un personnage numérique. Il existe des systèmes aujourd’hui qui permettent aux marionnettistes de manipuler les personnages sur écran ce qui aboutit à une performance plus crédible encore mais je continue de croire que la spontanéité qui se dégage d’une marionnette n’a pas encore été atteinte avec le numérique. La connexion, la connivence entre un marionnettiste et une marionnette, entre le créateur et sa créature est quelque part magique, du domaine de l’alchimie – la transformation de quelque chose d’inanimé en quelque chose qui communique des émotions profondes.
Pierre Dubois, l’incontournable elficologue qui est un puits sans fond en matière de connaissances féeriques nous plonge cette fois dans le crime et le conte. L’elficologue reprend la plume (de corbeau) pour revisiter les contes à sa façon et c’est un vrai régal ! Comptines assassines, paru aux éditions Hoëbeke, bénéficie d’un style souvent envolé qui fait plaisir à lire dans un monde où le langage issu de la génération « téléphone portable » nous fait de plus en plus oublier la magie des mots. Pierre Dubois nous la rappelle et nous fait partager sa passion pour ces personnages haut en couleurs noir et sang que sont Sherlock Holmes, Dracula, Barbe-Bleue et autres croquemitaines.