Sur la trace des Pixies du Dartmoor… la tombe de Kitty Jay
Les fées aiment les rencontres fortuites. Nous traversions les landes du Dartmoor pour rejoindre notre gîte lorsqu’une fois de plus, nous nous égarâmes. Cherchant à nous orienter au moyen des Tors, ces sommets de collines empierrés, notre voiture s’engouffra dans une mince route quand mon oeil fut attitré sur la droite par la fameuse Kitty Jay’s Grave ! Coup de frein et me voici devant la légendaire tombe de cette pauvre Kitty.
Kitty Jay était tombé follement amoureuse d’un jeune aristocrate de la ville qui lui avait promis monts et merveilles et, surtout, de revenir très vite la chercher alors que leur idylle prenait fin, l’homme devant regagner la ville au terme de son séjour en ces lieux. La pauvre paysanne crut les promesses du bellâtre et les jours défilèrent aussi vite que ses larmes augmentaient. Hélas, il ne revint pas. De honte ou de chagrin, la jeune fille se pendit. Le cimetière lui fut interdit en ce XVIIIe siècle chrétien mais quelque âme charitable l’enterra ici, à la croisée des chemins.
On dit que depuis lors, chaque jour des fleurs fraîchement cueillies sont déposées sur la tombe de Kitty Jay. Un petit bouquet posé là au fil des années et des siècles. Certains prétendent que c’est là l’oeuvre des Pixies prenant en pitié cette pauvre âme perdue, d’autres soupçonnent les gens d’ici de commémorer le souvenir de la pauvrette par ce geste aussi beau que simple. Depuis quelques années, les fleurs se sont vues rejoindre par de menus objets, Kitty Jay devenue le symbole de ces coeurs égarés, perdus qui ne voient pour seule issue que la mort…
… cette même mort qui prend la forme d’ombres blanches, de fantômes aperçus rôdant près de la tombe les nuits sans lune.
Avant de repartir, je glissai une petite fleur sur ce tombeau de verdure, mes pensées rejoignant celles de tous ceux qui, comme moi, croisèrent un jour, par hasard ou par envie, la dernière demeure de l’âme de Kitty Jay.
Triste histoire pour cette jeune femme , et magique à la fois