Interviews lutines

Askeladen, un conte norvégien pour deux auteurs français !

Laurent Peyronnet est un habitué du Grand Nord pour avoir été longtemps guide en scandinavie. De cette passion nordique, il tire aujourd’hui son inspiration pour nourrir de ses mots les illustrations trollesques de Godo, un ami de la Féerie depuis qu’il est tombé dedans tout petit. Les deux compères nous revienennt avec un beau conte norvégien aux éditions NATS. Petite conversation avec les deux auteurs…

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D’où est venue l’idée de cette édition du célèbre conte norvégien ?

Lorsque j’étais en Norvège, je racontais souvent des contes et, parmi ceux-ci, il y en avait que j’aimais plus que d’autres. En en discutant avec Godo, nous nous sommes dit que ça serait intéressant d’en proposer des versions illustrées car en éditions françaises, s’il existe quelques recueils (éditions esprit ouvert et l’école des loisirs), je ne connais pas de contes norvégiens sous forme d’album. C’est  dommage car ces contes sont de grandes qualités. Partant de ce constat, nous avons fait  Soria Moria (que le peuple féerique avait chroniqué lors de sa sortie) et  maintenant « Askeladen et le pari contre le troll ».

Askeladen est le plus jeune des enfants. Un motif qui se répète souvent dans les contes, le plus fragile est souvent le plus malin…

Les contes sont une œuvre d’esprit et, en tant que tels, place celui-ci au sommet de leur échelle de valeurs.
Un conte raconte la plupart du temps, une expérience de transcendance. Que ce soit dans un registre comique où grave, il s’agit toujours d’une expérience  initiatique qui transforme le héros.  Et cette transformation est toujours la même : de faible et inadapté, il devient solide et respecté. En somme, d’enfant, il devient adulte. Le fait que, dans les contes, le plus fragile physiquement compense par son intelligence et son courage est, en effet  un thème récurant car les mots sont l’apanage de l’esprit et la force brute se passe de langage. On retrouve cet élément structurel ainsi que d’autres  dans les contes du monde entier. Pour les lecteurs que ce sujet intéresse, je conseille la lecture de l’excellent livre de Vladimir Propp «  Morphologie du conte. »

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Face à l’intelligence du gamin, la force sauvage du troll, est-ce là un peu ce que représente un troll, une matière brute issue des anciennes croyances, la force vive de la Nature ? Que sont les trolls pour les Norvégiens ?

Toujours dans la symbolique opposant la force physique à l’intelligence, le conflit entre l’enfant et le troll est celui de la culture face à la nature. L’esprit contre la force brute des éléments. Mais en Norvège, le troll représente plus que ça. Il fait partie de l’identité du pays. Sa naissance remonte au haut  moyen âge et il a traversé les siècles aux côtés des norvégiens. On peut raconter l’histoire de la Norvège à travers l’histoire du troll, tant il est présent à chacune de ses étapes, c’est d’ailleurs l’objet d’une de mes conférences.

Le présent live existe en version bilingue français-allemand. Y a-t-il des différences d’envies, de sujets entre le public français et le public allemand qui se rejoignent ici ?

Nats éditions qui publie «  Askeladen et le pari contre le troll » est une maison d’édition française basée en Allemagne, c’est l’une des raisons pour lesquelles le livre sort en version bilingue. L’autre raison est que le public allemand est toujours très curieux de la culture scandinave. Ils sont voisins, les langues scandinaves font partie de l’ensemble des langues germaniques. Beaucoup d’allemand vont passer leurs vacances en Suède ou en Norvège. Il y a là une grande affinité culturelle et l’histoire de la Scandinavie est très liée à l’histoire allemande, notamment par la ligue hanséatique qui domina le commerce nordique du 12e au 17e siècle.

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Godo, tu as opté pour un travail monochrome, teintes sépia, une contrainte éditoriale ou une envie de poser une certaine ambiance ?

Non, ce n’est pas une contrainte éditoriale, c’est vraiment  une orientation choisie. Certaines illustrations sont des crayonnés sur lesquels sont ajoutés des jus de brou de noix ce qui donne un petit coté parchemin que j’aime beaucoup utiliser pour poser cette ambiance de contes qui semblent sortir d’un autre âge. Les autres sont des aquarelles mais gardent une gamme restreinte de couleurs de terre de roche et de mousses qui me semblent les plus propices à exprimer l’environnement de nos amis… les trolls.

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour poser l’univers graphique ?

Picturalement, les sources d’inspiration qui ont nourri mon imaginaire depuis bien longtemps ont du toutes ressortir dans ce projet. Elles viennent principalement de deux  illustrateurs que j’affectionne tout particulièrement :  John Bauer et  Arthur Rackham. Les atmosphères de Bauer sont magiques, on est plongé dans l’intimité de la nature. Ses scénettes de forêts sont très fortes de simplicité et pourtant suggèrent tout un monde de mystères que pourraient vivre les héros de ses histoires.

Vos prochaines dates de dédicaces ?

Nous dédicacerons « Askeladen et le pari contre le troll » les 25 et 26 juin à la boutique Mandragore à Lyon puis, nous retrouverons nos lecteurs au festival des légendes, le week end du  10 septembre, dans les Ardennes.

Richard Ely

Né en Belgique, j'ai passé toute mon enfance à Ellezelles, village sorcier. J'ai ensuite étudié les fées, elfes et lutins à l'université tout en croisant les chemins de Pierre Dubois, Claude Seignolle, Thomas Owen... En 2007, après avoir parcouru bien des forêts et des légendes, je crée Peuple Féerique. Spécialiste du folklore féerique, auteur d'encyclopédies, de livres, d'albums, je poursuis mon exploration de ce Petit Monde de Merveilles pour le partager avec vous.

Une réflexion sur “Askeladen, un conte norvégien pour deux auteurs français !

  • Je me sens comme chez moi ! La Norvège où j’étais le mois dernier, les contes, les trolls et le brou de noix !

    A force de voir des drôles de trolls dans les films américains on n’imagine pas qu’ils sont reliés avant tout à la nature dans la culture populaire norvégienne.
    Pourtant, lorsqu’on va en Norvège, on comprend à quoi peut ressembler un troll véritablement même si là-bas, le commerce tente de nous amadouer avec des « lutins » grotesques qui ont en parie perdu leur identité première… Mais je les aime bien quand-même (mes amis norvégiens moins ! 😉 ).

    C’est un réel plaisir de voir que des français s’attachent à véhiculer l’essence de cette culture scandinave à travers le conte et l’illustration… 🙂

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