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Interview de Séverine Pineaux et Mickaël Ivora pour la sortie d’Ysambre: La femme-graine – Editions Tournon

YSAMBRE… Un bien joli nom pour un monde fabuleux où l’on aimerait se perdre malgré les dangers… Une oeuvre qui avait connu un beau succès lors de son premier volume ce qui a pu en faire naître un deuxième. Naissance… Tel est le mot-clé de cette suite imaginée par Mickaël Ivora et Séverine Pineaux que le Peuple féerique a croisé le temps de quelques questions…

C’était une volonté dès le départ d’écrire une suite à Ysambre ?
Séverine: Pas du tout ! Ysambre était mon premier livre personnel, nourri par 7 années de peinture. Quand il est paru, j’en étais très contente mais j’avais aussi la sensation d’avoir été au bout de l’aventure. Ysambre est un livre atypique en France et nous ne savions pas si il allait trouver son public. C’est le succès rencontré et sa durée dans le temps qui m’ont fait prendre conscience que le monde d’Ysambre méritait un développement. Trois ans avaient passé et j’avais peint beaucoup de tableaux sur mon thème de prédilection, les êtres-arbres. Nous pouvions repartir sur les sentiers du vieux bois avec le même processus créatif d’aller -retour entre le peintre et l’écrivain qui avait donné naissance au premier tome.

Mickaël : Quand on a reparlé de faire une nouvelle petite incursion dans Ysambre, j’envisageais alors juste un petit « guide », qui aurait passé en revue quelques lieux et personnages de l’univers. Et puis on a creusé le sujet, et on s’est finalement embarqués dans un livre aussi important que le premier ! C‘est vrai qu’il y avait volontairement beaucoup d’ellipses et de non-dits dans le premier tome – pas mal d’éléments à côté de la forêt elle-même qui n’étaient que brièvement décrits en annexe par exemple.

Comment avez-vous travaillé sur ce second volume ?
Séverine : De la même manière que sur le premier, Mickaël a développé une histoire qui intégrait des tableaux existants et j’ai ensuite réalisé les dessins complémentaires nécessités par la narration.Je suis simplement plus intervenue sur la maquette cette fois ci, car nous travaillons dans deux villes différentes et il était plus simple que je mette en place les pages, enrichies de tous les croquis et dessins dont je dispose avant que Mickaël ne les finalise.

 

Peut-on dire qu’Ysambre est une oeuvre à message ?
Séverine : Ysambre est traversée par mes préocupations écologiques, par des idées philosophiques sur l’équilibre et l’interdépendance de tous les êtres vivants, ce sont des thèmes qui habitent ma peinture . Ils croisent des interrogations sur la nature du temps et la perception subjective, donc divergente selon les êtres, que l’on a de la réalité. Cependant il n’appartient pas aux peintres de développer des idées avec des mots mais plutôt, comme les sylphes, de les exprimer à travers des émotions…

Comme pour le premier tome, plus qu’un livre, c’est un objet d’art. Différents papiers, différents effets. Et cette couverture, parlez-nous un peu de cette découpe…
Mickaël : Quitte à faire un livre-objet, on a voulu se faire plaisir 🙂
C’est très ludique du coup, on a des images dont la lecture se complète lorsqu’une page de calque vient se poser par dessus, et ce cahier intérieur au papier épais sur lequel on a pu faire un fac-similé de manuscrit assez étrange…Pour ce qui est du trou dans la couverture, c’est une envie de longue date. Un vrai cauchemar pour l’imprimeur, en même temps, car les emplacements devaient être millimétrés… Du coup, le chef de fab’ de notre éditeur a sacrifié un exemplaire du premier livre en découpant un trou dans la couverture et en collant dessous une impression des pages de garde, afin de montrer précisément à l’imprimeur le rendu final.

Séverine: Depuis le premier tome, nous voulions faire un « livre -objet », un « livre-promenade » . Sur ce deuxième volume, l’éditeur nous a d’avantage suivi dans cette voie et nous avons tenté de trouver le point d’équilibre où ces éléments procurent effet de surprise et un plaisir tactile tout en servant la narration et sans tomber dans le gadget. Pour ce qui est de la couverture, Philippe Moreau, notre directeur de projet, nous a confirmé sa faisabilité et nous a permis de réaliser ce rêve, que nous avions déjà pour le premier tome. J’ai eu à treize ans un choc artistique en découvrant à Londres la pochette d’un disque d’Emerson, Lake and Palmer réalisée par Giger ( qui n’était pas encore mondialement connu pour Alien ) Cette couverture représentait un crâne inséré dans une structure mécanique et s’ouvrait par le milieu, révélant à la place du crâne, le visage d’une très belle jeune femme aus yeux fermés. C’est un peu de cette émotion que j’ai cherché à transcrire avec notre couverture de branches mortes ouvrant sur une femme en fleurs…

 

Vous avez voulu ce second opus plus dur que le précédent, moins onirique en fait. La mort, la maladie et une certaine violence y sont présents. Le précédent volume sans n’être que lumière semblait moins sombre, non ?

Mickaël : C’est vrai, il y a un côté plus gothique, plus noir – qui est peut-être lié à des épreuves personnelles traversées ces dernières années. En même temps, j’aime les visuels un peu sombres, les engrenages, l’aspect biomécanique… et je trouvais intéressant de montrer plusieurs facettes de la forêt. On pouvait déjà voir dans le premier tome quelques signes avant-coureurs de la menace qui plane sur Ysambre, ceci dit.

Séverine : A côté de mon amour pour la poésie féérique, je confesse un goût pour les ambiances gothiques, romantiques et sombres, et j’avais envie de traiter des images plus inquiétantes, Mickaël était partant sur cette voie et cela a sans doute amplifié encore cet aspect plus obscur du deuxième tome.

Ce second volume annonce une naissance. En même temps cela reste plutôt discret. On s’attendait à voir le titre à quelque chose de plus explicite…
Mickaël : C’est un peu plus qu’une naissance en fait, car ce que sème la Femme Graine du titre c’est aussi des idées, une façon différente de voir le monde… et la transformation de l’humanité.

Séverine :
La narration de Mickaël a toujours été elliptique, ce qui me convient parfaitement, car j’aime que l’imagination de lecteur participe au livre.

 

On y découvre aussi Tourgrise, la cité des Mathiciens. C’est le monde opposé à Ysambre ? Son contraire ou son complémentaire ?
Mickaël : Je pense qu’on peut dire que c’est son complémentaire, une cité qui fait appel à la technologie – même s’il s’agit souvent de récupération d’artefacts des temps anciens, de machines à vapeur…- mais qui n’est pas pour autant un tombeau de grisaille commes nos villes actuelles. A travers la végétation qui envahit les ruines, ou encore ces forêts miniatures qui poussent au sommet des bâtiments, on voit que ses habitants n’ont pas totalement oublié l’importance de notre environnement.

Séverine:
Oui, c’est plutôt comme les deux faces d’une même pièce – pour se développer, Drudicca et Mathiciens devraient se rejoindre. Cela correspond à notre vision de l’écologie, qui, pour moi, doit passer par la science et la technologie de pointe et ne pas être un simple retour à un passé rêvé en âge d’or…

On a pu remarquer la naissance de quelques Ysambre depuis la sortie du premier volume. Ça fait quoi d’être à l’origine de ce nouveau prénom ?
Séverine : Je trouve cela absolument magique ! C’est le plus beau compliment qu’on pouvait nous faire, un nom est chargé de beaucoup d’émotions conscientes et inconscientes et que nos mots et nos images aient crée un rêve dont on a voulu faire cadeau à des enfants à naître est une vrai récompense pour notre travail…

Mickaël :
On a pensé la même chose: magique ! Dans plus d’un sens, d’ailleurs, puisque la magie voit se concrétiser ce qu’imagine le magicien… Vraiment, on ne peut pas rêver plus beau cadeau.

Propos recueillis par Le Peuple féerique en décembre 2008

Découvrez le site YSAMBRE et le BLOG !

Richard Ely

Né en Belgique, j'ai passé toute mon enfance à Ellezelles, village sorcier. J'ai ensuite étudié les fées, elfes et lutins à l'université tout en croisant les chemins de Pierre Dubois, Claude Seignolle, Thomas Owen... En 2007, après avoir parcouru bien des forêts et des légendes, je crée Peuple Féerique. Spécialiste du folklore féerique, auteur d'encyclopédies, de livres, d'albums, je poursuis mon exploration de ce Petit Monde de Merveilles pour le partager avec vous.

6 réflexions sur “Interview de Séverine Pineaux et Mickaël Ivora pour la sortie d’Ysambre: La femme-graine – Editions Tournon

  • Seelie

    Je vais devoir attendre Noël pour celui-ci aussi ^^

    C’est vraiment génial de pouvoir plonger plus en avant dans l’univers des auteurs dont nous sommes fans, grâce à vos interviews.
    Cela rend leurs livres, leurs dessins et leurs écrits vivants! On pourrait presque toucher du doigt les émotions qu’ils cherchent à faire passer.

    Merci encore une fois à vous!

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  • Rose

    Je me souviens encore du premier livre ^_^ ! Les illustrations ont l’air magnifique, ça fait rêver.

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  • Kobold

    Nous venons de recevoir une plainte des lutins de Noël. Leurs sacs sont beaucoup trop lourds cette année 😉

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  • Arwen

    Merci pour cette interview.

    Avec nos listes (je parle pour tout ceux qui viennent visiter ce blog et qui eux aussi ont des pages remplies de titres de romans et autres artbooks longues comme le cou d’une girafe), c’est sûr que les lutins ont dû venir se plaindre… 😀

    Répondre
  • Seelie

    Mince, pourtant j’étais persuadée d’avoir demandé aux fées de prévenir les lutins de Noël que cette année serait un grand cru féerique ^^

    Répondre
  • Ping : Ysambre, un univers de féerie végétale, mais pas que ! - L'Arbre aux 100.000 Rêves

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