Pierre Dubois, l’incontournable elficologue qui est un puits sans fond en matière de connaissances féeriques nous plonge cette fois dans le crime et le conte. L’elficologue reprend la plume (de corbeau) pour revisiter les contes à sa façon et c’est un vrai régal ! Comptines assassines, paru aux éditions Hoëbeke, bénéficie d’un style souvent envolé qui fait plaisir à lire dans un monde où le langage issu de la génération « téléphone portable » nous fait de plus en plus oublier la magie des mots. Pierre Dubois nous la rappelle et nous fait partager sa passion pour ces personnages haut en couleurs noir et sang que sont Sherlock Holmes, Dracula, Barbe-Bleue et autres croquemitaines.
Petite visite Au Bord des Continents où sont parus deux ouvrages de Sandrine Gestin. Le premier est un carnet d’adresses parcheminé et rempli d’elfes et de fées. Le second est une œuvre plus personnelle, une invitation au voyage onirique au pays de l’Autre Côté. Rêveries de fées a été écrit, illustré et mis en page par Sandrine Gestin et on ressent tout l’amour qu’elle a donné à la création de ce magnifique objet. On entre véritablement dans l’univers Gestin et on se complaît à y demeurer jusqu’à la toute dernière page. Difficile de refermer ce genre d’ouvrage !
Une fois de plus, les fées auront de quoi se réjouir côté lectures pour cet été 2008. Commençons notre tour d’horizon par une promenade du côté du Pré aux clercs, maison décidément bien prolifique lorsque l’Imaginaire s’allie aux belles images. L’Art de la Fantasy est un recueil d’illustrations somptueuses qui a le mérite de mettre en avant de jeunes créateurs contemporains. Les professionnels y côtoient des artistes découverts sur le net. De quoi intéresser les amateurs de belles images qui pourront se ruer à partir de ce recueil sur les différents noms qu’il présente. Les amis des fées choisiront la collection des Petits livres de… qui nous invite à revenir sur les fées, les dragons et les elfes. Trois livres écrits par Edouard Brasey et jouissant d’illustrations de Sandrine Gestin.
Sixième rue, neuvième art
Fantasy urbaine et bande dessinée
Des fées qui débarquent en ville, des personnages de contes qui déambulent dans les rues citadines, voilà un concept aussitôt adopté par les auteurs de bande dessinée. Pour les amateurs de cases, planches et bulles, voici quelques repères, autant de portes à ouvrir pour se projeter dans un monde urbain teinté d’étincelles magiques…
La fantasy urbaine répond favorablement à cette double attente de lecteurs majoritairement citadins.
Déesse blanche, déesse noire de Servais
A savoir une critique de la société urbaine, un regard sur son côté décadent augmenté d’une attirance pour la Nature comme symbole de pureté. Les fées, les personnages de contes, les elfes lorsqu’ils sont plongés dans nos villes soit les fuient en se construisant leur propre monde ou leurs propres règles, soit les subissent et leur sort rejoint les plus malheureux, les plus oubliés des hommes. Au contact de la société moderne, industrielle et urbaine, les fées perdent leur pureté.
Mais les fées influent également ce monde urbain, ce monde des hommes. Elles plantent leurs griffes en nos destins, le plus souvent pour nous ramener vers la Nature et ses règles sauvages, inhumaines dans le sens d’incompatible avec notre système de pensée, notre vision dichotomique du Bien et du Mal. Déesse Blanche, déesse noire de Servais épouse bien cette idée lorsque les fées interagissent sur le destin de deux jeunes filles bien modernes.
On peut donc voir le traitement de la féerie urbaine par les auteurs comme d’une part une juxtaposition de deux mondes néanmoins clairement séparés, d’autre part, lorsque cette frontière est perdue, une métamorphose irréparable de la nature profonde des fées, un empoisonnement de leur pureté.
Un monde parallèle au nôtre
Dans le premier cas, on retrouve des séries tel que Algernon Woodcock, où ce médecin à l’œil fé parvient à voir de l’Autre côté du miroir. Sans cet instrument, les fées restent invisibles à l’homme. Elles appartiennent de plus entièrement à leur monde. L’Héritage d’Emilie inscrit également son monde féerique mêlant créatures légendaires et extraterrestres dans une dimension parallèle. A la fois présente et infiniment lointaine.
Dans Tir Nan Og, Fabrice Colin plonge un peu plus ses personnages dans notre monde urbain mais garde les distances. Ses fées vivent bien dans leur monde, ont fui le nôtre et celles qui demeurent se sont regroupées dans des lieux magiques, à l’abri du regard des hommes.
Bien connu pour ses romans de fantasy urbaine, Neil Gaiman avec Sandman survole notre monde sans vraiment s’y poser. Son mélange de rêve et de mythologie sépare bien ses personnages du monde des hommes qu’ils influencent plus qu’eux-mêmes le sont par lui. Empruntant également la voie du rêve Ellis rapproche un peu plus les deux mondes en permettant aux créatures oniriques de s’incarner dans nos villes.
Fables
Un seul et même monde
Dans cette seconde catégorie d’œuvres rattachées au courant de fantasy urbaine, se trouvent certainement les plus intéressantes car plus ancrées dans un contexte urbain et a fortiori plus proches de nous. Commençons ce petit tour d’horizon par le Kamikaze de Satoshi Sichi qui prend Tokyo comme cadre de la lutte entre plusieurs clans « féeriques ». Evoquons également très brièvement The Magic of Aria ou l’histoire d’une bande de jeunes féeriques s’amusant dans les soirées new-yorkaises, pour arriver à deux titres véritablement incontournables pour le sujet qui nous occupe. Le premier est bien entendu Fables qui met en scène les personnages des contes qui se sont réfugiés dans notre monde, chassés du leur par l’Adversaire. Ils vivent donc parmi nous, même si les moins conformes à notre apparence humaine sont parqués à l’extérieur de New-York dans « La Ferme ». Les héros de notre enfance sont ici revisités pour s’immiscer dans notre quotidien. Une excellente série à découvrir si ce n’est déjà fait.
Autre incontournable et toute récente celle-là, Wisher de Latour et De Vita. Une série qui nous propose une étrange chasse aux féeriques dans les rues de Londres où les créatures rescapées d’une extermination totale vivent au milieu des hommes. Le héros est un djinn qui s’ignore et le dernier espoir des féeriques…
Enfin, et pour terminer cet article, signalons la parution assez récente d’un livre illustré intitulé tout simplement Faery City et qui est l’œuvre de Mathieu Gaborit et Amandine Labarre. Un livre qui raconte la recherche d’une jeune fille sur ses origines dans un Paris qui voit surgir son côté féerique. Une œuvre originale puisqu’elle s’appuie sur un jeu de tarots et ses arcanes et jouit d’illustrations soignées.
A lire… Tir Nan Og de Colin et de cock, Les Humanoïdes Associés Wisher de Latour et de Vita, Le Lombard Sandman de Gaiman, Delcourt, Panini Comics Déesse blanche, déesse noire de Servais, Dupuis Ellis de Latour et Griffo, Le Lombard L’Héritage d’Emilie de Florence Magnin, Dargaud Algernon Woodcock de Sorel et Gallié , Delcourt Faery City de Gaborit et Labarre (livre illustré), Tournon Magic of Aria, de Brian Holguin et Jay Anacleto, Semic Fables, de Willingham, Medina, Buckingham, Panini Comics
Les Arcanes d’Alya – T.2 : Âmes soeurs
Scénario : François Debois
Dessin : Gwendal Lemercier
Couleurs : Nicolas Bastide
Editions : Soleil
Les Arcanes d’Alya tome 2Voici, déjà, la suite des Arcanes d’Alya. Une suite qui clôt le volume précédent et qui conte la fin de la quête de Brynn partie à la recherche de sa gémellaire Aileen. Sur le chemin qui la mène à l’âme défunte de sa sœur, Brynn croise un peuple d’âmes perdues. Elle en fera une armée et en prendra le commandement pour marcher sur la forteresse d’Alya et enfin retrouver sa sœur.
Une très belle histoire contée en deux albums et rehaussée par le dessin de Gwendal Lemercier et les couleurs de Nicolas Bastide. Le tout forme un univers aussi tragique que féerique. Les décors oscillent entre les enfers et un univers elfique dans tout ce qu’il a de lumineux. Les amateurs de mondes féeriques qui ne craignent pas d’en explorer les parties sombres, seront comblés.