Fées Divers

Petit échange autour d’une tasse de thé…

Voilà, Le Grand Livre Des Esprits de la Maison est terminé. Dans quelques jours, il sortira en librairie. Ce deuxième tome faisant suite au Grand Livre des Esprits de la Nature paru en 2013 clôture une belle collaboration entre Richard Ely aux textes et Frédérique Devos aux illustrations. Six années passées dans nos bureaux et ateliers méritaient bien un petit débriefing…

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Frédérique Devos : Après trois années de recherche et de documentation, le Grand Livre des Esprits de la Maison sort bientôt en librairie. Tu peux être fier de ton travail! Quelles sont tes attentes par rapport à cette nouvelle publication?

Richard Ely : Oulah ! D’abord que les lecteurs du premier tome trouvent dans celui-ci de quoi prolonger leur aventure au pays des fées, elfes et lutins. Qu’ils puissent entrevoir les liens qui unissent les esprits de la nature aux esprits de la maison, mais également les différences. Les deux livres sont vraiment complémentaires, je m’en suis rendu compte à la fin, quand je l’ai relu entièrement pour la première fois. C’est ce qui m’a poussé d’ailleurs à créer quelques pages supplémentaires par rapport au premier tome, ceci afin de tisser plus serré encore le lien entre les deux mondes qui n’en font qu’un.

Mais toi, niveau illustrations, j’imagine qu’il t’a fallu pas mal de réflexion pour aborder la thématique de la « maison ». Etait-ce plus ou moins évident par rapport au tome précédent où les esprits baignaient dans un cadre naturel ? Tu t’es orienté vers des couleurs, des symboles particuliers ?

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Chez Richard, on semble ne pas boire que du thé…

Frédérique     : Oui, en effet, j’ai bien réfléchi avant de me lancer dans les illustrations… Pour le premier tome, je souhaitais m’éloigner de l’imagerie habituelle que l’on se fait des fées, des elfes et des lutins en proposant aux lecteurs une autre perception du monde de Féerie. Il y avait déjà pas mal de réflexion pour aborder la thématique de la nature, mais c’était un travail très agréable à réaliser car tout ce qui m’entourait était propice à l’imagination… Bien sûr, je me suis beaucoup documentée sur telle ou telle plante correspondant à un esprit en particulier… D’autres fois, en m’asseyant sur un banc dans le jardin, certaines mises en page me venaient automatiquement à l’esprit ! A croire que l’on me chuchotait des idées de derrière les buissons…

Pour les esprits de la maison, c’était une autre démarche. Oui, un nouveau style de dessin avait été trouvé pour le premier tome, mais cette fois, je ne pouvais plus intégrer d’éléments naturels ! Il fallait également garder une certaine harmonie au niveau du graphisme et des couleurs… Alors, je me suis inspirée des motifs traditionnels propres à chaque pays : cela pouvait être le détail d’un costume folklorique, d’une broderie traditionnelle, d’objets ou d’instruments de musique… mais aussi quelques références archéologiques. Par exemple, pour les Lares, le bélier qui repose sur le bras de cet esprit est en fait un rython, un vase en terre cuite qui se termine par une tête d’animal… Ce travail de documentation et de recherche d’images était vraiment très passionnant et enrichissant…
Mais, dis-moi, les esprits de la maison peuplent les quatre coins du monde alors quel pays ou quelle contrée t’ont le plus inspirés dans tes recherches ?

Richard : Il y a deux zones géographiques qui m’ont beaucoup plu. La première, c’est la Russie et les pays slaves qui conservent encore pas mal de coutumes liées au foyer. Le plus évident gardien de la maison est pour moi le Domovoï qui illustre notre couverture. Dans ces pays, les « grands-pères » et « grands-mères » qui veillent sur la famille, la maison reçoivent encore des attentions particulières. J’aime cette ambiance un peu rude, forte… J’ai beaucoup apprécié les ouvrages parlant des croyances chez les paysans russes… L’autre contrée, c’est le Nord de l’Espagne. C’était déjà un coup de cœur dans le Grand Livre des Esprits de la Nature, ça l’est demeuré dans celui-ci. Des paysages superbes au sein desquels l’authentique demeure. Le Pays Basque, la Galice… Ces régions m’attirent vraiment beaucoup.

Et toi, quelle est la créature qui t’a menée le plus loin, qui t’a plongée, en la dessinant, le plus dans le monde des fées de ce livre-ci ?

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L’atelier de Frédérique fourmille d’objets féeriques reflétant sa passion pour le légendaire et le Moyen Âge

Frédérique : Ouh, j’ai plusieurs coups de cœur ! Le tout premier, je te rejoins, c’est le Domovoï. J’aime beaucoup ce style graphique, très chargé, chatoyant et fleuri propre à la Russie. Sinon, le sympathique Massariol  me plaît aussi ! Dans un autre genre, la Kamifuchi a un côté plus apaisant et spirituel. Son illustration est remplie de symboles : ciel, terre, ombre et lumière… D’autres esprits me plaisent encore mais je m’arrête ici pour te demander… Lorsqu’on rédige des ouvrages sur les esprits, qu’ils soient de la nature ou de la maison, comment réagissent ces derniers? As-tu senti leur présence pendant tes recherches? T’ont-ils mis des bâtons dans les roues pendant ton travail ou étaient-ils plutôt conciliants?

Richard: Eh bien, oui, bien sûr ! Un livre posé sur le bureau et aussitôt disparu. Des heures de recherche pour le retrouver à la cuisine ! Des problèmes de clavier aussi, j’en ai changé deux fois pendant la rédaction du dernier tome. Ceci me rappelle une interview pour le tome précédent. Une équipe de télévision était venue chez moi. Les journalistes me regardaient d’un drôle d’air et, comme souvent, me demandèrent si je croyais à toutes ces bestioles… Je leur réponds qu’ils verront bien, au fil de l’interview, que fées et lutins se mêlent toujours de tout compliquer. Panne de micro, caméra vérifiée le matin même qui ne se met pas en marche et comble du comble, la journaliste qui ne retrouve plus ses clés de voiture, un classique ! A la fin de la journée, leur regard s’était transformé. Et puis, souviens-toi, ce sont les fées qui nous ont fait nous rencontrer, comme quoi, malgré leurs farces et facéties, il y a aussi l’envie de nous permettre d’écrire sur eux. Tiens, mais à propos d’atmosphère féerique, je crois savoir que ton atelier recèle de petites choses liées au Bon Peuple… Encore un peu de thé ?

 

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Quelques compagnons qui ont beaucoup aidé Richard dans l’écriture des Grands Livres…
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… et les gardiens farceurs de la bibliothèque de Frédérique !

 

Frédérique : Oui, volontiers, merci. Alors Oui, le Petit peuple a trouvé refuge dans mon atelier ou dois-je plutôt dire LEUR atelier… Tout d’abord il y a un Greenman qui observe la pièce de son regard bienveillant. Ensuite, tu peux rencontrer les gardiens de la bibliothèque, créatures de petite taille mais d’une grande exigence! Ils me font savoir qu’un livre est mal rangé en me l’éjectant de l’armoire! Il faut avoir de bons réflexes pour ne pas le recevoir en pleine figure! Je t’avoue que la cohabitation est parfois chaotique… Heureusement, certains esprits ont meilleur caractère! Comme ces petites fées diaphanes qui veillent sur les plantes ou les brownies qui rangent mon bureau le soir, à condition de leur donner une petite récompense en retour. Ils sont assez susceptibles… Voilà, tout ce petit monde a trouvé sa place à la maison et s’y sent bien !
Une dernière question avant de termine ces délicieux petits gâteaux… Pour revenir à tes ouvrages, lors de notre première rencontre, tu m’avais dit que la réalisation de ces deux tomes te tenait particulièrement à cœur… Tes attentes ont-elles été comblées ? Si cela n’est pas encore fait, quel serait le livre que tu rêverais d’écrire ?

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Le fameux Greenman de l’atelier de Frédérique, source inépuisable d’inspiration…

Richard : En effet, ce livre était un rêve. Et je suis très content du résultat. Nous avons pu lui donner la forme et le contenu que nous désirions. Notre éditeur nous a laissé libre de ce choix et je pense que ce grand format, cette écriture libre et tes belles illus ont trouvé leur chemin. Depuis la parution du premier Grand Livre, je vis mes rêves de plume, je n’ai pas un livre mais des dizaines que j’aimerais écrire. Depuis que j’ai entendu le premier murmure des fées qui m’accompagnent, jamais plus il ne s’est tu. Et j’ai la chance aujourd’hui d’enchaîner les projets. En espérant très bientôt en sortir de nouveaux ensemble… D’ailleurs, de ton côté, je te retourne la même question, sur quoi aimerais-tu travailler ?

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Quand il n’écrit pas ou ne court pas les bois, Richard s’amuse à façonner de petits compagnons encapuchonnés…

 

Frédérique : Bien sûr, je souhaiterais également collaborer avec toi sur de nouveaux projets. A part cela, comme je suis très attirée par l’univers médiéval, cela me plairait bien d’illustrer des légendes de cette époque… Pourquoi pas un recueil de poésie ou revenir au livre jeunesse… Cette belle aventure ne fait que commencer…

 

Sur ces mots, Frédérique et Richard terminent leur thé, le regard tourné vers le jardin. Derrière eux, une petite ombre fugace s’échappe vers l’escalier pendant que du grenier, des rires cristallins s’évanouissent dans l’air…

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Un petit coin du jardin de Richard, visible de là où il travaille et a écrit les Grands Livres…

 

Richard Ely

Né en Belgique, j'ai passé toute mon enfance à Ellezelles, village sorcier. J'ai ensuite étudié les fées, elfes et lutins à l'université tout en croisant les chemins de Pierre Dubois, Claude Seignolle, Thomas Owen... En 2007, après avoir parcouru bien des forêts et des légendes, je crée Peuple Féerique. Spécialiste du folklore féerique, auteur d'encyclopédies, de livres, d'albums, je poursuis mon exploration de ce Petit Monde de Merveilles pour le partager avec vous.

4 réflexions sur “Petit échange autour d’une tasse de thé…

  • Le troll à gauche de l’image sous laquelle il y a la légende « Quelques compagnons qui ont beaucoup aidé Richard… », il vient de Norvège n’est-ce pas ?

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    • Richard Ely

      Ah non, celui-là vient du Pays Basque 😉

      Répondre
      • Il ressemble beaucoup à ceux que l’on trouve en Norvège (en latex)… Je ne savais pas qu’il y avait des trolls dans le sud… A mon avis c’est un immigré 😉

        Répondre

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