Auteur/autrice : Richard Ely

  • Interview Virginie Barsagol et Audrey Cansot pour "Le Guide des fées" paru aux éditions ActuSF

    Belle initiative que ce Guide des fées paru aux éditions ActuSF. Après l’avoir parcouru (voir notre chronique), nous nous devions de poser quelques questions aux deux auteures, Virginie Barsagol et Audrey Cansot. Rencontre.

    D’où est partie l’idée de cet essai ?
    Virginie : On s’est demandée comment on avait pu passer de la fée sulfureuse du Moyen-Âge, type Morgane ou Viviane à une image de la fée beaucoup plus aseptisée comme l’emblématique fée Clochette. A partir de là, on a essayé de débroussailler le terrain, de comprendre cette évolution…
    Audrey : Et puis la figure de la fée est plaisante et multiple. C’est un plaisir de l’étudier car elle nous révèle sans cesse des surprises…

    Trois noms traversent toutes les époques: Morgane, Mélusine et Lilith. Quel visage de la fée représentent-elles chacune ? Et pourquoi avoir inclu Lilith qui n’est pas, a contrario des deux autres, une fée ?

    Virginie : Morgane, c’est l’incarnation de la fée fatale, la dangerosité de la féminité. Elle est la fée ravisseuse d’hommes qui met en danger l’équilibre de la société féodale. A contrario, Mélusine représente un versant beaucoup plus rassurant de la fée, elle est celle qui construit une lignée familiale, des châteaux. A chaque fois qu’elle a une enfant, elle construit un château et incarne le potentiel fécond de la fée. Si Morgane dérobe les chevaliers du monde des humains, Mélusine s’empare du territoire mortel et en développe les potentialités…
    La légende dit qu’elle a bâti les châteaux de Tiffauges, la Rochelle et bien d’autres…
    Audrey : Concernant Lilith, nous ne l’évoquons pas comme étant une fée, mais comme l’une des « ancêtres » importantes des fées, au même titre que les moires…sa dimension vampirique et ravisseuse se retrouvera chez les fées fatales qui naîtront par la suite, de même que sa manière d’habiter et de maîtriser la nature. Et puis Lilith est une figure nihiliste, qui a dit non à Dieu, et non à son mari. (Elle s’est envolée du Paradis car Adam voulait la dominer pendant l’amour) Son libre arbitre et sa force de contestation préside à toute une lignée de fées révolutionnaires et contestataires. Elle incarne les peurs et la fascination incarnées par le féminin, ce qui est une problématique essentielle aux personnages de fée… Elle est aussi considérée comme une ancêtre de Mélusine…on la représente souvent avec l’image du serpent ou de la queue de poisson, qui symbolise l’animalité de la fée, et par extension sa sexualité…. elles quittent toutes deux définitivement leurs partenaires en s’envolant… (Raymondin pour la première et Adam pour la seconde.)

    On passe de l’Antiquité au Moyen-Âge en un bond de plus de 10 siècles, quittant Circé pour nous plonger dans les lais. Il n’y a donc rien eu entre les deux ? Comment expliquer dès lors le passage des déesses antiques aux fées moyenâgeuses? Que s’est-il passé ?
    Virginie : Nous avons fait le choix de focaliser notre attention sur les fées inscrites dans le patrimoine littéraire… Il fallait faire un choix dans les sources, au regard de l’énormité du champ. Évidemment, il n’y a pas eu un blanc de dix siècles ! Le personnage de la fée a grandi à l’oral dans des récits qui se sont transmis et construits au fil du temps. Avant de faire leur grande entrée en littérature, les fées faisaient partie d’un véritable patrimoine légendaire et elles étaient d’ailleurs parfois même regardées comme des divinités.

    Les fées ont tantôt servi de modèles tantôt d’échappatoire au pouvoir en place. Ce sont des figures intimement liées à l’idée de pouvoir ?
    Audrey : Oui, c’est certain. Ses ancêtres, déjà, étaient placées sous le signe de la puissance. Le destin que filaient les Moires pour les humains étaient inaliénables, elles étaient donc l’égale des dieux…quand à Lilith, elle pouvait provoquer des calamités… à partir du 16ème, elles tendent à quitter leurs îles et leur monde parallèle pour entrer dans la « civilisation » et se rapprocher du pouvoir, pour parfois même se confondre avec, comme la Reine des fées d’ Edmund Spenser, où la fée est en fait un hommage à la reine Elisabeth 1ère. Et puis au 17ème et au 18ème, la fée est d’une manière générale la conseillère des puissants, et prend en charge l’éducation des enfants des rois. On a même des exemples de fées révolutionnaires ou à la tête des services secrets… Cependant dans la seconde moitié du 18ème, la fée commence à être discréditée, parodiée… les auteurs l’éloignent des palais et des grands centres de décision. Elle retourne dans son monde parallèle…
    Virginie : J’ajouterais dans cette perspective que Mélusine inaugure le flirt de la fée avec le pouvoir, car elle donne toute son ampleur à la lignée de Lusignan. Elle est l’agent de leur conquête du territoire et de leur puissance !

    A partir du XVIIIe, on se rapproche de plus en plus de l’image des fées connues aujourd’hui mais bizarrement plus dans des pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre que la France. Cela se renforce encore au XIXe et votre livre emprunte d’ailleurs à ce moment-là les sentiers étrangers pour parler de l’image des fées alors que vous étiez restées auparavant presque toujours dans une certaine « tradition française » de la fée. Que se passe-t-il ailleurs qui ne s’est pas passé en France ou que s’est-il passé en France et non ailleurs ?

    Audrey : Il est certain que le format du livre et l’immensité du champ à traiter nous a amené à faire des choix. Nous avons évoqué ce qui nous paraissait le plus intéressant et le plus méconnu… on parle davantage des fées françaises jusqu’au 18ème car elles présentent justement des aspects singuliers, comme les fées révolutionnaires ou libertines qui sont en effet « l’exception culturelle » française… cela est lié tout simplement à la singularité de notre histoire. De même qu’au 19ème, la Mélusine aryaniste de Goethe est une spécificité allemande… nous avons voulu parler avant tout des figures fortes et en lien profond avec la culture du pays.
    Virginie : Concernant le 19ème, si nous abordons effectivement les fées étrangères, nous nous intéressons aussi largement au visage français de la fée, avec notamment Victor Hugo, et puis plus tard les décadents et en particulier Jean Lorrain dont l’œuvre relativement méconnue donne un visage original de fée, typique des personnages féminins fin de siècle.

    Aujourd’hui, on assiste à un mélange des sources, des représentations mais on ressent malgré tout que la féerie germanique et celte est prédominante. Peut-on lier ça à une domination culturelle anglophone, on pense au cinéma américain, à la littérature de fantasy ou aux gros développeurs de jeux vidéos par exemple ?
    Audrey : Oui, c’est une hypothèse très juste. Les grands studios américains ne s’intéressent guère à la fée Mélusine et autres précieuses de Versailles…
    Virginie : De toute façon, nous manquons de recul…

    Une des dernières fiches s’arrête sur le rapport de la fée et de la femme au cinéma. On a l’impression d’être passé de « la fée est une femme » à « la femme est une fée »…
    Audrey : C’est tout à fait ça. Les fées des débuts, les créatures surnaturelles du Moyen-Âge sont charnelles, ambivalentes et fragiles comme de vraies femmes, et puis à partir du 17ème les auteurs se servent de la féerie pour donner une magie à la femme contemporaine, dont la progression sociale, la libération et la prise du pouvoir se rapprochent de la puissance de la fée. C’est l’amphibologie féerique ! Nourrir la figure de la femme de qualités féeriques…
    Virginie : Tout à fait d’accord ! Pour ce qui est de « la fée est une femme » : tout notre parcours a été animé par cette idée, d’où notre volonté de sous-titrer notre travail « Regards sur la femme ». On a toujours tendance à oublier que les créatures merveilleuses parlent du réel, et les représentations de la fée se font l’écho des regards portés sur la féminité selon les époques. Et, comme on peut le voir dans le guide, ces regards sont loin d’être toujours bienveillants, même s’ils sont nourris par une évidente fascination.

    Pensez-vous qu’il y a un engouement actuel pour les fées ? Le résultat d’un cheminement amorcé au 19e siècle ou un mouvement typiquement fin XXe, début XIXe ?
    Virginie : Il y a un engouement pour la matière merveilleuse, elfes etc., mais ce n’est pas particulier à la fée.
    Audrey : C’est une question difficile, encore une fois, nous manquons de distance… mais a vu de nez, je ne pense pas qu’il y ait un grand attrait pour la fée aujourd’hui… Au cinéma par exemple, mise à part dans les adaptations, elle est absente…

    Quelle est votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Audrey : La fée du midi. C’est la seule fée que j’ai rencontrée et qui à la base était une femme… une princesse. Devant sa bonté et son intelligence, elle fut donc « canonisée » fée. Elle s’est formée en regardant les astres depuis le pic du Midi dans les Pyrénées, puis est ensuite devenue une référence internationale pour le royaume. Une instance de sagesse, qui vient en aide à tous, et les ambassades du monde entier viennent la consulter dans sa grotte…C’est à Jean de Préchac qu’on doit ce personnage dans La Reine des fées.
    Virginie : Je choisirais Viviane. C’est un personnage passionnant qui incarne parfaitement l’ambiguïté du personnage de la fée : dans les grandes lignes, sa genèse la présente tout d’abord comme la bonne Dame du Lac, qui a élevé Lancelot, c’est le pôle de la fée marraine, puis comme l’enchanteresse assoiffée de pouvoir qui va dérober son enseignement à Merlin pour ensuite le retourner contre lui dans une pulsion de possession absolue. Après lui avoir volé ses formules magiques, elle lui vole sa vie pour le garder à elle à jamais ! Viviane est un personnage extrême, entre fée maternelle et fée fatale. Jean Lorrain, à la fin du 19ème siècle, a parfaitement saisi et représenté sa folie et sa complexité.

    Avez-vous d’autres projets féeriques en cours ou à venir ?
    Virginie : L’exploration de la fée se poursuit déjà sur la toile : nous avons mis en ligne un blog qui a pour vocation de compléter le guide en proposant d’y retrouver des œuvres artistiques, des nouveaux textes… (Voir le blog des fées).
    Pour le reste, il y aura sûrement d’autres écritures à quatre mains, mais nous ne nous focaliserons pas seulement sur le monde des fées ! A suivre…
    Audrey : Et puis peut-être une série de dessin animé sur une petite fille qui veut exaucer ses désirs et demande aux fées de la « former »… C’est juste un projet pour le moment…

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009.

  • Créatures fantastiques du Québec de Bryan Perro et Alexandre Girard (Les Intouchables)

    Créatures fantastiques du Québec
    T1 & T2
    Textes: Bryan Perro
    Illustrations: Alexandre Girard
    Editions: Les Intouchables
    160 pages – 140 pages
    Prix: 24,95 $

    Présentation éditeur:
    Peu de gens s’en aperçoivent mais le Québec est, depuis des temps immémoriaux, le théâtre d’étranges phénomènes. Aux tréfonds des lacs, sur les cimes des montagnes, le long des berges du fleuve et au creux des forêts rôdent des créatures fantastiques qu’il vaut mieux éviter de croiser. Les portraits rassemblés dans ce livre, accumulés par les auteurs de ce répertoire au cours de leurs minutieuses investigations, vous permettront de découvrir un autre Québec. Pas celui du folklore, celui d’une terre barrée d’ombre et aux parfums de mystère…

    Notre avis:
    Voici deux ouvrages qui intéresseront énormément et aussi bien les amateurs de cryptozoologie que de bestiaire fantastique. L’auteur jeunesse bien connu de l’autre côté de l’Atlantique rassemble ici de nombreuses créatures légendaires issues des forêts aux couleurs changeantes, des lacs froids et profonds, des îles bordant la côte. Dans ce beau pays à l’histoire baignée de cultures différentes, on ne s’étonne pas de trouver tant de créatures qui se font l’écho de celles observées de notre côté. On remarque aussi de jolies différences. Les lutins n’ont ici qu’un oeil, les nains sont jaunes, les monstres aquatiques sont soupçonnés d’être des esturgeons géants, les Dames Blanches se font translucides et apparaissent dans les chutes d’eau… Et puis, il y a tout ce légendaire indien, passionnant.
    Les illustrations d’Alexandre Girard, majoritairement des crayonnés, illustrent de belle façon les propos, les anecdotes, les descriptions de ces diverses créatures. Les amateurs de féerie dénicheront ci et là quelques spécimens dont les auteurs eux-mêmes font le rapprochement avec les korrigans et brownies de notre continent.
    Enfin, le tout se glisse dans une mise en page particulièrement bien travaillée où l’on joue autant avec les images que le texte. Etonnant au départ, le lecteur s’habituera bien vite et retrouvera ses marques pour une lecture fluide bénéficiant de ce joli décor.
    Le deuxième tome se fait plus fantastique encore avec un dossier spécial fantômes. Notons également un dossier spécial Québec et sa galerie de personnages étranges.
    Petite cerise sur le gâteau, le papier utilisé est un papier écologique. Les forêts vous remercie !
    Deux ouvrages qui s’adressent aux québécois et à tous les amoureux de cette magnifique contrée.

  • Féerie et néo-paganisme…

    Les fées ne se limitent pas aux belles histoires ou aux jolies images… Certaines personnes en ont fait l’objet de leur croyance. Afin d’en savoir un peu plus sur la place de la féerie dans les traditions païennes, de plus en plus en vogue ces derniers temps, nous avons posé quelques question à Andraste, auteur d’un prochain livre sur Faerie et néo-païen de tradition. Petit échange sur la féerie…

    Peux-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
    Mon chemin spirituel est principalement celui du Paganisme. Le groupe a été fondé dans l’esprit d’aider les pratiquants solitaires à trouver des informations sérieuses , à se rencontrer et à partager leurs idées. Il est, pour nous, important aussi de respecter une éthique stricte et de montrer que notre spiritualité est une voie spirituelle complète.

    Comment définis-tu le néo-paganisme ?
    Il y a de nombreuses réponses possibles mais le Néo Paganisme est, à mon avis, l’ensemble des traditions basés sur une interprétation contemporaine des pratiques anciennes, soit issue de la Witchcraft ou bien enraciné dans un contexte ethnique comme le Druidisme ou l’Asatru. Le Néo-Paganisme est plutôt reconstructioniste, pour utiliser un néologisme un peu barbare, puisqu’il essaie de se reconnecter au lien du passé.

    La féerie est bel et bien présente au sein des croyances néo-paganistes? Dans quelles traditions plus particulièrement et sous quelle forme ?
    La Faérie est présente tout autour du monde et est indissociablement liée aux cultures et traditions de chaque pays. Ainsi, peut-on rencontrer le peuple de la Faérie dans les traditions Celtiques, Scandinaves, Grecques, mais aussi berbères, Hawaïennes ou extrêmes-orientales. Si on regarde d’un peu plus près, on rencontre dans la plupart des cultures des équivalents aux fées, élémentaux ou autres esprits de la nature, sous divers nom : Djins, Elfes, Korrigans ou pixies. La Faerie est très présente, tout au moins en arrière plan dans différentes traditions. Je pourrais citer par exemple certaines branches du Dianisme ou la tradition Feri de Victor Anderson.

    Le culte des fées se traduit comment? Retrouve-t-on le pain, le miel et le lait que laissaient nos ancêtres ou ce coin sauvage dans les jardins ou champs d’autrefois ?
    La mise en pratique de cette croyance au peuple Féerique s’exprime effectivement le plus souvent, par des offrandes. Il n’est pas rare de voir des groupes Païens se réunissant pour ritualiser dans la nature laisser des offrandes de lait ou de miel pour les esprits gardiens du lieu.

    Quelles différences majeures y a-t-il entre la représentation des êtres féeriques comme on les retrouve dans les livres d’illustrations très à la mode aujourd’hui et les croyances ?
    Quand on aborde le sujet des fées ou des êtres féériques , c’est le plus souvent le côté lumineux, pour ne pas dire rose qui apparait le plus spontanément. En effet, la période Victorienne a vu éclore, en Angleterre, mais aussi dans le reste de l’Europe une représentation idéalisée du monde Féérique. Cette représentation qui a envahi les dessins animés, les films et finalement une partie de l’imaginaire a fait très probablement plus de mal que de bien, en ne laissant émerger qu’une sorte de platitude bien pensante. Je ne dis pas par là que la poésie ou le fait de rêver n’est pas nécessaire et utile mais cela ne doit en aucun cas devenir une norme ou un simple moyen d’échappé à la réalité.
    Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à faire le tour des sites consacrés à ce sujet, on pourra facilement relever une sorte d’infantilisation du langage. La véritable Féérie a un côté obscur et son propos met plus l’accent sur le spirituel que sur la Fashion attitude.

    Les fées sont réputées n’avoir pas d’âme ou ne pas connaître le Bien et le Mal. Or on en a fait de gentilles petites créatures innocentes. Est-ce le cas dans les Traditions ?
    Effectivement, la notion de Bien et de Mal est humaine. Certains êtres de la Faérie sont plus facilement attirés par la présence humaine alors que d’autres peuvent être plutôt malveillants. Il n’est jamais anodin de toute façon, de converser avec l’invisible. Mais, bon ce n’est pas plus dangereux que de se promener dans une grande ville, seul, à minuit dans le métro.

    As-tu des chiffres à nous donner sur le nombre de néo-paganistes en France ? Et combien appartiennent à des Traditions liées à Féerie ?
    C’est très difficile à répondre car il n’y a pas d’organe officiel pour comptabiliser les Païens, les sympathisants ou les membres de telle ou telle tradition. A vue de nez, je dirais pas plus de 3000 personnes. Il est probable qu’une bonne fraction d’entre eux soit attirés par la Faérie mais je n’en n’ai aucune idée. La Faérie parle toujours un peu à l’imaginaire mais de là à savoir le nombre de ceux qui passent réellement à la pratique, c’est une autre chose.

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009.


  • Interview de Thierry Gloris pour Souvenirs d’un elficologue (Soleil Celtic)

    Sorti en mars 2009, le premier tome des Souvenirs d’un elficologue nous entraîne à la suite d’un reportage d’un jeune photographe qui plongera au coeur de Féerie. Les auteurs nous emmènent en pays breton, au Mont Saint-Michel où se trame une étrange intrigue. Enquête sur une série de meurtres spectaculaires où la féerie se teinte de noir et de rouge-sang ! Un scénario signé Thierry Gloris à qui le Peuple féerique a posé ses questions…

    Votre préface mentionne que la découverte de féerie, vous la devez aux ouvrages de Pierre Dubois. Le titre de la série est-il une sorte d’hommage à ce premier elficologue français ?
    Disons que lorsque Jean-Luc Istin m’a proposé de participer à sa collection « Celtic », je me suis vraiment demandé ce que j’allais pouvoir apporter comme « valeur ajoutée ». De la féerie, je n’avais en tête que quelques films et les nouvelles d’Arthur Machen. Je me suis tourné alors vers ma bibliothèque et j’ai redécouvert la « Grande encyclopédie des elfes » que l’on avait dû m’offrir à un anniversaire et que j’avais oublié sans l’ouvrir. Non pas que j’étais insensible à sa thématique, mais il y a au moins une centaine de bouquins qui attendent en permanence que je m’intéresse à eux dans mes étagères. En me plongeant dans les ouvrages de Dubois, mon imagination était en effervescence et j’ai su à ce moment que j’allais trouver mon sujet. De ce fait, il m’a semblé logique de faire résonance à Pierre Dubois dans le titre de la série mais également dans le nom du héros ! Paul Laforêt ! !

    Votre héros a « le don de voir par-delà la réalité des choses » … Vous avez choisi d’en faire un photographe. Un métier qui collait naturellement à l’histoire ?
    L’utilisation de la photographie comme révélateur du fantastique vient d’un fait divers qui avait enflammé l’Angleterre du début du XXème siècle et connu sous le nom de : « Les fées de Cottingley ». En 1917, deux « innocentes » jeune filles, Elsie Wright (16 ans) et Frances Griffith (10 ans) ont montré des photos, prises à Cottingley, de fées et de gnomes avec lesquelles elles avaient l’habitude de jouer ! Il y a fort à parier qu’il s’agissait d’un des plus beaux canulars du siècle, mais toujours est-il, que l’idée en elle même, est merveilleuse ! Même Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes se laissa entraîner dans cette farce à laquelle il fait si bon croire. Le second intérêt de faire du héros un photographe, c’est que cette technologie correspond, à cette époque, au futur. Il m’a paru bon d’opposer Modernité et Tradition pour les faire accoucher de : l’Imaginaire.

    Beaucoup d’auteurs semblent choisir naturellement le XIXe ou le début XXe siècle comme cadre temporel à une histoire féerique. Comment l’expliquez-vous ?
    Je pense personnellement que lorsque l’on parle des fées, c’est la clochette de Disney qui apparaît à l’esprit. C’est à dire un gentil petit personnage ailé qui vous entraîne vers l’imaginaire perdu de l’enfance. Le XIXème est le siècle du romantisme. Cette représentation un peu niaiseuse de la féerie cadre bien avec l’idée contemporaine de l’amour absolu. De mon côté, je suis plus proche de la conception d’Arthur Machen. Si la féerie existe, elle est peuplée d’êtres bons et mauvais qui partagent tous une même défiance envers l’Homme qui leur a volé leurs terres millénaires. Pour moi le XIXème en France correspond au moment où l’industrialisation et le modernisme ont pénétré au plus profond des campagnes hexagonales. Les rails métalliques du train à vapeur sont autant de flèches empoisonnées qui mettent à mort la Féerie. Le XIXème représente donc pour moi une époque tragique et magnifique où la Féerie peut encore tisser ses derniers actes de bravoure… La suite reste à inventer !

    Géographiquement, vous situez votre histoire au Mont Saint-Michel. Une zone très marquée des fées ?
    J’avais été marqué par la beauté du site du Mont Saint-Michel lors d’une visite d’enfance. Le fait que ce gros caillou était en constant mariage avec la mer dans un sac et ressac quasi immuable m’avait énormément marqué. En faire le lieu d’une rencontre entre l’Homme et la féerie m’a semblé opportun.

    Vos fées sont liées aux éléments… Une représentation logique pour vous ?
    A mon sens, les feys sont des « élémentaires » d’air. C’est à dire les représentations métaphoriques ou réalistes (en fonction du degré personnel de perméabilité à l’imaginaire) des éléments météorologiques (vents, tempêtes…) qui ont terrorisé l’Humanité depuis la nuit des temps. Ils n’ont aucune notion personnelle du bien ou de mal… Ils sont !

    Les créatures féeriques dans votre histoire font partie d’un monde invisible. Mais elles apparaissent et dirigent également les rêves. Est-ce l’idée dun subconscient plus réceptif ?

    Exactement, je pense que les rêves sont des portes vers une autre perception de la réalité. Que derrière l’onirisme, il y ait une manifestation de l’inconscient ou d’un monde imaginaire, cela m’importe peu. Toujours est il que c’est un magnifique biais pour amener un lecteur sur des chemins de traverse où tout peut arriver.

    Vous nommez le grand ennemi Balor comme le roi mythologique des Fomoires. Physiquement, il est très diférent. Comment avez-vous décidé de sa représentation ?
    Pour le Balor, je voulais un monstre « original », qui ait une double apparence, à la fois féerique et bestiale. Dans sa forme féerique, il est assez proche des feys. Dans sa forme animale, l’idée d’une chevelure mouvante s’est imposée graphiquement. Comme dans le mythe, le Balor est lié au chaos, il m’a semblé intéressant de lui donner un aspect proche des êtres immondes et tentaculaires qui vivent au plus profonds des fosses océanes…

    Finalement, le titre donné à ce premier album, l’Herbe aux Feys, ne représente pas beaucoup ce qui s’y passe… Pourquoi une telle importance à cette « herbe aux feys » ?
    Comme je ne voulais pas amener la fantaisie trop rapidement, je me suis appuyé sur un triple artifice : Premièrement la photographie qui permet de voir l’invisible. Secundo, les rêves qui permettent de percevoir un monde parallèle et tertio, l’herbe aux feys qui permet au « fumeur » d’interagir avec le monde féerique. Bien sûr, il y aura également tout un travail narratif sur Gigi, la jeune fille qui a offert « l’herbe » à Paul. Elle ne peut être qu’une simple gitane…

    Combien de tomes pouvons-nous espérer pour cette série et quand pensez-vous que le prochain sortira ?
    Nous travaillons en diptyque. Le second tome devrait sortir au printemps 2010. L’histoire « réaliste » sera close. Dans un second diptyque, j’aimerais développer les tenants fantastiques de notre histoire. Nous verrons cela en fonction du nombre de lecteurs que nous embarquerons avec nous sur les sentiers de nos légendes celtiques re-visitées.

    Votre créature féerique préférée et pourquoi ?
    Le Phénix est à mon sens le symbole du combat permanent de la vie sur la mort. Tant qu’il renaîtra, tout sera possible !

    Propos recueillis par le Peuple féerique en mai 2009

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  • Mélusine, n°17: Sang pour sang – Clarke, Gilson, Dupuis

    Mélusine, n°17
    Sang pour sang
    Dessins de Clarke
    Scénario de Gilson
    Editions Dupuis
    Album cartonné – 48 pages en couleurs
    Prix: 9.45 EUR – 18.20 CHF

    Présentation éditeur:
    Entretien loupé avec un vampire
    Monsieur ne peut plus supporter Madame. Monsieur a besoin de calme. Monsieur veut être seul… enfin seul, le sera-t-il vraiment ? Son oncle, Faësturno est sur le chemin pour lui rendre visite ! Ce vampire, attiré par le sang frais, suit Mélusine jusque chez elle, mais à l’instar de Cancrelune, se prend le mur et s’écrase, suivi de près par la dit-Cancrelune qui l’écrase ! Autant dire que le vampire qu’il est n’a plus l’étoffe d’un grand. Mélusine est alors chargée avec l’aide de Mélisande, sa cousine, et de Cancrelune, de remettre l’oncle de Monsieur en état !
    Succession de situations cocasses à travers ce nouveau personnage méchant, très méchant, très, très méchant, mais sans danger !

    Notre avis:
    Un 17e tome marqué par les vampires ! Notre délicieuse Mélusine est une fois de plus confrontée à d’étranges phénomènes, ici en l’occurrence, la venue mouvementée de l’oncle Faësturno – anagramme de Nosferatu – qui est accueilli comme il se doit par la maladroite Cancrelune. Le pauvre vampire passera par mille états, brûlé, multiplié, réincarné, rapetissé et bien évidemment, impossible de trouver la bonne formule ! Clarke et Gilson continuent de nous offrir ce petit monde bien plus sympathique qu’effrayant. Si vous avez envie de vous délasser sans vous prendre la tête, voilà une petit bulle d’oxygène, un petit moment rafraîchissant dans un monde bien trop souvent oppressif et dépassé. Une BD qui sent bon le transat au soleil. Enfin, pas trop conseillé le soleil pour un vampire…

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