Étiquette : Pascal Moguérou

  • Petit tour du côté sombre de la Féerie avec Pascal Moguérou

    Petit tour du côté sombre de la Féerie avec Pascal Moguérou

    Pascal Moguérou nous avait habitué à ses korrigans farceurs et ses jolies fées rondelettes aux moues coquines, Petit Peuple joyeux dansant au milieu d’une nature tantôt printanière laissant exploser les couleurs de la vie, tantôt automnale portant aux travers ses teintes de feu tous les rêves de l’Ailleurs. Il nous revient cette fois aux éditions du Lombard avec un somptueux « Sombres Féeries » et son encre noire, trempée dans nos cauchemars, l’autre part de nos rêves. Car sans lumière, pas d’ombres, sans ombres, pas d’espoir. En cela, cet album porte un message bien clair, presque salvateur pour tous ceux qui apprécient la féerie : le Petit Monde n’est pas que poussière de fée et paillettes, il est aussi fait de choses rampantes, de peurs ancestrales. Il n’est pas différent du nôtre. Il est là. Il est notre monde. Avec « Sombres Féeries », Pascal Moguérou dévoile une nouveau côté de son âme, une vieille âme trempée à l’encre du folklore et des croyances féeriques. Rencontre avec cet auteur vrai.

     

    D’où t’es venue l’idée ou l’envie de travailler la part sombre de la féerie ?

    Oh cette envie a toujours été là! Disons que je l’ai mise en sommeil le temps pour ma plume et mes crayons d’aller explorer des royaumes plus paisibles ! C’est vrai que l’humour, chez moi, n’est jamais bien loin, mais les mots de sang et de noirceur ont toujours été présents, flottant à la lisière de ce que je m’autorisais dans mes premiers livres… Pourtant, ils sont toujours venus plus facilement que les images, dès lors qu’il faille dépeindre l’horreur, ou la part d’ombre qui sommeille en chacun de nous, fut-il humain ou enfant de Féerie!… Le monde de Féerie est comme une pièce avec ses deux faces, l’une flottant plus facilement dans la lumière, l’autre préférant s’enfoncer dans des recoins envahis d’ombres!…

    Tu vas puiser dans le légendaire breton qu’on te connaît bien, mais la lecture révèle bien d’autres sources et notamment une certaine  présence de l’Amérique du Nord. Ce sont des pays qui te font rêver ?  Ou sont-ils plus appropriés au propos que d’autres ?

    Ma terre de granit est inspirante, oui, je ne me lasse pas d’arpenter ses landes désolées, ses sombres forêts profondes ou ses grèves venteuses. C’est à chaque fois comme un nouveau chemin qui s’ouvre à l’imaginaire ! Mais le nouveau monde l’est tout autant, oui, très certainement… J’ai toujours eu envie d’y traîner mes guêtres ! Sans doute de vieux souvenirs de lectures de Twain, de Fenimore Cooper ou de London!? J’idéalise sûrement, mais j’aime penser au Canada et à l’Amérique du Nord comme à des terres où la Féerie serait présente et bien vivante dans des recoins encore inexplorés de ces vastes territoires ! L’Irlande a vu partir des milliers de ses enfants vers l’Amérique, chassés par la famine… La colonisation qui poussa les pionniers vers l’Ouest s’est faite dans le sang de ceux qui habitaient déjà là… Il ne m’en fallait pas plus pour imaginer de noirs démons, venus avec les migrants dans les cales des premiers bateaux ou d’autres, déjà là, qu’on oblige à s’éveiller, prêts à libérer toute la rage qu’ils ont en eux !

    Dickens, Lovecraft, Twain… On ressent cette envie de partager avec  le lecteur des univers qui t’ont nourri, de leur rendre hommage d’une  certaine façon ?

    Je me souviens, il y a longtemps, quand je partais en balade, en forêt ou sur les grèves en compagnie de mon fidèle Octave, je rêvais de pouvoir à mon tour, illustrer toutes ces couvertures de livres, d’auteurs qui me fascinaient et m’emportaient… d’apporter ma vision graphique de ce que leurs mots faisaient jaillir en moi… À l’époque, ça n’était qu’un rêve, que je m’autorisais dans le silence revigorant de ces interminables promenades, tant cela me paraissait impossible… Il faut dire que très tôt, tout gosse, j’ai été pris d’une véritable boulimie de livres, de toutes sortes de livres, romans ou bd, peu m’importait, du moment que je m’évade par la lecture… Dans mon “Sketchbook” je rendais hommage à tous ces dessinateurs de bd qui ont construit mon imaginaire et éduqué mon œil à tel ou tel genre graphique… D’une manière un peu différente, mais tout aussi assumée, je voulais témoigner de cette autre voie vers l’imaginaire qu’est la littérature romanesque, fantastique ou d’horreur… J’ai pris, par contre, des libertés avec ces auteurs, en les plantant dans des situations plus ou moins “particulières”, mais en m’appuyant tout de même sur leur vie… J’avais également travaillé sur Poe, Howard, London et bien d’autres, malheureusement, l’impitoyable dictature du foliotage est passée par là et, à contrecœur, j’ai dû “trancher”…

    Au fond, c’est un livre très personnel que tu nous offres… C’est le  sentiment que j’ai eu tout au long des pages et notamment avec le  poème, « Les oiseaux de solitude ». J’ai l’impression que tu essayais  d’ouvrir une porte, de te détacher de l’étiquette associée à ton  univers. Un peu moins de Bretagne, de fées coquines et de korrigans  farceurs dans celui-ci. L’envie de te dévoiler, de partager ton  univers entier ou d’amorcer un changement de direction pour tes  créations ?

    Mmmmm, tu soulèves un point intéressant!… Le temps qui passe et un projet chassant l’autre, tu t’installes, presque malgré toi, dans un rôle, une étiquette, un formatage, peu importe le nom qu’on peut lui trouver; mais qui empêche la pleine expression de ce que tu es au fond de toi… Une multitude de possibles! C’est loin d’être une malédiction, bien sûr, et tu continues à œuvrer avec enthousiasme, mais l’âge aidant, tu te dis qu’il est peut-être temps d’aller voir «ailleurs» … cet ailleurs qui n’a jamais été bien loin, en plus, et de lui consacrer du temps pour qu’il s’éveille enfin!

    Avant tout, le lecteur ne voit que ce que tu leur offres, et c’est bien normal, en faisant abstraction de ce qui se cache, derrière les mots et les images, un humain, avec ses choix, son parcours de vie, ses failles et ses faiblesses. Ce que je veux dire, c’est que le travail de création est intimement lié à la manière dont tu le nourris… et j’ai énormément nourri ma création, tout au long de ces années !… Au détriment souvent des envies ou des besoins de l’humain resté derrière… Des choses bien plus sombres sommeillent en moi, nourries de mon passé, et il faudra bien qu’elles émergent, au travers de mots ou d’images, un de ces jours ! Ton sentiment est juste : les « Oiseaux de Solitude » a été écrit lors d’une de ces nuits où tu réalises que le chaos est là, qui chemine à tes côtés… C’est ainsi.

    Si l’on s’attache aux récits, ils sont vraiment noirs. Les choses  ne tournent pas toujours au mieux pour les protagonistes. Tu te  rapproches ici de l’écriture de nouvelles fantastiques où les héros  n’ont que le choix de mourir ou de devenir fous. Par contre, j’ai  trouvé que les illustrations adoucissent le propos. On y retrouve de  l’humour, de la gouaille, un certain côté jeunesse aussi…

    C’est assez délectable, je l’avoue, de planter de telles histoires ; de laisser s’exprimer mon côté « noir » , et d’entraîner le héros vers un destin tragique où il va se perdre, fatalement! Il y a toujours une forme de morale qui transcende au travers des mots… l’ignorance, la cupidité, la bêtise, la vengeance ou la colère sont de bons moteurs pour faire fonctionner ce genre d’histoires ! Je le disais plus haut, ou plus bas, les mots me viennent, simples et faciles, qu’il s’agisse de décrire la beauté ou de dépeindre l’horreur. Mais en ce qui concerne le dessin, l’exercice m’est peut-être plus délicat !? Je me souviens des premiers temps où j’entendais des mères s’effrayer du propos du livre ou des dessins ; « c’est pas un livre pour enfants ! », ou « ça fait trop peur ! » comme si de bêtifier les gosses pouvaient les préserver de quoi que ce soit ! Si les contes de fées étaient de jolies histoires innocentes, ça se saurait, depuis le temps ! Ou alors ces mamans n’ont pas lu les mêmes choses que moi !? Plus sérieusement, j’ai peut-être, en effet, plus de mal à me départir de l’humour quand j’ai un crayon en mains, de là à dire que c’est de la retenue ou une auto-censure, je ne saurais dire!?…

    De toutes les histoires, laquelle t’a empêchée de dormir ?

    Le cerveau est une bien étrange machine, qui continue même à fonctionner quand le corps se repose !… Combien de fois, je me suis réveillé avec, à la lisière des rêves, ce souvenir confus d’une image, d’une idée encore vivace qui semblait si prometteuse et qui évidemment s’est perdue au réveil! Je ne sais pas s’il y a une histoire plus qu’une autre qui m’a posé problème ? En fait, quand je passe en « mode auteur » je laisse de côté l’aspect dessinateur, pour de bon, et cela dure plusieurs mois, le temps d’écrire… La transition entre les deux états n’est pas une sinécure pour moi, tant les deux genres s’entremêlent ! Une image appelle les mots et l’inverse est aussi vrai, quand j’écris, je me force à empêcher les mots de prendre forme ! L’exercice est de savoir ce qui restera en prose et ce qui doit devenir une illustration ! Mais si je devais me souvenir d’une histoire, je pense que celle du Wendigo m’a donné du fil à retordre !

    Combien a duré la création de cet ouvrage ?

    Bon an mal an, un livre comme celui-ci me prend deux ans. Celui-ci m’en a pris trois, mais pour d’autres raisons… Il y a bien sûr le travail de réflexion en amont, qui a déjà commencé, et qui fait son bonhomme de chemin, tandis qu’on travaille encore sur les finitions du précédent ! Il y a également, et c’est très bien car ça permet de s’évader un tant soit peu, tous les travaux qui viennent se greffer entre-temps, couvertures de livres, commandes privées et autres dessins aussi divers que variés ! Mais pour revenir au livre, c’est un long, très long parcours… la solitude du coureur de fond, on va dire. En fait, étant à la fois auteur et illustrateur sur ce genre d’ouvrage, on pourrait croire la tâche plus facile ; mais il n’en est rien, bien au contraire ! Car l’un comme l’autre veut la part royale, et aucun des deux n’est prêt à concéder le moindre compromis ! Je plaisante, mais à peine ! Je suis, en plus, d’un caractère tenace dans le travail, et d’être breton, de surcroît, n’arrange pas les choses ! Quand d’évidence, il faut faire des choix face aux contraintes du livre, c’est un vrai crève-cœur ! Ah oui, il faut dire que je réalise aussi la pré-maquette du livre, en jouant avec les différents éléments, dessins et textes, pour harmoniser, page après page, l’ensemble du livre, dans ce qu’on appelle un « chemin de fer »… Tout est question d’équilibre, d’harmonie. J’installe, je place, je jongle avec les blocs-texte, avec les images, que je vais agrandir ou réduire à l’envie… Mais quand arrive enfin l’exercice final, que je réalise avec Michel, mon ami, qui finalise mes livres depuis longtemps maintenant ; il arrive fatalement que son œil affûté pointe le problème et m’oblige à revoir les choses… parce que c’est comme ça et qu’il n’y a pas d’autres possibilités ; que j’ai mal calculé et qu’il faut sacrifier du texte ou une image ! Bref, l’horreur ! L’impression, justifiée en plus, d’avoir travaillé pour rien ! L’exercice de la nouvelle, ou de l’historiette comme je préfère les appeler, est infiniment délicat. Les petites histoires que je raconte se trouvent souvent étriquées, faute de place suffisante… S’il faut, en plus, sabrer dans le texte existant, pour faire de la place, c’est juste épuisant!… Je ne parle même pas d’une image à mettre à la trappe ! Bref, ce beau bébé que je laisse aller, à présent, faire sa vie, m’a fait perdre jusqu’à mon dernier cheveu !!

    La couverture est vraiment superbe. Une vraie réussite. S’est-elle  imposée comme une évidence ou a-t-il fallu beaucoup y travailler ?

    La couverture d’un livre est souvent quelque chose de délicat, où il faut en dire assez, mais sans trop révéler… L’idée chemine au début, sans trop savoir où elle va. Parfois, souvent, on débouche sur des impasses et il faut abandonner et faire demi-tour. Celle qu’on trouvait brillante s’avère médiocre au bout du compte. Et puis, au détour d’une illustration juste achevée, l’évidence saute aux yeux ! Avec l’assise solide d’une bonne illustration, il suffit juste, je dirais, de broder autour ; travailler le lettrage du titre, ajouter des entrelacs de ronces qui vont appuyer celui-ci et parachever le tout d’une touche précieuse: le doré à chaud, qui, il faut dire, magnifie le côté sombre de l’ensemble! Une drôle d’alchimie que d’imaginer une couverture de livre… mais celle-ci fonctionne bien, je trouve !…  Un grand merci, évidemment, à l’éditeur qui m’a permis ce genre de fantaisie !…

    SOMBRES FÉERIES, de Pascal Moguérou, aux éditions du Lombard, disponible dans toutes les librairies !

     

     

     

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  • Pascal Moguérou nous plonge dans la sombre féerie

    Pascal Moguérou nous plonge dans la sombre féerie

    SOMBRES FÉERIES

    Pascal Moguérou

    Éditions Le Lombard

    Présentation de l’éditeur:

    A l’origine, si les contes de fées étaient emplis de merveilleux, ils étaient aussi de terrifiantes fenêtres ouvertes sur la noirceur du monde. Et la Féerie traditionnelle ne fait pas exception. Pour la première fois, l’un de ses chantres les plus célèbres, Pascal Moguérou, lève le voile sur la face sombre des contes et légendes, le temps d’un noir grimoire qui voit sa plume fleurie et son dessin sensuel danser une sombre sarabande menée par l’Ankou…

    Notre avis:

    Voici un album très attendu et qui fait grand bien à la féerie ! D’abord, car c’est un bel objet renouant avec la tradition des Beaux Livres féeriques. Ensuite, car l’auteur s’est avancé sur un sujet délicat, le côté obscur de la féerie.

    Coup d’œil sur le contenant en premier lieu. Un beau grand livre à la couverture cartonnée et il faut bien le dire, somptueuse ! Tout est parfait. Le travail d’illustration avec ce sombre cornu dont le regard nous accroche à travers les ténèbres seulement éclairés de cette lune timide ; avec ces décors de ronces entrelacées… L’ajout côté fabrication avec ce titre doré… Voilà ce qu’on peut appeler un vrai travail de couverture, bien des éditeurs peuvent en prendre de la graine ! C’est donc un gros coup de cœur sur l’objet en soi, dans un contexte devenu par trop timide, Le Lombard a osé et met tout le monde d’accord : la féerie déclinée en bouquins se doit d’être aussi merveilleuse que le sont ses sources.

    S’insinuant partout comme de méphitiques effluves, les charmes noirs suintent le long des ardoises et des murs de granit, passent sous les lourdes portes des granges jusque dans le foin des mangeoires, se glissent dans les lits aux draps de lin, comme des filets de bave insane souillant la terre, et les hommes comme les bêtes.

    Une fois le livre ouvert, voici que l’on se plonge dans le second défi de cet ouvrage et pas le moindre. Présenter le côté sombre de la féerie n’est nullement aisé de nos jours. Le terreau féerique ayant été autant édulcoré par Disney que par ces idées de plus en plus tenaces que les fées ne sont que des êtres positifs. C’est vite oublier les dangers liés à la nature, aux lieux empreints de leur magie, aux maisons bâties sur le territoire d’un ancien génie. Chaque lumière possède sa part d’ombre. Pascal Moguérou nous le rappelle ici à travers une vingtaine d’histoires illustrées. Pas question de propos encyclopédiques, d’une liste exhaustive de créatures maléfiques, mais bien des récits, des aventures, des intrigues flirtant avec les ombres, puisant leurs sources aussi bien dans le folklore breton cher à l’auteur que dans les légendes outre-Atlantiques ou encore au sein d’une littérature fantastique ayant sans nul doute longtemps bercé Pascal Moguérou. Le résultat est un mélange de peurs. Celles qui punissent l’homme trop curieux, malhonnête, naïf, égaré. Celles qui se glissent chaque nuit sous le lit de l’enfant. Celles qui grattent aux portes et planchers. Celles qui guettent nos pauvres vies à travers les broussailles lorsque la lune se met à saigner… Les mots de Pascal Moguérou empruntent des chemins qui nous font trembler et se montrent ici bien plus forts en ressenti que ses illustrations qui finalement adoucissent le propos. Une plume trempée dans l’horreur, l’angoisse et la noirceur, mais un pinceau demeurant au plus près de ce que l’auteur a toujours su nous servir : évasion, merveille et humour. Le mélange des deux aboutit à un livre qui fera entrer ces créatures dans bien des chaumières, apportant un peu de lumière à cette part indissociable de Féerie et recouvrant d’une part d’ombre nécessaire les bibliothèques qui ont osé oublier.

  • Concours spécial Pascal Moguérou : LA question

    Waouh ! Vous avez été très nombreux à réagir au lancement de ce concours spécial Pascal Moguérou ! Le lot en jeu est un dessin original du Maître ès Korriganed :

    original-PascalMoguerou

    Trois conditions pour tenter de remporter cette magnifique illustration:

    1. Répondre à cette question : De quel livre de Pascal Moguérou est tiré le conte « Lommig » publié dans son billet du 15 mars 2016 ? (Attention, il n’y a pas de piège)
    2. Criez haut et fort votre admiration pour les Korrigans
    3. Répondez à la question et répandez votre amour pour les Korrigans dans un commentaire à ce post et uniquement à ce post sur ce blog au plus près du moment opportun. Un indice sur ce mystérieux moment ? Ahah, là, il vous faudra être abonné à notre newsletter… (Ben oui quoi, c’est un concours féerique, y a toujours un tour de ces satanés lutins pour vous faire râler. Enfin, voyez le bon côté des choses, être abonné à notre newsletter, c’est recevoir le plein d’infos de Féerie, augmenter ses chances de gagner à l’un de nos concours et nous soutenir dans notre travail quotidien pour faire connaître et apprécier fées et lutins !)
  • Un dessin original de Pascal Moguérou à gagner sur Peuple féerique !

    Vous avez toujours rêvé d’orner l’un de vos murs d’un dessin original signé Pascal Moguérou ? Voilà désormais la chose possible ! Le célèbre illustrateur des Korrigans et le Peuple féerique s’associent pour vous offrir la chance de recevoir ce magnifique dessin chez vous :

    original-PascalMoguerou

     

    Mais attention ! Vu l’énooooooormeuh beauté de la chose, il y aura trois conditions indispensables pour gagner cette merveille:

    1. Répondre à la question qui vous sera posée demain sur ce blog
    2. Vous devrez crier haut et fort l’admiration absolue que vous portez aux Korrigans (Oui, ils adorent ça)
    3. Vous devrez répondre avant une date, heure et minute précises au-delà de laquelle ça ne comptera plus (un moment secret situé quelque part entre maintenant et dimanche prochain). Ce moment-clé, vous devrez le deviner ou vous inscrire à notre newsletter pour recevoir l’information précieusement gardée par nos fées. Pour vous y abonner, c’est ici !

    Bonne chance à tous !

  • Carte blanche à Pascal Moguérou avant le petit concours…

    C’est au tour de Pascal Moguérou de nous gratifier d’un billet avant de lancer le concours sur ce blog. Un texte qui en dit long sur son amour pour la nature, un coup de triste colère et d’incompréhension devant les compagnons de ses promenades aujourd’hui disparus… Un premier texte auquel répond l’une de ses nouvelles parues dans L’Heure des fées, un écho, une réponse enragée qui fait tant de bien à lire et relire… A lui la parole…


    pascalmoguerou411

    Ceux qui me connaissent un peu, savent l’amour immodéré que je porte à mes forêts et à mes grèves… Je dis « mes » mais elles ne m’appartiennent pas, bien sûr, et c’est dans un sens purement affectueux que je le dis… Cela faisait un moment que je n’avais pas été me promener en forêt et l’autre jour, j’y suis retourné… Le coureur des bois et le chasseur de champignons que je suis, sait très bien que Bonhomme Hiver est passé par là, alanguissant la nature dans un manteau de silence, le temps pour elle de se reposer… Mais se retrouver perdu au fin fond d’un bois, sentant sous ses pieds le tapis moelleux de mousse et d’épines de sapin mêlées, respirant avec bonheur les senteurs poivrées d’humus, caressant la rugosité des peaux d’écorce, sont à eux seuls, des petits bonheurs sans pareils…

    J’y suis retourné, sachant malheureusement le triste spectacle qui m’attendait. Ma forêt avait subi les assauts de ces maudits monstres mécaniques, ces machines infernales qui ne laissent aucune chance à des vénérables, vieux de plusieurs dizaines d’années. Coupant, tranchant, ébranchant, je les entendais depuis chez moi, la rage au ventre, s’acharnant sans fin jusqu’au bout des jours, dans la noirceur des soirs d’hiver.

    La désolation s’étalait devant mes yeux… les gigantesques machines avaient laissé des cicatrices béantes là où elles avaient œuvré, au travers de la forêt et au sol. La pluie des derniers temps n’avait rien arrangé à l’affaire et des sillons tailladaient profondément la terre comme les coups de griffes d’un géant furieux.

    Sans doute était-ce naïf de ma part, que de croire en l’immuabilité des choses… que mes bois chéris resteraient ainsi, ces vieux vénérables aux fûts majestueux, grandissant année après année, et aux pieds desquels, à la faveur de l’ombre bienfaisante de leur frondaison de jeunes feuilles, une vie grouillante et joyeuse s’éveillerait chaque Printemps… Combien de temps encore Mère Nature, blessée, meurtrie, va-t-elle laisser faire ?… Prendre, prendre et ne rien laisser, que des lieux exsangues derrière eux, au nom de ce maudit profit. J’étais écœuré.

    Avant, en ce lieu, j’étais une ombre parmi les ombres… j’avais appris, depuis longtemps, à me déplacer en silence dans les bois, ne laissant nulle trace de mon passage, en bon chasseur de champignons. J’étais là, à présent, debout, comme nu, dévoilé, visible de toutes parts… Je me sentais tel un intrus, alors j’ai fait demi-tour et quitté ce lieu abandonné…

    Pascal Moguérou

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    Lommig

    Quand la clochette du café tinta, tous, machinalement, tournèrent la tête pour voir entrer le nouveau venu.

    « Il est arrivé un grand malheur dans les bois !… »

    Celui qui avait prononcé ces mots s’appelait Lommig et était considéré par tous comme un esprit simple, un brave cœur, en actes comme en pensées d’ailleurs… Il vivait dans une petite masure au fin fond de la forêt, dont la porte et les volets, pas plus que le chaume du toit n’étaient un obstacle depuis belle lurette aux caprices de dame nature. « Le fou des arbres », ainsi le surnommait-on et il s’en accommodait fort bien.

    D’ordinaire, sa présence aurait déclenchée moqueries et quolibets, mais l’homme qui se tenait dans l’embrasure de la porte portait sur son visage les stigmates d’une horreur sans nom et ce qui flottait dans l’azur de ses yeux, à la frange de la folie, confina la moindre plaisanterie au fond des gosiers…

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    Cette région reculée de Bretagne vivait des temps de grands changements. De nouvelles voies de communication s’étaient ouvertes, reliant les grandes villes entre elles. Depuis peu, des bûcherons, engagés par la compagnie des chemins de fer, s’étaient installés dans le petit hôtel du village avec pour mission de creuser dans l’immense forêt qui couvrait la région une voie de passage pour le futur tronçon du train… Mais depuis deux jours, la douzaine d’hommes n’était pas revenue à l’hôtel. L’hôtelier cependant, supposant qu’ils étaient restés sur place pour avancer l’ouvrage, n’avait pas jugé utile de signaler leur absence.

    En arrivant à la clairière, la petite troupe se figea. Pétrifiés d’horreur devant l’insoutenable spectacle qui s’offrait à eux, les hommes se taisaient. Les peurs ancestrales revenaient chanter à leur mémoire et le silence qui régnait autour d’eux hurlait douloureusement à leurs oreilles. La vie même semblait avoir quitté ces lieux…

    L’équipe de forestiers était là, du moins ce qu’il en restait… On aurait dit que les corps avaient fusionné avec les grands chênes alentour, comme des rubis enchâssés dans l’écorce des arbres. L’horrible spectacle de cette pantomime macabre où les visages des corps broyés qui émergeaient encore du bois reflétaient une terreur sans nom, était insupportable, même pour les cœurs les plus aguerris. Les pauvres marionnettes désarticulées qui avaient été des hommes faisaient penser à des noyés surnageant dans une mer déchaînée…

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    Lommig savait, il avait eu beau prévenir du danger, lancer de vaines menaces à la ronde, des mises en garde qui ne recevaient que railleries comme écho… mais il savait. Il avait entendu durant les nuits passées, recroquevillé sur sa paillasse, monter les plaintes lugubres qui se mêlaient au vent du nord, ces plaintes disaient leur rage, ces mugissements hurlaient leur colère vis-à-vis des intrus qui osaient envahir et mettre à mal leur univers… Lommig avait entendu le cœur noir de la terre chanter sa haine des hommes.

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    Il réalisa soudain qu’il était seul en entendant les hurlements de terreur de ses compagnons, s’éteindre et disparaître dans le lointain…

    Pour la première fois en quittant la forêt, il éprouva de la peur et comprit confusément que de terrifiants gardiens veillaient désormais sur ces lieux…

    … et qu’il n’était plus le bienvenu.

     

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    ( « Lommig » – l’Heure des Fées – © Pascal Moguérou)

     

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